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- cavecattumNeoprof expérimenté
Marquise:Oui! La campagne me fait moins peur, disons que je connais plus, même dans ce qu'elle a de pire, et puis, je sais conduire un tracteur, ça pourrait me servir sait-on jamais...Je reste convaincue que l'on rend Paris indispensable pour un certain nombre de choses par manque d'imagination ou par conformisme...
Pour le sujet principal, ce type de collèges...Que dire, sinon des évidences: que non, personne n'a envie d'y aller, et que oui, n'y a pas grand chose à faire pour ces élèves...
Une anecdote : le centre socio-culturel dont je parlais et pour lequel j'ai travaillé: il n'est pas aux normes de sécurité depuis 20 ans. Il y avait des clous rouillés qui sortaient des murs. Les "colons" avaient essayé d'assommer un des poneys du groupe "équitation" que je devais animer...Une tentative de viol et trois couteaux supprimés durant les séjours...Mais comme il s'agissait d'un des seuls centre en France à accepter ces "loulous" difficiles de RP pendant la fermeture des foyers de correction, l'état le laissait ouvert. Je crois que l'on pourrait faire une analogie entre cette situation et les collèges du 93...
Jeanne, merci! Oui, je fais une thèse, dans laquelle je serai officiellement inscrite l'année prochaine - là, je suis en report, pour m'avancer un peu avant de commencer à enseigner, et comme j'ai obtenu une bourse d'étude pour mon travail, je voulais en profiter encore un peu...
Pour le sujet principal, ce type de collèges...Que dire, sinon des évidences: que non, personne n'a envie d'y aller, et que oui, n'y a pas grand chose à faire pour ces élèves...
Une anecdote : le centre socio-culturel dont je parlais et pour lequel j'ai travaillé: il n'est pas aux normes de sécurité depuis 20 ans. Il y avait des clous rouillés qui sortaient des murs. Les "colons" avaient essayé d'assommer un des poneys du groupe "équitation" que je devais animer...Une tentative de viol et trois couteaux supprimés durant les séjours...Mais comme il s'agissait d'un des seuls centre en France à accepter ces "loulous" difficiles de RP pendant la fermeture des foyers de correction, l'état le laissait ouvert. Je crois que l'on pourrait faire une analogie entre cette situation et les collèges du 93...
Jeanne, merci! Oui, je fais une thèse, dans laquelle je serai officiellement inscrite l'année prochaine - là, je suis en report, pour m'avancer un peu avant de commencer à enseigner, et comme j'ai obtenu une bourse d'étude pour mon travail, je voulais en profiter encore un peu...
- jeanneÉrudit
Donc tu commences à enseigner l'an prochain ? Tu n'as pas de contrat d'ATER ou de moniteur ?
- cavecattumNeoprof expérimenté
Oui, c'est ça, l'an prochain . Pour le contrat d'ATER, j'attends encore de voir ce qui va se passer dans ma fac, pas sûr qu'un poste soit ouvert dans ma discipline... Il faut que je reparle de tout ça avec mon directeur de recherche. Bien-sûr, avec un contrat doctoral, la donne changerai un peu, mais pour avoir eu charge de cours en fac (L3) , je ne me fais guère d'illusion sur le supérieur, et je vois très bien ce que ton compagnon veut dire. Et c'est moins bien payé en plus que de commencer avec salaire d'agrégée.
Bref, à voir...
Bref, à voir...
- IgniatiusGuide spirituel
cavecattum a écrit:Circé a écrit:
J'avais une collègue de promo: hyper jolie (une vraie bombe), sortie de l'ENS Lyon, stagiaire agrégée, 22 ou 23 ans je crois....affection: TZR Seine-Saint-Denis. J'ai appris récemment qu'après une grave dépression, elle avait démissionné. J'ai été très peinée pour elle.
Je vais paraître candide, ou en pleine dénégation, mais...c'est vraiment possible, ça? - pas la démission, mais l'affectation "crottique" pour une agrégée? Mes profs de fac ou les gens qui enseignent autour de moi m'ont bien tous prévenu que quelques années pénibles m'attendaient, mais par "pénibles" ils entendaient: peut-être TZariat, peut-être du collège...Il faut dire qu'ils m'ont tous dit unanimement de ne pas demander la RP, plutôt la cambrousse profonde que la RP...
Bon courage à celles et ceux qui enseignent dans de telles conditions ici, en espérant vivement ne jamais connaître les mêmes...Sans quoi je ferai, je le sens, comme ta camarade de promo Circé...
Personnellement, j'ai eu mon agrégation le jour anniversaire de mes 23 ans, et, après mon année de stage, j'ai été expédié pdt 3 ans dans l'avant-dernier lycée de Seine-St-Denis pour les résultats au bac : le concours joue donc peu pour les affectations.
Comme je l'ai lu plus haut, je ne crois pas que le pb des établissements difficiles soit la jeunesse des profs qu'on y envoie : certainement que des profs plus expérimentés y arriveraient mieux, mais pas beaucoup mieux. Alors forcément, ça a l'air pire pour les jeunes (et je l'ai bien vécu) mais je ne connais aucun prof plus âgé qui ait envie d'y retourner dans ces bahuts. A mon avis le vrai souci, c'est que personne ne peut enseigner dans ces bahuts : c'est un travail d'éducateur, pas de prof. Certains ont la fibre pour cela, mais c'est une minorité d'entre nous à mon sens.
Je trouve au passage que l'article est très bien : c'est factuel, sans pathos, et l'effet est dévastateur. L'ensemble est très réel et courant dans le 93, il ne faut pas se voiler la face (et ça ne s'améliore pas...)
Je pense que les normaliens vont complètement disparaître du second degré : le niveau des programmes ne nécessite plus leurs compétences.
Mais je ne suis pas certain que l'université soit un eldorado, comme vous le disiez au-dessus : en maths, je sais que j'ai de meilleurs élèves en lycée qu'il n'y en a en premier cycle universitaire, car l'élite estudiantine part en prépa.
Ce n'est sans doute pas le même phénomène en lettres ceci dit.
_________________
"Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion."
St Augustin
"God only knows what I'd be without you"
Brian Wilson
- RuthvenGuide spirituel
Igniatius a écrit:cavecattum a écrit:Circé a écrit:
J'avais une collègue de promo: hyper jolie (une vraie bombe), sortie de l'ENS Lyon, stagiaire agrégée, 22 ou 23 ans je crois....affection: TZR Seine-Saint-Denis. J'ai appris récemment qu'après une grave dépression, elle avait démissionné. J'ai été très peinée pour elle.
Je vais paraître candide, ou en pleine dénégation, mais...c'est vraiment possible, ça? - pas la démission, mais l'affectation "crottique" pour une agrégée? Mes profs de fac ou les gens qui enseignent autour de moi m'ont bien tous prévenu que quelques années pénibles m'attendaient, mais par "pénibles" ils entendaient: peut-être TZariat, peut-être du collège...Il faut dire qu'ils m'ont tous dit unanimement de ne pas demander la RP, plutôt la cambrousse profonde que la RP...
Bon courage à celles et ceux qui enseignent dans de telles conditions ici, en espérant vivement ne jamais connaître les mêmes...Sans quoi je ferai, je le sens, comme ta camarade de promo Circé...
Personnellement, j'ai eu mon agrégation le jour anniversaire de mes 23 ans, et, après mon année de stage, j'ai été expédié pdt 3 ans dans l'avant-dernier lycée de Seine-St-Denis pour les résultats au bac : le concours joue donc peu pour les affectations.
Comme je l'ai lu plus haut, je ne crois pas que le pb des établissements difficiles soit la jeunesse des profs qu'on y envoie : certainement que des profs plus expérimentés y arriveraient mieux, mais pas beaucoup mieux. Alors forcément, ça a l'air pire pour les jeunes (et je l'ai bien vécu) mais je ne connais aucun prof plus âgé qui ait envie d'y retourner dans ces bahuts. A mon avis le vrai souci, c'est que personne ne peut enseigner dans ces bahuts : c'est un travail d'éducateur, pas de prof. Certains ont la fibre pour cela, mais c'est une minorité d'entre nous à mon sens.
Je trouve au passage que l'article est très bien : c'est factuel, sans pathos, et l'effet est dévastateur. L'ensemble est très réel et courant dans le 93, il ne faut pas se voiler la face (et ça ne s'améliore pas...)
Je pense que les normaliens vont complètement disparaître du second degré : le niveau des programmes ne nécessite plus leurs compétences.
Mais je ne suis pas certain que l'université soit un eldorado, comme vous le disiez au-dessus : en maths, je sais que j'ai de meilleurs élèves en lycée qu'il n'y en a en premier cycle universitaire, car l'élite estudiantine part en prépa.
Ce n'est sans doute pas le même phénomène en lettres ceci dit.
En lettres et SH, c'est pire ... Le premier cycle est la voiture balai de ceux qui ont été refusés partout ailleurs.
- LeclochardEmpereur
Circé a écrit:marquisedemerteuil a écrit:Je trouve humain qu'au bout d'un certain nombre d'années d'enseignement, parfois dans des endroits difficiles, on n'ait pas envie de se retrouver dans des bahuts du 93. Les profs expérimentés mais affectés ailleurs, ne sauraient pas forcément s'y adapter. De plus, il vaut mieux avoir l'énergie de ses 20-30 ans pour y faire face que d'y aller à 50 ou plus...(même si certains y sont bloqués toute leur carrière, je sais bien)
Ben c'est le principe du serpent qui se mord la queue. C'est difficile pour tout le monde, à 20,30,40 ou 50 ans parce que ça, c'est pas enseigner. Je ne sais pas comment on peut appeler cette réalité mais ce n'est pas de l'enseignement. Je sais bien que notre métier est une vocation, voire un sacerdoce mais je n'ai jamais bossé jusqu'à 2 heures du matin 365 ans par an pendant 2 ans pour faire ça.
+1. Y a pas d'âge idéal pour affronter cette violence. On peut juste penser qu'à quarante ans avec un peu de bouteille, on tient mieux la route parce qu'on a des ficelles qu'à 25 ans à la sortie d'une année de stage en Bretagne.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- RuthvenGuide spirituel
Leclochard a écrit:
Je suis bien d'accord avec toi: l'EN organise à travers son système de muts une forme de bizutage. Les débutants se payent souvent l'exil, ou deviennent tzr, ou se retrouvent en établissements difficiles. Sans doute l'acceptent-ils car ils espèrent après quelques années avoir un meilleur poste.
C'est tout le paradoxe: plus on a d'expérience, plus on progresse dans la carrière et moins on aspire à se retrouver dans ce genre d'établissement. Au final, les points et le savoir accumulés servent rarement à ces élèves des zones difficiles.
Mais sincèrement veut-on (les profs, les syndicats) changer ces règles ?
Et pourrait-on affronter ces élèves avec l'expérience mais sans l'ardeur et l'enthousiasme des premières années ? Je ne suis pas persuadé du tout que l'affectation d'enseignants expérimentés permette de gagner en efficacité. Il faut une énergie face aux élèves que l'on n'a plus nécessairement à un certain âge.
- IgniatiusGuide spirituel
Ruthven a écrit:Igniatius a écrit:cavecattum a écrit:Circé a écrit:
J'avais une collègue de promo: hyper jolie (une vraie bombe), sortie de l'ENS Lyon, stagiaire agrégée, 22 ou 23 ans je crois....affection: TZR Seine-Saint-Denis. J'ai appris récemment qu'après une grave dépression, elle avait démissionné. J'ai été très peinée pour elle.
Je vais paraître candide, ou en pleine dénégation, mais...c'est vraiment possible, ça? - pas la démission, mais l'affectation "crottique" pour une agrégée? Mes profs de fac ou les gens qui enseignent autour de moi m'ont bien tous prévenu que quelques années pénibles m'attendaient, mais par "pénibles" ils entendaient: peut-être TZariat, peut-être du collège...Il faut dire qu'ils m'ont tous dit unanimement de ne pas demander la RP, plutôt la cambrousse profonde que la RP...
Bon courage à celles et ceux qui enseignent dans de telles conditions ici, en espérant vivement ne jamais connaître les mêmes...Sans quoi je ferai, je le sens, comme ta camarade de promo Circé...
Personnellement, j'ai eu mon agrégation le jour anniversaire de mes 23 ans, et, après mon année de stage, j'ai été expédié pdt 3 ans dans l'avant-dernier lycée de Seine-St-Denis pour les résultats au bac : le concours joue donc peu pour les affectations.
Comme je l'ai lu plus haut, je ne crois pas que le pb des établissements difficiles soit la jeunesse des profs qu'on y envoie : certainement que des profs plus expérimentés y arriveraient mieux, mais pas beaucoup mieux. Alors forcément, ça a l'air pire pour les jeunes (et je l'ai bien vécu) mais je ne connais aucun prof plus âgé qui ait envie d'y retourner dans ces bahuts. A mon avis le vrai souci, c'est que personne ne peut enseigner dans ces bahuts : c'est un travail d'éducateur, pas de prof. Certains ont la fibre pour cela, mais c'est une minorité d'entre nous à mon sens.
Je trouve au passage que l'article est très bien : c'est factuel, sans pathos, et l'effet est dévastateur. L'ensemble est très réel et courant dans le 93, il ne faut pas se voiler la face (et ça ne s'améliore pas...)
Je pense que les normaliens vont complètement disparaître du second degré : le niveau des programmes ne nécessite plus leurs compétences.
Mais je ne suis pas certain que l'université soit un eldorado, comme vous le disiez au-dessus : en maths, je sais que j'ai de meilleurs élèves en lycée qu'il n'y en a en premier cycle universitaire, car l'élite estudiantine part en prépa.
Ce n'est sans doute pas le même phénomène en lettres ceci dit.
En lettres et SH, c'est pire ... Le premier cycle est la voiture balai de ceux qui ont été refusés partout ailleurs.
OK.
Je m'étais laissé dire que, dans la mesure où il y avait un éventail moins large de choix pour les littéraires, bcp se retrouvaient donc à la fac, d'où un niveau peut-être moins catastrophique qu'en sciences.
Parce qu'en sciences, je déconseille à tous mes élèves d'aller à l'université : les bons se dirigent vers des formations élitistes, les moyens cherchent à tout prix à attraper un BTS ou un IUT, car ils craignent, à juste titre, d'être largués à la fac, car non cadrés.
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"Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion."
St Augustin
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Brian Wilson
- LeclochardEmpereur
marquisedemerteuil a écrit:il parait (mais je ne connais pas bien l'académie) que dans l'académie de créteil la seine et marne a des coins de campagne sympas. Et pareil sur Versailles (une amie y est, pleine cambrousse du sud de meaux), mais faut bien se renseigner.
Meaux dans l'académie de Versailles ?
Ca peut être une solution de choisir un bahut perdu dans la campagne: attention cependant au temps de transport si on s'installe dans la capitale ou au choc culturel, si on s'installe dans un coin paumé et qu'on rêvait d'une vie parisienne.
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- RuthvenGuide spirituel
jeanne a écrit:Mon mari est agrégé, a un poste de maître de conf', n'a jamais enseigné dans le secondaire mais parfois le regrette et se sent souvent très inutile à la fac en tant qu'enseignant : les élèves bruyants, peu motivés et qui ne lisent pas les classiques au programme, il connaît aussi, et pourtant, ils sont majeurs et a priori volontaires pour être là.
Désolé, mais je vais être cynique ... Le pauvre, on va le plaindre . :colere:
- cavecattumNeoprof expérimenté
Leclochard a écrit:marquisedemerteuil a écrit:il parait (mais je ne connais pas bien l'académie) que dans l'académie de créteil la seine et marne a des coins de campagne sympas. Et pareil sur Versailles (une amie y est, pleine cambrousse du sud de meaux), mais faut bien se renseigner.
Meaux dans l'académie de Versailles ?
Ca peut être une solution de choisir un bahut perdu dans la campagne: attention cependant au temps de transport si on s'installe dans la capitale ou au choc culturel, si on s'installe dans un coin paumé et qu'on rêvait d'une vie parisienne.
La vie parisienne, avec un salaire de prof, pour ce qu'on en profite! En revanche, oui, une petite bourgade perdue, pas loin en train, c'est ce que je vais tenter. Pour les expos, les théâtres, les bibliothèques...juste le train à prendre. Ca me paraît jouable, il faudra que je peaufine une stratégie. L'Yonne ne demande rien comme point par exemple.... Quant à vivre loin de tout...je pourrais enfin adopter un gros chien!
- LeclochardEmpereur
Ruthven a écrit:Leclochard a écrit:
Je suis bien d'accord avec toi: l'EN organise à travers son système de muts une forme de bizutage. Les débutants se payent souvent l'exil, ou deviennent tzr, ou se retrouvent en établissements difficiles. Sans doute l'acceptent-ils car ils espèrent après quelques années avoir un meilleur poste.
C'est tout le paradoxe: plus on a d'expérience, plus on progresse dans la carrière et moins on aspire à se retrouver dans ce genre d'établissement. Au final, les points et le savoir accumulés servent rarement à ces élèves des zones difficiles.
Mais sincèrement veut-on (les profs, les syndicats) changer ces règles ?
Et pourrait-on affronter ces élèves avec l'expérience mais sans l'ardeur et l'enthousiasme des premières années ? Je ne suis pas persuadé du tout que l'affectation d'enseignants expérimentés permette de gagner en efficacité. Il faut une énergie face aux élèves que l'on n'a plus nécessairement à un certain âge.
Il faut une motivation de toute façon. Y balancer des gens qui ne veulent pas y être et qui débutent (système actuel), c'est ce qu'il y a de pire.
Question : comment motiver ces gens d'expérience qui sont, peut-être, tranquilles ailleurs ? Comme on n'attire pas des mouches avec du vinaigre, les réponses doivent fortes et diversifées: financières (pas 100 euros mais 1000 euros de plus par mois), professionnelles (projet d'établissement très novateur, décharge importante -10 heures de cours-, affectation dans un autre ministère et possibilité de devenir chef d'établissement facilitées), personnelles (mutation dans n'importe quel bahut de son choix après 5 ou 8 ans)... avec ce genre de mesures, je crois qu'on aurait un peu plus de collègues expérimentés et motivés pour y aller.
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- IgniatiusGuide spirituel
Leclochard a écrit:Ruthven a écrit:Leclochard a écrit:
Je suis bien d'accord avec toi: l'EN organise à travers son système de muts une forme de bizutage. Les débutants se payent souvent l'exil, ou deviennent tzr, ou se retrouvent en établissements difficiles. Sans doute l'acceptent-ils car ils espèrent après quelques années avoir un meilleur poste.
C'est tout le paradoxe: plus on a d'expérience, plus on progresse dans la carrière et moins on aspire à se retrouver dans ce genre d'établissement. Au final, les points et le savoir accumulés servent rarement à ces élèves des zones difficiles.
Mais sincèrement veut-on (les profs, les syndicats) changer ces règles ?
Et pourrait-on affronter ces élèves avec l'expérience mais sans l'ardeur et l'enthousiasme des premières années ? Je ne suis pas persuadé du tout que l'affectation d'enseignants expérimentés permette de gagner en efficacité. Il faut une énergie face aux élèves que l'on n'a plus nécessairement à un certain âge.
Il faut une motivation de toute façon. Y balancer des gens qui ne veulent pas y être et qui débutent (système actuel), c'est ce qu'il y a de pire.
Question : comment motiver ces gens d'expérience qui sont, peut-être, tranquilles ailleurs ? Comme on n'attire pas des mouches avec du vinaigre, les réponses doivent fortes et diversifées: financières (pas 100 euros mais 1000 euros de plus par mois), professionnelles (décharge importante -10 heures de cours-, affectation dans un autre ministère, possibilité de devenir chef d'établissement facilitée), personnelles (mutation dans n'importe quel bahut de choix après 5 ou 8 ans)... avec ce genre de mesures, je crois qu'on aurait un peu plus de collègues expérimentés et motivés pour y aller.
Je ne crois pas : on aurait surtout des mercenaires, pas obligatoirement plus compétents et motivés que les autres.
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"Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion."
St Augustin
"God only knows what I'd be without you"
Brian Wilson
- LeclochardEmpereur
Igniatius a écrit:Leclochard a écrit:Ruthven a écrit:Leclochard a écrit:
Je suis bien d'accord avec toi: l'EN organise à travers son système de muts une forme de bizutage. Les débutants se payent souvent l'exil, ou deviennent tzr, ou se retrouvent en établissements difficiles. Sans doute l'acceptent-ils car ils espèrent après quelques années avoir un meilleur poste.
C'est tout le paradoxe: plus on a d'expérience, plus on progresse dans la carrière et moins on aspire à se retrouver dans ce genre d'établissement. Au final, les points et le savoir accumulés servent rarement à ces élèves des zones difficiles.
Mais sincèrement veut-on (les profs, les syndicats) changer ces règles ?
Et pourrait-on affronter ces élèves avec l'expérience mais sans l'ardeur et l'enthousiasme des premières années ? Je ne suis pas persuadé du tout que l'affectation d'enseignants expérimentés permette de gagner en efficacité. Il faut une énergie face aux élèves que l'on n'a plus nécessairement à un certain âge.
Il faut une motivation de toute façon. Y balancer des gens qui ne veulent pas y être et qui débutent (système actuel), c'est ce qu'il y a de pire.
Question : comment motiver ces gens d'expérience qui sont, peut-être, tranquilles ailleurs ? Comme on n'attire pas des mouches avec du vinaigre, les réponses doivent fortes et diversifées: financières (pas 100 euros mais 1000 euros de plus par mois), professionnelles (décharge importante -10 heures de cours-, affectation dans un autre ministère, possibilité de devenir chef d'établissement facilitée), personnelles (mutation dans n'importe quel bahut de choix après 5 ou 8 ans)... avec ce genre de mesures, je crois qu'on aurait un peu plus de collègues expérimentés et motivés pour y aller.
Je ne crois pas : on aurait surtout des mercenaires, pas obligatoirement plus compétents et motivés que les autres.
Attention, ils seraient recrutés sur leur expérience et leur motivation. Il y aurait un entretien. Mais tu préfères peut-être la sainteté des débutants qui se font manger tout crus.
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- IgniatiusGuide spirituel
Non, non, mais je me répète : je ne crois pas aux solutions de ce type.
Il faut reprendre les choses bien plus en amont (primaire) et mettre bcp de moyens (petites classes, plusieurs enseignants) de façon à ce que le collège et le lycée se déroulent de manière à peu près normale.
Mais je ne crois pas au "pouvoir" d'enseignants remarquables, même super motivés et super payés : ils iront, certes, mais ils ne sont pas assez nombreux pour que le résultat soit positif.
En clair, je pense la situation actuelle inextricable.
Il faut reprendre les choses bien plus en amont (primaire) et mettre bcp de moyens (petites classes, plusieurs enseignants) de façon à ce que le collège et le lycée se déroulent de manière à peu près normale.
Mais je ne crois pas au "pouvoir" d'enseignants remarquables, même super motivés et super payés : ils iront, certes, mais ils ne sont pas assez nombreux pour que le résultat soit positif.
En clair, je pense la situation actuelle inextricable.
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"Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion."
St Augustin
"God only knows what I'd be without you"
Brian Wilson
- cavecattumNeoprof expérimenté
Igniatius a écrit:Non, non, mais je me répète : je ne crois pas aux solutions de ce type.
Il faut reprendre les choses bien plus en amont (primaire) et mettre bcp de moyens (petites classes, plusieurs enseignants) de façon à ce que le collège et le lycée se déroulent de manière à peu près normale.
Mais je ne crois pas au "pouvoir" d'enseignants remarquables, même super motivés et super payés : ils iront, certes, mais ils ne sont pas assez nombreux pour que le résultat soit positif.
En clair, je pense la situation actuelle inextricable.
Idem. Cet appel hypothétique et désespéré aux missionnaires de L'EN, des profs- philanthropes- éducateurs-sergents instructeurs, ca a des relents de mythe du "Sauveur homme à poigne". Et s'ils existent, ces gens là, pourquoi les gaspiller ainsi?
Effectivement, c'est en amont qu'il faudrait agir...Et encore un vœu pieux, un! On en paverait, des cours d'école , avec ces voeux pieux!
- XanaNiveau 7
deroute a écrit:Ca ressemble assez à mon collège... Je n'arrive pas à m'imaginer que ça peut être différent...
"Cette désaffection pour les auteurs classiques et la lecture tout court s’expliquent notamment par la méconnaissance de la culture française par des parents, parfois illettrés mais surtout dépassés par un système éducatif dont ils ne comprennent guère les rouages."
Cette petite phrase je la trouve assez malvenue puisque j'ai suivi de nombreux élèves en cours particuliers avec des parents "français et lettrés" et ce n'est pas pour ça qu'ils lisaient des auteurs classiques...
Tout à fait d'accord. Et inversement: ce n'est pas parce que les parents ne parlent pas français ou ne sont pas de culture française que leurs enfants ne vont pas lire les classiques français!
- XanaNiveau 7
Igniatius a écrit:Non, non, mais je me répète : je ne crois pas aux solutions de ce type.
Il faut reprendre les choses bien plus en amont (primaire) et mettre bcp de moyens (petites classes, plusieurs enseignants) de façon à ce que le collège et le lycée se déroulent de manière à peu près normale.
Mais je ne crois pas au "pouvoir" d'enseignants remarquables, même super motivés et super payés : ils iront, certes, mais ils ne sont pas assez nombreux pour que le résultat soit positif.
En clair, je pense la situation actuelle inextricable.
Igniatus, sur ce point, je suis entièrement d'accord avec toi. C'est en ne laissant pas s'installer les difficultés en primaire qu'on pourra peut-être sauver le secondaire! Et oui, situation inextricable, hélas. Dans l'école de ma belle-sœur, professeur RASED, à Epinay (93), on affecte des vacataires niveau bac pour assurer les remplacements!!!
Jamais je n'ai eu de vocation d'éducatrice, d'animatrice ou de sainte, je ne voudrais pour rien au monde aller en ZEP! Très rares sont ceux qui ont cette vocation et encore plus rares, ceux qui arrivent à "sauver" des élèves...
En revanche, je ne suis pas aussi enthousiaste que toi au sujet de cet article: l'auteur semble découvrir la poudre en constatant le brouhaha dans la cour, le goût prononcé des élèves pour les retards et comme l'a relevé Deroute, le coup des classiques qui ne sont pas lus parce que les parents ne savent pas lire ou parlent turc à la maison....
Rien à voir: mais qu'est-ce que c'est que ce nouvel avatar? Je préférais l'ancien, si je puis me permettre...
- loup des steppesNeoprof expérimenté
Moi j'avais demandé d'aller en ZEP et Zone Sensible à un âge déjà certain, et après une année de larmes quotidiennes ça s'est finalement très bien passé, j'y ai appris beaucoup et il m'arrive encore de regretter ces années-là... Au moins j'avais le sentiment d'être utile quand j'arrivais à faire briller les yeux des élèves, et à les convaincre de s'investir davantage pour espérer se sortir un jour du ghetto de la cité.
Je suis maintenant dans un lycée à priori "tranquille" dans une petite ville de province, entourée de campagne: les élèves sont très bruyants, affalés dans les couloirs (il faut les enjamber pour passer ou jouer les petits sergents pour les faire se tenir correctement), beaucoup sont ignares et fiers de l'être (de toute façon ils "passent" en classe supérieure, alors pourquoi travailler plus ?).
Quant à lire, apprendre et se cultiver... il y a tellement d'autres choses à faire. Quand il fait froid, ils sont fatigués et ont sommeil, quand il fait chaud ils rêvent de plage et de vacances, quand il pleut ils dorment, quand il y a du vent ou de l'orage, de la neige, ils sont excités comme des puces.. en début de semaine ils se croient encore en w-e, vers le jeudi ils attendent le w-e suivant.
Bref majoritairement paresseux, trop souvent mal éduqués, avec en plus un petit côté prétentieux chez certains (dont les parents considèrent les profs de haut avec ce mépris répandu médiatiquement contre la profession).
On rajoute au tableau l'attitude de la hiérarchie, très laxiste avec les élèves qui ont toujours raison mais hyper exigeante avec les profs (ces fainéants), satisfaire la "clientèle" est essentiel (que ne ferait-on pas pour plaire aux parents), l'instruire secondaire ("vos notes sont sévères", "vous les faites trop travailler"..!)
Certains collègues -tous âges confondus- dépriment depuis longtemps, d'autres cherchent désespérément des portes de sortie pour accumuler des points de retraite dans de meilleurs conditions.
La suppression massive de postes promet des jours pires encore.
Même en étant encore motivés on finit par se lasser des contraintes ineptes imposées par des réformes indignes, on en a marre de travailler 1000 fois plus que les élèves pour obtenir des résultats très médiocres, on est dégoûtés de passer autant de temps à recadrer le "public" et de s'épuiser à trouver des trucs qui les motivent (quelques minutes) à travailler un peu...
Bon il reste le rapport humain, quand on arrive à établir des relation de respect de part et d'autre, c'est moins galère voire agréable et chaleureux certes, mais on reste frustrés en corrigeant les copies à constater le peu de savoir qui reste de ce qu'on leur a rabâché sur tous les modes imaginables.
Nous faisons un "beau métier" (si, si, ça doit suffire à notre bonheur!). Et la vie est belle quand on sait la voir avec émerveillement malgré tout...
Je suis maintenant dans un lycée à priori "tranquille" dans une petite ville de province, entourée de campagne: les élèves sont très bruyants, affalés dans les couloirs (il faut les enjamber pour passer ou jouer les petits sergents pour les faire se tenir correctement), beaucoup sont ignares et fiers de l'être (de toute façon ils "passent" en classe supérieure, alors pourquoi travailler plus ?).
Quant à lire, apprendre et se cultiver... il y a tellement d'autres choses à faire. Quand il fait froid, ils sont fatigués et ont sommeil, quand il fait chaud ils rêvent de plage et de vacances, quand il pleut ils dorment, quand il y a du vent ou de l'orage, de la neige, ils sont excités comme des puces.. en début de semaine ils se croient encore en w-e, vers le jeudi ils attendent le w-e suivant.
Bref majoritairement paresseux, trop souvent mal éduqués, avec en plus un petit côté prétentieux chez certains (dont les parents considèrent les profs de haut avec ce mépris répandu médiatiquement contre la profession).
On rajoute au tableau l'attitude de la hiérarchie, très laxiste avec les élèves qui ont toujours raison mais hyper exigeante avec les profs (ces fainéants), satisfaire la "clientèle" est essentiel (que ne ferait-on pas pour plaire aux parents), l'instruire secondaire ("vos notes sont sévères", "vous les faites trop travailler"..!)
Certains collègues -tous âges confondus- dépriment depuis longtemps, d'autres cherchent désespérément des portes de sortie pour accumuler des points de retraite dans de meilleurs conditions.
La suppression massive de postes promet des jours pires encore.
Même en étant encore motivés on finit par se lasser des contraintes ineptes imposées par des réformes indignes, on en a marre de travailler 1000 fois plus que les élèves pour obtenir des résultats très médiocres, on est dégoûtés de passer autant de temps à recadrer le "public" et de s'épuiser à trouver des trucs qui les motivent (quelques minutes) à travailler un peu...
Bon il reste le rapport humain, quand on arrive à établir des relation de respect de part et d'autre, c'est moins galère voire agréable et chaleureux certes, mais on reste frustrés en corrigeant les copies à constater le peu de savoir qui reste de ce qu'on leur a rabâché sur tous les modes imaginables.
Nous faisons un "beau métier" (si, si, ça doit suffire à notre bonheur!). Et la vie est belle quand on sait la voir avec émerveillement malgré tout...
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[i] "Là où sont mes pieds, je suis à ma place." prov. Amérindien
"Choose the words you use with care: they create the world around you"
- RuthvenGuide spirituel
loup des steppes a écrit:
Même en étant encore motivés on finit par se lasser des contraintes ineptes imposées par des réformes indignes, on en a marre de travailler 1000 fois plus que les élèves pour obtenir des résultats très médiocres, on est dégoûtés de passer autant de temps à recadrer le "public" et de s'épuiser à trouver des trucs qui les motivent (quelques minutes) à travailler un peu...
Bon il reste le rapport humain, quand on arrive à établir des relation de respect de part et d'autre, c'est moins galère voire agréable et chaleureux certes, mais on reste frustrés en corrigeant les copies à constater le peu de savoir qui reste de ce qu'on leur a rabâché sur tous les modes imaginables.
Que c'est tragiquement juste !
- lnaNiveau 6
Juste une remarque : ce genre de collège n'existe pas que dans le 93. En lisant l'article en page 1, j'ai cru qu'il s'agissait de celui où j'enseigne !
c'est un collège ZEP, RAR, zone violence qui sera ECLAIR en septembre prochain.
J'y suis depuis trois ans et que dire, sinon que je survis ?
c'est un collège ZEP, RAR, zone violence qui sera ECLAIR en septembre prochain.
J'y suis depuis trois ans et que dire, sinon que je survis ?
- frankensteinVénérable
Personnellement, j'ai l'impression que l'auteur de l'article découvre "l'eau tiède très chaude" avec le quotidien des établissements difficiles. Ils existent dès le primaire ces ghettos ! Rien que pour communiquer avec les parents, c'est parfois la grande soeur qui joue la "traductrice" quand ce n'est pas l'élève lui-même.
Pour l'histoire des "grands classiques littéraires" non lus, ce serait un moindre mal si des textes plus simples étaient déjà déchiffrés !
J'ai l'impression que beaucoup de collègues, de hauts fonctionnaires et d'élus ignorent ou feignent d'ignorer qu'il y a un "univers" entre des écoles difficiles où l'on ne trouve même plus un seul élève non défavorisé ou dont les parents ne soient pas immigrés et les petites écoles des quartiers huppés (ou être PE signifie "Prolétaire Enseignant" )
En réalité, ce n'est même plus le même métier que l'on exerce.
Pour l'histoire des "grands classiques littéraires" non lus, ce serait un moindre mal si des textes plus simples étaient déjà déchiffrés !
J'ai l'impression que beaucoup de collègues, de hauts fonctionnaires et d'élus ignorent ou feignent d'ignorer qu'il y a un "univers" entre des écoles difficiles où l'on ne trouve même plus un seul élève non défavorisé ou dont les parents ne soient pas immigrés et les petites écoles des quartiers huppés (ou être PE signifie "Prolétaire Enseignant" )
En réalité, ce n'est même plus le même métier que l'on exerce.
- Spoiler:
- Incroyable que les partis politiques de tous bords fassent l'impasse sur ce constat !
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Mettez des pouces verts sur : https://www.youtube.com/user/Choristenimes/ videos
Si les élections pouvaient changer la société, elles seraient interdites.
- ThalieGrand sage
+1. Cette seule phrase montre bien toute la candeur de l'auteur de l'article. Elle n'a pas bien compris la teneur des problèmes auj dans l'EN. J'ai une bonne élève de 3e qui adore lire et dont la maman se désole de son incapacité à lire des classiques. Mes nouvelles de Zola ont été une torture pour cette jeune fille bien blonde en début d'année...deroute a écrit:"Cette désaffection pour les auteurs classiques et la lecture tout court s’expliquent notamment par la méconnaissance de la culture française par des parents, parfois illettrés mais surtout dépassés par un système éducatif dont ils ne comprennent guère les rouages."
Cette petite phrase je la trouve assez malvenue puisque j'ai suivi de nombreux élèves en cours particuliers avec des parents "français et lettrés" et ce n'est pas pour ça qu'ils lisaient des auteurs classiques...
- LeclochardEmpereur
Igniatius a écrit:Non, non, mais je me répète : je ne crois pas aux solutions de ce type.
Il faut reprendre les choses bien plus en amont (primaire) et mettre bcp de moyens (petites classes, plusieurs enseignants) de façon à ce que le collège et le lycée se déroulent de manière à peu près normale.
Mais je ne crois pas au "pouvoir" d'enseignants remarquables, même super motivés et super payés : ils iront, certes, mais ils ne sont pas assez nombreux pour que le résultat soit positif.
En clair, je pense la situation actuelle inextricable.
Tu ne crois pas alors tu conclus implicitement au paradoxe suivant: avoir un débutant ou un prof expérimenté pour gérer une classe difficile, ça revient au même. Ce que je ne pense pas après avoir passé 8 ans en ZEP où je n'ai pourtant acquis aucun pouvoir magique. Ce n'est pas hasard si on rencontre des vieux collègues respectés dans ces bahuts.
Tu dis qu'ils ne seraient pas assez nombreux : qu'en sais-tu ?
Le plus étonnant, c'est ce mélange d'immobilisme et de renoncement qu'on lit dans les messages qui refusent les propositions qui visent à améliorer concrètement la motivation -traitement très supérieur, mutation et carrières facilitées- et les conditions de travail (10 heures de cours par ex). Je comprends mieux pourquoi le ministère n'a jamais cherché à proposer des projets forts pour attirer les profs expérimentés. Les enseignants eux-mêmes n'y sont pas favorables. :shock:
Le bizutage peut continuer tranquillement.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- BientôtlesudFidèle du forum
John a écrit:http://yahoo.bondyblog.fr/201104070001/un-college-dans-le-93-cest-la-cata/
Le titre donné par Yahoo ne correspond cependant pas tout à fait au contenu donné par cet article du bondy blog, choisi pour figurer en page d'accueil de yahoo.fr :
Un collège dans le 93 : c’est la cata
Jeudi 7 avril 2011 | Posté par Léna Ghenim | Partager
Léna a passé une journée dans un établissement classé en Zone prévention violence. Les problèmes y sont nombreux : identitaires, scolaires, non-maîtrise du français par des parents, fatigue des professeurs.
La semaine dernière, j’ai passé une journée dans un collège de Seine-Saint-Denis afin d’en prendre la température. L’établissement que j’ai choisi, situé dans une Zone d’éducation prioritaire, qualifié de sensible et classé en Zone prévention violence, est loin d’être un internat d’excellence. La plupart des élèves qui le fréquentent sont nés en France mais pas leurs parents. Autour de moi, des élèves qui préfèrent se présenter comme Maliens, Turcs, Algériens ou Portugais plutôt que comme Français.
Âgés de 11 à 16 ans, ils ont une nette conscience de leur « différence » mais paradoxalement ne semblent pas mesurer à quel point la cité dont la majorité d’entre eux provient est mal vue. Ce quartier, où ils vivent depuis des années maintenant, ils l’aiment, ne connaissant rien d’autre et n’ont encore aucune envie de le quitter.
8h30. J’assiste dans la cour à l’accueil des élèves. Le chef d’établissement, quelques surveillants et assistants pédagogiques sont là. Dès que la sonnerie retentit, les professeurs rejoignent la cour de recréation où leur classe les attend sur leur base. En vérité, les élèves ne sont absolument pas rangés sur ladite base, les uns discutent assis sur un banc, les autres en petits groupes parlent du film de la veille tandis que quelques-uns sont sur la base voisine ou traînent aux toilettes. Tant bien que mal, les professeurs essaient de les rassembler et donnent le signal du départ vers la salle de classe. Je me mets à suivre l’une de ces classes qui, dans un incroyable brouhaha, montent les deux étages du bâtiment principal pour suivre le premier cours matinal.
Quelques dizaines de minutes plus tard, les retardataires pointent leur nez. Les retards et l’absentéisme – en plus du manque cruel de motivation et du niveau extrêmement faible de ces collégiens – sont des défauts majeurs dans cet établissement où il semble que maints élèves font tout pour rester le plus de temps possible dans les couloirs au détriment de leurs cours. Adossés contre un mur, ils se cachent du regard des surveillants.
9h30. Le centre de documentation et d’information (CDI) est très calme. Quelques élèves y parlent, d’autres lisent des mangas. C’est, me dit-on, le genre livresque par excellence, plébiscité par tous les adolescents qui fréquentent le lieu. Les Zola, Steinbeck, Hugo ne sont lus et étudiés que parce qu’ils figurent au programme des œuvres dont la lecture est imposée par le professeur de lettres. Cette désaffection pour les auteurs classiques et la lecture tout court s’expliquent notamment par la méconnaissance de la culture française par des parents, parfois illettrés mais surtout dépassés par un système éducatif dont ils ne comprennent guère les rouages.
La plupart des élèves m’expliquent que le français n’est pas la langue parlée au domicile familial, au profit du portugais, de l’arabe et de quelque autre langue subsaharienne. La grande majorité des parents n’a pas atteint l’équivalent du lycée et peine, par conséquent, à aider ses enfants scolarisés. Ce sont les frères et sœurs, les mêmes qui sont présents lors des remises de bulletins de notes trimestriels, qui sont chargés de surveiller la scolarité de leurs cadets.
11h00. Je déambule dans les couloirs et entends les cours donnés par les professeurs. Manuel à l’appui, vidéoprojecteur au besoin, les séances prennent la forme de cours dialogué, de leçon magistrale ou de travail par écrit effectué par les élèves selon les classes.
13h00. Dans la salle de réunion du collège se déroule une « commission vie scolaire » (CVS) organisée à l’initiative du chef d’établissement concernant un élève dont le comportement, le travail et l’assiduité en classe posent gravement problème. La plupart de ses professeurs – on parle d’« équipe pédagogique » – et le conseiller principal d’éducation (CPE) sont présents mais le principal concerné est en retard. On téléphone à ses parents dont la présence est indispensable à cette réunion. Premier coup de théâtre : ils n’étaient pas au courant de cette CVS. Mais habitant à proximité, la mère se propose de venir immédiatement.
Quelques instants plus tard, la mère et son fils arrivent et prennent place. Sa maîtrise très lacunaire du français rend difficile la discussion. Mais, comprenant ce qui se passe et évidemment soucieuse de l’éducation de son fils, elle explique qu’elle tentera de faire de son mieux pour que son attitude change. Le problème est là, précisément. C’est celui des relations parents-enfants et du manque, voire de l’absence, de communication véritable entre les deux parties. Ceux-là prétendent que tout se passe bien au collège, qu’il n’y a jamais de devoir à faire, ceux-ci les croient sur parole. Et ce sont les CVS et autres conseils de discipline qui dévoilent les faux-semblants.
Silencieux en présence de sa mère, l’élève reconnaît à demi-mots ces dérapages et s’en sort relativement bien : cette réunion est un avertissement et les professeurs lui laissent une nouvelle chance de s’amender. Pourtant, dès que la mère s’en va, dans le bureau de la CPE, il devient moins coopératif et déclare sur un ton péremptoire que si celle-ci n’avait pas été là, il aurait contesté tous les reproches de ses professeurs. Cette CVS n’est donc qu’une demi-victoire pour l’équipe enseignante.
14h00. Des professeurs commentent le cahier confisqué à un élève de Quatrième, niveau réputé le plus difficile au collège. Crise d’adolescence oblige. Le cahier fait office de fourre-tout. Tags, cours de français, d’histoire-géographie, de mathématiques et paroles de chansons de rap s’y côtoient, avec un cortège d’erreurs d’orthographe. « J’ai tellement baisé l’état que j’ai plus de spermes » (sic), écrit l’élève dont la pléthore de textes témoignent de l’inattention et du peu d’intérêt en classe. Les professeurs sont déçus, d’autres en colère mais tous s’accordent pour le punir et l’encadrer davantage. Il faut éviter son naufrage scolaire autant que faire se peut.
Dans cet établissement, il y a eu au moins une dizaine de conseils de discipline (je ne connaitrai pas le chiffre exact) depuis le début de l’année et un nombre beaucoup plus grand de CVS. Les actes d’incivilité, l’indifférence des élèves aux cours, la fatigue des professeurs qui veulent changer d’établissement sont autant d’indices alarmants. Pendant ce temps, les suppressions de poste se poursuivent.
Léna Ghenim
J'ai l'impression qu'elle décrit mes 4 dernières années d'enseignement...
- frankensteinVénérable
Il y a un peu de vrai dans ce que tu dis...Mais pour ceux qui se sont "épuisés" pendant des années en ZEP, il faut bien une "petite récompense" ! Un jeune sortant avec une "bonne classe", il va se vanter de sa pédagogie, obtenir des promotions (surtout une "bombe" qui deviendra peut-être "femme d'inspecteur"...du fait de ses qualités pédagogiques ! :lol!: ). J'exagère un peu, bien que j'ai connu des collègues ayant eu ce genre de carrière...Leclochard a écrit:Igniatius a écrit:Non, non, mais je me répète : je ne crois pas aux solutions de ce type.
Il faut reprendre les choses bien plus en amont (primaire) et mettre bcp de moyens (petites classes, plusieurs enseignants) de façon à ce que le collège et le lycée se déroulent de manière à peu près normale.
Mais je ne crois pas au "pouvoir" d'enseignants remarquables, même super motivés et super payés : ils iront, certes, mais ils ne sont pas assez nombreux pour que le résultat soit positif.
En clair, je pense la situation actuelle inextricable.
Tu ne crois pas alors tu conclus implicitement au paradoxe suivant: avoir un débutant ou un prof expérimenté pour gérer une classe difficile, ça revient au même. Ce que je ne pense pas après avoir passé 8 ans en ZEP où je n'ai pourtant acquis aucun pouvoir magique. Ce n'est pas hasard si on rencontre des vieux collègues respectés dans ces bahuts.
Tu dis qu'ils ne seraient pas assez nombreux : qu'en sais-tu ?
Le plus étonnant, c'est ce mélange d'immobilisme et de renoncement qu'on lit dans les messages qui refusent les propositions qui visent à améliorer concrètement la motivation -traitement très supérieur, mutation et carrières facilitées- et les conditions de travail (10 heures de cours par ex). Je comprends mieux pourquoi le ministère n'a jamais cherché à proposer des projets forts pour attirer les profs expérimentés. Les enseignants eux-mêmes n'y sont pas favorables. :shock:
Le bizutage peut continuer tranquillement.
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Si les élections pouvaient changer la société, elles seraient interdites.
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