Amis latinistes : HELP !

clemiecamie a écrit:Alors je retire mes faux arguments, mais il y a un problème: des élèves sans prof, des profs sans élèves. Est-ce mieux pour ces élèves de ne pas avoir de latin du tout, ou de travailler sur textes traduits? C'est une vraie question, je m'interroge.

S'ils travaillent sur des textes traduits, ils ne font pas de latin du tout.

je pense que nous sommes victimes d'un système ubuesque qui nous tiraille quotidiennement entre nos idéaux et la réalité de notre quotidien. D'où une certaine improvisation pour tenter de faire fonctionner la grosse machine...

Je ne dis pas le contraire, si c'était moi j'informerais les parents de mon statut, et je ne me tenterais pas à ce que je ne connais pas assez, et je ferais du français en prenant comme support des auteurs latins, est-ce si répréhensible?

Ce qui me gène dans cette conversation, ce ne sont pas vos arguments, qui sont bien fondés. Je comprends qu'être prof de LC consiste à se battre pour sa matière constamment, et que ce soit fatigant. Simplement, sur le forum, d'habitude, les collègues en détresse sont aidés, soutenus, rarement jugés. Cela part d'une intention de faire le mieux possible, je ne trouve pas ça condamnable. Certes, elle aurait pu refuser (et encore s'il y a un arrêté, elle est obligée d'y aller), mais c'est toujours plus facile à dire qu'à faire, enfin je pense.

violet a écrit:Mais si tous les LM refusaient en bloc aidés par les syndicats, les parents d'élèves ne pourraient-ils pas faire des pétitions pour avoir des profs de latin ? que diraient-ils si les cours de svt étaient assurés par les profs de physique ?

Je sais, je rêve...

On ne peut pas refuser, c'est ça la réalité...Je ne me voyais pas retourner au TA pour trois heures de latin même si ça me gave !
Par ailleurs, je remplace une prof en arrêt maladie qui n'a pas fait son boulot. Elle est LC : il vaudrait mieux q certains ne se tirent pas une balle dans le pied, ça éviterait qu'on saoûle les TZR de Lettres Modernes avec une énième matière qui n'est pas la leur !

Désolée si je me suis exprimé en ton nom, Bavaroisechocolat... Courage!

J'ajouterais que le CAPES de LC va malheureusement disparaître... Le latin va devenir une option au CAPES de LM...

Bon, je n'aurais pas dû venir sur ce post, j'ai envie de tirer dans la tes.

J'ai étudié 2 ans l'anatomie en PCEM1. Je me pense tout à fait apte à vous opérer de l'appendicite (on ne rit pas, c'est en anat, en dissert et en stats que j'ai eu mes meilleures notes au concours!).

Un jour, j'ai rêvé que je conduisais un boeing, c'était tellement facile,a vec le pilote automatique, le mode d'emploi, tout ça, j'crois bien que je peux être pilote!! Vous venez avec moi???

Audrey sur tous les fronts

violet a écrit:Les parents savent-ils qu'elle n'est pas prof de français ?

Je pense que oui. Elle ne cache pas du tout la réalité de son statut.

Dites... y a une caméra cachée quelque part en fait, je vis dans le Truman show?

Audrey, je suis revenue sur cet argument que je reconnais comme infondé, pourquoi en rajouter?

Mais pour une prof de français est-ce que je suis capable de faire une lecture analytique d'un texte de Cicéron? Ce ne sera pas du latin, et ce sera sans aucun doute moins enrichissant pour les élèves que de se confronter au texte.

Cette collègue aurait pu s'enfermer, ne rien demander à personne et faire n'importe quoi, elle demande de l'aide pour essayer de faire "au mieux", quel mal à ça?

beh du bosseras pas sur un texte de Cicéron, c'est ça le truc, mais sur une traduction faite par un latiniste plus ou moins bon.

Le mal? Allez, je le dis: notre métier crève aussi du manque de convictions et de c******* des enseignants. Oui, je suis dure, mais j'en ai marre, vraiment.

Je suis à la limite d'atteindre le point Godwin là, alors je vais me taire.

allez j'ai pitié de la patience d'Audrey:cette collègue est pleine de bonne volonté,mais c'est aussi la bonne volonté qui tue dans l'éducation nationale:chaque fois qu'on accepte une encoche dans nos statuts,on entrouvre une porte dangereuse.Le rectorat se garde bien de recruter des tzr de lettres classiques,parce qu'il est clair qu'on veut "la peau" des langues anciennes.On laisse les remplacements non effectués ou on demande à des lettres modernes de bonne volonté,ce qui déclassifie de fait la matière en "atelier" d'activités culturelles.On ne l'accepterait pas en maths,les parents ne disent rien parce qu'ils ne comprennent pas le plus souvent les enjeux et qu'on leur dit que le prof est remplacé,ils ne vont pas chercher plus loin pour la plupart.Le rectorat de Lille est de plus, particulièrement peu "intéressé" par les remplacements de lettres classiques qui depuis des années n'ont pas d'autres solutions que de se "gérer"à l'interne,lorsqu'on ne veut pas voir l'option péricliter dans un bahut.

Audrey a écrit:beh du bosseras pas sur un texte de Cicéron, c'est ça le truc, mais sur une traduction faite par un latiniste plus ou moins bon.

Et il y a un ensemble d'éléments culturels qui ne s'inventent pas.

clemiecamie a écrit:

Cette collègue aurait pu s'enfermer, ne rien demander à personne et faire n'importe quoi, elle demande de l'aide pour essayer de faire "au mieux", quel mal à ça?

Quel conseil donner à quelqu'un qui va enseigner une matière qu'il ne maîtrise pas?

Merci Iphigénie: +10000000000000000000000000000000

et c'est pareil pour la note de vie scolaire, le socle commun de conneries, la suppression des notes... l'enfer est pavé de bonnes intentions.

Dans mon collège, les cours de français de deux classes sont assurés par une collègue contractuelle... prof d'espagnol ! Elle fait preuve de bonne volonté, et depuis qu'elle est là c'est mieux pour les élèves qu'avant, puisqu'ils n'ont pas eu de prof pendant un bon mois. N'empêche, cette collègue n'est pas prof de lettres, et elle camoufle juste le problème qui est le manque de personnel compétent. En acceptant ça, nous faisons le jeu de ceux qui veulent casser nos statuts.

Provence a écrit:

clemiecamie a écrit:

Cette collègue aurait pu s'enfermer, ne rien demander à personne et faire n'importe quoi, elle demande de l'aide pour essayer de faire "au mieux", quel mal à ça?

Quel conseil donner à quelqu'un qui va enseigner une matière qu'il ne maîtrise pas?

De prier pour qu'aucun n'élève n'ait plus de compétences que lui dans le domaine? Pour qu'aucun ne lui pose de questions nécessitant la présence d'un vrai LC?

Provence a écrit:

clemiecamie a écrit:

Cette collègue aurait pu s'enfermer, ne rien demander à personne et faire n'importe quoi, elle demande de l'aide pour essayer de faire "au mieux", quel mal à ça?

Quel conseil donner à quelqu'un qui va enseigner une matière qu'il ne maîtrise pas?

Le boycott. On lui impose de faire un travail qui n'est pas le sien, elle leur passe des vidéos en leur expliquant que ce n'est pas son métier.

+ 1

iphigénie a écrit:allez j'ai pitié de la patience d'Audrey:cette collègue est pleine de bonne volonté,mais c'est aussi la bonne volonté qui tue dans l'éducation nationale:chaque fois qu'on accepte une encoche dans nos statuts,on entrouvre une porte dangereuse.Le rectorat se garde bien de recruter des tzr de lettres classiques,parce qu'il est clair qu'on veut "la peau" des langues anciennes.On laisse les remplacements non effectués ou on demande à des lettres modernes de bonne volonté,ce qui déclassifie de fait la matière en "atelier" d'activités culturelles.On ne l'accepterait pas en maths,les parents ne disent rien parce qu'ils ne comprennent pas le plus souvent les enjeux et qu'on leur dit que le prof est remplacé,ils ne vont pas chercher plus loin pour la plupart.Le rectorat de Lille est de plus, particulièrement peu "intéressé" par les remplacements de lettres classiques qui depuis des années n'ont pas d'autres solutions que de se "gérer"à l'interne,lorsqu'on ne veut pas voir l'option péricliter dans un bahut.

+ 1000 !

Ce n'est pas par manque de solidarité que nous n'aidons pas les collègues de LM. Mais j'ai l'impression qu'on nous demande de creuser notre tombe.

Et s'il suffisait de faire une LA d'une traduction ou de la civi... pourquoi avons-nous passé des années à maîtriser ces LANGUES ?

Je comprends vraiment votre position, surtout quand elle exprimée de façon modérée. C'est vrai que le bien être des élèves est souvent l'excuse pour trop de choses que l'on ne devrait pas accepter.
Je précise simplement encore une fois qu'il y a un arrêté qui l'oblige à prendre son poste. Les syndicats, dans ce genre de situation, nous demande d'y aller quitte à faire un recours au TA plus tard.

violet a écrit:

iphigénie a écrit:allez j'ai pitié de la patience d'Audrey:cette collègue est pleine de bonne volonté,mais c'est aussi la bonne volonté qui tue dans l'éducation nationale:chaque fois qu'on accepte une encoche dans nos statuts,on entrouvre une porte dangereuse.Le rectorat se garde bien de recruter des tzr de lettres classiques,parce qu'il est clair qu'on veut "la peau" des langues anciennes.On laisse les remplacements non effectués ou on demande à des lettres modernes de bonne volonté,ce qui déclassifie de fait la matière en "atelier" d'activités culturelles.On ne l'accepterait pas en maths,les parents ne disent rien parce qu'ils ne comprennent pas le plus souvent les enjeux et qu'on leur dit que le prof est remplacé,ils ne vont pas chercher plus loin pour la plupart.Le rectorat de Lille est de plus, particulièrement peu "intéressé" par les remplacements de lettres classiques qui depuis des années n'ont pas d'autres solutions que de se "gérer"à l'interne,lorsqu'on ne veut pas voir l'option péricliter dans un bahut.

+ 1000 !

Ce n'est pas par manque de solidarité que nous n'aidons pas les collègues de LM. Mais j'ai l'impression qu'on nous demande de creuser notre tombe.

Et s'il suffisait de faire une LA d'une traduction ou de la civi... pourquoi avons-nous passé des années à maîtriser ces LANGUES ?

Mais si on l'accepte, ce n'est pas que votre tombe qui est creusée mais celle de l'éducation en général!
Dans mon RAD, la TZR de physique fait 22 heures de math, les parents sont au courant. Elle n'a pas choisi, elle en souffre.

Je me permets de rentrer dans le sujet, quand bien même je suis une petite nouvelle ici.

Cet été, j'ai eu la chance de participer au stage subventionné par la commission européenne "TICE et langues anciennes" (toutes les infos sont sur le site circe.be), qui regroupent des professeurs de langues anciennes.
Je ne m'étalerai pas sur ce stage, qui est génial (postulez tous!).

Par contre, c'était une formidable occasion de voir un peu comment le latin e/ou le grec s'enseigne, se pratique dans d'autres pays européens. Nous sommes quand même des exceptions en France. Dans beaucoup de pays, les langues anciennes sont des "options" culturelles uniquement, le professeur de latin enseigne parfois juste de la philosophie, ou intervient dans des thématiques très réduites... J'ai du expliquer à des collègues médusés que par exemple, en France, il est obligatoire d'enseigner avec des textes d'auteurs, même au départ... que l'on a des directives très précises en terme de programme. Même en Allemagne, où la pédagogie est proche de la notre, on est plus cool là dessus... Idem, concernant la formation de l'enseignant et son statut. Notre CAPES est une formation assez lourde et spécifique d'après ce que j'ai entendu...

Depuis mon retour, je ne cesse d'y réfléchir et de me dire que c'est certainement ce qui nous attend... Les langues anciennes ne seront plus une option au sens où on l'entend aujourd'hui, mais un peu comme l'histoire des arts, une composante culturelle du socle commun saupoudrée régulièrement...

Je ne suis pas militante dans l'âme, mais je sais pourquoi j'ai choisi d'être professeur de langues anciennes... j'entends le rester, et j'ai encore du mal à accepter que des collègues de LM prennent ma place...

collegedevinci a écrit:
Je ne suis pas militante dans l'âme, mais je sais pourquoi j'ai choisi d'être professeur de langues anciennes... j'entends le rester, et j'ai encore du mal à accepter que des collègues de LM prennent ma place...

Elle ne prend le poste de personne... Un collège de Lille vient de me proposer la même chose, je t'en prie appelle-les...

En tant que LC, je suis également dégoutée de cela. Un prof de LM, qui n'est pas formé pour, ne peut pas enseigner le latin et motiver autant qu'il le faut pour qu'ils continuent les élèves. Je suis énervée! On s'emmerde à faire en sorte qu'on nous supprime pas des groupes en passant notre temps à justifier notre existence. A quoi bon? vu que n'importe qui qui a fait du latin peut l'enseigner!
On a commencé par faire enseigner le latin aux LM, maintenant on fait enseigner les maths aux profs de physique et apparemment pire que ça vu que des profs d'espagnol font du français.
Perso je vais enseigner l'EPS tant qu'à faire. ça doit pas être si compliqué à partir du moment où on fait ,voire a fait ,du sport!
Et je comprends aussi les LM qui ont peur de refuser ou qui acceptent par commodité.
Mais je suis dégoutée!!!!!!!!!! voilà