Nostatopic : Ces élèves que vous n'oublierez jamais...

Concept du nostatopic : décrire un élève qui vous a particulièrement marqué dans votre carrière.


Je me souviens du petit Y..., timide, rondouillard, mal fringué, arborant un léger sourire au coin des lèvres, éternellement flanqué de ses deux potes, excellent mathématicien et insatiable créateur de barbarismes.

Je me souviens de ... (son prénom m'échappe), barbu, mutique, recroquevillé sur lui-même, toujours vêtu du même jogging troué ; son hygiène laissait tellement à désirer que personne ne s'asseyait à côté de lui ; lorsqu'il faisait chaud, il fallait aérer.

Je me souviens de C..., la plus effroyable des pestes ; une grande greluche décolorée à la voix de crécelle ; lentilles bleues, maquillage à la truelle, décolleté plongeant, jean blanc archi-taille basse, talons de 12 centimètres ; elle avait exhibé un soutien-gorge acheté en soldes lors d'un de mes cours.

Je me souviens de ... (son prénom m'échappe), jeune fille torturée, familière de l'auto-mutilation, qui m'avait raconté sa tentative de suicide dans une nouvelle.

Je me souviens de C..., une adolescente frappée de leucopathie, à moitié aveugle, étonnante de tenacité.

Je me souviens de H..., un élève brillant, à la plume exceptionnelle ; l'intelligence incarnée.

Je me souviens et me souviendrai toujours de M... décédé d'une tumeur au cerveau à l'âge de 12 ans.

Je me souviens de JC, qui m'a pourrit mon année de stage.

Je me souviens d'E... et d'A..., deux élèves de 6ème brillantes qui m'ont réconciliée avec le métier.

Je me souviens d'E..., exclu par conseil de discipline pour avoir fait le salut hitlérien devant les correspondants allemands.

Je me souviens de B... qui n'avait rien à faire au collège et qui était un vrai psychopathe.

Je me souviens de M***, élève adorable, dont le papa est mort d'un cancer.
Je me souviens aussi de ne pas avoir pu retenir mes larmes lorsque j'ai croisé son regard à la messe.

je me souviens de cette classe qui pour m'accueillir et me quitter à l'occasion du dernier cours, m'ont fait une haie d'honneur et m'ont chanté "Madame le professeur, on ne vous oubliera jamais" devant tous les autres dans la cour, ils m'ont eu! impossible de retenir mes larmes!

Il m'est arrivé d'assister aux obsèques d'enfants morts trop tôt.

J'ai aussi des souvenirs heureux : C* dont les copies étaient si brillantes et pourtant truffées de fautes, V* qui était d'une maladresse rare mais qui avait toujours un sourire à offrir, P* qui m'avait fait un exposé sur le rap au lieu de Victor Hugo, M* qui voulait toujours partager son goûter avec moi, et tant d'autres...

Et je ne suis pas prête d'oublier J* qui perd la vue un peu plus chaque jour et se bat pour apprendre, elle.

je me souviens de beaucoup d'entre eux, trop sans doute; et ce n'est pas sans nostalgie que je relis les adorables courriers que certains m'ont adressé.
Je me souviens de certains casse burnes et de la façon dont leur regard brillait quand ils avaient compris.
Je me souviens de la confiance, des mots gentils.
Finalement, oui, c'est le plus beau métier du monde (aujourd'hui a été un bon jour )

Je me souviens du petit Michel lors de ma première année d'enseignement. Je parlais de ses frasques à mes copains le samedi soir, qu'est-ce qu'on a pu rire !! Il m'en a fait voir mais dès que je m'approchais de lui pour l'aider, il se transformait en petit oiseau fragile tombé du nid, pas habitué à ce qu'on s'occupe de lui...Un élève qui n'avait pas la vie facile mais toujours les fossettes en action...Émouvant... !

Je me souviens d`un garcon tres gentil, Rafael (d`ou j`aime bcp ce prenom ), qui m`offrait souvent les fleurs ,meme sans aucune occasion

Je me souviens de Charlotte, brillante et pédante, me prenant de haut... Mon 1er défi, réussi et haut la main

Je me souviens de toutes mes classes, lors de ma 1ère année d'enseignement, me chantant "joyeux anniversaire" dans la cour

Je me souviens de J., un mâle comme on en fait plus, éduqué pour élever les femmes et que j'ai maté en douceur et me donne des nouvelles régulièrement.

Je me souviens de trop d'entre eux et vu que je quitte bientôt mon bahut, ça me donne envie de pleurer... Je sors de ce sujet définitivement.

Comme toi Nell, ma première classe me chantant joyeux anniversaire depuis la cour jusqu'à la salle de classe, je ne savais plus où me cacher

Les fleurs offertes comme çà, sans occasion particulière, par deux de mes 4e de l'année dernière, en salle des profs
toutes les gentilles attentions des et autres boîtes de chocolat (un élève a même voulu m'offrir... son bonnet ) des 6e et 3e cette année en décembre et les 6e qui pleuraient: "mais moi aussi madame je voulais vous faire un cadeau mais j'avais pas de souuuusss!" tout çà alors que je ne les avais eu qu'un trimestre,

et puis les bons moments, les fous rires, avec certains même pendant un contrôle une fois

et mes BEP de l'année dernière, qui m'ont donné du fil a retordre mais çà a été formateur, et quand je les croise aujourd'hui dans la rue, le sourire me revient

Je me souviens de ???, albanaise, qui ne finissait jamais ses devoirs en 2Nde, je lui prêtais ma montre pourtant.... elle m'a offert une montre en fin d'année. Et un mot magnifique, très poétique sur l'importance du temps. C'était ma première année.

D'une autre de la même classe, qui était pétillante, brillante, et avec qui on parlait ciné. Madaaaaaaaaaaaaame faut abSOlument aller voir le dernier Allen , il est génial! Vous y allez, hein????

je me souviens de Barthélémy, étudiant en BTS travaux publics, l'année d'après, à peine plus âgé que moi et beau, mais beau.... et je me suis dit : "mais comment je vais faire pour être sa prof à lui?"
je me souviens de son mail quelques années plus tard, de Martinique où il travaillait. Il me disait que je lui avais donné le goût du français, de la lecture. Il me conseillait son dernier livre.
Et dans la même classe un autre qui avait une fille à grosse poitrine à moitié nue sur son classeur de français, un autre avec un accent du Nord incroyable, avec une telle énergie que ses "bonjours" ressemblaient à des coups de poing.

Je me souviens de Yann, passé par le pro, arrrivé en BTS, d'une ténacité à toute épreuve. Il a eu le bac, il aura son BTS et il le mérite.
Il est très beau lui aussi.

Je me souviens de Jennifer, ma première fille dans mon lycée tech, la seule, partie en mars, car enceinte. recroisée parfois avec son enfant, qui est à l'école maintenant.

Je me souviens d'une grande russe qui montrait ses seins, se scarifiait, s'était jeté par le fenêtre en cours d'anglais ou d'espagnol (mais rattrapée) et qui s'engueulait copieusement en russe lors des réunions parents-profs.

Je me souviens de Valentin et de son argumentation enthousiaste sur la place des femmes à la maison. (sa maman travaillait beaucoup)

Je me souviens d' A. qui un jour de colère m' a dit " madame vos cours c'est de la merde !" parce qu'il était complétement largué.
Je me souviens de S. qui atteinte de la mucovisidose a obtenu son brevet alors qu'elle était très souvent absente.
Je me souviens d'H élève de BEP (19 ans) qui a passé l'année à me draguer.
Je me souviens de beaucoup d'élèves et quand je repense à eux, je me dis que j'aime vraiment mon boulot.

Je me souviens de.... (en fait je ne me rappelle plus de son nom) qui m'a dit alors que je lui demandais de se taire : "Alors vous, d'abord, j'peux pas vous voir et en plus vous commencez à m'faire ch***"

Je me souviens de P......., gamine paumée, qui en 5ème avait déjà fait une tentative de suicide; une grande gueule voulant lutter contre l'Injustice, qui draguait tous les mecs. Brillante, mais en souffrance.
De F...... un gamin adopté, qui voulait jouer les 'Moi je m'en fous de l'école", qui cherchait à provoquer et qui s'est mis à pleurer la première fois que je l'ai pris à part pour lui remonter les bretelles (c'est le 1er élève que j'ai fait pleurer)
de C......., gamine brillante et hyper sensible qui m'a fait un mot tout sympa à la fin de la troisième.
de M...... une grande gueule de caractère, excentrique, imposant sa personnalité, curieuse, vive, rigolote et bonne élève, qui s'intéressait à tout, s'indignait de la moindre justice, était à la fois très mûre et encore si jeune dans sa tête.
De V surdoué, avec un humour d'une grande finesse, qui a été le seul volontaire pour déclamer avec moi dans le théâtre d'Ostie le fameux "O tempora! O Mores" de Cicéron appris pendant l'année.
De D.....et de sa doudoune rose, une gamine enveloppée, qui voulait se faire remarquer, en échec scolaire, qui rendait copie blanche sur copie blanche, mais qui vous disait 15 fois bonjour si vous la croisiez 15 fois dans la journée.

Je me souviens de L... que je n'avais pas vraiment remarqué dans la classe, mais, qui, après une sortie théâtre, s'est retrouvée seule à attendre sa mère dans le froid pendant une demi-heure. J'ai attendu avec elle et on a ri comme jamais. Je me souviens de notre complicité, par la suite, au sein de la classe.
Je me souviens de B..., une grande brune garçon manqué mais avec ce brin de féminité...
Je me souviens de L..., S... et H..., les trois super copines malicieuses et très sympas.
Je me souviens de T... qui est venu me voir à la fin d'un cours en me parlant de ses problèmes d'orientation. Il savait que je ne pourrais rien faire, il avait juste envie de parler...
Je me souviens de ma classe de 1ère S, presque au complet, qui est venu au dernier cours de décembre me souhaiter un joyeux noël en mangeant des papillottes.

Je joue quand même.

Je me souviens d'A...., Chinoise arrivée un ou deux ans auparavant, ne pouvant entrer en CLA, mais trop faible pour le niveau exigé. Volontaire, intelligente, appliquée, mais lente et timide. Combien j'ai regretté de ne pouvoir en faire plus, de ne pouvoir lui donner de bonnes conditions pour travailler. Elle a quand même progressé dans l'année.

Je me souviens de A, pétasse pimbêche insolente au possible.

Je me souviens de S, horrible gamin fourbe, hypocrite, sûr de lui, que j'avais surnommé Malefoy. Je n'ai appris que plus tard que les surveillants le surnommaient ainsi.

Je me souviens des jumelles, aussi brillantes l'une que l'autre mais aux personnalités très différentes. Si je ne les différenciais pas physiquement, je reconnaissais la copie de chacune à son style.

Je me souviens de M, qui a raté son bac 2 fois et repassait le bac et le français, tout en suivant une formation professionnelle. Je l'ai eue une heure et demie par semaine de mars en juin, ai constitué une liste d'oral et l'ai préparée à l'écrit. Elle l'a eu, avec de bonnes notes en français et m'a envoyé un mail de remerciement.

Je me souviens de L, qui est passée de 5 à 12 de moyenne en français (je l'ai eue 2 ans), que ses parents jugeaient nulle. Je me souviens de notre complicité, de nos rigolades, de sa progression. Au début, je devais lui tirer les vers du nez, à la fin, elle faisait le commentaire toute seule. Résultat : 12 au bac.

Comme j'aurais voulu apprivoiser ce métier...

ah oui, je me souviens surtout de G, littéraire jusqu'au bout des ongles, contre qui s'étaient ligués tous mes collègues scientifiques (qu'il faisait tourner en bourrique, reconnaissons-le); pire, ils avaient même tenté de bloquer le passage au lycée.
A force de nous battre, nous avons arraché (mes collègues d'humanités et moi-même) le passage en 2nde. Aujourd'hui, il est agrégé de lettres, chuis trop fière

Jane a écrit:ah oui, je me souviens surtout de G, littéraire jusqu'au bout des ongles, contre qui s'étaient ligués tous mes collègues scientifiques (qu'il faisait tourner en bourrique, reconnaissons-le); pire, ils avaient même tenté de bloquer le passage au lycée.
A force de nous battre, nous avons arraché (mes collègues d'humanités et moi-même) le passage en 2nde. Aujourd'hui, il est agrégé de lettres, chuis trop fière

Il y a de quoi.

pas vraiment des élèves, la liste serait longue, mais des situations délirantes.
recevoir plein de cadeaux lors de ma première grossesse.
mais des anecdotes surtout en voyage sco :
faire un doigt d'honneur avec eux quand on s'est fait "agresser" par des marseillais.
Danser le brise pied, danse aveyronnaise, au stade de Barcelone, avec un MP3 ...on a commencé à 10, on a fini à 30 avec des espagnols !
puis les fous rires, en classe, j'adore rire avec eux je mène la barque, j'adore....
et les discussions infinies avec certains en fin de cours, parler de la pluie et du beau temps.

Je me souviens de F...., arrivée en cours d'année en 5ème, ne parlant pas français, et qui en aide aux devoirs me disait "Oui, oui, j'ai compris, vite madame tu m'expliques la suite". Sa soif de comprendre, sa lettre au président pour " faire les études d'avocat en moins d'années pour que tout le monde puisse se les payer", ses éclats de rire et ses clins d'oeil dans les couloirs, notre angoisse quand nous avions su que ses parents déménageaient à Paris. J'ai appris qu'aujourd'hui elle est en classe préparatoire.
Je me souviens de A....toute mutique en 6ème, n'ayant jamais ses affaires, rendant copie blanche, et de ma fierté le jour où elle a enfin fini un devoir complet en 5ème. Elle est au lycée aujourd'hui.
Je me souviens de H....grande gueule, teigne, qui me pourrissait mes heures, et du désespoir qui m'a poussée un jour à lui cracher en public qu'elle était peut-être la plus forte, mais qu'elle n'aurait jamais le cran de prouver qu'elle était bonne à l'école et d'avoir de bonnes notes parce que c'était trop la honte...Elle a passé le reste de l'année et toutes les autres à me prouver que j'avais tort et j'en suis fière aussi. Elle est passée au lycée, première de sa classe chaque année.
Je me souviens de E.....la première année, un îlot de bonhommie au milieu d'une classe affreuse, qui mettait des kilos de fluo dans ses poches pour que je les lui confisque au fur et à mesure, carburant au mieux à 5 de moyenne en français, le seul qui acceptait sans broncher les punitions, et de ses clins d'oeil quand j'étais au bord du craquage face aux autres...Cette année là je me suis accorchée pour lui. Il est revenu me voir cette année pour me dire qu'il était en BTS.
Et tous les autres bien sûr. Tout ceux pour qui, contre toute apparence, on a réussi à jouer notre rôle!

Je me souviendrais toujours de mon petit R... (Dwarf devinera qui se cahce derrière cette initiale) avec qui je suis entrée en confrontation dès le 1er jour et qui est finalement aujourd'hui mon chouchou... pas un bosseur, pas un timide: de la tchat , une maturité qui se cache énormément et un gd besoin d'affection que je n'ai pu que lui donner... Mais surtout un besoin d'avoir uèn prof qui réplique en face de lui... Mais il est en train de gâcher ses possibilités et j'y assiste impuissante, même si je sais que ma présence le fait quand même parfois venir au collège (pas mes cours, je ne me leurre pas)
petite victoire: on rentre tout juste du séjour chez les élèves de Dwarf et alors qu'après ce genre de sortie, il sèche parce qu'il est fatigué il était là dès la 1ère heure, juste pour me faire plaisir...
Sinon, j'ai eu P-J, exactement le même style, en un peu plus bosseur, avec qui j'ai eu aussi pas mal de duels verbaux en cours (que j'ai emporté, bien sûr)

Très touchants vos souvenirs!
J'ai gardé tous les petits mots adorables (et truffés de fautes) de mes élèves: c'est un des rares avantages d'être TZR, ils vous remercient quand vous partez, vous disent qu'ils vous aiment.

Sinon, je dirais que je me souviens très bien de tous mes élèves pour l'instant, n'ayant que 4 ans de carrière derrière moi.

Mais si on réfléchit, je n'oublierai pas B. qui a découvert qu'il était atteint d'un cancer en 2nde, que je suis allée voir chez lui, à qui j'ai offert des BD.
Je penserai toujours à J., petit emmerdeur notoire qui était pourtant mon chouchou, car malin comme tout, très fin malgré une paresse immense.
N'oublions pas Y., petit black super sympa qui parlait aux adultes comme à des potes: "M'dame, j'vous inviterais bien au resto ce soir!"
Je me souviendrai quelque temps de L., élève que je n'avais pas qui, pour emmerder un autre prof avait vidé son tube de colle sur le siège du bureau, sur lequel j'ai malheureusement posé mes fesses...
De beaux souvenirs avec ma première classe de 6ème qui avait organisé une séance photo et même une boom pour mon départ.
Enfin, je pense encore à A., élève qui travaillait TRES MAL et TRES LENTEMENT, mais qui était d'une gentillesse! Il me demandait comment j'allais, me tenait la porte...

MC, qui m'a mis les larmes aux yeux lors d'un oral sur un sujet délicat. J'ai mis 20. J'aurais dû enregistrer.

Carabas a écrit:

Jane a écrit:ah oui, je me souviens surtout de G, littéraire jusqu'au bout des ongles, contre qui s'étaient ligués tous mes collègues scientifiques (qu'il faisait tourner en bourrique, reconnaissons-le); pire, ils avaient même tenté de bloquer le passage au lycée.
A force de nous battre, nous avons arraché (mes collègues d'humanités et moi-même) le passage en 2nde. Aujourd'hui, il est agrégé de lettres, chuis trop fière

Il y a de quoi.

Et il ne vient pas ici ?

De tous, ou presque, parce que pas encore trop nombreux...

Lors de mon année de stage au fin fond de la campagne de mon académie d'origine, où je m'attendais à voir des petits 6ème très sages, Dylan, blondinet, cheveux en brosse, tout petit, portant perfecto et jean's déchiré, chantant à tue-tête : "Oh Marie, si tu savais, toutes les p... que j'me suis fait (sic)..." Là, j'ai atterri, atterrée...

L'année suivante, expatriée loin de chez moi, une jeune fille turque, en exil elle aussi..., ne parlant pas du tout le français, se débrouillant mieux en maths, qui faisait des efforts considérables pour réussir, que personne ne pouvait aider à la maison, et qui sans relâche a maintenu un rythme soutenu jusqu'à la fin de l'année... Je l'ai revue deux ans plus tard quand elle m'a interpellée dans la rue et m'a sauté au cou !