- corisandianeNiveau 9
Ce soir, j’écris parce que je ne sais plus trop que est le sens de mon métier et surtout ce qu’il est en train de devenir.
Je ne crois plus du tout au collège unique. Après avoir investi dans des outils divers et variés, acheté nombre de livres pédagogiques pour gérer l’hétérogénéité et m’occuper des élèves les plus en difficulté, tenté d’appliquer moult outils d’enseignements entendus en formation par des spécialistes en sciences de l’éducation, aprés avoir beaucoup culpabilisé surtout de ne pas parvenir à faire comprendre le cours à certains élèves(ce dont certains profitaient…), aujourd’hui, j’avoue ne plus croire du tout en mon métier tel que l’éducation nationale nous demande de l’exercer.
En effet, après avoir expérimenté, constaté, réfléchi, j’en suis arrivée à la conclusion que le collège unique, s’il partait d’une intention louable, se relève une utopie catastrophique sur le terrain, et je ne pense pas du tout qu’il ne s’agit que d’une question de moyens comme je l’avais longtemps cru.
J’avoue être fatiguée de passer des heures à préparer des cours avec plusieurs manuels, dépensé beaucoup d’argent dans pas mal d’outils pédagogiques comme des manuels ou des TICE, tout faire pour que la mise en forme puisse capter l’attention du plus grand nombre, et parfois, on se rend compte que l’heure si bien préparée sur le papier est fichue en l’air par juste 3 ou 4 élèves voire un seul dont le comportement est totalement inadapté à un enseignement normal. Ils relèvent parfois d’ITEP, ou de SEGPA, ont parfois des lacunes colossales, parfois juste un comportement totalement inadapté en raison d’un souci personnel, psy ou encore d’une absence totale d’éducation, mais sont de toute façon dans l’impunité quasi totale car aucune solution n’existe pour eux. Je n’ai pas de réponses pour ces élèves, je constate simplement que mélanger ensemble tous les élèves, absolument tous, sans aucun aménagement digne de ce nom, et avec des enseignants qui ont passé un concours pour transmettre un savoir mais ne sont pas des enseignants spécialisés, ça ne marche pas. Les élèves complètement largués en 6e le restent et s’ennuient ou perturbent, les bons s’ennuient aussi parce que le cours ne va pas assez vite et ils finissent par ne plus faire d’effort, bref à qui profite ce système ? A personne, au final, tout le monde est tiré vers le bas mais sur le papier, on a un joli « collège unique », c’est d ‘une hypocrisie totale. Je ne supporte plus d’entendre des injonctions paradoxales du style « différencier vos pratiques pédagogiques », quand on a 25 voire 30 élèves dont 6 ou 7 relèvent d’ULIS, SEGPA, certains sont MDPH mais n’ont pas d’AESH ou une seule qui s’occupe comme elle peut de 2 ou 3 élèves...c’est tout simplement du grand n’importe quoi.
Marre également d’entendre parler les ministres de l’EN vanter la mixité scolaire alors qu’ils sont les premiers à mettre leurs gosses dans le privé ou des endroits protégés. Mon établissement, autrefois l’un des meilleurs du coin, est en train de devenir difficile justement depuis quelques années à cause d’une mixité scolaire imposée et sans doute mal pensée, le résultat c’est la fuite dans le privé des bons élèves et des classes de plus en plus compliquées.
J’ai passé un concours pour enseigner, pas pour gérer les déficiences d’un système qui ne veut plus s’occuper de son école publique et qui nous demande toujours plus sans aucun moyen supplémentaire. Je ne vois aucune amélioration en vue. Les ministres qui passent parlent tous beaucoup, mais ne font rien de concret. Le pire, les groupes de niveaux sans aucun moyen ni structure supplémentaire, je n’ose imaginer comment cela va compliquer un peu plus notre travail au quotidien, les EDT pourris, les réunions, la perte de liberté pédagogique…
Bref, je voulais juste faire part de ce sentiment de ras le bol et j’espère que je n’ai choqué personne. J’ai juste l’impression que les enseignants aujourd’hui acceptent beaucoup trop, toujours trop et que notre système éducatif devient vraiment maltraitant pour les élèves et aussi pour nous.
Je ne crois plus du tout au collège unique. Après avoir investi dans des outils divers et variés, acheté nombre de livres pédagogiques pour gérer l’hétérogénéité et m’occuper des élèves les plus en difficulté, tenté d’appliquer moult outils d’enseignements entendus en formation par des spécialistes en sciences de l’éducation, aprés avoir beaucoup culpabilisé surtout de ne pas parvenir à faire comprendre le cours à certains élèves(ce dont certains profitaient…), aujourd’hui, j’avoue ne plus croire du tout en mon métier tel que l’éducation nationale nous demande de l’exercer.
En effet, après avoir expérimenté, constaté, réfléchi, j’en suis arrivée à la conclusion que le collège unique, s’il partait d’une intention louable, se relève une utopie catastrophique sur le terrain, et je ne pense pas du tout qu’il ne s’agit que d’une question de moyens comme je l’avais longtemps cru.
J’avoue être fatiguée de passer des heures à préparer des cours avec plusieurs manuels, dépensé beaucoup d’argent dans pas mal d’outils pédagogiques comme des manuels ou des TICE, tout faire pour que la mise en forme puisse capter l’attention du plus grand nombre, et parfois, on se rend compte que l’heure si bien préparée sur le papier est fichue en l’air par juste 3 ou 4 élèves voire un seul dont le comportement est totalement inadapté à un enseignement normal. Ils relèvent parfois d’ITEP, ou de SEGPA, ont parfois des lacunes colossales, parfois juste un comportement totalement inadapté en raison d’un souci personnel, psy ou encore d’une absence totale d’éducation, mais sont de toute façon dans l’impunité quasi totale car aucune solution n’existe pour eux. Je n’ai pas de réponses pour ces élèves, je constate simplement que mélanger ensemble tous les élèves, absolument tous, sans aucun aménagement digne de ce nom, et avec des enseignants qui ont passé un concours pour transmettre un savoir mais ne sont pas des enseignants spécialisés, ça ne marche pas. Les élèves complètement largués en 6e le restent et s’ennuient ou perturbent, les bons s’ennuient aussi parce que le cours ne va pas assez vite et ils finissent par ne plus faire d’effort, bref à qui profite ce système ? A personne, au final, tout le monde est tiré vers le bas mais sur le papier, on a un joli « collège unique », c’est d ‘une hypocrisie totale. Je ne supporte plus d’entendre des injonctions paradoxales du style « différencier vos pratiques pédagogiques », quand on a 25 voire 30 élèves dont 6 ou 7 relèvent d’ULIS, SEGPA, certains sont MDPH mais n’ont pas d’AESH ou une seule qui s’occupe comme elle peut de 2 ou 3 élèves...c’est tout simplement du grand n’importe quoi.
Marre également d’entendre parler les ministres de l’EN vanter la mixité scolaire alors qu’ils sont les premiers à mettre leurs gosses dans le privé ou des endroits protégés. Mon établissement, autrefois l’un des meilleurs du coin, est en train de devenir difficile justement depuis quelques années à cause d’une mixité scolaire imposée et sans doute mal pensée, le résultat c’est la fuite dans le privé des bons élèves et des classes de plus en plus compliquées.
J’ai passé un concours pour enseigner, pas pour gérer les déficiences d’un système qui ne veut plus s’occuper de son école publique et qui nous demande toujours plus sans aucun moyen supplémentaire. Je ne vois aucune amélioration en vue. Les ministres qui passent parlent tous beaucoup, mais ne font rien de concret. Le pire, les groupes de niveaux sans aucun moyen ni structure supplémentaire, je n’ose imaginer comment cela va compliquer un peu plus notre travail au quotidien, les EDT pourris, les réunions, la perte de liberté pédagogique…
Bref, je voulais juste faire part de ce sentiment de ras le bol et j’espère que je n’ai choqué personne. J’ai juste l’impression que les enseignants aujourd’hui acceptent beaucoup trop, toujours trop et que notre système éducatif devient vraiment maltraitant pour les élèves et aussi pour nous.
- Reine MargotDemi-dieu
Tu fais ce que tu peux. Les différentes réformes et politiques menées ont grandement mis à mal l'Ecole et l'idée de faire progresser tous les élèves.
Les enseignants qui "tiennent" sont, ce me semble, ceux qui acceptent de ne pas pouvoir tout faire ni faire réussir tout le monde.
Je me souviens d'une amie prof qui me disait, même si ça peut choquer certains, que finalement "les bons resteraient bons et ceux en difficulté aussi"; et elle faisait avec.
Les enseignants qui "tiennent" sont, ce me semble, ceux qui acceptent de ne pas pouvoir tout faire ni faire réussir tout le monde.
Je me souviens d'une amie prof qui me disait, même si ça peut choquer certains, que finalement "les bons resteraient bons et ceux en difficulté aussi"; et elle faisait avec.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- MathadorEmpereur
Ce n'est pas moi qui contredirai ton diagnostic.
Je n'ai pas accepté tout ça. Conséquence: j'ai quitté le navire et je ne fais de ce fait pas partie des « enseignants aujourd'hui » que tu mentionnes.corisandiane a écrit:Bref, je voulais juste faire part de ce sentiment de ras le bol et j’espère que je n’ai choqué personne. J’ai juste l’impression que les enseignants aujourd’hui acceptent beaucoup trop, toujours trop et que notre système éducatif devient vraiment maltraitant pour les élèves et aussi pour nous.
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- TrucOuBiduleHabitué du forum
Pareil, pas encore partie mais c'est ce que j'aimerais réussir à faire.Mathador a écrit:Ce n'est pas moi qui contredirai ton diagnostic.Je n'ai pas accepté tout ça. Conséquence: j'ai quitté le navire et je ne fais de ce fait pas partie des « enseignants aujourd'hui » que tu mentionnes.corisandiane a écrit:Bref, je voulais juste faire part de ce sentiment de ras le bol et j’espère que je n’ai choqué personne. J’ai juste l’impression que les enseignants aujourd’hui acceptent beaucoup trop, toujours trop et que notre système éducatif devient vraiment maltraitant pour les élèves et aussi pour nous.
- angelxxxÉrudit
Je n'ai pas tout lu, je me suis arrêté au passage sur les élèves au comportement problématique, parce que pou moi, cela contredit ce que tu dis au début. Si on les laisse impunément faire n'importe quoi, c'est avant tout pour une question d'argent. Il faudrait créer des ITEP, ULIS, SEGPA, et des relais pour les jeunes dont le comportement pose problème. Il faudrait faire en sorte que tous arrivent un niveau correspondant à la classe.
Tout ça, c'est uniquement un problème d'argent. On est le pays de l'OCDE qui paie le moins les profs, les forme moins et qui a les classes les plus chargés.
Tout ça, c'est uniquement un problème d'argent. On est le pays de l'OCDE qui paie le moins les profs, les forme moins et qui a les classes les plus chargés.
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"La lumière pense voyager plus vite que quoi que ce soit d'autre, mais c'est faux. Peu importe à quelle vitesse voyage la lumière, l'obscurité arrive toujours la première, et elle l'attend. Terry Pratchett."
- Ajonc35Sage
Je ne peux que valider le message.
L'inclusion a bon dos, les difficultés familles ou sociales et bien d'autres aussi. Et là- haut, on vous demande de faire l'impossible avec 3 allumettes et un bout de ficelle. Je pleure de ce type de message, car tout le monde souffre. Et double souffrance pour les enseignants, soit il laisse un peu couler ( si l'inspection ne passe pas par là) soit on fuit.
Je constate ma chance d'être plus âgée et d'être partie à 62 ans.
Si on reste et que les difficultés demeurent. C'est la faute à qui?
Dans le choc des savoirs, puisque les difficultés sont déjà là en 6eme, pourquoi ne pas voir ce qui coince avant. Je n'ai pas enseigné en primaire, ni au collège sauf 4eme et 3eme techno, donc un public en difficulté mais qui n'avait pas vocation à faire de grandes études, même si quelques uns s'en sont bien sortis, mais de moins en moins.
Un exemple. Le N° 3 de mes petits- enfants est en CP et nombre d' enfants de voisins ou d'amis de ma fille ou copains de mon N° 3, sont déjà en difficulté, petites ou grandes. Et cela m'attriste. Que peuvent les enseignants pour eux?
Mais au collège, j'abonde, c'est déjà trop tard.
Le fait de ne pouvoir enseigner, transmettre explique la perte de sens de ce métier. Cela n'est pas propre au métier d'enseignant, hélas. C'est une des explications du mal être au travail quel qu'il soit.
L'inclusion a bon dos, les difficultés familles ou sociales et bien d'autres aussi. Et là- haut, on vous demande de faire l'impossible avec 3 allumettes et un bout de ficelle. Je pleure de ce type de message, car tout le monde souffre. Et double souffrance pour les enseignants, soit il laisse un peu couler ( si l'inspection ne passe pas par là) soit on fuit.
Je constate ma chance d'être plus âgée et d'être partie à 62 ans.
Si on reste et que les difficultés demeurent. C'est la faute à qui?
Dans le choc des savoirs, puisque les difficultés sont déjà là en 6eme, pourquoi ne pas voir ce qui coince avant. Je n'ai pas enseigné en primaire, ni au collège sauf 4eme et 3eme techno, donc un public en difficulté mais qui n'avait pas vocation à faire de grandes études, même si quelques uns s'en sont bien sortis, mais de moins en moins.
Un exemple. Le N° 3 de mes petits- enfants est en CP et nombre d' enfants de voisins ou d'amis de ma fille ou copains de mon N° 3, sont déjà en difficulté, petites ou grandes. Et cela m'attriste. Que peuvent les enseignants pour eux?
Mais au collège, j'abonde, c'est déjà trop tard.
Le fait de ne pouvoir enseigner, transmettre explique la perte de sens de ce métier. Cela n'est pas propre au métier d'enseignant, hélas. C'est une des explications du mal être au travail quel qu'il soit.
- Charles-MauriceNiveau 10
Courageux message, terrible diagnostic, je ne connais pas le collège, mais je pense qu'on doit se résoudre à ne pas tout réussir, prendre plaisir à ce que l'on fait essayer de le faire partager aux élèves, et ne pas se faire un devoir d'obéir à toutes les injonctions contradictoires. C'est à ce prix que le métier reste vivable. Ne pas en faire un sacerdoce. On fait au mieux, c'est déjà très bien.
- poutouNiveau 10
J'enseigne depuis 21 ans en collège, dont 14 dans le même, à la campagne. Constat identique. Et grosse fuite dans le privé ces dernières années des familles qui "tiennent la route".
On ne sait plus quoi faire pour enrayer cela. Dur dur.
On ne sait plus quoi faire pour enrayer cela. Dur dur.
- M le MauditNiveau 9
Pas seulement au collège... Quand je vois qui on envoie en snde GT... Et à la fac en 1ère année c'est quelque chose... Non seulement tout le monde est perdant mais c'est à tous les niveaux...Charles-Maurice a écrit:Courageux message, terrible diagnostic, je ne connais pas le collège, mais je pense qu'on doit se résoudre à ne pas tout réussir, prendre plaisir à ce que l'on fait essayer de le faire partager aux élèves, et ne pas se faire un devoir d'obéir à toutes les injonctions contradictoires. C'est à ce prix que le métier reste vivable. Ne pas en faire un sacerdoce. On fait au mieux, c'est déjà très bien.
- elisa18Neoprof expérimenté
J'aurais pu écrire aussi le même message. Je ne me reconnais plus dans l'éducation nationale d'aujourd'hui. Je voudrais revenir au cœur de mon métier : faire passer des connaissances. Je suis pour les groupes de niveaux et je me sens bien seule car je ne suis pas satisfaite non plus : j'ai l'impression de travailler pour un entre deux, laissant de côté les plus faibles comme les meilleurs. Il me reste encore 8 ans avant la retraite.
- Marcelle DuchampExpert spécialisé
Mercredi je discutais avec un parent d’élève de mon quartier. J’apprends qu’il est prof mais au moment de la discussion je ne sais pas encore de quoi.
Je lui dis que je viens de corriger une copie de 30 lignes en 5e qui comportait 63 fautes et que j’avais peiné à tout corriger et tout réexpliquer (élève au CNED donc je fais des rappels de règles dans la marge). Il me répond « Oh m’en parle pas… j’ai des copies de L2 à corriger et c’est illisible!! Je fais une pause là car je sature! »
Il est prof de droit!!
Tout le monde constate une baisse cruelle du niveau, c’est affolant. Et il me reste 27 ans à faire avant la retraite…
Je lui dis que je viens de corriger une copie de 30 lignes en 5e qui comportait 63 fautes et que j’avais peiné à tout corriger et tout réexpliquer (élève au CNED donc je fais des rappels de règles dans la marge). Il me répond « Oh m’en parle pas… j’ai des copies de L2 à corriger et c’est illisible!! Je fais une pause là car je sature! »
Il est prof de droit!!
Tout le monde constate une baisse cruelle du niveau, c’est affolant. Et il me reste 27 ans à faire avant la retraite…
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Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots!
- AsarteLilithEsprit sacré
Je suis relativement dabs ce sens, et j'enseigne en rep apnvec des groupes très réduits. Le manque de sens donné à l'école, j'ose dise d'utilité, par certains, les difficultés sociales et ou familiales des autres, le manque de culture et de curiosité....rendent les choses difficiles.
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Chuis comme les plantes sans eau : sans grec ni latin, j'me dessèche.
ON DIT CHOCOLATINE, PHILISTINS !
- corisandianeNiveau 9
Merci beaucoup pour vos réponses. Je vois qu'on est nombreux à partager le constat. Pour ce qui est de prendre du plaisir, c'est compliqué car la politique de notre établissement est de saupoudrer les élèves à problèmes ou en grosse difficulté dans toutes les classes donc c'est compliqué de trouver une classe sans perturbateur ou ralentissement. On y arrive encore et c'est alors en effet un vrai bonheur de faire cours, on retrouve le sens. Mais pour ces quelques heures, combien d'autres ou on se demande à quoi on sert et surtout où on culpabilise de ne pas donner plus pour les élèves qui voudraient avancer...enfin c'est ainsi.
- corisandianeNiveau 9
pareil je ne comprends pas vraiment pourquoi, quitte à avoir des edt pourris, les collègues veulent continuer ce qui ne marche pas et ne veulent pas carrément faire des groupes de niveaux. Ça nous permettrait enfin de pouvoir au moins quelques heures dans la semaine faire vraiment notre métier et se sentir utile. Mais non, on va continuer de saupoudrer les perturbateurs et ceux qui relèvent de segpa...autant dire que chaque groupe sera voué à dysfonctionner plus ou moins et que la fuite des bons élèves vers le privé ne va pas s'améliorer. J'avoue, je ne comprends pas. Bon il est vrai aussi que se coltiner le groupe des faibles ne sera pas vraiment rigolo, c'est sans doute cela.elisa18 a écrit:J'aurais pu écrire aussi le même message. Je ne me reconnais plus dans l'éducation nationale d'aujourd'hui. Je voudrais revenir au cœur de mon métier : faire passer des connaissances. Je suis pour les groupes de niveaux et je me sens bien seule car je ne suis pas satisfaite non plus : j'ai l'impression de travailler pour un entre deux, laissant de côté les plus faibles comme les meilleurs. Il me reste encore 8 ans avant la retraite.
- thatcherisaliveNiveau 2
Je partage également le constat et comme l'ont dit d'autres plus haut je pense que la meilleure chose à faire c'est de laisser couler et accepter qu'on peut pas tout faire. On fait comme on peut, avec ce qu'on a et basta
- VanGogh59Expert spécialisé
Excellent et, malheureusement, terrible constat. Cet accablement que tu ressens, j'ai le même. Encore 15 ans à tirer, ce qui me semble une éternité. Des structures qui ferment pour raisons d'économies ce qui fait que nous accueillons de plus en plus de pauvres gamins qui devraient être en ulis ou en segpa ou en institution spécialisée : on sort la grande valeur de l'inclusion pour nous faire taire. Des classes que l'on charge un maximum, toujours pour les mêmes économies avec un public de plus en plus hétérogène mais de plus en plus d'élèves complètement paumés qui savent à peine écrire leur nom ou incapables de se concentrer plus de 30 secondes. Des écrans et des réseaux sociaux de plus en plus addictifs qui dévient le comportement et engendrent beaucoup de violences verbales ou physiques. Des réformes mal pensées, souvent démagogiques ou idéologiques, imaginées par des techno qui n'ont parfois jamais vu d'élèves en "vrai" et qui pourrissent chaque année encore plus nos conditions de travail (dernier en date le choc des savoirs qui va totalement déglinguer nos edt et achever de dégrader les relations entre les collègues qu'avaient déjà bien érodées le pacte de l'an dernier). Ces tricheries en fin d'année de 3ème pour cacher le navrant et déplorable niveau de cette génération gavée de tiktok et de snapchat en veux tu, en voilà. Des points rouges qu'on transforme sommairement en points verts pour faire croire au public que le taux de réussite au DNB est excellent avant que ne surgisse le redoutable couperet de PISA... Et ces copies sous les yeux, truffées de fautes de plus en plus irréalistes, tellement nombreuses et virulentes que nous finissons par en faire aussi de notre côté. Des textes rédigés avec les pieds ou le français semble être devenu une langue étrangère. Un m'enfoutisme que l'on brandit comme un trophée pour certains ("la flemme...") ignorant qu'ils creusent le propre tombeau à leur avenir professionnel. Et des parents de moins en moins présents, ne se manifestant que quand leur petit chéri est victime d'une injustice qui provient forcément du vilain prof... Heureusement, restent quelques sourires, quelques gosses attachants, bien élevés, sympathiques capables de comprendre la subtilité de certaines remarques mais ceux là semblent des espèces en voie de disparition qui sont les premiers à pâtir de la situation actuelle.
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"Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles" Oscar Wilde
- JennyMédiateur
VanGogh59 a écrit:Des structures qui ferment pour raisons d'économies
+1. C'est toujours incertain d'une année sur une autre, c'est toujours une bataille pour continuer à accueillir des élèves qui sont en échec dans le système classique.
- MathadorEmpereur
Sauf que là on parle de groupes de niveau sans véritable réduction d'effectifs (pas les moyens) ni dispositif pour rattraper son retard initial (pas les moyens dans 4 ans, mes dividendes étant visiblement plus importants que l'instruction des jeunes). Autrement dit, une mise au zoo en début de 6e décidée sur des critères mal définis.corisandiane a écrit:pareil je ne comprends pas vraiment pourquoi, quitte à avoir des edt pourris, les collègues veulent continuer ce qui ne marche pas et ne veulent pas carrément faire des groupes de niveaux. Ça nous permettrait enfin de pouvoir au moins quelques heures dans la semaine faire vraiment notre métier et se sentir utile. Mais non, on va continuer de saupoudrer les perturbateurs et ceux qui relèvent de segpa...autant dire que chaque groupe sera voué à dysfonctionner plus ou moins et que la fuite des bons élèves vers le privé ne va pas s'améliorer. J'avoue, je ne comprends pas. Bon il est vrai aussi que se coltiner le groupe des faibles ne sera pas vraiment rigolo, c'est sans doute cela.elisa18 a écrit:J'aurais pu écrire aussi le même message. Je ne me reconnais plus dans l'éducation nationale d'aujourd'hui. Je voudrais revenir au cœur de mon métier : faire passer des connaissances. Je suis pour les groupes de niveaux et je me sens bien seule car je ne suis pas satisfaite non plus : j'ai l'impression de travailler pour un entre deux, laissant de côté les plus faibles comme les meilleurs. Il me reste encore 8 ans avant la retraite.
Autant j'ai du mal avec le discours du SNES & cie sur la reproduction des inégalités sociales (qui s'accommode très bien du collège uniforme qu'on a actuellement), autant je suis opposé à la réforme actuelle alors que je suis favorable au projet du SNALC dans son intégralité (ce qui inclut donc la réduction d'effectifs pour les faibles et la possibilité de redoubler la 3e pour revenir chez les forts).
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- corisandianeNiveau 9
je suis contre également cette réforme qui est encore du bricolage sans moyen supplémentaire et qui va dégrader nos conditions de travail. Mais pour autant, puisque cette réforme semble inéluctable, pourquoi continuer à faire des groupes hétérogènes alors que nous constatons depuis longtemps que ça ne fonctionne pas? Je ne comprends pas. Je pense qu'on devrait au moins dire la réalité de ce qui pose problème sans tourner autour du pot. Continuer à mélanger tout le monde avec de beaux discours d'égalité est totalement catastrophique.Mathador a écrit:Sauf que là on parle de groupes de niveau sans véritable réduction d'effectifs (pas les moyens) ni dispositif pour rattraper son retard initial (pas les moyens dans 4 ans, mes dividendes étant visiblement plus importants que l'instruction des jeunes). Autrement dit, une mise au zoo en début de 6e décidée sur des critères mal définis.corisandiane a écrit:pareil je ne comprends pas vraiment pourquoi, quitte à avoir des edt pourris, les collègues veulent continuer ce qui ne marche pas et ne veulent pas carrément faire des groupes de niveaux. Ça nous permettrait enfin de pouvoir au moins quelques heures dans la semaine faire vraiment notre métier et se sentir utile. Mais non, on va continuer de saupoudrer les perturbateurs et ceux qui relèvent de segpa...autant dire que chaque groupe sera voué à dysfonctionner plus ou moins et que la fuite des bons élèves vers le privé ne va pas s'améliorer. J'avoue, je ne comprends pas. Bon il est vrai aussi que se coltiner le groupe des faibles ne sera pas vraiment rigolo, c'est sans doute cela.elisa18 a écrit:J'aurais pu écrire aussi le même message. Je ne me reconnais plus dans l'éducation nationale d'aujourd'hui. Je voudrais revenir au cœur de mon métier : faire passer des connaissances. Je suis pour les groupes de niveaux et je me sens bien seule car je ne suis pas satisfaite non plus : j'ai l'impression de travailler pour un entre deux, laissant de côté les plus faibles comme les meilleurs. Il me reste encore 8 ans avant la retraite.
Autant j'ai du mal avec le discours du SNES & cie sur la reproduction des inégalités sociales (qui s'accommode très bien du collège uniforme qu'on a actuellement), autant je suis opposé à la réforme actuelle alors que je suis favorable au projet du SNALC dans son intégralité (ce qui inclut donc la réduction d'effectifs pour les faibles et la possibilité de redoubler la 3e pour revenir chez les forts).
- Dame JouanneÉrudit
Si j'approuve totalement le constat, je ne suis pas d'accord que le manque de moyen n'est pas une des clés du problème. On nous dit que l'EN est un des plus gros budgets mais l'argent ne va certainement pas où il faut. Actuellement on nous bassine avec l'inclusion car on diminue les moyens des SEGPA, des classes ULIS, ... tous les dispositifs qui demandent beaucoup d'encadrants et des petits effectifs donc coûtent plus cher sont peu à peu supprimés avec un discours bien rodé sur l'inclusion. En parallèle nos classes sont toujours chargées au maximum car cela coûte moins cher : on a parmi les classes les plus chargées d'Europe mais apparemment pournos decideurs pas de problèmes. On envoie de plus en plus en 2de G des élèves déjà en difficulté au collège parce qu'il n'y a pas assez de place en pro. Et maintenant on nous parle de groupes de niveaux...mais à moyen constant. Tout ce qui détruit peu à peu le sens de notre métier est clairement fait dans le seul but de dépenser le moins possible sans vision d'avenir.
- dandelionVénérable
Mais une partie du coût ne vient-elle pas du fait que nous maintenons la plus grande partie de nos élèves dans les mêmes cours? En Suisse et en Allemagne, il y a une orientation précoce, aux Etats-Unis, si les élèves restent dans la même école, ils n’assistent pas aux mêmes cours, avec des variations de niveau d’un à quatre ans pour les maths dans le lycée de ma fille par exemple. L’OCDE ne recommande pas les groupes de niveau, mais dans les faits la plupart des pays affectent les élèves suivant leurs résultats, et il y a des épreuves finales qui attestent d’un vrai niveau, non?
- Ajonc35Sage
Je valide. Quand on est à la base, on se demande où passe cet argent?Dame Jouanne a écrit:Si j'approuve totalement le constat, je ne suis pas d'accord que le manque de moyen n'est pas une des clés du problème. On nous dit que l'EN est un des plus gros budgets mais l'argent ne va certainement pas où il faut. Actuellement on nous bassine avec l'inclusion car on diminue les moyens des SEGPA, des classes ULIS, ... tous les dispositifs qui demandent beaucoup d'encadrants et des petits effectifs donc coûtent plus cher sont peu à peu supprimés avec un discours bien rodé sur l'inclusion. En parallèle nos classes sont toujours chargées au maximum car cela coûte moins cher : on a parmi les classes les plus chargées d'Europe mais apparemment pournos decideurs pas de problèmes. On envoie de plus en plus en 2de G des élèves déjà en difficulté au collège parce qu'il n'y a pas assez de place en pro. Et maintenant on nous parle de groupes de niveaux...mais à moyen constant. Tout ce qui détruit peu à peu le sens de notre métier est clairement fait dans le seul but de dépenser le moins possible sans vision d'avenir.
Je me pose quand même la question de cette baisse de niveau y compris parmi dans le " milieu de gamme". Des élèves qui arrivent en 6eme avec de grosses difficultés de lecture, des éléments basiques en mathématiques inconnus, etc.
Je ne pense pas que les groupes de besoins aient leur place au collège. C'est avant, en primaire que ce travail me semble nécessaire. Comment? Je ne sais pas vraiment, je n'ai pas enseigné en primaire. Mais j'ai une petite idée car je regarde régulièrement les cahiers de mes petits- enfants, les deux aines, et quand je vois ce que doit faire un ou un PE, c'est monstrueux, et finalement ça apparaît comme du saupoudrage pour toutes les disciplines. Ils ou elles n'ont pas le temps de faire un travail de fond dont les meilleurs se passent, dont le " milieu de gammes" aurait besoin et ceux plus en difficultés, d'autres besoins à travailler avec des spécialistes comme des orthophonistes, des psychomotricité, etc... avec lesquels l'école aurait des conventions. Mais le SNU est plus important.
De plus les politiques français ont plus le sens du curatif que du préventif. Quand l'enfant arrive chez l'orthophoniste, il est déjà trop tard et le suivi est donc plus long, plus coûteux et les rdv se bloquent donc plus vite. C'est toute une chaîne sur laquelle il faudrait se pencher. Mais nos politiques, depuis longtemps, ont plus un management de l'immédiat et du moindre vout que le long terme. C'est le même problème pour la santé,etc...
- CasparProphète
dandelion a écrit:Mais une partie du coût ne vient-elle pas du fait que nous maintenons la plus grande partie de nos élèves dans les mêmes cours? En Suisse et en Allemagne, il y a une orientation précoce, aux Etats-Unis, si les élèves restent dans la même école, ils n’assistent pas aux mêmes cours, avec des variations de niveau d’un à quatre ans pour les maths dans le lycée de ma fille par exemple. L’OCDE ne recommande pas les groupes de niveau, mais dans les faits la plupart des pays affectent les élèves suivant leurs résultats, et il y a des épreuves finales qui attestent d’un vrai niveau, non?
Une collègue d'allemand me disait que de plus en plus d'élèves allaient au Gymanium (collège et lycée "classiques" menant a priori à des études longues). Je ne sais pas si c'est réellement le cas. Elle sous-entendait que le Gymnaium ressemblait de plus en plus au collègue unique.
J'enseigne maintenant au lycée où nous sommes tout de même un peu épargnés mais j'ai enseigné longtemps en collège. Il faudrait effectivement beaucoup de plus de places en SEGPA déjà, ce serait un premier pas pour améliorer les choses. Peut-être aussi recréer une espèce de 4e techno (il y a eu plusieurs appellations) pour les élèves qui en ont déjà assez du collège en 6e et 5e parce qu'ils ont du mal à suivre...tout ça demande des moyens donc ne rêvons pas.
- Ajonc35Sage
Les 4eme techno, l'enseignement agricole les a conservés, mais peu de collèges savent que ce dispositif existe encore. Autrefois, on accueillait des élèves en difficultés légères ou qui avait déjà un projet, aujourd'hui mon lepa accueille bien plus des élèves dont les collèges, qui connaissent, veulent se débarrasser.Caspar a écrit:dandelion a écrit:Mais une partie du coût ne vient-elle pas du fait que nous maintenons la plus grande partie de nos élèves dans les mêmes cours? En Suisse et en Allemagne, il y a une orientation précoce, aux Etats-Unis, si les élèves restent dans la même école, ils n’assistent pas aux mêmes cours, avec des variations de niveau d’un à quatre ans pour les maths dans le lycée de ma fille par exemple. L’OCDE ne recommande pas les groupes de niveau, mais dans les faits la plupart des pays affectent les élèves suivant leurs résultats, et il y a des épreuves finales qui attestent d’un vrai niveau, non?
Une collègue d'allemand me disait que de plus en plus d'élèves allaient au Gymanium (collège et lycée "classiques" menant a priori à des études longues). Je ne sais pas si c'est réellement le cas. Elle sous-entendait que le Gymnaium ressemblait de plus en plus au collègue unique.
J'enseigne maintenant au lycée où nous sommes tout de même un peu épargnés mais j'ai enseigné longtemps en collège. Il faudrait effectivement beaucoup de plus de places en SEGPA déjà, ce serait un premier pas pour améliorer les choses. Peut-être aussi recréer une espèce de 4e techno (il y a eu plusieurs appellations) pour les élèves qui en ont déjà assez du collège en 6e et 5e parce qu'ils ont du mal à suivre...tout ça demande des moyens donc ne rêvons pas.
- LogonautaNiveau 4
corisandiane a écrit: je suis contre également cette réforme qui est encore du bricolage sans moyen supplémentaire et qui va dégrader nos conditions de travail. Mais pour autant, puisque cette réforme semble inéluctable, pourquoi continuer à faire des groupes hétérogènes alors que nous constatons depuis longtemps que ça ne fonctionne pas? Je ne comprends pas. Je pense qu'on devrait au moins dire la réalité de ce qui pose problème sans tourner autour du pot. Continuer à mélanger tout le monde avec de beaux discours d'égalité est totalement catastrophique.
Le véritable problème des groupes de niveaux, si on laisse de côté les pseudo-arguments bidons sur une hétérogénéité salutaire qui ne s’est jamais vérifiée, c’est que la corrélation est forte entre élèves en difficulté et élèves exécrables. Et je dirais même que les chieurs ne s’additionnent pas mais multiplient les uns les autres leur potentiel de chaos en cours. Qui voudra, à l’année, d’une telle classe ?
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