- miss teriousDoyen
Je prépare un questionnaire sur "Soleils couchants VI" de Hugo.
C'est n'importe quoi ?
Après avoir observé l'opposition entre le poète et la Nature, j'en arrive à expliquer le pluriel du titre en disant que Hugo est un soleil couchant - puisqu'il va mourir, cf. "refroidi", "je m'en irai" - qui s'oppose au soleil couchant de la nature qu'il observe - qui lui reviendra -.
Soleils couchants
Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées;
Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ;
Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !
Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule
Sur la face des mers, sur la face des monts,
Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule
Comme un hymne confus des morts que nous aimons.
Et la face des eaux, et le front des montagnes,
Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.
Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,
Sans que rien manque au monde immense et radieux !
(Les Feuilles d'Automne)
C'est n'importe quoi ?
_________________
"Ni ange, ni démon, juste sans nom." (Barbey d'AUREVILLY, in. Une histoire sans nom)
"Bien des choses ne sont impossibles que parce qu'on s'est accoutumé à les regarder comme telles." DUCLOS
- AbraxasDoyen
Un peu. Puisque le soleil couchant, lui, revient. Hugo…
Opposition classique entre le temps circulaire (et infini) de la Nature et le temps linéaire (et fini) de l'Homme.
Opposition classique entre le temps circulaire (et infini) de la Nature et le temps linéaire (et fini) de l'Homme.
- GrypheMédiateur
Ben pourquoi ce serait n'importe quoi ?miss terious a écrit:Je prépare un questionnaire sur "Soleils couchants VI" de Hugo.
Après avoir observé l'opposition entre le poète et la Nature, j'en arrive à expliquer le pluriel du titre en disant que Hugo est un soleil couchant - puisqu'il va mourir, cf. "refroidi", "je m'en irai" - qui s'oppose au soleil couchant de la nature qu'il observe - qui lui reviendra -.Soleils couchants
Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,
Sans que rien manque au monde immense et radieux !
C'est n'importe quoi ?
Ça paraît assez clair au contraire...
En lisant uniquement le titre, et pas le poème, je trouve :
Soleils couchants au pluriel =
* Au sens premier
- dans le temps, succession des jours après lesquels on voit un nouveau coucher de soleil tous les soirs. "Tous ces jours passeront"...
- dans l'espace : une infinité de soleils couchants tout autour du globe à quelques heures d'intervalle. Mais le poème ne va pas dans ce sens là.
* Métaphore pour d'autres choses
- le poète qui décline...
- la société qui décline...
Avec "morts que nous aimons", le texte penche vers "soleil couchant = la mort des gens qu'on aime".
Bon, ben je ne suis pas prof de français, mais je trouve ton interprétation tout à fait naturelle, "dans le sens du texte", et pas du tout tirée par les cheveux. C'est ce qui découle simplement de la lecture du texte.
Avec en prime l'opposition "le soleil va se relever" / "et moi le poète, je vais partir sans laisser de trace, et sans que personne ne me regrette". Ouh, il est nostalgique, là, le poète.
Je ne connais pas suffisamment Victor Hugo pour savoir si c'est dans son style habituel ou pas.
Que veut dire "VI" dans le titre ?
Voilà. Ça me rappelle le bac de français...
Merci pour ce petit quart d'heure culturel.
_________________
Τί ἐστιν ἀλήθεια ;
- GrypheMédiateur
Voilà, c'est ça que je voulais dire.Abraxas a écrit:Opposition classique entre le temps circulaire (et infini) de la Nature et le temps linéaire (et fini) de l'Homme.
Il faut toujours demander à Abraxas pour les questions de littérature...
- miss teriousDoyen
C'est bien ce que je dis...Abraxas a écrit:Un peu. Puisque le soleil couchant, lui, revient. Hugo…
Opposition classique entre le temps circulaire (et infini) de la Nature et le temps linéaire (et fini) de l'Homme.
_________________
"Ni ange, ni démon, juste sans nom." (Barbey d'AUREVILLY, in. Une histoire sans nom)
"Bien des choses ne sont impossibles que parce qu'on s'est accoutumé à les regarder comme telles." DUCLOS
- liliepingouinÉrudit
le pluriel du titre n'est-il pas dû au fait qu'il y a plusieurs poèmes sur le thème?
ce qui n'enlève rien à la qualité de ton interprétation Leil qui m'a par ailleurs convaincue
ce qui n'enlève rien à la qualité de ton interprétation Leil qui m'a par ailleurs convaincue
- lilith888Grand sage
humf, je ne suis pas convaincue, puisqu'il me semble dans ce poème qu'il y a plus opposition qu'autre chose...
Pour moi, le pluriel, c'est clairement un signe de temporalité inéluctable
Pour moi, le pluriel, c'est clairement un signe de temporalité inéluctable
- leyadeEsprit sacré
miss terious a écrit:C'est bien ce que je dis...Abraxas a écrit:Un peu. Puisque le soleil couchant, lui, revient. Hugo…
Opposition classique entre le temps circulaire (et infini) de la Nature et le temps linéaire (et fini) de l'Homme.
En même temps Hugo avait un tel ego que je l'imagine bien se voir en soleil...
- RaizelNiveau 10
D'accord avec Abraxas, même si c'est vrai que question ego...il est plutôt surdimensionné.
- miss teriousDoyen
Ceci est pour Lilith et Abraxas, notamment :
Ce que je veux dire c'est qu'il y a plusieurs soleils couchants (d'où le pluriel du titre) :
- le soleil couchant que Hugo observe ("le soleil s'est couché ce soir") et qui se renouvelera, lui ;
- le soleil couchant (cf. "sous chaque jour courbant plus bas ma tête) qu'est le poète qui s'éteint et ne se réchauffera plus ("refroidi", "je m'en irai").
Je n'ai pas l'impression d'être si à la masse.
Il y a bien opposition.
_________________
"Ni ange, ni démon, juste sans nom." (Barbey d'AUREVILLY, in. Une histoire sans nom)
"Bien des choses ne sont impossibles que parce qu'on s'est accoutumé à les regarder comme telles." DUCLOS
- AudreyOracle
dès le début t'as précisé que Hugo lui, ne se relèverait pas après sa mort... t'inquiète pas Miss, t'es pas à la masse du tout.
- CelebornEsprit sacré
miss terious a écrit:Ceci est pour Lilith et Abraxas, notamment :Ce que je veux dire c'est qu'il y a plusieurs soleils couchants (d'où le pluriel du titre) :- le soleil couchant que Hugo observe ("le soleil s'est couché ce soir") et qui se renouvelera, lui ;- le soleil couchant (cf. "sous chaque jour courbant plus bas ma tête) qu'est le poète qui s'éteint et ne se réchauffera plus ("refroidi", "je m'en irai").Je n'ai pas l'impression d'être si à la masse.Il y a bien opposition.
Je pense qu'il y a plusieurs soleils couchants dans le titre pour marquer le côté cyclique et éternel de la marche du monde : il y a des aubes, des soleils couchants, des nuits, etc. Je trouve ça plutôt joli (et ce n'est pas souvent que je trouve Hugo "plutôt joli" ).
Qu'ensuite le moment du soleil couchant soit un moment propice à la mélancolie et à la réflexion sur la fuite du temps et sa propre finitude, ça va presque de soi.
Mais de là à dire qu'Hugo se représente comme un "soleil couchant" lui-même, il y a un pas que, personnellement, je ne franchirais pas.
_________________
"On va bien lentement dans ton pays ! Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu'on peut pour rester au même endroit. Si on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça !" (Lewis Carroll)
Mon Blog
- lilith888Grand sage
miss terious a écrit:- le soleil couchant (cf. "sous chaque jour courbant plus bas ma tête) qu'est le poète qui s'éteint et ne se réchauffera plus ("refroidi", "je m'en irai").
Là, à part le "refroidi" qui a vaguement un rapport d'opposition, en lisant les deux autres relevés, on ne pense pas immédiatement à un soleil... Plutôt un euphémisme pour "je m'en irai"
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum