Votre DGH (ou DHG) : doléances et/ou satisfactions

Les enseignants du lycée ********, réunis en Assemblée Générale, ont pris connaissance de la dotation globale horaire (DGH) que vous proposez à l’établissement pour la rentrée 2011. Ils ne peuvent l’accepter en ces termes car elle représente un recul sans précédent de l’offre éducative du lycée, tant par sa diminution que par son incohérence.

Sa diminution, d’abord : en actant la suppression d’au moins sept postes d’enseignants, elle concourt à la chute vertigineuse du nombre de professeurs par élève en France, qui place désormais le pays parmi les derniers des membres de l’OCDE, contredisant la vulgate officielle des moyens démesurés de l’Education Nationale. Cela va à l’encontre d’une amélioration de l’éducation pour chaque enfant.
Son incohérence, ensuite : elle entraîne la suppression de postes dans des disciplines qui nécessiteront des heures supplémentaires l’an prochain, comme la physique appliquée. Cela entraînerait de manière insidieuse l’augmentation des charges horaires de chaque collègue, alors même que le nombre de groupes classe par enseignant ne cesse de s’accroître, et nécessite un travail toujours plus important de la part de chacun. C’est la qualité de notre travail qui en pâtirait nécessairement.

Les enseignants refusent cette DGH dont les motivations, uniquement comptables, croient trouver des justifications dans la réforme de la classe de Première, honteusement rétrograde, qui entérine un recul considérable des heures d’enseignement disciplinaire pour chaque élève, dans chaque série, contredisant de manière évidente les prétentions des discours officiels vantant une amélioration de l’éducation de chaque enfant.
Les enseignants qui se sont battus afin de recruter des élèves dans des sections de BTS sont las de constater que vous décidez sans justification de limiter la taille de ces sections, les asphyxiant ainsi à très court terme, et empêchant des jeunes d’ainsi recevoir une formation digne de ce nom. Ils sont amers de voir leur travail bafoué, et de constater que vous renforcez ainsi la mainmise du secteur privé sur l’enseignement professionnel, alors que vous vantiez les mérites des publics mixés il y a moins de deux années.
Les enseignants sont choqués de se voir imposer des reconversions dans des disciplines qu’ils n’ont pas choisies et dont ils ne sont pas spécialistes, contredisant la tradition d’excellence des concours de la fonction publique française. Le mépris de l’administration, tant pour les personnels que pour les élèves recevant des enseignements dégradés, est à ce jour inédit. La soi-disant « rénovation » de la filière technologique est bien comprise comme sa destruction.
Les enseignants sont consternés d’observer que c’est l’Etat lui-même, via le Recteur, fonctionnaire de la République, qui ruine l’enseignement public en France, renonçant à l’ambition d’une école formatrice pour tous, sacrifiant des générations d’élèves, et mettant en péril l’avenir du pays.

Pour toutes ces raisons, les enseignants du lycée ******** d’une part sollicitent un entretien avec vous au plus vite afin que vous puissiez justifier de ces mesures, d’autre part vous informent qu’ils refuseront toute heure supplémentaire au-delà du maximum statutairement imposable, ainsi que la charge de professeur principal, si les conditions de la rentrée prochaine ne sont pas immédiatement révisées.

Vous trouverez en courriers joints, monsieur, le courrier distribué aux parents d’élèves, cosigné par la FCPE et la PEEP, ainsi que les engagements des collègues à refuser les HSA et la charge de professeur principal.

Veuillez agréer, monsieur, malgré notre courroux, l’expression de nos sentiments distingués.