- AnguaGrand sage
ce qui est bien, dans ce métier, c'est que chaque année, on en découvre...
Cette année, l'adolescente mal dans sa peau. Mais alors... mal à en éclater. :|
Acte 1: Rentrée. je demande à mes élèves d'écrire un paragraphe pour que je les connaisse mieux (objectif annoncé), sur ce qu'ils veulent: leur vie, leurs projets, leurs lectures... ça peut être personnel ou très général. H. m'écrit qu'elle "a longtemps vécu dans le noir parce qu'elle était anorexique."
Un peu étonnée qu'elle le dise si vite, je range la fiche avec les autres en attendant de voir.
Acte 2: Première semaine de cours. H vient me demander si je serais d'accord pour lui corriger des textes, parce qu'elle écrit beaucoup et aime ça. Moi, sur le souvenir des aventures d'une souricette en 3 épisodes l'an dernier en 6e, j'accepte.
Sauf que...
Foin d'histoire mignonne. "J'prends des cachets pour dormir, j'me scarifie, j'm'en fous d'la vie." Je cours faire connaissance avec l'infirmière: l'élève est repérée, suivie, mais la communication avec la famille est difficile et il n'est pas facile de démêler le vrai du faux du mal-être, bien réel lui.
Acte 3: Je rends son texte à H., lui explique qu'elle m'a écrit des choses inquiétantes et l'infirmière va la rencontrer pour faire le point avec elle. Elle le prend avec le sourire, me dit qu'elle a fait de grosses dépressions, est suivie. Le même jour, je rencontre l'AS qui avait eu vent de l'histoire et sortait d'une formation sur la prévention du suicide chez les jeunes (pas franchement rassurante, pour le coup...)
Interlude: les semaines s'enchaînent, le PP est averti, on la surveille tous plus ou moins du coin de l'oeil. Personnellement, je garde les yeux rivés sur les élèves "à surveiller" en classe et la traite comme les "classiques"
Acte 4: Entrée en classe ce matin, au moment de sortir ses affaires, H. s'effondre sur la table et pleure toutes les larmes de son corps. Je lui propose d'aller à l'infirmerie "Non, j'ai pas envie de parler", de se passer un peu d'eau sur le visage: "Non, ça va pas s'arranger avec de l'eau -Je sais bien, mais là, tu es en classe, ne te laisse pas abattre, laisse tes soucis à la porte..." Je lui pose une main sur l'épaule, prends mon ton le plus doux qui soit pour lui dire de se redresser, de respirer un grand coup, elle finit par lever les yeux vers moi et me fait un brouillon de sourire quand je lui dis qu'elle ne va quand même pas rester là à bouder comme un enfant la tête entre ses bras... mais le sourire est passager, les autres sont installés et suivent avidement le spectacle. Je décide de la laisser tranquille et commence le cours.
Quelques minutes après, les gros sanglots sont finis, mais ça ne va toujours pas, elle demande à sortir et part à l'infirmerie avec une copine.
Pff.
Concrètement, à part croiser les doigts pour que ça aille mieux? Tout le possible est fait pour elle niveau institutionnel et je sais que c'est au-delà de mes compétences... avez-vous déjà eu des cas de ce genre?
Cette année, l'adolescente mal dans sa peau. Mais alors... mal à en éclater. :|
Acte 1: Rentrée. je demande à mes élèves d'écrire un paragraphe pour que je les connaisse mieux (objectif annoncé), sur ce qu'ils veulent: leur vie, leurs projets, leurs lectures... ça peut être personnel ou très général. H. m'écrit qu'elle "a longtemps vécu dans le noir parce qu'elle était anorexique."
Un peu étonnée qu'elle le dise si vite, je range la fiche avec les autres en attendant de voir.
Acte 2: Première semaine de cours. H vient me demander si je serais d'accord pour lui corriger des textes, parce qu'elle écrit beaucoup et aime ça. Moi, sur le souvenir des aventures d'une souricette en 3 épisodes l'an dernier en 6e, j'accepte.
Sauf que...
Foin d'histoire mignonne. "J'prends des cachets pour dormir, j'me scarifie, j'm'en fous d'la vie." Je cours faire connaissance avec l'infirmière: l'élève est repérée, suivie, mais la communication avec la famille est difficile et il n'est pas facile de démêler le vrai du faux du mal-être, bien réel lui.
Acte 3: Je rends son texte à H., lui explique qu'elle m'a écrit des choses inquiétantes et l'infirmière va la rencontrer pour faire le point avec elle. Elle le prend avec le sourire, me dit qu'elle a fait de grosses dépressions, est suivie. Le même jour, je rencontre l'AS qui avait eu vent de l'histoire et sortait d'une formation sur la prévention du suicide chez les jeunes (pas franchement rassurante, pour le coup...)
Interlude: les semaines s'enchaînent, le PP est averti, on la surveille tous plus ou moins du coin de l'oeil. Personnellement, je garde les yeux rivés sur les élèves "à surveiller" en classe et la traite comme les "classiques"
Acte 4: Entrée en classe ce matin, au moment de sortir ses affaires, H. s'effondre sur la table et pleure toutes les larmes de son corps. Je lui propose d'aller à l'infirmerie "Non, j'ai pas envie de parler", de se passer un peu d'eau sur le visage: "Non, ça va pas s'arranger avec de l'eau -Je sais bien, mais là, tu es en classe, ne te laisse pas abattre, laisse tes soucis à la porte..." Je lui pose une main sur l'épaule, prends mon ton le plus doux qui soit pour lui dire de se redresser, de respirer un grand coup, elle finit par lever les yeux vers moi et me fait un brouillon de sourire quand je lui dis qu'elle ne va quand même pas rester là à bouder comme un enfant la tête entre ses bras... mais le sourire est passager, les autres sont installés et suivent avidement le spectacle. Je décide de la laisser tranquille et commence le cours.
Quelques minutes après, les gros sanglots sont finis, mais ça ne va toujours pas, elle demande à sortir et part à l'infirmerie avec une copine.
Pff.
Concrètement, à part croiser les doigts pour que ça aille mieux? Tout le possible est fait pour elle niveau institutionnel et je sais que c'est au-delà de mes compétences... avez-vous déjà eu des cas de ce genre?
- ProvenceEnchanteur
j'ai déjà eu un cas de ce genre. L'élève était dépressive au collège. Elle est maintenant hospitalisée le jour. Elle se scarifie et tente régulièrement de se suicider. Je pense qu'elle finira par y parvenir. Je ne suis pas encourageante, mais nous sommes complètement démunis face aux troubles psychologiques et psychiatriques de nos élèves. Tu as contacté l'infirmière, c'était la chose à faire. Bon courage!
- sandGuide spirituel
Les scarifications m'épouvantent. Quand j'en vois, je parle avec l'élève, ça me rend malade.
- nuagesGrand sage
Dans ma classe de seconde plusieurs filles en grande détresse, de très sombres histoires familiales que je ne peux dévoiler ici , mais les conséquences sont très lourdes sur les petites adolescentes, je crains même que ce ne soit irréversible
- CavaGrand sage
Courage!
On doit se sentir tjrs un peu demuni face à de telles situations!
On doit se sentir tjrs un peu demuni face à de telles situations!
- roxanneOracle
Mais au final , je me demande si le mieux qu'on puisse faire , nous , en tant que prof , ben ce n'est pas tout simplement les faire bosser, et au même titre que les autres.On peut bien sûr écouter et entendre la détresse , mais il y a l'as , l'infirmière et le reste pour la prise en charge.
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