Collège ou lycée ?

Bonjour, je relance ici le sujet car il est de nouveau d'actualité pour moi à l'heure des mutations. Cela fait de nombreux mois que je ne suis plus intervenue sur le forum car je n'avais plus le temps (et l'énergie) de rien. Ayant muté au lycée il y a 2 ans, je n'ai plus sortie la tête de l'eau l'année dernière et j'ai enchaîné sur une grossesse (la 3e). Cette année a été blanche du coup, mais des problèmes personnels graves m'ont pour le moment empêchée de reprendre, et de manière générale j'ai passé une année très difficile (en plus de la naissance de ce 3 enfant, il y a eu le décès d'un proche d'où des conséquences en série sur la vie personnelle et beaucoup de révision de mes priorités dans la vie et une dépression réactionnelle). La question de la future réforme du lycée me démotive également (tout comme j'avais été démotivée par la réforme du collège). Or je me rends compte que je ne supporte plus passé tout mon temps à travailler et que le temps libre m'est précieux. Toutefois, mon expérience est peut-être biaisée car je n'ai passé qu'une année au lycée où j'ai passé mon temps à tout préparer (mais je ne suis pas encore satisfaite de mes préps, et il y a encore à faire), à courir après le bac (j'avais les 3 niveaux), à corriger des copies fleuves (avec 35 élèves dans toutes les classes et beaucoup de S). Aussi je me demande si je ne devrais pas retourner au collège mais mon expérience n'y a pas forcément été heureuse. J'ai passé en particulier 5 ans en REP mais là j'aurais peut-être l'opportunité d'aller dans un collège un peu plus mixte et moins dur sans que ce soit la panacée malgré tout. Du coup, je ne sais plus quoi penser.

Dans les + et les - du lycée (et pour ma matière) je vois :
- plus d'approfondissement en 1re et Tle, du moins dans les matières générales
- moins de discipline mais pareil j'ai été relativement préservée l'année dernière car je n'ai eu qu'une 2de et aucune classe technologique, et plutôt des bonnes classes, mais même comme ça le côté consommateur des Tle S qui bavardaient quand même dans mon cours car ce n'était pas leur priorité m'a un peu blasée
- un temps de correction très long (et le fait que j'ai passé l'année à tout préparer donc et que je sais pas si j'aurai le courage de tout refaire si je repasse au collège, car les programmes y ont aussi changé l'année dernière du fait de la réforme)
- certains élèves très intéressés par le monde qui les entoure et avec qui il est sympa de débattre, discuter.

Dans les + et les - du collège :
- moins de temps à préparer (mais tout refaire donc, même si j'ai une bonne base) et surtout à corriger, et aujourd'hui je sens que ma priorité est d'en faire beaucoup moins au travail car je suis en burn-out et que je suis pas mal désillusionnée par le travail de prof (surtout avec les conditions de travail difficiles dans mon coin et les réformes successives, alors je me dis travailler toujours plus pour un salaire toujours aussi médiocre, autant lever le pied)
- des jeunes élèves parfois plus spontanés, encore frais, mais j'ai aussi beaucoup beaucoup goûté des classes d'élèves perturbateurs, pas intéressés pour deux sous où tu ressors de cours au bord des larmes, et ça je l'oublie pas...
- moins de tout-contemporaine comme au lycée, j'aime le moyen-âge, l'histoire moderne...

Voilà où j'en suis de mes interrogations. Ce qui est sûr, c'est que je vis une crise de démotivation générale cette année, et que des racontars qui ont été dits sur mon dos au lycée depuis mon arrêt prolongé (alors que je suis en souffrance) ont achevé de me dégoûter.

Si certains peuvent m'aider à y voir plus clair, je leur en serais très reconnaissante en tout cas.

Pas de conseils mais des brassées d'e-bisous pour te remonter le moral :

Peut-être peux tu attendre un an de plus ? Tu dis que l'année a été particulière donc c'est peut être tôt pour te faire un avis définitif. J'imagine qu'il te sera plus facile d avoir un poste en collège l'an prochain ou plus tard que de revenir ensuite en lycée après l'avoir quitté.
Ceci dit, j'aime bien le collège, les programmes ont changé mais tu as quand même les bases, tout n'a pas été révolutionné.
Vu les circonstances, je choisirais ce qui te donnera le moins de boulot et là où tu penses que l'ambiance sera plus agréable.

Merci pour les encouragements et vos réponses fifi et henriette.

En vérité, je viens tout juste d'entamer une psychothérapie suite à mon surmenage et à mon état dépressif (mais je ne suis pas sûre que cela ait à faire quelque chose sur ce topic, peut-être en parlerai-je dans l'accès privé). Ce qui m'ennuie au lycée, c'est l'image que la direction a désormais de moi, que je suis faillible, que je les ai laissés sans remplaçant alors que je leur avais dit (et pensais) que j'allais reprendre, et qu'ils me le fassent payer si je reste. Mais rien que l'idée des kilomètres de copies à corriger me tétanise et me fatigue à l'avance, je sens que je n'en ai plus l'énergie. Après, c'est peut-être provisoire, dû au contexte effectivement. Si je pars, je crains d'un autre côté de regretter ce choix, d'avoir fait cela sur un coup de tête peut-être, et de ne plus avoir assez de points pour retourner au lycée si cela me manque. Mais j'en viens à me dire que j'avais idéalisé le lycée et que mes priorités ont changé, et que je préfère avoir du temps libre maintenant pour avoir du temps pour lire (certes je le fais pour préparer les cours au lycée, mais cela est toujours dans un cadre contraint), pour reprendre le sport, et surtout pour être avec mes enfants. Du coup la perspective de moins en faire (niveau correction) en retournant au collège m'attire, mais si c'est pour retomber sur des classes ingérables niveau discipline et fatigue nerveuse, est-ce que ça vaut vraiment le coup ? Je suis perdue...

Je préfère largement le lycée au collège (J'y ai enseigné trois ans en 4e.), la relation avec des lycéens (plus d'humour moins de discipline), la réflexion qu'on peut mener avec eux, la part bien plus grande faite à la littérature mais la charge de travail est plus lourde en lycée (dans ma matière en tout cas). Cela dit, avec le temps ça va mieux.

Dinosaura a écrit:Merci pour les encouragements et vos réponses fifi et henriette.

En vérité, je viens tout juste d'entamer une psychothérapie suite à mon surmenage et à mon état dépressif (mais je ne suis pas sûre que cela ait à faire quelque chose sur ce topic, peut-être en parlerai-je dans l'accès privé). Ce qui m'ennuie au lycée, c'est l'image que la direction a désormais de moi, que je suis faillible, que je les ai laissés sans remplaçant alors que je leur avais dit (et pensais) que j'allais reprendre, et qu'ils me le fassent payer si je reste.

Tout le monde est faillible ; il serait quand même étrange que ta direction ne le sache pas et t'en tienne rigueur.

Dinosaura a écrit:Mais rien que l'idée des kilomètres de copies à corriger me tétanise et me fatigue à l'avance, je sens que je n'en ai plus l'énergie. Après, c'est peut-être provisoire, dû au contexte effectivement. Si je pars, je crains d'un autre côté de regretter ce choix, d'avoir fait cela sur un coup de tête peut-être, et de ne plus avoir assez de points pour retourner au lycée si cela me manque. Mais j'en viens à me dire que j'avais idéalisé le lycée et que mes priorités ont changé, et que je préfère avoir du temps libre maintenant pour avoir du temps pour lire (certes je le fais pour préparer les cours au lycée, mais cela est toujours dans un cadre contraint), pour reprendre le sport, et surtout pour être avec mes enfants. Du coup la perspective de moins en faire (niveau correction) en retournant au collège m'attire, mais si c'est pour retomber sur des classes ingérables niveau discipline et fatigue nerveuse, est-ce que ça vaut vraiment le coup ? Je suis perdue...

Oui, c'est provisoire mais pendant quelques années ce sera très pesant. Il faut repenser ton rapport à l'évaluation pour te préserver de ce côté-là. Pareil pour les préparations de cours. Peut-être n'es-tu pas obligée de les reprendre ?
Ne peux-tu envisager de reprendre à mi-temps dans un premier temps ? Cela te permettrait de récupérer plus vite.
Bon courage, Dinosaura.

Tout d'abord, bon courage Dinosaura. Peut-être peux tu cette année postuler seulement sur des collèges qui tiennent la route niveau discipline, pour lesquels tu sais que tu ne retrouveras pas les mêmes conditions difficiles que dans ton collège precedent ? Ainsi, si tu as ta mutation, tu sais que tu devrais arriver dans un établissement moins difficile qu'avant. Si tu ne l'as pas, tu auras moins de regrets à rester au lycée car tu sauras car la seule alternative aurait été un collège difficile.

Malaga, j'ai effectivement envisagé cette option, celle de briguer un poste dans un collège pas trop dur, comme celui où j'ai fait mes premières années. Toutefois, j'ai peu de choix possibles car je vis dans le nord du 93 (et je ne peux pas en partir pour des raisons foncières) et la plupart des établissements du coin ne sont pas terribles. Il y avait un poste qui semblait pas mal et "obtenable" via le rapprochement de conjoint (je suis pour le moment dans le 77) mais en lisant le fil mutation, je vois que ce n'est pas la panacée que j'imaginais.

Sinon, je vais peut-être envisager de passer à mi-temps pour l'année prochaine, en me contrefichant de ce que pense de moi la direction.

Merci à toutes pour le réconfort en tout cas.

Je remonte ce topic et j'adresse mon interrogation principalement aux enseignants de langues :

Je suis actuellement au collège mais j'ai fait du lycée par le passé... Et j'ai l'impression qu'on a toujours cette vision au niveau de la préparation des cours : collège moins long, lycée plus long.

Alors que j'ai vraiment pas ce ressenti là personnellement, surtout si on prend en compte la recherche des supports authentiques. Vraiment, je regarde ce que je fais aujourd'hui pour chercher des supports adaptés, dans le thème, avec les points de grammaire visés, etc... + le temps que je mets à didactiser, à illustrer les consignes sur powerpoint, etc... Ca me prend plus de temps que ce que je mettais pour préparer mes séances en lycée, mais je le répète je pense que c'est surtout la partie sur la recherche des supports qui fait la différence.

En ce qui concerne les copies, il est indéniable que les copies mettent individuellement plus de temps à se corriger. Mais ne devrait-on pas aussi prendre en compte la "qualité" de ce temps ? Quand je corrige en collège, je suis parfois découragé par ce que je lis dans la langue de Shakespeare.... Et je leur reproche pas forcément, mais autant les collégiens sont sans doute plus facilement "motivables" à faire quelque chose, autant je trouve que leur esprit créatif, leur inspiration sont encore à développer, et certains restent encore très scolaires. Alors bien sûr : le temps reste du temps. Mais entre les attentats à la langue et le manque cruel de créativité qui me font me frapper la tête sur des copies de collégiens et les choses plus construites et pensées sans forcément être parfaites sur des copies de lycéens, pour moi la distinction doit être faite.


C'était juste deux points que je voulais aborder. Je pense que je répondrais "je n'ai pas de préférence" (très en retard, je m'en rends bien compte !) au sondage car il y a quand même des points positifs que je trouve au collège, notamment au niveau de la personnalité des élèves (les lycées peuvent parfois être hyper fermés et froids, et je trouve ça insupportable, beaucoup ont un balai dans le cul je trouve !), de l'interactivité (c'est pas aussi qualitatif qu'au lycée bien sûr, mais les collégiens osent + et ça fait plaisir)


Je pense que si on me disait : "tu prends le collège ou le lycée demain" au choix là comme ça un 31 août, je dirais le collège car je me sentirais plus "safe" en me disant qu'il y a quand même plus de chances qu'il y ait cette "vie" dans la classe. Et si on me disait "tes classes au lycée seront vivantes", là je dirais lycée. Je pense que c'est vraiment ça qui m'embête le plus au lycée. Les cours où je parle à un mur, je crois que je supporte encore moins que "Euuuuuuuh He don't play the football becozzzzzz he don't.... DOESN'T... like football... euuuh.... bah c'est tout non ?"

Après je réalise bien que ce n'était peut-être pas que de la faute des lycéens, mais j'avais l'impression de mettre en place des choses pour favoriser cette interactivité et (trop) souvent ça tombait un peu à plat sur l'oral.

Bafjude a écrit:
Je pense que si on me disait : "tu prends le collège ou le lycée demain" au choix là comme ça un 31 août, je dirais le collège car je me sentirais plus "safe" en me disant qu'il y a quand même plus de chances qu'il y ait cette "vie" dans la classe. Et si on me disait "tes classes au lycée seront vivantes", là je dirais lycée. Je pense que c'est vraiment ça qui m'embête le plus au lycée. Les cours où je parle à un mur, je crois que je supporte encore moins que "Euuuuuuuh He don't play the football becozzzzzz he don't.... DOESN'T... like football... euuuh.... bah c'est tout non ?"

Pour ma part, j'ai fait assez peu de lycée, mais je ne changerais pour rien au monde.

Comme tu dis, la vie dans les classes de collège est quelque chose que j'apprécie énormément. Les élèves sont encore en pleine construction et sont curieux de tout (même s'ils ne l'assument pas toujours) ! Et on dépasse souvent largement les limites de la matière : c'est quand ils posent plein de questions pour bien comprendre les notions que je me dis qu'on a réussi quelque chose !

Après, je pense que le gros frein de l'enseignement en collège, c'est le côté gestion de classe / discipline. Tout le monde n'est pas à l'aise avec des ados en pleine crise (quoique, est-ce vraiment différent avec des secondes ?) et je peux l'entendre.

Pour les lettres classiques, après près de 20 ans dans un même lycée, je n'en peux plus : trop de classes, trop de changements à chaque ministre, trop d'instabilité... La réforme Blanquer a été la goutte de trop.
Je rêve de sérénité, un environnement moins hostile. La compétition entre les disciplines à cause de la réforme, un nouveau bac adulé par certains jeunes collègues qui veulent m'apprendre le métier, faire le pingouin en stage... (Ah, comme c'est rigolo !), tout cela a rendu l'ambiance en salle des professeurs infecte (le Covid n'arrangeant rien).
Je cherche égoïstement un collège tranquille pour finir "ma carrière". Je n'idéalise pas le collège (j'ai enseigné dans un collège difficile et mon mari est en collège.)
Mais rien que l'idée d'avoir moins de classes, moins d'élèves, de ne plus avoir de cours qui finissent à 18h, de revenir dans un établissement à taille humaine me suffit.
Quels que soient les résultats des mutations, je ne ferai plus que le minimum : mes cours et je rentre.
Le lycée m'a apporté de belles opportunités, mais je suis fatiguée.
Les conversations "intellectuelles" ont disparu au profit du jugement des pratiques d'autrui, y compris de sa façon de manger. On dirait parfois que règne une atmosphère de télé-réalité où l'ego se mesure à l'inverse de l'intelligence des propos tenus. J'exagère peut-être un peu mais je sens mieux seule devant mon bureau le nez dans les livres.
Bon en vérité, je voudrais la retraite, mais j'en ai encore pour plus de 10 ans.

C'est peut-être lié à ton lycée . Ce sont plus des attitudes que je trouvais dans mon collège les derniers temps que dans le lycée où je suis. Je ne dis pas tout y est idyllique loin de là mais le "collège tranquille" je n'y crois pas trop. En tout cas, à titre personnel, je ne veux plus retourner en collège.

@roxanne Certainement, mais dans ma discipline, je n'ai plus aucun moyen de muter dans un autre lycée. Les postes de lettres (classiques et modernes aussi d'ailleurs) sont supprimés les uns après les autres.
Le changement me ferait du bien. Je ne supporte plus mon établissement (mais le moral est bon )
Je précise quand même que, malgré le tableau très noir que j'ai brossé, j'ai aussi des collègues sympathiques, cultivées et humaines, des amies.

Avec vingt ans d'ancienneté tu peux espérer un chouette poste . Il y en a encore quelques uns même en lycée. Moi j'ai muté il y a deux ans après 17 ans dans le même établissement que j'ai beaucoup aimé avant d'y être très malheureuse et ça m'a fait beaucoup de bien, même si  mon nouveau poste est déjà menacé ! Mais je souscris à tout ce que tu dis concernant la concurrence stérile entre matières. Cette réforme est ignoble et j'attends ma retraite avec impatience en espérant  tenir jusque là.

ThomCarver a écrit:

Je suis au collège mais avec trois niveaux différents (6/5/3). Enseigner en 6e n'a rien à voir avec le niveau 3e. Deux métiers différents pratiquement ! Je suis dans un collège tranquille mais il faut tout de même faire de la discipline, ce qui peut vite devenir énergivore. Intellectuellement, j'avais peur de m'ennuyer mais finalement pas du tout ! Les petits sont curieux, enthousiastes, pleins de ressources... Ils m'épatent. Alors c'est vrai qu'il faut canaliser l'énergie et c'est vite épuisant mais je suis content. Je voudrais à terme avoir une seule classe de lycée pour aller plus loin dans l'analyse et me consacrer surtout à la littérature. La grammaire me barbe assez vite et il faut quand même mettre le paquet au collège vu les lacunes des petits..
Il parait que les secondes peuvent être odieux aussi.. Je présume qu'en première et en terminale, c'est plus calme. Enfin je l'espère !

Une seule classe de lycée? Un agrégé c'ets 3 classes et un certifié 4 ou 5 classes chez nous! (Sans compter les heures d'AP)

Je me suis mal exprimé ! Je voulais dire que je souhaitais abandonner une classe de collège pour une classe de lycée. Je suis certifié donc trois classes collège et une classe lycée.

Les trois classes en lycée en lettres pour un agrégé, c'était avant. Pour les certifiés, on peut monter très vite avec les 2 heures sup obligatoires. Comment faire du bon travail avec autant de classes (dans cette discipline avec 35 élèves par classe et les exigences du programme et le nombre d'évaluation demandées). Cela devient de l'abattage.
Pour d'autres disciplines comme les langues, ce doit être bien pire.

Trompettemarine, lire ce que vous endurez en LC me révolte toujours autant. Je te souhaite de trouver un poste qui pourra te permettre de tenir sereinement pour les dernières années qu'il te reste à faire.

Sans idéaliser la situation, et sans dire que le collège tranquille se trouve à tous les coins de rue, mais pour apporter tout de même un témoignage positif parce qu'il y a encore des endroits où enseigner est agréable, je dois dire que j'enseigne dans un collège ex-rep que je trouve très tranquille.

Entre 400 et 450 élèves selon les années, de CSP très diverses mais avec une moitié de boursiers dont beaucoup au taux maximum, un certain pourcentage d'élèves issus de l'immigration, des élèves FLS, un chef en or qui par exemple a attribué 2h semaine au latin en 5e (qui va certes bientôt muter...), une équipe de profs à 90% cohérente et soudée malgré nos différences liées à nos personnalités, nos choix pédagogiques, des classes pour le moment pas surchargées car un seuil à 27 maxi, que, dans les faits, on n'atteint que rarement, est encore préservé suite à la perte du statut rep (j'ai une 3e à 25 et deux 6e à 21 et 23 cette année), des élèves polis et respectueux pour l'immense majorité avec qui l'ensemble des collègues a une bonne relation. Et ce n'est pas lié à cette année, les relations avec les élèves sont globalement apaisées avec l'ensemble des collègues.

Dans ma 3e et une de mes 6e, je ne fais absolument jamais de discipline. Mes 3e ne sont pas très travailleurs à la maison mais font en classe ce que je demande et il n'y a jamais de bavardages, les 6e sont vraiment bons et tiennent compte de tous les conseils qu'on peut leur donner. Ma dernière classe de 6e, dont je suis PP, est un peu faible mais après quelques mois de "mise au pas" assez militaire, l'ambiance y est clairement au travail et c'est finalement la classe dans laquelle j'ai le plus de plaisir à enseigner car ils sont spontanés et curieux pour beaucoup et ce qui m'intéresse, c'est que vu leurs lacunes, il y a plus d'enjeux avec eux que dans ma classe excellente et adorable d'élèves très suivis par leurs parents. J'aime le programme de collège et les élèves de cet âge-là et ne me suis jamais sentie à ma place en lycée (il faut dire que j'étais jeune quand j'y ai été et que j'ai toujours récupéré des classes faibles dont beaucoup de classes techno type génie élec').

En écrivant ce message, j'ai totalement conscience que cette réalité est loin d'être partagée mais elle existe aussi... Je rajouterais bien parce que je ne suis pas coupée de la réalité : pour combien de temps encore ? Mais pour finir sur une note positive, c'était ma 16e rentrée dans ce même collège en septembre dernier (ce qui facilite aussi grandement la tâche).

ThomCarver, ce serait mon rêve aussi : avoir une classe en lycée et le reste au collège!
En tout cas, bon courage aux collègues de LC notamment.

trompettemarine a écrit:Les trois classes en lycée en lettres pour un agrégé, c'était avant. Pour les certifiés, on peut monter très vite avec les 2 heures sup obligatoires. Comment faire du bon travail avec autant de classes (dans cette discipline avec 35 élèves par classe et les exigences du programme et le nombre d'évaluation demandées). Cela devient de l'abattage.
Pour d'autres disciplines comme les langues, ce doit être bien pire.

Tout depe d si vous avez ou non des spécialités, je n'ai que 4 classes cette année, cela ne m'était jamais arrivé avant la réforme (et pourtant la réforme....) Bref comme il n'y a plus de bac, curieusement cela a redonné de l'intérêt à mes préparations de cours. Plus besoin de parler d'environnement, des nouvelles technologies et toutes ces choses qui me barrent. Je peux maintenant uniquement faire cours sur les thématiques qui me plaisent en orientant sur littérature et histoire à 80%. Ce qui est paradoxal car je continue de considérer les modalités de la réforme du bac comme une nullité sans nom.

TZR certifiée, j'avais un service à 8 classes de septembre à janvier. Que du tronc commun : 1 seconde, 3 premières dont 1 euro, 3 terminales générales, 1 terminale techno + ETLV.
L'horreur absolue. Le jour où je demande un poste fixe, ce sera en collège.

@Dinosaura
Je viens de parcourir le fil et  pour avoir réfléchi à la question, être en plus dans une discipline qui de toute manière ne se relèvera plus et ne garantit plus un "vrai"poste,  j'opine pour le temps libre, coûte que coûte. C'est-à-dire qu'il faut accepter de s'ennuyer au boulot contre la certitude de vivre à côté, en ayant du temps, en étant à proximité si possible. Il y a quelques années, encore "jeune" reconverti  j'avais demandé des bons lycées, je ne les ai pas eus (et où serais-je maintenant, et dans quel état,  avec le laminage de ma discipline, le saccage du bac Blanquer ? ) faut de points. J'ai aussi lancé des perches vers le supérieur et j'ai vite compris que tout était fermé. Ensuite, j'ai tenté de me re-reconvertir : en vain.  Désormais, je pense que j'aurais assez de points pour obtenir n'importe quel établissement  (à supposer qu'il y ait des postes) mais je ne veux plus. Le proverbe populaire a raison : "Quand on a le pain, on n'a plus les dents". Donc plutôt que de toujours courir après quelque chose en rapport avec mon métier, d'illusoire, je contourne l'obstacle et je laisse tomber. @trompettemarine Comme la plupart des Français, je vais faire un métier alimentaire, mais que je connais maintenant sur le bout des doigts, ce qui me permet de ne plus subir de cadences infernales, que je retrouverais à coup sûr si je comptais sur le chimérique bonheur de trouver loin de chez moi un public plus agréable que mes sauvageons mal élevés.  Et bien m'en  prend: j'ai parfois un emploi du temps horrible (cette année par exemple des amplitudes de près de 12 heures et des trous) , et je rentre chez moi - 5mn à vélo- tous les midis, et même dans les trous. Qui plus est, à chaque coup de massue supplémentaire contre le métier, la discipline, les statuts, je lâche du lest. Les cours et rien d'autre, hormis le conseil de discipline.

Tu tires le meilleur du pire. Tu t'es fait une raison.
Quelle ignominie de pousser les enseignants qui aiment leur métier à ne plus s'impliquer. C'est à :pleurs:

Celadon a écrit: Tu tires le meilleur du pire. Tu t'es fait une raison.
Quelle ignominie de pousser les enseignants qui aiment leur métier à ne plus s'impliquer. C'est à :pleurs:

D'où une de mes signatures .  Je préfèrerais qu'il en fût autrement, mais c'est la logique du moindre mal.  C'st vrai que l'EN , c'est un peu Peau d"âne à l'envers : ça change  l'or en crottin.
Quant à aimer son métier, il faudrait encore en avoir toujours un. J'estime ne plus avoir grand-chose de mon métier (disparition quasi totale des LA, saccage des horaires et programmes de français), mais seulement un travail. Ca, je ne pouvais pas le prévoir, ma boule de cristal était muette, sinon j'aurais trouvé une autre solution que l'EN, ou j'aurais anticipé une reconversion avant la date de péremption au lieu de m'épuiser a faire double journée en préparant l'agreg.
Ceci dit, je me suis remis à lire un peu tout et n'importe quoi hors contrainte de programme scolaire ou de concours, je m'entretiens en enseignant le défunt grec par le biais associatif, j'ai  commis de menus travaux en latin, et comme je suis en REP, j'aurais bientôt accès au "vivier" 1 qui améliorera mon train de vie de nabab à la retraite.

Ceci pour conclure que Dinosaura serait sans doute mieux quoi qu'il arrive avec sa famille, ses gosses, près de son domicile si possible, que dans un hypothétique bonheur professionnel, quels que soient les qualités de ses élèves et de leurs copies. Pour l'opinion de sa direction, qu'elle n'oublie pas qu'ils ne sont pas ses employeurs, qu'ils ne lui sont rien à titre personnel, qu'elle n''st pas employée d'un établissement mais fonctionnaire d'Etat (pour l'instant), que tout passe de toute manière...

Lefteris a écrit: C'st vrai que l'EN , c'est un peu Peau d"âne à l'envers : ça change  l'or en crottin.

J'aime beaucoup la formule. C'est tout à fait ça.

Bonjour à tou(te)s!

Suite à une mesure de carte scolaire je quitte mon collège en septembre pour intégrer le lycée le plus proche. Beaucoup de collègues voient cela comme une chance. Malheureusement ce n'est pas comme ça que je le vois. En fait je redoute énormément le travail en lycée, j'ai effectué mon année de stage dans un lycée du 93 il y a 12 ans et cela a été une année terrible. De plus une ancienne collègue d'anglais m'a raconté son passage du collège au lycée cette année et cela a été l'enfer pour elle.

Je crains d'être complètement submergé par le travail et de ne pas être à la hauteur. Je précise que j'enseigne l'espagnol. Déjà à la base je suis très anxieux de nature et je mets du temps à m'habituer à toute nouvelle situation. Je suis tout le temps à juger ma pratique en classe, comme si j'étais inspecté en permanence. Heureusement mes futurs collègues ont l'air très gentils et je sais qu'il y a beaucoup d'entraide. Le fait aussi d'apprendre que je n'aurai plus ma propre salle où je pourrai m'isoler pendant les heures de trou pour me détendre et me "recharger" m'angoisse beaucoup.

En tout cas cette année, comme pour beaucoup de personnes, a été très dure, entre confinement et protocoles spéciaux (changer de salle à chaque heure, redémarrer l'ordinateur à chaque fois, ouvrir à nouveau tous ses documents, etc. pendant que les élèves s'en donnent à coeur joie). J'ai dû être arrêté deux mois pour dépression et j'en ressors à peine. Je crains que l'année prochaine ne soit le coup de grâce.

Je me suis dépensé sans compter pendant 12 ans sur 7 collèges différents pour faire de mon mieux et je n'en peux plus. Je ne veux plus devoir faire mes preuves et ne veux plus que mon travail ait un impact négatif sur ma famille et ma santé. Je précise que je suis suivi par un psychiatre depuis plusieurs années et que je dois prendre un traitement qui, malheureusement, ne fait plus guère effet.

C'est pourquoi je lance cet appel à témoignage : y a-t-il quelqu'un parmi vous qui a vécu une sorte de "renaissance" après être passé du collège au lycée? Comment se préserver et ne pas faire tourner toute sa vie autour du travail? Comment arrivez-vous à ne pas vous mettre la pression?

Merci d'avance pour vos témoignages :|

Je suis passée il y a quelques années du collège au lycée, après plusieurs années de collège. Je ne dis pas que ça a été facile mais pour moi, ça a été un vrai bol d'air car j'avais impression de tourner un peu en rond dans les pratiques. C'était un vrai choix, ce qui ne semble pas être ton cas et je pense que ça joue aussi beaucoup.
Pour moi, tu dois beaucoup miser sur l'entraide entre collègues. Tu dis que l'équipe est accueillante et que l'entraide existe : profite-en. Demande-leur des conseils, des idées, des activités (à charge de revanche bien-sûr plus tard), n'hésite pas à leur dire quand tu es trop surchargée de travail et que tu n'as pas ton cours ou ton devoir totalement prêt. Si d'autres ont vécu la même situation que toi, ils comprendront. Après, dis-toi qu'on ne peut pas être au top dès la première année et qu'il est normal que toutes les séances ne soient pas aussi bien que tu le souhaiterais. Pour l'installation, en salle de classe, si le fait de ne plus avoir "sa salle" peut être déstabilisant au début, les lycéens demandent quand même moins de cadrage que des collégiens lors de l'entrée en cours et cela laisse plus de temps pour s'occuper de "l'intendance" (documents, ordinateur) et si le collègue d'avant est sympa, il peut te laisser l'ordinateur allumé (ou tu lui demande pour les cours suivants).