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par gwendolyne Mar 18 Aoû 2009 - 10:28
Bonjour,

qui aurait dans son ordi un, voire des, voire carrément un corpus autour du racisme ? J'aimerais commencer l'année de 2° par un GT argu et bosser en classe un corpus de ce genre mais je n'ai rien dans mes docs ni dans mon manuel.
A vot' bon coeur fleurs Merci !

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"Un rêveur est celui qui ne trouve son chemin qu'au clair de lune et qui, comme punition, aperçoit l'aurore avant les autres hommes." Oscar Wilde
Garance
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par Garance Mar 18 Aoû 2009 - 11:24
Le racisme expliqué par un père à son enfant

Dans Le Racisme expliqué à ma fille, le romancier Tahar Ben Jelloun présente au lecteur, sous la forme d'un dialogue, les explications qu'il a données à sa petite fille pour lui faire comprendre le racisme. Il y utilise des mots simples, mais également un mode de raisonnement adapté à son interlocutrice.

– C'est quoi un étranger ?
– Le mot «étranger» vient du mot « étrange », qui signifie du dehors, extérieur. Il désigne celui qui n'est pas de la famille, qui n'appartient pas au clan ou à la tribu. C'est quelqu'un qui vient d'un autre pays, qu'il soit proche ou lointain, parfois d'une autre ville ou d'un autre village. Cela a donné le mot « xénophobie », qui signifie hostile aux étrangers, à ce qui vient de l'étranger. Aujourd'hui, le mot « étrange » désigne quelque chose d'extraordinaire, de très différent de ce qu'on a l'habitude de voir. Il a comme synonyme le mot « bizarre ».
– Quand je vais chez ma copine, en Normandie, je suis une étrangère ?
– Pour les habitants du coin, oui, sans doute, puisque tu viens d'ailleurs, de Paris, et que tu es marocaine. Tu te souviens quand nous sommes allés au Sénégal ? Eh bien, nous étions des étrangers pour les Sénégalais.
– Mais les Sénégalais n'avaient pas peur de moi, ni moi d'eux !
– Oui, parce que ta maman et moi t'avions expliqué que tu ne devais pas avoir peur des étrangers, qu'ils soient riches ou pauvres, grands ou petits, blancs ou noirs. N'oublie pas ! On est toujours l'étranger de quelqu'un, c'est-à-dire qu'on est toujours perçu comme quelqu'un d'étrange par celui qui n'est pas de notre culture.

Tahar Ben Jelloun, Le Racisme expliqué à ma fille, Éd. du Seuil, 1998.

TEXTE B - Le racisme expliqué aux lecteurs du journal Le Monde.

Au commencement, la xénophobie : l'étranger n'est pas accepté. On ne donne pas forcément de raisons. On parle à la rigueur d'incompatibilité ; on invoque le « seuil de tolérance ». En fait, on se sent menacé dans son petit bonheur, car on s'est installé dans un territoire de certitudes. A l'ouverture sur les autres, on préfère la méfiance. Cette hostilité à tout ce qui vient de l'étranger, quand elle est exaspérée, devient de la haine, l'ignorance et le manque d'information aidant. Le glissement vers le racisme affiché, vers le « racisme militant », se fait aisément en des moments de crise socio-économique et politique.
L'Autre devient l'indésirable parce qu'il a le tort de renvoyer à la société où il est de passage une image où elle ne se reconnaît pas. Le Noir aux États-Unis est l'image qui indispose une mentalité satisfaite et encombrée de préjugés. C'est une question de couleur de peau, de faciès; une question d'apparence. L 'Autre est refoulé sur simple présentation de son visage. Tout l'irrationnel du racisme est là : la haine de l'Autre à partir d'une question d’épiderme !

Tahar Ben Jelloun, « La xénophobie », Le Monde, Dossiers et Documents, 1978.


et j'étudie ces textes en LA :
« Etranges étrangers », Jacques Prévert
extrait de Candide, Voltaire
« Minerai Noir », René Depestre,
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par gwendolyne Mar 18 Aoû 2009 - 11:39
Merci Garance fleurs2 J'ai mis Voltaire dans mon GT déjà, avec d'autres textes engagés, sur d'autres sujets et j'avoue que je ne connaissais pas les textes que tu proposes Embarassed

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par John Mar 18 Aoû 2009 - 11:47
+ Lily de Pierre Perret

Tu peux aller sur le site de la Halde aussi, histoire de faire un lien avec l'ECJS.

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En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !


"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
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par snow Mar 18 Aoû 2009 - 14:44
Tu peux trouver des extraits intéressants (mais complexes souvent) chez Césaire.

Je ne sais pas si ça colle vraiment avec ta problématique mais je travaille parfois sur cet extrait avec des 2ndes:


Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l'audience comme la pénétrance d'une guêpe apocalyptique.
Et la voix prononce que l'Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences,
car il n'est point vrai que l'œuvre de l'homme est finie
que nous n'avons rien à faire au monde
que nous parasitons le monde
qu'il suffit que nous nous mettions au pas du monde
mais l'œuvre de l'homme vient seulement de commencer
et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur
et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l'intelligence, de la force
et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête
et nous savons
maintenant que le soleil tourne autour de notre terre éclairant la parcelle
qu'a fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre
commandement sans limite.

Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal, Ed. Présence africaine
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par gwendolyne Mar 18 Aoû 2009 - 15:54
Merci Snow, c'est un très beau texte !

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par ysabel Mar 18 Aoû 2009 - 16:34
j'en ai pas mal (c'est un GT que je fais regéulièrement) donne-moi ton mail je t'en envoie si tu veux - tu pourras trier ensuite Razz

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par Camélity Jane Mer 17 Fév 2010 - 18:33
Une de mes collègues recherche pour ses secondes un extrait de discours ou de lettre ouverte pour travailler la lecture expressive et la rhétorique, officiellement, et pour leur faire rentrer dans la tête quelques idées anti racistes, officieusement. Ils m'ont en effet écrit des définitions de racisme qui nécessitent un "redressement". Le tout, très court, pour vraiment s'entraîner à la déclamer.
Je lui ai rappelé I have a dream, mais elle préfère le laisser à ses collègues d'Anglais et d'histoire.
Une idée?
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par snow Mer 17 Fév 2010 - 20:40
Plusieurs extraits de Césaire pourraient faire l'affaire. Je pense en particulier au Discours sur le colonialisme. L'extrait que je copie est évidemment trop long mais tu pourrais faire une sélection. Certains passages sont très forts, et la rhétorique, les effets oratoires y sont exploités à plein.

« Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à
l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts
enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, et montrer que,
chaque fois qu’il y a au Viet Nam une tête coupée et un œil crevé et qu’en
France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache
supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui
pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène
qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces
traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions
punitives tolérées, de tous ces prisonniers ficelés et interrogés, de tous ces
patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance
étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès
lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent. »

Fallait-il enfin rejeter dans les ténèbres de l’oubli le fait d’armes mémorable du com­mandant Gérard et se taire
sur la prise d’Ambike, une ville qui, à vrai dire, n’avait jamais songé à se défendre :

"Les tirailleurs n’avaient ordre de tuer que les hommes, mais on ne les retint pas ; enivrés de
l’odeur du sang, ils n’épargnèrent pas une femme, pas un enfant... A la fin de
l’après-midi, sous l’action de la chaleur, un petit brouillard s’éleva :
c’était le sang des cinq mille victimes, l’ombre de la ville, qui s’évaporait au soleil couchant."


Oui ou non, ces faits sont-ils vrais ? Vrai ou pas vrai ? Et si ces faits sont vrais, comme il n’est au pouvoir
de personne de le nier, dira-­t-on, pour les minimiser, que ces cadavres ne prouvent rien ?

Pour ma part, si j’ai rappelé quelques détails de ces hideuses boucheries, ce n’est point par délectation morose,
c’est parce que je pense que ces têtes d’hommes, ces récoltes d’oreilles, ces maisons brûlées, ces invasions, ce sang qui fume, ces villes qui s’évaporent au tranchant du glaive, on ne s’en débarrassera pas à si bon compte. Ils prouvent que la colonisation, je le
répète, déshumanise l’homme même le plus civilisé
; que l’action coloniale, l’entreprise coloniale, la conquête coloniale, fondée sur le mépris de l’homme indigène tend inévitablement à modifier celui qui l’entreprend ; que le colonisateur, qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-­même
en bête.
C’est cette action, ce choc en retour de la colonisation qu’il importait de signaler. »
Eole
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par Eole Jeu 18 Fév 2010 - 9:34
Ce n'est pas un texte français, mais j'adore cet extrait de ML King, dans Révolution non violente. On y voit clairement la différence entre convaincre (1ère partie du texte) et persuader (2è partie) :

L’un des plus grands débats philosophiques de l’histoire a porté sur la question de la fin et des moyens. Et il s’est toujours trouvé des gens pour prétendre que la fin justifie les moyens, que les moyens, au fond, sont sans importance, l’essentiel étant d’atteindre le but fixé. C’est pourquoi, disent-ils, si vous cherchez à bâtir une société juste, l’important est d’aboutir, et les moyens n’importent guère. Choisissez n’importe quel moyen pourvu que vous atteigniez votre but. Ils peuvent être violents, ils peuvent être malhonnêtes, ils peuvent même être injustes. Qu’importe, si le but est juste ! Oui, tout au long de l’histoire, il s’est trouvé des gens pour argumenter ainsi. Mais nous n’aurons pas la paix dans le monde avant que les hommes aient partout reconnu que la fin ne peut être dissociée des moyens parce que les moyens représentent l’idéal qui se forme, et la fin l’idéal qui s’accomplit. En définitive, on ne peut atteindre des buts justes par des moyens mauvais, parce que les moyens représentent la semence, et la fin représente l’arbre. Il est étrange de constater que les plus grands génies militaires du monde ont tous parlé de la paix. Les conquérants de l’Antiquité qui se livraient à des théories dans le but d’aboutir à la paix, Alexandre, Jules César, Charlemagne et Napoléon, recherchaient tous un ordre mondial pacifique. Si vous lisez de près Mein Kampf, vous découvrirez que Hitler affirmait que tout ce qu’il faisait pour l’Allemagne avait la paix pour objet. Et aujourd’hui les responsables du monde parlent éloquemment de la paix. Chaque fois que nous larguons des bombes sur le Nord-Vietnam, le président Johnson parle éloquemment de la paix. Comment expliquer ce paradoxe? C’est qu’ils parlent de la paix comme d’un but lointain, comme d’une fin que nous visons, mais un jour il faudra comprendre que la paix n’est pas seulement un but lointain que nous nous fixons, mais un moyen qui nous permet d’arriver à ce but, nous devons nous fixer des buts pacifiques par des moyens pacifiques. Tout cela pour dire qu’en fin de compte moyens et buts doivent être cohérents, parce que le but préexiste dans les moyens et parce que les moyens destructeurs ne peuvent aboutir à des fins constructives. [...]
J’ai vu trop de haine pour vouloir haïr moi-même, j’ai vu la haine sur le visage de trop de shérifs, de trop de meneurs blancs, de trop de membres du Ku-Klux-Klan dans le Sud, pour vouloir haïr moi-même; et chaque fois que je vois cette haine, je me dis au dedans de moi: la haine est un fardeau trop lourd à porter. Nous devons être capables de nous dresser contre nos adversaires les plus acharnés et de leur dire: « Nous répondrons à votre capacité d’infliger des souffrances par notre capacité de supporter la souffrance. A votre force matérielle nous opposerons la force de notre âme. Faites de nous tout ce que vous voudrez, et nous vous aimerons encore. En conscience, nous ne pouvons ni obéir à vos lois injustes, ni respecter votre système injuste, car la non-coopération avec le mal est une obligation au même titre que la coopération avec le bien. Jetez-nous donc en prison, et nous vous aimerons encore. Bombardez nos foyers et menacez nos enfants, et aussi difficile que cela puisse paraître, nous vous aimerons encore. Envoyez vos policiers casqués, à minuit, dans nos quartiers, entraînez-nous sur une route écartée pour nous laisser à demi-morts sous vos coups, et nous vous aimerons encore. Envoyez vos propagandistes dans le pays tout entier et publiez partout que nous ne sommes pas mûrs, au point de vue culturel ou autrement, pour l’intégration. Mais soyez sûrs que nous vous aurons à l’usure par notre capacité de souffrance. Un jour, nous finirons par conquérir notre liberté. Et ce n’est pas seulement pour nous que nous conquerrons cette liberté, mais nous ferons tellement appel à votre cœur et à votre conscience que nous vous conquerrons aussi, et que notre victoire sera une double victoire.
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