L'UMP a réaffirmé, cette semaine, sa proposition d'expérimenter des collèges par classe : les 6e et 5e d'un côté, les 4e et 3e de l'autre.

Établir des collèges séparés non plus par des quartiers mais par des classes. C'est le projet a nouveau présenté par l'UMP lors de sa convention sur la justice sociale mercredi. Les élèves de 6e et de 5e auront cours dans un établissement tandis que les 4e et les 3e seront regroupés dans un autre. Objectif ? Promouvoir la mixité sociale et éviter l'effet de ghetto. Un avis que ne partagent du tout pas les principaux syndicats enseignants. "C'est très paradoxal de la part de l'UMP de dire que cette expérimentation vise à promouvoir la mixité sociale parce que ce sont quand même eux qui ont supprimé la carte scolaire (*)", explique Frédérique Rolet, porte-parole de la FSU, estimant que ce collège par classes est "une mauvaise idée".

"C'est du grand n'importe quoi. Le collège à roulettes, c'est vraiment quelque chose qui fait gadget", renchérit Luc Bentz, porte-parole de SE-Unsa, estimant que le collège par classes est "un système ingérable", notamment "en terme de transport. Dans une ville où il y a quatre collèges par exemple, il va falloir créer du transport scolaire pour que les enfants qui habitent à l'autre bout de la ville puissent s'y rendre", explique-t-il avant d'ajouter, "Monsieur Copé doit se rappeler qu'il appartient à un gouvernement qui a signé le Grenelle de l'Environnement, et avec tous ces transports en plus, le bilan carbone ne me paraît pas très positif". Car l'idée d'un collège par classe avait déjà été évoquée en octobre 2010 lors d'un débat sur l'école en France mené par Génération France, le club de Jean-François Copé, le président de l'UMP. "On a un politique qui a une idée et ‘hop'. Expliquez-moi comment dans un établissement on va pouvoir construire un projet avec des élèves qu'on ne suit qu'un an ?", s'interroge Luc Bentz.

"Un non-sens pédagogique"

Car le principal problème soulevé par les syndicats se situe sur le plan pédagogique. Ce système de collège par classes "va instaurer une coupure au milieu d'un cycle entre la 6e et la 5e puis la 4e et la 3e. Quand ils sortent de l'école primaire pour entrer au collège, il y a déjà un dépaysement pour les enfants. Et deux ans après, on leur dit qu'il faut tout recommencer", explique Frédérique Rolet. L'enfant sera ainsi privé de repères qui auraient pu l'aider à poursuivre les efforts en cas de décrochage."Dans certains établissements sensibles, les enfants ont le modèle des plus âgés. Il existe des formes de tutorat entre les 3e et les 6e. Ils les aident pour leurs devoirs mais aussi pour se repérer dans l'établissement. C'est assez positif. Avec ce système de collège par classes, on mettrait fin à tout ça", regrette-elle.

Pour Luc Bentz, le "non-sens pédagogique" se situe dans le manque de suivi. "On prend l'élève comme un numéro. On n'a plus d'historique puisqu'on ne peut plus discuter avec les professeurs qui l'ont eu avant ou ceux qui vont l'avoir après. On ne verra pas l'évolution de l'élève. Par exemple, s'il y en a un qui plonge d'un coup, à cause d'un problème familial ou autre, on se dira ‘il n'est pas bon' et on n'ira pas plus loin, parce qu'on ne connaîtra pas ses antécédents", estime-t-il. Frédérique Roulet souligne, elle aussi, que les professeurs auront plus de mal à "suivre la progression" de leurs élèves et que « le fait d'être cantonné dans un même niveau, ne crée pas de dynamique. Certains enseignants aiment travailler sur plusieurs niveaux, en sachant où ils doivent amener les enfants".

Les syndicats s'accordent également sur le fait qu'instaurer un système de collège par classes "inciterait à faire un tri dès la 5e" d'après Frédérique Roulet, faisant ainsi allusion à l'idée du gouvernement d'une orientation précoce où les élèves pourraient être envoyés dans des filières professionnelles dès la 5e."C'est un moyen de dégager les emmerdeurs, poursuit Luc Bentz, mais la question c'est ‘qu'est-ce qu'on en fait après ?'. Gilles de Robien avait essayé de lancer l'apprentissage junior dès 14 ans, mais ça n'avait pas marché parce que les chefs d'entreprises n'ont pas voulu les accueillir". Appliqué dès la rentrée 2006, l'apprentissage junior proposait dès 14 ans un stage-découverte d'un an dans une entreprise qui pouvait ensuite conduire à un contrat d'apprentissage. "Ce n'est pas à coup de propositions démagogiques qu'on va pouvoir aider ces enfants-là », poursuit Luc Bentz qui réclame « des réponses de fond et réfléchies". Avant de conclure que la proposition de l'UMP "ne tient pas la route".

(*) D'après une étude du SNPDEN-Unsa, principal syndicat des chefs d'établissements, parue en 2010, l'assouplissement puis la suppression de la carte scolaire dès 2007 a contribué à la "ghettoïsation" des établissements situés en zone sensible. Avec la hausse des dérogations, près d'un tiers des collèges "Ambition réussite", parmi les plus sensibles, ont vu leurs effectifs baisser de 30% à 40%

http://lci.tf1.fr/france/societe/2011-06/les-syndicats-enseignants-ne-veulent-pas-d-un-college-a-roulettes-6528384.html

Cette proposition ne serait-elle pas une première étape pour primariser la 6ème et la 5ème ?

Copé avait déjà proposé ce truc il y a quelque temps...

Dans les coins paumés de cambrousse ça donnerait...

et même en ville, le bo*** avec les transports...

Et je ne parle pas des collègues qui vont s'encrouter à n'avoir que des 6ème 5ème ou des 4ème 3ème

Et dire que j'ai connu le temps où il n'y avait que des lycées de la 6ème à la terminale !! Et c'était sur cette base que je concevais le métier...........

Mais je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ................

Lorsque j'étais élève au collège, les 6èmes/5èmes n'étaient pas mélangés avec les 4èmes/3èmes. Nous avions cours dans le même bâtiment, mais chaque groupe avait ses escaliers, sa cour, ses toilettes, bref nous ne nous croisions quasiment jamais. C'était une vraie fierté de faire sa rentrée en 4ème car on passait chez les grands!
Les professeurs pouvaient enseigner dans les 4 niveaux, le seul inconvénient était de ne pas se tromper de cour pour aller chercher les élèves.

Aucun rapport, cependant, avec l'organisation que nécessiteraient un collège spécial 6ème/5ème et un collège spécial 4ème/3ème.

Chez nous aussi ! mais dans tous les nouveaux collèges construits, une seule cour...

Il faudra qu'il nous explique comment on fait dans les zones rurales... ll n'y a pas de collège proche du mien, les plus rapprochés sont à environ 30 minutes de route.

:shock:

« De La c*nnerie comme méthode de gouvernement. »

Malaga a écrit:Il faudra qu'il nous explique comment on fait dans les zones rurales... ll n'y a pas de collège proche du mien, les plus rapprochés sont à environ 30 minutes de route.

Ici, ce n'est pas le collège mais les lycées qui sont éloignés!

J'en ai marre de toutes ces mesures à la noix!
Je vais déprimer là..

Ce parti est capable de produire tant d’âneries à la journée que l'entendre en devient épuisant...

encore un effet d'annonce ? on en n'est malheureusement pas à une ineptie près avec ce gouvernement !
J'ai entendu Châtel l'autre soir sur BFM, et je n'avais qu'une idée en tête pendant qu'il causait :boucherie:

Tu as raison JPh ... je suis très fatiguée là! Je vais aller me restaurer et faire une petite sieste après pour m'en remettre!

Bonne idée ça, je vais faire une sieste aussi.

Mais il n'est pas dit que cette organisation doit être "généralisée"...On va nous dire qu'il faut tenir compte des problématiques locales.

Je propose les 6°et les Terminales d'un Côté et de l'autre les 5° et les CP ensemble et de l'autre les 4° et les GS ensemble et....




Bon, je sors.

Je vais peut-être me faire incendier, mais dans les petites villes moyennes qui ont deux/trois collèges, et dans les villes moyennes un peu plus grandes, j'ai l'impression que c'est une idée qui pourrait être envisageable pour supprimer les problèmes de carte scolaire.

Par contre, dans les très grandes villes, je ne vois pas ce que ça résoudrait, puisqu'il faudrait encore des cartes scolaires pour répartir les 6e/5e d'un arrondissement par exemple. Et à la campagne, évidemment, ce serait impossible presque partout.

mais petite question: les profs de sciences, enfin, les collègues qui n'ont pas tous les niveaux; ils vont devoir courir d'un établissement à l'autre?
Et qui va avoir envie de se farcir 4 classes de 4ème TOUTE LA VIE ??

Pourquoi que des 4eme ? Il y aurait des 3eme dans le même établissement.

Pour ceux qui n'ont que des 5eme, à mon avis le programme serait de toute façon redécoupé entre les matières commencées en 6eme et les matières commencées en 4eme.

Sauf que 5ème et 4ème font bien partie du cycle central, et fonctionnent ensemble, non ? Et que cette mesure tendrait à les séparer.
Ils s'ennuient tant que ça au ministère pour qu'ils nous sortent ce genre d'inepties ?

Mais il y a pratiquement aucun lien entre la 5e et la 4e, en réalité, donc ça s'appelle "cycle central", mais dans les faits il n'y a rien qui unit ces deux classes.

Loise a écrit:Cette proposition ne serait-elle pas une première étape pour primariser la 6ème et la 5ème ?

+ 1

On commence par séparer les 6e-5e des 4e-3e, puis on juge qu'on n'a pas besoin de certifiés (ne parlons même pas des agrégés) pour les "petits"...
Au demeurant, que deviennent les profs de physique et de latin ? Ils se promènent d'un collège à l'autre ? Ah non, puisqu'en 6e-5e un prof de "disciplines scientifiques" suffit, et que le latin ne survit pas à ce redécoupage...

Et comme beaucoup ici, j'imagine l'organisation (et le coût pour le conseil général) des transports en commun dans ma ruralité profonde, le départ à 6h30 pour les chtiots de 6e scolarisés deux cantons plus loin, la tête des parents à qui on expliquera que la réunion parents-profs de l'aîné est à 30km à l'est de chez eux tandis que celle de la cadette est à 20km à l'ouest, etc...
Mais comme l'UMP ne se souvient des zones rurales que pour s'y faire élire, sa vision de l'EN se limite au 7ème arrondissement de Paris...

Bref, une absurdité sans nom, qui sera d'ailleurs oubliée aussi vite qu'elle a été imaginée...

On commence par séparer les 6e-5e des 4e-3e, puis on juge qu'on n'a pas besoin de certifiés (ne parlons même pas des agrégés) pour les "petits"...
Au demeurant, que deviennent les profs de physique et de latin ? Ils se promènent d'un collège à l'autre ? Ah non, puisqu'en 6e-5e un prof de "disciplines scientifiques" suffit, et que le latin ne survit pas à ce redécoupage...

Si : il y aurait des P.E. de la GS au CM2, des certifiés de la 6e à la Terminale, et des agrégés en lycée et post-bac prioritairement.
La physique-chimie et le latin commenceraient en 6eme ou en 4eme, à volume horaire à peu près constant sur l'ensemble du collège.

Mais pour les collèges ruraux, on est d'accord que ça ne peut pas se faire.

Programme éducation de l'UMP : n'en jetez plus !


C'est avec consternation que le SNALC (CSEN-FGAF) a pris connaissance du projet éducatif de l'UMP en vue des élections présidentielles de 2012, dans un document malencontreusement intitulé « Justice sociale. Solidaires et Responsables».

A l'image d'un Ministère de l'Education nationale qui ne cesse de sous-estimer la crise majeure que traverse l'Ecole, l'UMP expose ici son manque flagrant de connaissance des dysfonctionnements du système, en proposant des solutions qui sont en fait les causes du problème. Autonomie des établissements à outrance, recrutement direct par les chefs d'établissements, recours massif aux précaires de toutes natures (étudiants, retraités, bénévoles), remédiation perpétuelle en lieu et place d'un enseignement structuré et exigeant, place renforcée des parents d'élèves au sein des établissements : telles sont les mesures préconisées qui ne pourront conduire qu'au naufrage définitif de l'Ecole de la République, en renforçant les pressions exercées sur les personnels et les inégalités entre établissements. Une dérèglementation d'inspiration néolibérale et anglo-saxonne qui, pour le SNALC, s'oppose clairement au modèle français d'une Ecole républicaine libérée de toutes féodalités et fondatrice d'une culture commune.

Outre ces propositions idéologiquement très marquées, le projet UMP se distingue aussi par l'aberration totale de certaines propositions : ainsi la création totalement farfelue d' « établissements par niveau », obligeant les élèves à changer tous les ans de lieu d'étude. Le SNALC imagine que cette mesure plaira autant aux familles qu'aux professeurs soucieux du suivi de leurs élèves !

Au final, le SNALC n'est cependant pas surpris de la convergence des propositions éducatives des grandes formations politiques, de droite comme de gauche. Qu'elles soient libérales ou libertaires, toutes vont ainsi dans le sens d'une dénaturation des missions des professeurs et d'un éclatement du cadrage national de l'enseignement.


Contacts :
Emmanuel PROTIN, membre du CSE, pressesnalc@snalc.fr
Claire MAZERON, Vice-présidente du SNALC

John a écrit:
Si : il y aurait des P.E. de la GS au CM2, des certifiés de la 6e à la Terminale, et des agrégés en lycée et post-bac prioritairement.

C'est pourtant la même UMP qui veut développer la polyvalence des enseignants et promeut l'enseignement SVT-PC-techno par un même prof ; pourquoi pas, dans ce cas, par un PE, naturellement polyvalent ? Retour aux PEGC, cordialement méprisés pendant des années, supprimés, et recréés par la bande ?

JPhMM a écrit:Ce parti est capable de produire tant d’âneries à la journée que l'entendre en devient épuisant...

Oui. Une véritable usine à merde.