Comment définiriez-vous l'idée de poésie ?

Bonjour à tous,

dans le cadre de l'analyse d'oeuvres d'art, j'utilise souvent le qualificatif de "poétique". Evidemment, ce que je désigne par ce vocable me paraît évident à moi (au sens où je comprends ce qui me semble poétique), mais je me rends compte que si je devais le définir très clairement, je serais bien en peine, car il y a quelque chose d'insaisissable et de subjectif dans ce sentiment. D'où ma question, qui s'adresse à tous les profs, qu'est-ce que la poésie pour vous ?

pour rester au plus près de l'étymologie, simplement: ce qui crée une émotion, un étonnement, une nouvelle façon de voir quelque chose?

On peut s'en tenir dans un premier temps au célèbre parallèle proposé entre autres par Valéry : la poésie est à la prose ce que la danse est à la marche. On peut approfondir et nuancer, mais c'est un début.

« La poésie se reconnaît à cette propriété qu'elle tend à se faire reproduire dans sa forme : elle nous excite à la reconstituer identiquement ». À retrouver dans « Poésie et pensée abstraite », Œuvres I.

J'aime bien le parallèle entre la marche et la danse ; ça me fait penser (raccourci poétique ) à l'image de Lautréamont.

Poésie: la forme la plus juste d'une question sans réponse

C'est de maulpoix

C'est beau : je conserve ! Mais j'aimerais bien avoir vos ressentis personnels à vous sur la poésie.

Beniamino Massimo a écrit:On peut s'en tenir dans un premier temps au célèbre parallèle proposé entre autres par Valéry : la poésie est à la prose ce que la danse est à la marche. On peut approfondir et nuancer, mais c'est un début.

« La poésie se reconnaît à cette propriété qu'elle tend à se faire reproduire dans sa forme : elle nous excite à la reconstituer identiquement ». À retrouver dans « Poésie et pensée abstraite », Œuvres I.

La question était, si je ne m'abuse" :comment définir très clairement"...
:mdr3:

La définition minimale de la poésie, c'est la musicalité d'un texte : les rimes et le rythme de la phrase dans la forme versifiée, et les effets de musicalité dans la prose. D'ailleurs, jusqu'au Moyen-Âge, la poésie se déclamait accompagnée d'un instrument de musique (la lyre). Le roman n'est pas fait pour être lu à haute voix et, quant au théâtre, à l'origine, on parlait bien de poésie dramatique (le théâtre désignant le bâtiment).

nitescence a écrit:La définition minimale de la poésie, c'est la musicalité d'un texte : les rimes et le rythme de la phrase dans la forme versifiée, et les effets de musicalité dans la prose. D'ailleurs, jusqu'au Moyen-Âge, la poésie se déclamait accompagnée d'un instrument de musique (la lyre). Le roman n'est pas fait pour être lu à haute voix et, quant au théâtre, à l'origine, on parlait bien de poésie dramatique (le théâtre désignant le bâtiment).

Oui mais alors comment parler de la poésie d'un tableau?
J'ai l'impression que tout le monde veut poéter plus haut que la question de départ.
Jdç....

Iphigénie a écrit:

nitescence a écrit:La définition minimale de la poésie, c'est la musicalité d'un texte : les rimes et le rythme de la phrase dans la forme versifiée, et les effets de musicalité dans la prose. D'ailleurs, jusqu'au Moyen-Âge, la poésie se déclamait accompagnée d'un instrument de musique (la lyre). Le roman n'est pas fait pour être lu à haute voix et, quant au théâtre, à l'origine, on parlait bien de poésie dramatique (le théâtre désignant le bâtiment).

Oui mais alors comment parler de la poésie d'un tableau?
J'ai l'impression que tout le monde veut poéter plus haut que la question de départ.
Jdç....

pour moi, c'est un abus de langage, comme quand on parle d'un paysage romantique à propos d'un coucher de soleil.

Iphigénie a écrit:

Beniamino Massimo a écrit:On peut s'en tenir dans un premier temps au célèbre parallèle proposé entre autres par Valéry : la poésie est à la prose ce que la danse est à la marche. On peut approfondir et nuancer, mais c'est un début.

« La poésie se reconnaît à cette propriété qu'elle tend à se faire reproduire dans sa forme : elle nous excite à la reconstituer identiquement ». À retrouver dans « Poésie et pensée abstraite », Œuvres I.

La question était, si je ne m'abuse" :comment définir très clairement"...
:mdr3:

La phrase citée verbatim est du Valéry pur jus, mais la métaphore de la danse est assez limpide.

D'accord Nitescence ; et comment vois-tu la poésie dans ton quotidien ?

@ Massimo : comment traduirais-tu concrètement l'idée que la poésie tend à se reproduire dans sa forme ? Par exemple dans le cas d'une toile représentant un coucher de soleil (voire d'une croûte, allons-y), dans quelle mesure le cliché peut-il véhiculer un sentiment poétique ? Le sentiment poétique en lui-même, d'ailleurs, peut-il prétendre à l'universalité kantienne ?

EDIT : Nitescence je n'avais pas vu ton message

Fantine a écrit:D'accord Nitescence ; et comment vois-tu la poésie dans ton quotidien ?

@ Massimo : comment traduirais-tu concrètement l'idée que la poésie tend à se reproduire dans sa forme ? Par exemple dans le cas d'une toile représentant un coucher de soleil (voire d'une croûte, allons-y), dans quelle mesure le cliche peut-il véhiculer un sentiment poétique ? Le sentiment poétique en lui-même, d'ailleurs, peut-il prétendre à l'universalité kantienne ?

Je ne vois pas de poésie dans mon quotidien : mon quotidien n'est pas une oeuvre d'art

Cela dit, tu peux t'appuyer sur un ancien sujet du forum: https://www.neoprofs.org/t98864-pour-vous-qu-est-ce-que-la-poesie?highlight=po%E9sie

Bon ma (dé)formation de prof d'arts pla m'amène à voir et faire voir de la poésie un peu partout et surtout partout (l'influence du dadaïsme, mais aussi de FLuxus par exemple). Ainsi que ce vieux serpent de mer qui tend à fusionner art et vie : si l'art c'est la vie, alors la vie c'est l'art et nous sommes tous des artistes.

Il peut y avoir aussi des marches élégantes et des danses grossières: suis pas si sûre que ce soit limpide...
Définir la poésie est un défi redoutable, je trouve: c'est un peu comme expliquer un texte surréaliste (le bon temps de Breton au programme des TL!): pour une étude intéressante, beaucoup de parole, parole, parole.
Du moins à mon idée...Mais ça meuble aussi

Ah merci Vicomte ! (En plus, ô !!! doigt de fée du destin, il est initié par l'ours disparu du forum)

Iphigénie a écrit:

nitescence a écrit:La définition minimale de la poésie, c'est la musicalité d'un texte : les rimes et le rythme de la phrase dans la forme versifiée, et les effets de musicalité dans la prose. D'ailleurs, jusqu'au Moyen-Âge, la poésie se déclamait accompagnée d'un instrument de musique (la lyre). Le roman n'est pas fait pour être lu à haute voix et, quant au théâtre, à l'origine, on parlait bien de poésie dramatique (le théâtre désignant le bâtiment).

Oui mais alors comment parler de la poésie d'un tableau?
J'ai l'impression que tout le monde veut poéter plus haut que la question de départ.
Jdç....

C'est une métaphore, non ?

Philomèle a écrit:

Iphigénie a écrit:

nitescence a écrit:La définition minimale de la poésie, c'est la musicalité d'un texte : les rimes et le rythme de la phrase dans la forme versifiée, et les effets de musicalité dans la prose. D'ailleurs, jusqu'au Moyen-Âge, la poésie se déclamait accompagnée d'un instrument de musique (la lyre). Le roman n'est pas fait pour être lu à haute voix et, quant au théâtre, à l'origine, on parlait bien de poésie dramatique (le théâtre désignant le bâtiment).

Oui mais alors comment parler de la poésie d'un tableau?
J'ai l'impression que tout le monde veut poéter plus haut que la question de départ.
Jdç....

C'est une métaphore, non ?

Mais toute poésie n'est-elle pas métaphore? en commençant par le mot poésie lui-même?

Iphigénie a écrit:Il peut y avoir aussi des marches élégantes et des danses grossières: suis pas si sûre que ce soit limpide...

Je n'ai pas dit que j'étais totalement satisfait par la comparaison de Valéry. Reste qu'elle est facile à comprendre et que c'est un bon point de départ pour discuter de ce sujet effectivement redoutable.

Au risque de me rép(o)éter, ma question de départ visait plus vos sentiments subjectifs qu'une approche savante, ce que je peux aussi faire avec mes élèves, mais qui me paraît frustrante. Je pourrais transformer la question :

- comment faire naître le sentiment poétique ?

Je vais prendre le sujet n°2, « À quoi sert François Hollande ? ».

https://www.neoprofs.org/t101805-a-quoi-sert-francois-hollande#3664723

Iphigénie a écrit:

Philomèle a écrit:

Iphigénie a écrit:

nitescence a écrit:La définition minimale de la poésie, c'est la musicalité d'un texte : les rimes et le rythme de la phrase dans la forme versifiée, et les effets de musicalité dans la prose. D'ailleurs, jusqu'au Moyen-Âge, la poésie se déclamait accompagnée d'un instrument de musique (la lyre). Le roman n'est pas fait pour être lu à haute voix et, quant au théâtre, à l'origine, on parlait bien de poésie dramatique (le théâtre désignant le bâtiment).

Oui mais alors comment parler de la poésie d'un tableau?
J'ai l'impression que tout le monde veut poéter plus haut que la question de départ.
Jdç....

C'est une métaphore, non ?

Mais toute poésie n'est-elle pas métaphore? en commençant par le mot poésie lui-même?

Tout a fait d'accord, au sens où c'est un déverbal de "faire, fabriquer" : donc un mot signifiant littéralement "art de concevoir", "création". Bailly rappelle l'opposition poièsis/praxis (mes souvenirs de grec sont trop loin, tu cerneras sans doute mieux que moi le sens premier en grec). Le mot "poésie" désignant l'art verbal lui-même est un emploi métaphorique dès le grec, en effet.

En revanche, pour la première partie ("toute poésie est-elle métaphore"), je ne sais pas.

Sur un malentendu, ça peut marcher

Fantine a écrit:Au risque de me rép(o)éter, ma question de départ visait plus vos sentiments subjectifs qu'une approche savante, ce que je peux aussi faire avec mes élèves, mais qui me paraît frustrante. Je pourrais transformer la question :

- comment faire naître le sentiment poétique ?

Ben, si je suis le titre, "définir l'idée de poésie", ça ne fait pas appel à la subjectivité. Et je ne comprends pas trop ce que tu veux faire de nos expériences affectives face à des poèmes pour commenter des oeuvres d'art, si j'ai bien suivi. Je ne m'inquiète pas pour le mauvais usage que tu pourrais en faire, c'est surtout que nos opinions me paraissent ne servir à rien.