- InvitéeHrÉrudit
Quelle valeur (symbolique?) donneriez-vous à cette description du début du roman ?
Jeanne, ayant fini ses malles, s'approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas.
L'averse, toute la nuit, avait sonné contre les carreaux et les toits. Le ciel bas et chargé d'eau semblait crevé, se vidant sur la terre, la délayant en bouillie, la fondant comme du sucre. Des rafales passaient pleines d'une chaleur lourde. Le ronflement des ruisseaux débordés emplissait les rues désertes où les maisons, comme des éponges, buvaient l'humidité qui pénétrait au-dedans et faisait suer les murs de la cave au grenier.
Jeanne, ayant fini ses malles, s'approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas.
L'averse, toute la nuit, avait sonné contre les carreaux et les toits. Le ciel bas et chargé d'eau semblait crevé, se vidant sur la terre, la délayant en bouillie, la fondant comme du sucre. Des rafales passaient pleines d'une chaleur lourde. Le ronflement des ruisseaux débordés emplissait les rues désertes où les maisons, comme des éponges, buvaient l'humidité qui pénétrait au-dedans et faisait suer les murs de la cave au grenier.
- DerborenceModérateur
Les conditions climatiques retardent le départ de Jeanne et contribuent à son enfermement. Ce n'est pas vraiment symbolique...
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"La volonté permet de grimper sur les cimes ; sans volonté on reste au pied de la montagne." Proverbe chinois
"Derborence, le mot chante triste et doux dans la tête pendant qu’on se penche sur le vide, où il n’y a plus rien, et on voit qu’il n’y a plus rien."
Charles-Ferdinand Ramuz, Derborence
- Mada MouetteFidèle du forum
Jeanne, ayant fini ses malles, s'approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas.
L'averse, toute la nuit, avait sonné contre les carreaux et les toits. Le ciel bas et chargé d'eau semblait crevé, se vidant sur la terre, la délayant en bouillie, la fondant comme du sucre. Des rafales passaient pleines d'une chaleur lourde. Le ronflement des ruisseaux débordés emplissait les rues désertes où les maisons, comme des éponges, buvaient l'humidité qui pénétrait au-dedans et faisait suer les murs de la cave au grenier.
J'y vois un parallèle entre la pluie et Jeanne, entre le dehors et le dedans (elle). Jeanne se vide. C'est elle qui est "crevée", qui devient bouillie, qui fond. C'est un personnage détruit par son mari, qui éclate, explose, implose.
L'averse, toute la nuit, avait sonné contre les carreaux et les toits. Le ciel bas et chargé d'eau semblait crevé, se vidant sur la terre, la délayant en bouillie, la fondant comme du sucre. Des rafales passaient pleines d'une chaleur lourde. Le ronflement des ruisseaux débordés emplissait les rues désertes où les maisons, comme des éponges, buvaient l'humidité qui pénétrait au-dedans et faisait suer les murs de la cave au grenier.
J'y vois un parallèle entre la pluie et Jeanne, entre le dehors et le dedans (elle). Jeanne se vide. C'est elle qui est "crevée", qui devient bouillie, qui fond. C'est un personnage détruit par son mari, qui éclate, explose, implose.
- MarianneNiveau 8
J'ose une interprétation mais pas je ne suis pas sûre du tout... Jeanne est une jeune femme qui rêve sa vie, c'est bien ça ? Auquel cas, les malles représentent la volonté de la jeune femme, prête à affronter la vie. Cette volonté semble contredite par son action car elle s'approche de la fenêtre (endroit propice au déclenchement de la rêverie). La pluie (la réalité) constitue un obstacle à sa rêverie car elle voit moins bien (?). Qui plus est, la réalité qu'elle découvre est sale et laide. Signe que sa vie sera à l'image de cette réalité et qu'elle devra donc affronter des échecs ? Le temps mauvais indiquerait que la réalité ne correspondra pas du tout aux attentes (rêveries) qu'elle s'était forgée. Peut-être pourrait-on voir là une opposition entre la réalité (la pluie qui salit tout), la volonté du personnage (les malles) et ses rêves (la fenêtre) ? Bon, c'est une hypothèse et je peux me planter... Voilà
- lilith888Grand sage
pourquoi ne pas tout simplement parler d'amorce en ce cas ?
- JohnMédiateur
Pour moi, c'est avant tout une jeune fille qui rêve devant la fenêtre en attendant de sortir.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
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- lilith888Grand sage
John a écrit:Pour moi, c'est avant tout une jeune fille qui rêve devant la fenêtre en attendant de sortir.
d'accord avec ça aussi :lol:
- lilith888Grand sage
Mada Mouette a écrit:
J'y vois un parallèle entre la pluie et Jeanne, entre le dehors et le dedans (elle). Jeanne se vide. C'est elle qui est "crevée", qui devient bouillie, qui fond. C'est un personnage détruit par son mari, qui éclate, explose, implose.
oui mais là, on est au début du roman non ?
- InvitéeHrÉrudit
Je me demandais s'il n'y avait pas une passivité du personnage face à la violence de l'averse, il me semble que la description est érotisée, je me plante ? Le personnage est dans l'attente non ?
- CarabasVénérable
Jeanne va avoir une vie chiante comme la pluie.
J'avoue que je ne vois pas de "symbolique" ici. On est en Normandie, cette pluie infernale préfigure peut-être en effet que la réalité va être aussi triste que cette pluie, mais à part ça... On part d'un cliché romantique aussi : la jeune fille réveuse, mélancolique, qui retrouve sa chambre d'enfant et qui espère une belle vie...
Son portrait est érotisé, mais le reste... je ne trouve pas.
J'avoue que je ne vois pas de "symbolique" ici. On est en Normandie, cette pluie infernale préfigure peut-être en effet que la réalité va être aussi triste que cette pluie, mais à part ça... On part d'un cliché romantique aussi : la jeune fille réveuse, mélancolique, qui retrouve sa chambre d'enfant et qui espère une belle vie...
Son portrait est érotisé, mais le reste... je ne trouve pas.
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- InvitéeHrÉrudit
Oui pour le cliché (topoi ?) romantique je pense que tu as raison, cf. Friedrich et sa Femme à la fenêtre. Pour le reste je laisse tomber.
- CarabasVénérable
Topos au singulier, nan?
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- AbraxasDoyen
Carabas a écrit:Jeanne va avoir une vie chiante comme la pluie.
J'avoue que je ne vois pas de "symbolique" ici. On est en Normandie, cette pluie infernale préfigure peut-être en effet que la réalité va être aussi triste que cette pluie, mais à part ça... On part d'un cliché romantique aussi : la jeune fille réveuse, mélancolique, qui retrouve sa chambre d'enfant et qui espère une belle vie...
Son portrait est érotisé, mais le reste... je ne trouve pas.
Tout à fait d'accord.
Ajouter que la pluie joue un rôle symbolique systématique. Voir par exemple le retour de voyage de noces — elle n'a eu que du soleil en Corse (forcément…), ce sera son seul moment heureux (c'est le seul moment où elle jouit, par ailleurs), et elle rentre, et il pleut. Dès lors, ça n'arrêtera plus.
Maupassant avait beau être normand, dès qu'il le pouvait, il allait au sud. Midi, Corse, Algérie.
Et la jeune fille à la fenêtre peut bien rêver : son avenir est aussi barré que ce ciel brouillé.
- AzadHabitué du forum
Si je me souviens bien, lors du retour en calèche avec sa famille, ses parents sont d'humeur morne. Du coup, il y a une opposition entre les parents/la pluie d'un côté, et Jeanne qui est heureuse de sortir. C'est à la fois un paysage état d'âme à contre pied, et en même temps l'annonce que ses rêves seront toujours en décalage avec la réalité.
- MélaneNiveau 6
La pluie dissout le paysage (le délaye, le réduit en bouillie) comme la vie décomposera les illusions et les rêves de Jeanne, les réduisant à néant. Il s'agit d'une "pierre d'attente", d'un mauvais présage en quelque sorte qui pèse sur le premier jour de sa nouvelle vie. La pluie d'automne qui détrempe le paysage marquera aussi son retour de Corse, lorsqu'elle fait sa première crise de mélancolie au début du chapitre 6.
- InvitéeHrÉrudit
Mélane a écrit:La pluie dissout le paysage (le délaye, le réduit en bouillie) comme la vie décomposera les illusions et les rêves de Jeanne
Merci Mélane voici une phrase très claire pour des élèves de 3ème, je trouve ça pas mal de les habituer un peu à l'interprétation et de les sortir des questions de type brevet.
- MélaneNiveau 6
De rien, j'ai expliqué cela à mes Secondes "zoo" et ils ont bien compris.
On peut les aider à trouver en disant : "Pourquoi Maupassant a décidé de faire tomber la pluie alors que c'est un des plus beaux jours de la vie de Jeanne ? Pourquoi pas un soleil radieux alors qu'on est au mois de mai ? Ca veut bien dire quelque chose..."
On peut les aider à trouver en disant : "Pourquoi Maupassant a décidé de faire tomber la pluie alors que c'est un des plus beaux jours de la vie de Jeanne ? Pourquoi pas un soleil radieux alors qu'on est au mois de mai ? Ca veut bien dire quelque chose..."
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