- roxanneOracle
Eternel débat..
Je suis en train de corriger le bac blanc, dissertation sur la littérature d'idées. Cela n'a pas été une surprise pour une majorité des élèves puisqu'un collègue (comme chaque année ) a fait fuiter l'objet d'étude. Mais, comme les parcours limitent les sujets et problématiques, on se retrouve avec le même type de sujets et donc le même type de devoirs (je trouve que c'st moins vrai pour le roman et je pense Rimbaud). J'ai essentiellement corrigé des dissertations donc et de deux classes dont les collègues sont les rois du formatage, les mêmes expressions un peu pompeuses ("nous sommes en droit de nous demander" je n'en peux plus), les mêmes exemples. Je sais que ces collègues font apprendre des passages par cœur à recracher et préparent des sujets très proches. Moi, j'ai du mal à faire ça, je donne les éléments, quelques formulations à choisir, mais je veux qu'ils se débrouillent quitte à ce que ça soit moins "parfait". Donc, les notes s'envolent mais j'ai un goût un peu amer. A côté de ça, le commentaire moins choisi est peut-être plus laborieux (c'était la mort de Tarrou dans La Peste) mais au moins, j'ai l'impression que les élèves mouillent leurs chemises, tentent des choses mais forcément, les notes sont moins bonnes alors que l'exercice littéraire me parait plus intéressant.
Je suis en train de corriger le bac blanc, dissertation sur la littérature d'idées. Cela n'a pas été une surprise pour une majorité des élèves puisqu'un collègue (comme chaque année ) a fait fuiter l'objet d'étude. Mais, comme les parcours limitent les sujets et problématiques, on se retrouve avec le même type de sujets et donc le même type de devoirs (je trouve que c'st moins vrai pour le roman et je pense Rimbaud). J'ai essentiellement corrigé des dissertations donc et de deux classes dont les collègues sont les rois du formatage, les mêmes expressions un peu pompeuses ("nous sommes en droit de nous demander" je n'en peux plus), les mêmes exemples. Je sais que ces collègues font apprendre des passages par cœur à recracher et préparent des sujets très proches. Moi, j'ai du mal à faire ça, je donne les éléments, quelques formulations à choisir, mais je veux qu'ils se débrouillent quitte à ce que ça soit moins "parfait". Donc, les notes s'envolent mais j'ai un goût un peu amer. A côté de ça, le commentaire moins choisi est peut-être plus laborieux (c'était la mort de Tarrou dans La Peste) mais au moins, j'ai l'impression que les élèves mouillent leurs chemises, tentent des choses mais forcément, les notes sont moins bonnes alors que l'exercice littéraire me parait plus intéressant.
- lene75Prophète
Le même problème se pose pour le bac ou pas ? Les sujets qui peuvent tomber y restent-ils très limités ? Si oui la question est plus épineuse. Sinon c'est un problème de bac blanc.
Je ne suis pas dans la même discipline, mais nous pouvons avoir des problèmes similaires, et plus ça va moins j'apprécie les bacs blancs avec sujets communs / échanges de copies. Les parents ont tort de penser que c'est gage de justice. C'est tout le contraire. L'approche de tes collègues se défend, ou en tout cas pourrait se défendre dans ma matière, comme pratique pédagogique en cours d'année (et nous sommes en cours d'année), pour intégrer la méthode, d'ailleurs pour ma part en début d'année je fais carrément apprendre une explication de texte par cœur et je fais un contrôle dessus. Mais il faut adapter la notation en fonction, donc il faut que les attentes soient claires et que ce soit corrigé par quelqu'un qui sait exactement ce qui a été fait en classe, autant dire par le prof de la classe, qui est seul à le savoir exactement, et ça devient injuste dans un bac blanc si toutes les classes ne sont pas logées à la même enseigne.
Je ne suis pas dans la même discipline, mais nous pouvons avoir des problèmes similaires, et plus ça va moins j'apprécie les bacs blancs avec sujets communs / échanges de copies. Les parents ont tort de penser que c'est gage de justice. C'est tout le contraire. L'approche de tes collègues se défend, ou en tout cas pourrait se défendre dans ma matière, comme pratique pédagogique en cours d'année (et nous sommes en cours d'année), pour intégrer la méthode, d'ailleurs pour ma part en début d'année je fais carrément apprendre une explication de texte par cœur et je fais un contrôle dessus. Mais il faut adapter la notation en fonction, donc il faut que les attentes soient claires et que ce soit corrigé par quelqu'un qui sait exactement ce qui a été fait en classe, autant dire par le prof de la classe, qui est seul à le savoir exactement, et ça devient injuste dans un bac blanc si toutes les classes ne sont pas logées à la même enseigne.
- NoukaExpert
roxanne a écrit:Eternel débat..
Je suis en train de corriger le bac blanc, dissertation sur la littérature d'idées. Cela n'a pas été une surprise pour une majorité des élèves puisqu'un collègue (comme chaque année ) a fait fuiter l'objet d'étude. Mais, comme les parcours limitent les sujets et problématiques, on se retrouve avec le même type de sujets et donc le même type de devoirs (je trouve que c'st moins vrai pour le roman et je pense Rimbaud). J'ai essentiellement corrigé des dissertations donc et de deux classes dont les collègues sont les rois du formatage, les mêmes expressions un peu pompeuses ("nous sommes en droit de nous demander" je n'en peux plus), les mêmes exemples. Je sais que ces collègues font apprendre des passages par cœur à recracher et préparent des sujets très proches. Moi, j'ai du mal à faire ça, je donne les éléments, quelques formulations à choisir, mais je veux qu'ils se débrouillent quitte à ce que ça soit moins "parfait". Donc, les notes s'envolent mais j'ai un goût un peu amer. A côté de ça, le commentaire moins choisi est peut-être plus laborieux (c'était la mort de Tarrou dans La Peste) mais au moins, j'ai l'impression que les élèves mouillent leurs chemises, tentent des choses mais forcément, les notes sont moins bonnes alors que l'exercice littéraire me parait plus intéressant.
Quel était le sujet de la dissert si ce n’est pas indiscret ?
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En disponibilité
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Mais est-ce du formatage ou de la formation ?
Il faut bien apprendre aux élèves les normes et les automatismes nécessaires à la réalisation d'une dissertation. Comment le faire avec uniquement des sujets inconnus et qui demandent de se distiller le cerveau et d'avoir 1000 points de QI ? N'y a-t-il pas une réflexion à mener sur l'ordre des éléments du système pédagogique ?
De façon plus générale, les sujets difficiles de composition du CAPES ou de l'agrégation sont-ils un outil pertinent pour recruter des enseignants ? Que mesure-t-on la dedans ? Leur capacité à rendre une copie alors qu'ils n'ont pas grand chose à dire ? Leur niveau de maîtrise rhétorico-pipeaumétrique ? Leurs 175 points de QI qui leur permettent de voir des structures dans les motifs et d'inférer la bonne réponse à partir d'indices lacunaires ? Leur niveau de chance à avoir révisé pile poil par hasard la bonne fiche la veille ?
Il y a une sorte de mythologie du sujetdeconcoursdelamortquituetoutsursonpassagemêmelesmouches et du candidat qui triomphe de l'adversité qui est sûrement très intéressante pour un anthropologue comme modèle de rite de passage et d'appartenance mais qui devrait être questionnée par la pensée méthodique. D'ailleurs, il y a une sociologie sur le sujet : réussir une dissertation est-ce vraiment exceller dans sa discipline ou avoir été formé aux bons codes par la bonne filière de formation (formatage) ?
Cette année en seconde, je donne les sujets et les corrigés (en même temps) aux élèves. Je leur laisse l'accès au corrigé pendant les entraînements, et devinez quoi ? Ben, même avec le corrigé, c'est difficile pour certains. Je préfère que les élèves connaissent la réponse, mais développent des automatismes, plutôt que d'exiger d'eux une autonomie intellectuelle qui ne peut être mobilisée qu'après l'acquisition d'automatismes et de connaissances. Je leur donne des sujets dont ils n'ont pas le corrigé que six fois par an.
Il faut bien apprendre aux élèves les normes et les automatismes nécessaires à la réalisation d'une dissertation. Comment le faire avec uniquement des sujets inconnus et qui demandent de se distiller le cerveau et d'avoir 1000 points de QI ? N'y a-t-il pas une réflexion à mener sur l'ordre des éléments du système pédagogique ?
De façon plus générale, les sujets difficiles de composition du CAPES ou de l'agrégation sont-ils un outil pertinent pour recruter des enseignants ? Que mesure-t-on la dedans ? Leur capacité à rendre une copie alors qu'ils n'ont pas grand chose à dire ? Leur niveau de maîtrise rhétorico-pipeaumétrique ? Leurs 175 points de QI qui leur permettent de voir des structures dans les motifs et d'inférer la bonne réponse à partir d'indices lacunaires ? Leur niveau de chance à avoir révisé pile poil par hasard la bonne fiche la veille ?
Il y a une sorte de mythologie du sujetdeconcoursdelamortquituetoutsursonpassagemêmelesmouches et du candidat qui triomphe de l'adversité qui est sûrement très intéressante pour un anthropologue comme modèle de rite de passage et d'appartenance mais qui devrait être questionnée par la pensée méthodique. D'ailleurs, il y a une sociologie sur le sujet : réussir une dissertation est-ce vraiment exceller dans sa discipline ou avoir été formé aux bons codes par la bonne filière de formation (formatage) ?
Cette année en seconde, je donne les sujets et les corrigés (en même temps) aux élèves. Je leur laisse l'accès au corrigé pendant les entraînements, et devinez quoi ? Ben, même avec le corrigé, c'est difficile pour certains. Je préfère que les élèves connaissent la réponse, mais développent des automatismes, plutôt que d'exiger d'eux une autonomie intellectuelle qui ne peut être mobilisée qu'après l'acquisition d'automatismes et de connaissances. Je leur donne des sujets dont ils n'ont pas le corrigé que six fois par an.
- NLM76Grand Maître
roxanne a écrit:Eternel débat..
Je suis en train de corriger le bac blanc, dissertation sur la littérature d'idées. Cela n'a pas été une surprise pour une majorité des élèves puisqu'un collègue (comme chaque année ) a fait fuiter l'objet d'étude. Mais, comme les parcours limitent les sujets et problématiques, on se retrouve avec le même type de sujets et donc le même type de devoirs (je trouve que c'st moins vrai pour le roman et je pense Rimbaud). J'ai essentiellement corrigé des dissertations donc et de deux classes dont les collègues sont les rois du formatage, les mêmes expressions un peu pompeuses ("nous sommes en droit de nous demander" je n'en peux plus), les mêmes exemples. Je sais que ces collègues font apprendre des passages par cœur à recracher et préparent des sujets très proches. Moi, j'ai du mal à faire ça, je donne les éléments, quelques formulations à choisir, mais je veux qu'ils se débrouillent quitte à ce que ça soit moins "parfait". Donc, les notes s'envolent mais j'ai un goût un peu amer. A côté de ça, le commentaire moins choisi est peut-être plus laborieux (c'était la mort de Tarrou dans La Peste) mais au moins, j'ai l'impression que les élèves mouillent leurs chemises, tentent des choses mais forcément, les notes sont moins bonnes alors que l'exercice littéraire me parait plus intéressant.
J'essaie de mettre de bonnes notes voire de très bonnes notes à ceux qui mouillent leur chemise : ils remplissent le contrat, puisqu'ils réfléchissent. En revanche, les copies formatées, avec des citations que tout le monde prend, à l'appui de raisonnements tout faits, passent très facilement en dessous de la moyenne : le contrat n'est pas rempli, puisque ces copies ne montrent pas véritablement une lecture du livre (on peut le faire sans avoir lu le livre), ni une véritable réflexion.
@beaverforever. Tu entretiens un mythe, selon lequel il ne serait pas possible d'élaborer une réflexion personnelle, quand on est un élève de 1re. En fait, c'est possible, y compris pour les élèves normaux, en particulier si ton professeur n'est pas obsédé par un formatage vain, mais t'enseigne à penser vraiment, à mettre en forme rigoureusement ta pensée (orthographe, syntaxe, paragraphes). J'ai quelques preuves, pour ce qui concerne la dissertation et le commentaire littéraire.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
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