Chevauchement Langues anciennes

Est-ce que vos élèves de latin ou de grec ont des problèmes de chevauchement d'options ? Chez nous, les langues anciennes sont toujours en parallèle (créneaux communs) avec le théâtre, la musique, l'EPS ou les LV3, ce qui fait que je suis obligée de partager mes élèves... Certains n'ont qu'une heure de cours sur les deux, car ils doivent aller dans les autres disciplines pour cause de projets artistiques, d'équipes de sport, etc...Si je deviens plus intransigeante et que j'exige les 2 heures pour ces élèves, c'en est fini de leur autre option, car ils doivent assister à toutes les répétitions, tous les entraînement, etc...(et une heure sur les deux, ça ne le fait pas pour ces enseignements) et donc ils perdent leur autre option auquel ils tiennent plus que les langues anciennes et leur choix est vite fait : plutôt se débarrasser des LA que de la musique !!!...Avec les LV3, on fait un roulement de quinzaine, mais c'est avec les enseignements artistiques que j'ai le plus de problèmes...Je comprends bien les nécessité techniques des collègues. Ma colère ne va pas contre eux, mais contre ces créneaux communs qui vont finir par tuer les langues anciennes au lycée.

Donc à terme, je suis obligée d'accepter des élèves à mi-temps pour ne pas prendre le risque de perdre des effectifs et ça m'énerve !!!! (et en plus, j'ai eux heures au lieu de trois...)

Il se passe la même chose chez vous ? Il paraît que les emplois du temps ne peuvent pas être faits autrement.

Euh non... ça ne se passe pas comme ça chez moi. Les élèves depuis un an ne prennent qu'une option facultative, donc, ce risque est impossible.
Mais jusqu'à l'an dernier, quand ils pouvaient par exemple cumuler section euro et latin, les emplois du temps étaient faits de façon à respecter les différentes options. Il est parfois arrivé qu'on demande à un élève, qui était le seul à avoir choisi une association d'options, de changer l'une d'elle (par exemple, grec pour le latin) afin de ne pas avoir à faire une organisation d'emploi du temps pour un seul élève...
Je pense qu'on veut simplement te couler tes options miss...

Après à toi de voir si tu veux des élèves vraiment motivés, ou des élèves, curieux mais pas forcément volontaires, quoi qu'il arrive... compliqué, je sais.

Forcer les élèves à ne prendre qu'une option, ce serait condamner les LA, chez nous (puisque le choix entre musique, théâtre, EPS, versus latin/grec serait vite fait...)

mais oui,bien sûr!c'est une des tactiques d'extermination...
les ET sont faits en "barrettes"d'options,ce qui permet de réduire au max ces options.Y a p-ê d'autres possibilités,mais y a surtout pas de volonté la plupart du temps.

Le rôle du chef d'établissement est essentiel pour la survie des options :en fait c'est d'abord lui qu'il faut convaincre,et ce n'est pas toujours facile sur le profil des chefs d'établissement actuellement recrutés...

Enfin cette manie de tout mettre en option est mortifère.Et ça va s'aggraver avec le nouveau programme:il faut encore plus de "barrettes" pur les heures d'aide et les enseignement d'exploration

Le chef d'établissement est convaincu à 110%, ce n'est pas le problème, mais la personne qui fait les emplois du temps n'y arrive pas, paraît-il....

et ton chef ne sait pas l'aider?

Chacun son rôle chez nous...

alibi facile....C'est quand même in fine le chef qui est responsable du bon fonctionnement de l'établissement.

Oui... et moi, je suis sidérée de voir que les collègues de collège ne comprennent pas que ce qui se passe en lycée rejaillit forcément sur le collège!
Mais oublions, il faut effectivement que tu en discutes avec le principal, et peut-être avec les parents. Trouvent-ils normal que leur enfant suive des enseignements tronqués à cause d'incompatibilité d'emploi du temps? Comment leur enfant pourrait-il obtenir des notes "intéressantes" pour le contrôle continu (en 4è et 3è, oui c'est revenu pour les 4è..) s'il n'assiste qu'à la moitié des cours? Il y a certainement certains de tes élèves, et de leurs parents, qui sont convaincus dans leur choix d'une langue ancienne: appuie-toi sur eux pour mettre en avant la nécessité d'un enseignement "digne de ce nom" en terme de moyens horaires.

Le problème, c'est que quand on supprime les cours de 12 à 13h et le samedi matin, les créneaux disponibles sont peu nombreux...
Je suis en lycée. La réforme de la seconde a fait perdre des créneaux avec la multiplicité des enseignements d'exploration. Et comme mes élèves (niveaux regroupés) viennent de 6 classes différentes, il y a peu de latitude.

allons bon... dans mon collège, il n'y a pas cours le samedi matin, mais , oui, nous avons des cours de 13 à 14.. qui peuvent d'ailleurs être des cours de maths, d'anglais, d'arts p, de latin...Avec ce seul créneau, ça peut fonctionner. Et ce sont des choses qui se discutent en CA.

Oups, je viens de voir que tu étais en lycée... désolée... mais la question du CA est quand même d'actualité. Les élèves préparent le bac: comment faire s'ils n'ont pas les bases? Et une tonne de lycése ont cours à 13h, ou jusqu'à 18h...

oui, je sais bien , mais ce sont des choix ancrés depuis très longtemps et renverser la vapeur sera dur. ET j'en ai un peu assez de me battre contre des moulins à vent.

Désolée Kilmeny... et bon courage..

Merci ! Mais bon, ça va passer (c'est juste une petite baisse de moral) et je vais reprendre le combat dès la rentrée!

Audrey,qu'est ce que tu veux dire là:

Oui... et moi, je suis sidérée de voir que les collègues de collège ne
comprennent pas que ce qui se passe en lycée rejaillit forcément sur le
collège!

je ne comprends pas dans quel sens tu le dis,même si je suis totalement d'accord sur le fond.
Ce qui est sûr c'est que le "nouveau lycée fait subir une pression considérable (sans doute mortelle) aux langues anciennes en lycée et donc par ricochet en amont.Il suffisait d'ailleurs d'entendre ce qu'a dit Richard Descoings des langues anciennes pour comprendre qu'elles étaient dans la ligne de mire.

La "tactique des barettes" est efficace. On se retrouve parfois avec des cours concentrés sur les extrêùités de journées, avec les conséquences qu'on connaît sur les emplois du temps (plus tu as d'heures de LA, plus tu restes au collège), et sur la motivation des élèves.

Audrey dans mon lycée il y a cours le samedi et en journée continue ,pas le soir à cause des ramassages scolaires;mais ça ne suffit pas:presque tous les enseignements vont finir par être optionnels au lycée,avec les aides,les explorations ,les modules lorsqu'on les maintient,les LV1,2,3 et de spécialité,les euros,les séries,le sport et les heures de piscine ou gymnase et les enseignements scientifiques et les labos,ça devient non seulement ingérable mais aussi invérifiable lorsqu'on te dit:y a pas moyen.....

iphigénie a écrit:presque tous les enseignements vont finir par être optionnels au lycée,avec les aides,les explorations ,les modules lorsqu'on les maintient,les LV1,2,3 et de spécialité,les euros,les séries,le sport et les heures de piscine ou gymnase et les enseignements scientifiques et les labos,ça devient non seulement ingérable mais aussi invérifiable lorsqu'on te dit:y a pas moyen.....

C'est le problème fondamental.

iphigénie a écrit:Il suffisait d'ailleurs d'entendre ce qu'a dit Richard Descoings des langues anciennes pour comprendre qu'elles étaient dans la ligne de mire.

qu'a-t-il dit?

Beh par exemple... quand la réforme était encore dans les tuyaux,il y a un peu plus d'un an de ça, mes collègues de sciences et de maths étaient à peine au courant de ce qui se profilait pour ces disciplines (espèce de gloubiboulga de sciences expérimentales...), mes collègues de langues ne comprenaient pas non plus réellement les menaces qui pesaient sur leurs enseignements.. seuls les collègues d'histoire réagissaient face à la disparition programmée de leur discipline...
Je devais constamment batailler, expliquer les projets de la réforme pour faire comprendre que c'était carrément les disciplines dans leur essence qui étaient menacées, et pas uniquement les conditions d'enseignement... mais beaucoup de mes collègues se disaient "Ah, mais en collège, comme il n'y a pas de spécialisation encore, on n'est pas concerné...et puis on enseigne déjà à un niveau bien moindre que celui qu'on devrait viser à cause du collège unique, alors bon, ils ne vont pas trouver beaucoup de contenu à enlever de nos cours!"... en gros.

Une fois un enseignement global des sciences entériné au lycée, quel besoin d 'avoir encore des cours de techno, svt, physique-chimie au collège? Une fois les LA disparues des lycées, quel besoin d'en faire au collège? Si l'histoire est réservée aux filières littéraires, à quoi bon en faire faire à tous les collégiens? Si Littérature et Histoire sont enseignées ensemble au lycée, quel besoin de les distinguer au collège? (là je pousse le bouchon... mais vous saisissez l'idée...).

J'espère avoir été plus claire Iphigénie...

ah oui oui totalement d'accord.De toute façon on va terriblement vers le chacun pour soi,"trop heureux de sauvegarder ma pomme dans l'immédiat."...
Marquise,je recherche les propos immortels de Descoings et je les envoie....

oh oui, oui, ne nous en privons pas!

Voilà:y en a pour tout le monde(on voit que la littérature est directement la ligne de mire suivante):
(c'était dans la consultation des lycées):

Des
lycées se sont rebellés contre la mort des options, toujours en série
L. Par exemple, nous (Mehdi et Badroudine, ndlr), sommes inscrits en
option « histoire de l’art » au lycée de Saint-Ouen. Or les options
rares, comme la nôtre, avec le latin et le grec, sont menacées de
disparition, ce qui signifierait une perte sèche de culture, à
laquelle, pourtant, nous avons droit. Que répondez-vous à cela ?

On
va donc remettre du latin et grec pour tout le monde en France ? On va
retourner au lycée d’il y a 50 ans ? Arrêtez ! Ce n’est pas possible.

Vous
partagez donc, sur ce point, l’esprit de la réforme que Xavier Darcos
souhaitait mettre en œuvre, qui prévoyait un renforcement du français
au détriment, précisément, de ces options dites rares ?

Ça
vous paraît choquant de renforcer le français ? La principale source
d’inégalités des jeunes face au lycée, ce sont les classes à 35 élèves,
dans lesquelles se retrouvent les enfants des familles des classes
populaires. Chaque fois qu’on a pu, on a multiplié les options et les
différenciations des voies. Or plus vous différenciez les parcours,
plus vous créez l’inégalité. Il y a un développement des options, porté
par les classes dirigeantes, porté à juste titre par les milieux
intellectuels. Jacqueline de Romilly, de l’Académie française, appelle
tous les deux ou trois ans au retour du grec, qui est une merveilleuse
façon, effectivement, d’ouvrir l’esprit vers la culture. Mais, quitte à
me fâcher avec les élites, je le dis tout de suite : on ne reviendra
pas au grec ancien pour les lycéens. Veut-on plus d’égalité pour tous
ou plus de choix pour certains ? Plus de réussite pour tous ou plus de
réussite pour une petite proportion des jeunes Français ?

Où vous situez-vous dans la querelle des « anciens et des modernes » qui s’opposent sur la façon d’enseigner la littérature ?

Tous
les jeunes peuvent découvrir la littérature. Mais pour avoir accès à la
littérature, il faut maîtriser les fondamentaux du français, et cela
vaut pour toute littérature et toute langues étrangères. Ce que je veux
dire, c’est que parfois, chez certains jeunes, l’enseignement
traditionnel du « Cid » ou de « Phèdre », ça ne passe pas. Ils
décrochent. En revanche, si on leur permet de jouer cette pièce, dans
le cadre d’un atelier théâtre, par exemple, le goût de la littérature
revient.

On est dans « L’esquive », le film d’Abdellatif Kechiche.

Oui,
mais pourquoi pas ? Je me méfie de l’idée qu’il y aurait différents
niveaux d’acquisition intellectuelle et je me méfie de l’idée que tout
le monde doit marcher du même pas militaire du lycée napoléonien pour
découvrir les bonheurs des textes français.