Poésie, résistance et sujet d'écriture

J'ai étudié avec les 3ème "Ce coeur qui haïssait la guerre" , "La voix" ( + le Chant des Partisans en complément)
Je voudrais leur demander un travail écrit - sur table - en rapport. Je suis en quête d'idées donc !!!
Au secours camarades !!

j'ai donné à lire le poème d'Aragon suivant:

Strophes pour se souvenir


Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant



Louis ARAGON

poème issu du "Roman inachevé"

le passage en italique est extrait de la derniere lettre de Manouchian (l'affiche rouge)

je le trouve très beau, et riche.

Euh ... je cherche un sujet d'écriture en fait !

Le prolongement de mon cours sur La Voix était le suivant :


Rédige un poème engagé dont la visée sera de convaincre et d’appeler à agir, sur le modèle de La Voix, de Robert Desnos.

Emploie quelques-unes des figures de style que nous avons relevées sur la fiche Qu’est-ce qu’un artiste engagé ?

Ce texte s’appellera La lumière et se terminera par le vers suivant : « Cette lumière, ne la voyez-vous pas ? »

Vous leur expliquez comment Eluard, cette vieille crapule stalinienne, a fait un poème "engagé" avec un poème à Nush ("Liberté").
Vous leur fournissez quatre ou cinq poèmes d'amour, et vous leur demandez de les transformer en poèmes de résistance à l'Rien qu'en mettant "France" au lieu de Germaine ou Albertine, 9/10 on a un effet garanti. Avec économie — mais avec efficacité.
Ou bien, vous leur demandez de changer simplement le contexte. Par exemple si vous dites que la Lettre à France de Polnareff était chantée dans les stalags en 1942, vous transformez l'écoute et la lecture infailliblement.
Ou, seconde possibilité, vous prenez le poème engagé d'une autre crapule stalinienne (Aragon, par exemple) et vous demandez de le moderniser (Consigne : "remplacez "Joseph Staline" par "Nicolas Sarkozy")
Ça plaira aux familles, ça…

Voilà, c'est avec des manipulations de cet ordre que j'ai rapidement cessé d'être populaire, jadis, en collège. Mais qu'est-ce qu'on s'amusait !

Comme quoi, si on "dégage" un peu du contexte "l'engagement" de ces poèmes , il s'écroule et paraît pour ce qu'il est : une fadaise.

Ne reste que la poésie, si le texte en vaut la peine.

doctor who a écrit:Comme quoi, si on "dégage" un peu du contexte "l'engagement" de ces poèmes , il s'écroule et paraît pour ce qu'il est : une fadaise.

Ne reste que la poésie, si le texte en vaut la peine.

Je suis bien content d'avoir été compris…

Un jour un élève talentueux écrira peut-être un "J'accuse" vengeur sur l'exclusion / inclusion d'un de ces camarades. Le prof de français sera fier de son élève, fera étudier le texte, et un débat citoyen permettra de discuter de la légitimité des sanctions à l'école.