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Littérature, philosophie... : mes lectures (par Parménide).  Empty Littérature, philosophie... : mes lectures (par Parménide).

par Parménide Ven 6 Juin - 10:41
Bonjour à tous Smile

Je décide d'ouvrir une sorte de journal où je compte exposer un peu mes lectures (anciennes ou présentes) ainsi que mes impressions les concernant.

Je suis en préparation pour le capes de philosophie (très difficile à avoir). Et je vais essayer de partager mon temps entre la préparation et des lectures plus personnelles notamment littéraires. En essayant de m'organiser bien sûr, car c'est là un de mes grands points faibles.  Sad 

Décrire mes goûts est assez difficile étant donné leur diversité : littérature générale, poésie, philosophie, psychologie, fantastique, voyage, exotisme, surréalisme, Nouveau Roman, livres sur l'actualité, biographies de grands personnages...

Mes trois écrivains préférés: JMG Le Clézio, JL Borges, Saint- John Perse

Beaucoup d'auteurs qui autrefois me rebutaient m'attirent aujourd'hui désormais : Balzac, Pascal, Stendhal...

En revanche mon inimitié vis à vis de certains est indéfectible : Musset, Zola, Vian...

Aussi étrange que cela puisse être, certains très grands me laissent anormalement indifférent : Molière, Montaigne, La Fontaine (peut-être que cela changera)

Sinon voici une sélection de mes auteurs préférés ou que j'aime lire habituellement en plus de ma sainte trinité personnalisée :  

Albert camus, Jean Paul Sartre, Baudelaire, Rimbaud, Victor Hugo, Lecomte de l'Isle, Chateaubriand, Maurice Barrès, André Breton, Gabriel Garcia Marquez, Luis Sepulveda, HP Lovecraft, Edgar Poe, Yasunari Kawabata, Maurice Blanchot, Saint-Exupéry, Paul Valéry, Emile Verhaeren, Peter Handke, Philippe Delerm...  

Et j'aurai l'occasion d'en citer d'autres certainement.

A bientôt  Wink


Dernière édition par John le Dim 8 Juin - 14:47, édité 1 fois (Raison : titre précisé)

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"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)

"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)

"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)

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par InviteeF Ven 6 Juin - 12:00
De grâce,  un accent sur García et un sur Márquez,  surtout quand on renseigne dans son profil la zone géographique de Macondo ! Les autres fautes / coquilles du message sont sans grande gravité mais n'écorchons pas les noms propres... Une pensée pour Sepúlveda également!

Très chouette initiative cependant !
Je suivrai attentivement : je m'abonne au fil Smile
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par Parménide Ven 6 Juin - 12:02
Exact : l'ennui est que je ne sais plus quelle est la manipulation pour les accents espagnols, sur le clavier !

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"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)

"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)

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par InviteeF Ven 6 Juin - 12:04
http://www.lexilogos.com/clavier/espanol.htm

Valable sur tous les navigateurs,  pour mettre des accents sur Mac, Linux, smart phone, ordinateur portable sans pavé numérique...
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par Parménide Ven 6 Juin - 13:17
Merci, bon à savoir Smile

Mais avec "=" ça ne marche pas, je suis obligé d'utiliser les codes.

Là j'ai commencé, de García Márquez Le Général dans son labyrinthe.      

J'aime ces évocations littéraires ou cinématographiques de grands personnages historiques méditant au crépuscule de leur existence.

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par Parménide Dim 8 Juin - 14:02
Le procès-verbal , de JMG Le Clézio ( prix Renaudot 1963)

http://ecx.images-amazon.com/images/I/411hx35L5rL._SY445_.jpg

Il y a encore assez peu de temps, je pense que j'aurais été bien dans l'embarras pour répondre à la question : quel est mon roman préféré. L'hésitation est tellement grande face à une question pareille, il y a quasi impossibilité de faire ressortir de l'ensemble ce que l'on considère être le plus éminent.

Mais je pense au final que ce roman, par l'insistance qu'il peut présenter dans ma mémoire depuis maintenant plus de 10 ans, est vraiment mon roman préféré.

Pourtant, et de façon curieuse, le coup de foudre pour ce livre n'a pas été immédiat : cela n'a eu lieu qu'à la deuxième lecture (phénomène assez courant semble t il)

Etrangement, parmi les lecteurs de Le Clézio qu'il m'est arrivé de rencontrer, aucun n'avait lu ce livre. Il est vrai que ce premier roman déroutant, qui doit beaucoup aux démarches expérimentales de l'époque du Nouveau roman (mais pas seulement) peut rebuter par son caractère austère, exotique, voire abstrait.

« Il y avait une petite fois, pendant la canicule, un type qui était assis devant une fenêtre ouverte. »

C'est ainsi que commence Le Procès-verbal. Comme l'auteur l'a bien souligné dans la préface, le sujet du livre est singulièrement (et volontairement) abstrait : « l'histoire d'un homme qui ne savait trop s'il sortait de l'armée ou de l'asile psychiatrique. »

Peu de réalisme en effet dans ce premier roman. Cet homme assis devant une fenêtre s'appelle Adam Pollo. Marginal et solitaire absolu, Adam Pollo a fui la ville, cet univers mécanique et imperméable à toute signification... Il s'est retiré dans la périphérie de l'absurde bouillonnement citadin, dans une villa désertée, sur la colline. Adam tente d'échapper à la face technique et culturelle du monde. Il veut tenter une expérience extrême.

Isolé, reclus, Adam a enfin adopté l'existence dont il avait toujours rêvé : il vit de manière quasi primitive, dans une sorte de rapport fusionnel avec la nature, entretenant avec elle un rapport très animal et matériel. Il évolue au sein de l'intensité solaire, dans la splendeur diurne de l'été, dans un univers brutal et jaune, qu'il a en quelque sorte réinvesti physiquement.
Adam Pollo se perd dans l'ivresse des sensations premières, il devient littéralement tout ce qu'il observe et ce qu'il accomplit.

Obnubilé par l'idée de « citation », de « trace », d' « inscription », Adam Pollo remplit des cahiers entiers, dans lesquels il ressasse ses obsessions philosophiques et métaphysiques. C'est cette prose jubilatoire et anti-conformiste contenue dans les cahiers d'Adam, qui constitue la matière essentielle du récit.

Par son esprit subversif, Adam endosse le rôle de prophète. Il écrit lui-même le rapport, le « procès-verbal » qui relate son aventure, son itinéraire, au terme duquel les Hommes vont être amenés à l'arrêter et le « juger ». Après avoir erré pendant tout l'été, et transgressé les interdits fondamentaux, ce « Robinson Crusoé urbain », considéré comme aliéné, est interné dans un asile psychiatrique. Ainsi, il passe du voluptueux espace d'égarement méditerranéen au confinement froid et aseptisé de l'espace médical.

Adam a suivi un parcours qui l'a mené d'un domaine aveuglant et illimité, à la fraîcheur raide et géométrique de l'asile.

Une incroyable histoire d'errance et de soleil à découvrir d'urgence !

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par Parménide Jeu 12 Juin - 22:39
Pour me changer de mon "enfer philosophique" quotidien, je vais écrire quelques lignes à nouveau sur Le Clézio.


Voyage à Rodrigues   (1986)

J'ai vraiment aimé ce livre aussi, à mon sens très caractéristique du style de l'auteur.

Il est d'usage de diviser l'œuvre de Le Clézio en deux parties : la première sous le signe de l'angoisse et de la violence, la seconde sous le signe de l'apaisement et de la sérénité. Alors que le procès-verbal inaugure la première partie en 1963, Voyage à Rodrigues fait clairement partie de la seconde période de l'œuvre.

Une quête, comme toujours chez Le Clézio. Dans cette seconde période la simplicité et la sobriété de l'écriture donnent toujours un rendu unique, la voix de Le Clézio est reconnaissable entre toutes. Un surdoué de la langue française qui saisit toujours la réalité dans ce qu'elle a d'essentiel. Entendre Le Clézio c'est toujours écouter une musique de la sérénité et de l'apaisement.

Ecoutons donc :

"Le paysage est d'une pureté extraordinaire, minéral, métallique, avec les arbres rares d'un vert profond, debout au dessus de leurs flaques d'ombres, et les arbustes aux feuilles piquantes, palmiers nains, aloès, cactus, d'un vert plus aigu, pleins de force et de lumière."

"Ai-je vraiment cherché quelque chose ? J'ai bien sûr soulevé quelques pierres, sondé la base de la falaise ouest, à l'aplomb des cavernes que j'ai repérées à mon arrivée dans l'Anse aux Anglais. Dans la tourelle ruinée de la Vigie du Commandeur (peut-être une ancienne balise construite par le Corsaire), dans les étranges balcons de pierres sèches, vestiges des anciens boucaniers, j'ai cherché plutôt des symboles, les signes qui établiraient le commencement d'un langage.
Quand je suis entré pour la première fois dans le ravin, j'ai compris que ce n'était pas l'or que je cherchais, mais une ombre, quelques choses comme un souvenir, comme un désir. "

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par Parménide Dim 15 Juin - 14:01
Quittons l'univers lumineux et serein de Le Clézio pour celui, aux antipodes, de H.P. Lovecraft (1890-1937). Un autre des mes écrivains préférés.

Sans conteste l'écrivain de l'effroi par excellence et celui qui a voulu dépeindre la terreur dans ce qu'elle a de plus élémentaire, en lui donnant une dimension cosmique.

Inventeur du "conte matérialiste d'épouvante", celui que l'on surnomma "le reclus de Providence" a produit une œuvre d'un pessimisme radical mettant l'être humain en contact avec des réalités dont l'horreur indicible et quasi abstraite ne peut que le précipiter vers sa propre destruction.

Je viens de lire l'une de ses courtes nouvelles intitulée Faits concernant feu Arthur Jeremyn (encore jamais lue par moi).

Ce texte, (qui n'est certes pas le plus représentatif de son auteur au sens où la problématique des autres univers et des réalités d'outre-monde typiques de Lovecraft n'y est pas abordée) a pour thème la dégénérescence physique due à un "métissage" monstrueux

Ainsi, dans Faits concernant feu Arthur Jermyn (1920), un homme découvre que ses ancêtres sont des singes et se suicide.

J'ai relu également l'excellent Le Terrible Vieillard (1920) : un étrange et richissime vieillard de Kingsport, reclus et taciturne, suscite une curiosité mêlée d'appréhension. Trois jeunes gens versés dans le cambriolage voient en lui une proie facile. Mais il pourrait bien en être pour leurs frais... Un texte où l'on remarque également que Lovecraft savait très bien manier le registre ironique et le faire cohabiter avec celui de l'étrange (plus que du fantastique ici)

Un texte très court, encore plus éloigné de l'univers habituel de Lovecraft que le précédant, mais d'une efficacité remarquable. A mon sens l'influence de Maupassant est évidente. On pourrait se demander si Lovecraft avait lu Qui sait? (1890).

En tous cas il avait lu Le Horla, c'est attesté.

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par Parménide Ven 20 Juin - 9:59
Fictions de JL Borges (1944)

On a tellement écrit sur Borges !

Borges, l'Argentin capital, on pourrait dire. Il faudrait le compter probablement au nombre des 10-15 auteurs du 20ème siècle qu'il est essentiel d'avoir lus !

Entrer dans l'univers borgésien c'est faire l'expérience d'un monde unique, fascinant, voire angoissant. Nous allons déambuler dans des labyrinthes au sens propre (bibliothèques monumentales) comme au sens figuré (spéculations philosophiques et métaphysiques). Nous allons visiter des bibliothèques qui sont à l'image de l'univers, reflétées par des miroirs à l'infini, nous y croiserons des tigres majestueux, le poignard ou l'épée constamment au dessus de nos têtes, notre perception du temps et de notre être se modifiera. Des univers étranges où l'on nous dévoilera les hérésies de certaines sociétés secrètes, et où les savants sinologues s'allient à des espions pour fomenter des pièges ésotériques.

Bref, un univers sidérant !

Fictions, le livre le plus baroque de Borges n'est assurément pas la voie d'accès la plus simple à son œuvre (les néophytes peuvent d'abord se pencher sur l'Aleph, moins aride), mais c'est sans conteste le plus représentatif du maître argentin.

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