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- BaldredSage
Bonsoir,
La suite de messages sur le fil sur les groupes de niveaux, et les témoignages sur les groupes dits "faibles" me paraissent nécessiter un fil dédié. La contestation du "choc des savoirs", le flou post dissolution, la gestion très diverse selon les académies, les IPR, les Cde et les équipes, la tambouille finalement servie dans chaque établissement ont largement occulté la question de ce qu'on allait faire dans ces groupes de niveaux/besoins, et en particulier du groupe dit (ou plutôt non dit) faible.
Nous entrons dans le dur, j'ai mon groupe de 5e depuis la rentrée, je commence celui de 6e à la rentrée.
La première choses à dire me semble-t-il est qu'il est absolument normal de se sentir démuni face à un public qui cumule difficultés ( pour ne pas parler des drames) familiales, sociales et scolaires. Il n'y a aucune honte à ne pas arriver à remplir la mission demandée, elle est "impossible", avec nos armes. Nous n'aurons qu'exceptionnellement un soutien, certains l'ont déjà signalé : allégés de ces élèves, les autres groupes sont en général plus performants et le travail du prof facilité, il n'est donc pas impossible que ce système perdure. La relégation est de longue date une solution pratiquée par l'EN et acceptée par les profs (peu importe ici que ce soit à tort ou à raison) Le projet étendu aux 4e et au 3e montre assez que l'objectif est de constituer une nouvelle filière.
Une fois que le procès de l'institution est ouvert et sa responsabilité dans ma souffrance professionnelle établie, je fais comment devant ces classes "faibles" ?
Pour commencer, peut-être quelques questions à se poser avant se lancer dans le milieu le plus hostile pour un prof profilé pour faire réussir ses élèves : un élève en échec est-il l'échec du prof ?
Pourquoi nous y retrouvons-nous, nous ? . Les réponses peuvent être multiples, contradictoires, parcellaires, mais au moins il faut se poser la question.
Pour quel(s) objectif(s) ? Que nous sommes nous prêts à faire pour cela ?
Qu"attendre de ces élèves dont en général on n'attend plus rien ?
Existent-ils des moyens, des méthodes utilisables ?
A quel moment puis-je considérer que j'ai réussi ? (ou que je n'ai pas échoué ? )
Pour ces élèves, qu'est ce que réussir, échouer ?
Si échouer est douloureux, pourquoi risquer d'échouer encore ?
Quand la méthode a échoué que peut-on faire ?
Un effectif réduit est-il une réponse, une méthode pédagogique ?
Comment évaluer au risque de la rupture d'égalité ?
Est-ce que ce je dois faire dans ces groupes est encore mon métier, mes compétences ?
Suis-je un garant de vérité ou un menteur ?
Dois-je instruire ou trier ? Reléguer ou remédier ?
J'ai animé des formations sur la gestion de la grande difficulté dans le cadre de la lutte contre l'illettrisme. Dans toutes ces formations, les profs exprimaient d'abord face à l'impuissance à aider leurs élèves une puissant culpabilité, puis une puissante colère contre l'institution, contre eux-mêmes et contre les élèves qui "refusaient" leur aide.
Il ne s'agit pas de faire de la psychologie de comptoir, mais de comprendre que la détresse de l'élève "empêché" provoque la détresse du prof "empêché".
Et donc il y a sans doute beaucoup à dire sur nos groupes, nos difficultés, nos inquiétudes, nos méthodes, nos réussites., nos échecs.
Personnellement, j'échoue avec une remarquable constance.
La suite de messages sur le fil sur les groupes de niveaux, et les témoignages sur les groupes dits "faibles" me paraissent nécessiter un fil dédié. La contestation du "choc des savoirs", le flou post dissolution, la gestion très diverse selon les académies, les IPR, les Cde et les équipes, la tambouille finalement servie dans chaque établissement ont largement occulté la question de ce qu'on allait faire dans ces groupes de niveaux/besoins, et en particulier du groupe dit (ou plutôt non dit) faible.
Nous entrons dans le dur, j'ai mon groupe de 5e depuis la rentrée, je commence celui de 6e à la rentrée.
La première choses à dire me semble-t-il est qu'il est absolument normal de se sentir démuni face à un public qui cumule difficultés ( pour ne pas parler des drames) familiales, sociales et scolaires. Il n'y a aucune honte à ne pas arriver à remplir la mission demandée, elle est "impossible", avec nos armes. Nous n'aurons qu'exceptionnellement un soutien, certains l'ont déjà signalé : allégés de ces élèves, les autres groupes sont en général plus performants et le travail du prof facilité, il n'est donc pas impossible que ce système perdure. La relégation est de longue date une solution pratiquée par l'EN et acceptée par les profs (peu importe ici que ce soit à tort ou à raison) Le projet étendu aux 4e et au 3e montre assez que l'objectif est de constituer une nouvelle filière.
Une fois que le procès de l'institution est ouvert et sa responsabilité dans ma souffrance professionnelle établie, je fais comment devant ces classes "faibles" ?
Pour commencer, peut-être quelques questions à se poser avant se lancer dans le milieu le plus hostile pour un prof profilé pour faire réussir ses élèves : un élève en échec est-il l'échec du prof ?
Pourquoi nous y retrouvons-nous, nous ? . Les réponses peuvent être multiples, contradictoires, parcellaires, mais au moins il faut se poser la question.
Pour quel(s) objectif(s) ? Que nous sommes nous prêts à faire pour cela ?
Qu"attendre de ces élèves dont en général on n'attend plus rien ?
Existent-ils des moyens, des méthodes utilisables ?
A quel moment puis-je considérer que j'ai réussi ? (ou que je n'ai pas échoué ? )
Pour ces élèves, qu'est ce que réussir, échouer ?
Si échouer est douloureux, pourquoi risquer d'échouer encore ?
Quand la méthode a échoué que peut-on faire ?
Un effectif réduit est-il une réponse, une méthode pédagogique ?
Comment évaluer au risque de la rupture d'égalité ?
Est-ce que ce je dois faire dans ces groupes est encore mon métier, mes compétences ?
Suis-je un garant de vérité ou un menteur ?
Dois-je instruire ou trier ? Reléguer ou remédier ?
J'ai animé des formations sur la gestion de la grande difficulté dans le cadre de la lutte contre l'illettrisme. Dans toutes ces formations, les profs exprimaient d'abord face à l'impuissance à aider leurs élèves une puissant culpabilité, puis une puissante colère contre l'institution, contre eux-mêmes et contre les élèves qui "refusaient" leur aide.
Il ne s'agit pas de faire de la psychologie de comptoir, mais de comprendre que la détresse de l'élève "empêché" provoque la détresse du prof "empêché".
Et donc il y a sans doute beaucoup à dire sur nos groupes, nos difficultés, nos inquiétudes, nos méthodes, nos réussites., nos échecs.
Personnellement, j'échoue avec une remarquable constance.
- Nina68Niveau 9
Merci d'avoir ouvert ce fil ! Je vais le suivre avec intérêt.
Pour ma part, j'ai commencé il y a 2 semaines avec un petit groupe de 6e. J'ai choisi de commencer par de la compréhension orale, en commençant à lire un conte de Grimm.
Au bout de 2 petites semaines, une évidence : durant 50 mns, il faut varier les activités car l'attention ne se maintient que peu de temps..
Pour ma part, j'ai commencé il y a 2 semaines avec un petit groupe de 6e. J'ai choisi de commencer par de la compréhension orale, en commençant à lire un conte de Grimm.
Au bout de 2 petites semaines, une évidence : durant 50 mns, il faut varier les activités car l'attention ne se maintient que peu de temps..
- Melyne5Fidèle du forum
Merci Baldred. C’est exactement là où j’en suis avec le sentiment de les maltraiter quand je m’entends soupirer, lever les yeux au ciel , m’agacer et leur dire comme Sylvain de Saint Sylvain que je ne sais pas expliquer autrement.Baldred a écrit: les profs exprimaient d'abord face à l'impuissance à aider leurs élèves une puissant culpabilité, puis une puissante colère contre l'institution, contre eux-mêmes et contre les élèves qui "refusaient" leur aide.
- EuphémiaNiveau 10
Il me semble en effet que le problème posé par le principe des groupes de niveaux est là : dans toutes nos classes, il y a des élèves auxquels, plus ou moins contraints par les circonstances, nous avons renoncé à enseigner. Quand nous sommes face à un groupe constitué uniquement de ces élèves là, nous ne pouvons plus les ignorer, les oublier, faire semblant de ne pas voir.Qu"attendre de ces élèves dont en général on n'attend plus rien ?
_________________
L’école est un lieu admirable. J’aime que les bruits extérieurs n’y entrent point. (Alain)
L'esprit critique, c'est, au minimum, un esprit qui n’a pas peur des mots. (Jean-Claude Michéa)
- BaldredSage
Melyne5 a écrit:Merci Baldred. C’est exactement là où j’en suis avec le sentiment de les maltraiter quand je m’entends soupirer, lever les yeux au ciel , m’agacer et leur dire comme Sylvain de Saint Sylvain que je ne sais pas expliquer autrement.Baldred a écrit: les profs exprimaient d'abord face à l'impuissance à aider leurs élèves une puissant culpabilité, puis une puissante colère contre l'institution, contre eux-mêmes et contre les élèves qui "refusaient" leur aide.
Il y a une partie de l'affaire difficile à maitriser. Certains élèves savent vous conduire dans ce qu'ils connaissent : la colère, l'énervement, le mépris, l'abandon, le conflit. On est conduit à rejouer leur scène et on confirme ce qu'ils sont ou croient être : nuls. C'est un piège redoutable pour le prof supposé être le metteur en scène et qui se retrouve marionnette.
L'autre est plus maitrisable : un cours ne passe pas, s'enlise, comme dans un cauchemar : plus on veut avancer, moins on peut le faire, jusqu'à la paralysie. Il faut alors jouer sur l'avantage du groupe faible : on n'a rien à perdre, pas de programme trop minuté, pas de timing trop serré : il faut savoir arrêter, faire autre chose, les lever, les bouger, les surprendre ( les sites ou bouquins d'impro regorgent de petits exercices, rapides et simples pour remobiliser l'attention)ou faire ce qu'on sait faire : raconter une histoire. Il sera toujours temps de leur montrer qu'ils n'ont pas besoin d'apprendre être et avoir puisqu'ils le savent déjà.
je sais qu'un prof n'est pas supposé être un pitre, mais de quoi ont d'abord besoin des 6e/5e en difficulté ?
- ElyasEsprit sacré
Baldred a écrit:Melyne5 a écrit:Merci Baldred. C’est exactement là où j’en suis avec le sentiment de les maltraiter quand je m’entends soupirer, lever les yeux au ciel , m’agacer et leur dire comme Sylvain de Saint Sylvain que je ne sais pas expliquer autrement.Baldred a écrit: les profs exprimaient d'abord face à l'impuissance à aider leurs élèves une puissant culpabilité, puis une puissante colère contre l'institution, contre eux-mêmes et contre les élèves qui "refusaient" leur aide.
Il y a une partie de l'affaire difficile à maitriser. Certains élèves savent vous conduire dans ce qu'ils connaissent : la colère, l'énervement, le mépris, l'abandon, le conflit. On est conduit à rejouer leur scène et on confirme ce qu'ils sont ou croient être : nuls. C'est un piège redoutable pour le prof supposé être le metteur en scène et qui se retrouve marionnette.
L'autre est plus maitrisable : un cours ne passe pas, s'enlise, comme dans un cauchemar : plus on veut avancer, moins on peut le faire, jusqu'à la paralysie. Il faut alors jouer sur l'avantage du groupe faible : on n'a rien à perdre, pas de programme trop minuté, pas de timing trop serré : il faut savoir arrêter, faire autre chose, les lever, les bouger, les surprendre ( les sites ou bouquins d'impro regorgent de petits exercices, rapides et simples pour remobiliser l'attention)ou faire ce qu'on sait faire : raconter une histoire. Il sera toujours temps de leur montrer qu'ils n'ont pas besoin d'apprendre être et avoir puisqu'ils le savent déjà.
je sais qu'un prof n'est pas supposé être un pitre, mais de quoi ont d'abord besoin des 6e/5e en difficulté ?
Ce que tu décris me rappelle ce qui a amené Serge Boimare à totalement changer sa façon d'enseigner (il le raconte dans Ces élèves empêchés de penser. Ce que tu racontes depuis le début du fil retentit puissamment avec cette lecture.
- BaldredSage
Euphémia a écrit:Il me semble en effet que le problème posé par le principe des groupes de niveaux est là : dans toutes nos classes, il y a des élèves auxquels, plus ou moins contraints par les circonstances, nous avons renoncé à enseigner. Quand nous sommes face à un groupe constitué uniquement de ces élèves là, nous ne pouvons plus les ignorer, les oublier, faire semblant de ne pas voir.Qu"attendre de ces élèves dont en général on n'attend plus rien ?
Oui.
A ce propos, j'entends bien que le groupe faible est infamant, mais être dans ce groupe est-il plus infamant que d'être le nul officiel de la classe ?
Autre remarque : Pourquoi nous sentons-nous illégitimes à enseigner à des élèves en échec ?
- BaldredSage
Elyas a écrit:Baldred a écrit:Melyne5 a écrit:Merci Baldred. C’est exactement là où j’en suis avec le sentiment de les maltraiter quand je m’entends soupirer, lever les yeux au ciel , m’agacer et leur dire comme Sylvain de Saint Sylvain que je ne sais pas expliquer autrement.Baldred a écrit: les profs exprimaient d'abord face à l'impuissance à aider leurs élèves une puissant culpabilité, puis une puissante colère contre l'institution, contre eux-mêmes et contre les élèves qui "refusaient" leur aide.
Il y a une partie de l'affaire difficile à maitriser. Certains élèves savent vous conduire dans ce qu'ils connaissent : la colère, l'énervement, le mépris, l'abandon, le conflit. On est conduit à rejouer leur scène et on confirme ce qu'ils sont ou croient être : nuls. C'est un piège redoutable pour le prof supposé être le metteur en scène et qui se retrouve marionnette.
L'autre est plus maitrisable : un cours ne passe pas, s'enlise, comme dans un cauchemar : plus on veut avancer, moins on peut le faire, jusqu'à la paralysie. Il faut alors jouer sur l'avantage du groupe faible : on n'a rien à perdre, pas de programme trop minuté, pas de timing trop serré : il faut savoir arrêter, faire autre chose, les lever, les bouger, les surprendre ( les sites ou bouquins d'impro regorgent de petits exercices, rapides et simples pour remobiliser l'attention)ou faire ce qu'on sait faire : raconter une histoire. Il sera toujours temps de leur montrer qu'ils n'ont pas besoin d'apprendre être et avoir puisqu'ils le savent déjà.
je sais qu'un prof n'est pas supposé être un pitre, mais de quoi ont d'abord besoin des 6e/5e en difficulté ?
Ce que tu décris me rappelle ce qui a amené Serge Boimare à totalement changer sa façon d'enseigner (il le raconte dans Ces élèves empêchés de penser. Ce que tu racontes depuis le début du fil retentit puissamment avec cette lecture.
C'est, perspicace @Elyas, parce que je présentais Boimare en formation, et que j'ai été un élève non pas empêché de penser (on finirait par penser que j'en veux à Stan) mais qui savait très bien s'empêcher de penser tout seul.
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Baldred a écrit:Il sera toujours temps de leur montrer qu'ils n'ont pas besoin d'apprendre être et avoir puisqu'ils le savent déjà.
je sais qu'un prof n'est pas supposé être un pitre
J'aime beaucoup la première phrase de ce passage. Apprendre, il me semble que ce n'est pas toujours passer simplement de l'ignorance au savoir. C'est parfois lever un voile, qui peut cependant pour certains être lourd comme un couvercle de pierre.
Sinon, l'aptitude à se transformer en pitre m'a toujours semblé une des qualités les plus utiles et les plus enviables dans le métier d'enseignant, et ce quel que soit le niveau des élèves. J'ai mis du temps et déployé pas mal d'efforts pour en acquérir certains rudiments.
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Merci d'avoir ouvert cette discussion, Baldred !
- yranohHabitué du forum
Merci pour ce fil. Je commence, avec la même question que sur l'autre. Comment évaluer, en ce qui me concerne, évaluer avec des notes ? Je suis d'accord qu'on ne peut pas évaluer de la même manière nos groupes différemment performants, ni faire les mêmes cours, avoir les mêmes objectifs. Mais quand on pratique déjà tout ça (pas forcément bien, certes), concrètement, comment faire pour ne pas avoir 4/5 de moyenne, quand on a quand même 1/5 du groupe qui essaie de faire quelque chose ? Comme je le disais, les rédactions, on les fait largement ensemble, individuellement, donc forcément les notes sont plus hautes. Ca, ça ne me dérange pas. Mais pour le reste ? Laisser de côté les devoirs finaux et noter au fil de l'eau ? Evidemment ma question ne vaut que si l'on considère que c'est un problème d'avoir une moyenne si basse (ce qui est mon cas).
- henrietteMédiateur
Ce fil étant consacré aux groupes en français, je l'ai déplacé et en ai précisé le titre.
_________________
"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- henrietteMédiateur
Je signale ici le fil initié par @Thalie pour les 5e :
https://www.neoprofs.org/t145131-au-secours-groupe-de-besoin-5e-non-lecteurs-mdph-etc
Et celui de @Salsepareille :
https://www.neoprofs.org/t144644-francais-5eme-groupe-a-besoins
https://www.neoprofs.org/t145131-au-secours-groupe-de-besoin-5e-non-lecteurs-mdph-etc
Et celui de @Salsepareille :
https://www.neoprofs.org/t144644-francais-5eme-groupe-a-besoins
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- BaldredSage
Merci @henriette. Je ne sais pas s'il est possible ou souhaitable de fusionner ces fils, en particulier celui de @Thalie que j'aurais dû poursuivre au lieu d'en ouvrir un.
- BaldredSage
yranoh a écrit:Merci pour ce fil. Je commence, avec la même question que sur l'autre. Comment évaluer, en ce qui me concerne, évaluer avec des notes ? Je suis d'accord qu'on ne peut pas évaluer de la même manière nos groupes différemment performants, ni faire les mêmes cours, avoir les mêmes objectifs. Mais quand on pratique déjà tout ça (pas forcément bien, certes), concrètement, comment faire pour ne pas avoir 4/5 de moyenne, quand on a quand même 1/5 du groupe qui essaie de faire quelque chose ? Comme je le disais, les rédactions, on les fait largement ensemble, individuellement, donc forcément les notes sont plus hautes. Ca, ça ne me dérange pas. Mais pour le reste ? Laisser de côté les devoirs finaux et noter au fil de l'eau ? Evidemment ma question ne vaut que si l'on considère que c'est un problème d'avoir une moyenne si basse (ce qui est mon cas).
Je fais comme pour toi en rédaction.
Pour la grammaire je fractionne au maximum, en notant sur 10. Je fais un bref test à chaque début de séance, les élèves peuvent avoir 10 dès le premier test, ils s'améliorent à chaque test et finissent tous par avoir 10. Pour l'instant une seule élève, pas la moins performante, n'y arrive pas. Ses problèmes familiaux, que je pressens encore plus graves que ce qu'il y a dans son dossier pourtant déjà lourd, font d'elle une page toujours blanche.
Pour l'orthographe même système de fractionnement avec la phrase quotidienne avec quelques mots seulement évalués. Pour l'instant ils perdent des points sur des erreurs grammaticales signalées et en gagnent sur certains mots bien écrits. Lorsque j'aurai fini avec eux les vérifications sur la terminaison des verbes en [e], en particulier l'accord des participes passés, je passerai à la notation positive.
Je travaille aussi la mémorisation avec des courts poèmes à apprendre et réciter. J'ai par exemple donné "îles" de Cendrars sous forme de trame à compléter et c'est leur version qu'ils devaient réciter. Les résultats sont pour l'instant encourageants alors que ce groupe a la même composition que celles déjà évoquées ici : 4 Gevasco, 4 Pap, 3 AESH, 6 gros dossiers traités par l'assistante sociale et la psychologue sur 12. Mais pas de perturbateur chronique.
Cela ne règle pas le problème évoqué dans l'autre fil. Il s'agit d'une notation relative à ce groupe, pas d'une notation "absolue" de 5e. Cela demande de leur être expliqué, comme pour un sport ou le groupe débutant ne peut pas être évalué comme le groupe expert.
A ce stade, je considère ces élèves comme des accidentés auxquels je propose la seule rééducation que je maîtrise : la rééducation scolaire.
- VerduretteModérateur
Baldred a écrit:Euphémia a écrit:Il me semble en effet que le problème posé par le principe des groupes de niveaux est là : dans toutes nos classes, il y a des élèves auxquels, plus ou moins contraints par les circonstances, nous avons renoncé à enseigner. Quand nous sommes face à un groupe constitué uniquement de ces élèves là, nous ne pouvons plus les ignorer, les oublier, faire semblant de ne pas voir.Qu"attendre de ces élèves dont en général on n'attend plus rien ?
Oui.
A ce propos, j'entends bien que le groupe faible est infamant, mais être dans ce groupe est-il plus infamant que d'être le nul officiel de la classe ?
Autre remarque : Pourquoi nous sentons-nous illégitimes à enseigner à des élèves en échec ?
@ la remarque 1 de Baldred : c'est exactement mon sentiment. Ca se voit plus, c'est tout, c'est formalisé, explicitement dit. Mais ne pas le dire et noyer le poisson est hypocrite, et surtout ce n'est pas une aide.
On en vient ici aux propos d'Euphémia : cette fois, on est obligé de regarder la vérité en face et d'essayer d'agir, au lieu de les laisser se noyer discrètement au fond de la classe.
Pour autant, je ne dis pas que c'est facile, car dans le premier degré on assiste aux prémices des difficultés de ces élèves (et parfois même dès la maternelle).
Je rejoins Elyas sur l'efficacité de la pédagogie de Serge Boimare et surtout l'intérêt de son diagnostic.
Il y a actuellement une collection sur la mythologie que vous connaissez sûrement : le Feuilleton de... (Hermès, Ulysse, Thésée ...)
Il y a également ce livre dédié normalement aux CM1-CM2 mais qui pourrait à mon sens s'adresser à des groupes de collège "faibles" :
https://www.dunod.com/sciences-humaines-et-sociales/en-classe-avec-jules-verne-tour-du-monde-en-80-jours-et-en-36-0
Dunod a écrit:Êtes-vous prêts à relever le pari de la médiation culturelle ? Cet ouvrage a été conçu pour permettre aux enseignants et aux élèves d’explorer cette nouvelle modalité de transmission des textes et des savoirs en lisant Le Tour du monde en quatre-vingts jours de Jules Verne. Sur les traces de Passepartout, les élèves, à partir de 8 ans, entendront le texte original réécrit pour en faciliter la lecture à voix haute par les professeurs et les parents. Après la lecture, des questions ouvrent un temps de débat. Cet entraînement à l’argumentation permet, en suivant la méthode de Serge Boimare, une entrée facilitée dans les apprentissages. Chaque épisode possède ses activités orales ou écrites de prolongements : vocabulaire, écriture, géographie, histoire, anglais, mathématiques, sciences et arts. Autant de défis à relever pour les élèves, adaptables à leur niveau !
Le lien permet également d'accéder à des ressources d'exercices en ligne.
- vyneilNiveau 5
Baldred a écrit:
Pourquoi nous y retrouvons-nous, nous ? . Les réponses peuvent être multiples, contradictoires, parcellaires, mais au moins il faut se poser la question.
D'autant que pour nombre d'entre nous,
1) "Le chef d’établissement privé sous contrat est par exemple libre et responsable en ce qui concerne les objectifs, contenus, programmes et méthodes d’enseignement, tant qu’ils respectent par ailleurs les normes édictées dans les décrets et arrêtés du ministre."
2) "Au sujet de la réforme du choc des savoirs, les établissements privés sous contrat avaient annoncé que les groupes de niveau ne seraient pas imposés dans leurs collèges. Cette réforme n’avait pas suscité d’adhésion du côté des personnels, des familles comme des organisations syndicales de l’enseignement public."
Baldred a écrit:
Pour quel(s) objectif(s) ? Que nous sommes nous prêts à faire pour cela ?
Et si notre rôle de fonctionnaire nous conduit à agir en ce sens, ne ressentons-nous pour autant aucune forme de compromission en actant ainsi cette rupture d'égalité entre les établissements privés sous contrat et publics ?
Sources
Lien 1
Lien 2
- CaroNiveau 10
Merci beaucoup pour l'ouverture de cette discussion qui me fait le plus grand bien !!! Je me rends compte que je ne suis pas la seule « à galérer ».
Dès mi-septembre, j'avais évoqué mes difficultés à travailler avec mon groupe faible. Plusieurs collègues m'avaient donné des pistes.
Je suis comme vous : je navigue à vue, sans réel objectif.
A la rentrée, avec mon groupe de 5ème, j'attaque une séquence sur Bisclavret. Mes vacances sont donc consacrées à la préparation des cours pour mon groupe faible.
Dès mi-septembre, j'avais évoqué mes difficultés à travailler avec mon groupe faible. Plusieurs collègues m'avaient donné des pistes.
Je suis comme vous : je navigue à vue, sans réel objectif.
A la rentrée, avec mon groupe de 5ème, j'attaque une séquence sur Bisclavret. Mes vacances sont donc consacrées à la préparation des cours pour mon groupe faible.
- BaldredSage
Verdurette a écrit:Baldred a écrit:Euphémia a écrit:Il me semble en effet que le problème posé par le principe des groupes de niveaux est là : dans toutes nos classes, il y a des élèves auxquels, plus ou moins contraints par les circonstances, nous avons renoncé à enseigner. Quand nous sommes face à un groupe constitué uniquement de ces élèves là, nous ne pouvons plus les ignorer, les oublier, faire semblant de ne pas voir.Qu"attendre de ces élèves dont en général on n'attend plus rien ?
Oui.
A ce propos, j'entends bien que le groupe faible est infamant, mais être dans ce groupe est-il plus infamant que d'être le nul officiel de la classe ?
Autre remarque : Pourquoi nous sentons-nous illégitimes à enseigner à des élèves en échec ?
@ la remarque 1 de Baldred : c'est exactement mon sentiment. Ca se voit plus, c'est tout, c'est formalisé, explicitement dit. Mais ne pas le dire et noyer le poisson est hypocrite, et surtout ce n'est pas une aide.
On en vient ici aux propos d'Euphémia : cette fois, on est obligé de regarder la vérité en face et d'essayer d'agir, au lieu de les laisser se noyer discrètement au fond de la classe.
Pour autant, je ne dis pas que c'est facile, car dans le premier degré on assiste aux prémices des difficultés de ces élèves (et parfois même dès la maternelle).
Je rejoins Elyas sur l'efficacité de la pédagogie de Serge Boimare et surtout l'intérêt de son diagnostic.
Il y a actuellement une collection sur la mythologie que vous connaissez sûrement : le Feuilleton de... (Hermès, Ulysse, Thésée ...)
Il y a également ce livre dédié normalement aux CM1-CM2 mais qui pourrait à mon sens s'adresser à des groupes de collège "faibles" :
https://www.dunod.com/sciences-humaines-et-sociales/en-classe-avec-jules-verne-tour-du-monde-en-80-jours-et-en-36-0Dunod a écrit:Êtes-vous prêts à relever le pari de la médiation culturelle ? Cet ouvrage a été conçu pour permettre aux enseignants et aux élèves d’explorer cette nouvelle modalité de transmission des textes et des savoirs en lisant Le Tour du monde en quatre-vingts jours de Jules Verne. Sur les traces de Passepartout, les élèves, à partir de 8 ans, entendront le texte original réécrit pour en faciliter la lecture à voix haute par les professeurs et les parents. Après la lecture, des questions ouvrent un temps de débat. Cet entraînement à l’argumentation permet, en suivant la méthode de Serge Boimare, une entrée facilitée dans les apprentissages. Chaque épisode possède ses activités orales ou écrites de prolongements : vocabulaire, écriture, géographie, histoire, anglais, mathématiques, sciences et arts. Autant de défis à relever pour les élèves, adaptables à leur niveau !
Le lien permet également d'accéder à des ressources d'exercices en ligne.
Merci pour le lien, le feuilleton d'Ulysse est très intéressant à utiliser en classe. Boimare est un des premiers à avoir considéré que les élèves qui échouent entrent dans notre domaine professionnel, et à proposer un cadre et des outils pour agir.
- Melyne5Fidèle du forum
Merci pour ces pistes. Je viens d'aller voir rapidement le feuilleton d ' Ulysse. Intéressant, ce pourrait être le fil conducteur de l'année de 6e puisque 100 épisodes mais ne vont ils pas se lasser ? Il faudrait alors renoncer à d'autres thèmes (contes, fables...) et se centrer sur la lecture. Je pense avoir intégré l'idée de renoncer aux progressions / thématiques communes et même au programme grâce a nos échanges depuis 2 jours mais le temps...je ne peux pas rallonger les 4heures30. A quoi renoncer ? La grammaire ? L'écriture?
- yranohHabitué du forum
Merci Baldred pour ces pistes qui vont me permettre de recadrer un peu. Je pratique la phrase du jour pour la grammaire mais je vais peut-être y ajouter deux petites phrases de dictée. Et j'aime bien l'idée de leur faire apprendre régulièrement un petit texte (poème ou non), je crois que je vais essayer. J'aurais bien envie de prendre un rythme d'une fois par semaine, mais je ne pense pas que ça soit possible. On peut imaginer faire apprendre par exemple, 3 textes différents en roulement sur une période, pour ne pas les entendre en bloc et mieux les fixer. Je ne sais pas je réfléchis en tapant. Pour Boimare il me semble que la question, notamment, du rythme quotidien était essentiel, non ?
Le lien du fil sur Boimare : https://www.neoprofs.org/t121556-serge-boimare-comment-aider-les-eleves-empeches-de-penser
Le lien du fil sur Boimare : https://www.neoprofs.org/t121556-serge-boimare-comment-aider-les-eleves-empeches-de-penser
- SisypheHabitué du forum
Je n'ai pas ces groupes. J'enseigne en lycée. Je voulais juste dire que je vous trouve formidables. Vous cherchez encore et toujours des solutions. Vos élèves ont de la chance de vous avoir.
- yranohHabitué du forum
Merci, Sisyphe.
@Melyne, que penses-tu de la phrase du jour pour la grammaire ? Je trouve que c'est très adapté pour des élèves en difficulté. Et je fais moins de grammaire à côté.
@Melyne, que penses-tu de la phrase du jour pour la grammaire ? Je trouve que c'est très adapté pour des élèves en difficulté. Et je fais moins de grammaire à côté.
- BaldredSage
Melyne5 a écrit:Merci pour ces pistes. Je viens d'aller voir rapidement le feuilleton d ' Ulysse. Intéressant, ce pourrait être le fil conducteur de l'année de 6e puisque 100 épisodes mais ne vont ils pas se lasser ? Il faudrait alors renoncer à d'autres thèmes (contes, fables...) et se centrer sur la lecture. Je pense avoir intégré l'idée de renoncer aux progressions / thématiques communes et même au programme grâce a nos échanges depuis 2 jours mais le temps...je ne peux pas rallonger les 4heures30. A quoi renoncer ? La grammaire ? L'écriture?
Je pense que les méthodes doivent être torturées. On peut faire le feuilleton d'Ulysse et surtout la discussion qui suit ( un héros peut-il avoir peur? Est-il normal de mentir etc..) par période et se donner le droit de ne pas monter un atelier complet.
Il me semble que l'on ne doit renoncer à rien. Je leur dis que dans cette classe on ne fait pas moins, on fait autrement.
A mon sens le seul vrai problème est un élève au comportement ingérable. On est d'accord avec les collègues pour en faire l'OVNI du groupe fort qu'il ne risque pas de déstabiliser.
- BaldredSage
Sisyphe a écrit:Je n'ai pas ces groupes. J'enseigne en lycée. Je voulais juste dire que je vous trouve formidables. Vous cherchez encore et toujours des solutions. Vos élèves ont de la chance de vous avoir.
Merci @Sysiphe, l'institution se moquant de la piétaille, il est très motivant de nous soutenir entre nous
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