- lailalaiNiveau 4
Salut les profs de français,
J'ai du mal à comprendre le dernier vers Il fait allusion à l'ouest et à l'est?
Déjà la nuit en son parc amassait
Un grand troupeau d’étoiles vagabondes,
Et pour entrer aux cavernes profondes,
Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait ;
Déjà le ciel aux Indes rougissait,
Et l’Aube encor de ses tresses tant blondes,
Faisant grêler mille perlettes rondes,
De ses trésors les prés enrichissait,
Quand d’occident, comme une étoile vive,
Je vis sortir dessus ta verte rive,
Ô fleuve mien ! une Nymphe en riant,
Alors voyant cette nouvelle Aurore,
Le jour honteux d’un double teint colore
Et l’Angevin, et l’Indique orient.
Le Bac, pour moi, est bien loin, mais voilà que je me retrouve à donner des cours particuliers à deux lycéens et je trouve vraiment que certains textes sont difficiles pour les 1ères. Aussi, quand je vois le programme et la quantité de travail (STG pourtant), je me dis que vous, profs, n'avaient sûrement pas le temps de les faire participer bcp en classe car le temps passe vite et vous devez terminer votre programme. Du coup, et c'est ce que me confirme mon élève, la prof, dont les cours sont super bien faits par ailleurs, fait des cours magistraux en qq sorte et les élèves, eh bien, ils prennent les notes et tant pis pour ceux qui ne comprennent rien. (le 2ème élève que j'ai par exemple)
Je me dis qu'il serait plus utile de faire moins d'oeuvres, mais de les faire à fond et de laisser le temps à ces jeunes de bien s'imprégner du style, de l'univers de l'auteur... peut-être qu'ils demanderaient moins: "Madame, est-ce qu'il a vraiment voulu dire ça?"
Enfin, je m'éloigne du sujet
Pourriez-vous aider une prof de FLE à comprendre le dernier vers de ce poème?
Merci beaucoup!
J'ai du mal à comprendre le dernier vers Il fait allusion à l'ouest et à l'est?
Déjà la nuit en son parc amassait
Un grand troupeau d’étoiles vagabondes,
Et pour entrer aux cavernes profondes,
Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait ;
Déjà le ciel aux Indes rougissait,
Et l’Aube encor de ses tresses tant blondes,
Faisant grêler mille perlettes rondes,
De ses trésors les prés enrichissait,
Quand d’occident, comme une étoile vive,
Je vis sortir dessus ta verte rive,
Ô fleuve mien ! une Nymphe en riant,
Alors voyant cette nouvelle Aurore,
Le jour honteux d’un double teint colore
Et l’Angevin, et l’Indique orient.
Le Bac, pour moi, est bien loin, mais voilà que je me retrouve à donner des cours particuliers à deux lycéens et je trouve vraiment que certains textes sont difficiles pour les 1ères. Aussi, quand je vois le programme et la quantité de travail (STG pourtant), je me dis que vous, profs, n'avaient sûrement pas le temps de les faire participer bcp en classe car le temps passe vite et vous devez terminer votre programme. Du coup, et c'est ce que me confirme mon élève, la prof, dont les cours sont super bien faits par ailleurs, fait des cours magistraux en qq sorte et les élèves, eh bien, ils prennent les notes et tant pis pour ceux qui ne comprennent rien. (le 2ème élève que j'ai par exemple)
Je me dis qu'il serait plus utile de faire moins d'oeuvres, mais de les faire à fond et de laisser le temps à ces jeunes de bien s'imprégner du style, de l'univers de l'auteur... peut-être qu'ils demanderaient moins: "Madame, est-ce qu'il a vraiment voulu dire ça?"
Enfin, je m'éloigne du sujet
Pourriez-vous aider une prof de FLE à comprendre le dernier vers de ce poème?
Merci beaucoup!
- User5899Demi-dieu
lailalai a écrit:Salut les profs de français,
J'ai du mal à comprendre le dernier vers Il fait allusion à l'ouest et à l'est?
Déjà la nuit en son parc amassait
Un grand troupeau d’étoiles vagabondes,
Et pour entrer aux cavernes profondes,
Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait ;
Déjà le ciel aux Indes rougissait,
Et l’Aube encor de ses tresses tant blondes,
Faisant grêler mille perlettes rondes,
De ses trésors les prés enrichissait ;
Quand d’occident, comme une étoile vive,
Je vis sortir dessus ta verte rive,
Ô fleuve mien ! une Nymphe en riant.
Alors voyant cette nouvelle Aurore,
Le jour honteux d’un double teint colore
Et l’Angevin, et l’Indique orient.
J'ai corrigé deux ponctuations en fin de strophes 2 & 3.
Le poème développe un thème souvent traité à l'époque : la beauté féminine éclipse la beauté du soleil levant. Devant la beauté de la nymphe sortant de la Loire ("fleuve mien"), le jour ajoute au rougissement de l'aube (v.5) le rouge de la honte. Le dernier vers joue sur une sorte d'amplification : la honte d'être moins beau que la nymphe fait rougir l'orient angevin, comme celui de l'Inde (v.5).
Pas facile en effet, surtout pour des technologiques, avec moins d'heures.
- MarieLNeoprof expérimenté
J'édite. Après réflexion, il est possible que le professeur en question fréquente les lieux...
- CipangoNiveau 10
Cripure a écrit:
Le poème développe un thème souvent traité à l'époque : la beauté féminine éclipse la beauté du soleil levant.
Oui, c'est ce que l'on a appelé le thème de la Belle Matineuse (cf Voiture, Malleville...), c'est souvent une question posée à l'oral du bac si le texte apparaît dans le descriptif: "En quoi ce poème de Du Bellay illustre-t-il le thème de la Belle Matineuse?"
Tu peux lui montrer ces sonnets en contrepoint:
La Belle Matineuse : Un thème précieux au XVIe et au XVIIe siècles.
Texte 2
Des portes du matin l'Amante de Céphale
Ses roses épandait dans le milieu des airs
Et jetait sur les Cieux nouvellement ouverts
Ses traits d'or et d'azur qu'en naissant elle étale
Quand la Nymphe divine à mon repos fatale ,
Apparut, et brilla de tant d'attraits divers
Qu'il semblait qu'elle seule éclairait l'univers
Et remplissait de feux la rive orientale.
Le Soleil se hâtant pour la gloire des Cieux,
Vint opposer sa flamme à l'éclat de ses yeux
Et prit tous les rayons dont l'Olympe se dore.
L'onde , la terre, et l'air s'allumaient à l'entour.
Mais auprès de Philis on le prit pour l'Aurore
Et l'on crut que Philis était l'astre du jour.
Vincent Voiture, (1597-1648), 1635.
Texte 3
Le silence régnait sur la terre et sur l'onde ;
L'air devenait serein et l'Olympe vermeil ,
Et l'amoureux Zéphyre affranchi du sommeil
Ressuscitait les fleurs d'une haleine féconde.
L'Aurore déployait l'or de sa tresse blonde
Et semait de rubis le chemin du Soleil ;
Enfin ce dieu venait au plus grand appareil
Qu'il soit jamais venu pour éclairer le monde,
Quand la jeune Philis au visage riant,
Sortant de son palais plus clair que l'Orient,
Fit voir une lumière et plus vive et plus belle.
Sacré flambeau du jour, n'en soyez point jaloux !
Vous parûtes alors aussi peu devant elle
Que les feux de la nuit avaient fait devant vous.
Claude de Malleville, (1596-1647)
- User5899Demi-dieu
Une petite remarque : aucune question au bac ne peut mettre délibérément le candidat dans une situation d'échec a priori, en particulier à cause d'un vocabulaire technique abscons ou d'un référent culturel trop subtil. J'éviterais pour ma part une question de ce type dès l'entrée, et la réserverais pour l'entretien, si elle trouve sa "porte d'entrée".Cipango a écrit:Cripure a écrit:
Le poème développe un thème souvent traité à l'époque : la beauté féminine éclipse la beauté du soleil levant.
Oui, c'est ce que l'on a appelé le thème de la Belle Matineuse (cf Voiture, Malleville...), c'est souvent une question posée à l'oral du bac si le texte apparaît dans le descriptif: "En quoi ce poème de Du Bellay illustre-t-il le thème de la Belle Matineuse?"
- AbraxasDoyen
L'Angevin, c'est Du Bellay (cf. "la douceur angevine" de "heureux qui…").
L'Orient est dit Indique parce qu'en ces temps de boussole débutante, le commun des mortels se repérait sur l'Est (l'Orient) qui indiquait la direction (en fait, on se repérait sur la course solaire).
Le Ciel rougit à l'Est (normal, c'est l'Aurore), et à l'Ouest, où se tient, tout à côté de la Loire où se baigne la femme aimée, le Poète quelque peu voyeur.
Quant au thème de la Belle Matineuse, on le trouve en germe chez Pétrarque, et surtout chez un Italien peu fréquenté, sauf par les gens de la Pléiade, du nom de Raineri, que Du Bellay démarque tranquillement. Voir http://www.voixhaute.com/du-bellay-j-deja-la-nuit-en-son,371.html
L'Orient est dit Indique parce qu'en ces temps de boussole débutante, le commun des mortels se repérait sur l'Est (l'Orient) qui indiquait la direction (en fait, on se repérait sur la course solaire).
Le Ciel rougit à l'Est (normal, c'est l'Aurore), et à l'Ouest, où se tient, tout à côté de la Loire où se baigne la femme aimée, le Poète quelque peu voyeur.
Quant au thème de la Belle Matineuse, on le trouve en germe chez Pétrarque, et surtout chez un Italien peu fréquenté, sauf par les gens de la Pléiade, du nom de Raineri, que Du Bellay démarque tranquillement. Voir http://www.voixhaute.com/du-bellay-j-deja-la-nuit-en-son,371.html
- AbraxasDoyen
Et heureusement que je ne fais plus passer le bac, je serais impitoyable sur un texte aussi célèbre. J'ai fait ça si souvent en Première — voire en Seconde…
J'y pense : il y a aussi un sonnet de Ronsard sur le même thème.
J'y pense : il y a aussi un sonnet de Ronsard sur le même thème.
- CipangoNiveau 10
Oui c'est ce sonnet:
De ses cheveulx la rousoyante Aurore
Eparsement les Indes remplissoyt,
Et ja le ciel à longz traitz rougissoyt
De meint esmail qui le matin decore,
Quand elle veit la Nymphe que j'adore
Tresser son chef, dont l'or, qui jaunissoit,
Le crespe honneur du sien esblouissoit,
Voire elle mesme et tout le ciel encore.
Lors ses cheveux vergongneuse arracha,
Si qu'en pleurant sa face elle cacha,
Tant la beaulté des beaultez luy ennuye :
Et ses souspirs parmy l'air se suyvantz,
Troys jours entiers enfanterent des ventz,
Sa honte un feu, et ses yeulx une pluye.
P. de Ronsard, Amours, sonnet XCI (1552-1553)
De ses cheveulx la rousoyante Aurore
Eparsement les Indes remplissoyt,
Et ja le ciel à longz traitz rougissoyt
De meint esmail qui le matin decore,
Quand elle veit la Nymphe que j'adore
Tresser son chef, dont l'or, qui jaunissoit,
Le crespe honneur du sien esblouissoit,
Voire elle mesme et tout le ciel encore.
Lors ses cheveux vergongneuse arracha,
Si qu'en pleurant sa face elle cacha,
Tant la beaulté des beaultez luy ennuye :
Et ses souspirs parmy l'air se suyvantz,
Troys jours entiers enfanterent des ventz,
Sa honte un feu, et ses yeulx une pluye.
P. de Ronsard, Amours, sonnet XCI (1552-1553)
- CipangoNiveau 10
Ah et regardez celui-ci, pas mal...
Quand je te vis entre un millier de Dames,
L'elite et fleur des nobles, et plus belles,
Ta resplendeur telle estoyt parmy elles,
Quelle est Venus sur les celestes flames.
Amour adonq' se vangea de mille ames
Qui luy avoyent jadis esté rebelles,
Telles tes yeux eurent leurs estincelles
Par qui les cueurs d'un chacun tu enflames.
Phebus, jaloux de ta lumiere sainte,
Couvrit le ciel d'un tenebreux nuage,
Mais l'air, maugré sa clarté toute estainte,
Fut plus serain autour de ton visage.
Adonq' le dieu d'une rage contreinte
Versa de pleurs un large marescage.
J.A. de Baïf, Les Amours de Méline (1552)
Quand je te vis entre un millier de Dames,
L'elite et fleur des nobles, et plus belles,
Ta resplendeur telle estoyt parmy elles,
Quelle est Venus sur les celestes flames.
Amour adonq' se vangea de mille ames
Qui luy avoyent jadis esté rebelles,
Telles tes yeux eurent leurs estincelles
Par qui les cueurs d'un chacun tu enflames.
Phebus, jaloux de ta lumiere sainte,
Couvrit le ciel d'un tenebreux nuage,
Mais l'air, maugré sa clarté toute estainte,
Fut plus serain autour de ton visage.
Adonq' le dieu d'une rage contreinte
Versa de pleurs un large marescage.
J.A. de Baïf, Les Amours de Méline (1552)
- CathEnchanteur
Je donnais ce sonnet en devoir à mes élèves de bac pro, après avoir travaillé sur la poésie du 17°.
J'avais des interprétations disons...originales.
J'avais des interprétations disons...originales.
- User5899Demi-dieu
Oui, on commençait souvent en seconde avec Rabelais-Ronsard-Du Bellay. Rabelais a quelque peu cédé la place, mais Ronsard-Du Bellay se sont assez bien maintenus, je trouve.Abraxas a écrit:Et heureusement que je ne fais plus passer le bac, je serais impitoyable sur un texte aussi célèbre. J'ai fait ça si souvent en Première — voire en Seconde…
J'y pense : il y a aussi un sonnet de Ronsard sur le même thème.
- JPhMMDemi-dieu
Cipango a écrit:Ah et regardez celui-ci, pas mal...
- Ecrit après une longue hésitation:
- Sans nul doute suis-je sentiment. Et j'aurais du mal à trouver les mots juste...
Mais des amoureux de lettres qui s'échangent des poèmes comme mes amis et moi nous échangions des cartes Panini de St Étienne, je trouve ça...
magique
royal
et incroyablement beau.
De grâce, ne changez rien.
_________________
Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- CipangoNiveau 10
Ben il y a maldone là: nous ne nous échangeons pas de poèmes JPhMM: j'aide lailalai pour qu'elle puisse, avec son élève en cours particulier, construire un véritable historique du motif de la "Belle matineuse" à partir du poème donné par le prof de son élève; pour cela il faut le confronter à d'autres sonnets du même acabit, d'où le corpus que je lui propose.
- thrasybuleDevin
Jp est tres intelligent, je pense qu il a compris de quoi il retournaitCipango a écrit:Ben il y a maldone là: nous ne nous échangeons pas de poèmes JPhMM: j'aide lailalai pour qu'elle puisse, avec son élève en cours particulier, construire un véritable historique du motif de la "Belle matineuse" à partir du poème donné par le prof de son élève; pour cela il faut le confronter à d'autres sonnets du même acabit, d'où le corpus que je lui propose.
- JPhMMDemi-dieu
Je vais rougir Thrasybulethrasybule a écrit:Jp est tres intelligent, je pense qu il a compris de quoi il retournaitCipango a écrit:Ben il y a maldone là: nous ne nous échangeons pas de poèmes JPhMM: j'aide lailalai pour qu'elle puisse, avec son élève en cours particulier, construire un véritable historique du motif de la "Belle matineuse" à partir du poème donné par le prof de son élève; pour cela il faut le confronter à d'autres sonnets du même acabit, d'où le corpus que je lui propose.
Oui, j'avais compris.
Mais, Cipango, je trouvais simplement ce petit "partage" fort beau, et je trouve bien de dire le beau quand il se manifeste à moi. Mais sans doute m'étais-je mal exprimé.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
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