Pourquoi le boulot a-t-il une aussi grande place dans nos vies ?

En ce moment, je suis dans ma période "analyse". Et je me rends compte que je donne une place très importante à mon boulot (en temps, en énergie, dans mes pensées, mes discussions...). Je constate que c'est le cas pour beaucoup de Néoprofs (d'ailleurs ce n'est pas pour rien qu'on vient sur un forum de profs !).

Mais je m'interroge : pourquoi le boulot a-t-il une telle place dans nos vies ?

Parce que j'adore ma matière, que j'adore le contact avec les élèves et que j'ai toujours voulu exercer ce métier...

Oui mes 4° très nuls sont en stage cette semaine et je n'ai eu qu'une heure de cours aujourd'hui: de quoi être très positive!

Parce que c'est un métier où l'humain tient une grande place donc il nous affecte profondément. Il est difficile de laisser son travail derrière soi une fois la porte de la classe fermée, d'autant qu'une grosse partie du travail à lieu en dehors de l'établissement.
A un moment, le travail a pris une tros grande place dans ma vie au point de m'en rendre malade, pour lui rendre sa juste place, j'ai décidé de devenir TZR sur des rempla courts, ainsi mon implication est moindre.

j'adore mon boulot! pas chaque jour, pas avec toutes les classes, mais depuis que j'ai mon poste fixe, je suis très emballée! Et pouvoir varier, se diversifier, apprendre tous les jours, innover, ... quel plaisir et quelle chance quand même !

euh... Lody, c'est toi qui m'a envoyé un mail pour un chgt d'adresse... je viens de percuter que tu as dû changer de nom
oh quelle c... je suis

et puis, il ne faut pas généraliser. J'ai plein de collègues qui, sortant du bahut le vendredi 14h par exemple, ne touchent pas une copie, une prép, un cours jusqu'au lundi 8h.

Ornella a écrit:et puis, il ne faut pas généraliser. J'ai plein de collègues qui, sortant du bahut le vendredi 14h par exemple, ne touchent pas une copie, une prép, un cours jusqu'au lundi 8h.

Bon je ne sais pas comment ils font franchement, on a toujours du boulot à la maison, des copies qui trainent etc..........
Même pendant les petites vacances on a du travail sur le bureau qui nous attend, et même pendant les vacances d'été on s'avance, on regarde les nouveaux manuels/programmes............

Je pense que cela vient du fait qu'une grande partie de notre travail se fait chez nous, contrairement à ceux qui vont travailler en usine, comerce ou en entreprise et qui rentrent chez eux après, même tard mais qui ne ramènent pas régulièrement de travail à la maison.

Ornella a écrit:et puis, il ne faut pas généraliser. J'ai plein de collègues qui, sortant du bahut le vendredi 14h par exemple, ne touchent pas une copie, une prép, un cours jusqu'au lundi 8h.

J'en connais aussi mais pas plein. Quelques uns je pense. Il faut autant se méfier de la coquetterie de ceux qui veulent faire croire qu'ils travaillent peu que de certains qui travaillent assez peu et n'arrêtent pas d''être débordés" en croyant que cela ne ce voit pas.

C'est le côté "profession libérale de la fonction publique" qui nous permet de nous organiser comme nous voulons. Et ça j'y tiens beaucoup.

fgers a écrit:

Ornella a écrit:et puis, il ne faut pas généraliser. J'ai plein de collègues qui, sortant du bahut le vendredi 14h par exemple, ne touchent pas une copie, une prép, un cours jusqu'au lundi 8h.

J'en connais aussi mais pas plein. Quelques uns je pense. Il faut autant se méfier de la coquetterie de ceux qui veulent faire croire qu'ils travaillent peu que de certains qui travaillent assez peu et n'arrêtent pas d''être débordés" en croyant que cela ne ce voit pas.

C'est le côté "profession libérale de la fonction publique" qui nous permet de nous organiser comme nous voulons. Et ça j'y tiens beaucoup.

Pourvou qué ça doure...

fgers a écrit:

C'est le côté "profession libérale de la fonction publique" qui nous permet de nous organiser comme nous voulons. Et ça j'y tiens beaucoup.

Moi aussi. C'est l'un des points qui me plaît vraiment dans mon travail.

Oui c'est important de pouvoir s'organiser comme on veut, c'est l'un des rares côté positif qui reste dans notre métier.

Je pense que c'est parce que j'aime ce que je fais ... J'adore lire, faire des recherches, feuilleter les manuels pour trouver THE texte.
Depuis peu, grâce à ma psy, je pense que c'est aussi pour oublier mon enfance, ma vie avec mes parents, la relation avec eux, ...

Peut-être aussi parce qu'on se sent (parfois) utile et que c'est une gratification agréable...
Et puis c'est vrai que c'est difficile de fermer la porte après la fin de la journée ! Je pense que les conjoints de profs sont tous capables de citer au moins deux prénoms d'élèves de leur moitié! (tiens faudrait faire un sondage!)
Quand à ne pas travailler le WE, ça m'est souvent arrivé une année où j'avais un emploi du temps génial: pas cours le lundi et fin des cours à 15h max les autres jours. Je bossais beaucoup en semaine pour être libre le WE.

Je constate que le travail me mange de plus en plus de temps libre. Je crois que cela tient , en lycée, à la baisse générale du niveau des élèves et à leur manque de motivation. Les élèves ont moins de facilités et sont de plus en plus passifs. Donc les copies sont plus longues à corriger qu'avant car elles contiennent beaucoup de maladresses et d'erreurs qu'il faut reprendre, les élèves attendent des cours entièrement préparés, des questionnaires, des plans, des synthèses etc... Ils ne travaillent pas énormément et donc, comme je reste soucieuse de leur réussite malgré leur paresse, je dois travailler davantage moi-même ! En TL par exemple, le changement de programme de moitié chaque année demande un travail considérable. Les élèves arrivant en TL sont faibles et assez ignorants. Beckett et le théâtre de l'aburde..."le théâtre de l'absurde" : ils ne connaissent pas! Mais ce n'est quand même pas une tragédie classique! Madame, c'est quoi exactement une tragédie classique?
Pascal janséniste : j'ai trouvé dans des copies qu'il était "un adepte de Jean Séniste"!
Et moi: récapitulatif photocopié sur le théâtre de l'aburde, tableau des règles de la tragédie classique, cours sur Port Royal etc....
Et je ne crois guère en une amélioration!

Depuis que j'ai quitté la ZEP, mon métier me "bouffe" moins; certains d'entre vous l'ont dit, l'implication émotionelle est grande. Je faisais même cours la nuit !!!! je me réveillais le matin sans même avoir l'impression d'avoir dormi. A la fin, j'étais tellement phagocytée que je ne supportais plus les élèves pffffffff (ni le jour, ni la nuit... )

nuages a écrit:Pascal janséniste : j'ai trouvé dans des copies qu'il était "un adepte de Jean Séniste"!

Ne te plains pas, cela aurait pu être pire : Jean Sérien >>>> ok je sors

Bon, blague à part, je pense comme d'autres que ce boulot prend une grande place quand on y va pas "comme à l'usine"...

Pendant mon stage en bibliothèque, il y en avait une qui parlait classement de bouquins en dehors des heures de boulot. :lol:

A part elle, j'ai pu constater en effet que ce métier ne vampirisait pas le temps hors boulot des bibliothécaires, contrairement à celui de prof. Le travail s'arrêtait vraiment une fois la porte de la bibli fermée.

C@ro a écrit:Parce que j'adore ma matière, que j'adore le contact avec
les élèves et que j'ai toujours voulu exercer ce métier...

Ornella a écrit:j'adore mon boulot! pas chaque jour, pas avec toutes
les classes, mais depuis que j'ai mon poste fixe, je suis très
emballée! Et pouvoir varier, se diversifier, apprendre tous les jours,
innover, ... quel plaisir et quelle chance quand même !

C'est vrai que notre boulot est pour beaucoup d'entre nous une
passion. Mais en répondant au sondage sur nos activités liées au
métier, je me suis rendu compte que je faisais vraiment beaucoup de
choses en plus... Je suis passionnée, mais je n'arrivais plus à
accorder assez de place pour le reste...

Ornella a écrit: euh... Lody, c'est toi qui m'a envoyé un mail
pour un chgt d'adresse... je viens de percuter que tu as dû changer de
nom
oh quelle c... je suis

Ben voui ! Je réintroduis mon nom de jeune fille... Mais ne sois pas tracassée !!!

Dwarf a écrit:

fgers a écrit:

Ornella a écrit:et puis, il ne faut pas
généraliser. J'ai plein de collègues qui, sortant du bahut le vendredi
14h par exemple, ne touchent pas une copie, une prép, un cours jusqu'au
lundi 8h.

J'en connais aussi mais pas plein. Quelques
uns je pense. Il faut autant se méfier de la coquetterie de ceux qui
veulent faire croire qu'ils travaillent peu que de certains qui
travaillent assez peu et n'arrêtent pas d''être débordés" en croyant
que cela ne ce voit pas.

C'est le côté "profession libérale de
la fonction publique" qui nous permet de nous organiser comme nous
voulons. Et ça j'y tiens beaucoup.

Pourvou qué ça doure...

Je crois honnêtement que je préférerais faire mes 35 ou 40 heures au lycée et ne plus rien faire du tout en rentrant.

Angela a écrit:

nuages a écrit:Pascal janséniste : j'ai trouvé dans des copies qu'il était "un adepte de Jean Séniste"!

Ne te plains pas, cela aurait pu être pire : Jean Sérien >>>> ok je sors

Elle fait du bien celle-ci !

Carabas a écrit:Pendant mon stage en bibliothèque, il y en avait une qui parlait classement de bouquins en dehors des heures de boulot. :lol:

A part elle, j'ai pu constater en effet que ce métier ne vampirisait pas le temps hors boulot des bibliothécaires, contrairement à celui de prof. Le travail s'arrêtait vraiment une fois la porte de la bibli fermée.

Mon rêve...

Lody a écrit:
Je crois honnêtement que je préférerais faire mes 35 ou 40 heures au lycée et ne plus rien faire du tout en rentrant.

Moi aussi techniquement mais tu sais bien que ce n'est pas pour autant que nous n'aurions pas de travail en rentrant chez nous... Et je n'ai pas ma bibliothèque au boulot... Ca joue, mine de rien...

Dwarf a écrit:

Lody a écrit:
Je crois honnêtement que je préférerais faire mes 35 ou 40 heures au lycée et ne plus rien faire du tout en rentrant.

Moi aussi techniquement mais tu sais bien que ce n'est pas pour autant que nous n'aurions pas de travail en rentrant chez nous... Et je n'ai pas ma bibliothèque au boulot... Ca joue, mine de rien...

Toi et la réalité... Grrr !


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Laisse-moi rêver à mon monde idéal !

Bon bah moi aussi je trouve que le boulot prend trop de place, mais je me soigne. Exemple : hier un gamin à qui j'avais donné une punition pour travail non fait, me rend la moitié de la punition. Alors que je lui mettais un mot sur le carnet disant qu'il serait noté sur la moitié des points (logique), il me répond "vous êtes gentil". Moi piqué et fatigué de la semaine (on était vendredi midi), je lui réponds que c'est effectivement trop gentil et qu'il devra finir la punition (doublée) pour lundi. Eh bien depuis hier cette "entrevue" avec ce môme me pourrit très légèrement. Je me demande si j'ai bien agi et il n'y a aucun moyen de le savoir... Ai-je bien fait ? Rassurez-moi ! Si le gamin m'avait regardé dans les yeux et m'avait répondu "je ferai ma punition, monsieur", eh bien je n'y penserais plus. Mais cela n'est pas le cas. On est dans un boulot fondé sur l'humain et toutes nos techniques à base de carnets et d'heures de colle ne sont là finalement que pour nous rassurer.

parce que c'est un métier qu'on ramène à la maison et qui nous occupe 7jrs sur 7.

Je me pose la question inverse : et pourquoi, quand on ne considère ce métier que comme un métier, justement, on se fait regarder de travers ?

sérafina a écrit:Je me pose la question inverse : et pourquoi, quand on ne considère ce métier que comme un métier, justement, on se fait regarder de travers ?

oui c'est vrai.
Beaucoup le font par passion ,parce que c'est un sacerdoce et qu'ils ont toujours voulu faire ce métier.
Ce n'est pas du tout mon cas.
Je ne déteste pas ( enfin certains jours : si !!!! ) car sinon j'aurai pris des arrêts de travail mais je n'y vais pas à grandes enjambées non plus.
Chaque reprise , après des vacances est une torture

Si j'avais des élèves passionnés et intéressés, c'est sur que cela me passionnerait d'enseigner à des élèves ayant soif de connaissance.
mais avec des élèves qui en font le moins possible , c'est dur de rester motivés .

Très juste...Parce que dans le regard de beaucoup de personnes, "prof", ça doit se faire avec vocation ( enfin dans le regard de ceux qui ne pensent pas que nous nous contentons de nos 18 heures de fainéants...). Comme les médecins, les infirmières, et un certain nombre de métiers qui amènent au contact...Mais on a le droit aussi de faire autrement!
Pourquoi notre métier prend-il autant de place dans notre vie? Parce qu'on peut toujours faire mieux...et que c'est à nous de prendre la décision d'arrêter de travailler...si je ne consacre qu'une heure à une séance, certes elle est prête, mais elle aurait pu être "mieux" avec telle ou telle image, tel protocole de travail qui m'aurait pris plus de temps à mettre en place...bref, nous fermons la porte quand nous le décidons.
Je crois aussi qu'il prend beaucoup de place parce que quand ça marche, il nous renvoie une image positive de nous...quand les élèves réussissent on se dit qu'on y a contribué...à l'inverse quand ça ne marche pas on se sent responsable...il y a quelque chose qui se joue de l'ordre de la reconnaissance.
Ceci dit, après plusieurs années passées à me laisser "bouffer" par le travail, je me soigne et j'essaie d'y consacrer moins de temps ; ça permet aussi de mieux relativiser quand ça ne tourne pas comme je veux au travail!

moon a écrit:Très juste...Parce que dans le regard de beaucoup de personnes, "prof", ça doit se faire avec vocation ( enfin dans le regard de ceux qui ne pensent pas que nous nous contentons de nos 18 heures de fainéants...). Comme les médecins, les infirmières, et un certain nombre de métiers qui amènent au contact...Mais on a le droit aussi de faire autrement!
Pourquoi notre métier prend-il autant de place dans notre vie? Parce qu'on peut toujours faire mieux...et que c'est à nous de prendre la décision d'arrêter de travailler...si je ne consacre qu'une heure à une séance, certes elle est prête, mais elle aurait pu être "mieux" avec telle ou telle image, tel protocole de travail qui m'aurait pris plus de temps à mettre en place...bref, nous fermons la porte quand nous le décidons.
Je crois aussi qu'il prend beaucoup de place parce que quand ça marche, il nous renvoie une image positive de nous...quand les élèves réussissent on se dit qu'on y a contribué...à l'inverse quand ça ne marche pas on se sent responsable...il y a quelque chose qui se joue de l'ordre de la reconnaissance.
Ceci dit, après plusieurs années passées à me laisser "bouffer" par le travail, je me soigne et j'essaie d'y consacrer moins de temps ; ça permet aussi de mieux relativiser quand ça ne tourne pas comme je veux au travail!

x-cellente analyse !