Micro-miracles de la littérature : la phrase, le vers, la formule qui vous ravit...

"... et il y avait dans ce tragique regard quelque chose qui ressemblait à l'éblouissement de l'impossible et à la réverbération d'un paradis fermé."

"A une rose je me lie"

R.Char

"le beau est toujours bizarre" : cette phrase me parle énormément... et je trouve qu'elle me résume bien

"Mais le vert paradis des amours enfantines"

C.Baudelaire

"La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur"

Eluard.


"Parce que c'était lui, parce que c'était moi."
Montaigne.

A icel mot l’un a l’altre ad clinet.
Par tel amur as les vus desevred.
La Chanson de Roland (la mort d'Olivier dans les bras de Roland)

-Une phrase dont j'essaye de faire une règle de vie:
Carpe diem, Horace

-Quelques vers de V.Hugo:
Son manteau, tout mangé des vers, et jadis bleu,
Étalé largement sur la chaude fournaise,
Piqué de mille trous par la lueur de braise,
Couvrait l'âtre, et semblait un ciel noir étoilé.
Et, pendant qu'il séchait ce haillon désolé
D'où ruisselait la pluie et l'eau des fondrières,
Je songeais que cet homme était plein de prières,
Et je regardais, sourd à ce que nous disions,
Sa bure où je voyais des constellations.

-Et une phrase qui me fait toujours sourire:
"Je m'appelle Inigo Montoya. Tu as tué mon père. Prépare toi à mourir." Princess Bride

"If you kiss me I wanna die"
Buffy the vampire slayer (saison 2)

J'en peux rien, celle-ci m'a toujours énormément plue
: "Beau comme... la rencontre fortuite sur une table de dissection d'un parapluie et d'une machine à coudre" Lautréamont

Et puis, ces vers de Rimbaud dont je ne me lasse jamais de "disséquer" chaque mot, de les mâchonner et de les méditer, magnifiques et terribles à la fois: "Je devins un opéra fabuleux: je vis que tous les êtres ont une fatalité de bonheur [...]. [...] ma vie serait toujours trop immense pour être dévouée à la force et à la beauté "

"Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d’inanité sonore"

"Je suis le ténébreux, - le veuf, - l'inconsolé"

"La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide"

"Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit?"

"Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été
avait, en s'en allant, négligemment jeté
cette faucille d'or au milieu des étoiles" (Hugo)

" Ce toît immobile où marchent des colombes
entre les pins palpite entre les tombes
midi le juste y compose de feux
la mer, la mer, toujours recommencée" (Valéry)

"j'ai chaud extrême en endurant froidure" (Labbé)

" Homme libre, toujours tu chériras la mer" (Baudelaire)
"je suis belle, ô mortels, comme un rêve de pierre"

" Vous pouvez vous vanter que si vous êtes encore vivants et si vous foulez encore la neige de Lithuanie, vous le devez à la vertu magnanime du mâitre des Phynances, qui s'est évertué, échiné, et égosillé à débiter des pâtenôtres pour votre salut [...] et nous navons pas hésité à monter sur un rocher fort haut, pour que nos prières aient moins loin à atteindre le ciel" (Ubu roi)

"Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire." G. Apollinaire

"J'ai tant rêvé de toi" de Desnos, intégralement.

Ce que je sais bien, c’est que l’identité du moi ne se prolonge que par la mémoire, et que, pour être le même en effet, il faut que je me souvienne d’avoir été. (Rousseau, Emile, IV)

Ruthven a écrit:"Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d’inanité sonore"

"Je suis le ténébreux, - le veuf, - l'inconsolé"

ahhhhhhhhhhhhhhhh le sonnet en yx de Mallarmé, un pur chef d'oeuvre.

L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable (Verlaine)

Des trouvailles de Giraudoux...
"Sa fierté d'hermine est légendaire"
sur les navires grecs: "la face arrogante et le cul plat", ça me revenait en tête quand je voyais les nouvelles mégane à une époque, avec leur arrière curieusement carré
Il y en a beaucoup de ces petites formules d'orfèvre dans son théâtre.

"je dis: une fleur; et hors de l'oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d'autre que les calices sus, musicalement se lève, idée-même et suave, l'absente de tout bouquet"

Mallarmé

"La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil"
René Char

C'est drôle, les mêmes qu'Albertine!

Plus:

"que le jour commence et que le jour finisse sans que jamais Titus puisse voir Bérénice"

"Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin de venir dans ma chambre un peu chaque matin" (Hugo mais quand j'étais petite je croyais que ce poème avait été écrit par mon grand-père à mon intention, quelle mégalo ! )

"Je me presse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer"
Beaumarchais.

Ma devise. La maxime dont j'use en classe lorsque j'aimerais m'offusquer devant leurs réponses surréalistes ou grand guignolesques et ne pas craquer mais que, décidément, ils me font rire aux éclats ...

Bon ok, c'est le poème presque entier mais bon...
Yves Rouquette

A présent que ton absence
a nettoyé mes lèvres bien mieux que tes baisers
que seul demeure dans ma bouche
le feu amer de ton passage
je déchire d'eaux caressées
les jours que tu m'as donnés et les parfums du temps

Je dis désir, je dis délire
ma solitude prend la courbe amère et longue de ton ventre
Je te veux toi pour chaque nuit

Il est nuit noire sur ton cri
Sur le silence après l'amour
sur le pleur que rien n'enferme
sur ton corps irréprochable
sur l'envie que j'ai de toi

Je dis désir, je dis sagesse
aucun amour sans désespoir
et aucun désespoir qui ne prenne le goût
intarissable de ton rire

Je te veux pour chaque nuit
pour la paix enfin conquise
sur l'oubli de toute peur
pour le vertige et pour la mort
de toute joie que l'on dépense

J'avais cru pouvoir t'oublier
je te chantais à en devenir fou
j'avais crevé les yeux du ciel
pour te garder dans la nuit de mes mains
.....

Un baiser, qu'est-ce ? Un serment fait d'un peu plus près, un aveu qui veut se confirmer, un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer ; c'est un secret qui prend la bouche pour oreille.
[Edmond Rostand]

Comprenne qui voudra
Moi mon remords ce fut
La malheureuse qui resta
Sur le pavé
La victime raisonnable
À la robe déchirée
Au regard d’enfant perdue
Découronnée défigurée
Celle qui ressemble aux morts
Qui sont morts pour être aimés
Eluard

"Cette petite grande âme venait de s'envoler" (Misérables)

"Je demeurai longtemps errant dans Césarée" (Bérénice).