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L'avenir est-il l'affaire de la pensée ? (CAPES 2024)
Problématique : Pourquoi penser à l'avenir alors qu'il est imprévisible ?
I. La pensée projective
1. Se projeter est le propre de l'homme, qui fait tout le temps des projets et vit dans la pensée de l'avenir (Heidegger). L'avenir est donc bien l'affaire de la pensée humaine, son principal objet. Le terme même d'affaire signifie littéralement « à faire » et évoque donc l'avenir.
2. L'avenir est certes contingent, mais la délibération et la prudence (la phronésis chez Aristote) issue de l'expérience permettent de réduire les risques et de faire des choix raisonnables.
3. La suprême affaire de la pensée philosophique est ma propre mort (problème à la fois universel et intime), qui est mon avenir et en même temps constitue une fatalité indépassable : l'affaire de ma pensée n'est donc pas seulement de penser mon avenir mais de penser au-delà (la postérité), car individuellement je n'ai pas d'avenir si je ne vois pas au-delà de ma propre vie.
II. L'avenir imprévisible
1. Le mythe d'Œdipe suggère qu'on ne peut pas échapper à son destin, et qu'en cherchant à le fuir on précipite sa réalisation. Ce paradoxe temporel est repris dans le film La Jetée de Chris Marker. L'avenir en tant que destin tragique est l'affaire de l'art, en particulier de la tragédie (Aristote dans sa Poétique dit que la poésie a pour objet le possible, c'est-à-dire ce qui peut arriver).
2. En cherchant à prévoir et à contrôler le futur, on peut également faire empirer les choses, car en projetant nos peurs dans l'avenir, on risque de paniquer et de prendre des mesures radicales pour éviter la catastrophe prévue, mais ces mesures peuvent être contre-productives, par exemple si l'on gelait notre industrie par peur du changement climatique.
3. Selon Bergson, le futur est imprévisible et donc nos projets sont vagues et indéfinis, et se réalisent petit à petit, comme pour le peintre, qui n'a pas une vision nette de ce qu'il va faire et qu'il n'aurait qu'à recopier, mais complète son œuvre en la faisant. L'affaire de la pensée est donc plutôt de se concentrer dans le présent et sur le présent.
III. Les dangers de l'absence de prévision
1. Bien qu'on ne puisse jamais tout prévoir, prévoir un maximum de choses facilite la création : ainsi Hitchcock était si prévoyant et méticuleux dans son travail qu'il disait que ses films étaient terminés avant d'être tournés. Dans n'importe quel domaine, il faut être très organisé et bien préparé pour faciliter l'action et réduire au maximum la part d'improvisation.
2. Selon Sun Tzu, l'art de la guerre n'est pas un art de l'improvisation et ne doit pas être pris à la légère, la guerre étant une affaire très grave. L'art de la guerre est un art véritable fonder sur des calculs matériels et stratégiques précis et rationnels, devant exclure toute pensée magique (divination et morale, si par exemple on croit qu'on va gagner parce qu'on se croit du bon côté).
3. Ce n'est donc pas seulement l'avenir, mais la prévision de l'avenir qui est l'affaire de la pensée, et de la pensée philosophique en particulier, qui doit évaluer et critiquer nos modes de prévision et de délibération, afin de nous éviter de retomber dans des formes d'irrationalité et de superstition.
Problématique : Pourquoi penser à l'avenir alors qu'il est imprévisible ?
I. La pensée projective
1. Se projeter est le propre de l'homme, qui fait tout le temps des projets et vit dans la pensée de l'avenir (Heidegger). L'avenir est donc bien l'affaire de la pensée humaine, son principal objet. Le terme même d'affaire signifie littéralement « à faire » et évoque donc l'avenir.
2. L'avenir est certes contingent, mais la délibération et la prudence (la phronésis chez Aristote) issue de l'expérience permettent de réduire les risques et de faire des choix raisonnables.
3. La suprême affaire de la pensée philosophique est ma propre mort (problème à la fois universel et intime), qui est mon avenir et en même temps constitue une fatalité indépassable : l'affaire de ma pensée n'est donc pas seulement de penser mon avenir mais de penser au-delà (la postérité), car individuellement je n'ai pas d'avenir si je ne vois pas au-delà de ma propre vie.
II. L'avenir imprévisible
1. Le mythe d'Œdipe suggère qu'on ne peut pas échapper à son destin, et qu'en cherchant à le fuir on précipite sa réalisation. Ce paradoxe temporel est repris dans le film La Jetée de Chris Marker. L'avenir en tant que destin tragique est l'affaire de l'art, en particulier de la tragédie (Aristote dans sa Poétique dit que la poésie a pour objet le possible, c'est-à-dire ce qui peut arriver).
2. En cherchant à prévoir et à contrôler le futur, on peut également faire empirer les choses, car en projetant nos peurs dans l'avenir, on risque de paniquer et de prendre des mesures radicales pour éviter la catastrophe prévue, mais ces mesures peuvent être contre-productives, par exemple si l'on gelait notre industrie par peur du changement climatique.
3. Selon Bergson, le futur est imprévisible et donc nos projets sont vagues et indéfinis, et se réalisent petit à petit, comme pour le peintre, qui n'a pas une vision nette de ce qu'il va faire et qu'il n'aurait qu'à recopier, mais complète son œuvre en la faisant. L'affaire de la pensée est donc plutôt de se concentrer dans le présent et sur le présent.
III. Les dangers de l'absence de prévision
1. Bien qu'on ne puisse jamais tout prévoir, prévoir un maximum de choses facilite la création : ainsi Hitchcock était si prévoyant et méticuleux dans son travail qu'il disait que ses films étaient terminés avant d'être tournés. Dans n'importe quel domaine, il faut être très organisé et bien préparé pour faciliter l'action et réduire au maximum la part d'improvisation.
2. Selon Sun Tzu, l'art de la guerre n'est pas un art de l'improvisation et ne doit pas être pris à la légère, la guerre étant une affaire très grave. L'art de la guerre est un art véritable fonder sur des calculs matériels et stratégiques précis et rationnels, devant exclure toute pensée magique (divination et morale, si par exemple on croit qu'on va gagner parce qu'on se croit du bon côté).
3. Ce n'est donc pas seulement l'avenir, mais la prévision de l'avenir qui est l'affaire de la pensée, et de la pensée philosophique en particulier, qui doit évaluer et critiquer nos modes de prévision et de délibération, afin de nous éviter de retomber dans des formes d'irrationalité et de superstition.
- N.M.Niveau 2
N'est-il pas un brin présomptueux de proposer un "corrigé" (c'est-à-dire une forme de modèle) d'une dissertation de capes qui tient en quelques lignes, lorsque l'on sait que le jury y passe des dizaines de pages ?
- DesolationRowEmpereur
Quand même, « selon Bergson, le futur est imprévisible ».
- CyrilKJe viens de m'inscrire !
C'est une proposition de corrigé. Les rapports de jury ne proposent justement que des pistes de réflexion et non de plan type, ce qui est dommage, c'est pourquoi je partage ce corrigé, qu'on peut compléter avec d'autres propositions.
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