- claironNiveau 2
Bonjour, je suis en train de préparer ma séquence de 5ème sur la
description et je cherche vainement un texte descriptif comique ...
Est-ce que quelqu'un aurait une idée ? Je voudrais de préférence une
description de personne/ personnage avec comparaisons, métaphores et
énumérations pour étudier les procédés de "ridiculisation". Je pensais
trouver ça dans Gargantua mais dans tous les manuels que j'ai,
aucun ne traite le portrait comique ... et d'ailleurs dans les manuels
de 4ème , il n'y a rien non plus sur les portraits comiques ... Help !
description et je cherche vainement un texte descriptif comique ...
Est-ce que quelqu'un aurait une idée ? Je voudrais de préférence une
description de personne/ personnage avec comparaisons, métaphores et
énumérations pour étudier les procédés de "ridiculisation". Je pensais
trouver ça dans Gargantua mais dans tous les manuels que j'ai,
aucun ne traite le portrait comique ... et d'ailleurs dans les manuels
de 4ème , il n'y a rien non plus sur les portraits comiques ... Help !
- henrietteMédiateur
Il y a bien sûr le Ménalque de La Bruyère, mais ce n'est pas trop 5e.
Il faut que je farfouille dans mes docs. Je te tiens au courant si je trouve quelque chose.
Il faut que je farfouille dans mes docs. Je te tiens au courant si je trouve quelque chose.
- henrietteMédiateur
Je pense aux différents portraits d'Harpagon, en particulier celui fait par La Flèche : très efficace. Du reste chez Molière il doit y avoir plein de choses..
Sinon, j'ai retrouvé ça, mais ce sera à couper sans doute car trop long, et c'est plus humoristique que franchement comique :
"Imogène McCarthery — que son caractère et sa chevelure carotte faisaient surnommer « the red bull » par ses compagnes de bureau — entrait d’un pas assuré dans la cinquantaine. Elle devait son énergie indomptable à la passion qu’elle nourrissait pour son pays natal, l’Ecosse — ce qui lui permettait de mépriser hautement ses collègues anglaises — et à la dévotion dont elle entourait la mémoire d’un père qui, jusqu’à sa mort, avait considéré sa fille comme une domestique dévouée et non rétribuée. (…)
Depuis son arrivée à Londres, Imogène n’avait jamais quitté son petit appartement de Paulton’s Street, dans Chelsea, dont elle payait régulièrement le loyer à Mrs Margaret Horner, sa propriétaire. Eté comme hiver, miss McCarthery se levait à 6 heures. Son premier soin, en sautant du lit, était de se rendre à la fenêtre et de jeter un coup d’œil dans la rue en soulevant discrètement le rideau de tulle. Le plus souvent, il pleuvait, ce qui permettait à Imogène de hausser les épaules en affirmant avec mépris :
— Sale temps digne de ce sale pays !
Elle oubliait, avec la plus sincère mauvaise foi, que le temps en Ecosse était généralement pire. Sa robe de chambre enfilée, après s’être lavé les dents et peignée — à seule fin de ne point paraître devant lui dans une tenue négligée — Imogène allait souhaiter bonjour à son père dont la photographie en capitaine de l’armée des Indes souriait de ce sourire un peu niais que le whisky donne à ceux qui en abusent. Mais pour sa fille, ce sourire renfermait tout l’esprit des Highlands et de ses yeux légèrement globuleux lui paraissait rayonner un regard énergique.
— Bonjour, daddy… Votre petite Imogène est toujours en exil, mais une heure viendra où vous et moi regagnerons le vieux pays pour y vivre en paix parmi les nôtres !
En vérité, ce n’était là qu’un artifice de langage, car Imogène savait très bien, d’une part, que l’heure de sa retraite sonnerait dans une dizaine d’années et donc qu’elle pouvait, à l’avance, fixer le terme de ce qu’elle appelait son exil et, d’autre part, que son père était demeuré à Callander, où il reposait dans le petit cimetière à côté de son épouse Phyllis, en compagnie des parents de celle-ci et de ses propres parents. Mais, pour une fille des Highlands, la réalité n’a aucun intérêt si on ne la travestit pas un peu. Après cette salutation rituelle à son père, Imogène se plantait fermement devant une gravure depuis toujours dans sa famille et qui représentait Robert Bruce dans les collines proches de Gatehouse-of-Fleet, composant au milieu de la tempête sa chanson : L’appel de Robert Bruce à son armée devant Bannockburn, qui devait devenir l’hymne national écossais. Face au portrait du héros de l’indépendance, miss McCarthery ne disait rien. Elle se contentait de fixer Robert Bruce et cela suffisait pour que le sang coulât plus vite dans ses veines et qu’elle sentît une douce chaleur se répandre dans son être, tandis que ses muscles se nouaient comme pour se préparer à d’imminentes batailles. Suivant un cérémonial quotidien, Imogène se débarrassait de sa robe de chambre et, en soutien-gorge et slip, s’examinait d’un œil critique dans la glace ornant la porte de l’armoire. Il n’y avait là nul soupçon de coquetterie, mais simplement une mesure de contrôle pour se rendre compte si la forme se maintenait au cas où le combat reprendrait.
L’image que lui renvoyait la glace était celle d’une grande femme de cinq pieds dix pouces, bien bâtie, d’allure un peu masculine et dont la peau avait cette blancheur caractéristique des rousses. Et pour être rousse, Imogène l’était ! Les plus aimables disaient qu’elle avait une chevelure de flamme, les autres affirmaient simplement que ses cheveux montraient la couleur de la carotte au printemps. N’ayant pas repéré le moindre bourrelet disgracieux, la plus légère apparition d’une graisse superflue, elle se livrait avec entrain à sa culture physique matinale qui lui conservait une force peu commune parmi les gens de son sexe et qu’elle ne parvenait pas toujours à contrôler, d’où ce surnom de « red bull » donné par ses compagnes de travail. Sa toilette terminée, elle déjeunait d’une solide assiette de porridge qu’elle faisait glisser avec deux tasses de thé. Ses vêtements ne lui donnaient guère de soucis, car elle demeurait fidèle au tailleur de tweed sombre orné d’une écharpe aux couleurs du tartan des McGregor. L’été, elle se résignait à sortir en chemisier, mais elle s’arrangeait toujours pour que fussent rappelés les carreaux aux teintes immuables. Miss McCarthery se refusait à toute abdication. La demie de 7 heures sonnait lorsqu’elle refermait derrière elle la porte de son appartement dont elle avait fait le ménage avec une telle impétuosité que plus personne, après cet exploit quotidien, ne pouvait retrouver le sommeil dans les logements voisins. Au début, les autres locataires s’étaient indignés et Mrs Horner avait adressé d’inutiles remontrances à Imogène. A la longue, la résignation remplaça les mauvaises humeurs et, depuis des années, ceux qui habitaient au-dessous, au-dessus ou à côté de miss McCarthery n’utilisaient plus de réveil, certains d’être tirés de leur sommeil à heure fixe — sauf le dimanche et pendant l’époque bénie où Imogène prenait son congé annuel — par le vacarme qui venait de l’appartement de l’Ecossaise aux cheveux rouges."
Exbrayat, Ne vous fâchez pas, Imogène !
Je donnais ce texte dans une séquence intitulée "Des animaux et des hommes", avec entre autres le portrait de Dolorès Umbrage dans HP, des extraits du Roman de Renart, et des Fables.
Sinon, j'ai retrouvé ça, mais ce sera à couper sans doute car trop long, et c'est plus humoristique que franchement comique :
"Imogène McCarthery — que son caractère et sa chevelure carotte faisaient surnommer « the red bull » par ses compagnes de bureau — entrait d’un pas assuré dans la cinquantaine. Elle devait son énergie indomptable à la passion qu’elle nourrissait pour son pays natal, l’Ecosse — ce qui lui permettait de mépriser hautement ses collègues anglaises — et à la dévotion dont elle entourait la mémoire d’un père qui, jusqu’à sa mort, avait considéré sa fille comme une domestique dévouée et non rétribuée. (…)
Depuis son arrivée à Londres, Imogène n’avait jamais quitté son petit appartement de Paulton’s Street, dans Chelsea, dont elle payait régulièrement le loyer à Mrs Margaret Horner, sa propriétaire. Eté comme hiver, miss McCarthery se levait à 6 heures. Son premier soin, en sautant du lit, était de se rendre à la fenêtre et de jeter un coup d’œil dans la rue en soulevant discrètement le rideau de tulle. Le plus souvent, il pleuvait, ce qui permettait à Imogène de hausser les épaules en affirmant avec mépris :
— Sale temps digne de ce sale pays !
Elle oubliait, avec la plus sincère mauvaise foi, que le temps en Ecosse était généralement pire. Sa robe de chambre enfilée, après s’être lavé les dents et peignée — à seule fin de ne point paraître devant lui dans une tenue négligée — Imogène allait souhaiter bonjour à son père dont la photographie en capitaine de l’armée des Indes souriait de ce sourire un peu niais que le whisky donne à ceux qui en abusent. Mais pour sa fille, ce sourire renfermait tout l’esprit des Highlands et de ses yeux légèrement globuleux lui paraissait rayonner un regard énergique.
— Bonjour, daddy… Votre petite Imogène est toujours en exil, mais une heure viendra où vous et moi regagnerons le vieux pays pour y vivre en paix parmi les nôtres !
En vérité, ce n’était là qu’un artifice de langage, car Imogène savait très bien, d’une part, que l’heure de sa retraite sonnerait dans une dizaine d’années et donc qu’elle pouvait, à l’avance, fixer le terme de ce qu’elle appelait son exil et, d’autre part, que son père était demeuré à Callander, où il reposait dans le petit cimetière à côté de son épouse Phyllis, en compagnie des parents de celle-ci et de ses propres parents. Mais, pour une fille des Highlands, la réalité n’a aucun intérêt si on ne la travestit pas un peu. Après cette salutation rituelle à son père, Imogène se plantait fermement devant une gravure depuis toujours dans sa famille et qui représentait Robert Bruce dans les collines proches de Gatehouse-of-Fleet, composant au milieu de la tempête sa chanson : L’appel de Robert Bruce à son armée devant Bannockburn, qui devait devenir l’hymne national écossais. Face au portrait du héros de l’indépendance, miss McCarthery ne disait rien. Elle se contentait de fixer Robert Bruce et cela suffisait pour que le sang coulât plus vite dans ses veines et qu’elle sentît une douce chaleur se répandre dans son être, tandis que ses muscles se nouaient comme pour se préparer à d’imminentes batailles. Suivant un cérémonial quotidien, Imogène se débarrassait de sa robe de chambre et, en soutien-gorge et slip, s’examinait d’un œil critique dans la glace ornant la porte de l’armoire. Il n’y avait là nul soupçon de coquetterie, mais simplement une mesure de contrôle pour se rendre compte si la forme se maintenait au cas où le combat reprendrait.
L’image que lui renvoyait la glace était celle d’une grande femme de cinq pieds dix pouces, bien bâtie, d’allure un peu masculine et dont la peau avait cette blancheur caractéristique des rousses. Et pour être rousse, Imogène l’était ! Les plus aimables disaient qu’elle avait une chevelure de flamme, les autres affirmaient simplement que ses cheveux montraient la couleur de la carotte au printemps. N’ayant pas repéré le moindre bourrelet disgracieux, la plus légère apparition d’une graisse superflue, elle se livrait avec entrain à sa culture physique matinale qui lui conservait une force peu commune parmi les gens de son sexe et qu’elle ne parvenait pas toujours à contrôler, d’où ce surnom de « red bull » donné par ses compagnes de travail. Sa toilette terminée, elle déjeunait d’une solide assiette de porridge qu’elle faisait glisser avec deux tasses de thé. Ses vêtements ne lui donnaient guère de soucis, car elle demeurait fidèle au tailleur de tweed sombre orné d’une écharpe aux couleurs du tartan des McGregor. L’été, elle se résignait à sortir en chemisier, mais elle s’arrangeait toujours pour que fussent rappelés les carreaux aux teintes immuables. Miss McCarthery se refusait à toute abdication. La demie de 7 heures sonnait lorsqu’elle refermait derrière elle la porte de son appartement dont elle avait fait le ménage avec une telle impétuosité que plus personne, après cet exploit quotidien, ne pouvait retrouver le sommeil dans les logements voisins. Au début, les autres locataires s’étaient indignés et Mrs Horner avait adressé d’inutiles remontrances à Imogène. A la longue, la résignation remplaça les mauvaises humeurs et, depuis des années, ceux qui habitaient au-dessous, au-dessus ou à côté de miss McCarthery n’utilisaient plus de réveil, certains d’être tirés de leur sommeil à heure fixe — sauf le dimanche et pendant l’époque bénie où Imogène prenait son congé annuel — par le vacarme qui venait de l’appartement de l’Ecossaise aux cheveux rouges."
Exbrayat, Ne vous fâchez pas, Imogène !
Je donnais ce texte dans une séquence intitulée "Des animaux et des hommes", avec entre autres le portrait de Dolorès Umbrage dans HP, des extraits du Roman de Renart, et des Fables.
- claironNiveau 2
Un grand merci, je pense que je vais trouver mon bonheur !!!
_________________
T1 en lettres modernes, TZR zone Forbach-Sarreguemines dans 2 collèges.
- LonieNeoprof expérimenté
Il y a aussi le portrait d'Eugénie Labourette de DESPROGES P., Chroniques de la haine ordinaire (dans « La belle histoire du crapaud-boudin ».
Une femme très laide avec une voix magnifique... la nouvelle est sympa.
Je pourrais t'envoyer le porrtait et la nouvelle complète (mais pas avant ce soir... je ne suis pas sur mon ordi).
Une femme très laide avec une voix magnifique... la nouvelle est sympa.
Je pourrais t'envoyer le porrtait et la nouvelle complète (mais pas avant ce soir... je ne suis pas sur mon ordi).
_________________
"Si j'avais su, j'aurais pas venu"
- Reine MargotDemi-dieu
le portrait de perceval das perceval le gallois?
_________________
Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- claironNiveau 2
Oh oui, ce serait adorable de m'envoyer ça Lonie ... Ce n'est pas pressé au jour prêt, nous avons de lonnnnnnnnnnngues vacances de profs :lol: !!!
_________________
T1 en lettres modernes, TZR zone Forbach-Sarreguemines dans 2 collèges.
- claironNiveau 2
Perceval ... pourquoi pas mais est-ce une description comique ? En plus je n'ai rien là-dessus ...
_________________
T1 en lettres modernes, TZR zone Forbach-Sarreguemines dans 2 collèges.
- JohnMédiateur
Je confirme l'idée d'Henriette : dans La Bruyère il y aura tout plein de portraits comiques. Tu peux prendre des extraits très courts pour être sûre qu'ils comprendre. Il y en a dans les Contes de Voltaire aussi (portrait du Saturnien dans Micromegas).
_________________
En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !
"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- claironNiveau 2
Oui effectivement ... Un exemple en particulier ?? Je ne connais pas bien La Bruyère ...
_________________
T1 en lettres modernes, TZR zone Forbach-Sarreguemines dans 2 collèges.
- henrietteMédiateur
Pour rebondir sur ce que dit John et répondre à ta quesion, voici quelques extraits possibles de La Bruyère :
Ménalque.
Ménalque descend son escalier, ouvre sa porte pour sortir, il la referme : il s’aperçoit qu’il est en bonnet de nuit ; et venant à mieux s’examiner, il se trouve rasé à moitié, il voit que son épée est mise du côté droit, que ses bas sont rabattus sur ses talons, et que sa chemise est par-dessus ses chausses. S’il marche dans les places, il se sent tout d’un coup rudement frapper à l’estomac ou au visage ; il ne soupçonne point ce que ce peut être, jusqu’à ce qu’ouvrant les yeux et se réveillant, il se trouve ou devant un limon de charrette, ou derrière un long ais de menuiserie que porte un ouvrier sur ses épaules. On l’a vu une fois heurter du front contre celui d’un aveugle, s’embarrasser dans ses jambes, et tomber avec lui, chacun de son côté, à la renverse. Il lui est arrivé plusieurs fois de se trouver tête pour tête à la rencontre d’un prince et sur son passage, se reconnaître à peine, et n’avoir que le loisir de se coller à un mur pour lui faire place. Il cherche, il brouille, il crie, il s’échauffe, il appelle ses valets l’un après l’autre : on lui perd tout, on lui égare tout ; il demande ses gants, qu’il a dans ses mains, semblable à cette femme qui prenait le temps de demander son masque lorsqu’elle l’avait sur son visage. Il entre à l’appartement, et passe sous un lustre ou sa perruque s’accroche et demeure suspendue : tous les courtisans regardent et rient ; Ménalque regarde aussi et rit plus haut que les autres ; il cherche des yeux dans toute l’assemblée où est celui qui montre ses oreilles et à qui il manque une perruque. S’il va par la ville, après avoir fait quelque chemin, il se croit égaré, il s’émeut, et il demande où il est à des passants, qui lui disent précisément le nom de sa rue ; il entre ensuite dans sa maison, d’où il sort précipitamment, croyant s’être trompé. Il descend du Palais, et, trouvant au bas du grand degré un carrosse qu’il prend pour le sien, il se met dedans : le cocher touche et croit ramener son maître dans sa maison ; Ménalque se jette hors de la portière, traverse la cour, monte l’escalier, parcourt l’anti-chambre, la chambre, le cabinet ; tout lui est familier, rien ne lui est nouveau ; il s’assied, se repose, il est chez soi. Le maître arrive : celui-ci se lève pour le recevoir ; il le traite fort civilement, le prie de s’asseoir, et croit faire les honneurs de sa chambre ; il parle, il rêve, il reprend la parole : le maître de maison s’ennuie, et demeure étonné ; Ménalque ne l’est pas moins et ne dit pas ce qu’il en pense : il a affaire à un fâcheux, à un homme oisif, qui se retirera à la fin, il l’espère, et il prend patience. La nuit arrive qu’il est à peine détrompé… [texte coupé mais ça continue avec Ménalque à l'église...]
Arrias :
Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c’est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose. On parle à la table d’un grand d’une cour du Nord : il prend la parole, et l’ôte à ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent ; il s’oriente dans cette région lointaine comme s’il en était originaire ; il discourt des mœurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu’à éclater. Quelqu’un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu’il dit des choses qui ne sont point vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l’interrupteur : « Je n’avance rien, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d’original : je l’ai appris de Sethon, ambassadeur de France dans cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j’ai fort interrogé, et qui ne m’a caché aucune circonstance. » Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu’il ne l’avait commencée, lorsque l’un des conviés lui dit : « C’est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive fraîchement de son ambassade. »
Iphis
Iphis voit à l’église un soulier d’une nouvelle mode ; il regarde le sien et en rougit ; il ne se croit plus habillé. Il était venu à la messe pour s’y montrer et il se cache ; le voilà retenu par le pied dans sa chambre tout le reste du jour. Il a la main douce, il l’entretient avec une pâte de senteur ; il a soin de rire pour montrer ses dents, il fait la petite bouche, et il n’y a guère de moment où il ne veuille sourire ; il regarde ses jambes, il se voit au miroir : l’on ne peut être plus content de sa personne qu’il ne l’est de lui-même ; il s’est acquis une voix claire et délicate, et heureusement il parle gras ; il a un mouvement de tête, et je ne sais quel adoucissement dans les yeux dont il n’oublie pas de s’embellir ; il a une démarche molle et le plus joli maintien qu’il est capable de se procurer ; il met du rouge, mais rarement, il n’en fait pas habitude ; il est vrai aussi qu’il porte des chausses et un chapeau, et qu’il n’a ni boucles d’oreilles ni collier de perles ; aussi ne l’ai-je pas mis dans le chapitre des femmes.
Sinon, chez Saint-Simon, j'adore celui-ci qui me fais mourir de rire :
La Princesse d'Harcourt
Cette princesse d’Harcourt fut une sorte de personnage qu’il est bon de faire connaître, pour faire connaître plus particulièrement une cour qui ne laissait pas d’en recevoir de pareils. Elle avait été fort belle et galante ; quoiqu’elle ne fût pas vieille, les grâces et la beauté s’étaient tournées en gratte-cul. C’était alors une grande et grosse créature fort allante, couleur de soupe au lait, avec de grosses vilaines lippes et des cheveux filasses toujours sortants et traînants comme tout son habillement sale, malpropre ; toujours intriguant, prétendant, entreprenant ; toujours querellant, et toujours basse comme l’herbe, ou sur l’arc-en-ciel, selon ceux à qui elle avait affaire. C’était une furie blonde, et de plus une harpie : elle en avait l’effronterie, la méchanceté, la fourbe, et la violence ; elle en avait l’avarice et l’avidité ; elle en avait encore la gourmandise et la promptitude à s’en soulager, et mettait au désespoir ceux chez qui elle allait dîner parce qu’elle ne se faisait faute de ses commodités au sortir de table, qu’assez souvent elle n’avait loisir de gagner, et salissait le chemin d’une effroyable traînée, qui l’ont maintes fois fait donner au diable par les gens de Mme du Maine et de Monsieur le Grand. Elle ne s’en embarrassait pas le moins du monde, troussait ses jupes et allait son chemin, puis revenait en disant qu’elle s’était trouvée mal : on y était accoutumé.
En fait, pour ma part, je fais tous ces textes dans un GT en 4e "Regards sur le Grand Siècle : portraits et critiques des mœurs."
Ménalque.
Ménalque descend son escalier, ouvre sa porte pour sortir, il la referme : il s’aperçoit qu’il est en bonnet de nuit ; et venant à mieux s’examiner, il se trouve rasé à moitié, il voit que son épée est mise du côté droit, que ses bas sont rabattus sur ses talons, et que sa chemise est par-dessus ses chausses. S’il marche dans les places, il se sent tout d’un coup rudement frapper à l’estomac ou au visage ; il ne soupçonne point ce que ce peut être, jusqu’à ce qu’ouvrant les yeux et se réveillant, il se trouve ou devant un limon de charrette, ou derrière un long ais de menuiserie que porte un ouvrier sur ses épaules. On l’a vu une fois heurter du front contre celui d’un aveugle, s’embarrasser dans ses jambes, et tomber avec lui, chacun de son côté, à la renverse. Il lui est arrivé plusieurs fois de se trouver tête pour tête à la rencontre d’un prince et sur son passage, se reconnaître à peine, et n’avoir que le loisir de se coller à un mur pour lui faire place. Il cherche, il brouille, il crie, il s’échauffe, il appelle ses valets l’un après l’autre : on lui perd tout, on lui égare tout ; il demande ses gants, qu’il a dans ses mains, semblable à cette femme qui prenait le temps de demander son masque lorsqu’elle l’avait sur son visage. Il entre à l’appartement, et passe sous un lustre ou sa perruque s’accroche et demeure suspendue : tous les courtisans regardent et rient ; Ménalque regarde aussi et rit plus haut que les autres ; il cherche des yeux dans toute l’assemblée où est celui qui montre ses oreilles et à qui il manque une perruque. S’il va par la ville, après avoir fait quelque chemin, il se croit égaré, il s’émeut, et il demande où il est à des passants, qui lui disent précisément le nom de sa rue ; il entre ensuite dans sa maison, d’où il sort précipitamment, croyant s’être trompé. Il descend du Palais, et, trouvant au bas du grand degré un carrosse qu’il prend pour le sien, il se met dedans : le cocher touche et croit ramener son maître dans sa maison ; Ménalque se jette hors de la portière, traverse la cour, monte l’escalier, parcourt l’anti-chambre, la chambre, le cabinet ; tout lui est familier, rien ne lui est nouveau ; il s’assied, se repose, il est chez soi. Le maître arrive : celui-ci se lève pour le recevoir ; il le traite fort civilement, le prie de s’asseoir, et croit faire les honneurs de sa chambre ; il parle, il rêve, il reprend la parole : le maître de maison s’ennuie, et demeure étonné ; Ménalque ne l’est pas moins et ne dit pas ce qu’il en pense : il a affaire à un fâcheux, à un homme oisif, qui se retirera à la fin, il l’espère, et il prend patience. La nuit arrive qu’il est à peine détrompé… [texte coupé mais ça continue avec Ménalque à l'église...]
Arrias :
Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c’est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose. On parle à la table d’un grand d’une cour du Nord : il prend la parole, et l’ôte à ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent ; il s’oriente dans cette région lointaine comme s’il en était originaire ; il discourt des mœurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu’à éclater. Quelqu’un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu’il dit des choses qui ne sont point vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l’interrupteur : « Je n’avance rien, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d’original : je l’ai appris de Sethon, ambassadeur de France dans cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j’ai fort interrogé, et qui ne m’a caché aucune circonstance. » Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu’il ne l’avait commencée, lorsque l’un des conviés lui dit : « C’est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive fraîchement de son ambassade. »
Iphis
Iphis voit à l’église un soulier d’une nouvelle mode ; il regarde le sien et en rougit ; il ne se croit plus habillé. Il était venu à la messe pour s’y montrer et il se cache ; le voilà retenu par le pied dans sa chambre tout le reste du jour. Il a la main douce, il l’entretient avec une pâte de senteur ; il a soin de rire pour montrer ses dents, il fait la petite bouche, et il n’y a guère de moment où il ne veuille sourire ; il regarde ses jambes, il se voit au miroir : l’on ne peut être plus content de sa personne qu’il ne l’est de lui-même ; il s’est acquis une voix claire et délicate, et heureusement il parle gras ; il a un mouvement de tête, et je ne sais quel adoucissement dans les yeux dont il n’oublie pas de s’embellir ; il a une démarche molle et le plus joli maintien qu’il est capable de se procurer ; il met du rouge, mais rarement, il n’en fait pas habitude ; il est vrai aussi qu’il porte des chausses et un chapeau, et qu’il n’a ni boucles d’oreilles ni collier de perles ; aussi ne l’ai-je pas mis dans le chapitre des femmes.
Sinon, chez Saint-Simon, j'adore celui-ci qui me fais mourir de rire :
La Princesse d'Harcourt
Cette princesse d’Harcourt fut une sorte de personnage qu’il est bon de faire connaître, pour faire connaître plus particulièrement une cour qui ne laissait pas d’en recevoir de pareils. Elle avait été fort belle et galante ; quoiqu’elle ne fût pas vieille, les grâces et la beauté s’étaient tournées en gratte-cul. C’était alors une grande et grosse créature fort allante, couleur de soupe au lait, avec de grosses vilaines lippes et des cheveux filasses toujours sortants et traînants comme tout son habillement sale, malpropre ; toujours intriguant, prétendant, entreprenant ; toujours querellant, et toujours basse comme l’herbe, ou sur l’arc-en-ciel, selon ceux à qui elle avait affaire. C’était une furie blonde, et de plus une harpie : elle en avait l’effronterie, la méchanceté, la fourbe, et la violence ; elle en avait l’avarice et l’avidité ; elle en avait encore la gourmandise et la promptitude à s’en soulager, et mettait au désespoir ceux chez qui elle allait dîner parce qu’elle ne se faisait faute de ses commodités au sortir de table, qu’assez souvent elle n’avait loisir de gagner, et salissait le chemin d’une effroyable traînée, qui l’ont maintes fois fait donner au diable par les gens de Mme du Maine et de Monsieur le Grand. Elle ne s’en embarrassait pas le moins du monde, troussait ses jupes et allait son chemin, puis revenait en disant qu’elle s’était trouvée mal : on y était accoutumé.
En fait, pour ma part, je fais tous ces textes dans un GT en 4e "Regards sur le Grand Siècle : portraits et critiques des mœurs."
- claironNiveau 2
MERCI !!!!!!! C'est génial mais du coup je ne sais que choisir ...
_________________
T1 en lettres modernes, TZR zone Forbach-Sarreguemines dans 2 collèges.
- miss sophieExpert spécialisé
Le portrait de Quasimodo dans Notre-Dame de Paris
- claironNiveau 2
BON, j'ai réussi à trouver une référence mais sans avoir le texte. Dans le manuel "textes et expression" (Nathan 5e p.
> 104), un extrait des "#1001 nuits" dans le conte "Histoire du cheval
> d'ébène"; c'est un portrait caricatural d'un vieux, le
> début est :" Or il advint que, pendant ce temps....." et la fin : "en
> sanglotant et en se lamentant".
Est-ce quelqu'un aurait ce texte ou pourrait me l'envoyer par mail svp ???
> 104), un extrait des "#1001 nuits" dans le conte "Histoire du cheval
> d'ébène"; c'est un portrait caricatural d'un vieux, le
> début est :" Or il advint que, pendant ce temps....." et la fin : "en
> sanglotant et en se lamentant".
Est-ce quelqu'un aurait ce texte ou pourrait me l'envoyer par mail svp ???
_________________
T1 en lettres modernes, TZR zone Forbach-Sarreguemines dans 2 collèges.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum