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par Ergo Mer 19 Jan 2011 - 20:36
doctor who a écrit:

Mais, d'une certaine manière, on peut dire que tu fais de la civi ET (corrélation) que , ce faisant, tu fais de la langue. L'important est que ce soit une corrélation et non une subordination. Parce que lorsqu'on subordonne l'un à l'autre, on perd en souplesse pour passer d'un domaine à l'autre, et on loupe des occasions de faire des ponts.
Je suppose que oui vu que la civi se fait dans la langue. Je suis d'accord pour l'idée de ne pas subordonner. Mais de ce que je comprends à l'IUFM, justement, on subordonne tout à la tâche (i.e. on n'étudie pas la langue en soi mais dans le but que nos chers petits puissent s'acheter à manger dans un pays étranger s'ils sont perdus. Et je ne caricature pas ce que j'entends). C'est pour ça qu'il faut des résultats concrets: des brochures, des conversations téléphoniques etc. Quid de l'intériorisation et de tout ce qui, justement, n'est pas concret/visible/identifiable (pour reprendre leur terminologie, on est à la limite du mesurable)? Leur culture générale? Leurs connaissances grammaticales (qui deviennent concrètes si on leur fait des exercices type bled, j'imagine)? Etc.

Quand à la grammaire selon Ergo et Pili, ce n'est pas du constructivisme mais la saine manière de faire de la grammaire, depuis 1880 (à peu près) : en commençant par de l'observation. Rien que de très traditionnel, en somme.
Ca, ça devient trop spécialiste pour moi. Smile Mais absolument pour le traditionalisme. Je ne suis juste pas sûre que ce soit ce que nous demande le CECRL.
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par lalilala Mer 19 Jan 2011 - 20:39
Pili a écrit:
Franchement je les trouve complètement inintéressants, il n'y a que des tâches et missions à accomplir....

et tu préfèrerais faire des commentaires plus littéraires de textes, d'oeuvres etc?

Ben je fais pas mal de textes en cours, ce n'est pas de la littérature, mais ça dit des choses quand même. Je ne fais pas que des textes non plus mais comment apprendre des tournures, du lexique si on ne fait que des mini textes de 4/5 phrases? Et puis les missions, ça va 5 minutes...les élèves ont une "tâche" à "accomplir" en fin de séquence, mais en cours de séquence, je ne veux pas passer mon temps à enchaîner les missions, les micro-tâches et les défis. Certains manuels proposent des tâches que je trouve sans intérêt aussi..j'en discutais avec un collègue l'année dernière qui était assez remontée par rapport à ces histoires de tâches finales. Elle m'a parlé une fois d'une tâche qui consistait à réaliser une campagne pour la protection de l'environnement : choisir des images et imaginer un slogan (c'est-à-dire une pauvre phrase, au mieux deux, avec deux impératifs...) et un petit texte informatif de 3/4 lignes. Ca doit amuser les élèves qui créent un truc, mais bon...tout ça pour quoi au final? bonjour la perte de temps! On évalue quoi en plus après? le côté esthétique de l'affiche? la "prise de risque" (expression en vogue dans les formations) artistique?




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par doctor who Mer 19 Jan 2011 - 20:48
Ergo a écrit:
Ca, ça devient trop spécialiste pour moi. Smile Mais absolument pour le traditionalisme. Je ne suis juste pas sûre que ce soit ce que nous demande le CECRL.

Ergo, je suis impressionné par la maturité que tu montres et le recul que tu as par rapport à ta pratique, étnat seulement stagiaire. Bravo !

1880 : instauration de l'école de Jules Ferry, beaucoup moins ringarde pédagogiquement qu'on le dit souvent.

Quant à ta revendication de traditionnalisme, je pense qu'en langue, la méthode communicationnelle que vous défendez, Kensington, Dulcinéa et toi, est relativement récente. Je dirais les années 80. Comme quoi, des progrès sont toujours possibles.

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par Ergo Mer 19 Jan 2011 - 21:22
doctor who a écrit:
Ergo, je suis impressionné par la maturité que tu montres et le recul que tu as par rapport à ta pratique, étnat seulement stagiaire. Bravo !

1880 : instauration de l'école de Jules Ferry, beaucoup moins ringarde pédagogiquement qu'on le dit souvent.

Quant à ta revendication de traditionnalisme, je pense qu'en langue, la méthode communicationnelle que vous défendez, Kensington, Dulcinéa et toi, est relativement récente. Je dirais les années 80. Comme quoi, des progrès sont toujours possibles.
Merci. Embarassed Et merci pour ces précisions. Aurais-tu (ou les autres) des conseils de lectures théoriques ou historiques qui permettraient justement d'étudier un peu tout ça (cette évolution des pédagogies, les différentes "écoles") et qui ne soit pas de l'IUFM ou des textes officiels?

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par kensington Jeu 20 Jan 2011 - 15:03
Je me joins aux compliments de doctor who! cheers

Je ne vois pas trop quels bouquins te conseiller car je pensais à ceux de Claire Tardieu mais on a dû t'en parler à l'IUFM je pense car elle est formatrice:
Glossaire de didactique de l'anglais est pas mal pour un aperçu des questions qui se posent dans le domaine. Il date d'avant le CECRL et ne fait pas trop "parole officielle" cependant.
Plus récemment elle a publié La didactique des langues en 4 mots-clés : communication, culture, méthodologie, évaluation. Il y a des choses intéressantes mais ça n'est pas à contre-courant de toute évidence.
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par lalilala Jeu 20 Jan 2011 - 15:28
Ca m'intéresse aussi Wink

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par doctor who Jeu 20 Jan 2011 - 16:41
Ergo a écrit:
[Aurais-tu (ou les autres) des conseils de lectures théoriques ou historiques qui permettraient justement d'étudier un peu tout ça (cette évolution des pédagogies, les différentes "écoles") et qui ne soit pas de l'IUFM ou des textes officiels?

Sur les langues, le seul point de vue un peu stimulant que j'ai pu rencontrer est celui de Pedro Cordoba. Mais je m'y intéresse seulement depuis peu de temps.

Plus généralement, une "école" pédagogique avec laquelle je suis d'accord à 100% :

De la pédagogie (document du GRIP : Groupement de Réflexion Interdisciplinaire sur les Programmes)

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par kensington Jeu 20 Jan 2011 - 17:51

Découvert Cordoba ici grâce à toi! Très intéressant en effet.
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par Ergo Jeu 20 Jan 2011 - 18:00
Merci messieurs. Smile
Claire Tardieu a été ma Bible pendant la préparation des oraux de didactique.
J'ai lu quelques-uns des liens donnés plus tôt dans ce topic pendant ma formation cette aprem, c'était très intéressant. Je vais lire ça plus attentivement ce week-end et lire ce que je n'ai pas encore lu.

Et me mettre à Cordoba alors. cheers

Edit: "Car contrairement à ce qu’imaginent les experts, les élèves ne sont pas du tout passionnés par leur vie quotidienne – à quoi se réduit pendant plusieurs années l’approche par compétences – mais à tout ce qui pour eux est exotique." Mais mon dieu, mais merci!!! Ouh, je vais aimer étudier cet article. Merci pour cette découverte, au moins, ma journée n'aura pas été perdue.

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par kensington Ven 21 Jan 2011 - 17:05

Oui, très stimulant de lire ce genre de phrases. Cordoba a tout à fait raison.
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par doctor who Ven 21 Jan 2011 - 17:46
Après, y a aussi à boire et à manger chez Cordoba. Quand il dit qu'il suffit de regarder la télé en VO pendant un bon moment pour comprendre la langue, faut pas déc'.

Pareil pour le goût de l'exotisme. Malheureusement, il y a aussi chez le élèves une prétention à n'avoir de goût que pour ce qui les concerne. Et parfois, il n'ont goût à rien, et n'ont pas goût non plus.

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par kensington Ven 21 Jan 2011 - 18:01

C'est sûr qu'il y a des publics plus réticents que d'autres. Tout le défi étant de les amener peu à peu à nous suivre plutôt que d'aller dans leur sens.
J'ai hâte qu'il mette en ligne son texte sur la méthode Villégier mais là encore si ça peut être une inspiration, ça demande sûrement à être adapté.

(ceci dit, j'avais l'an passé une élève qui s'était gavée des Desperate Housewives en VO et était en effet très à l'aise pour comprendre et s'exprimer)
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par Dulcinea Ven 21 Jan 2011 - 18:35
Je rebondis sur ce que vous dîtes, Ergo, Kensington, Dr Who. Souvent, les élèves ne s'intéressent qu'à eux, leur petit nombril, leur nouveau portable, leur nouvelle mob, fringues et autres. C'est clair, mais en même temps, ils n'aiment pas parler d'eux en cours et n'apprécient pas qu'un prof leur pose des questions sur leur vie privée, même si ces questions ne relèvent pas de l'intime.

Je l'ai encore expérimenté aujourd'hui en seconde. On travaillait sur des souvenirs d'enfance (extraits d'autobiographies et photos). Ils se sont bien pliés aux exercices traditionnels de compréhension et de description mais lorsqu'ils ont eu à parler d'eux, ça a été le coac total. Pourtant, je leur avais donné une fiche avec mes questions.

J'aurais dû leur faire faire ce travail à l'écrit. Idem, pour le choix des thématiques. Les élèves vont vite se lasser des thématiques sur la vie quotidienne même s'ils laissent entendre le contraire. C'est pour cela que j'évite de m'attarder sur ces sujets bateaux qui reviennent tout le temps "globalization" et autres. Ils en sont gavés et en ont marre.

Cordoba a raison quand il parle d"exotisme". Il faut tenter de les dépayser au maximum, même si on n'obtient pas un enthousiasme fou. Si je renvoie les gamins à ce qu'ils sont sans arrêt, à quoi sert le cours de langue?

C'est la raison pour laquelle, les nouvelles orientations ne me plaisent pas car elles sont trop centrées sur les préoccupations actuelles des élèves. En plus, les modes changent et ce genre de support se périme très vite.
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par lalilala Ven 21 Jan 2011 - 18:49
doctor who a écrit:Après, y a aussi à boire et à manger chez Cordoba. Quand il dit qu'il suffit de regarder la télé en VO pendant un bon moment pour comprendre la langue, faut pas déc'.

Pareil pour le goût de l'exotisme. Malheureusement, il y a aussi chez le élèves une prétention à n'avoir de goût que pour ce qui les concerne. Et parfois, il n'ont goût à rien, et n'ont pas goût non plus.

moi la télé ça m'a bien aidée

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par Pili Ven 21 Jan 2011 - 20:42
Dulcinea a écrit: En plus, les modes changent et ce genre de support se périme très vite.
Exact! je n'y avais jamais pensé !
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par Ergo Sam 22 Jan 2011 - 8:28
Dulcinea a écrit:Je rebondis sur ce que vous dîtes, Ergo, Kensington, Dr Who. Souvent, les élèves ne s'intéressent qu'à eux, leur petit nombril, leur nouveau portable, leur nouvelle mob, fringues et autres. C'est clair, mais en même temps, ils n'aiment pas parler d'eux en cours et n'apprécient pas qu'un prof leur pose des questions sur leur vie privée, même si ces questions ne relèvent pas de l'intime.
Oui, voilà, c'est plus ça que je comprends aussi. Et puis les faire parler d'eux implique aussi souvent de bien s'être renseigné sur leur vie (ce qui n'est pas mon rôle, à mon sens). On nous demande en 6ème de les faire parler de leurs parents, de leurs frères et soeurs etc. Donc les élèves en foyer ou dont un des parents est décédé se sentent tout de suite bien en cours d'anglais, c'est cool.

Après, on sait bien que, quelle que soit la méthode qu'on adopte, on laissera des élèves à la marge pour x ou y raison. (C'est flagrant en PPRE, mais là, c'est un autre problème.) Je me doute que les 5ème ne font pas preuve d'un enthousiasme débordant à l'idée de travailler sur les grèves de mineurs en Angleterre. Sauf que je ne leur ai pas présenté comme ça, évidemment.

J'avais juste rebondi à chaud sur cette phrase de Cordoba parce que c'est un des aspects qui m'agacent le plus dans l'enseignement des langues. En lettres, on nous demandait rarement, voire jamais, de parler de nos frères et soeurs et de nos parents. Mais après, c'est également peut-être une erreur ou un mauvais transfert de ma part que de vouloir "faire" de l'anglais en mettant l'imagination au centre; quand les élèves s'étaient inventés des numéros de téléphone pour l'expression orale que l'inspecteur-tuteur avait vue, la première fois qu'il est venu, il m'a dit clairement que ouuuuh mais fallait pas qu'ils inventent, il fallait qu'on puisse vérifier la véracité de leurs propos. J'avais répondu que ça me dérangeait de faire dire leurs vrais numéros de téléphone aux élèves, entre autres choses qui me dérangeaient dans cette phrase. Qu'est-ce que ça change qu'ils aient donné leur vrai numéro de téléphone ou pas? On veut leur faire acquérir une structure langagière ou on veut faire de ceux qui écoutent (ceux qui "ne font rien") des administratifs qui vérifient et stockent des informations? (oui, je sais, raccourci caricatural...)

Plus qu'à lire Bakhtine, maintenant.



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par lalilala Sam 22 Jan 2011 - 9:05
C'est bizarre ergo ce qu'on t'a dit...quand je leur demande de raconter une chose qu'ils ont faite ou de parler d'eux, j'insiste bien sur le fait qu'ils peuvent inventer ce qu'ils veulent et que je n'irai pas faire une enquête pour voir si c'est vrai. Certains n'ont pas du tout envie de parler de leur famille parce qu'ils ont de gros problèmes...Même des sujets tout bêtes peuvent les mettre mal à l'aise (en seconde, je leur ai demandé de raconter un voyage et il y en a un, qui a pas mal de problèmes, qui m'a dit qu'il ne voyageait jamais, qu'il n'avait même pas eu la chance de faire un voyage scolaire...ben c'est pas grave, dans ce cas là, il invente). Souvent pour les faire passer à la première personne et pour leur éviter de raconter leur vie, je leur demande de se mettre à la place du personnage du texte et d'imaginer la suite du texte, d'imaginer le point de vue qu'il peut avoir etc.

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par kensington Sam 22 Jan 2011 - 9:27

Mais bien sûr! La remarque de cet inspecteur est idiote! Il y a les raisons que vous évoquez et dans les petites classes, ils adorent imaginer des personnages, des histoires! L'essentiel est bien qu'ils aient envie de s'exprimer, non?
On rejoint le texte sur la place du récit que j'ai mis dans un autre topic et ce que Lhérété appelle la langue d'évocation. Il y a un paragraphe à ce sujet dans les programmes de collège du palier 1. C'est très motivant en réception mais aussi comme tremplin de l'expression.
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par Dulcinea Sam 22 Jan 2011 - 12:12
Complètement débile Ergo cet inspecteur. On n'est pas de la stasi non plus. Je partage complètement aussi ce que dit Lalilala. L'important c'est qu'ils soient capables de s'exprimer à la 1°personne, après peu importe qu'ils faussent la vérité. Mais on n'est quand même obligés de passer par ce genre d'exos en LV sinon, ils ne savent pas s'exprimer à la 1° personne.
Nous en espagnol, on a le pb des élèves qui parlent d'eux constamment à la 3° personne. En français, "je chante" et il "chante", je "bois" et il "boit", à l'oreille, c'est la même chose, alors ils reproduisent cela en espagnol... Une horreur. D'ailleurs en explic. de texte en TES, je les oblige à utliser le "yo" au lieu du "nosotros".
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par doctor who Sam 22 Jan 2011 - 15:01
Tiens, je n'avais pas pensé à ça, mais c'était évident : l'article "Langues vivantes" du Dictionnaire pédagogique de Ferdinand Buisson, fondateur de l'école de la IIIème république.

Je suis content parce que ça recoupe des réflexions que je m'étais faites sur le rapport et la différence entre étude des langues maternelles, vivantes et mortes. Et on parle du récit et de la lecture.

Quelques extraits :

II. Les méthodes.
— A mesure que l'enseignement des langues vivantes grandissait en importance et en popularité, son objectif et ses méthodes se précisaient. D'abord tout livresque, donné par des maîtres de second choix, privé de sanctions, il avait calqué ses procédés sur ceux des classes de langues anciennes : étude détaillée de la grammaire, traduction lente de quelques textes, thèmes et versions, peu ou point d'exercices oraux. A la fin de leur scolarité, les élèves n'avaient tiré, pour la plupart, de leurs classes d'allemand ou d'anglais qu'un profit très minime : ils étaient incapables de prononcer correctement, d'exprimer leurs idées avec quelque aisance oralement ou même par écrit, à plus forte raison de soutenir une conversation, si simple fût-elle.
Sans contester la valeur de l'appui que l'enseignement des langues vivantes avait pu jusque-là prêter à l'élude du français et à la culture générale, l'opinion publique, la presse et le Parlement demandèrent avec insistance, surtout à partir de 1890 environ, qu'il s'engageât dans des voies plus pratiques. Il est naturel que l'on applique aux langues mortes des méthodes désintéressées et littéraires : les langues mortes ne sont, pour nos écoliers, que des instruments d'éducation ; l'étude des langues vivantes, au contraire, a un but utilitaire et pratique.
« Nous ne sommes pas exposés à rencontrer des contemporains de l'empereur Auguste, au lieu que nous coudoyons tous les jours des Allemands et des Anglais. N'avons-nous pas des expositions, des congrès, des conférences internationales, des rapports commerciaux? Vous dites que l'occasion de parler se présentera rarement ; mais si nous voulons que le Français sorte de son pays, il faut le munir pour le voyage. Quelle envie voulez-vous qu'il ait d'aller au loin si, après dix ans d'étude, il ne sait seulement pas prendre son billet de chemin de fer? » (Michel Bréal, De l'enseignement des langues vivantes, Paris, 1893, p. 19.)


En même temps, la nouvelle méthode pénétrait peu à peu dans les manuels d'enseignement, dans la pratique pédagogique et dans les programmes officiels : il est aisé, par exemple, de suivre ses progrès, de 1891 à 1894, puis de 1894 à 1901, dans les instructions successives sur l'enseignement secondaire en Prusse.

Dans son rapport sur « l'enseignement des langues vivantes en Allemagne », Miss Mary Brebner résumait, dès 1898. les traits principaux de la nouvelle méthode dans les termes suivants :

I. Enseignement d'abord purement oral ;

II. Emploi de la langue étrangère dans les classes et autant que possible dès le début ;

III. Exclusion absolue ou partielle du thème oral ou écrit, excepté dans les classes supérieures ;

IV. Usage très discret de la version, écrite et orale ;

V. Dans les classes élémentaires, emploi fréquent des gravures, des tableaux et de tous les moyens de rendre l'enseignement aussi concret que possible ;

VI. Etude sérieuse des Realien, c'est-à-dire de la vie, des moeurs, des institutions, de la géographie, de l'histoire et de la littérature du peuple étranger ;

VII. Conversations nombreuses sur le livre de lecture, soit pour expliquer un nouveau passage, soit, plus fréquemment, à propos d'un passage déjà lu ;

VIII. Emploi du livre de lecture pour servir à l'enseignement intuitif de la grammaire.



Nous emprunterons l'analyse de la méthode directe à une excellente étude de M. Simonnot (Revue pédagogique, 15 juillet 1901), qui a publié avec M. Schweitzer le premier en date des cours complets de langue allemande rédigés d'après les nouveaux principes :

« Directe, en ce qu'elle transmet les vocables à l'oreille de l'élève, sans passer par la vue préalable du mot écrit on imprimé, la nouvelle méthode justifie encore son appellation par la manière dont elle suggère le sens des mots. Elle supprime l'intermédiaire de la langue maternelle, c'est-à-dire la traduction. A cet effet, elle débute par l''intuition. Elle associe les mots à la vue des choses et des êtres, à l'intuition de leurs attributs et de leurs modifications, à la perception de leurs rapports réciproques ; enfin, elle associe les mots aux actions des êtres » (Schweitzer). Or, cette acquisition intuitive du vocabulaire comporte trois degrés ou, si l'on veut, passe par trois phases successives, qui dictent an professeur son programme.

« D'abord l'intuition est directe, c'est à dire qu'elle s'exerce sur les choses réelles que l'élève peut voir ou manier dans le milieu immédiat où nous le prenons : la classe avec son matériel ; les actes de la vie scolaire ; l'enfant lui-même, son corps et ses vêtements ; les alentours de l'école ; enfin tout ce qui tombe directement sous les sens. Il y a là une matière très riche, qui suffit amplement à une année d'études.

« Cette matière épuisée, l'intuition indirecte entre en jeu. Au lieu de percevoir les êtres dans leur réalité, nous avons recours à leur représentation figuree. à l'image. Comme on ne peut songer à promener les élèves a travers le monde, l'image permet de faire entrer dans la classe quelques scènes intéressantes de la vie du dehors. « . Toutefois, si précieuses que soient ces ressources pour I étude de la langue descriptive, l'image n'a qu'une portée assez limitée. Ne pouvant représenter qu'un acte à la fois, qui reste pour ainsi dire figé, la langue de l'action lui échappe en partie : c'est alors qu'intervient la troisième forme de l'intuition, ou intuition mentale, par laquelle l'imagination, partant d'une action figurée, se représente la série des actes successifs qui la précèdent ou la suivent immédiatement. Tous ces actes forment comme les anneaux d'une même chaîne. Dès que nous tenons le premier, les autres suivent naturellement. On sait qu'un professeur français, M. Gouin, a attaché son nom à cette forme spéciale de l'intuition. Il en a fait la base de sa méthode des séries qui a eu une grande vogue à l'étranger.

« Ainsi ces trois formes de l'intuition se complètent l'une l'autre. Employées simultanément, elles offrent un élément précieux de variété pour la pratique de la méthode intuitive.

« Excellente pour la transmission du vocabulaire concret, cette méthode devient insuffisante pour la langue abstraite. Mais là où s'arrête l'intuition commence la lecture. Certains réformateurs ont même fait de celle-ci le centre de la méthode directe. Il est plus juste, sans l'exclure au début, d'en faire le terme d'arrivée de l'enseignement des langues vivantes. C'est par la lecture qu'on achèvera de prendre possession du vocabulaire qui échappe à l'intuition. Les mots concrets déjà connus des élèves formeront l'assise solide sur laquelle repose la langue abstraite. Par un emploi habile des exemples, de la définition, de la comparaison, de l'antithèse, de l'étymologie, des familles de mots, de la paraphrase et dès synonymes. on pourra expliquer le sens de presque tous les mots nouveaux sans recourir à la traduction. Tout le temps dispensé à l'étude des langues vivantes sera ainsi consacré à des exercices faits directement dans l'idiome enseigné. Le mot étranger restera associé étroitement à l'idée qu'il exprime et, par là même, l'élève arrivera plus vile à penser dans la langue étudiée.

« Par la suppression de la traduction, la méthode directe se rapproche de la méthode maternelle. Mais hâtons-nous de dire qu'elle ne se confond pas avec cette dernière. La méthode maternelle ne repose que sur l'empirisme. L'autre, au contraire, ordonne les notions enseignées. Elle fait appel au jugement et à la raison de l'élève ; elle l'invite à réfléchir sur le mécanisme de la langue étrangère. En d'autres termes, elle prend soin de constituer un enseignement grammatical solide sans lequel elle serait indigne de figurer dans nos écoles. Les promoteurs de la réforme sont unanimes sur la nécessité de la grammaire. Seulement, ce qu'ils demandent, c'est qu'on renonce à l'enseigner d'une façon abstraite et à priori, qu'on la débarrasse des détails inutiles et qu'on la ramène à son rôle naturel, qui est de constater l'usage déjà passé à l'étal d'habitude. La méthode directe n'admet que la grammaire inductive.

« De même aussi, les partisans de la méthode directe, bien que donnant la première place à l'enseignement oral, ne repoussent pas les exercices écrits, indispensables a la consolidation des notions acquises. Mais ils choisissent de préférence ceux qui amènent l'élève à s'exprimer et à penser dans la langue étrangère : dictées sur des textes déjà expliqués ; reproduction de mémoire de morceaux lus ; transposition de ces morceaux en changeant le nombre, les personnes, le temps, en mettant un discours direct en discours indirect ; interrogation écrite ; rédaction de lettres, narrations, compositions libres, etc.

« Notons enfin que la plupart des réformateurs ne poussent pas l'intransigeance jusqu'à bannir absolument toute traduction. En ce qui concerne les exercices oraux, ils l'admettent comme moyen de contrôle ou pour l'explication d'un passage difficile, à condition de ne pas y insister. Quant aux traductions écrites, ils les réservent pour le couronnement des études et en donnant le pas à la version sur le thème, dont on a rarement besoin de faire usage dans la vie réelle.

« Telle est la méthode directe dans ses traits généraux. Ce qui ressort de cet exposé, pour tout esprit non prévenu, c'est qu'elle représente le plus grand effort qui ait jamais été tenté pour orienter l'enseignement vers une fin pratique. »


Bien regarder à la fin le programme prévu. Ca peut donner quelques idées.

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par kensington Sam 22 Jan 2011 - 15:25
Très intéressant, merci.

III. Les Programmes. — ECOLES PRIMAIRES SUPERIEURES (Arrêté du 26 juillet 1909).— Langues vivantes (3 heures par semaine). — L'enseignement des langues vivantes dans les écoles primaires supérieures doit tendre à l'acquisition effective de la langue courante. La méthode à employer est la méthode inductive et directe.

La méthode est directe, en ce sens qu'elle supprime, autant que possible, l'intermédiaire de la langue maternelle, les mots et les formes étrangers étant d'abord associés à la vue d'un objet ou d'une image, à un acte réellement exécuté ou figuré, et plus tard expliqués par les termes et les formes déjà connus. La méthode est inductive en ce sens qu'elle part de la pratique et de l'exemple concret pour s'élever jusqu'à la règle abstraite. Elle ne supprime donc pas la grammaire, mais l'associe étroitement à l'enseignement du vocabulaire ; la règle, une fois induite de l'exemple, devra être rigoureusement appliquée dans de nombreux exercices. Il n'est pas, en effet, d'enseignement sérieux d'une langue vivante sans une solide base grammaticale.
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par kensington Sam 22 Jan 2011 - 20:32

Je viens de trouver ça: « Histoire des Méthodologies de l’enseignement des langues », ouvrage de Christian PUREN. Republication en ligne pour APLV-LanguesModernes.org

Avec quelques conditions d'utilisation. A télécharger ici.
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par Ergo Sam 22 Jan 2011 - 20:39
Super! Merci pour ces nouvelles références! (Je connais Christian Puren de nom...mais je ne sais plus d'où... CECRL - Autour du CECRL - Page 8 3795679266)

On vient de me joindre ça: http://www.editionsdidier.com/news/view/expolangues-2011-conference-cecrl/
Je ne sais pas si ç'a déjà été posté. Ca donnerait bien envie d'y aller...

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par kensington Dim 23 Jan 2011 - 8:45

Reçu aussi mais pas envie de me "traîner" jusque là-bas un mercredi après-midi. Je crains que ça ne soit trop PRO CECRL mais ça pourrait en effet être intéressant.
Tu te sens courageuse?
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Dulcinea
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par Dulcinea Dim 23 Jan 2011 - 10:57
J'ai les mêmes inquiétudes que Kensington, derrière le CECRL, il y a une histoire de pognon.
C'est une formidable machine à fabriquer des manuels et supports en tous genre. Je doute qu'on laisse la parole aux sceptiques. Enfin, pour les courageux, c'est à voir. Moi, ça risquerait de me mettre hors de moi, c'est tout.
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par kensington Dim 23 Jan 2011 - 11:16

Oui je pense, mais je n'en sais rien bien sûr, qu'ils vont plutôt en parler du point de vue des produits qui se sont développés dans la ligne du CECRL (avec un truc sur les TICE sans doute) et du point de vue institutionnel (comment les ministères de l'éducation en Europe l'ont intégré dans les programmes par exemple et tenté de le mettre en oeuvre - groupes de compétences par ex.).
Vont-ils faire part des opinions du terrain, les doutes, les craintes les rejets? Moins sûr.
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