Ma question de gourde : à quoi ça ressemble une leçon d'agrég ?

Je suis tombée sur "Les Voyageurs de l'Impériale" d'Aragon (il y a fort longtemps de cela...)
Sujet : "la veine comique".
Mon plan était très très très simple :
I. les différents types de comique (partie très descriptive, avec moult exemples - je connaissais l'oeuvre sur le bout des doigts)
II. le comique "instrumentalisé" (satirique)
III. le comique pur
J'ai dû résumer ma troisième partie en 1 mn, car je menaçais de dépasser le temps réglementaire.
J'ai eu 14. Mais je crois m'être bien défendue dans l'entretien.

Merci à tous !
En gros, ça a l'air vachement dur et trèèèès intimidant.

philip a écrit:

Mélu a écrit:Puisque l'an prochain, si elle est maintenue , j'aimerais tenter l'agrég de LC, je me demande ce qui se cache derrière le terme de "leçon". C'est un genre de dissert à l'oral ?

Poourquoi l'an prochain ???
tu l'as passé cette année...

Non, cette année, je suis allée voir la tronche des écrits...

Filnydar a écrit: Si tu en as la possibilité, il faut aller voir quelques oraux cette année : ils sont publics.

Oui, c'est une idée que j'ai eue aussi, mais je ne sais pas où et quand ils ont lieu

En gros, ça a l'air vachement dur et trèèèès intimidant.

Oh, t'inquiète pas, au bout de six heures de prep', t'es tellement fatiguée que tu n'as plus la force d'être intimidée.

Ils ont lieu du 11 au 17 avril, pendant les vacances des parisiens, au lycée Hélène Boucher, dans le 20è...

Merci ! Evidemment, je ne serai pas en vacances... Peut-être un week-end à prévoir !

sinon tu pourrais aller voir l'externe, l'épreuve de leçon est la même il me semble et c'est plus tard (en juillet??)

Amaliah a écrit:7h de préparation (prévoir le débardeur sous la petite chemise blanche de rigueur pour les 7h! ) puis 40 minutes de leçon.

Considération pratique, mais importante : le temps de préparation est long (plusieurs heures). Donc, celui/celle qui "planche" en premier de la journée doit commencer à préparer dès ... très tôt le matin (6h ou 7h, je ne sais plus dans mon cas - agrég d'allemand en 1989 - mais cela ne semble pas avoir changé). Donc, non seulement prévoir un réveil fiable, mais aussi être à proximité du lieu des épreuves. Je me rappelle (ayant, la veille, tiré au sort mon heure de passage : la première de la journée) avoir parlementé avec l'hôtel de Vincennes (je suis provinciale) pour avoir un café (indispensable à mon démarrage du matin) avant l'heure à laquelle ils servaient habituellement les petits déjeuners.
Nous avions beaucoup de littérature primaire et secondaire et j'ai trouvé que le plus difficile était de ne pas se perdre dans la documentation à disposition (les ouvrages critiques connus ne sont pas forcément là).
Et, en sortant, j'étais comme ivre et avais du mal à marcher droit !
Bref, c'est aussi une épreuve physique - mais il n'y en a qu'une par jour !

mav80 a écrit:
Bref, c'est aussi une épreuve physique - mais il n'y en a qu'une par jour !

Oui, et il ne faut pas négliger cet aspect.
Je me suis effondrée physiquement à ma dernière épreuve (ET hors programme)

Oiseau phenix a écrit:Elle attendait quoi comme déf de la vie publique ??

mon sujet était (dans mon souvenir) "La vie publique à Rome au IIe siècle av. JC" je crois... Et j'ai dû parler des Lares Je n'ai pas su cerner où finissait la vie privée et où commençait la vie publique, ce qui caractérisait la vie publique... J'imagine que la définition attendue était "ce qui concerne la vie de la cité"

Et à la leçon, il faut être prêt à affronter des membres du jury qui écoutent à peine (y compris celui qui pose le sujet), qui rigolent entre eux, se passent des petits mots... Quand on rencontre des "stars" dont on a entendu parler depuis sa première année de fac, la déception face à leur attitude est rude. J'ai d'ailleurs failli stopper ma leçon, et je me suis physiquement accrochée à la table.

Marie Laetitia a écrit:

Oiseau phenix a écrit:Elle attendait quoi comme déf de la vie publique ??

Et à la leçon, il faut être prêt à affronter des membres du jury qui écoutent à peine (y compris celui qui pose le sujet), qui rigolent entre eux, se passent des petits mots... Quand on rencontre des "stars" dont on a entendu parler depuis sa première année de fac, la déception face à leur attitude est rude. J'ai d'ailleurs failli stopper ma leçon, et je me suis physiquement accrochée à la table.

Je crois qu'ils le font exprès, après tout, c'est une leçon, ils se comportent un peu comme des élèves inattentifs - pour tester les réactions du candidat !

Sauf qu'on peut difficilement leur gueuler dessus et les coller

mav80 a écrit:

Marie Laetitia a écrit:

Oiseau phenix a écrit:Elle attendait quoi comme déf de la vie publique ??

Et à la leçon, il faut être prêt à affronter des membres du jury qui écoutent à peine (y compris celui qui pose le sujet), qui rigolent entre eux, se passent des petits mots... Quand on rencontre des "stars" dont on a entendu parler depuis sa première année de fac, la déception face à leur attitude est rude. J'ai d'ailleurs failli stopper ma leçon, et je me suis physiquement accrochée à la table.

Je crois qu'ils le font exprès, après tout, c'est une leçon, ils se comportent un peu comme des élèves inattentifs - pour tester les réactions du candidat !

honnêtement, j'en repasserais une maintenant, je m'arrêterai, le temps qu'ils arrêtent leurs conneries, profs ou pas. On a le droit d'engueuler un grand ponte en plein oral, alors ?

Puisque je suis là, j'en profite pour confirmer les conseils des précédents posts: la difficulté c'est d'arriver devant le jury avec encore suffisamment de tonus pour faire un exposé dynamique et surtout garder quelques neurones en réserve pour les questions vachardes- des points de détail souvent si la leçon a été réussie-qu'il te pose
j'avais été interrogé sur une classique étude de personnage,mais j'ai compris au cours de la préparation que c'était casse-gueule: le personnage d'Hippolyte dans l'Hippolyte de Robert Garnier, ils m'ont soutenu lors de l'entretien que le personnage était féminisé alors que j'avais dit l'inverse pendant une partie de ma leçon, j'ai tenu bon et argumenté et je pense que ça a payé car j'ai eu une bonne note

thrasybule a écrit:(...) ils m'ont soutenu lors de l'entretien que le personnage était féminisé alors que j'avais dit l'inverse pendant une partie de ma leçon, j'ai tenu bon et argumenté et je pense que ça a payé car j'ai eu une bonne note

Tout à fait d'accord ! Pousser le candidat dans ses retranchements ...
De toute façon, l'auditoire inattentif, c'est le problème de tout orateur, de tout acteur (entrer en classe, c'est entrer en scène) - il s'agit de conquérir son public

C'est vrai ce que dit Thrasybule: c'est physique dans la mesure où au bout de tant d'heures (6 ou 7 en fait?) de préparation, l'épreuve en elle-même ne fait que commencer!
Et puis le jury est impressionnant: au moins 7 ou 8 membres!

Ca dépend des matières : en histoire c'est 5 membres
C'est extrêmement physique, mieux vaut bien s'hydrater et manger pendant la prép., surtout qu'on n'y pense pas forcément. Et aussi, juste avant de passer !
J'ai trouve assez dur de tirer a chaque fois mes sujets a 7h du mat... Et je me rappelle d'un énorme coup de fatigue en hp apres deux ou trois heures de réflexion : j'ai bien cru que j'allais m'endormir !!

mav80 a écrit:

thrasybule a écrit:(...) ils m'ont soutenu lors de l'entretien que le personnage était féminisé alors que j'avais dit l'inverse pendant une partie de ma leçon, j'ai tenu bon et argumenté et je pense que ça a payé car j'ai eu une bonne note

Tout à fait d'accord ! Pousser le candidat dans ses retranchements ...
De toute façon, l'auditoire inattentif, c'est le problème de tout orateur, de tout acteur (entrer en classe, c'est entrer en scène) - il s'agit de conquérir son public

Bon, tout a été dit. Une préparation longue en lettres (6h), avec de la documentation au fond de la salle de préparation (il y a plus de vingt ans, le candidat avait une quinzaine de minutes pour fournir à un appariteur une liste d'ouvrages qu'il souhaitait en plus des usuels, et le jury accordait ou pas ces ouvrages), des dictionnaires, une Bible, etc. Le sujet est soit une question générale de type dissertation sur n'importe laquelle des oeuvres au programme, soit de type "étude littéraire", c'est-à-dire une sorte d'immense commentaire composé sur un acte entier, une trentaine de pages, etc., en fonction de l'oeuvre retenue. On attend une dissertation construite (l'épreuve doit durer 40 minutes si je me rappelle bien, c'est loin !) et le jury, comme tout groupe de personnes, est parfois distrait. Surtout que dans les 4 à 9 personnes du jury, il y en a 6 ou 7 qui se fichent de l'oeuvre retenue. Mais évidemment, on tente d'être professionnels L'entretien est l'occasion de pousser le candidat à reprendre une erreur, à défendre un de ses paradoxes, à ouvrir d'autres pistes, etc. Il est en général conduit par celui qui a libellé le sujet. La leçon ne doit pas être lue (c'est une erreur vraiment rédhibitoire), il faut jeter un oeil sur ses papiers sans les lire, on a des candidats parfois qui restent debout, voire qui se déplacent pours se dynamiser (6h de préparation, c'est très long).
En effet, les premiers tirages se font à 6h ou 6h30, attention donc au métro parisien et aux changements. Si le candidat est en retard, il est admis à tirer son sujet quand même, mais le retard est pris sur son temps total.
Au fait, il n'y a pas de leçon en agrégation de grammaire Et en lettres, cela se passe en général à Hélène Boucher sur le cours de Vincennes, ce qui est moins impressionnant que la leçon d'agrégation de philosophie, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, avec plein de public et des candidats appelés... à la clochette !!
Bon courage. C'est une super épreuve, très valorisante je trouve.

nuages a écrit:

Mélu a écrit:Merci ! Et un exposé sur quoi ? On a des textes pour support ou juste une question et sa petite mémoire ?

Mon sujet tenait en un mot et une date : "Othon 1664"

C'était un jury porté sur la dive bouteille ?

Pour la structure de la leçon, généralement :
I - Plutôt explicatif / descriptif (le sujet dans l'oeuvre, point.)
II - Plutôt analytique / critique (en allant dans le détail, on se rend compte que...)
III - Aboutissement de la réflexion, dépasse les deux parties.

Merci à tous pour vos précieux conseils et témoignages, qui me font encore plus flipper à vrai dire :lol: , alors heureusement que j'ai encore pas mal de temps devant moi pour me faire à l'idée d'espérer y passer peut-être un jour.

témoignages, qui me font encore plus flipper à vrai dire

Meuh non. C'est loin d'être aussi terrible qu'on le dit. Et tu verras que dans le feu de l'action, on oublie ses inhibitions.

myfarenier a écrit:

témoignages, qui me font encore plus flipper à vrai dire

Meuh non. C'est loin d'être aussi terrible qu'on le dit. Et tu verras que dans le feu de l'action, on oublie ses inhibitions.

Et, comme dit l'autre, on n'a rien sans rien : de sales moments à passer, mais quand on "tient le pompon" .... on oublie les sales moments ! Bon courage !!!

Enfin, pour l'instant, avant de stresser, j'attends d'être sûre qu'il y aura une agrégation de lettres en 2012, car l'absence de démenti officiel du MEN m'inquiète un peu.

Si si, il y a trois lignes en rouge au-dessus des programmes sur la site, maintenant (les autres programmes seront publiés plus tard).

Je suis tombée sur une explication littéraire, sur la Psychomachie de Prudence (groovy, baby) : là, c'est à toi de problématiser, c'est intéressant. J'ai beaucoup beaucoup aimé cette épreuve, qui nécessite un sandwich au jambon et un peu de décontraction (surtout quand le jury te rend complètement fou en essayant de te faire sortir LE mot qu'il attend, quand bien même tu viendrais d'en donner une liste exhaustive de synonymes).