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- roxanneOracle
Encore une fois , je nuancerai le prpos qui consiste à penser qu'avant il n' y avait pas besoin de charisme pour enseigner.Il n'y a qu'à parler avec nos parents ou même des gens plus âgés pour comprendre qu'il y a toujours eu des profs chahutés ou au contraire au grand charisme.Evidemment , les choses ont changé mais il est vrai aussi que même dans des classes difficiles , les pires ZEP APV violence, il y a des profs qui y arrivent mieux que d'autres..pourquoi , comment? Il y a effectivement une part d'autorité naturelle inexplicable .Mais ce serait aussi simpliste de s'arrêter là : l'autorité ça se travaille , ça s'acquiert par des expériences malheureuses parfois .Il n'y a rien d'iirécupérable, comme il n'y a rien définitivement acquis d'ailleurs..Mais tout dépend des classes , des moments , de son propre état à un moment donné.
- Reine MargotDemi-dieu
Il y avait en effet des profs chahutés autrefois, mais justement rares étaient ceux qui "ne savaient pas tenir leur classe", alors qu'aujourd'hui plus personne ne peut sérieusement se dire absolument à l'abri . de plus on remarque que face au même prof, les classes ne réagissent pas toutes pareil. Un prof pas forcément hyper à l'aise ne sera pas bordélisé dans un étb, et testé en permanence dans un autre. certains élèves viennent pour travailler, d'autres pour tester le prof.
ce qui fait la différence, c'est qu'une société accepte ou non que les élèves testent systématiquement le prof. Ou si on décide qu'ils sont là pour bosser.
Est-ce le prof qui, par son charisme, doit s'imposer face aux élèves? Ou les élèves, qui prof charismatique ou non, doivent être là pour apprendre? si on trouve normal que les élèves testent, alors oui on est mal partis...
ce qui fait la différence, c'est qu'une société accepte ou non que les élèves testent systématiquement le prof. Ou si on décide qu'ils sont là pour bosser.
Est-ce le prof qui, par son charisme, doit s'imposer face aux élèves? Ou les élèves, qui prof charismatique ou non, doivent être là pour apprendre? si on trouve normal que les élèves testent, alors oui on est mal partis...
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- lene75Prophète
roxanne a écrit:Encore une fois , je nuancerai le prpos qui consiste à penser qu'avant il n' y avait pas besoin de charisme pour enseigner.Il n'y a qu'à parler avec nos parents ou même des gens plus âgés pour comprendre qu'il y a toujours eu des profs chahutés ou au contraire au grand charisme.Evidemment , les choses ont changé mais il est vrai aussi que même dans des classes difficiles , les pires ZEP APV violence, il y a des profs qui y arrivent mieux que d'autres..
Sauf que la proportion s'est inversée... Quand on en parle à nos parents, les profs chahutés, c'était 2 ou 3 dans toute une scolarité (jusqu'au bac), quand j'étais élève c'était un tous les deux ans, parfois un par an (dans un lycée "de centre ville"), et maintenant ?
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- Reine MargotDemi-dieu
lene75 a écrit:roxanne a écrit:Encore une fois , je nuancerai le prpos qui consiste à penser qu'avant il n' y avait pas besoin de charisme pour enseigner.Il n'y a qu'à parler avec nos parents ou même des gens plus âgés pour comprendre qu'il y a toujours eu des profs chahutés ou au contraire au grand charisme.Evidemment , les choses ont changé mais il est vrai aussi que même dans des classes difficiles , les pires ZEP APV violence, il y a des profs qui y arrivent mieux que d'autres..
Sauf que la proportion s'est inversée... Quand on en parle à nos parents, les profs chahutés, c'était 2 ou 3 dans toute une scolarité (jusqu'au bac), quand j'étais élève c'était un tous les deux ans, parfois un par an (dans un lycée "de centre ville"), et maintenant ?
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- roxanneOracle
hum..tous les élèves testent les profs et depuis toujours..après , c'est évident qu'il y a test et test et qu'aujourd'hui des limites inacceptables sont franchiesmarquisedemerteuil a écrit:Il y avait en effet des profs chahutés autrefois, mais justement rares étaient ceux qui "ne savaient pas tenir leur classe", alors qu'aujourd'hui plus personne ne peut sérieusement se dire absolument à l'abri . de plus on remarque que face au même prof, les classes ne réagissent pas toutes pareil. Un prof pas forcément hyper à l'aise ne sera pas bordélisé dans un étb, et testé en permanence dans un autre. certains élèves viennent pour travailler, d'autres pour tester le prof.
ce qui fait la différence, c'est qu'une société accepte ou non que les élèves testent systématiquement le prof. Ou si on décide qu'ils sont là pour bosser.
Est-ce le prof qui, par son charisme, doit s'imposer face aux élèves? Ou les élèves, qui prof charismatique ou non, doivent être là pour apprendre? si on trouve normal que les élèves testent, alors oui on est mal partis...
- LoEsprit sacré
Nasopi a écrit:Alors là, moi, je n'ai aucune, mais aucune autorité naturelle :lol: . Je suis toute petite, toute réservée, je n'ai aucune répartie...
D'ailleurs, les premières années, je me suis fait complètement bordéliser.
Mais même si tu n'as pas d'autorité naturelle, tu peux te travailler et t'améliorer ; il y a des trucs qui viennent avec l'expérience. En ce qui me concerne, je n'ai plus de problèmes majeurs de discipline avec mes classes.
Mais il est vrai que je ne suis pas en ZEP.
Nasopi tu me donnes de l'espoir!
- lene75Prophète
roxanne a écrit:hum..tous les élèves testent les profs et depuis toujours..après , c'est évident qu'il y a test et test et qu'aujourd'hui des limites inacceptables sont franchies
Non, pas ceux que j'ai eus cette année, qui doivent pas mal ressembler aux élèves "d'avant".
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- Reine MargotDemi-dieu
roxanne a écrit:hum..tous les élèves testent les profs et depuis toujours..après , c'est évident qu'il y a test et test et qu'aujourd'hui des limites inacceptables sont franchiesmarquisedemerteuil a écrit:Il y avait en effet des profs chahutés autrefois, mais justement rares étaient ceux qui "ne savaient pas tenir leur classe", alors qu'aujourd'hui plus personne ne peut sérieusement se dire absolument à l'abri . de plus on remarque que face au même prof, les classes ne réagissent pas toutes pareil. Un prof pas forcément hyper à l'aise ne sera pas bordélisé dans un étb, et testé en permanence dans un autre. certains élèves viennent pour travailler, d'autres pour tester le prof.
ce qui fait la différence, c'est qu'une société accepte ou non que les élèves testent systématiquement le prof. Ou si on décide qu'ils sont là pour bosser.
Est-ce le prof qui, par son charisme, doit s'imposer face aux élèves? Ou les élèves, qui prof charismatique ou non, doivent être là pour apprendre? si on trouve normal que les élèves testent, alors oui on est mal partis...
En effet il y a test et test...les élèves d'avant testaient mais plus discrètement et il suffisait de reprendre et sanctionner un peu, ils n'insistaient pas. maintenant, c'est un jeu que d'obliger le prof à punir, de l'énerver. c'est plus drôle que l'heure de cours se passe en joutes verbales prof-élève qu'à apprendre. Surtout, mon père, élève chahuteur renvoyé de tous les étb publics dans les années 60, m'a raconté qu'il ne répondait jamais en face à un prof, il faisait ses bêtises en cachette...
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- derouteÉrudit
Et c'est ce qui me fait toujours reculer. Je sais que je n'ai pas confiance en moi et j'ai vraiment peur d'être bléssée et humiliée par des élèves qui en profiteraient. Il faut vraiment que je travaille ça. Mais les jours où je vais bien et où je me sens bien , rien ne peut m'arrêter et les élèves ne m'atteignent pas. Je me demande juste si je pourrais faire toute ma vie un métier qui exige d'être bien dans sa peau tous les jours
- totoroMonarque
Il y en a quelques un(e)s que évoquent le fait de travailler leur autorité. Comment avez-vous fait?
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- carole17Niveau 6
[quote="marquisedemerteuil"]
Avant de perdre pied face à une classe qui jouait avec mes nerfs, je ne m'étais jamais posé de questions concernant mon charisme ou mon autorité. J'ai été surveillante plusieurs années et cela me paraissait moins difficile d'enseigner que "tenir" 50 gamins oisifs et déchaînés en étude.
Quand je lis vos témoignages, il y en a beaucoup que je voudrais citer, reprendre...
Les adultes ont tous la dose suffisante d'autorité naturelle, puisqu'ils sont adultes.
Je ne veux pas me montrer "catastrophiste", mais je trouve que les dérapages de groupe/classe sont de plus en plus fréquents. Il ne s'agit plus aujourd'hui de faire face à quelques trublions, qu'on pouvait isoler et sanctionner, mais bien à une intelligence de groupe qui, du jeu, va parfois jusqu'au sabotage pur et simple. De la malveillance.
Certes, ce sont des adolescents. D'accord. Mais je rencontre beaucoup d'enseignants désemparés. Et pas seulement de jeunes professeurs, au contraire même...
L'autorité est naturelle chez l'adulte, mais elle repose ensuite sur un accord, sur un contrat tacite entre professeurs et élèves, entre parents et enfants de la même manière. Chacun devrait rester à sa place. Quand ce contrat n'est pas respecté, pourquoi se poser des questions, comment se remettre en question ? Sur quelles bases ?
C'est vrai, nous avons le sentiment d'endosser l'autorité comme un beau costume, parfois... Nous le faisons chacun à notre manière, conscients de la nécessité d'installer et de maintenir de bonnes conditions pour travailler... Mais j'entends de plus en plus de collègues dire :" Avec eux, moi, je suis très méchant(e), il n'y a que cela qui marche...", et donner quelques exemples.
Jusqu'à présent, je n'avais jamais fonctionné avec la schlague. Pas mon truc. Moi, je fonctionne au "rythme" : une séance bien rythmée ne laisse pas beaucoup de temps pour les glissades. Mais maintenant je sais qu'avec certaines classes, dans certains établissements, pas les plus difficiles, j'insiste bien, je travaillerai sur le rapport de force : ils veulent être punis, je les punirai. Je convoquerai systématiquement les parents. J'exigerai jusqu'à l'obtenir ce que j'estimais évident hier. Et je ne remettrai plus jamais en question ma manière de fonctionner et d'excercer mon autorité avant d'avoir obtenu cela.
roxanne a écrit:marquisedemerteuil a écrit:Il y avait en effet des profs chahutés autrefois, mais justement rares étaient ceux qui "ne savaient pas tenir leur classe", alors qu'aujourd'hui plus personne ne peut sérieusement se dire absolument à l'abri . de plus on remarque que face au même prof, les classes ne réagissent pas toutes pareil. Un prof pas forcément hyper à l'aise ne sera pas bordélisé dans un étb, et testé en permanence dans un autre. certains élèves viennent pour travailler, d'autres pour tester le prof.
ce qui fait la différence, c'est qu'une société accepte ou non que les élèves testent systématiquement le prof. Ou si on décide qu'ils sont là pour bosser.
Est-ce le prof qui, par son charisme, doit s'imposer face aux élèves? Ou les élèves, qui prof charismatique ou non, doivent être là pour apprendre? si on trouve normal que les élèves testent, alors oui on est mal partis...[/quote]
hum..tous les élèves testent les profs et depuis toujours..après , c'est évident qu'il y a test et test et qu'aujourd'hui des limites inacceptables sont franchies
En effet il y a test et test...les élèves d'avant testaient mais plus discrètement et il suffisait de reprendre et sanctionner un peu, ils n'insistaient pas. maintenant, c'est un jeu que d'obliger le prof à punir, de l'énerver. c'est plus drôle que l'heure de cours se passe en joutes verbales prof-élève qu'à apprendre. Surtout, mon père, élève chahuteur renvoyé de tous les étb publics dans les années 60, m'a raconté qu'il ne répondait jamais en face à un prof, il faisait ses bêtises en cachette...
Avant de perdre pied face à une classe qui jouait avec mes nerfs, je ne m'étais jamais posé de questions concernant mon charisme ou mon autorité. J'ai été surveillante plusieurs années et cela me paraissait moins difficile d'enseigner que "tenir" 50 gamins oisifs et déchaînés en étude.
Quand je lis vos témoignages, il y en a beaucoup que je voudrais citer, reprendre...
Les adultes ont tous la dose suffisante d'autorité naturelle, puisqu'ils sont adultes.
Je ne veux pas me montrer "catastrophiste", mais je trouve que les dérapages de groupe/classe sont de plus en plus fréquents. Il ne s'agit plus aujourd'hui de faire face à quelques trublions, qu'on pouvait isoler et sanctionner, mais bien à une intelligence de groupe qui, du jeu, va parfois jusqu'au sabotage pur et simple. De la malveillance.
Certes, ce sont des adolescents. D'accord. Mais je rencontre beaucoup d'enseignants désemparés. Et pas seulement de jeunes professeurs, au contraire même...
L'autorité est naturelle chez l'adulte, mais elle repose ensuite sur un accord, sur un contrat tacite entre professeurs et élèves, entre parents et enfants de la même manière. Chacun devrait rester à sa place. Quand ce contrat n'est pas respecté, pourquoi se poser des questions, comment se remettre en question ? Sur quelles bases ?
C'est vrai, nous avons le sentiment d'endosser l'autorité comme un beau costume, parfois... Nous le faisons chacun à notre manière, conscients de la nécessité d'installer et de maintenir de bonnes conditions pour travailler... Mais j'entends de plus en plus de collègues dire :" Avec eux, moi, je suis très méchant(e), il n'y a que cela qui marche...", et donner quelques exemples.
Jusqu'à présent, je n'avais jamais fonctionné avec la schlague. Pas mon truc. Moi, je fonctionne au "rythme" : une séance bien rythmée ne laisse pas beaucoup de temps pour les glissades. Mais maintenant je sais qu'avec certaines classes, dans certains établissements, pas les plus difficiles, j'insiste bien, je travaillerai sur le rapport de force : ils veulent être punis, je les punirai. Je convoquerai systématiquement les parents. J'exigerai jusqu'à l'obtenir ce que j'estimais évident hier. Et je ne remettrai plus jamais en question ma manière de fonctionner et d'excercer mon autorité avant d'avoir obtenu cela.
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espèce en voie de disparition
- NasopiBon génie
Nasopi tu me donnes de l'espoir!
Tant mieux, Elo ; c'est vrai que j'ai passé quelques années difficiles à me désespérer sur mes capacités en la matière ; ça m'aurait beaucoup aidée, à l'époque, d'avoir quelqu'un pour me dire que tout n'était pas perdu .
Il y en a quelques un(e)s que évoquent le fait de travailler leur autorité. Comment avez-vous fait?
Pour ce qui est de travailler son autorité, c'est quelque chose qui pour moi s'est fait assez naturellement, en somme : petit à petit, j'ai vu ce qui ne fonctionnait pas, j'ai essayé d'améliorer, j'ai fait des essais... En fait, ça m'a bien servi d'être TZR et de changer d'établissement chaque année, au début, parce que je n'avais pas ma réputation qui me suivait !
Je continue d'ailleurs à changer des trucs, à améliorer (j'espère !) ma façon de faire.
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"Donne-moi la sérénité nécessaire pour accepter telles qu’elles sont les choses qu’on ne peut pas changer, donne-moi le courage de changer celles qui doivent l’être ; donne-moi la sagesse qui permet de discerner les unes et les autres." (Marc-Aurèle)
- JPhMMDemi-dieu
Cultiver son autorité est une chose bien difficile. Quelques pistes pourtant, uniquement par expérience personnelle, elles n'engagent donc que moi :
* Chaque professeur qui entre dans sa salle de cours entre en représentation. Il me semble important d'adopter cette posture, c'est-à-dire de porter l'uniforme (voire le masque) de la fonction d'enseignant, non seulement pour se protéger en tant qu'individu (toute attaque vise le masque et non plus la personne) mais aussi parce que cela a un effet sur les élèves, en général. Soyez investi par la fonction, cela vous donnera de la force.
*Vous êtes l'autorité, de droit. Et de fait. Refusez tout déplacement sans votre autorisation. Donnez-vous la possibilité de changer de place tout élève sans préavis, à tout instant. Usez de cette possibilité avec parcimonie, non pas sur un coup de tête, mais de façon réfléchie, professionnelle disons. Vous prenez cette décision parce que c'est la seule qui vaille. C'est ce que doivent se dire les élèves, même s'ils peuvent exprimer le contraire (parce certains doivent faire bonne figure auprès de leurs pairs. Le groupe classe est un groupe social compliqué pour eux, avec lequel ils doivent composer). Les élèves souffrent plus encore que vous du bruit ou du manque de respect. Ils sont venus pour travailler, et non pour subir des ricanements (qui les blessent à chaque fois), ou pour supporter un bruit permanent. Ils attendent de vous que vous soyez l'autorité pour les protéger et leur permettre d'apprendre. N'ayez aucun scrupule à exercer cette autorité. Mieux vous l'exercerez, mieux ils vivront vos cours.
* Toujours garder son calme, et ainsi agir dans le sens inverse des provocations des élèves. Ils s'énervent, soyez de plus en plus calme, réfléchi (ne jamais céder à la panique, toujours se donner le temps de rester raisonnable). Ils parlent vite, trop, gagnez en efficacité en parlant très posément, en peu de mots. Ils deviennent impolis, répondez en élevant le niveau de langage, en devenant plus "professoral".
* Ayez une franchise qui soit désarmante en parlant de ce que vous (comme incarnation de la fonction) comprenez de la situation. Par exemple : "Je n'ai aucun mal à comprendre qu'à cette heure vous commencez à ressentir les effets de cette longue journée. Mais cette heure n'est pas moins importante que la première. Vous savez que j'attends de vous attention et sérieux. Et si d'aventure vous n'aviez pas la qualité d'être en ces dispositions, je saurais faire usage de tous les moyens à ma disposition pour les obtenir. Ai-je été absolument clair ?"
* Clairement, les élèves ne se comportent pas de la même façon face à un enseignant et face à une enseignante. Je pense que la voix y est pour quelque chose. Presque inconsciemment, lorsqu'il me faut gagner en autorité, ma voix devient plus grave. Posé spatialement en un endroit où je peux resserrer mon pouvoir sur la classe, prenant une posture dominante (façon mâle alpha dirait un éthologue), parlant très distinctement, déliant les syllabes très posément, la voix plus profonde (en plus, souvent inconsciemment, je me mets alors à vouvoyer les élèves), l'effet est immédiat. On peut le déplorer, mais souvent (pas toujours) c'est très efficace.
* Tenir toujours toute sanction que l'on a promise, sans colère ni amertume. Les élèves perçoivent étonnamment clairement la colère, et toute sanction est alors perçue comme une vengeance personnelle, ce qu'il faut éviter à tout prix. A cette fin, il me semble qu'il faut 1. rappeler la règle 2. verbaliser l'écart de comportement constaté 3. mettre l'élève en face de ses responsabilités 4. conclure par l'inéluctabilité de la sanction. Par exemple : "Jeune homme, il me semble hier avoir été parfaitement limpide sur le fait que je n'accepterai plus quelque oubli de matériel que ce soit. Or vous me dites ne pas avoir votre cahier de cours. Vous savez parfaitement ce qui va survenir, n'est-ce pas ? (il répond, ou pas) Veuillez déposer votre carnet de correspondance sur mon bureau, je vous prie, immédiatement."
* Chaque professeur qui entre dans sa salle de cours entre en représentation. Il me semble important d'adopter cette posture, c'est-à-dire de porter l'uniforme (voire le masque) de la fonction d'enseignant, non seulement pour se protéger en tant qu'individu (toute attaque vise le masque et non plus la personne) mais aussi parce que cela a un effet sur les élèves, en général. Soyez investi par la fonction, cela vous donnera de la force.
*Vous êtes l'autorité, de droit. Et de fait. Refusez tout déplacement sans votre autorisation. Donnez-vous la possibilité de changer de place tout élève sans préavis, à tout instant. Usez de cette possibilité avec parcimonie, non pas sur un coup de tête, mais de façon réfléchie, professionnelle disons. Vous prenez cette décision parce que c'est la seule qui vaille. C'est ce que doivent se dire les élèves, même s'ils peuvent exprimer le contraire (parce certains doivent faire bonne figure auprès de leurs pairs. Le groupe classe est un groupe social compliqué pour eux, avec lequel ils doivent composer). Les élèves souffrent plus encore que vous du bruit ou du manque de respect. Ils sont venus pour travailler, et non pour subir des ricanements (qui les blessent à chaque fois), ou pour supporter un bruit permanent. Ils attendent de vous que vous soyez l'autorité pour les protéger et leur permettre d'apprendre. N'ayez aucun scrupule à exercer cette autorité. Mieux vous l'exercerez, mieux ils vivront vos cours.
* Toujours garder son calme, et ainsi agir dans le sens inverse des provocations des élèves. Ils s'énervent, soyez de plus en plus calme, réfléchi (ne jamais céder à la panique, toujours se donner le temps de rester raisonnable). Ils parlent vite, trop, gagnez en efficacité en parlant très posément, en peu de mots. Ils deviennent impolis, répondez en élevant le niveau de langage, en devenant plus "professoral".
* Ayez une franchise qui soit désarmante en parlant de ce que vous (comme incarnation de la fonction) comprenez de la situation. Par exemple : "Je n'ai aucun mal à comprendre qu'à cette heure vous commencez à ressentir les effets de cette longue journée. Mais cette heure n'est pas moins importante que la première. Vous savez que j'attends de vous attention et sérieux. Et si d'aventure vous n'aviez pas la qualité d'être en ces dispositions, je saurais faire usage de tous les moyens à ma disposition pour les obtenir. Ai-je été absolument clair ?"
* Clairement, les élèves ne se comportent pas de la même façon face à un enseignant et face à une enseignante. Je pense que la voix y est pour quelque chose. Presque inconsciemment, lorsqu'il me faut gagner en autorité, ma voix devient plus grave. Posé spatialement en un endroit où je peux resserrer mon pouvoir sur la classe, prenant une posture dominante (façon mâle alpha dirait un éthologue), parlant très distinctement, déliant les syllabes très posément, la voix plus profonde (en plus, souvent inconsciemment, je me mets alors à vouvoyer les élèves), l'effet est immédiat. On peut le déplorer, mais souvent (pas toujours) c'est très efficace.
* Tenir toujours toute sanction que l'on a promise, sans colère ni amertume. Les élèves perçoivent étonnamment clairement la colère, et toute sanction est alors perçue comme une vengeance personnelle, ce qu'il faut éviter à tout prix. A cette fin, il me semble qu'il faut 1. rappeler la règle 2. verbaliser l'écart de comportement constaté 3. mettre l'élève en face de ses responsabilités 4. conclure par l'inéluctabilité de la sanction. Par exemple : "Jeune homme, il me semble hier avoir été parfaitement limpide sur le fait que je n'accepterai plus quelque oubli de matériel que ce soit. Or vous me dites ne pas avoir votre cahier de cours. Vous savez parfaitement ce qui va survenir, n'est-ce pas ? (il répond, ou pas) Veuillez déposer votre carnet de correspondance sur mon bureau, je vous prie, immédiatement."
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- EvaristeNiveau 7
lene75 a écrit:roxanne a écrit:Encore une fois , je nuancerai le prpos qui consiste à penser qu'avant il n' y avait pas besoin de charisme pour enseigner.Il n'y a qu'à parler avec nos parents ou même des gens plus âgés pour comprendre qu'il y a toujours eu des profs chahutés ou au contraire au grand charisme.Evidemment , les choses ont changé mais il est vrai aussi que même dans des classes difficiles , les pires ZEP APV violence, il y a des profs qui y arrivent mieux que d'autres..
Sauf que la proportion s'est inversée... Quand on en parle à nos parents, les profs chahutés, c'était 2 ou 3 dans toute une scolarité (jusqu'au bac), quand j'étais élève c'était un tous les deux ans, parfois un par an (dans un lycée "de centre ville"), et maintenant ?
Je ne sais pas d'où tu tiens les infos mais, de mémoire, c'était plus
lene75 a écrit:roxanne a écrit:hum..tous les élèves testent les profs et depuis toujours..après , c'est évident qu'il y a test et test et qu'aujourd'hui des limites inacceptables sont franchies
Non, pas ceux que j'ai eus cette année, qui doivent pas mal ressembler aux élèves "d'avant".
Tu n'imagines pas l'inventivité qu'il fallait déployer (dans un cadre plus que rigide) pour construire un bordel organisé. Après, il faut savoir 'qu'avant" ne sera jamais "demain"
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Quand on ne sait pas où on va il faut y aller.... et le plus vite possible
- EvaristeNiveau 7
JPhMM c'est totalement retrograde ce discours mais je confirme: aujourd'hui, ça marche
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Quand on ne sait pas où on va il faut y aller.... et le plus vite possible
- JPhMMDemi-dieu
Evariste a écrit:JPhMM c'est totalement retrograde ce discours mais je confirme: aujourd'hui, ça marche
Pour dire la vérité, je me fiche pas mal de savoir si ce discours est rétrograde ou pas. Ce qui est neuf n'est pas nécessairement plus vrai que ce qui est plus ancien (il y aurait tant à dire sur les effets de mode...). Je veux simplement que l'ensemble de mes élèves ait la possibilité de travailler dans de bonnes conditions, et je n'accepte pas qu'un ou plusieurs élèves puissent remettre cela en cause. Je leur refuse donc toute possibilité de gagner ce "pouvoir".
Et contrairement à ce que pourraient laisser penser mes propos plus haut, cela n'empêche pas que les cours se fassent dans la bonne humeur (bien au contraire suis-je tenté de dire).
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- Thierry75Niveau 10
Faire cours, c'est endosser le costume de prof, porter un masque (c'est essentiellement en cela que c'est du "théâtre" -même si la comparaison n'a que peu de valeur-). Il est également certain que le sexe joue un rôle, et cela uniquement -essentiellement ?- à cause de la voix -à étudier sérieusement, si ce n'est déjà fait. Personnellement, je suis d'une timidité pathologique -je crois que j'ai rarement vu quelqu'un d'aussi timide, voire jamais-, et cela ne m'empêche pas de faire cours, question de posture, de costume, de voix, et de savoir -tout cela se travaille.
- InvitéeHrÉrudit
Je suis aussi assez réservée et timide et j'ai appris à occuper l'espace en classe, c'était catastrophique au début, je me sentais de trop dans la salle, je restais planquée derrière le bureau et là j'arrive à circuler, à aller au fond de la salle, à passer derrière les élèves pour vérifier ce qu'ils font et ça change tout.
- Invité23Fidèle du forum
Bon, OK, il n'était pas prof, mais seulement surveillant...
Mais tout de même...
Mais tout de même...
Alphonse Daudet, Le petit Chose, 1868
Je pris donc possession de l’étude des moyens...
Je trouvai là une cinquantaine de méchants drôles, montagnards joufflus de douze à quatorze ans, fils de métayers enrichis, que leurs parents envoyaient au collège pour en faire de petits bourgeois, à raison de cent vingt francs par trimestre.
Grossiers, insolents, orgueilleux, parlant entre eux un rude patois cévenol auquel je n’entendais rien, ils avaient presque tous cette laideur spéciale à l’enfance qui mue, de grosses mains rouges avec des engelures, des voix de jeunes coq enrhumés, le regard abruti, et par là-dessus l’odeur du collège... Ils me haïrent tout de suite, sans me connaître. J’étais pour eux l’ennemi, le Pion ; et du jour où je m’assis dans ma chaire, ce fut la guerre entre nous, une guerre acharnée, sans trêve, de tous les instants.
Ah ! les cruels enfants, comme ils me firent souffrir !...
Je voudrais en parler sans rancune, ces tristesses sont si loin de nous !... Eh bien, non, je ne puis pas ; et tenez ! à l’heure même où j’écris ces lignes, je sens ma main qui tremble de fièvre et d’émotion. Il me semble que j’y suis encore.
Eux ne pensent plus à moi, j’imagine, ils ne se souviennent plus du petit Chose, ni de ce beau lorgnon qu’il avait acheté pour se donner l’air plus grave...
Mes anciens élèves sont des hommes maintenant, des hommes sérieux. Soubeyrol doit être notaire quelque part, là-haut, dans les Cévennes ; Veillon (cadet), greffier au tribunal ; Loupi, pharmacien, et Bouzanquet, vétérinaire. Ils ont des positions, du ventre, tout ce qu’il faut.
Quelquefois, pourtant, quand ils se rencontrent au cercle ou sur la place de l’église, ils se rappellent le bon temps du collège, et alors peut-être il leur arrive de parler de moi.
— Dis donc, greffier, te souviens-tu du petit Eyssette, notre pion de Sarlande, avec ses longs cheveux et sa figure de papier mâché ? Quelles bonnes farces nous lui avons faites !
C’est vrai, messieurs. Vous lui avez fait de bonnes farces, et votre ancien pion ne les a pas encore oubliées...
Ah ! le malheureux pion ! vous a-t-il assez fait rire ! L’avez-vous fait assez pleurer !... Oui, pleurer !... Vous l’avez fait pleurer, et c’est ce qui rendait vos farces bien meilleures...
Que de fois, à la fin d’une journée de martyre, le pauvre diable, blotti dans sa couchette, a mordu sa couverture pour que vous n’entendiez pas ses sanglots !...
C’est si terrible de vivre entouré de malveillance, d’avoir toujours peur, d’être toujours sur le qui-vive, toujours méchant, toujours armé, c’est si terrible de punir, ─ on fait des injustices malgré soi, ─ si terrible de douter, de voir partout des pièges, de ne pas manger tranquille, de ne pas dormir en repos, de se dire toujours, même aux minutes de trêve : « Ah ! mon Dieu !... Qu’est-ce qu’ils vont me faire, maintenant ? »
Non, vivrait-il cent ans, le pion Daniel Eyssette n’oubliera jamais tout ce qu’il souffrit au collège de Sarlande, depuis le triste jour où il entra dans l’étude des moyens.
- roxanneOracle
Ah le petit chose.....mon livre de chevet quand j'étais petite ..et effectivement les gamins n'étaient pas tendres..
- Reine MargotDemi-dieu
et surtout il y avait une hiérarchie très forte pion/professeur, à l'époque (voir l'enfant, de vallès), un surveillant n'était pas grand chose...
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
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- Reine MargotDemi-dieu
et d'ailleurs, quand bien même les profs bordélisés existaient avant, les élèves n'ont pas à bordéliser un adulte. Point. ce n'est pas normal.
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La famille Bélier
- DaphnéDemi-dieu
marquisedemerteuil a écrit:et d'ailleurs, quand bien même les profs bordélisés existaient avant, les élèves n'ont pas à bordéliser un adulte. Point. ce n'est pas normal.
Avant comme tu dis Marquise - et là je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans et même de 40....................... - il n'y avait pas de prof bordélisé car on était immédiatement exclus définitivement du système scolaire pour des choses qu'on ne remarquerait même pas aujourd'hui !!
Exclus aussi si les résultats n'étaient pas à la hauteur, tout cela après avoir accédé au lycée qui allait de la 6è aux classes prépas si et seulement si on pouvait suivre l'enseignement qui y était dispensé.
Alors si un prof /ou une discipline ne nous intéressait pas, on faisait autre chose discrètement mais on ne bordélisait pas le prof. Point. Juste parfois un peu de chahut "bon enfant" car on connaissait les limites à ne pas dépasser. Plus de l'humour que du chahut d'ailleurs.
- Reine MargotDemi-dieu
oui. Dans les années 60 mon père m'a raconté qu'ils avaient une note de discipline (impensable aujourd'hui, noter Monchérimoncoeur sur son comportement, quelle tyrannie!) : tu parlais à l'étude, -5, idem au dortoir, idem à la cantine...et arrivé à 0, tu étais collé tout le we.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- CarabasVénérable
En plus, le surveillant du Petit Chose a quoi? Un an de plus que les élèves? Rappelez-vous, il est pion parce qu'il ne peut entrer en terminale, faute d'argent... Et le fait d'être désargenté, conjugué à l'âge, joue dans l'attitude des élèves.marquisedemerteuil a écrit:et surtout il y avait une hiérarchie très forte pion/professeur, à l'époque (voir l'enfant, de vallès), un surveillant n'était pas grand chose...
5 points pour Gryffondor!marquisedemerteuil a écrit:oui. Dans les années 60 mon père m'a raconté qu'ils avaient une note de discipline (impensable aujourd'hui, noter Monchérimoncoeur sur son comportement, quelle tyrannie!) : tu parlais à l'étude, -5, idem au dortoir, idem à la cantine...et arrivé à 0, tu étais collé tout le we.
Ca me tue de me dire qu'à une autre époque j'aurais pu apprivoiser le métier.
Là, je suis partie comme une voleuse, comme si j'étais coupable.
Je n'ai pas été une bonne prof, j'ai merdé, mais ça ne mérite quand même pas un bannissement.
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Les chances uniques sur un million se réalisent neuf fois sur dix.
Terry Pratchett
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