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Edgar
Neoprof expérimenté

nos collègues nous agacent... - Page 9 Empty Re: nos collègues nous agacent...

par Edgar Mer 9 Fév 2011 - 9:29
Juliet2007 a écrit:Pour répondre à Cripure, j'ai moi aussi du mal avec le travail en équipe! Et je pense que mes propos ont été mal interprétés: loin de moi l'idée d'être un "petit chef", au contraire, c'est plutôt l'inverse dans mon cas, c'est ma collègue qui veut tout régenter! Je ne leur impose aucune réunion, je m'y rends à chaque fois, la seule chose que je leur demande, c'est d'être là lorsque nous prenons 5 minutes pour parler de la DGH, de la répartition de l'an prochain, de leurs souhaits concernant telle ou telle chose... Et c'est tout, et même ça, ça ne passe pas!

Dans l'histoire, c'est quand même moi qui ai une surcharge non négligeable de travail, et ne sachant pas déléguer (de toute façon, les rares fois où j'ai eu un empêchement pour une réunion et que j'ai demandé à un membre de l'équipe de me remplacer, ils avaient autre chose à faire, et j'ai dû déplacer mes rendez-vous pour pouvoir assister à la réunion!), je m'occupe de tout sans rien leur imposer.

J'ai la triste impression de connaître cette personne, puisque cela aurait pu être moi il y a encore 2 ans. Il y 8 ans, alors que j'étais encore naïf et convaincu que nous pourrions faire quelque chose dans notre collège, j'avais même pris une baby-sitter pour garder mon fils, qui était nourrisson, plusieurs fois par an en fin d'après-midi pour participer au comité de pilotage du projet d'établissement. Comment je me suis retrouvé embarqué là-dedans ? Je croyais à cette époque qu'une note du CE pour convoquer les enseignants à une réunion s'imposait d'office à tout le monde. Mais comme nous n'étions que 5 à être venus à la réunion, nous avons tout naturellement été désignés pour mettre en place le projet. Plusieurs réunion le soir pendant 6 mois pour qu'une fois le travail fini, la salle des profs, qui n'avait rien fait pour faire avancer le sujet, nous oppose un refus catégorique sur le projet. Résultat, ça m'a coûté de l'argent, du travail en plus, et pour quoi ? Pour qui ?

J'ai malheureusement trop d'histoires de ce type à raconter pour avoir conservé ma fraîcheur et mon énergie. Je ne suis pas fier, loin de là, c'est plutôt ridicule comme parcours quand je le regarde avec du recul, et pénible d'avouer que l'on s'est fait avoir dans les grandes largeurs comme un sot.

Comme par exemple quand j'ai passé du temps pendant mes we et mes vacances (je ne suis ni célibataire, ni sans enfants, ni passionné par mon métier, pour ceux qui croiraient que je n'ai que ça à faire) pour produire le programme de PPRE de mon collège sachant que personne ne voulait s'y coller et qu'il fallait démarrer à la prochaine rentrée. Ou quand nous avions organisé une réflexion sur le rôle du PP dans notre collège et étions rassemblés avec quelques PP de l'établissement pour mettre à plat nos idées et pratiques afin d'en profiter mutuellement et que je me suis retrouvé à une table de 8, avec 2 collègues qui répétaient mécaniquement "t'façon, j'vois pas à quoi ça sert, t'façon, j'vois pas à quoi ça sert", une autre qui était à deux doigts d'exploser et de pleurer à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche et qui pourtant avait de bonnes idées, deux autres qui n'avaient pas la moindre idée, comme ces élèves que l'on essaie de faire participer en vain et qui n'ont effectivement rien à dire, une collègue d'EPS qui a nourri le débat de façon construite et utile, moi qui la mettait en veilleuse dans ce groupe de femmes et qui proposait timidement un truc parmi les notes discrètes que j'avais déjà préparées sur la question, pour ne surtout pas avoir l'air d'y avoir déjà réfléchi. Fin de réunion, nous avions donc des idées de 3 personnes sur 8 présentes. Reste la synthèse. Ah, la synthèse ! Bien sûr je m'y suis collé pour un document de 3 pages sur lequel j'ai mis comme co-auteurs en titre les 8 personnes, par correction, et que je crois que personne n'a lu depuis. L'an dernier, j'ai fini par retirer les noms des professeurs que j'avais notés sur ce document qui reste distribué à tous les collègues PP par l'administration. Je fais ma libération.

Autres exemples ? les CA jusqu'à 23 heures, le B2i, qui n'a jamais concerné personne, la création d'un forum des profs du collège pour permettre à tout le monde de ne pas être coincé dans des réunions interminables et sur lequel 2 collègues seulement sont venus dire des choses pertinentes, la gestion volontaire, à titre gratuit, des néotitulaires. J'ai tout arrêté il y a un an. J'essaie désormais de faire faire aux autres, et si rien ne se passe, je ne me sens plus du tout concerné, ni gêné.

Je ressens une certaines usure, d'autant encore une fois, comme je l'ai dit, que je ne suis pas passionné par mon métier, je l'aime bien et je le fais mais c'est tout, mes passions sont ailleurs, j'ai plein d'autres choses à faire que de faire des heures suppl sur des travaux qui n'intéressent personne, et j'ai des activités hors école qui pâtissent terriblement de ma conception anachronique de ma mission professionnelle.

Les réformes du petit DRH de l'Oréal qui s'est imposé comme notre patron n'arrangent rien à mon agacement.

Un collègue m'a dit hier qu'il avait l'impression que j'étais déjà parti ailleurs. Ca a donc l'air de se voir pas mal. Je suis en fin d'un cycle et je suis donc en train de penser à la suite de ma carrière de prof, ailleurs, et autrement. A clean cut
Daphné
Daphné
Demi-dieu

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par Daphné Mer 9 Fév 2011 - 10:13
Cripure a écrit:
Juliet2007 a écrit:Coup de gueule par chez nous aussi, j'en ai maaaaaaaaaarre! Etant coordo de l'équipe d'anglais, j'assiste à toutes les réunions (même celles auxquelles je ne suis pas nécessairement tenue d'assister, pouvant déléguer à un membre de mon équipe, mais personne n'est jamais volontaire...), je transmets toutes les infos, prévois des discussions diverses en équipe (DGH, répartition, Socle Commun...), mais une nouvelle venue depuis septembre a décidé de me mener la vie dure... Elle refuse désormais que les réunions ne soient pas prises sur nos heures de cours (d'habitude, on prévoyait ça entre midi et deux, ou à une heure où tout le monde était dispo), est hyper agressive et d'une mauvaise foi incroyable (elle me reproche de ne pas faire assez d'animation d'équipe, je lui ai rétorqué que j'étais prof, pas GO au Club Med...), dit que tant que je "gèrerai aussi mal l'équipe", elle ne s'impliquera pas davantage. Elle refuse par exemple de récolter l'argent du Big Challenge et de remplir les fiches d'inscription pour ses classes, elle veut que je m'en charge pour elle car c'est "inadmissible qu'on ait décidé d'y participer avant [qu'elle] arrive en septembre". J'ai refusé, faut pas déconner, je veux bien être sympa mais pas abrutie non plus, et vu toute la sympathie qu'elle m'inspire... Et c'est la même chose pour TOUT. Elle refuse de vérifier ses mails sur l'ENT (du coup, quand je ne la croise pas et qu'elle n'a pas une info, c'est ma faute, mauvaise communication dans l'équipe, ben tiens...), et à force, j'ai vraiment la sensation que c'est juste pour pinailler et faire sa chieu**.

Bref, une emm******* de première, bien décidée à me mettre des bâtons dans les roues toute l'année. Le pompon? On partage deux classes de 3e (enfin, elle les a 2h en classe entière, et la 3e heure est dédoublée, du coup, j'ai un demi-groupe une heure par semaine pour chacune de ces classes), et elle a subitement décidé de changer les groupes (ordre alphabétique jusque-là) sans m'en avertir. Ce qui fait que je me retrouve avec le groupe des faibles (ça m'est égal, mais c'est le principe du clivage par le niveau qui me gène), et qu'elle est en train de confondre dédoublement pour faire de l'oral avec groupes de niveaux (tout ce qu'on ne voulait pas à la base, et c'est injustifiable d'un point de vue pédagogique, de surcroît auprès d'un IPR!) pour faire du soutien! Or, tous les élèves de 3e sont en droit d'avoir 3 vraies heures d'anglais, je ne veux pas faire de la redite (en plus, elle est anti-CECRL, elle ne fait QUE de la grammaire en français et critique ouvertement, en salle des profs et devant les élèves, mes méthodes...), je ne suis pas payée pour faire du soutien. Mais dès que je lui expose les choses, elle se met dans des états lamentables, est même allée jusqu'à se faire arrêter toute la semaine dernière en raison de la mauvaise ambiance qui plane au collège et surtout dans l'équipe d'anglais (sous-entendu: à cause de moi), et parce qu'elle avait besoin de réfléchir.

J'ignore pourquoi elle s'est soudain braquée à ce point, mais là, ça prend des proportions incroyables! Elle a même été jusqu'à ouvrir mon bulletin de salaire (dans mon casier, hein!!!), qui serait soi-disant arrivé par mégarde dans son casier (ben voyons, juste le mien!), et a commenté le montant en disant que "vu mon salaire alors que je débute, ça doit être grassement payé que d'être coordo"!!! Pour info, nos casiers ne sont pas fermés à clé, et je suis PP et bi-ad, d'où un petit plus à la fin du mois (mais jamais reçu le moindre centime en tant que coordo, ni l'an dernier ni cette année).

Je crois qu'elle a un sérieux problème, du coup, notre chef, qui est adorable mais qui ne gère pas toujours les conflits, a peur de lui parler de tout ça et ne prend pas ses responsabilités...

Vous feriez quoi à ma place? Si la direction a peur de lui en parler de peur qu'elle le prenne mal, où va-t-on? Je ne peux plus rien faire en ce qui me concerne, elle refuse même de répondre à des questions basiques (encore à midi, je lui demandais si elle avait des niveaux préférés pour l'an prochain car je bosse sur la répartition, ou si elle acceptait de faire des heures supp') hors temps de travail!!! C'est vraiment de la mauvaise volonté...


Ce qui me frappe dans votre récit, c'est finalement la part très importante du travail en commun que vous semblez devoir "manager". C'est un aspect du métier que je ne connais pas du tout et que je n'ai jamais pratiqué. Nous nous entendons très bien dans notre discipline, mais nous ne parlons jamais de ce que nous faisons avec nos classes, nous ne mettons rien en commun, et tout se passe bien. Le coordonnateur transmet les infos, on décide en commun s'il y a une décision à prendre, et c'est marre. Je ne sais pas comment je réagirais s'il fallait que je participe à des réunions, que je calque ma progression sur celle des autres, bref, que je rende des comptes. Je crois que je n'ai pas fait ce métier pour ça, au fond. Ce n'est pas un reproche, mais je crois que je serais souvent très désagréable. Et, bien sûr, je ne viendrais jamais à une réunion après 17h ou entre midi et deux. Smile Faut quand même pas pousser ! J'ai 14h de cours à faire, je les fais, je ne suis jamais absent, jamais en retard, mais je ne reste pas au bahut, dès que j'ai fini, je me barre. Sinon, je lis quand ? Je me promène quand ? Je vis quand ? Je corrige quand ? Si je eux faire le même cours et les mêmes devoirs pendant cinq années d'affilée, ça ne regarde que moi. Attention à ne pas être perçue comme un "petit chef", sans vouloir vous froisser, c'est quand même une tendance dans l'EN aujourd'hui. Et c'est très très mal perçu !!

100 % d'accord avec cripure.
Et nos 15 ou 18 h qui font d'ailleurs beaucoup plus vu les EDT à trous qu'on nous ménage, plus toutes les réunions, ça suffit largement, d'autant plus qu'en rentrant chez soi à ma connaissance on a encore du travail. Alors le discours sur le routier boulanger ou autre, chacun son job, ils ne passent pas leurs week-ends ou une bonne partie de leurs vacances et de leur temps libre à travailler chez eux comme nous le faisons.
Parce que ça ça n'est jamais vu ni pris en compte par personne !
Et je ne parle pas de la tension nerveuse de nos journées dans le bruit et la gestion des classes au quotidien.

Les postes aux concours sont ouverts à tout le monde, il manque des candidats en ce moment, il n'y au plus aucune limite d'âge, alors avis à tous ceux qui veulent venir buller tranquille dans l'EN, boucher routier boulanger ou chirurgien ......................... :diable:
Daphné
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Demi-dieu

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par Daphné Mer 9 Fév 2011 - 10:17
Presse-purée a écrit:On est tous des sales fainéants, des syndiqués crypto-trotskistes

J'assume totalement :lol: :lol:
Daphné
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Demi-dieu

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par Daphné Mer 9 Fév 2011 - 10:29
Cripure a écrit:
William a écrit:
Cripure a écrit:Je ne sais pas comment je réagirais s'il fallait que je participe à des réunions, que je calque ma progression sur celle des autres, bref, que je rende des comptes. Je crois que je n'ai pas fait ce métier pour ça, au fond. Ce n'est pas un reproche, mais je crois que je serais souvent très désagréable. Et, bien sûr, je ne viendrais jamais à une réunion après 17h ou entre midi et deux. Smile Faut quand même pas pousser ! J'ai 14h de cours à faire, je les fais, je ne suis jamais absent, jamais en retard, mais je ne reste pas au bahut, dès que j'ai fini, je me barre. Sinon, je lis quand ? Je me promène quand ? Je vis quand ? Je corrige quand ?

Excusez moi d'intervenir ainsi dans le débat moi qui suis nouveau sur le forum et dans le métier mais...je voudrais tout simplement dire, avec tout le respect qui vous est du, que de tels propos me font littéralement halluciner.
Vous faites vos 14h en bon petit fonctionnaire d'Etat et puis basta, surtout pas 10 mn de plus pour régler un problème, pour gérer un dossier pour effectuer un travail d'équipe etc...Bah non, vous devez lire, il ne vous reste que 154 heures dans votre semaine pour lire, vous promenez, vivre et corriger. Ca me semble pas mal (je vous cite: "faut quand même pas pousser!")

Entendons nous bien, je ne remets absolument pas en cause vos aptitudes professionnelles, vous êtes sans doute un professeur investi (votre présence sur ce forum le prouve) et compétent. Mais je ne comprends pas et ne comprendrai jamais comment on peut être à ce point tâtillon sur ses petites heures à effectuer ignorant que le boulanger, le routier, l'entrepreneur, le chirurgien etc...font parfois en une journée ce que vous faites en une semaine.

Bref, je ne tiens pas à polémiquer davantage, peut-être aurai-je votre discours dans quelques années (si j'exerce toujours la profession), mais je trouve toujours dommage et même attristant qu'une profession qui travaille avec de l'humain soit à ce point négligeante du fait que l'engagement professionnel dépasse toujours un peu le cadre de ce pour quoi il est rémunéré.

Rassurez-vous, je ne prends pas vos propos comme une polémique. J'ai donné un point de vue en m'appuyant sur ma pratique, je trouve normal que vous vous appuyiez sur votre ressenti pour donner le vôtre. Je voudrais vous répondre, parce que je pense qu'une des raisons de la fatigue de la profession réside dans une forme de mauvaise conscience, à mon sens déplacée.
- D'abord, je n'ai rien dit du temps que je peux passer à répondre à des demandes d'élèves. Je parle d'un temps que les nouvelles générations de profs s'obligent à donner à l'institution, pour rien, du temps perdu de mon point de vue. Se réunir pour un sujet commun, par exemple, ça ne sert à rien, si ce n'est à faire de la com' en direction des familles sur le mode "on joue à l'exam". Ca n'a aucune conséquence sur l'apprentissage. Pourquoi donc s'embarrasser ? Nous avons fait ce choix, très consciemment.
- Quand je parle d'aller lire, je parle de mon travail : je suis professeur de lettres, j'ai une terminale L, une 1e S, une terminale en latin, une seconde. Je fais lire 5 livres en 1eS, 6 en seconde, les 4 nationaux en T L et un national en latin. Outre ces oeuvres, il y a les ouvrages critiques que je veux avoir lus ou relus pour faire mon cours (il se trouve que je travaille sans papiers, sans notes, parce que j'ai horreur de ça, et donc je lis, digère et relis sans cesse : c'est mon travail, j'insiste). Et puis, il y a les copies. Je ne sais pas vous, mais je ne donne jamais de QCM... Bref, sans avoir le temps de bien faire, ce boulot ne sert à rien.
- Je n'ai donc aucun complexe à l'égard de mon boulanger ou de mon électricien. Je n'ai aucune mauvaise conscience. J'ai choisi une voie, j'ai satisfait aux exigences de mon employeur, j'accepte un salaire modeste par rapport à mon niveau d'étude et je considère que mon temps libre est une partie de ma rémunération. Libre à ceux qui veulent singer les cadres dans leurs entreprises de le faire, mais je pense que le métier d'enseignant se passe très bien de cette agitation pleine de projets et brasseuse de vent. Après 23 années de métier quand même, je n'ai jamais rencontré un seul élément qui me fasse envisager de changer quoi que ce soit. Votre discours m'attriste un peu, pour vous plus que pour moi : vous semblez avoir honte de ne pas avoir les mêmes obligations que d'autres corps de métier (connaissez-vous le salaire d'un chirurgien avec les dessous de table ?). C'est bien sûr votre affaire. Mais vos élèves ont-ils besoin de cette débauche d'activités que décrivait le premier message auquel je répondais ?
- Oui, je suis un bon petit fonctionnaire. C'est-à-dire quelqu'un qui travaille ailleurs que dans une entreprise, quelqu'un qui paye des impôts sans dissimuler quoi que ce soit, quelqu'un qui ne cherche pas à rendre autrui crétin pour lui vendre un truc débile, quelqu'un pour qui la rentabilité n'est pas un cauchemar permanent. Ca me rend plutôt fier, figurez-vous.
- Je hais le travail d'équipe."Le pluriel ne vaut rien à l'homme et sitôt qu'on
est plus de quatre on est une bande de cons"
Brassens. J'aime bien.

- Dernier point. Dans ce métier, il faut durer. Pour durer devant des classes, il faut avoir de la force au fond de soi, et je ne parle pas de faire la discipline éventuellement. Vous verrez dans dix ans combien certains jours il faut d'énergie pour sortir un mot. Je veux rester vivant encore quelques temps.

Amitiés à vous, jeune Collègue. On en reparle en 2025 ?

Egalement d'accord à 100 % avec tout ce que dit Cripure veneration veneration
Non mais !
Surtout quen plus je suis rentrée dans ce métier pour travailler seule dans ma classe, par esprit d'indépendance, et je ne vois pas ce que j'ai à faire avec mes collègues de la même discipline qui ont eux leurs classes qui ne sont pas les miennes, et encore moins en transversalité plus ou moins débile avec des projets anglais maths sciences HG lettres qui ne servent à rien !!
roxanne
roxanne
Oracle

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par roxanne Mer 9 Fév 2011 - 11:30
Bon , par contre , je trouve parfois que certains collègues exagérent.On a reçu nos copies de brevet blanc , bon certes c'est une charge de boulot non négligeable , mais bon aux dernières nouvelles corriger des copies , ça fait partie du job , non? Donc là, on récupère nos copies, et les consils des 3° sont le 21...L'idéal serait donc qu'on ait fini le 17, 18 pour qu'on puisse rentrer les notes (copies partagées)AVANT le conseil...ce matin, en surveillant les maths j'ai déjà corrigé 27 copies (questions , réécriture)..et bien non, c'est "impossoble" (une collègue a deux classes)..du coup, on rentrera les notes APRES les conseils (donc refaire les appréciations éventuellement )...ben, ça ça me gonfle ..Ce n'est pas non plus la mer à boire que de corriger 54 copies (et encore c'est moi qui en ai le plus ) en 10 jours ...plutôt que de se présenter en conseil sans les notes du brevet blanc ..Et on a une direction qui ne nous met pas la pression , du coup certains en profitent ...
ysabel
ysabel
Devin

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par ysabel Mer 9 Fév 2011 - 12:00
Cripure a écrit:
William a écrit:
Cripure a écrit:Je ne sais pas comment je réagirais s'il fallait que je participe à des réunions, que je calque ma progression sur celle des autres, bref, que je rende des comptes. Je crois que je n'ai pas fait ce métier pour ça, au fond. Ce n'est pas un reproche, mais je crois que je serais souvent très désagréable. Et, bien sûr, je ne viendrais jamais à une réunion après 17h ou entre midi et deux. Smile Faut quand même pas pousser ! J'ai 14h de cours à faire, je les fais, je ne suis jamais absent, jamais en retard, mais je ne reste pas au bahut, dès que j'ai fini, je me barre. Sinon, je lis quand ? Je me promène quand ? Je vis quand ? Je corrige quand ?

Excusez moi d'intervenir ainsi dans le débat moi qui suis nouveau sur le forum et dans le métier mais...je voudrais tout simplement dire, avec tout le respect qui vous est du, que de tels propos me font littéralement halluciner.
Vous faites vos 14h en bon petit fonctionnaire d'Etat et puis basta, surtout pas 10 mn de plus pour régler un problème, pour gérer un dossier pour effectuer un travail d'équipe etc...Bah non, vous devez lire, il ne vous reste que 154 heures dans votre semaine pour lire, vous promenez, vivre et corriger. Ca me semble pas mal (je vous cite: "faut quand même pas pousser!")

Entendons nous bien, je ne remets absolument pas en cause vos aptitudes professionnelles, vous êtes sans doute un professeur investi (votre présence sur ce forum le prouve) et compétent. Mais je ne comprends pas et ne comprendrai jamais comment on peut être à ce point tâtillon sur ses petites heures à effectuer ignorant que le boulanger, le routier, l'entrepreneur, le chirurgien etc...font parfois en une journée ce que vous faites en une semaine.

Bref, je ne tiens pas à polémiquer davantage, peut-être aurai-je votre discours dans quelques années (si j'exerce toujours la profession), mais je trouve toujours dommage et même attristant qu'une profession qui travaille avec de l'humain soit à ce point négligeante du fait que l'engagement professionnel dépasse toujours un peu le cadre de ce pour quoi il est rémunéré.

Rassurez-vous, je ne prends pas vos propos comme une polémique. J'ai donné un point de vue en m'appuyant sur ma pratique, je trouve normal que vous vous appuyiez sur votre ressenti pour donner le vôtre. Je voudrais vous répondre, parce que je pense qu'une des raisons de la fatigue de la profession réside dans une forme de mauvaise conscience, à mon sens déplacée.
- D'abord, je n'ai rien dit du temps que je peux passer à répondre à des demandes d'élèves. Je parle d'un temps que les nouvelles générations de profs s'obligent à donner à l'institution, pour rien, du temps perdu de mon point de vue. Se réunir pour un sujet commun, par exemple, ça ne sert à rien, si ce n'est à faire de la com' en direction des familles sur le mode "on joue à l'exam". Ca n'a aucune conséquence sur l'apprentissage. Pourquoi donc s'embarrasser ? Nous avons fait ce choix, très consciemment.
- Quand je parle d'aller lire, je parle de mon travail : je suis professeur de lettres, j'ai une terminale L, une 1e S, une terminale en latin, une seconde. Je fais lire 5 livres en 1eS, 6 en seconde, les 4 nationaux en T L et un national en latin. Outre ces oeuvres, il y a les ouvrages critiques que je veux avoir lus ou relus pour faire mon cours (il se trouve que je travaille sans papiers, sans notes, parce que j'ai horreur de ça, et donc je lis, digère et relis sans cesse : c'est mon travail, j'insiste). Et puis, il y a les copies. Je ne sais pas vous, mais je ne donne jamais de QCM... Bref, sans avoir le temps de bien faire, ce boulot ne sert à rien.
- Je n'ai donc aucun complexe à l'égard de mon boulanger ou de mon électricien. Je n'ai aucune mauvaise conscience. J'ai choisi une voie, j'ai satisfait aux exigences de mon employeur, j'accepte un salaire modeste par rapport à mon niveau d'étude et je considère que mon temps libre est une partie de ma rémunération. Libre à ceux qui veulent singer les cadres dans leurs entreprises de le faire, mais je pense que le métier d'enseignant se passe très bien de cette agitation pleine de projets et brasseuse de vent. Après 23 années de métier quand même, je n'ai jamais rencontré un seul élément qui me fasse envisager de changer quoi que ce soit. Votre discours m'attriste un peu, pour vous plus que pour moi : vous semblez avoir honte de ne pas avoir les mêmes obligations que d'autres corps de métier (connaissez-vous le salaire d'un chirurgien avec les dessous de table ?). C'est bien sûr votre affaire. Mais vos élèves ont-ils besoin de cette débauche d'activités que décrivait le premier message auquel je répondais ?
- Oui, je suis un bon petit fonctionnaire. C'est-à-dire quelqu'un qui travaille ailleurs que dans une entreprise, quelqu'un qui paye des impôts sans dissimuler quoi que ce soit, quelqu'un qui ne cherche pas à rendre autrui crétin pour lui vendre un truc débile, quelqu'un pour qui la rentabilité n'est pas un cauchemar permanent. Ca me rend plutôt fier, figurez-vous.
- Je hais le travail d'équipe.
"Le pluriel ne vaut rien à l'homme et sitôt qu'on
est plus de quatre on est une bande de cons"
Brassens. J'aime bien.

- Dernier point. Dans ce métier, il faut durer. Pour durer devant des classes, il faut avoir de la force au fond de soi, et je ne parle pas de faire la discipline éventuellement. Vous verrez dans dix ans combien certains jours il faut d'énergie pour sortir un mot. Je veux rester vivant encore quelques temps.

Amitiés à vous, jeune Collègue. On en reparle en 2025 ?

Entièrement d'accord avec toi...

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par Invité5 Mer 9 Fév 2011 - 12:03
ysabel a écrit:
Cripure a écrit:
William a écrit:
Cripure a écrit:Je ne sais pas comment je réagirais s'il fallait que je participe à des réunions, que je calque ma progression sur celle des autres, bref, que je rende des comptes. Je crois que je n'ai pas fait ce métier pour ça, au fond. Ce n'est pas un reproche, mais je crois que je serais souvent très désagréable. Et, bien sûr, je ne viendrais jamais à une réunion après 17h ou entre midi et deux. Smile Faut quand même pas pousser ! J'ai 14h de cours à faire, je les fais, je ne suis jamais absent, jamais en retard, mais je ne reste pas au bahut, dès que j'ai fini, je me barre. Sinon, je lis quand ? Je me promène quand ? Je vis quand ? Je corrige quand ?

Excusez moi d'intervenir ainsi dans le débat moi qui suis nouveau sur le forum et dans le métier mais...je voudrais tout simplement dire, avec tout le respect qui vous est du, que de tels propos me font littéralement halluciner.
Vous faites vos 14h en bon petit fonctionnaire d'Etat et puis basta, surtout pas 10 mn de plus pour régler un problème, pour gérer un dossier pour effectuer un travail d'équipe etc...Bah non, vous devez lire, il ne vous reste que 154 heures dans votre semaine pour lire, vous promenez, vivre et corriger. Ca me semble pas mal (je vous cite: "faut quand même pas pousser!")

Entendons nous bien, je ne remets absolument pas en cause vos aptitudes professionnelles, vous êtes sans doute un professeur investi (votre présence sur ce forum le prouve) et compétent. Mais je ne comprends pas et ne comprendrai jamais comment on peut être à ce point tâtillon sur ses petites heures à effectuer ignorant que le boulanger, le routier, l'entrepreneur, le chirurgien etc...font parfois en une journée ce que vous faites en une semaine.

Bref, je ne tiens pas à polémiquer davantage, peut-être aurai-je votre discours dans quelques années (si j'exerce toujours la profession), mais je trouve toujours dommage et même attristant qu'une profession qui travaille avec de l'humain soit à ce point négligeante du fait que l'engagement professionnel dépasse toujours un peu le cadre de ce pour quoi il est rémunéré.

Rassurez-vous, je ne prends pas vos propos comme une polémique. J'ai donné un point de vue en m'appuyant sur ma pratique, je trouve normal que vous vous appuyiez sur votre ressenti pour donner le vôtre. Je voudrais vous répondre, parce que je pense qu'une des raisons de la fatigue de la profession réside dans une forme de mauvaise conscience, à mon sens déplacée.
- D'abord, je n'ai rien dit du temps que je peux passer à répondre à des demandes d'élèves. Je parle d'un temps que les nouvelles générations de profs s'obligent à donner à l'institution, pour rien, du temps perdu de mon point de vue. Se réunir pour un sujet commun, par exemple, ça ne sert à rien, si ce n'est à faire de la com' en direction des familles sur le mode "on joue à l'exam". Ca n'a aucune conséquence sur l'apprentissage. Pourquoi donc s'embarrasser ? Nous avons fait ce choix, très consciemment.
- Quand je parle d'aller lire, je parle de mon travail : je suis professeur de lettres, j'ai une terminale L, une 1e S, une terminale en latin, une seconde. Je fais lire 5 livres en 1eS, 6 en seconde, les 4 nationaux en T L et un national en latin. Outre ces oeuvres, il y a les ouvrages critiques que je veux avoir lus ou relus pour faire mon cours (il se trouve que je travaille sans papiers, sans notes, parce que j'ai horreur de ça, et donc je lis, digère et relis sans cesse : c'est mon travail, j'insiste). Et puis, il y a les copies. Je ne sais pas vous, mais je ne donne jamais de QCM... Bref, sans avoir le temps de bien faire, ce boulot ne sert à rien.
- Je n'ai donc aucun complexe à l'égard de mon boulanger ou de mon électricien. Je n'ai aucune mauvaise conscience. J'ai choisi une voie, j'ai satisfait aux exigences de mon employeur, j'accepte un salaire modeste par rapport à mon niveau d'étude et je considère que mon temps libre est une partie de ma rémunération. Libre à ceux qui veulent singer les cadres dans leurs entreprises de le faire, mais je pense que le métier d'enseignant se passe très bien de cette agitation pleine de projets et brasseuse de vent. Après 23 années de métier quand même, je n'ai jamais rencontré un seul élément qui me fasse envisager de changer quoi que ce soit. Votre discours m'attriste un peu, pour vous plus que pour moi : vous semblez avoir honte de ne pas avoir les mêmes obligations que d'autres corps de métier (connaissez-vous le salaire d'un chirurgien avec les dessous de table ?). C'est bien sûr votre affaire. Mais vos élèves ont-ils besoin de cette débauche d'activités que décrivait le premier message auquel je répondais ?
- Oui, je suis un bon petit fonctionnaire. C'est-à-dire quelqu'un qui travaille ailleurs que dans une entreprise, quelqu'un qui paye des impôts sans dissimuler quoi que ce soit, quelqu'un qui ne cherche pas à rendre autrui crétin pour lui vendre un truc débile, quelqu'un pour qui la rentabilité n'est pas un cauchemar permanent. Ca me rend plutôt fier, figurez-vous.
- Je hais le travail d'équipe.
"Le pluriel ne vaut rien à l'homme et sitôt qu'on
est plus de quatre on est une bande de cons"
Brassens. J'aime bien.

- Dernier point. Dans ce métier, il faut durer. Pour durer devant des classes, il faut avoir de la force au fond de soi, et je ne parle pas de faire la discipline éventuellement. Vous verrez dans dix ans combien certains jours il faut d'énergie pour sortir un mot. Je veux rester vivant encore quelques temps.

Amitiés à vous, jeune Collègue. On en reparle en 2025 ?

Entièrement d'accord avec toi...
+1 (et pourtant je suis néotit...)
Marillion
Marillion
Esprit éclairé

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par Marillion Mer 9 Fév 2011 - 12:04
Roxanne, dans mon établissement, le CDE répartit le nombre total de copies en fonction du nombre de profs du niveau. Pour les 4è par ex, nous sommes 3 enseignantes, l'une a 2 classes, le cde nous a attribué 38 copies chacune.
roxanne
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par roxanne Mer 9 Fév 2011 - 12:21
Ah non , nous c'est en fonction du nombre d'élèves ...mais passons , ce n'est même pas ça le problème , c'est cet esprit systématique "Mon dieu , des copies !" ben, oui des copies...
Presse-purée
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Grand sage

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par Presse-purée Mer 9 Fév 2011 - 13:00
Quand je parle d'aller lire, je parle de mon travail : je suis professeur de lettres, j'ai une terminale L, une 1e S, une terminale en latin, une seconde. Je fais lire 5 livres en 1eS, 6 en seconde, les 4 nationaux en T L et un national en latin. Outre ces oeuvres, il y a les ouvrages critiques que je veux avoir lus ou relus pour faire mon cours

Pareil, il faut distinguer lecture boulot et lecture plaisir.

_________________
Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8

"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
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elea84
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par elea84 Mer 9 Fév 2011 - 13:12
La matinée a débuté de manière énergique ce matin, car je suis intervenue pour séparer deux élèves qui se battaient dans l'allée menant à mon établissement.
Pourquoi suis-je en train de poster ici? Parce qu'une de mes collègues est passée à côté des deux élèves (l'un était en train de donner de violents coups de poing à l'autre) sans même leur jeter un regard ou faire une remarque.
C'est donc moi, alors que j'étais presque à l'autre bout de cette longue allée, qui me suis précipitée pour arrêter la bagarre.
Comment peut-on voir ça et ne rien faire du tout? Je peux comprendre que l'on craigne de prendre un mauvais coup, mais on peut au moins donner de la voix pour tenter de calmer la situation, non?
William
William
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par William Mer 9 Fév 2011 - 13:20
Cripure a écrit:
William a écrit:
Cripure a écrit:Je ne sais pas comment je réagirais s'il fallait que je participe à des réunions, que je calque ma progression sur celle des autres, bref, que je rende des comptes. Je crois que je n'ai pas fait ce métier pour ça, au fond. Ce n'est pas un reproche, mais je crois que je serais souvent très désagréable. Et, bien sûr, je ne viendrais jamais à une réunion après 17h ou entre midi et deux. Smile Faut quand même pas pousser ! J'ai 14h de cours à faire, je les fais, je ne suis jamais absent, jamais en retard, mais je ne reste pas au bahut, dès que j'ai fini, je me barre. Sinon, je lis quand ? Je me promène quand ? Je vis quand ? Je corrige quand ?

Excusez moi d'intervenir ainsi dans le débat moi qui suis nouveau sur le forum et dans le métier mais...je voudrais tout simplement dire, avec tout le respect qui vous est du, que de tels propos me font littéralement halluciner.
Vous faites vos 14h en bon petit fonctionnaire d'Etat et puis basta, surtout pas 10 mn de plus pour régler un problème, pour gérer un dossier pour effectuer un travail d'équipe etc...Bah non, vous devez lire, il ne vous reste que 154 heures dans votre semaine pour lire, vous promenez, vivre et corriger. Ca me semble pas mal (je vous cite: "faut quand même pas pousser!")

Entendons nous bien, je ne remets absolument pas en cause vos aptitudes professionnelles, vous êtes sans doute un professeur investi (votre présence sur ce forum le prouve) et compétent. Mais je ne comprends pas et ne comprendrai jamais comment on peut être à ce point tâtillon sur ses petites heures à effectuer ignorant que le boulanger, le routier, l'entrepreneur, le chirurgien etc...font parfois en une journée ce que vous faites en une semaine.

Bref, je ne tiens pas à polémiquer davantage, peut-être aurai-je votre discours dans quelques années (si j'exerce toujours la profession), mais je trouve toujours dommage et même attristant qu'une profession qui travaille avec de l'humain soit à ce point négligeante du fait que l'engagement professionnel dépasse toujours un peu le cadre de ce pour quoi il est rémunéré.

Rassurez-vous, je ne prends pas vos propos comme une polémique. J'ai donné un point de vue en m'appuyant sur ma pratique, je trouve normal que vous vous appuyiez sur votre ressenti pour donner le vôtre. Je voudrais vous répondre, parce que je pense qu'une des raisons de la fatigue de la profession réside dans une forme de mauvaise conscience, à mon sens déplacée.
- D'abord, je n'ai rien dit du temps que je peux passer à répondre à des demandes d'élèves. Je parle d'un temps que les nouvelles générations de profs s'obligent à donner à l'institution, pour rien, du temps perdu de mon point de vue. Se réunir pour un sujet commun, par exemple, ça ne sert à rien, si ce n'est à faire de la com' en direction des familles sur le mode "on joue à l'exam". Ca n'a aucune conséquence sur l'apprentissage. Pourquoi donc s'embarrasser ? Nous avons fait ce choix, très consciemment.
- Quand je parle d'aller lire, je parle de mon travail : je suis professeur de lettres, j'ai une terminale L, une 1e S, une terminale en latin, une seconde. Je fais lire 5 livres en 1eS, 6 en seconde, les 4 nationaux en T L et un national en latin. Outre ces oeuvres, il y a les ouvrages critiques que je veux avoir lus ou relus pour faire mon cours (il se trouve que je travaille sans papiers, sans notes, parce que j'ai horreur de ça, et donc je lis, digère et relis sans cesse : c'est mon travail, j'insiste). Et puis, il y a les copies. Je ne sais pas vous, mais je ne donne jamais de QCM... Bref, sans avoir le temps de bien faire, ce boulot ne sert à rien.
- Je n'ai donc aucun complexe à l'égard de mon boulanger ou de mon électricien. Je n'ai aucune mauvaise conscience. J'ai choisi une voie, j'ai satisfait aux exigences de mon employeur, j'accepte un salaire modeste par rapport à mon niveau d'étude et je considère que mon temps libre est une partie de ma rémunération. Libre à ceux qui veulent singer les cadres dans leurs entreprises de le faire, mais je pense que le métier d'enseignant se passe très bien de cette agitation pleine de projets et brasseuse de vent. Après 23 années de métier quand même, je n'ai jamais rencontré un seul élément qui me fasse envisager de changer quoi que ce soit. Votre discours m'attriste un peu, pour vous plus que pour moi : vous semblez avoir honte de ne pas avoir les mêmes obligations que d'autres corps de métier (connaissez-vous le salaire d'un chirurgien avec les dessous de table ?). C'est bien sûr votre affaire. Mais vos élèves ont-ils besoin de cette débauche d'activités que décrivait le premier message auquel je répondais ?
- Oui, je suis un bon petit fonctionnaire. C'est-à-dire quelqu'un qui travaille ailleurs que dans une entreprise, quelqu'un qui paye des impôts sans dissimuler quoi que ce soit, quelqu'un qui ne cherche pas à rendre autrui crétin pour lui vendre un truc débile, quelqu'un pour qui la rentabilité n'est pas un cauchemar permanent. Ca me rend plutôt fier, figurez-vous.
- Je hais le travail d'équipe.
"Le pluriel ne vaut rien à l'homme et sitôt qu'on
est plus de quatre on est une bande de cons"
Brassens. J'aime bien.

- Dernier point. Dans ce métier, il faut durer. Pour durer devant des classes, il faut avoir de la force au fond de soi, et je ne parle pas de faire la discipline éventuellement. Vous verrez dans dix ans combien certains jours il faut d'énergie pour sortir un mot. Je veux rester vivant encore quelques temps.

Amitiés à vous, jeune Collègue. On en reparle en 2025 ?

Merci pour cette réponse.
Nous n'avons donc effectivement pas la même conception des choses. Je suis loin de vouloir sacrifier ma vie sur l'autel de la sacro-sainte rentabilité, et je suis parfaitement conscient que notre profession est exténuante physiquement et nerveusement. Je ne remets absolument pas cela en cause et à ce que je sache je n'ai traité ici personne de fainéant ni de crypto-trotskiste.

Je reste simplement convaincu que le travail en équipe (tant qu'il n'empiète sur la façon dont nous devons mener nos cours cela s'entend) ne peut être que bénéfique, quitte à sabrer une demi-heure ou une heure de ma journée pour faire aboutir des projets éducatifs qui, condition sine qua non à l'acceptation du "sacrifice", doivent faire sens pour les différents acteurs du projet.

Maintenant je comprends et respecte votre point de vue et m'incline devant le fait que votre ancienneté vous procure un avantage d'analyse que je ne possède certainement pas. Les réunions qui ne "servent à rien" doivent exister...Mais ce fil sert-il à quelque chose ?

Enfin, nous en reparlerons en 2025 comme vous dites.

"L'union, même de la médiocrité, fait la force"
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par Provence Mer 9 Fév 2011 - 13:46
roxanne a écrit:Bon , par contre , je trouve parfois que certains collègues exagérent.On a reçu nos copies de brevet blanc , bon certes c'est une charge de boulot non négligeable , mais bon aux dernières nouvelles corriger des copies , ça fait partie du job , non? Donc là, on récupère nos copies, et les consils des 3° sont le 21...L'idéal serait donc qu'on ait fini le 17, 18 pour qu'on puisse rentrer les notes (copies partagées)AVANT le conseil...ce matin, en surveillant les maths j'ai déjà corrigé 27 copies (questions , réécriture)..et bien non, c'est "impossoble" (une collègue a deux classes)..du coup, on rentrera les notes APRES les conseils (donc refaire les appréciations éventuellement )...ben, ça ça me gonfle ..Ce n'est pas non plus la mer à boire que de corriger 54 copies (et encore c'est moi qui en ai le plus ) en 10 jours ...plutôt que de se présenter en conseil sans les notes du brevet blanc ..Et on a une direction qui ne nous met pas la pression , du coup certains en profitent ...

10 jours pour corriger 54 dictées, 54 copies de questions et 54 rédactions, je trouve cela peu. Nous ne sommes pas des machines à corriger. Nous pouvons aussi avoir autre chose sur le feu au même moment.
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par Provence Mer 9 Fév 2011 - 13:49
William a écrit:
Je reste simplement convaincu que le travail en équipe (tant qu'il n'empiète sur la façon dont nous devons mener nos cours cela s'entend) ne peut être que bénéfique, quitte à sabrer une demi-heure ou une heure de ma journée pour faire aboutir des projets éducatifs qui, condition sine qua non à l'acceptation du "sacrifice", doivent faire sens pour les différents acteurs du projet.

Quel bénéfice en retires-tu?
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par roxanne Mer 9 Fév 2011 - 14:08
Provence a écrit:
roxanne a écrit:Bon , par contre , je trouve parfois que certains collègues exagérent.On a reçu nos copies de brevet blanc , bon certes c'est une charge de boulot non négligeable , mais bon aux dernières nouvelles corriger des copies , ça fait partie du job , non? Donc là, on récupère nos copies, et les consils des 3° sont le 21...L'idéal serait donc qu'on ait fini le 17, 18 pour qu'on puisse rentrer les notes (copies partagées)AVANT le conseil...ce matin, en surveillant les maths j'ai déjà corrigé 27 copies (questions , réécriture)..et bien non, c'est "impossoble" (une collègue a deux classes)..du coup, on rentrera les notes APRES les conseils (donc refaire les appréciations éventuellement )...ben, ça ça me gonfle ..Ce n'est pas non plus la mer à boire que de corriger 54 copies (et encore c'est moi qui en ai le plus ) en 10 jours ...plutôt que de se présenter en conseil sans les notes du brevet blanc ..Et on a une direction qui ne nous met pas la pression , du coup certains en profitent ...

10 jours pour corriger 54 dictées, 54 copies de questions et 54 rédactions, je trouve cela peu. Nous ne sommes pas des machines à corriger. Nous pouvons aussi avoir autre chose sur le feu au même moment.
oui, certes mais on peut le repousser.J'ai prévenu mes 3° que du coup, ils auraient leurs autobio plus tard...mais faire des appréciations "faussées" sans avoir les notes du brevet blanc (coef 2), moi ça me gêne...Et corriger des copies , ce n'est pas un exploit , c'est le métier (très honnêtement en heure et demi ce matin j' ai corrigé 27 questions -réécriture , je vais essayer d'en faire demain...après , les rédacs c'est plus long , mais voilà, on donne un coup de collier..
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par sand Mer 9 Fév 2011 - 14:10
J'en reste coite. J'ai mis quatre heures à corriger mes questions-réécriture-dictée.
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MHG
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par MHG Mer 9 Fév 2011 - 14:27
Oui, je me demande comment vous faites pour être aussi efficaces. Peut-être n'avez-vous que des copies blanches ou sélectionnez-vous les mots que vous lisez. Une copie de brevet blanc me prend en moyenne 10 minutes (et si elle est très mal écrite, comme souvent, c'est bien plus).
Hermione0908
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par Hermione0908 Mer 9 Fév 2011 - 14:41
Pour ma part, je suis une lambine pour corriger les rédactions, et je n'arrive pas à le faire vite et bien, au bout d'un moment je sature. Alors oui, je fais partie des traînards. Il faut dire aussi que dans sa grande bonté, notre administration nous a laissé 8 jours pour corriger 50 copies et remplir les tableaux de notes et de moyennes, parce que je cite "les profs de maths ont toujours fini en trois-quatre jours, alors on s'est dit qu'en français ça serait bon". On a donc expliqué à not'bon adjoint qu'en français, une copie de brevet blanc complète équivalait à 2 à 3 copies d'un devoir "normal" (questions/langue -réécriture et dictée-/rédaction). Ce à quoi il nous a répondu "ah oui, c'est vrai ça. Faites de votre mieux."
Gryphe
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par Gryphe Mer 9 Fév 2011 - 14:48
Cripure a écrit:Dans ce métier, il faut durer. Pour durer devant des classes, il faut avoir de la force au fond de soi, et je ne parle pas de faire la discipline éventuellement.
Meetings or not meetings ?

Dans la situation évoquée plus haut, je dois dire que je comprends et Juliet et Cripure.

C'est extrêmement difficile de concilier les impératifs, et tout simplement les possibles, des uns et des autres.
La réunionite est un danger permanent. J'ai l'habitude de dire qu'on fait des réunions pas pour le plaisir de faire des réunions, mais parce qu'on a des choses à se dire.

Or, il y a des choses qui ne vont pas se faire en claquant dans les doigts (au hasard, organiser une épreuve d'histoire des arts). Même en préparant un maximum chacun les choses de son côté, il y a un moment où il faut quand même bien qu'on réunionne un minimum.

Eh bien, ça va être compliqué... il y a des gens qui soit ne pourront pas venir, soit me diront "désolée, c'est mon seul jour de libre, j'ai des cours à préparer".
Le pire, c'est que je ne leur en voudrais même pas. Je le sais par construction.
Je pourrais par construction aussi faire des EDT à trous exprès pour que les gens restent sur place. Mais bon, je ne vais pas faire ça quand même... Razz

Bref, je rejoins Cripure, qui rappelle la nécessité absolue de préserver du temps pour réfléchir et prendre du recul, car c'est indispensable pour enseigner.
Mais je rejoins aussi Juliet qui a besoin de voir ses collègues (la collègue dont elle parle plus haut semble quand même particulière).

Trouver le temps, et de se réunir, et de cette indispensable prise de recul personnelle tient du défi permanent.

Gryphe

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Τί ἐστιν ἀλήθεια ;
roxanne
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par roxanne Mer 9 Fév 2011 - 16:05
MHG a écrit:Oui, je me demande comment vous faites pour être aussi efficaces. Peut-être n'avez-vous que des copies blanches ou sélectionnez-vous les mots que vous lisez. Une copie de brevet blanc me prend en moyenne 10 minutes (et si elle est très mal écrite, comme souvent, c'est bien plus).
d'abord je n'ai corrigé que les questions-réécriture et désolée mais une fois qu'on a bien en tête le texte , les questions et le corrigé, ça avance ..il ne faut pas exagérer, ce ne sont pas des copies d'agrégation non plus ...et j'ai mis 10 minutes sur les premières copies , puis 5 pour les autres..(et je corrige même les fautes)..tiens , sinon ma principale adjointe m'a aussi dit ce matin que j'étais efficace et dans sa bouche , je ne sentais pas ce petit air de reproche ...sinon, effectivement , il y a ma collègue qui elle, déclare à tout bout de champ, qu'elle , elle met deux heures pour une copie de brevet....parce que vous comprenez , en français c'est beaucoup plus dur qu'ailleurs ..fdranchement je comprends que ça gonfle les collègues parce que ça me gonfle aussi...
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par Celeborn Mer 9 Fév 2011 - 16:10
roxanne a écrit:parce que vous comprenez , en français c'est beaucoup plus dur qu'ailleurs ..

On a la même collègue ? Very Happy

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"On va bien lentement dans ton pays ! Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu'on peut pour rester au même endroit. Si on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça !" (Lewis Carroll)
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Hermione0908
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par Hermione0908 Mer 9 Fév 2011 - 16:46
Questions, réécriture et dictée, une fois que tu as le corrigé en tête, effectivement, ça va vite. Mais les rédactions... si quelqu'un a une méthode pour aller plus vite, je prends. Au bout d'un certain temps, j'ai les yeux qui se croisent.
dandf
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Niveau 9

nos collègues nous agacent... - Page 9 Empty Re: nos collègues nous agacent...

par dandf Mer 9 Fév 2011 - 16:50
Pareil je mets un temps fou à corriger les rédacs! C'est incroyable en correction de brevet j'étais dans les dernières à partir! Embarassed
roxanne
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nos collègues nous agacent... - Page 9 Empty Re: nos collègues nous agacent...

par roxanne Mer 9 Fév 2011 - 16:51
Ah ça la rédaction , c'est surtout que c'est un pensum avec tout ce charabia...
Adri
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Grand Maître

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par Adri Mer 9 Fév 2011 - 16:54
Gryphe, quand je te lis, je me dis : "Tu voudrais pas venir faire chef d'un étab par chez moi, un du genre qui recruterait ses profs, hein, dis ? Parce que moi, je signe !" Rolling Eyes I love you
Sans rire, ce doit être un plaisir de travailler avec toi ! Wink
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User5899
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par User5899 Mer 9 Fév 2011 - 17:01
William a écrit:
Je reste simplement convaincu que le travail en équipe (tant qu'il n'empiète pas sur la façon dont nous devons mener nos cours cela s'entend) ne peut être que bénéfique, quitte à sabrer une demi-heure ou une heure de ma journée pour faire aboutir des projets éducatifs qui, condition sine qua non à l'acceptation du "sacrifice", doivent faire sens pour les différents acteurs du projet.
Oui, je peux comprendre. Mais d'une part, je ne vois pas comment un projet pourra ne pas empiéter sur notre pratique, d'autre part, comme élève et comme prof, j'ai toujours eu les projets éducatifs en horreur, pareil pour les exposés et les sorties affraid affraid

William a écrit:Maintenant je comprends et respecte votre point de vue et m'incline devant le fait que votre ancienneté vous procure un avantage d'analyse que je ne possède certainement pas. Les réunions qui ne "servent à rien" doivent exister...Mais ce fil sert-il à quelque chose ?
Oui : je vous ai énervé Smile
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