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- RuthvenGuide spirituel
EDIT. Je n'avais pas vu que tu avais gavé tes élèves de fantastique.
Des nouvelles de Sheridan Le Fanu (Les Créatures du Miroir) ou Carmilla...
Je fais lire ce texte (enfin à l'époque où les élèves lisaient encore) :
S.Le Fanu, Carmilla (1871)
Laura s’ennuie dans le château retiré dans lequel elle vit avec son père. L’arrivée de Carmilla va faire naître en elle une amitié trouble. Laura dépérit peu à peu d’une étrange maladie.
Je dormis profondément pendant plusieurs nuits consécutives ; mais chaque matin, j’éprouvais la même lassitude, et un grand poids de langueur m’accablait tout au long du jour. Je me sentais complètement transformée. En moi s’insinuait une étrange mélancolie dont je ne désirais pas voir la fin. De vagues pensées de mort firent leur apparition ; l'idée que je déclinais lentement s'empara de mon esprit, m'apportant je ne sais quelle douce joie. Si triste que fût cette idée, elle créait en moi un état d'esprit fort agréable, et mon âme s'y abandonnait sans la moindre résistance.
Je refusais d'admettre que j'étais malade ; je ne voulais rien dire à mon père, ni faire venir le médecin.
Carmilla me témoignait plus d'attachement que jamais, et ses étranges paroxysmes d'adoration languide se faisaient plus fréquents. A mesure que mes forces et mon entrain déclinaient, elle me dévorait du regard avec une ardeur croissante. Ceci ne manquait jamais de me bouleverser comme une crise fulgurante de folie passagère.
Sans m'en rendre compte, je me trouvais à un stade assez avancé de la plus bizarre maladie qui eût jamais affligé un être humain. Ses premiers symptômes avaient exercé sur moi une fascination inexplicable qui me permettrait d'accepter la débilité physique dont je souffrais à présent. Pendant quelque temps, cette fascination ne cessa pas de croître pour atteindre enfin un certain degré où elle s'accompagna d'un sentiment d'horreur qui, peu à peu, prit une force suffisante pour flétrir et dénaturer toute mon existence.
Le premier changement que je subis me parut assez agréable et pourtant, il était bien proche du tournant où commençait la descente aux Enfers.
J'éprouvai, pendant mon sommeil, de vagues et curieuses sensations. La plus fréquente était ce frisson glacé très particulier que l'on ressent quand on nage à contre-courant dans une rivière. Il s'accompagna bientôt de rêves interminables, si confus que je ne parvenais jamais à me rappeler leur décor ni leurs personnages, ni aucune partie cohérente de leur action. Mais ils me laissaient une impression affreuse, ainsi qu'une sensation d'épuisement, comme si j'avais passé par une longue période de danger et de grande tension mentale. A mon réveil, à la suite de ces rêves, je gardais le souvenir de m'être trouvée dans un lieu plein de ténèbres, et d'avoir conversé avec des êtres invisibles -, je me rappelais tout particulièrement une voix féminine très distincte, lente, au timbre grave, qui semblait venir de fort loin et ne manquait jamais de m'inspirer une indicible terreur solennelle. Parfois, je sentais une main glisser lentement sur ma joue et sur mon cou. Parfois encore, des lèvres brûlantes couvraient mon visage de baisers qui se faisaient plus appuyés et plus amoureux à mesure qu'ils atteignaient ma gorge où se fixait leur caresse. Les battements de mon cœur s'accéléraient ; je respirais plus vite et plus profondément.. Puis survenait une crise de sanglots qui me donnait une sensation d’étranglement et se transformait enfin en une convulsion effroyable au cours de laquelle je perdais l’usage de mes sens.
Des nouvelles de Sheridan Le Fanu (Les Créatures du Miroir) ou Carmilla...
Je fais lire ce texte (enfin à l'époque où les élèves lisaient encore) :
S.Le Fanu, Carmilla (1871)
Laura s’ennuie dans le château retiré dans lequel elle vit avec son père. L’arrivée de Carmilla va faire naître en elle une amitié trouble. Laura dépérit peu à peu d’une étrange maladie.
Je dormis profondément pendant plusieurs nuits consécutives ; mais chaque matin, j’éprouvais la même lassitude, et un grand poids de langueur m’accablait tout au long du jour. Je me sentais complètement transformée. En moi s’insinuait une étrange mélancolie dont je ne désirais pas voir la fin. De vagues pensées de mort firent leur apparition ; l'idée que je déclinais lentement s'empara de mon esprit, m'apportant je ne sais quelle douce joie. Si triste que fût cette idée, elle créait en moi un état d'esprit fort agréable, et mon âme s'y abandonnait sans la moindre résistance.
Je refusais d'admettre que j'étais malade ; je ne voulais rien dire à mon père, ni faire venir le médecin.
Carmilla me témoignait plus d'attachement que jamais, et ses étranges paroxysmes d'adoration languide se faisaient plus fréquents. A mesure que mes forces et mon entrain déclinaient, elle me dévorait du regard avec une ardeur croissante. Ceci ne manquait jamais de me bouleverser comme une crise fulgurante de folie passagère.
Sans m'en rendre compte, je me trouvais à un stade assez avancé de la plus bizarre maladie qui eût jamais affligé un être humain. Ses premiers symptômes avaient exercé sur moi une fascination inexplicable qui me permettrait d'accepter la débilité physique dont je souffrais à présent. Pendant quelque temps, cette fascination ne cessa pas de croître pour atteindre enfin un certain degré où elle s'accompagna d'un sentiment d'horreur qui, peu à peu, prit une force suffisante pour flétrir et dénaturer toute mon existence.
Le premier changement que je subis me parut assez agréable et pourtant, il était bien proche du tournant où commençait la descente aux Enfers.
J'éprouvai, pendant mon sommeil, de vagues et curieuses sensations. La plus fréquente était ce frisson glacé très particulier que l'on ressent quand on nage à contre-courant dans une rivière. Il s'accompagna bientôt de rêves interminables, si confus que je ne parvenais jamais à me rappeler leur décor ni leurs personnages, ni aucune partie cohérente de leur action. Mais ils me laissaient une impression affreuse, ainsi qu'une sensation d'épuisement, comme si j'avais passé par une longue période de danger et de grande tension mentale. A mon réveil, à la suite de ces rêves, je gardais le souvenir de m'être trouvée dans un lieu plein de ténèbres, et d'avoir conversé avec des êtres invisibles -, je me rappelais tout particulièrement une voix féminine très distincte, lente, au timbre grave, qui semblait venir de fort loin et ne manquait jamais de m'inspirer une indicible terreur solennelle. Parfois, je sentais une main glisser lentement sur ma joue et sur mon cou. Parfois encore, des lèvres brûlantes couvraient mon visage de baisers qui se faisaient plus appuyés et plus amoureux à mesure qu'ils atteignaient ma gorge où se fixait leur caresse. Les battements de mon cœur s'accéléraient ; je respirais plus vite et plus profondément.. Puis survenait une crise de sanglots qui me donnait une sensation d’étranglement et se transformait enfin en une convulsion effroyable au cours de laquelle je perdais l’usage de mes sens.
- JohnMédiateur
Et côté textes, la Modeste proposition de Swift
Je voulais le proposer
Bon alors j'ajoute mon témoignage : c'est un texte qui a toujours plu !
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- ViouNiveau 6
Merci à tous, vous m'avez donné beaucoup de pistes! Il n' y a plus qu'à lutter contre ma lamentable incapacité à faire un choix.
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