- inviteeMNiveau 8
Bonjour à tous,
J'aimerais finir mon GT sur l'aventure en 5ème avec un texte qui me permettrait d'interroger le regard sur l'autre comme une façon de réfléchir aussi sur soi. Est-ce que vous auriez des idées de textes adaptés, qui pourraient plaire aux 5ème et apporter un éclairage intéressant sur cette question? Je pensais initialement à Jean de Léry, mais j'ai peur que ça ne soit un peu compliqué...
Merci d'avance!
J'aimerais finir mon GT sur l'aventure en 5ème avec un texte qui me permettrait d'interroger le regard sur l'autre comme une façon de réfléchir aussi sur soi. Est-ce que vous auriez des idées de textes adaptés, qui pourraient plaire aux 5ème et apporter un éclairage intéressant sur cette question? Je pensais initialement à Jean de Léry, mais j'ai peur que ça ne soit un peu compliqué...
Merci d'avance!
- inviteeMNiveau 8
Merci! J'avais prévu de le faire en cursive, mais ça peut aussi me permettre de lancer justement la lecture cursive...Il va me falloir essayer de leur donner envie de découvrir toute l'histoire!
- SeiGrand Maître
Juste pour info, j'avais fait un texte de Jean de Léry avec des 5e, et il était bien passé.
- Extrait:
- SEQUENCE 5 / Séance 3
Un témoin humaniste
Jean de Léry Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil
Jean de Léry publie en 1578 l’Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil qu’il a fait en 1557. Il y raconte les choses étonnantes qu’il a découvertes en Amérique, comme, par exemple, les mœurs des indigènes.
Chapitre XV « Comment les Américains traitent leurs prisonniers pris en guerre, et les cérémonies qu’ils observent tant à les tuer qu’à les manger ».
Après que tous les villages d’alentour de celui où sera le prisonnier auront été avertis du jour de l’exécution, hommes, femmes et enfants y étant arrivés de toute part, ce sera à danser, boire et caouïner toute la matinée. Même celui qui n’ignore pas qu’une telle assemblée se faisant à son occasion, il doit être dans peu d’heures assommé et emplumassé , tant s’en faut qu’il en soit attristé, au contraire, sautant et buvant, il sera des plus joyeux. Or, après qu’avec les autres il aura ainsi riblé et chanté six ou sept heures durant, deux ou trois des plus estimés de la troupe l’empoignent et le lient par le milieu du corps avec des cordes de coton sans qu’il fasse aucune résistance. (…) Il sera ainsi promené en trophée parmi le village. Mais pensez-vous que pour cela il en baisse la tête (ainsi que feraient les criminels par-deçà ) ? rien moins : car au contraire, avec une audace et une assurance incroyable, se vantant de ses prouesses passées, il dira à ceux qui le tiennent lié : « j’ai moi-même, vaillant que je suis, ainsi lié et garrotté vos parents ». Puis s’exaltant de plus en plus, avec la contenance de même, se tournant de côté et d’autre, il dira à l’un, « j’ai mangé de ton père », à l’autre « j’ai assommé et boucané tes frères ». Bref, ajoutera-t-il, « j’ai en général mangé tant d’hommes et de femmes voire des enfants de vous autres Toüoupinambaoults , que j’ai pris en guerre, que je ne saurais dire le nombre. Et au reste, ne doutez pas que pour venger ma mort, les Margajas de la nation d’où je suis en mangeront autant qu’ils pourront en attraper ».
(…)
Je pourrais encore amener quelques autres semblables exemples touchant la cruauté des sauvages envers leurs ennemis, n’était qu’il me semble que ce que j’en ai dit n’est pas assez pour faire avoir horreur et dresser les cheveux sur la tête de chacun. Néanmoins, afin que ceux qui liront ces choses tant horribles exercées journellement entre ces nations barbares de la terre du Brésil pensent aussi un peu à ce qui se fait par-deçà parmi nous, je dirais en premier lieu sur cette matière que si l’on considère à bon escient ce que font nos gros usuriers (suçant le sang et la moelle, et par conséquent, mangeant tout en vie tant de veuves, orphelins et autres pauvres personnes auxquels il vaudrait mieux couper la gorge d’un seul coup que de les faire ainsi languir ), on dira qu’ils sont encore plus cruels que les sauvages dont je parle. Voilà pourquoi le Prophète dit que de tels gens écorchent la peau, mangent la chair, rompent et brisent les os du peuple de Dieu, comme s’ils les faisaient bouillir dans un chaudron. D’avantage, si on veut venir à l’action brutale de mâcher et manger réellement (comme on parle) la chair humaine, ne s’en est-il point trouvé en ces régions de par-deçà, voire entre ceux qui portent le titre de Chrétien, tant en Italie qu’ailleurs, lesquels ne s’étant pas contentés d’avoir fait cruellement mourir leurs ennemis n’ont pu rassasier leur courage, sinon en mangeant leur foie et leur cœur ? Je m’en rapporte aux histoires.
caouïner : boire, en langage des indigènes.
emplumassé : recouvert de plumes
ribler : danser
par-deçà : c'est-à-dire en Europe
boucaner : faire cuire
Toüoupinambaoults : nom de la tribu que Jean de Léry a rencontrée au Brésil.
Margajas : nom d’une tribu adverse des Toüoupinambaoults.
usurier : personne qui prête de l’argent avec un taux d’intérêt très élevé qui rend le prêt très difficile à rembourser.
faire languir : faire attendre avec cruauté.
le Prophète : personnage de la Bible.
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"Humanité, humanité, engeance de crocodile."
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