- val09Neoprof expérimenté
Dans le cadre de ma séqce sur les parodies du Chaperon rouge, je cherche un poème parodique et ... si possible, qui parodierait les contes
- liliepingouinÉrudit
je connais la parodie du Cid par Georges Fourest mais ce n'est pas vraiment ce que tu cherches...
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Spheniscida qui se prend pour une Alcida.
"Laissons glouglouter les égouts." (J.Ferrat)
"Est-ce qu'on convainc jamais personne?" (R.Badinter)
Même si c'est un combat perdu d'avance, crier est important.
- aposiopèseNeoprof expérimenté
Le Carrosse inutile d'Anouilh
Jean Anouilh, « le carrosse inutile » in Fables, ed. La Table ronde, 1967
Le soir du grand bal, la bonne marraine,
Qui avait longtemps travaillé chez Dior,
Fit de deux chiffons une robe à traîne
D’un goût infini, toute brodée d’or.
Mais, entre sa machine à laver la vaisselle
Et son frigidaire, en son antre blanc,
La pauvre Cendrillon sanglotait de plus belle,
Devant sa belle robe en se lamentant :
« Mes soeurs préférées ont une voiture,
Elles sont parties en quatre-chevaux ;
Les taxis font grève ; avec ma coiffure
Et ma robe d’or, irai-je en métro ? »
« C’est bien, dit la fée, qu’à cela ne tienne ;
Trouve une citrouille et dix-neuf souris ;
Ta dix-neuf chevaux, marque américaine,
Sera bientôt là. Maintenant, souris ! »
(Ravalant sa peine,
Cendrillon se fit un léger raccord,
Redevint jolie.)Mais ce qui fut fort
Ce fut, étant donné les progrès de l’hygiène,
De trouver dix-neuf souris dans le Seizième.
Il fallut aller jusqu’au quai aux Fleurs.
Pour la citrouille aussi on eut quelques malheurs.
Enfin on en trouva, Dieu merci, en conserve.
Une fée marraine, il faut que ça serve
Un soir de bal à l’Opéra !
Pauvre Cendrillon ! Pauvre petit rat,
Qui n’avait pas tout, malgré son toutou,
Sa télévision, sa belle cuisine,
Et son barbecue (on prononce quiou),
Ce qu’on dit qu’il faut dans les magazines
Aux petites dames pour être elles-mêmes…
(Soyez ingénieuse : faîtes tout vous-même !
Fouillez le grenier.
Vous en avez un ? Ce bon vieux panier,
Deux coups de peinture
Le tour est joué :
C’est une commode.)
Bouche et yeux du jour, conforme à la mode,
Cendrillon partit, comblée, en voiture.
(On n’avait pas pu dénicher de rat :
Elle conduisait.) Mais, vers l’Opéra,
Commença bientôt l’affreuse aventure.
C’est très beau d’aller à un bal paré, D’avoir tout ce qu’on pouvait désirer,
Une robe à traîne
Une fée marraine
Des souliers dorés :
Il faut se garer.
La pauvre Cendrillon jusqu’à minuit sonnant
L’heure prévue, hélas ! pour le prince charmant,
Prise au labyrinthe sournois des rues obscures,
Tourna et retourna sans quitter sa voiture.
Sens interdit ; les clous ; jours pairs et jours impairs ;
En pleurs, son fard coulant, cernée par les patrouilles,
L’aube pointait, lorsqu’étouffant de gros sanglots,
Elle téléphona de Richelieu-Drouot
A sa marraine : « Rechangez-la-moi en citrouille »
Jean Anouilh, « le carrosse inutile » in Fables, ed. La Table ronde, 1967
Le soir du grand bal, la bonne marraine,
Qui avait longtemps travaillé chez Dior,
Fit de deux chiffons une robe à traîne
D’un goût infini, toute brodée d’or.
Mais, entre sa machine à laver la vaisselle
Et son frigidaire, en son antre blanc,
La pauvre Cendrillon sanglotait de plus belle,
Devant sa belle robe en se lamentant :
« Mes soeurs préférées ont une voiture,
Elles sont parties en quatre-chevaux ;
Les taxis font grève ; avec ma coiffure
Et ma robe d’or, irai-je en métro ? »
« C’est bien, dit la fée, qu’à cela ne tienne ;
Trouve une citrouille et dix-neuf souris ;
Ta dix-neuf chevaux, marque américaine,
Sera bientôt là. Maintenant, souris ! »
(Ravalant sa peine,
Cendrillon se fit un léger raccord,
Redevint jolie.)Mais ce qui fut fort
Ce fut, étant donné les progrès de l’hygiène,
De trouver dix-neuf souris dans le Seizième.
Il fallut aller jusqu’au quai aux Fleurs.
Pour la citrouille aussi on eut quelques malheurs.
Enfin on en trouva, Dieu merci, en conserve.
Une fée marraine, il faut que ça serve
Un soir de bal à l’Opéra !
Pauvre Cendrillon ! Pauvre petit rat,
Qui n’avait pas tout, malgré son toutou,
Sa télévision, sa belle cuisine,
Et son barbecue (on prononce quiou),
Ce qu’on dit qu’il faut dans les magazines
Aux petites dames pour être elles-mêmes…
(Soyez ingénieuse : faîtes tout vous-même !
Fouillez le grenier.
Vous en avez un ? Ce bon vieux panier,
Deux coups de peinture
Le tour est joué :
C’est une commode.)
Bouche et yeux du jour, conforme à la mode,
Cendrillon partit, comblée, en voiture.
(On n’avait pas pu dénicher de rat :
Elle conduisait.) Mais, vers l’Opéra,
Commença bientôt l’affreuse aventure.
C’est très beau d’aller à un bal paré, D’avoir tout ce qu’on pouvait désirer,
Une robe à traîne
Une fée marraine
Des souliers dorés :
Il faut se garer.
La pauvre Cendrillon jusqu’à minuit sonnant
L’heure prévue, hélas ! pour le prince charmant,
Prise au labyrinthe sournois des rues obscures,
Tourna et retourna sans quitter sa voiture.
Sens interdit ; les clous ; jours pairs et jours impairs ;
En pleurs, son fard coulant, cernée par les patrouilles,
L’aube pointait, lorsqu’étouffant de gros sanglots,
Elle téléphona de Richelieu-Drouot
A sa marraine : « Rechangez-la-moi en citrouille »
- val09Neoprof expérimenté
Merci aposiopèse ! Super !
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Plus vraiment "néo" : prof de LM depuis 2001
- moiNiveau 10
Il est super ce texte !
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"Il existe un autre monde mais il est dans celui-ci." (W.B. Yeats)
- CarabasVénérable
L'Ogre et la Fée de Victor Hugo.
Un brave ogre des bois, natif de Moscovie,
Etait fort amoureux d'une fée, et l'envie
Qu'il avait d'épouser cette dame s'accrut
Au point de rendre fou ce pauvre coeur tout brut ;
L'ogre, un beau jour d'hiver, peigne sa peau velue,
Se présente au palais de la fée, et salue,
Et s'annonce à l'huissier comme prince Ogrousky.
La fée avait un fils, on ne sait pas de qui.
Elle était, ce jour-là, sortie, et quant au mioche,
Bel enfant blond nourri de crème et de brioche,
Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso,
Il était sous la porte et jouait au cerceau.
On laissa l'ogre et lui tout seuls dans l'antichambre.
Comment passer le temps quand il neige, en décembre
Et quand on n'a personne avec qui dire un mot ?
L'ogre se mit alors à croquer le marmot.
C'est très simple. Pourtant c'est aller un peu vite,
Même lorsqu'on est ogre et qu'on est moscovite,
Que de gober ainsi les mioches du prochain.
Le bâillement d'un ogre est frère de la faim.
Quand la dame rentra, plus d'enfant ; on s'informe.
La fée avise l'ogre avec sa bouche énorme :
As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j'ai ?
Le bon ogre naïf lui dit : Je l'ai mangé.
Or c'était maladroit. Vous qui cherchez à plaire,
Jugez ce que devint l'ogre devant la mère
Furieuse qu'il eût soupé de son dauphin.
Que l'exemple vous serve ; aimez, mais soyez fin ;
Adorez votre belle et soyez plein d'astuce;
N'allez pas lui manger, comme cet ogre russe,
Son enfant, ou marcher sur la patte à son chien...
Sinon, j'aime beaucoup le texte d'Anouilh.
Un brave ogre des bois, natif de Moscovie,
Etait fort amoureux d'une fée, et l'envie
Qu'il avait d'épouser cette dame s'accrut
Au point de rendre fou ce pauvre coeur tout brut ;
L'ogre, un beau jour d'hiver, peigne sa peau velue,
Se présente au palais de la fée, et salue,
Et s'annonce à l'huissier comme prince Ogrousky.
La fée avait un fils, on ne sait pas de qui.
Elle était, ce jour-là, sortie, et quant au mioche,
Bel enfant blond nourri de crème et de brioche,
Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso,
Il était sous la porte et jouait au cerceau.
On laissa l'ogre et lui tout seuls dans l'antichambre.
Comment passer le temps quand il neige, en décembre
Et quand on n'a personne avec qui dire un mot ?
L'ogre se mit alors à croquer le marmot.
C'est très simple. Pourtant c'est aller un peu vite,
Même lorsqu'on est ogre et qu'on est moscovite,
Que de gober ainsi les mioches du prochain.
Le bâillement d'un ogre est frère de la faim.
Quand la dame rentra, plus d'enfant ; on s'informe.
La fée avise l'ogre avec sa bouche énorme :
As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j'ai ?
Le bon ogre naïf lui dit : Je l'ai mangé.
Or c'était maladroit. Vous qui cherchez à plaire,
Jugez ce que devint l'ogre devant la mère
Furieuse qu'il eût soupé de son dauphin.
Que l'exemple vous serve ; aimez, mais soyez fin ;
Adorez votre belle et soyez plein d'astuce;
N'allez pas lui manger, comme cet ogre russe,
Son enfant, ou marcher sur la patte à son chien...
Sinon, j'aime beaucoup le texte d'Anouilh.
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Les chances uniques sur un million se réalisent neuf fois sur dix.
Terry Pratchett
- moiNiveau 10
Il est pas mal non plus celui-ci.
Je sens que mes séquences vont s'enrichir de vos textes
Je sens que mes séquences vont s'enrichir de vos textes
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"Il existe un autre monde mais il est dans celui-ci." (W.B. Yeats)
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