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par profsvt Mer 20 Oct 2010 - 23:02

Lettre aux jeunes professeurs sans formation
Par Natacha Polony le 6 octobre 2010 18h34 | 188 Commentaires

Des jeunes professeurs inexpérimentés jetés tels sainte Blandine dans la cage aux fauves : voilà l’image qui restera de cette rentrée 2010. Pour le son, les avertissements des Cassandres syndicales sur les drames qui ne manqueront pas de se nouer dans les salles de classes. Et gardons-nous de toute légèreté. Car il est ici question de jeunes gens qui commencent leur vie professionnelle, de leurs angoisses et de leur désarroi. Il est question, par delà les chiffres vertigineux d’un ministère qui mobilise un quart du budget de l’Etat, 60 milliard d’euros, de dizaines de milliers de vies qui se construisent quotidiennement dans le huis clos d’une salle de classe.

Ils sont 18000. Ils ont passé l’an dernier un concours exigeant, qui couronnait cinq années d’études universitaires (et l’on peut penser ce que l’on veut du niveau moyen des licences et des maîtrises en France, le concours du Capes – sans parler de l’Agrégation – reste, quant à lui, la garantie d’une certaine masse de travail et de connaissances). Et les voilà confrontés à l’horreur pédagogique, témoins impuissants des déshérences du système scolaire français. Ils ont 23, 24 ans, certains n’avaient jamais quitté le Périgord ou les Cévennes, et soudain ils découvrent cette réalité dont on ne saisit l’ampleur que quand elle vous submerge : des jeunes de 16 ans, en lycée général, dont au moins la moitié peut être considérée comme illettrée, des gamins imprégnés de tous les préjugés les plus archaïques, animés d’une foi de charbonnier, dont la crédulité fait sourire quand elle ne glace pas le sang.

On peut jouer les donneurs de leçons, évacuer le problème d’un revers de main, en décrétant qu’ « à moins de vivre sur une autre planète, ils devaient quand même bien le savoir au moment de passer le concours ». On peut au contraire hurler au scandale en oubliant qu’on a soutenu pendant des années les réformes qui ont mis l’école dans cet état. Ou accuser les quelques voix qui critiquaient les IUFM (et que certains aujourd’hui font passer pour innombrables pour mieux se situer dans le camp des rebelles) d’être à l’origine de la situation présente, en évitant de rappeler les dégâts qu’ont fait sur le métier ces camps de rééducation pour intellectuel récalcitrant. On peut le faire, loin de ces établissements difficiles où l’on continue à envoyer les plus jeunes professeurs parce que la logique syndicale interdit que l’on revienne sur le système du mouvement et des points. Mais au moins faut-il savoir de quoi l’on parle.

En hommage, donc, à ces jeunes gens et à ce qu’ils incarnent pour notre république, quelques souvenirs de l’auteur de ces lignes, pour tenter de dire à qui ne le sait pas ce qui se passe dans la classe et dans la tête d’un jeune professeur.

Il y a onze ans déjà… Que dire de ce moment étrange où l’heureux lauréat lit son nom sur une liste austère, planté sur le bitume d’un trottoir parisien. Pas de tambours ni de flonflons. Mais une agrégation, et la stupeur d’en être là, de l’avoir fait. Savais-je alors ce que c’est d’être professeur, ce que c’est de tenir une classe et de s’adresser à des lycéens ? J’ai vingt-quatre ans, ayant traîné un peu en prépa et en DEA. Et je sais confusément, alors, que je n’enseignerai pas toute ma vie, moi qui ai passé le concours de Sciences Po, entre l’écrit et l’oral de l’agrégation, parce qu’en cas d’échec, je ne voulais pas la retenter. Je ne suis pas d’une famille d’enseignants. Juste d’un milieu où l’on croit à la République, et au don de soi pour la Nation.

Je me souviens de cette première lettre officielle, et des six académies à choisir, dans l’ordre des préférences. Et de mon choix de n’en inscrire que trois, Paris, Créteil et Versailles, parce que je sais que je serai dans un établissement difficile et ne veux pas prendre le risque de me retrouver, en plus, loin de chez moi, dans la banlieue d’Arras ou de Vesoul. Première stratégie, premiers calculs sordides. Première pensée pour ces jeunes agrégés ou certifiés de Rodez ou de Valence.

La deuxième lettre officielle, au milieu de l’été, m’annonce sans surprise que je suis affectée dans l’Académie de Créteil. Et je découvre des noms de villes dont je ne soupçonnais pas l’existence. Sommée de choisir quand je n’ai pas en main les éléments du choix. Mais une fois encore, je suis en terrain connu, ayant grandi dans le Val d’Oise, à la frontière de la Seine-Saint-Denis. Sans hésiter, je mets en premier choix le lycée d’Epinay-sur-Seine. Parce que c’est un lycée (qui m’a dit qu’il ne valait mieux pas se retrouver en collège ? Je le sens d’instinct). Et parce que je connais bien ce paysage de mon enfance. Pas de bien plus précieux que de pouvoir se raccrocher à des noms, des lieux familiers. Puis deux autres lycées, à Saint Denis et Aubervilliers. Ils sont proches de Paris, et font si peur que personne ne les demandera. Et quitte à enseigner quelques temps, autant voir ce qui se passe là-bas, dans ces endroits dont parlent les journaux télévisés.

La rentrée est dans trois jours. Les jeunes professeurs sont convoqués à l’IUFM de Créteil. Pourquoi s’ingénier à installer ces institutions dans des endroits sordides, loin de toute gare ? L’année se passera à visiter ces bâtiments grisâtres, à marcher dans ces rues de banlieue pour trouver dans ce dédale l’annexe de l’IUFM, ou le collège Machin, pour telle formation ou tel séminaire. Mais l’inauguration est étonnante. Et cette ambiance flottante où des jeunes gens brillants et inquiets attendent un verdict dont ils ne maîtrisent pas l’enjeu. Collège ou lycée, secondes, sixièmes ou quatrièmes ? Dans trois jours, il faudra leur faire cours. Les certifiés qui ont déjà subi un an d’IUFM n’ont pas franchement l’air plus rassurés. Puis soudain la délivrance. Epinay-sur-Seine. Les autres me regardent d’un air effondré : « Tu n’as pas peur d’aller là-bas ? ». Je ne sais pas. Je ne me rends pas compte. Je crois que tout me ferait peur, puisque je ne sais rien de ce qui m’attend. Alors, cette ville que je connais, je m’y accroche avec joie.

Le lendemain, je découvre le lycée. On est aux premiers jours de septembre, il fait beau et la cité, ses immeubles et ses arbres ne me semble pas si terribles. Je subis la réunion de pré-rentrée comme entourée de brume. Et la voix du proviseur, une petite femme un peu sèche, qui égrène les conseils aux trop nombreux nouveaux : « Ne laissez jamais une porte ouverte, ne laissez pas trainer vos affaires. Vous verrez, ils sont attachants, ils réclament même de l’affection, mais ne vous laissez pas prendre… » A côté de moi, un professeur de français, comme on imagine l’Idée même du professeur de français, barbe blanche et pipe de bruyère, qui me glisse avec un rire d’affectueuse ironie : « Tu es nouvelle ? Eh bien, bon courage ! » Nous sommes en 1999 et je ne remercierai jamais assez Christian Labrune d’avoir laissé en salle des professeurs un petit livre qui venait de sortir cette année-là, L’Enseignement de l’ignorance, de Jean-Claude Michéa.

Car je serais incapable de dire, avec le recul, quel était mon degré de conscience de l’état de l’école. J’ai choisi délibérément un lycée difficile, pour savoir, mais je sors de plusieurs années d’immersion passionnée dans un monde mêlant poésie et quête mystique de la langue comme seule patrie. Je n’ai qu’une idée très abstraite des banlieues difficiles en général et de l’école en particulier. J’ai bien été consternée d’entendre une candidate à l’agrégation déclarer d’un air las que « la poésie, [elle] y a jamais rien compris », une autre que « la musique ne [l’]intéresse pas »… Bien avant, j’avais pu constater la différence entre ces exercices des annales des années soixante-dix que nous soumettait notre professeur de mathématiques de terminale C, et ce qui m’avait été demandé au baccalauréat, en cette année 1992. Mais rien de tout cela ne fait système. Je n’ai pas d’autre vision cohérente que celle que me dicte une éducation républicaine où des hussards noirs doivent offrir à tous les gamins de France ce patrimoine littéraire qui est le leur. Et quand je pousse la porte de ma classe, pour mon premier cours, j’ai prévu de commencer l’année par un travail sur la poésie comme lutte contre la mort et la fuite du temps. Ronsard, Hugo, Baudelaire… Parce qu’il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas, me dis-je avec vigueur.

Avouerai-je quelle fut ma première pensée, quand j’ai vu ces trente paires d’yeux braqués sur moi, curieux, narquois, ou blasés ? « Comme ils sont laids » me suis-je dit tout à coup, et j’en demande pardon à Lyès, Chahida ou Mohammed, que j’ai appris à connaître et à aimer. Mais la première vision d’un jeune professeur est celle de cette masse anonyme et hostile qu’est une classe, et qui peu à peu s’animera de personnalités différentes et, pour certaines, attachantes. Il y faut du temps. Ce premier soir, quand je rentrai chez moi, je me dis avec rage que je ne voulais plus jamais de ma vie retourner dans ce lieu. Je me sentais humiliée. Humiliée d’avoir dû lutter avec un jeune extérieur à ma classe, qui tentait de m’empêcher de refermer la porte pour continuer sa conversation, et disait à un de mes élèves avec toute l’assurance que donne l’impunité : « Eh, elle a quatorze ans, ta prof. Je l’ai vue en boîte la semaine dernière. » Epuisée d’avoir passé deux heures à me demander quelle image je leur renvoyais et si j’arrivais à asseoir mon autorité. Effondrée de constater qu’ils comprenaient un mot sur deux d’un langage pourtant courant. Sur les fiches de renseignement que je leur avais demandées, l’un d’eux avait répondu à la question : « quels livres avez-vous lus l’an dernier, et lequel avez-vous préféré ? » « Bovary. Aucun aimer. Aime pas lire. »

J’y suis, bien sûr, retournée le lendemain, et tous les jours suivants. Et même avec une extinction de voix, j’y suis allée, parce que je savais confusément que si je ratais ne serait-ce qu’une heure, je n’y remettrais plus les pieds. Et j’ai subi les cris d’animaux dans les couloirs, cet élève qui ouvrait les portes des classes, un masque de mort sur le visage, et s’enfuyait en me laissant, furieuse, récupérer tant bien que mal la chancelante concentration que j’avais mis un quart d’heure à installer en début de cours. Et j’ai lu, consternée, des phrases bancales et tordues, à peine compréhensibles, écrites par des élèves de seconde générale dont certains n’avaient jamais redoublé.

Ma chance ne fut pas de bénéficier de ces cours d’IUFM qui me donnaient simplement l’occasion de comprendre qu’une administration peut maintenir, à côté du réel, un discours délirant qui n’a plus la moindre trace de lien avec ce qui existe en dehors d’elle. J’eu droit aux séances de psychanalyse collective, où chacun devait confier aux autres ses erreurs, et qui se terminaient systématiquement par un laïus pontifiant d’une formatrice expliquant aux jeunes déviants que nous étions que nos échecs ne venaient que des carences de notre pédagogie. Un jour, cette bienheureuse femme qui avait quitté les classes pour nous dispenser son savoir s’énerva contre un stagiaire qui avait osé suggérer que, tout de même, le niveau avait effroyablement baissé. « Je vous interdis de dire cela, ce n’est pas vrai, avait-elle tonné. Au fait, nous venons de recevoir les instructions pour l’an prochain. On ne commence plus l’étude du commentaire composé en seconde : les élèves n’y arrivent plus. »

Non, ma chance fut qu’en ces années, sous prétexte de formation pédagogique en IUFM, les jeunes professeurs stagiaires n’effectuaient qu’un tiers de temps devant leur classe. Je pus donc préparer mes cours avec soin, réfléchir à la progression de mes séances pour mener mes gentils illettrés, et ceux, brillants et vifs, que je ne voulais pas sacrifier, à lire en entier les six cents pages des Travailleurs de la Mer… et à les comprendre. Je pus souffler un peu, de temps en temps, car ceux qui n’ont jamais donné un cours ne savent pas quelle énergie doit déployer celui qui, pendant une heure ou deux, doit captiver des esprits que tout attire ailleurs. J’ignore si je fus, cette année-là, un bon professeur. L’expérience m’a donné depuis cette assurance qui fait une part essentielle du métier. Et je sais que je serais aujourd’hui, si je retournais là-bas, bien meilleure que je ne fus. Et sans doute heureuse – mais je le fus aussi à l’époque, et le plaisir d’enseigner ne m’a jamais quittée. Mais au moins certains de ces jeunes m’ont-ils remerciée, à la fin de l’année, pour ce que je leur avais donné. Tout en me disant, à moi qui me pensais sévère, qu’il fallait l’être davantage, pour ne pas retarder ceux qui voulaient travailler. J’ai retenu la leçon et suis désormais impitoyable. Ce qui me permet beaucoup plus d’empathie.

De cette année, je garde surtout l’idée que le plus grave n’est pas d’être jeté dans une classe sans formation, mais d’y être sans le temps nécessaire pour reconstituer ses forces. Et sans ces connaissances exigeantes qui m’ont sauvée, en me permettant de décortiquer tel mot qu’ils ne comprenaient pas avec force latin et phonétique historique, de leur proposer ce roman que mes collègues pensaient inaccessible pour eux, et de leur donner la fierté de le lire en leur disant que, même dans les lycées les plus réputés, on hésitait à l’imposer en seconde.

Je regrette surtout de n’avoir pas eu l’occasion d’entrer dans des classes, d’y voir ce que faisaient mes aînés, en français et dans les autres disciplines, pour m’en imprégner ou m’en démarquer, parce que je crois que l’enseignement n’est rien d’autre qu’un artisanat, que cent fois sur le métier, il convient de remettre l’ouvrage, pour enfin prendre le geste.

Ces lignes, sans doute, ne sauveront pas de leur détresse ces jeunes professeurs envoyés pour colmater les brèches d’un navire en perdition. Ces lignes ne leur épargneront pas les moments d’effarement devant l’ampleur du désastre, et le triste sentiment qu’il est déjà trop tard, que tant d’intelligence sont sacrifiées et qu’ils n’y changeront rien. Mais ils vivront aussi quelques moments de grâce, qui leur prouveront que ce savoir dont ils sont dépositaires, certains élèves l’attendent de toutes leurs forces, parce qu’ils ne l’obtiendront que d’eux. Ce jour-là, ils sauront, malgré tout, que tout cela a un sens.
Frisouille
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Enchanteur

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par Frisouille Jeu 21 Oct 2010 - 1:16
Alea jacta est

Jeunes profs, jetés dans l'arène

Courage courage


Le métier le vaut, mais le combat est dur, après encore plus...
Fourseasons
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Grand sage

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par Fourseasons Mar 2 Nov 2010 - 10:43
Un autre témoignage sur lci.fr :

"On ne nous a même pas appris à apprendre !"

Témoignage - Elle fait partie des quelque 15.000 enseignants-stagiaires qui ont fait leur première rentrée cette année, sans aucune formation : Maryline, 22 ans, est devenue prof d'anglais au collège. Alors que Luc Chatel a promis aux syndicats un premier bilan en novembre, elle raconte à TF1 News ses tribulations et son malaise.

Elle n'avait pas vu d'élèves de collège depuis des années. En fait depuis le temps où elle était elle-même collégienne. Alors, quand elle se retrouve devant une classe de 5e avec tous ces yeux qui la dévisagent, la jeune femme a soudainement très chaud, son visage s'empourpre. "Mon dieu, je ne fais pas du tout crédible là..." C'était le 6 septembre. Maryline*, enseignante-stagiaire de 22 ans, fait sa rentrée dans un collège de banlieue parisienne. La voilà prof d'anglais, jetée dans le grand bain de l'Education sans savoir nager. L'absence de formation est l'une des conséquences de la réforme du recrutement des professeurs voulue par le gouvernement.


"Cela peut sembler idiot mais personne ne nous a jamais expliqué que dire, quoi faire le jour de la rentrée. Il n'y pas eu de simulation avec d'autres stagiaires qui auraient joué les élèves... ", déplore Maryline. Un silence et elle ajoute, amère : "En fait, on ne nous a même pas appris à apprendre !" Quand on écoute la jeune prof, jointe durant son congé de la Toussaint -"des vacances passées à préparer des cours et dormir"-, on hésite constamment entre le rire et la pitié. Les situations décrites friseraient le burlesque s'il n'était pas ici question d'Education, de l'avenir des jeunes et de la santé de leurs profs.

"J'avais l'impression d'être une actrice"

L'enseignement n'est pas une vocation pour Maryline, "malheureusement". A la fin de ses études d'anglais, elle fait ce choix pour ne pas "crever la dalle" comme interprète. On lui demande comment elle imaginait le métier. Elle, du tac au tac : "Mais je n'ai pas eu le temps de me projeter !" Et de décrire l'année de préparation au Capes, le nez plongé dans ses bouquins ; le jour du concours ; l'attente des résultats -bingo-, l'attente pour connaître l'académie d'affectation -Versailles-, l'attente du nom du collège. Elle écope de trois niveaux, alors que la réforme en prévoyait deux par prof-stagiaire. Râpé. Maryline a une classe de 6e, trois de 5e et une de 4e. Total des cours : 16 heures face aux élèves, au lieu de 6 heures pour les débutants de l'an dernier.

"Les premiers cours ne sont pas les plus difficiles, explique la jeune femme. On fait connaissance, on présente le programme, on essaye de faire semblant de savoir où l'on va..." En baissant la voix, elle confie "honteuse" avoir eu l'impression "d'être une actrice". Elle réussit à "faire illusion" une semaine, en meublant son cours de deux-trois mots in english ici et là. "Cette première semaine terminée, je me suis dit qu'il allait bien falloir s'y mettre vraiment".

"Le gouvernement nous bazarde"

S'y mettre ? Acheter les manuels, préparer les cours. "J'ai dispatché tous les bouquins sur le canapé de mon studio me demandant "par où je commence". J'en avais aucune idée, je n'avais jamais préparé de cours !" Ce vendredi 10 septembre au soir, Maryline a une sacrée envie de pleurer. D'ailleurs, c'est ce qu'elle fait en appelant sa mère. "Attendez, je précise que je ne suis pas du genre à faire ma Cosette, reprend-elle. Je suis quelqu'un de dynamique et j'ai fait hypokhâgne, alors le boulot et les emplois du temps surchargés, je suis habituée". La jeune femme fustige le gouvernement et sa réforme : "on est bazardé comme ça après avoir passé un concours difficile. On ne nous donne pas les bons outils, on souffre d'être autant méprisé après s'être investi autant...". "Je n'ai pas beaucoup d'expérience, poursuit Maryline mais pour moi, gérer une classe ça veut juste dire que vos cours sont béton et que donc vous arrivez à intéresser vos élèves. Mais là, même mes propres cours ne m'intéressent pas, alors les élèves, vous pensez !"

Dans son malheur, la jeune femme a la chance d'avoir une tutrice. Ce système de tutorat remplace la formation pédagogique à l'IUFM. Elle est prof d'anglais, comme elle, et dans le même établissement. Ce n'est pas toujours le cas. "Un jour, plusieurs semaines après la rentrée, elle est venue assister à l'un de mes cours, raconte Maryline. Après une heure de cours, elle avait noté 4 pages recto-verso de critiques !"

Mais aujourd'hui, ça va mieux, non ? "Non !, se lamente Maryline. Je ne pensais pas qu'on devenait prof sans formation". Depuis la rentrée, la jeune femme a été arrêtée en moyenne une fois par semaine. Grosse migraineuse depuis longtemps, elle fait plus de crises qu'avant. Elle s'est également mise aux somnifères. Etrangement après le tableau dépeint, elle ne songe pas une seconde à démissionner. Motivation première : les élèves, "ils sont quand même vachement attachants même si parfois difficiles". Elle raconte avec un plaisir évident cet élève venu la voir le deuxième cours. "Il m'a dit qu'il n'aimait pas l'anglais avant moi !" Et cet autre ado de 12 ans qui lui avait fait un dessin. "Ça fait du bien", soupire-t-elle. Elle rigole : "Cela dit, c'était au début quand je faisais encore illusion ! Depuis, je n'ai pas eu de témoignages positifs !"


http://lci.tf1.fr/france/societe/2010-10/on-ne-nous-a-meme-pas-appris-a-apprendre-6118526.html
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frankenstein
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par frankenstein Mar 2 Nov 2010 - 11:20



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Si les élections pouvaient changer la société, elles seraient interdites.
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