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- Lude_2077Niveau 1
Il est courant en tant que cadre de travailler plus de 48h, qui est un maximum légal européen. Selon les contrats et les accords, ce n'est pas illégal de travailler plus. Toutefois, des risques psycho-sociaux existent.
Je vais raconter un peu mon histoire avant de résumer mon propos et de questionner sur les points importants.
1/ Dans les débuts de ma vie professionnelle dans l'informatique, j'ai été alternant dans une boîte où le présentiel primait : partir à 18h, c'était la certitude d'avoir le droit à une pique "bah tu prends ton après-midi ?". Je faisais facilement 45h hebdo. Quand je rentrai, en général, c'était pour manger et dormir. Le week-end je partais en Bretagne retrouver ma famille.
2/ Quelques entreprises plus tard, on m'a expliqué la chose suivante : si on s'organise correctement, il n'y a pas besoin d'heures supplémentaires. Ce qui veut aussi dire si on a besoin d'heures supplémentaires, notre organisation est incorrecte.
Donc on fait attention à bien s'organiser et à bien se reposer : un mauvais repos entraînant un mauvais travail.
D'un côté il faut travailler beaucoup, de l'autre, il faut faire attention à ne pas dépasser le nombre d'heure de son contrat. Au final, j'aurai tendance à dire qu'on produit autant dans un cas comme dans l'autre car à travailler fatigué, il faut souvent revenir dessus.
Les risques psycho-sociaux sont en partie relatifs à trois éléments qui représentent pour moi le temps de travail (cf https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/f45f9b5f4fbeb3e34ce790b4d62a84ef/Les_indicateurs_statistiques_sur_les_risques_psychosociaux_au_travail_en_2010-2.xls):
- Quantité de travail excessive.
- Disposer du temps nécessaire pour faire correctement son travail.
- Avoir du mal à concilier travail et obligations familiales, que j'élargirai à la notion d'obligations sociales (rdv divers).
Dans mon cas :
- En 1 : la quantité n'était pas excessive en soit. Je disposais d'un temps suffisant dans la mesure où je travaillais beaucoup. Pour la blague, on appelait ça des heures supp'o, car c'était des heures qu'on se mettait dans le cul comme des suppositoires. En terme d'obligations sociales la conciliation avec le travail n'était pas infaisable, mais quand même difficile.
- En 2 : la quantité paraissait grande au début, mais était OK une fois les tâches planifiées. J'ai pu m'organiser à ma convenance donc j'avais le temps nécessaire. En terme d'obligations sociales, j'étais bien.
En résumé, sachant que je n'ai pas la prétention de tirer des généralités de mon expérience personnelle mais de poser une analyse : travailler beaucoup n'est pas gage de qualité mais peu poser une réputation de besogneur, en nuisant à la vie personnelle et en augmentant les risques psycho-sociaux.
Aussi j'ai envie de questionner sur quelques points :
- Au-delà de la normalité de travailler beaucoup, est-ce réellement OK au regard des trois critères ci-dessus ?
- Considérant l'actualité politique et que la démocratie ne se limite pas à glisser un bulletin dans une urne, de quelle manière exercer sa citoyenneté en travaillant beaucoup ?
Je vais raconter un peu mon histoire avant de résumer mon propos et de questionner sur les points importants.
1/ Dans les débuts de ma vie professionnelle dans l'informatique, j'ai été alternant dans une boîte où le présentiel primait : partir à 18h, c'était la certitude d'avoir le droit à une pique "bah tu prends ton après-midi ?". Je faisais facilement 45h hebdo. Quand je rentrai, en général, c'était pour manger et dormir. Le week-end je partais en Bretagne retrouver ma famille.
2/ Quelques entreprises plus tard, on m'a expliqué la chose suivante : si on s'organise correctement, il n'y a pas besoin d'heures supplémentaires. Ce qui veut aussi dire si on a besoin d'heures supplémentaires, notre organisation est incorrecte.
Donc on fait attention à bien s'organiser et à bien se reposer : un mauvais repos entraînant un mauvais travail.
D'un côté il faut travailler beaucoup, de l'autre, il faut faire attention à ne pas dépasser le nombre d'heure de son contrat. Au final, j'aurai tendance à dire qu'on produit autant dans un cas comme dans l'autre car à travailler fatigué, il faut souvent revenir dessus.
Les risques psycho-sociaux sont en partie relatifs à trois éléments qui représentent pour moi le temps de travail (cf https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/f45f9b5f4fbeb3e34ce790b4d62a84ef/Les_indicateurs_statistiques_sur_les_risques_psychosociaux_au_travail_en_2010-2.xls):
- Quantité de travail excessive.
- Disposer du temps nécessaire pour faire correctement son travail.
- Avoir du mal à concilier travail et obligations familiales, que j'élargirai à la notion d'obligations sociales (rdv divers).
Dans mon cas :
- En 1 : la quantité n'était pas excessive en soit. Je disposais d'un temps suffisant dans la mesure où je travaillais beaucoup. Pour la blague, on appelait ça des heures supp'o, car c'était des heures qu'on se mettait dans le cul comme des suppositoires. En terme d'obligations sociales la conciliation avec le travail n'était pas infaisable, mais quand même difficile.
- En 2 : la quantité paraissait grande au début, mais était OK une fois les tâches planifiées. J'ai pu m'organiser à ma convenance donc j'avais le temps nécessaire. En terme d'obligations sociales, j'étais bien.
En résumé, sachant que je n'ai pas la prétention de tirer des généralités de mon expérience personnelle mais de poser une analyse : travailler beaucoup n'est pas gage de qualité mais peu poser une réputation de besogneur, en nuisant à la vie personnelle et en augmentant les risques psycho-sociaux.
Aussi j'ai envie de questionner sur quelques points :
- Au-delà de la normalité de travailler beaucoup, est-ce réellement OK au regard des trois critères ci-dessus ?
- Considérant l'actualité politique et que la démocratie ne se limite pas à glisser un bulletin dans une urne, de quelle manière exercer sa citoyenneté en travaillant beaucoup ?
- Ramanujan974Érudit
Je suppose que les durées de travail indiquées s'entendent par semaine ...
- frimoussette77Guide spirituel
J'ai survolé ton message. Où veux tu en venir exactement ?
- Mrs HobieGrand sage
Même interrogation que frimoussette77 : où veux-tu en venir ?
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Plus tu pédales moins vite, moins t'avances plus vite.
Et même que la marmotte, elle met les stylos-plumes dans les jolis rouleaux
Tutylatyrée Ewok aux Doigts Agiles, Celle qui Abrite les Plumes aux Écrits Sagaces, Rapide Chevalier sur son Coursier Mécanique
- valleExpert spécialisé
Je pense qu'il s'agit juste d'une réflexion concernant le fait qu'il ne faut pas se sentir coupable de ne pas travailler 70h par semaine. Cela part du principe que quelqu'un peut avoir honte ou se sentir méprisé du fait de ne pas le faire.
- YansoNiveau 6
J'en connais qui disent travailler beaucoup mais dans les faits ils brassent beaucoup de vent.
- Marcelle DuchampExpert spécialisé
N’est ce pas en lien avec les échanges du sujet sur la personne qui demande si un service de 28h de contractuel est une bonne idée ou non?
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Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots!
- CasparProphète
Marcelle Duchamp a écrit:N’est ce pas en lien avec les échanges du sujet sur la personne qui demande si un service de 28h de contractuel est une bonne idée ou non?
Oui, je pense que c'est ça.
- pseudo-intelloSage
Personnellement, j'ai travaillé 50-70h par semaine les deux ou trois premières années, et je ne le ferais plus. Bon, j'ai des bases de cours, maintenant, je ne suis plus obligée de refaire tous les cours à la fois, ça aide.
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- Clecle78Bon génie
Je ne pense pas avoir souvent travaillé 50h par semaine, peut-être au tout début ou lors de mon passage au lycée. Par contre, les tensions liées à la gestion des élèves et des familles, les pressions de l'institution, m'ont énormément fatiguée tout au long de ma carrière. Je m'en rends compte d'autant plus maintenant que je ne travaille plus.
- KilmenyEmpereur
60h c'est 8-9 h par jour. Avec des classes de 35 élèves et une vingtaine de minutes par copie plus tout le reste, on y arrive facilement.
Mais je ne comprends pas l'objectif du message.
Mais je ne comprends pas l'objectif du message.
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- CasparProphète
Certaines heures passent plus vite que d'autres...Faire des recherches pour préparer un cours est un plaisir et le temps passe vite alors que corriger des copies...C'est de pire en pire d'ailleurs, un dégoût presque physique.
En cours c'est pareil, entre une classe de 35 pénibles et un super groupe de 18...Le temps passe différemment.
J'imagine que c'est pareil pour un boulot de cadre: des temps morts et des moments plus intenses. Je suppose aussi qu'il y a des pauses café, des discussions informelles et sans doute aussi un peu de shopping ou de réservation de vacances en ligne sur le lieu de travail de temps en temps (?).
En cours c'est pareil, entre une classe de 35 pénibles et un super groupe de 18...Le temps passe différemment.
J'imagine que c'est pareil pour un boulot de cadre: des temps morts et des moments plus intenses. Je suppose aussi qu'il y a des pauses café, des discussions informelles et sans doute aussi un peu de shopping ou de réservation de vacances en ligne sur le lieu de travail de temps en temps (?).
- dandelionVénérable
Mon mari est cadre et a beaucoup travaillé à la maison depuis le Covid. Il a zéro temps mort, souvent à peine le temps de manger. La pandémie ayant aussi permis de réaliser qu’il était possible de faire des réunions par Zoom à toutes les heures du jour et de la nuit, il lui arrive régulièrement de travailler tard le soir. Sans compter les voyages au cours desquels il doit se lever à l’aube et/ou revenir très tard.
Cela dit, cette année, en devant refaire tous mes cours, j’ai l’impression d’avoir travaillé en continu, vacances comprises. Il faut bien : préparer les cours et les évals, faire ses photocopies, corriger les copies, rentrer les notes, gérer les punitions/retenues, discussions avec les parents, l’administration, les collègues, se former et se tenir à jour un minimum concernant l’actualité. C’est le premier week-end de l’année où je n’ai pas travaillé (sauf si on compte un peu de lecture).
Cela dit, cette année, en devant refaire tous mes cours, j’ai l’impression d’avoir travaillé en continu, vacances comprises. Il faut bien : préparer les cours et les évals, faire ses photocopies, corriger les copies, rentrer les notes, gérer les punitions/retenues, discussions avec les parents, l’administration, les collègues, se former et se tenir à jour un minimum concernant l’actualité. C’est le premier week-end de l’année où je n’ai pas travaillé (sauf si on compte un peu de lecture).
- e-mietteNiveau 7
Merci pour ce petit calcul et cette remarque, Kilmeny, parce que moi c'est plutôt que je me sens coupable de travailler 70h par semaine ... je dois être bizarre puisque...Kilmeny a écrit:60h c'est 8-9 h par jour. Avec des classes de 35 élèves et une vingtaine de minutes par copie plus tout le reste, on y arrive facilement.
... mais en lisant dandelion (et d'autres), en fait je ne suis pas si OVNI que cela !valle a écrit: le fait qu'il ne faut pas se sentir coupable de ne pas travailler 70h par semaine. Cela part du principe que quelqu'un peut avoir honte ou se sentir méprisé du fait de ne pas le faire.
- lene75Prophète
Kilmeny a écrit:60h c'est 8-9 h par jour. Avec des classes de 35 élèves et une vingtaine de minutes par copie plus tout le reste, on y arrive facilement.
Mais je ne comprends pas l'objectif du message.
Oui on y arrive vite, surtout si on compte tout dedans, et pas juste cours et copies : les réunions, les déjeuners de travail, les lectures, les échanges entre pairs, la concertation, etc. D'ailleurs de plus en plus de collègues sont à temps partiel pour garder un temps de travail raisonnable. Toute l'équipe de philo et quasi toute l'équipe de Lettres dans mon lycée...
Je crois aussi que le message est une réponse à l'autre fil, où un aspirant contractuel dit, en substance, 28h devant élèves, ça va le faire, parce que MOI, je sais ce que c'est que bosser, je viens du privé où je faisais des semaines de 70h. D'où la question : faut-il valoriser le fait de faire des semaines de 70h ?
Moi j'ai tendance à penser de façon globale, aussi : si tout le monde bossait 70h, qui s'occuperait des enfants, des personnes âgées, des personnes fragiles, des associations, etc. ? Si certains peuvent bosser 70h, c'est parce que d'autres font le reste du boulot indispensable à la société. On peut concevoir ça comme une répartition du travail (sauf que certains sont rémunérés et d'autres non), mais il n'y a pas de fierté à en tirer.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- beaverforeverNeoprof expérimenté
1- Je doute, qu'en moyenne, un être humain puisse réfléchir ou faire un geste du niveau d'un maître artisan plus de quatre à cinq heures par jour. Il doit exister des exceptions, l'habitude et l'expertise doivent permettre d'améliorer un peu ces performances, mais je pense que c'est marginal.
2- Il ne faut pas confondre travail et présentéisme. Il est bien moins fatigant de brasser du vent que de réaliser un véritable travail. Il suffit de voir la description de David Graeber des Bullshit jobs pour comprendre. Les organisations (privée ou publique) ont plus besoin de contrôle que d'intelligence.
3- Il faut aussi se méfier du sur-travail, très présent chez les enseignants, qui consiste à travailler plus pour montrer "qu'on travaille vraiment" plutôt que pour optimiser l'apprentissage des élèves. Il faut voir le malaise dans le visage des collègues quand je pose des questions comme : faut-il tout corriger dans une copie ? Faut-il lire entièrement une copie pour en faire une évaluation pertinente ? Il y a une culture du sur-travail intériorisée dans la profession qui devrait faire l'objet d'une réflexion approfondie, surtout qu'on est pas payé comme Amélie Oudéa-Castéra.
4- Je pense qu'il est inévitable qu'il existe une phase de sur-travail en début de carrière, par contre je pense qu'il est normal, sain, souhaitable et bon que le temps de travail diminue avec la montée en expertise. Un enseignant expérimenté devrait chercher à travailler entre 30 et 35 heures par semaine et quelques heures par semaine pendant les périodes où les élèves ne sont pas présents dans les établissements.
2- Il ne faut pas confondre travail et présentéisme. Il est bien moins fatigant de brasser du vent que de réaliser un véritable travail. Il suffit de voir la description de David Graeber des Bullshit jobs pour comprendre. Les organisations (privée ou publique) ont plus besoin de contrôle que d'intelligence.
3- Il faut aussi se méfier du sur-travail, très présent chez les enseignants, qui consiste à travailler plus pour montrer "qu'on travaille vraiment" plutôt que pour optimiser l'apprentissage des élèves. Il faut voir le malaise dans le visage des collègues quand je pose des questions comme : faut-il tout corriger dans une copie ? Faut-il lire entièrement une copie pour en faire une évaluation pertinente ? Il y a une culture du sur-travail intériorisée dans la profession qui devrait faire l'objet d'une réflexion approfondie, surtout qu'on est pas payé comme Amélie Oudéa-Castéra.
4- Je pense qu'il est inévitable qu'il existe une phase de sur-travail en début de carrière, par contre je pense qu'il est normal, sain, souhaitable et bon que le temps de travail diminue avec la montée en expertise. Un enseignant expérimenté devrait chercher à travailler entre 30 et 35 heures par semaine et quelques heures par semaine pendant les périodes où les élèves ne sont pas présents dans les établissements.
- JennyMédiateur
beaverforever a écrit:Faut-il lire entièrement une copie pour en faire une évaluation pertinente ?
Ce genre de choses pose problème malgré tout...
Travailler 4 à 5h quand on a des journées avec 8h de cours, il faut m'expliquer comment on fait... Moi, je peux lire ou faire cours plus de 5h, je ne pense pas être un cas isolé.
- beaverforeverNeoprof expérimenté
J'ai pas dis qu'on ne pouvait pas travailler plus de 8h par jour, je le fais parfois moi aussi, ce que je discute, c'est la capacité de faire un travail véritablement qualitatif pendant plus de cinq heures par jour.Jenny a écrit:beaverforever a écrit:Faut-il lire entièrement une copie pour en faire une évaluation pertinente ?
Ce genre de choses pose problème malgré tout...
Travailler 4 à 5h quand on a des journées avec 8h de cours, il faut m'expliquer comment on fait... Moi, je peux lire ou faire cours plus de 5h, je ne pense pas être un cas isolé.
Pour l'obligation de lire en entier la copie, il faut se poser la question de la fonction de l'évaluation. Si le but d'une évaluation est la progression de l'élève, il n'est pas toujours nécessaire de lire en entier une copie pour donner un conseil de progression pertinent. Il est même possible de donner un conseil sans lire la copie, dans certains cas.
Par exemple, je demande à mes élèves de seconde d'écrire une introduction de composition qui doit correspondre à plusieurs critères, dont celui d'avoir la forme d'un seul paragraphe. Un élève me tend sa copie et sans la lire je vois qu'elle est en trois paragraphes. Je n'ai pas besoin de plus d'information pour lui rendre son travail et lui dire qu'il n'a pas réussi un des critères de réussite. Même chose s'il n'y a pas de phrase d'accroche en début d'introduction, pas de définition des termes du sujet, pas d'articulation logique entre les termes du sujet, pas de problématique ou pas d'annonce de plan : toutes ces absences peuvent être détectée par une lecture en diagonale de la copie, toutes ces absences me conduisent à redonner la copie à l'élève pour qu'il corrige ou recommence. Avec une explication sur ce qu'il a raté et ce qu'il doit corriger.
- lene75Prophète
beaverforever a écrit: Je pense qu'il est inévitable qu'il existe une phase de sur-travail en début de carrière, par contre je pense qu'il est normal, sain, souhaitable et bon que le temps de travail diminue avec la montée en expertise.
Ça fonctionnerait si la montée en expertise ne s’accompagnait pas d'une augmentation de la charge de travail, dont une part est liée à cette montée en expertise (quand on est le plus ancien dans une équipe, on finit par devenir le référent vers qui tout le monde se tourne - collègues, administration, inspection - avec tout le boulot, en particulier administratif, mais aussi relationnel, que ça implique), mais surtout la majeure partie à des évolutions structurelles.
J'ai deux fois plus de classes qu'en début de carrière et les objectifs restent les mêmes sur le papier, voire ont augmenté parce que les élèves arrivent moins prêts à les remplir et qu'on nous demande par ailleurs beaucoup plus en termes de différenciation, relations avec les familles, etc. Et ces classes ne sont plus des classes similaires : on a une démultiplication des programmes, des épreuves, et des profils d'élèves, avec des approches assez différentes de la discipline. On le voit d'ailleurs en fin d'année avec la multiplication des convocations : il y a une forte dispersion de l'enseignement, 2h par-ci, 2h par-là, 4x2h et 1x8h, ce n'est pas du tout équivalent. Par ailleurs chaque heure est plus fatigante dans la mesure où toutes les marges et tous les dédoublements ont été supprimés et où toutes les heures se font maintenant en classe entière (sauf quand on a la chance d'avoir un petit effectif en spé). Plus non plus d'heures de soutien ou autre, qui pouvaient être intégrées au service. Toute aide aux élèves, si on veut la maintenir, est nécessairement en dehors du temps de service et bénévole.
Même en ayant gagné en expertise, si je voulais conserver la même qualité d'enseignement, mon temps de travail exploserait. Maintenant en formation (pour les stagiaires mais pas seulement), la question "comment s'économiser pour durer ?" est systématiquement abordée. Et notamment la question de la correction des copies, qui ne peut plus être exhaustive. Ça n'était pas le cas quand j'ai débuté. Accepter de faire moins bien pour se préserver est un vrai deuil quand on a connu autre chose et qu'on voit la différence en termes de performances des élèves (pas réussite aux épreuves mais niveau réel en fin d'année). Mais là où je te rejoins, c'est que c'est un deuil nécessaire.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- valleExpert spécialisé
On dit la même chose à peu près, non ? Toi, que tu te sens coupable de le faire ; moi, qu'il nze faut pas se sentir coupable de ne pas le faire.e-miette a écrit:Merci pour ce petit calcul et cette remarque, Kilmeny, parce que moi c'est plutôt que je me sens coupable de travailler 70h par semaine ... je dois être bizarre puisque...Kilmeny a écrit:60h c'est 8-9 h par jour. Avec des classes de 35 élèves et une vingtaine de minutes par copie plus tout le reste, on y arrive facilement.... mais en lisant dandelion (et d'autres), en fait je ne suis pas si OVNI que cela !valle a écrit: le fait qu'il ne faut pas se sentir coupable de ne pas travailler 70h par semaine. Cela part du principe que quelqu'un peut avoir honte ou se sentir méprisé du fait de ne pas le faire.
- SisypheHabitué du forum
"beaverforever a écrit:1- Je doute, qu'en moyenne, un être humain puisse réfléchir ou faire un geste du niveau d'un maître artisan plus de quatre à cinq heures par jour. Il doit exister des exceptions, l'habitude et l'expertise doivent permettre d'améliorer un peu ces performances, mais je pense que c'est marginal.
Toutes les minutes que je passe à travailler ne m'obligent pas nécessairement à utiliser mon cerveau de manière intensive. Mais je compte dans mon temps de travail les photocopies, le fait de descendre les chaises des tables certains matins avant de recevoir mes STMG, le fait d'aller réclamer qu'on me rende les chaises manquantes pour pouvoir les accueillir à 35 (environ 2 à 3 fois par mois, quelqu'un me pique des chaises et des tables), le fait d'aller vérifier auprès de la vie scolaire que X a bien fait son heure de colle... Et je dirais que ce sont les tâches qui me pèsent le plus. Quand j'utilise mon cerveau, je peux ressortir fatiguée mais je suis souvent assez heureuse.
Je travaille environ 48 heures par semaine en comptant les vacances.
- uneodysséeNeoprof expérimenté
Je conseille à tous et toutes la joyeuse lecture de Paresse pour tous d’Hadrien Klent (et la biblio en fin d’ouvrage, mais je suis loin d’avoir tout lu !). Le propos : on pourrait et devrait travailler chacun·e 15h par semaine.
Ce qui correspond grosso modo à ce qu’une étude avait établi, je crois, fin 2019 : deux journées par personne, pas plus, sinon c’est au détriment des ressources planétaires.
Le reste du temps : s’occuper de soi, de ses proches, se cultiver, se rencontrer, aider celleux qui en ont besoin, se reposer, se former à d’autres choses, exercer ses devoirs civiques.
Et lire aussi la suite, La vie est à nous. Tout aussi joyeux et intelligent !
Ce qui correspond grosso modo à ce qu’une étude avait établi, je crois, fin 2019 : deux journées par personne, pas plus, sinon c’est au détriment des ressources planétaires.
Le reste du temps : s’occuper de soi, de ses proches, se cultiver, se rencontrer, aider celleux qui en ont besoin, se reposer, se former à d’autres choses, exercer ses devoirs civiques.
Et lire aussi la suite, La vie est à nous. Tout aussi joyeux et intelligent !
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Je suis d'accord avec tous les arguments et toutes les nuances que tu apportes.lene75 a écrit:beaverforever a écrit: Je pense qu'il est inévitable qu'il existe une phase de sur-travail en début de carrière, par contre je pense qu'il est normal, sain, souhaitable et bon que le temps de travail diminue avec la montée en expertise.
Ça fonctionnerait si la montée en expertise ne s’accompagnait pas d'une augmentation de la charge de travail, dont une part est liée à cette montée en expertise (quand on est le plus ancien dans une équipe, on finit par devenir le référent vers qui tout le monde se tourne - collègues, administration, inspection - avec tout le boulot, en particulier administratif, mais aussi relationnel, que ça implique), mais surtout la majeure partie à des évolutions structurelles.
J'ai deux fois plus de classes qu'en début de carrière et les objectifs restent les mêmes sur le papier, voire ont augmenté parce que les élèves arrivent moins prêts à les remplir et qu'on nous demande par ailleurs beaucoup plus en termes de différenciation, relations avec les familles, etc. Et ces classes ne sont plus des classes similaires : on a une démultiplication des programmes, des épreuves, et des profils d'élèves, avec des approches assez différentes de la discipline. On le voit d'ailleurs en fin d'année avec la multiplication des convocations : il y a une forte dispersion de l'enseignement, 2h par-ci, 2h par-là, 4x2h et 1x8h, ce n'est pas du tout équivalent. Par ailleurs chaque heure est plus fatigante dans la mesure où toutes les marges et tous les dédoublements ont été supprimés et où toutes les heures se font maintenant en classe entière (sauf quand on a la chance d'avoir un petit effectif en spé). Plus non plus d'heures de soutien ou autre, qui pouvaient être intégrées au service. Toute aide aux élèves, si on veut la maintenir, est nécessairement en dehors du temps de service et bénévole.
Même en ayant gagné en expertise, si je voulais conserver la même qualité d'enseignement, mon temps de travail exploserait. Maintenant en formation (pour les stagiaires mais pas seulement), la question "comment s'économiser pour durer ?" est systématiquement abordée. Et notamment la question de la correction des copies, qui ne peut plus être exhaustive. Ça n'était pas le cas quand j'ai débuté. Accepter de faire moins bien pour se préserver est un vrai deuil quand on a connu autre chose et qu'on voit la différence en termes de performances des élèves (pas réussite aux épreuves mais niveau réel en fin d'année). Mais là où je te rejoins, c'est que c'est un deuil nécessaire.
Pour la correction des copies, je pense que sortir de la culture de la sur-correction (= corriger toutes les erreurs dans une copie) est une nécessité pour la santé au travail de l'enseignant, mais peut aussi être une opportunité pour optimiser l'apprentissage des élèves en corrigeant plus de travaux partiels, beaucoup plus vite, pour accélérer la progression des élèves. Évidemment, cela est valide uniquement dans un environnement stable : si le niveau des élèves chute drastiquement, si le nombre d'heures d'enseignement diminue, si le nombre d'élèves par classe augmente, les améliorations du système pédagogique ne pourront pas faire de miracles.
- uneodysséeNeoprof expérimenté
Corriger toutes les erreurs, peut-être pas, mais quand on est professeur de français, on aimerait bien que les collègues nous soutiennent sur l’objectif qualité de la langue.
- JennyMédiateur
Je m’imagine mal rendre des copies sans les avoir lues juste parce que le nombre de paragraphes n’est pas le bon. Je ne corrige pas toutes les fautes, je souligne souvent, et je mets parfois un conseil sous forme d’un rappel sur une erreur fréquente.
Ce que dit Lene sur la montée en compétences est également vraie. Je n’ai pas les mêmes missions que lorsque j’ai débuté. Rares sont les années sans nouveau niveau ou programme qui change ou cours fait à l’arrache l’année précédente avec des choses à revoir. Je n’ai même pas le souvenir d’une année sans nouveau niveau/programme.
Ce que dit Lene sur la montée en compétences est également vraie. Je n’ai pas les mêmes missions que lorsque j’ai débuté. Rares sont les années sans nouveau niveau ou programme qui change ou cours fait à l’arrache l’année précédente avec des choses à revoir. Je n’ai même pas le souvenir d’une année sans nouveau niveau/programme.
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