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- RenaudNiveau 1
Bonjour,
je suis chercheur et j'ai besoin de moins de 12 minutes de votre temps et de réponses honnêtes pour faire avancer la recherche sur la qualité de vie au travail. Ma co-auteure et moi faisons cette étude sur notre temps libre, par amour de la recherche et si nos hypothèses se révèlent juste, alors l'étude pourra aider beaucoup de monde, que ce soit au sein de l'Education nationale ou en dehors. L'étude est réservée aux enseignants pour des raisons statistiques. Cliquez en dessous pour y participer. Si le post gêne, je le supprimerai
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfT1TQxCWCsPlVVvFtaTRdz0odUEeQwGF4mBTOkYndGD6SF2Q/viewform
Merci pour votre aide. Le travail préparatoire nous a pris une vingtaine d'heures et nous faisons l'étude à titre bénévole, parce que nous voulons aider à construire un meilleur monde du travail.
Renaud
je suis chercheur et j'ai besoin de moins de 12 minutes de votre temps et de réponses honnêtes pour faire avancer la recherche sur la qualité de vie au travail. Ma co-auteure et moi faisons cette étude sur notre temps libre, par amour de la recherche et si nos hypothèses se révèlent juste, alors l'étude pourra aider beaucoup de monde, que ce soit au sein de l'Education nationale ou en dehors. L'étude est réservée aux enseignants pour des raisons statistiques. Cliquez en dessous pour y participer. Si le post gêne, je le supprimerai
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfT1TQxCWCsPlVVvFtaTRdz0odUEeQwGF4mBTOkYndGD6SF2Q/viewform
Merci pour votre aide. Le travail préparatoire nous a pris une vingtaine d'heures et nous faisons l'étude à titre bénévole, parce que nous voulons aider à construire un meilleur monde du travail.
Renaud
- SergeGakpéNiveau 1
Rempli ! Bonne chance dans vos recherches !
- DanskaProphète
Bonjour,
Chercheur en quoi, précisément ? À quoi sont supposés servir ces résultats obtenus à titre bénévole ? Auprès de qui doivent-ils être utilisés, et à quel titre ?
Et pourquoi réserver ce questionnaire aux enseignants (pour autant qu'on puisse savoir qui répond à un questionnaire anonyme sur Internet...), si le but est d'aider beaucoup de monde dans l'EN ou en dehors ?
Chercheur en quoi, précisément ? À quoi sont supposés servir ces résultats obtenus à titre bénévole ? Auprès de qui doivent-ils être utilisés, et à quel titre ?
Et pourquoi réserver ce questionnaire aux enseignants (pour autant qu'on puisse savoir qui répond à un questionnaire anonyme sur Internet...), si le but est d'aider beaucoup de monde dans l'EN ou en dehors ?
- RenaudNiveau 1
SergeGakpé a écrit:Rempli ! Bonne chance dans vos recherches !
Merci!
- RenaudNiveau 1
Danska a écrit:Bonjour,
Chercheur en quoi, précisément ? À quoi sont supposés servir ces résultats obtenus à titre bénévole ? Auprès de qui doivent-ils être utilisés, et à quel titre ?
Et pourquoi réserver ce questionnaire aux enseignants (pour autant qu'on puisse savoir qui répond à un questionnaire anonyme sur Internet...), si le but est d'aider beaucoup de monde dans l'EN ou en dehors ?
Voici mes réponses à vos questions:
- J'ai un doctorat en sciences sociales et ma co-auteure en psychologie. C'est marqué au début de l'étude
- Nous allons écrire un article scientifique et on donnera les résultats de l'étude sur tous les forums et groupes où nous l'avons posté
- Nous ne faisons l'étude ni pour l'EN ni pour un syndicat. Par contre, si on ne s'est pas planté dans les hypothèses (si les données recueillies les valident), alors ça pourrait intéresser beaucoup de monde, bien au-delà de l'éducation nationale et il faudra sans doute faire une nouvelle étude, mais avec beaucoup de moyens, ce que nous n'avons pas
- Pour des raisons statistiques. Cela nécessite d'avoir moins de variables de contrôle
- RenaudNiveau 1
Renaud a écrit:Bonjour,
je suis chercheur et j'ai besoin de moins de 12 minutes de votre temps et de réponses honnêtes pour faire avancer la recherche sur la qualité de vie au travail. Ma co-auteure et moi faisons cette étude sur notre temps libre, par amour de la recherche et si nos hypothèses se révèlent juste, alors l'étude pourra aider beaucoup de monde, que ce soit au sein de l'Education nationale ou en dehors. L'étude est réservée aux enseignants pour des raisons statistiques. Cliquez en dessous pour y participer. Si le post gêne, je le supprimerai
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfT1TQxCWCsPlVVvFtaTRdz0odUEeQwGF4mBTOkYndGD6SF2Q/viewform
Merci pour votre aide. Le travail préparatoire nous a pris une vingtaine d'heures et nous faisons l'étude à titre bénévole, parce que nous voulons aider à construire un meilleur monde du travail.
Renaud
Juste pour dire que la collecte de données continue. Merci à ceux qui ont participé et merci à ceux qui participeront!
- Ajonc35Sage
Petite remarque. Il y a des enseignants hors EN. Les mêmes qu'à l'EN mais ils sont au ministère de l'agriculture.
- RenaudNiveau 1
Ajonc35 a écrit:Petite remarque. Il y a des enseignants hors EN. Les mêmes qu'à l'EN mais ils sont au ministère de l'agriculture.
Vous avez raison, mais pour des raisons statistiques et scientifiques, nous préférons avoir le même employeur pour l'ensemble des répondants. Nous aurions pu chercher aussi à avoir que des enseignants du primaire ou que des enseignants du secondaire afin d'avoir davantage d'uniformité dans les métiers, mais nous ne sommes pas allés jusque-là. Par contre, il est probable que l'on regarde s'il y a des différences entre les deux et ce en lien et uniquement en lien avec nos questions de recherche
- Ajonc35Sage
Merci pour la réponse. Dommage...Renaud a écrit:Ajonc35 a écrit:Petite remarque. Il y a des enseignants hors EN. Les mêmes qu'à l'EN mais ils sont au ministère de l'agriculture.
Vous avez raison, mais pour des raisons statistiques et scientifiques, nous préférons avoir le même employeur pour l'ensemble des répondants. Nous aurions pu chercher aussi à avoir que des enseignants du primaire ou que des enseignants du secondaire afin d'avoir davantage d'uniformité dans les métiers, mais nous ne sommes pas allés jusque-là. Par contre, il est probable que l'on regarde s'il y a des différences entre les deux et ce en lien et uniquement en lien avec nos questions de recherche
- RenaudNiveau 1
Ajonc35 a écrit:Merci pour la réponse. Dommage...Renaud a écrit:Ajonc35 a écrit:Petite remarque. Il y a des enseignants hors EN. Les mêmes qu'à l'EN mais ils sont au ministère de l'agriculture.
Vous avez raison, mais pour des raisons statistiques et scientifiques, nous préférons avoir le même employeur pour l'ensemble des répondants. Nous aurions pu chercher aussi à avoir que des enseignants du primaire ou que des enseignants du secondaire afin d'avoir davantage d'uniformité dans les métiers, mais nous ne sommes pas allés jusque-là. Par contre, il est probable que l'on regarde s'il y a des différences entre les deux et ce en lien et uniquement en lien avec nos questions de recherche
L'étude aura des répercussions pour tous les métiers si on valide nos hypothèses sur le traitement statistique des études habituellement menées. Je ne peux pas vous dire exactement ce qu'on cherche afin de ne pas influencer les réponses, mais c'est vraiment cool. On espère avoir l'article écrit pour mai et on partagera alors ce qu'on a fait partout où on a posté le questionnaire
- MathadorEmpereur
Je n'ai pas répondu car je suis également hors champ (plus enseignant depuis 3 ans), mais ayant eu une formation de statisticien lors ma reconversion je serai vraiment curieux de voir cet article.
Bon courage pour la collecte !
Bon courage pour la collecte !
_________________
"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- RenaudNiveau 1
Mathador a écrit:Je n'ai pas répondu car je suis également hors champ (plus enseignant depuis 3 ans), mais ayant eu une formation de statisticien lors ma reconversion je serai vraiment curieux de voir cet article.
Bon courage pour la collecte !
Merci beaucoup! Un lien vers l'article (en anglais) et un long résumé (en français) sera mis quand l'article sera écrit. Au plus tard en mai normalement, mais dans la vie il peut toujours y avoir des impondérables. En tout cas, que ce soit pour ma co-auteure ou moi, on est impatient de finaliser, car l'article est vraiment important pour nous étant donné nos préoccupations sur le bien-être et la souffrance au travail
- RenaudNiveau 1
L'étude scientifique est terminée. Je copie-colle ici le rapport
Présentation d’une étude scientifique indépendante sur le bien-être au travail des enseignants de l’Éducation nationale
Renaud Gaucher, PhD et Coralie Vennin, PhD
Remerciements
Nous tenons à remercier chaleureusement chacun des enseignants qui a pris le temps de répondre à nos questions et nous ajoutons un grand merci supplémentaire aux enseignants qui ont eu le courage de participer à la partie longitudinale de notre étude en répondant à nos questionnaires ennuyeux.
Présentation des auteurs
Les deux auteurs ont mené l’étude sur leur temps libre. L’étude est indépendante de leurs emplois respectifs. Ils n’ont reçu aucune aide financière et la réalisation de l’étude a nécessité plusieurs centaines d’heures de travail.
Renaud Gaucher est docteur de l’Université Érasme de Rotterdam avec une thèse sur l’innovation dans la mesure du bien-être. L’étude menée ici est totalement indépendante de l’entreprise privée pour laquelle il travaille par ailleurs.
Coralie Vennin est psychologue et docteure en psychologie de l’Université de Bordeaux avec une thèse sur la caractérisation et la modélisation des facteurs associés à la symptomatologie dépressive chez les étudiants. Elle travaille comme psychologue libérale et comme chercheuse indépendante.
Notre objectif
Nous avions initialement présenté l’étude comme une étude sur le traitement statistique de la qualité de vie au travail. Notre étude porte effectivement sur ce sujet, mais nous n’avions pas précisé davantage le sujet afin d’éviter que les résultats de l’étude puissent être biaisés.
Notre objectif à travers l’étude était de comparer les travailleurs les plus heureux au travail avec les travailleurs les plus malheureux au travail et les travailleurs médians afin d’apprendre des travailleurs les plus heureux dans leur travail. Comme nous voulions nous centrer sur les conditions de travail et les facteurs individuels, il fallait évacuer de l’étude les différences entre métiers et entre organisations. Nous avons donc cherché quel est le métier le plus pratiqué dans une même organisation en France et nous avons conclu qu’il s’agissait du métier d’enseignant au sein de l’Éducation nationale.
Nous avons décliné notre objectif de recherche en plusieurs questions qui peuvent être reformulées ici dans le contexte de l’Éducation nationale :
• Que gagnerait l’Éducation nationale en termes d’efficience à n’avoir que des enseignants très heureux dans leur travail ?
• Quelles sont les conditions de travail qui empêchent cela ?
• Quelles sont les caractéristiques individuelles qui peuvent aussi jouer un rôle ?
Au-delà du cas spécifique des enseignants de l’Éducation nationale, le but de l’article est d’aider les organisations d’apprendre des travailleurs les plus heureux dans leur travail. C’est pourquoi nous utilisons le mot de travailleur dans l’article (worker puisque l’article est écrit en anglais) plutôt que celui d’enseignant. Ce but est soutenu par les résultats obtenus lors de notre étude qui montrent que les enseignants les plus heureux dans leur travail apportent des avantages supérieurs au fonctionnement de l’Éducation nationale, ce qui doit normalement être une incitation pour l’Éducation nationale à ce que les enseignants aient un haut niveau de bien-être au travail.
Télécharger l’article scientifique
Vous pouvez télécharger l’article ici :
https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=4879567
Les téléchargements permettront de mettre l’article scientifique en évidence sur le site de téléchargement, qui est un site scientifique. Donc n’hésitez pas à aller le voir et à le télécharger en cliquant sur « download this paper » (« téléchargez ce papier »), même si vous ne comprenez pas l’anglais, car cela rendra l’article plus visible pour la communauté scientifique.
Comme notre article scientifique est écrit en anglais afin qu’il puisse avoir une influence au-delà du monde francophone, nous avons aussi écrit ce rapport afin d’expliquer les résultats obtenus.
Une approche indépendante et équilibrée
Nous sommes deux chercheurs possédant chacun un doctorat ou un PhD et agissant en tant que chercheurs. Nous avons travaillé sur notre temps libre pour un temps cumulé qui représente environ 300 à 400 heures, sans recevoir le moindre sou de qui que ce soit. Nous sommes donc pleinement indépendants à la fois de l’Éducation nationale, des syndicats et de tout autre groupe.
Nos questions étaient équilibrées, car ne cherchant pas à cacher de possibles problèmes soit du côté de l’Éducation nationale, soit du côté des enseignants. Ainsi, en matière de facteurs de bien-être au travail, nous avons exploré aussi bien des facteurs externes (conditions de travail, harcèlement moral et sexuel) que des facteurs internes (traits de personnalité). En matière de conséquences possibles du bien-être au travail, nous avons exploré à la fois les comportements de citoyenneté organisationnelle et les comportements organisationnels contreproductifs.
La représentativité des résultats
La représentativité présentée dans les sondages est une représentativité limitée. Elle est généralement réduite à quelques catégories sociodémographiques et ne prend pas en compte, par exemple, les catégories psychologiques. Parler de sondage représentatif ou d’étude représentative est une formulation trompeuse, car imprécise. En outre, un sondage ou une étude ne prend en compte que les personnes qui acceptent de répondre, c’est ce qu’on appelle un biais de sélection.
Nous avons eu suffisamment de répondants dans notre étude transversale pour que l’étude puisse être représentative en ce qui concerne le nombre de répondants. En effet, l’étude utilise les réponses de 1761 enseignants du primaire et du secondaire de l’Éducation nationale. Nous pourrions tout à fait la rendre représentative sur d’autres critères comme le sexe ou l’âge, mais comme dit précédemment, ce qu’on appelle étude représentative est une étude à la représentativité limitée et nous préférions que chaque personne ayant pris le temps de participer ait le même poids dans les résultats finaux.
La définition choisie pour définir le bien-être au travail
Le bien-être au travail est défini dans l’étude comme le fait d’avoir un haut niveau de satisfaction dans sa vie au travail, un haut niveau d’émotions positives (émotions agréables) en lien avec le travail, un faible niveau d’émotions négatives (émotions désagréables) en lien avec le travail et un faible niveau de stress en lien avec le travail. La satisfaction dans la vie au travail, la différence hédonique entre les émotions positives et les émotions négatives au travail et le stress occupationnel participent chacun pour un tiers de la mesure du bien-être au travail.
Les enseignants très heureux au travail sont les 10% d’enseignants qui ont déclaré le plus haut niveau de bien-être au travail. Les enseignants très malheureux au travail sont les 10% d’enseignants qui ont déclaré le plus bas niveau de bien-être au travail/ le plus haut niveau de mal-être au travail. Les enseignants médians sont les 20% d’enseignants qui étaient au centre de la distribution en termes de bien-être au travail.
Que gagnerait l’Éducation nationale en termes d’efficience à n’avoir que des enseignants très heureux dans leur travail ?
Les enseignants les plus heureux dans leur travail ont un plus haut degré de sentiment d’auto-efficacité professionnelle, ce qui mène à un plus haut degré de performance dans le travail. Ils ont davantage de comportements de citoyenneté organisationnelle et moins de comportements anti productifs, même si les enseignants ont très peu de comportements anti-productifs y compris quand ils sont très malheureux dans leur travail. Les enseignants les plus heureux dans leur travail ont aussi envie de rester dans l’institution plutôt que de la quitter. C’est un point essentiel, car cela signifie qu’investir dans de meilleures conditions de travail permettrait à la fois d’améliorer le niveau de performance des enseignants et de les conserver. À noter que parmi les répondants, le nombre de ceux qui voulaient quitter l’Éducation nationale était à peu près égal au nombre de ceux qui voulaient rester.
Que peut faire l’Éducation nationale pour augmenter le degré de bien-être au travail des enseignants ?
Nous avons testé 20 facteurs externes qui peuvent influencer le degré de bien-être au travail, dont un facteur général dénommé conditions de travail. Il ressort des réponses que :
• Même les enseignants les plus heureux au travail sont insatisfaits des possibilités d'avancement, de la manière dont les politiques de l'Éducation nationale sont mises en œuvre et de la relation entre le salaire et la quantité de travail effectué
• Même les enseignants les plus malheureux au travail sont satisfaits de la stabilité de l’emploi, de la possibilité d’être tout le temps occupé, de l’opportunité de travailler seul et des relations avec les collègues. Les trois premières caractéristiques citées sont dépendantes des caractéristiques du travail lui-même et n’ont pas grand-chose à voir avec les capacités managériales de l’Éducation nationale. Dit autrement, quand l’Éducation nationale mesure le bien-être au travail des enseignants, les mesures sont positivement influencées par les caractéristiques positives du travail d’enseignant qui n’ont rien à avoir avec la qualité du management de l’Éducation nationale
• Il y a deux domaines de travail pour lesquels la différence entre les enseignants très heureux au travail et les enseignants très malheureux au travail est de 2 points ou plus : le sentiment d'accomplissement que l’on retire de son travail et les conditions de travail
• Il y a six domaines de travail pour lesquels la différence entre les enseignants très heureux au travail et les enseignants très malheureux au travail est de 1,5 point ou plus : la possibilité de faire des choses différentes de temps en temps, la possibilité d'être "quelqu'un" dans la communauté, la possibilité de faire des choses qui ne vont pas à l'encontre de sa conscience, la possibilité de faire quelque chose qui utilise ses capacités, la liberté d'utiliser son propre jugement et les éloges reçus pour avoir fait du bon travail.
Que peuvent faire les enseignants pour augmenter leur niveau de bien-être au travail ?
La réalité des choses est que les enseignants ont peu de pouvoir sur leur niveau de bien-être au travail. Le pouvoir est essentiellement aux mains de l’Éducation nationale.
L’étude met cependant en avant un moyen extrêmement complexe à actionner : réduire son névrosisme, c’est-à-dire son instabilité émotionnelle. Chercher à actionner ce moyen a uniquement du sens si un enseignant est malheureux au travail ET en dehors du travail et que la personnalité est un facteur explicatif fort dans l’insatisfaction hors travail.
Un moyen beaucoup plus facile à actionner, mais qui n’a pas été étudié dans l’étude, est le job crafting. Le job crafting est le fait d’utiliser ses marges de liberté pour aménager son travail afin qu’il nous plaise davantage ou qu’il nous déplaise moins.
Il existe trois grandes formes de job crafting : la modification des tâches, la modification des relations et la modification des perceptions.
Il existe trois façons de modifier les tâches par le job crafting. Il est possible de :
• Redessiner des tâches (faire la même tâche différemment afin qu’elle soit plus plaisante, moins déplaisante)
• Donner plus de temps et d’énergie à certaines tâches, les plus agréables (et donner moins de temps et d’énergie aux autres afin de ne pas s’épuiser)
• Ajouter une nouvelle tâche qui plaît (à déconseiller à tout enseignant parce que le métier d’enseignant prend trop d’énergie, les personnes qui parlent du temps de travail des enseignants ne comprennent pas l’énergie que prend une heure devant les élèves)
Il existe trois façons de modifier les relations humaines au travail par le job crafting. Ces trois façons sont :
• Aider et soutenir (en espérant être aidé et soutenu en retour)
• Donner un objectif nouveau à une relation existante (par exemple construire un nouveau projet avec un enseignant que l’on connait déjà)
• Construire une nouvelle relation
Il existe trois façons de modifier les perceptions que l’on a au travail grâce au job crafting. Ces trois façons sont :
• Élargir les perceptions (penser son travail dans son entier plutôt que comme une suite de tâches séparées et regarder les bénéfices de son travail pour les autres)
• Recentrer les perceptions (réduire le but du travail à des tâches et/ou des relations spécifiques. Cette technique peut être utile en particulier si un enseignant n’aime pas une partie des tâches de son travail tout en en aimant d’autres)
• Lier les perceptions (faire des connexions entre des tâches (ou des relations) et des intérêts ou des passions que l’enseignant a en dehors du travail)
Les chiffres surprenants et inquiétants du harcèlement moral
« Durant ces trois derniers mois, avez-vous déjà ressenti au moins une des situations suivantes dans le cadre de votre travail : des comportements hostiles, abusifs ou dégradants de la part de collègues, de supérieurs ou de subordonnés ? »
Quand nous avons vu les résultats à cette question, nous avons été stupéfaits. Quasiment 50% des 1761 répondants ont signalé avoir subi dans les trois derniers mois avant de répondre au moins un comportement qui, s’il est reproduit au moins une fois, pourrait être constitutif de harcèlement moral.
Ce chiffre nous a tellement surpris par son ampleur que lors d’une étude de suivi, nous avons ajouté une question afin d’avoir une idée des origines de ces comportements.
Sur les 269 répondants, nous avons eu alors les résultats suivants :
• 110 ont déclaré ne pas avoir subi de comportements hostiles, abusifs ou dégradants de la part de collègues, de supérieurs ou de subordonnés les trois mois précédents et 159 si (59,1%)
Sur les 159 qui ont déclaré avoir subi de tels comportements
• 85 considéraient avoir été victimes de tels comportements de la part de parents ou responsables légaux (31,5% des répondants et 53,4 % des victimes déclarées)
• 79 de la part de leur hiérarchie (29,3% des répondants et 49,6% des victimes déclarées)
• 74 de la part de collègues (27,5% des répondants et 46,5% des victimes déclarées)
• 58 de la part d’élèves (21,5% des répondants et 36,4% des victimes déclarées).
Le total dépasse 100%, car un enseignant pouvait déclarer plusieurs réponses.
Il y a très clairement un problème majeur de harcèlement moral ou tout au moins de violence psychologique au sein de l’Éducation nationale dont sont victimes les enseignants. L’étude de suivi, qui n’a rien de représentatif et qui est sur un beaucoup trop faible nombre de répondants, mais qui a l’intérêt d’exister montre que cette violence viendrait des adultes et d’abord des parents d’élèves et de la hiérarchie. Les élèves se comporteraient mieux que les adultes selon les réponses des 269 enseignants ayant répondu. Parmi les hypothèses explicatives possibles, il pourrait y avoir les suivantes : la situation d’infériorité des élèves dans le fonctionnement de l’école ou le regard bienveillant des enseignants à l’égard des comportements de harcèlement que les élèves peuvent avoir à l’encontre des enseignants. Une part du harcèlement que les enseignants subissent vient d’autres enseignants.
Et après ?
Nous rendons cette étude publique à travers ce rapport. Les premiers à le recevoir sont les enseignants dont nous avons les emails, puis nous partagerons le rapport sur les groupes et forums où nous avons recruté les participants de l’étude, puis des syndicats et le Ministère de l’Éducation nationale le recevront, puis des journalistes. Si vous connaissez des journalistes, n’hésitez pas d’ailleurs à leur transmettre ce rapport. De manière plus générale, vous pouvez le partager autour de vous sans aucune restriction. Ne le faites cependant pas avec votre messagerie professionnelle.
Tout journaliste qui souhaiterait nous interroger sur l’étude peut nous contacter en nous écrivant à l’adresse suivante : renaudgaucher@gmail.com (merci de ne pas utiliser cette adresse pour d’autres raisons, et ce afin de ne pas être submergé d’emails).
Au départ, nous voulions faire une étude qui avait deux objectifs : un objectif social, rendre le monde du travail meilleur/ moins mauvais (et dans notre perspective, c’est plutôt moins mauvais), et un objectif scientifique, que le papier soit accepté dans une très bonne revue scientifique (l’article scientifique va être soumis, mais ça peut prendre des années avant qu’il soit publié).
Aujourd’hui, nous nous posons la question de créer, sous la forme d’une association à but non lucratif, un Observatoire des conditions de travail des enseignants, qui serait financé par les enseignants qui le souhaitent et qui ne dépendrait que de ces enseignants. Le pouvoir des enseignants additionné aux compétences et à l’imagination de deux chercheurs pourrait être sacrément puissant. Mille enseignants qui cotisent 40 euros par an, cela fait 40 000 euros, ce qui est suffisant pour lancer un tel observatoire. Dix mille enseignants qui cotisent 40 euros par an, cela fait 400 000 euros et c’est largement suffisant pour complètement financer un tel observatoire. L’observatoire pourrait produire deux grandes études annuelles avec deux parties : une partie récurrente et une partie thématique. Il pourrait produire des études exploratoires. L’ensemble des études seraient diffusées auprès des enseignants, des syndicats, du Ministère de l’Éducation nationale et des médias.
Tous les enseignants pourraient répondre aux études, mais les enseignants qui financent auraient des droits supplémentaires :
• Accès à un groupe d’échange qui inclut les chercheurs de l’Observatoire, le groupe d’échange servant aussi aux chercheurs à recueillir des idées de sujet et à recruter des participants pour des études qualitatives (une étude qualitative est une étude où l’on regroupe des témoignages)
• Possibilité de participation à des études qualitatives avec l’observatoire
• Vote sur les sujets futurs des études exploratoires et des études thématiques
• Échange avec les chercheurs sur les questions des études
• Rendez-vous trimestriel par vidéo pour échanger avec les chercheurs et accès au replay
• Accès au compte-rendu trimestriel des travaux accomplis
• Accès aux comptes de l’association
• Droit de proposer d’autres droits
Si ce projet d’un centre de recherche financé par les enseignants sur leurs conditions de travail vous intéresse et que vous êtes prêt à un soutien financier annuel de 40 euros, envoyez un mail à l’adresse suivante : condition.enseignante@proton.me
Pour les autres personnels de l’Éducation nationale, nous pensons notamment aux AESH et à toutes les petites mains qui rendent le fonctionnement de l’Éducation nationale possible, sachez que nous ne vous oublions pas. Si l’observatoire est mis en place, nous l’ouvrirons aussi ensuite le plus rapidement possible à vos métiers.
Renaud Gaucher, docteur de l’Université Érasme de Rotterdam
Coralie Vennin, psychologue et docteure en psychologie de l’Université de Bordeaux
Présentation d’une étude scientifique indépendante sur le bien-être au travail des enseignants de l’Éducation nationale
Renaud Gaucher, PhD et Coralie Vennin, PhD
Remerciements
Nous tenons à remercier chaleureusement chacun des enseignants qui a pris le temps de répondre à nos questions et nous ajoutons un grand merci supplémentaire aux enseignants qui ont eu le courage de participer à la partie longitudinale de notre étude en répondant à nos questionnaires ennuyeux.
Présentation des auteurs
Les deux auteurs ont mené l’étude sur leur temps libre. L’étude est indépendante de leurs emplois respectifs. Ils n’ont reçu aucune aide financière et la réalisation de l’étude a nécessité plusieurs centaines d’heures de travail.
Renaud Gaucher est docteur de l’Université Érasme de Rotterdam avec une thèse sur l’innovation dans la mesure du bien-être. L’étude menée ici est totalement indépendante de l’entreprise privée pour laquelle il travaille par ailleurs.
Coralie Vennin est psychologue et docteure en psychologie de l’Université de Bordeaux avec une thèse sur la caractérisation et la modélisation des facteurs associés à la symptomatologie dépressive chez les étudiants. Elle travaille comme psychologue libérale et comme chercheuse indépendante.
Notre objectif
Nous avions initialement présenté l’étude comme une étude sur le traitement statistique de la qualité de vie au travail. Notre étude porte effectivement sur ce sujet, mais nous n’avions pas précisé davantage le sujet afin d’éviter que les résultats de l’étude puissent être biaisés.
Notre objectif à travers l’étude était de comparer les travailleurs les plus heureux au travail avec les travailleurs les plus malheureux au travail et les travailleurs médians afin d’apprendre des travailleurs les plus heureux dans leur travail. Comme nous voulions nous centrer sur les conditions de travail et les facteurs individuels, il fallait évacuer de l’étude les différences entre métiers et entre organisations. Nous avons donc cherché quel est le métier le plus pratiqué dans une même organisation en France et nous avons conclu qu’il s’agissait du métier d’enseignant au sein de l’Éducation nationale.
Nous avons décliné notre objectif de recherche en plusieurs questions qui peuvent être reformulées ici dans le contexte de l’Éducation nationale :
• Que gagnerait l’Éducation nationale en termes d’efficience à n’avoir que des enseignants très heureux dans leur travail ?
• Quelles sont les conditions de travail qui empêchent cela ?
• Quelles sont les caractéristiques individuelles qui peuvent aussi jouer un rôle ?
Au-delà du cas spécifique des enseignants de l’Éducation nationale, le but de l’article est d’aider les organisations d’apprendre des travailleurs les plus heureux dans leur travail. C’est pourquoi nous utilisons le mot de travailleur dans l’article (worker puisque l’article est écrit en anglais) plutôt que celui d’enseignant. Ce but est soutenu par les résultats obtenus lors de notre étude qui montrent que les enseignants les plus heureux dans leur travail apportent des avantages supérieurs au fonctionnement de l’Éducation nationale, ce qui doit normalement être une incitation pour l’Éducation nationale à ce que les enseignants aient un haut niveau de bien-être au travail.
Télécharger l’article scientifique
Vous pouvez télécharger l’article ici :
https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=4879567
Les téléchargements permettront de mettre l’article scientifique en évidence sur le site de téléchargement, qui est un site scientifique. Donc n’hésitez pas à aller le voir et à le télécharger en cliquant sur « download this paper » (« téléchargez ce papier »), même si vous ne comprenez pas l’anglais, car cela rendra l’article plus visible pour la communauté scientifique.
Comme notre article scientifique est écrit en anglais afin qu’il puisse avoir une influence au-delà du monde francophone, nous avons aussi écrit ce rapport afin d’expliquer les résultats obtenus.
Une approche indépendante et équilibrée
Nous sommes deux chercheurs possédant chacun un doctorat ou un PhD et agissant en tant que chercheurs. Nous avons travaillé sur notre temps libre pour un temps cumulé qui représente environ 300 à 400 heures, sans recevoir le moindre sou de qui que ce soit. Nous sommes donc pleinement indépendants à la fois de l’Éducation nationale, des syndicats et de tout autre groupe.
Nos questions étaient équilibrées, car ne cherchant pas à cacher de possibles problèmes soit du côté de l’Éducation nationale, soit du côté des enseignants. Ainsi, en matière de facteurs de bien-être au travail, nous avons exploré aussi bien des facteurs externes (conditions de travail, harcèlement moral et sexuel) que des facteurs internes (traits de personnalité). En matière de conséquences possibles du bien-être au travail, nous avons exploré à la fois les comportements de citoyenneté organisationnelle et les comportements organisationnels contreproductifs.
La représentativité des résultats
La représentativité présentée dans les sondages est une représentativité limitée. Elle est généralement réduite à quelques catégories sociodémographiques et ne prend pas en compte, par exemple, les catégories psychologiques. Parler de sondage représentatif ou d’étude représentative est une formulation trompeuse, car imprécise. En outre, un sondage ou une étude ne prend en compte que les personnes qui acceptent de répondre, c’est ce qu’on appelle un biais de sélection.
Nous avons eu suffisamment de répondants dans notre étude transversale pour que l’étude puisse être représentative en ce qui concerne le nombre de répondants. En effet, l’étude utilise les réponses de 1761 enseignants du primaire et du secondaire de l’Éducation nationale. Nous pourrions tout à fait la rendre représentative sur d’autres critères comme le sexe ou l’âge, mais comme dit précédemment, ce qu’on appelle étude représentative est une étude à la représentativité limitée et nous préférions que chaque personne ayant pris le temps de participer ait le même poids dans les résultats finaux.
La définition choisie pour définir le bien-être au travail
Le bien-être au travail est défini dans l’étude comme le fait d’avoir un haut niveau de satisfaction dans sa vie au travail, un haut niveau d’émotions positives (émotions agréables) en lien avec le travail, un faible niveau d’émotions négatives (émotions désagréables) en lien avec le travail et un faible niveau de stress en lien avec le travail. La satisfaction dans la vie au travail, la différence hédonique entre les émotions positives et les émotions négatives au travail et le stress occupationnel participent chacun pour un tiers de la mesure du bien-être au travail.
Les enseignants très heureux au travail sont les 10% d’enseignants qui ont déclaré le plus haut niveau de bien-être au travail. Les enseignants très malheureux au travail sont les 10% d’enseignants qui ont déclaré le plus bas niveau de bien-être au travail/ le plus haut niveau de mal-être au travail. Les enseignants médians sont les 20% d’enseignants qui étaient au centre de la distribution en termes de bien-être au travail.
Que gagnerait l’Éducation nationale en termes d’efficience à n’avoir que des enseignants très heureux dans leur travail ?
Les enseignants les plus heureux dans leur travail ont un plus haut degré de sentiment d’auto-efficacité professionnelle, ce qui mène à un plus haut degré de performance dans le travail. Ils ont davantage de comportements de citoyenneté organisationnelle et moins de comportements anti productifs, même si les enseignants ont très peu de comportements anti-productifs y compris quand ils sont très malheureux dans leur travail. Les enseignants les plus heureux dans leur travail ont aussi envie de rester dans l’institution plutôt que de la quitter. C’est un point essentiel, car cela signifie qu’investir dans de meilleures conditions de travail permettrait à la fois d’améliorer le niveau de performance des enseignants et de les conserver. À noter que parmi les répondants, le nombre de ceux qui voulaient quitter l’Éducation nationale était à peu près égal au nombre de ceux qui voulaient rester.
Que peut faire l’Éducation nationale pour augmenter le degré de bien-être au travail des enseignants ?
Nous avons testé 20 facteurs externes qui peuvent influencer le degré de bien-être au travail, dont un facteur général dénommé conditions de travail. Il ressort des réponses que :
• Même les enseignants les plus heureux au travail sont insatisfaits des possibilités d'avancement, de la manière dont les politiques de l'Éducation nationale sont mises en œuvre et de la relation entre le salaire et la quantité de travail effectué
• Même les enseignants les plus malheureux au travail sont satisfaits de la stabilité de l’emploi, de la possibilité d’être tout le temps occupé, de l’opportunité de travailler seul et des relations avec les collègues. Les trois premières caractéristiques citées sont dépendantes des caractéristiques du travail lui-même et n’ont pas grand-chose à voir avec les capacités managériales de l’Éducation nationale. Dit autrement, quand l’Éducation nationale mesure le bien-être au travail des enseignants, les mesures sont positivement influencées par les caractéristiques positives du travail d’enseignant qui n’ont rien à avoir avec la qualité du management de l’Éducation nationale
• Il y a deux domaines de travail pour lesquels la différence entre les enseignants très heureux au travail et les enseignants très malheureux au travail est de 2 points ou plus : le sentiment d'accomplissement que l’on retire de son travail et les conditions de travail
• Il y a six domaines de travail pour lesquels la différence entre les enseignants très heureux au travail et les enseignants très malheureux au travail est de 1,5 point ou plus : la possibilité de faire des choses différentes de temps en temps, la possibilité d'être "quelqu'un" dans la communauté, la possibilité de faire des choses qui ne vont pas à l'encontre de sa conscience, la possibilité de faire quelque chose qui utilise ses capacités, la liberté d'utiliser son propre jugement et les éloges reçus pour avoir fait du bon travail.
Que peuvent faire les enseignants pour augmenter leur niveau de bien-être au travail ?
La réalité des choses est que les enseignants ont peu de pouvoir sur leur niveau de bien-être au travail. Le pouvoir est essentiellement aux mains de l’Éducation nationale.
L’étude met cependant en avant un moyen extrêmement complexe à actionner : réduire son névrosisme, c’est-à-dire son instabilité émotionnelle. Chercher à actionner ce moyen a uniquement du sens si un enseignant est malheureux au travail ET en dehors du travail et que la personnalité est un facteur explicatif fort dans l’insatisfaction hors travail.
Un moyen beaucoup plus facile à actionner, mais qui n’a pas été étudié dans l’étude, est le job crafting. Le job crafting est le fait d’utiliser ses marges de liberté pour aménager son travail afin qu’il nous plaise davantage ou qu’il nous déplaise moins.
Il existe trois grandes formes de job crafting : la modification des tâches, la modification des relations et la modification des perceptions.
Il existe trois façons de modifier les tâches par le job crafting. Il est possible de :
• Redessiner des tâches (faire la même tâche différemment afin qu’elle soit plus plaisante, moins déplaisante)
• Donner plus de temps et d’énergie à certaines tâches, les plus agréables (et donner moins de temps et d’énergie aux autres afin de ne pas s’épuiser)
• Ajouter une nouvelle tâche qui plaît (à déconseiller à tout enseignant parce que le métier d’enseignant prend trop d’énergie, les personnes qui parlent du temps de travail des enseignants ne comprennent pas l’énergie que prend une heure devant les élèves)
Il existe trois façons de modifier les relations humaines au travail par le job crafting. Ces trois façons sont :
• Aider et soutenir (en espérant être aidé et soutenu en retour)
• Donner un objectif nouveau à une relation existante (par exemple construire un nouveau projet avec un enseignant que l’on connait déjà)
• Construire une nouvelle relation
Il existe trois façons de modifier les perceptions que l’on a au travail grâce au job crafting. Ces trois façons sont :
• Élargir les perceptions (penser son travail dans son entier plutôt que comme une suite de tâches séparées et regarder les bénéfices de son travail pour les autres)
• Recentrer les perceptions (réduire le but du travail à des tâches et/ou des relations spécifiques. Cette technique peut être utile en particulier si un enseignant n’aime pas une partie des tâches de son travail tout en en aimant d’autres)
• Lier les perceptions (faire des connexions entre des tâches (ou des relations) et des intérêts ou des passions que l’enseignant a en dehors du travail)
Les chiffres surprenants et inquiétants du harcèlement moral
« Durant ces trois derniers mois, avez-vous déjà ressenti au moins une des situations suivantes dans le cadre de votre travail : des comportements hostiles, abusifs ou dégradants de la part de collègues, de supérieurs ou de subordonnés ? »
Quand nous avons vu les résultats à cette question, nous avons été stupéfaits. Quasiment 50% des 1761 répondants ont signalé avoir subi dans les trois derniers mois avant de répondre au moins un comportement qui, s’il est reproduit au moins une fois, pourrait être constitutif de harcèlement moral.
Ce chiffre nous a tellement surpris par son ampleur que lors d’une étude de suivi, nous avons ajouté une question afin d’avoir une idée des origines de ces comportements.
Sur les 269 répondants, nous avons eu alors les résultats suivants :
• 110 ont déclaré ne pas avoir subi de comportements hostiles, abusifs ou dégradants de la part de collègues, de supérieurs ou de subordonnés les trois mois précédents et 159 si (59,1%)
Sur les 159 qui ont déclaré avoir subi de tels comportements
• 85 considéraient avoir été victimes de tels comportements de la part de parents ou responsables légaux (31,5% des répondants et 53,4 % des victimes déclarées)
• 79 de la part de leur hiérarchie (29,3% des répondants et 49,6% des victimes déclarées)
• 74 de la part de collègues (27,5% des répondants et 46,5% des victimes déclarées)
• 58 de la part d’élèves (21,5% des répondants et 36,4% des victimes déclarées).
Le total dépasse 100%, car un enseignant pouvait déclarer plusieurs réponses.
Il y a très clairement un problème majeur de harcèlement moral ou tout au moins de violence psychologique au sein de l’Éducation nationale dont sont victimes les enseignants. L’étude de suivi, qui n’a rien de représentatif et qui est sur un beaucoup trop faible nombre de répondants, mais qui a l’intérêt d’exister montre que cette violence viendrait des adultes et d’abord des parents d’élèves et de la hiérarchie. Les élèves se comporteraient mieux que les adultes selon les réponses des 269 enseignants ayant répondu. Parmi les hypothèses explicatives possibles, il pourrait y avoir les suivantes : la situation d’infériorité des élèves dans le fonctionnement de l’école ou le regard bienveillant des enseignants à l’égard des comportements de harcèlement que les élèves peuvent avoir à l’encontre des enseignants. Une part du harcèlement que les enseignants subissent vient d’autres enseignants.
Et après ?
Nous rendons cette étude publique à travers ce rapport. Les premiers à le recevoir sont les enseignants dont nous avons les emails, puis nous partagerons le rapport sur les groupes et forums où nous avons recruté les participants de l’étude, puis des syndicats et le Ministère de l’Éducation nationale le recevront, puis des journalistes. Si vous connaissez des journalistes, n’hésitez pas d’ailleurs à leur transmettre ce rapport. De manière plus générale, vous pouvez le partager autour de vous sans aucune restriction. Ne le faites cependant pas avec votre messagerie professionnelle.
Tout journaliste qui souhaiterait nous interroger sur l’étude peut nous contacter en nous écrivant à l’adresse suivante : renaudgaucher@gmail.com (merci de ne pas utiliser cette adresse pour d’autres raisons, et ce afin de ne pas être submergé d’emails).
Au départ, nous voulions faire une étude qui avait deux objectifs : un objectif social, rendre le monde du travail meilleur/ moins mauvais (et dans notre perspective, c’est plutôt moins mauvais), et un objectif scientifique, que le papier soit accepté dans une très bonne revue scientifique (l’article scientifique va être soumis, mais ça peut prendre des années avant qu’il soit publié).
Aujourd’hui, nous nous posons la question de créer, sous la forme d’une association à but non lucratif, un Observatoire des conditions de travail des enseignants, qui serait financé par les enseignants qui le souhaitent et qui ne dépendrait que de ces enseignants. Le pouvoir des enseignants additionné aux compétences et à l’imagination de deux chercheurs pourrait être sacrément puissant. Mille enseignants qui cotisent 40 euros par an, cela fait 40 000 euros, ce qui est suffisant pour lancer un tel observatoire. Dix mille enseignants qui cotisent 40 euros par an, cela fait 400 000 euros et c’est largement suffisant pour complètement financer un tel observatoire. L’observatoire pourrait produire deux grandes études annuelles avec deux parties : une partie récurrente et une partie thématique. Il pourrait produire des études exploratoires. L’ensemble des études seraient diffusées auprès des enseignants, des syndicats, du Ministère de l’Éducation nationale et des médias.
Tous les enseignants pourraient répondre aux études, mais les enseignants qui financent auraient des droits supplémentaires :
• Accès à un groupe d’échange qui inclut les chercheurs de l’Observatoire, le groupe d’échange servant aussi aux chercheurs à recueillir des idées de sujet et à recruter des participants pour des études qualitatives (une étude qualitative est une étude où l’on regroupe des témoignages)
• Possibilité de participation à des études qualitatives avec l’observatoire
• Vote sur les sujets futurs des études exploratoires et des études thématiques
• Échange avec les chercheurs sur les questions des études
• Rendez-vous trimestriel par vidéo pour échanger avec les chercheurs et accès au replay
• Accès au compte-rendu trimestriel des travaux accomplis
• Accès aux comptes de l’association
• Droit de proposer d’autres droits
Si ce projet d’un centre de recherche financé par les enseignants sur leurs conditions de travail vous intéresse et que vous êtes prêt à un soutien financier annuel de 40 euros, envoyez un mail à l’adresse suivante : condition.enseignante@proton.me
Pour les autres personnels de l’Éducation nationale, nous pensons notamment aux AESH et à toutes les petites mains qui rendent le fonctionnement de l’Éducation nationale possible, sachez que nous ne vous oublions pas. Si l’observatoire est mis en place, nous l’ouvrirons aussi ensuite le plus rapidement possible à vos métiers.
Renaud Gaucher, docteur de l’Université Érasme de Rotterdam
Coralie Vennin, psychologue et docteure en psychologie de l’Université de Bordeaux
- poutouNiveau 10
Le passage sur le harcèlement moral est...édifiant.
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Intéressant. Merci pour ce compte-rendu. Je me pose toutefois une question (pardon si elle paraît naïve): si la participation est sur la base du volontariat, ne peut-on supposer que les enseignants ressentant un mal-être au travail, se sentant davantage concernés par ce type d'étude, sont aussi davantage disposés à y participer? Et cela n'influence-t-il pas les résultats?
- RenaudNiveau 1
Quand on regarde le niveau de bien-être au travail des 10% de répondants les plus heureux au travail, il est plutôt haut en valeur absolue, donc cela ne confirme pas un problème sur ce point-là
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Renaud a écrit:Quand on regarde le niveau de bien-être au travail des 10% de répondants les plus heureux au travail, il est plutôt haut en valeur absolue, donc cela ne confirme pas un problème sur ce point-là
Merci pour votre réponse.
- SoiréeHabitué du forum
Très intéressant, merci !
- trompettemarineMonarque
Un questionnaire similaire vient d'être envoyé sur ma boîte académique (de la part de l'université de Picardie)
- somacNiveau 7
Merci pour ce travail.
Le problème, me semble t'il, c'est que, pour le moment en tout cas, notre employeur, l'Education Nationale, n'a aucune envie d'augmenter le degré de bien-être des enseignants, quels que soient les bénéfices qu'elle (ou plutôt que la population) pourrait en tirer.
Il y a des études ministérielles, notamment celles de la DEPP. Ils savent ce que ressentent les enseignants. Pourtant rien n'est fait.
La question suivante pourrait être : pourquoi ? Ne le peuvent-ils pas ? Ne le veulent-il pas ?
Le problème, me semble t'il, c'est que, pour le moment en tout cas, notre employeur, l'Education Nationale, n'a aucune envie d'augmenter le degré de bien-être des enseignants, quels que soient les bénéfices qu'elle (ou plutôt que la population) pourrait en tirer.
Il y a des études ministérielles, notamment celles de la DEPP. Ils savent ce que ressentent les enseignants. Pourtant rien n'est fait.
La question suivante pourrait être : pourquoi ? Ne le peuvent-ils pas ? Ne le veulent-il pas ?
- ProflambdadaHabitué du forum
"En même temps", ils font des évaluations élèves qui ne servent à rien non plus Comme si se peser permettait de perdre du poids... Ils ne veulent pas faire évoluer les choses, seulement diagnostiquer...
- MathadorEmpereur
D'un autre côté, seulement diagnostiquer correspond plutôt bien aux attributions de la DEPP qui fait partie, conjointement à ses analogues des autres ministères et à l'INSEE, du service statistique public.
Et apparemment, c'est le boulot du reste du MEN de se boucher les oreilles quand quelque chose ne va pas .
(par contre, quand Omphale prévoit une baisse démographique locale, je suis convaincu qu'ils sont toute ouïe…)
Et apparemment, c'est le boulot du reste du MEN de se boucher les oreilles quand quelque chose ne va pas .
(par contre, quand Omphale prévoit une baisse démographique locale, je suis convaincu qu'ils sont toute ouïe…)
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Mathador a écrit:D'un autre côté, seulement diagnostiquer correspond plutôt bien aux attributions de la DEPP qui fait partie, conjointement à ses analogues des autres ministères et à l'INSEE, du service statistique public.
Et apparemment, c'est le boulot du reste du MEN de se boucher les oreilles quand quelque chose ne va pas .
(par contre, quand Omphale prévoit une baisse démographique locale, je suis convaincu qu'ils sont toute ouïe…)
Il y a vraiment un machin qui sert à compter les gens et qui s'appelle Omphale?
Ils ne sont peut-être pas les meilleurs pour trouver des solutions dans les ministères, mais pour la rétroacronymie, qu'est-ce qu'ils sont balèzes! De vrais poètes.
- MathadorEmpereur
Oui, c'est le nom du programme de l'INSEE pour calculer des projections démographiques dans le futur: https://www.insee.fr/fr/information/3683517 .
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- miss sophieExpert spécialisé
Merci pour cet intéressant compte-rendu.
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