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par cannelle59 04/09/08, 05:23 pm
quelqu'un l'aurait-il dans ses tablettes s'il-vous-plait; impossible de le trouver sur le net sauf en ancien francais et je le voudrais en francais moderne.
Merci a qui pourra m'aider

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On se demande parfois si la vie a un sens... et puis on rencontre des êtres qui donnent un sens à la vie.
Poups
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par Poups 04/09/08, 05:28 pm
LE VILAIN DEVENU MÉDECIN
(Vilain Mire)


1 Jadis vivait riche vilain
Qui était fort avare et chiche.
Toujours avait une charrue,
Que toujours il menait lui-même,
5 Par jument et roncin tirée.
Beaucoup de pain, de vin, de viande
Avait, et tant qu'il en fallait.
Mais de ne pas avoir de femme
Le blâmaient beaucoup ses amis,
10 Et tout le pays avec eux.
Il dit, s'il en trouve une bonne,
Qu'il la prendra bien volontiers.
On lui promet qu'on cherchera
La meilleure qui se rencontre.
15 Dans ce pays, un chevalier,
Qui était vieil homme et sans femme,
Avait une fille, très belle
Et demoiselle fort courtoise.
Mais comme il manquait de richesse,
20 Le chevalier ne trouvait point
Qui sa fille lui demandât.
Volontiers il l'eût mariée,
Parce qu'elle en était en âge
Et que le temps était venu.
25 Les amis du vilain allèrent
Au chevalier lui demander
Sa fille pour le paysan
Qui avait tant d'argent et d'or,
Tant de froment, masse de drap.
30 Il la leur donna aussitôt,
Et consentit au mariage.
La pucelle, qui sage était,
N'osa son père contredire,
Car orpheline était de mère.
35 Elle accorda ce qu'il lui plut.
Le vilain, le plus tôt possible,
Fit ses noces et épousa
Femme à qui cela pesait fort.
Que n'osa-t-elle dire non!
40 Quand cette affaire fut passée,
Et la noce et puis tout le reste,
Il ne fallut pas bien longtemps
Pour que le vilain s'aperçût
Qu'il avait fait mauvais marché.
45 Point ne convient à son usage
D'avoir fille de chevalier.
Quand il ira à la charrue,
Jeune homme ira dans la ruelle,
A qui sont fériés tous les jours.
50 Et à peine il sera sorti
De chez lui que le chapelain,
Aujourd'hui et demain, viendra
Tant qu'il possédera sa femme.
Elle ne l'aimera jamais,
55 <<Las! moi chétif,>> fait le vilain.
<<Je ne sais point quel conseil prendre;
A rien ne sert le repentir.>>
Il commence à songer alors
Comment il la préservera.
60 <<Dieu,>> fait-il, <<si je la battais
Au matin lorsque je me lève,
Elle pleurerait tout le jour
Et je m'en irais au travail,
Bien sûr, tant qu'elle pleurerait,
65 Nul ne lui pourrait l'amour faire.
Quand je m'en reviendrai le soir,
Je lui demanderai pardon.
Le soir, je la rendrai heureuse,
Mais furieuse le matin.
70 Je prendrai tôt d'elle congé,
Dès que j'aurai cassé la croûte.>>
Le vilain le dîner demande;
Et la dame court l'apporter.
Ils n'eurent perdrix ni saumon,
75 Mais pain et vin et des oeufs frits
Et du fromage en abondance
Qu'avait conservé le vilain.
Et dès que la table est ôtée,
De la main qu'il a grande et large,
80 Il frappe sa femme à la face,
Que des doigts la trace y paraît.
Puis par les cheveux la saisit
Le vilain, qui et fort cruel.
Et il la bat tout à fait comme
Si elle l'avait mérité.

85 Puis va aux champs rapidement;
Et sa femme demeure en pleurs;
<<Malheureuse!>> elle dit. <<Que faire?
Et comment vais-je me conduire?
Je ne sais que dire vraiment.
90 Mon père m'a sacrifiée,
Qui à ce vilain me donne.
Allais-je donc mourir de faim?
Je dus avoir la rage au coeur
Pour accepter tel mariage.
95 Ah, si ma mère n'était morte!...>>
Très amèrement se désole:
Tous ceux qui venaient pour la voir,
Ne pouvaient que s'en retourner.
Aussi elle a mené sa peine,
100 Tant que couché fut le soleil
Et que fut rentré le vilain.
Lors il tombe aux pieds de sa femme,
Lui demande pour Dieu pardon:
<<Sachez que ce fut l'Ennemi
105 Qui me poussa à violence.
Tenez, je vous en fais serment,
Jamais plus ne vous toucherai.
De vous avoir battue ainsi
Je suis dolent et furieux.>>
110 Tant lui dit le vilain puant
Que la dame alors lui pardonne,
Et lui donne à manger bientôt
De ce qu'elle avait préparé.
Lorsque leur repas fut fini,
115 Ils s'allèrent coucher en paix.
Le matin, le vilain puant
A de nouveau battu sa femme
Tant qu'aurait pu l'estropier.
Puis s'en retourne à son labour.
120 La dame est de nouveau en larmes;
Et dit: <<Malheureuse! Que faire?
Et comment vais-je me conduire?
Je sais que c'est male aventure:
Frappa-t-on jamais mon mari?
125 Non, il ne sait ce que sont coups;
S'il le savait, pour rien au monde
Il ne m'en donnerait autant.>>
Tandis qu'ainsi se désolait,
Voici deux messagers du roi,
130 Chacun sur un palefroi blanc.
Ils piquent des deux vers la dame.
De par le roi ils la saluent;
Puis ils demandent à manger,
Cars ils en ont bien grand besoin.
135 Volontiers elle leur en donne;
Et elle leur demande alors:
<<D'où êtes-vous? où allez-vous?
Dites-moi ce que vous cherchez.>>
L'un lui répond: <<Dame, par Dieu,
140 Nous sommes messagers du roi.
Nous devons quérir médecin,
Et aller jusqu'en Angleterre.
--Pourquoi faire? -- Damoiselle Ade
Est malade, la fille au roi.
145 Et il y a huit jours entiers
Qu'elle n'a pu manger ni boire,
Car une arête de poisson
S'est arrêtée en son gosier.
Le roi en est en grande alarme;
150 S'il la perd, n'aura plus de joie.>>
La dame dit: <<Vous n'irez point
Aussi loin que vous le pensez,
Car mon mari est, je vous dis,
Bon médecin. Je vous assure.
155 Certes, il sait plus de remèdes
Et plus de jugements d'urines
Que jamais n'en su Hippocrate.
-- Dame, est-ce une plaisanterie?
-- De plaisanter je n'ai point cure.
160 Mais il est ainsi fait,>> dit-elle,
<<Qu'il ne ferait rien pour personne
Si d'abord on ne le battait.
-- On y parera,>> disent-ils.
<<Point ne manquera-t-il de coups.
165 Dame, où le pourrons-nous trouver?
-- Le pourrez rencontrer aux champs.
Quand vous sortirez de la cour,
Suivant le cours de ce ruisseau,
Plus loin que ce chemin désert,
170 La toute première charrue
Que vous trouverez, c'est la nôtre.
Allez. A l'apôtre saint Pierre,>>
Fait la dame, <<je vous confie.>>
Et ils s'en vout piquant leurs bêtes,
175 Tant qu'ils ont trouvé le vilain.
De par le roi l'ont salué;
Et ils lui disent sans retard:
<<Venez vite parler au roi.
-- Pourquoi faire?>> dit le vilain.
180 -- <<Pour votre parfaite science.
Il n'est tel médecin sur terre.
De loin nous venons vous chercher.>>
Quand s'entend nommer médecin,
Tout son sang se met à bouillir.
185 Il dit qu'il ne sait rien du tout.
<<Et qu'attendons-nous davantage?>>
Dit l'un des autres. <<Tu sais bien
Qu'il veut toujours être battu,
Avant qu'il fasse ou dise bien!>>
190 L'un le frappe près de l'oreille,
Et l'autre en plein milieu du dos
D'un bâton grand, gros et solide.
Ils l'ont malmené tant et plus,
Et puis ils l'ont conduit au roi.
195 A reculons le font monter,
La tête en place des talons.
Le roi accourt à leur rencontre.
<<Avez-vous rien trouvé?>> dit-il.
-- <<Oui, sire,>> dirent-ils ensemble;
200 Et le vilain tremble de peur.
L'un deux lui dit premièrement
Les talents qu'avait ce vilain,
Et combien trompeur il était,
Car de chose dont on le prie
205 Il ne ferait rien pour personne
Qu'auparavant ne soit battu.
Le roi dit: <<Méchant médecin!
Jamais n'ouïs parler de tel.
-- Bien soit battu, puisqu'ainsi est,>>
210 Dit un sergent, <<tout prêt je suis.
On n'aura qu'à le commander
Et je lui donnerai bon compte.>>
Le roi appela le vilain.
<<Maître,>> fait-il, <<écoutez donc:
215 Je vais faire venir ma fille,
Qui de guérir a grand besoin.>>
Le vilain pitié lui demande:
<<Sire, pour Dieu qui ne mentit,
Et Dieu m'aide, je vous dis vrai:
220 De physique ne sais-je rien;
Et jamais rien je n'en ai su.>>
Le roi dit: <<J'entends à merveille.
Battez-le-moi.>> Alors s'approchent
Ceux qui le feront de grand coeur.
225 Lorsque le vilain sent les coups,
Aussitôt pour fol il se tient.
Il se met à leur crier : <<Grâce!
Je la guérirai sans retard.>>
La pucelle entre dans la salle.
230 Elle est très pâle et sans couleur.
Et le vilain songe en lui-même
Comment il pourra la guérir.
Car il sait bien qu'il doit le faire
Ou qu'il y trouvera la mort.
235 Il se met alors à songer.
S'il veut la sauver et guérir,
Il lui faut faire et dire chose
Qui la fasse tant rire et tant
Que l'arête hors de la gorge
240 Saute, car point n'est dans le corps.
Lors dit au roi: <<Faites un feu
En cette chambre, et qu'on nous laisse.
Vous verrez bien que je ferai,
S'il plaît à Dieu, qu'elle guérisse.>>
245 Le roi commande un feu ardent.
Les écuyers et valets sortent,
Qui ont le feu tôt allumé
Là où le roi le leur a dit.
La pucelle s'assied au feu
250 Sur un siège qu'on y apporte.
Alors le vilain se dépouille,
Tout nu, et ôte ses culottes;
Et se couche le long du feu;
Et il se gratte et il s'étrille.
255 Il a grands ongles et cuir dur.
Jusqu'à Saumur, il n'est nul homme,
Si bon gratteur que l'on le croie,
Qui ne le soit moins bon que lui.
La pucelle, en voyant cela,
260 Malgré tout le mal qu'elle sent,
Veut rire, et elle fait effort,
Tant que de sa bouche s'envole
L'arête jusqu'en plein brasier.
Et le vilain, sans plus attendre,
265 Se rhabille et puis prend l'arête.
Faisant fête, il sort de la chambre.
Dès qu'il voit le roi, haut lui crie:
<<Sire, votre fille est sauvée.
Voici l'arête, grâce à Dieu.>>
270 Et le roi se réjouit fort.
Le roi lui dit: <<Sachez donc bien
Que je vous aime plus que tout.
Vous aurez vêtements et robes.
-- Merci, sire, je n'y tiens pas,
275 Et ne veux rester près de vous.
Il faut que j'aille à mon logis.
-- Point ne le feras,>> dit le roi.
<<Mon ami seras et mon maître.
-- Merci, sire, par saint Germain,
280 Il n'y a point de pain chez moi:
Quand hier matin je m'en allai,
On devait au moulin en prendre.>>
Le roi appela deux garçons:
<<Battez-le-moi; il restera.>>
285 Et ceux-ci viennent aussitôt
Et vont malmener le vilain.
Lorsque le vilain sent les coups
Sur ses bras, son dos et ses jambes,
Il se met à leur crier: <<Grâce!
290 Je resterai; mais laissez-moi.>>
Le vilain demeure à la cour;
Et on l'y tond et on le rase;
Il reçoit robe d'écarlate.
Il se croyait hors d'embarras,
295 Quand les malades du pays
A plus de quatre-vingts, je crois,
Vinrent au roi pour cette fête.
Chacun d'eux lui conte son cas.
Le roi appelle le vilain:
300 <<Maître,>> dit-il, <<écoutez donc!
De tout ce monde prenez soin.
Hâtez-vous, guérissez-les-moi.
-- Grâce, sire,>> le vilain dit,
<<Ils sont bien trop! Et que Dieu ne m'aide,
305 Je n'en pourrai venir à bout,
Et ne pourrai tous les guérir.>>
Le roi appelle deux garçons;
Et chacun d'eux prend un gourdin,
Car ils savent parfaitement
310 Pourquoi les appelle le roi.
Quand le vilain les voit venir,
Le sang lui frémit aussitôt.
Il se met à leur crier: <<Grâce!
Je les guérirai sans retard.>>
315 Le vilain demande du bois.
Il y en avait bien assez;
En la salle on a fait du feu,
Et c'est le vilain qui l'attise.
Il y réunit les malades;
320 Et alors il demande au roi:
<<Sire, vous voudrez bien sortir
Avec tous ceux qui n'ont nul mal.>>
Le roi s'en va tout bonnement,
Sort de la salle avec les siens.
325 Et le vilain dit aux malades:
<<Seigneurs, par ce Dieu qui me fit,
C'est grand travail que vous guérir,
Je n'en pourrais venir à bout.
Le plus malade je vais prendre,
330 Et le mettre dans ce feu-là.
Dans ce feu je le brûlerai
Les autres en auront profit,
Car ceux qui en boiront la cendre,
Seront guéris à l'instant même.>>
335 Ils se regardent tous l'un l'autre.
Il n'y a bossu ni enflé
Qui, pour toute la Normandie,
D'avoir le plus grand mal convienne.
Et le vilain dit au premier:
340 <<Je te vois là assez faiblard.
Tu es de tous le plus malade.
-- Grâce! Je suis mieux portant, sire,
Que jamais je ne fus avant.
Suis soulagé de bien des maux
345 Qui bien longtemps m'avaient tenu.
Sachez que je ne mens en rien.
-- Descends, qu'attendais-tu de moi?>>
Et l'homme aussitôt prit la porte.
Le roi demande: <<Es-tu guéri?
350 -- Oui, sire,>> fait-il, <<grâce à Dieu;
Et je suis plus sain qu'une pomme.
C'est bon prud'homme que ton maître.>>
Que vous irais-je donc contant?
Jamais n'y eut grand ni petit
355 Qui pour rien au monde convint
Qu'on le boutât dedans le feu;
Mais plutôt ainsi s'en vont-ils,
Comme s'ils étaient guéris tous.
Et quand le roi les aperçut,
360 Il fut tout éperdu de joie.
Puis il dit au vilain: <<Beau maître,
Je voudreais bien savoir comment
Vous les avez guéris si vite!
-- Sire, je les ai enchantés.
365 Je sais un charme qui vaut mieux
Que gingembre ou que zédoaire.>>
Et le roi dit: <<Retournez donc
A la maison à votre guise;
Et vous aurez de mes deniers,
370 Bons destriers et palefrois.
Lorsque je vous ferai venir,
Vous ferez ce que je demande.
Et vous serez mon cher ami.
Tout le peuple de la contrée
375 Vous en aimera davantage.
Ne soyez plus jamais timide,
Et ne vous faites donc plus battre,
Car c'est honte de vous frapper.
-- Merci, sire,>> dit le vilain.
380 <<Matin et soir je suis votre homme,
Je le serai toute ma vie,
Et jamais n'en aurai regret.>>
Quitte le roi et prend congé.
A son logis s'en va gaîment.
385 Jamais n'y eut manant plus riche.
Il est venu à son hôtel.
Plus il n'alla à la charrue.
Plus jamais ne battit sa femme;
Mais il l'aima et la chérit.
390 Tout alla comme je vous conte:
Par sa femme et par sa malice
Fut bon médecin sans clergie.
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par cannelle59 04/09/08, 06:26 pm
Merci poups, tu me sauves bisous

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On se demande parfois si la vie a un sens... et puis on rencontre des êtres qui donnent un sens à la vie.
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par Poups 04/09/08, 06:38 pm
sunny
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