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- Nuage BlancNiveau 1
maldoror1 a écrit:Nuage Blanc a écrit:Bonjour,
Pour contrebalancer l'avis des collègues te conseillant d'écouter Estelle Youssouffa, qui tient une position proche de l'extrême-droite française, je t'incite également à lire les articles écrits par l'association "Survie" sur leur site (Mayotte et Comores).
Les situations à Mayotte ou en Guyane sont en effet complexes, cela est dû entre autre à la part de la colonisation dans l'histoire de ces territoires, mais également à un investissement public moindre comparé à d'autres académies. La situation en Guyane est toutefois moins compliquée selon les endroits ou l'on se trouve (Cayenne/Rémire/Kourou).
Il y a des choses à faire sur place, mais effectivement nullement besoin d'hypothétiques sauveurs ou sauveuses. Il est donc nécessaire de bien réfléchir à son positionnement lorsque l'on arrive sur ces académies.
Bon courage dans tes demandes de mutations !
Parler de la réalité c'est être d'extrême-droite ?
Estelle Youssouffa est deputée et dans cette mesure a un programme politique et une analyse qui ne se résume pas à "parler de la réalité". Elle appelait l'armée à aller plastiquer les usines de l'île voisine il y a quelques années.
Prezbo a écrit:Nuage Blanc a écrit:Bonjour,
Pour contrebalancer l'avis des collègues te conseillant d'écouter Estelle Youssouffa, qui tient une position proche de l'extrême-droite française, je t'incite également à lire les articles écrits par l'association "Survie" sur leur site (Mayotte et Comores).
Les situations à Mayotte ou en Guyane sont en effet complexes, cela est dû entre autre à la part de la colonisation dans l'histoire de ces territoires, mais également à un investissement public moindre comparé à d'autres académies. La situation en Guyane est toutefois moins compliquée selon les endroits ou l'on se trouve (Cayenne/Rémire/Kourou).
Il y a des choses à faire sur place, mais effectivement nullement besoin d'hypothétiques sauveurs ou sauveuses. Il est donc nécessaire de bien réfléchir à son positionnement lorsque l'on arrive sur ces académies.
Bon courage dans tes demandes de mutations !
Plaquer une grille de lecture décoloniale sur le cas particulier de Mayotte, c'est être particulièrement à côté de la plaque, si on se renseigne un peu sur l'histoire de l'île avant, pendant et après la décolonisation.
Par ailleurs, les élus mahorais tiennent effectivement régulièrement des discours sur les comoriens face auxquels celui du RN en métropole paraît modéré (Marine Le Pen y a d'ailleurs été largement en tête aux dernières présidentielles, dans une île musulmane à plus de 90%), reste à savoir pourquoi on est arrivé dans cette situation. J'y vois surtout la preuve que les populations non-blanches ou musulmanes ne sont pas moins xénophobes que les autres dès lors que la situation sécuritaire devient intenable.
Vous parlez vous même de décolonisation, plaquer une grille de lecture décoloniale ne me semble pas hors-propos. L'histoire de Mayotte ne commence pas en 1976, et bien évidemment que la situation y est complexe ce que je n'ai pas manqué de souligner dans mon propos.
J'ajoute que j'ai seulement conseillé à la collègue de se renseigner via différents canaux et points de vues concernant la situation à Mayotte et de ne pas se limiter à un point de vue qui est en effet raccord avec les positions de l'extrême droite en France hexagonale, ni plus ni moins.
Je t'invite une fois de plus collègue à continuer de te renseigner sur les différents territoires qui t’intéressent pour tes demandes de mutations. Aller faire un tour sur le site de la Première (France TV) peut être intéressant également pour prendre le pouls en plus des différents témoignage que tu trouvera ici ou ailleurs.
- PrezboGrand Maître
Nuage Blanc a écrit:
Vous parlez vous même de décolonisation, plaquer une grille de lecture décoloniale ne me semble pas hors-propos. L'histoire de Mayotte ne commence pas en 1976, et bien évidemment que la situation y est complexe ce que je n'ai pas manqué de souligner dans mon propos.
J'ajoute que j'ai seulement conseillé à la collègue de se renseigner via différents canaux et points de vues concernant la situation à Mayotte et de ne pas se limiter à un point de vue qui est en effet raccord avec les positions de l'extrême droite en France hexagonale, ni plus ni moins.
Je t'invite une fois de plus collègue à continuer de te renseigner sur les différents territoires qui t’intéressent pour tes demandes de mutations. Aller faire un tour sur le site de la Première (France TV) peut être intéressant également pour prendre le pouls en plus des différents témoignage que tu trouvera ici ou ailleurs.
Effectivement, l'histoire de Mayotte ne commence pas en 1976. La spécificité de l'île, c'est d'avoir intégré la France avant le reste des Comores et de n'avoir jamais été conquise, mais achetée par la France au dernier Sultan arabe à y avoir régné. Par la suite, le mouvement hostile à la mainmise de Grande Comore et d'Anjouan, demandant l'intégration de Mayotte à la république et la départementalisation, y commence avant l'indépendance. La suite est connue : l'île vote majoritairement contre l'indépendance en 1974, l'Etat décide d'appliquer les résultats du référendum île par île pour n'accorder l'indépendance qu'aux trois autres (qui ne vivent d'ailleurs pas une union sans nuage depuis). C'était sans doute créer une situation intenable, mais depuis tous les référendums à Mayotte ont approuvé par des majorités écrasantes (plus de 90%) le choix de rester dans la république française, puis la départementalisation.
On peut trouver insupportable le discours des élus Mahorais (mais le contexte d'explosion démographique, d'effondrement sanitaire et d'insécurité hors-contrôle ne favorise sans doute pas les discours modérés), mais à Mayotte, ce n'est pas l'Etat qui empêche une réunion des Comores souhaitée par les habitants (au demeurant, les Comores n'ont jamais été un ensemble uni, même les dialectes sont différents d'une île à l'autre) : ce sont les habitants qui réclament la lutte contre l'immigration et l'insécurité, au besoin en pratiquant eux-même des opérations de décasage sauvage. Voir par exemple ici :
https://www.defenseurdesdroits.fr/rapport-sur-les-operations-dites-de-decasage-mayotte-434
http://www.gisti.org/spip.php?article5698
Je serais curieux de savoir ce que proposent ceux qui voient le problème de Mayotte comme un problème de main-mise de l'Etat colonial : imposer l'indépendance unilatéralement en expliquant aux mahorais qu'ils ne sont désormais plus français ?
- MathadorEmpereur
Ou alors reconnaître la revendication de l'Union des Comores sur l'île de Mayotte.Prezbo a écrit:Je serais curieux de savoir ce qui proposent ceux qui voient le problème de Mayotte un problème de main-mise de l'Etat colonial : imposer l'indépendance unilatéralement en expliquant aux mahorais qu'ils ne sont désormais plus français ?
Il ne faut pas oublier que chez certains, la colonisation n'est le mal que lorsque le colonisateur est occidental…
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- Reine MargotDemi-dieu
Surtout que des puissances pas très lointaines, la Chine, l'Inde voire la Russie, seraient ravis de voir Mayotte quitter le giron français.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- YansoNiveau 6
Mathador a écrit:Ou alors reconnaître la revendication de l'Union des Comores sur l'île de Mayotte.Prezbo a écrit:Je serais curieux de savoir ce qui proposent ceux qui voient le problème de Mayotte un problème de main-mise de l'Etat colonial : imposer l'indépendance unilatéralement en expliquant aux mahorais qu'ils ne sont désormais plus français ?
Il ne faut pas oublier que chez certains, la colonisation n'est le mal que lorsque le colonisateur est occidental…
Contre la volonté des mahorais qui étaient français et veulent le rester ? C'est se débarrasser des problèmes d'immigration et d'insécurité plutôt que les résoudre. Et pourquoi pas ne faire pas la même chose avec certaines villes de France ?
- ElaïnaDevin
C'est vrai ça. Rendons Lille et sa braderie surcôtée aux Espagnols.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- YansoNiveau 6
Elaïna a écrit:C'est vrai ça. Rendons Lille et sa braderie surcôtée aux Espagnols.
Ici il ne s'agit pas de rendre mais de donner car Mayotte n'a jamais appartenu aux Comores.
- ElaïnaDevin
C'est vrai ça. Donnons la Bourgogne aux escargots.
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- Patience et raisonFidèle du forum
Et le Roussillon à la Catalogne sud!
_________________
Scio me nihil scire
Ambassadeur de Sparte à Byzance.
« Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit » — Henri Lacordaire
« Quand le droit bavarde, le citoyen ne lui prête plus qu'une oreille distraite » — Rapport du Conseil d'État de 1991, De la sécurité juridique.
"Alors n’oubliez pas : si vous voulez vraiment être productifs, apprenez à travailler avec des outils qui font gagner du temps au lieu de tout refaire à la main. Mais si votre passion, c’est de ne surtout pas utiliser de livres déjà complets, et de réécrire votre propre truc à chaque fois parce que « Je préfère utiliser mes propres outils et je n’arrive pas à utiliser ceux des autres« , alors félicitations :
Vous êtes bons pour rejoindre l’Éducation Nationale française." Odieux ***.
- ElaïnaDevin
Patience et raison a écrit:Et le Roussillon à la Catalogne sud!
Avec ou sans Manuel Valls ?
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- RamoneurNiveau 8
En tant que savoyard il m’arrive encore de dire passer en France quand je traverse le Guiers.
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Ah, dis-je.
Ernest Hemingway
- EnaecoVénérable
Yanso a écrit:Mathador a écrit:Ou alors reconnaître la revendication de l'Union des Comores sur l'île de Mayotte.Prezbo a écrit:Je serais curieux de savoir ce qui proposent ceux qui voient le problème de Mayotte un problème de main-mise de l'Etat colonial : imposer l'indépendance unilatéralement en expliquant aux mahorais qu'ils ne sont désormais plus français ?
Il ne faut pas oublier que chez certains, la colonisation n'est le mal que lorsque le colonisateur est occidental…
Contre la volonté des mahorais qui étaient français et veulent le rester ? C'est se débarrasser des problèmes d'immigration et d'insécurité plutôt que les résoudre. Et pourquoi pas ne faire pas la même chose avec certaines villes de France ?
L'idée peut paraître bonne sur le papier mais me semble irréalisable. Une île est isolée contrairement à une ville en métropole.
On ne gère déjà pas nos frontières alors exclure une ville en plein milieu, c'est infaisable.
- EdithWGrand sage
Mais si, des charges d'explosif sur la frontière entre la Mayenne et l'Ile et Vilaine, et celle entre la Loire Atlantique et le Morbihan et pouf, plus de Bretagne... elle dérive sur l'Atlantique. Faisable.
- RamoneurNiveau 8
N’empêche qu’on se retrouve loin du questionnement de notre collègue
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Ah, dis-je.
Ernest Hemingway
- RamoneurNiveau 8
Enaeco a écrit:Yanso a écrit:Mathador a écrit:Ou alors reconnaître la revendication de l'Union des Comores sur l'île de Mayotte.Prezbo a écrit:Je serais curieux de savoir ce qui proposent ceux qui voient le problème de Mayotte un problème de main-mise de l'Etat colonial : imposer l'indépendance unilatéralement en expliquant aux mahorais qu'ils ne sont désormais plus français ?
Il ne faut pas oublier que chez certains, la colonisation n'est le mal que lorsque le colonisateur est occidental…
Contre la volonté des mahorais qui étaient français et veulent le rester ? C'est se débarrasser des problèmes d'immigration et d'insécurité plutôt que les résoudre. Et pourquoi pas ne faire pas la même chose avec certaines villes de France ?
L'idée peut paraître bonne sur le papier mais me semble irréalisable. Une île est isolée contrairement à une ville en métropole.
On ne gère déjà pas nos frontières alors exclure une ville en plein milieu, c'est infaisable.
De quelles frontières parles-tu ?
- LiseuNiveau 1
Ramoneur a écrit:N’empêche qu’on se retrouve loin du questionnement de notre collègue
Très juste
Ça devient politique et ça chauffe
- GuiguesNiveau 8
Elaïna a écrit: Par ailleurs, le bonheur par la géographie, il faut oublier aussi.
Je veux bien quelques éclaircissements si possible, cela m’intéresse.
- ElaïnaDevin
Guigues a écrit:Elaïna a écrit: Par ailleurs, le bonheur par la géographie, il faut oublier aussi.
Je veux bien quelques éclaircissements si possible, cela m’intéresse.
C'est très simple : il est illusoire de penser que, si on est malheureux à tel endroit, c'est de la faute de l'endroit. Bien sûr, l'endroit peut jouer (climat pourri par exemple, zone super violente etc) mais il y a fort à parier que l'on ne sera pas plus heureux juste en déménageant. C'est le fameux truc du couple de Parisiens en crise qui pense que tout ira mieux quand on se sera installé à Bordeaux, à Nantes ou à Aix en Provence (ou à Dubaï, ou en Thaïlande, ou à New York). Bah non en fait, une fois l'installation faite et le temps de la découverte passé, la crise revient.
Si on est malheureux en tant que prof dans un collège, il y a peu de chance qu'on soit plus heureux en tant que prof dans un autre collège juste parce que c'est un autre collège, soit-il au bout du monde.
Et inversement, partir s'installer ailleurs ne fera pas de vous le plus malheureux du monde (ça c'est pour les jeunes collègues qui poussent des hurlements quand ils sont affectés dans l'Académie de Versailles et qu'ils doivent quitter Bordeaux, Nantes ou Aix en Provence).
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- GuiguesNiveau 8
Ok merci. Je comprends le raisonnement, et je suis en partie d’accord bien que mon expérience perso (qui vaut ce qu’elle vaut) soit un contre exemple. C’est confirmé par des travaux de géographes/sociologues ou autres ou c’est du ressenti ?
- ElaïnaDevin
Il y avait une étude intéressante https://www.un-ilibrary.org/content/books/9789210562713c009
Elle questionnait le bonheur des migrants (en général) en montrant que le critère économique était loin d'être le seul à peser dans la balance.
Donc inversement, on peut en déduire que le simple fait de changer de lieu est très loin d'être suffisant pour faire le bonheur de quelqu'un.
Elle questionnait le bonheur des migrants (en général) en montrant que le critère économique était loin d'être le seul à peser dans la balance.
Donc inversement, on peut en déduire que le simple fait de changer de lieu est très loin d'être suffisant pour faire le bonheur de quelqu'un.
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- Clecle78Bon génie
Ça me rappelle un certain Sénèque ...Elaïna a écrit:Il y avait une étude intéressante https://www.un-ilibrary.org/content/books/9789210562713c009
Elle questionnait le bonheur des migrants (en général) en montrant que le critère économique était loin d'être le seul à peser dans la balance.
Donc inversement, on peut en déduire que le simple fait de changer de lieu est très loin d'être suffisant pour faire le bonheur de quelqu'un.
- GuiguesNiveau 8
Elaïna a écrit:Il y avait une étude intéressante https://www.un-ilibrary.org/content/books/9789210562713c009
Elle questionnait le bonheur des migrants (en général) en montrant que le critère économique était loin d'être le seul à peser dans la balance.
Donc inversement, on peut en déduire que le simple fait de changer de lieu est très loin d'être suffisant pour faire le bonheur de quelqu'un.
Merci pour la référence.
- RimeNiveau 5
Je suis partie seule à Mayotte à la rentrée 2017. J'y ai vécu donc plus de six ans, seule puis en couple, puis avec des enfants, en colocation, puis propriétaire d'une maison. Et aujourd'hui avec un soulagement immense j'ai obtenu ma mutation. Marre de ne pas pouvoir faire d'activités culturelles, sportives. Marre de me prendre des cailloux, des parpaings, des barres de fer, des planches cloutées, de risquer ma vie en allant au travail ou aux courses. Marre de dire à mes enfants qu'aujourd'hui on ne sort pas, aujourd'hui on ne mange pas ça parce que y a une pénurie. Marre de devoir faire des réserves d'eau, d'acheter des packs à 8 ou 10 euros les 6 bouteilles, de ne pas me doucher quand j'en ai besoin, de faire des lessives un jour sur trois ou quatre, de patienter dans un dispensaire insalubre pour voir un médecin. Assez de faire des allers-retours à la Réunion ou en métropole dès que l'un de nous doit voir un spécialiste. En somme, je n'en peux plus, ce n'est pas une vie. Non, on ne sauve pas le monde dans des établissements de pratiquement 2000 élèves en collège, non on ne fait pas de l'humanitaire. Et non, Estelle Youssoufa n'a pas une bonne analyse de la situation. D'ailleurs elle vient de nous insulter, nous les enseignants, ici, dans le plus grand des calmes. Une plainte a été (ou va être?) déposée à son encontre.
Voilà, pour mon témoignage.
Voilà, pour mon témoignage.
- nattannattanNiveau 5
Je vais répondre en te donnant mon expérience de femme seule ayant muté l'année dernière en Guyane, d'abord à Sinnamary (donc petit village tranquille du littoral) puis dans l'ouest (expérience assez différente).
Tu entendras ces commentaires ici aussi, dans tous les établissements. Partir en Guyane en te disant que tous les élèves sont des anges victimes de leur situation, c'est se préparer à un sacré choc psychologique. Pour rappel, tous les collèges publics de Guyane sont en REP+, à l'exception du collège Dédé à Rémire, c'est dire le climat économico-social de l'académie. Les "élèves en difficultés dont l'environnement familial est souvent déviant ou absent", ça sera la majorité dans beaucoup d'établissements, surtout si tu es dans l'ouest (je suis à Mana, je sais de quoi je parle). Oui, certains élèves sont insupportables. Oui, je dis du mal de certains de mes élèves, et la plupart de mes collègues aussi. Et encore heureux! Il faut arrêter de nier le fait que les élèves sont des êtres à part entière qui ont une personnalité qui leur est propre et ne sont pas seulement des coquilles vides qui subissent leur environnement. Les élèves que je plains le plus sont ceux qui subissent leurs camarades perturbateurs dans le cadre scolaire.
Il faut vite oublier cette mentalité de "white savior", de super prof métropolitain qui vient apporter ton aide précieuse aux "autochtones" en détresse. C'est assez insultant et très mal vu.
Non, aucune obligation de t'installer en co-location, mais sache que les studios sont très chers et peu nombreux. Je ne me sens pas particulièrement en danger en Guyane, mais il faut dire que je ne sors pas le soir : la nuit tombe (à 18h30), je me pose chez moi et je ne bouge plus. Pas par sentiment d'insécurité, juste par choix personnel. Il y a parfois des incidents violents et plus de cambriolages qu'en métropole mais la Guyane n'est pas Mayotte, on y vit quand même assez tranquillement.
Par contre, certains hommes peuvent être assez lourds, oui. Et je ne vais pas me balader en forêt seule autour de Saint-Laurent. Mais ça, ça n'est pas nécessairement propre à la Guyane non plus.
Liseu a écrit:Bonjour,
J'aimerais avoir le retour de femmes seules qui ont muté ou ont l'intention de demander leur mutation prochainement pour la Guyane ou Mayotte.
En effet, j'ai l'intention de partir pour quitter le quotidien triste de mon lycée. Nombre des professeurs ne peuvent s'empêcher de faire des commentaires désobligeants voire malveillants à l'égard d'élèves en difficultés dont l'environnement familial est souvent déviant ou absent.
Tu entendras ces commentaires ici aussi, dans tous les établissements. Partir en Guyane en te disant que tous les élèves sont des anges victimes de leur situation, c'est se préparer à un sacré choc psychologique. Pour rappel, tous les collèges publics de Guyane sont en REP+, à l'exception du collège Dédé à Rémire, c'est dire le climat économico-social de l'académie. Les "élèves en difficultés dont l'environnement familial est souvent déviant ou absent", ça sera la majorité dans beaucoup d'établissements, surtout si tu es dans l'ouest (je suis à Mana, je sais de quoi je parle). Oui, certains élèves sont insupportables. Oui, je dis du mal de certains de mes élèves, et la plupart de mes collègues aussi. Et encore heureux! Il faut arrêter de nier le fait que les élèves sont des êtres à part entière qui ont une personnalité qui leur est propre et ne sont pas seulement des coquilles vides qui subissent leur environnement. Les élèves que je plains le plus sont ceux qui subissent leurs camarades perturbateurs dans le cadre scolaire.
Liseu a écrit:Envie de vivre autre chose et d'apporter de l'aide à des élèves qui en ont vraiment besoin comme en Guyane et à Mayotte.
Il faut vite oublier cette mentalité de "white savior", de super prof métropolitain qui vient apporter ton aide précieuse aux "autochtones" en détresse. C'est assez insultant et très mal vu.
Liseu a écrit:Je vis seule.
Est-ce que l'on doit forcément s'installer en co-location lorsqu'on est une femme dans ces endroits un peu risqués?
Non, aucune obligation de t'installer en co-location, mais sache que les studios sont très chers et peu nombreux. Je ne me sens pas particulièrement en danger en Guyane, mais il faut dire que je ne sors pas le soir : la nuit tombe (à 18h30), je me pose chez moi et je ne bouge plus. Pas par sentiment d'insécurité, juste par choix personnel. Il y a parfois des incidents violents et plus de cambriolages qu'en métropole mais la Guyane n'est pas Mayotte, on y vit quand même assez tranquillement.
Par contre, certains hommes peuvent être assez lourds, oui. Et je ne vais pas me balader en forêt seule autour de Saint-Laurent. Mais ça, ça n'est pas nécessairement propre à la Guyane non plus.
- LiseuNiveau 1
Merci beaucoup à tous pour vos retours d’expérience très instructifs!
- egometDoyen
Elaïna a écrit:
Si on est malheureux en tant que prof dans un collège, il y a peu de chance qu'on soit plus heureux en tant que prof dans un autre collège juste parce que c'est un autre collège, soit-il au bout du monde.
Faut voir. Il est vrai que l'on risque d'emmener ses problèmes avec soi. Mais il y a des tas d'explications possibles au malheur. Quand tout le monde se plaint d'un système éducatif en crise, ce n'est pas complètement déraisonnable de croire qu'on n'est pas fou ou incapable. Le métier d'enseignant est très dépendant du contexte. Je le sais d'expérience.
Le seul moyen d'être sûr est d'aller voir ailleurs. Sérieusement. En essayant de changer vraiment ce qu'on pense être la cause du marasme. Si l'on pense que c'est le métier, il faut se reconvertir. Si le problème tient à des politiques gouvernementales, il faut changer de pays, et sans chercher à garder les avantages de la vie française. C'est sûr que cela implique des sacrifices. Changer d'air peut être une solution, à condition d'être prêt à en payer le prix. Mais surtout, ne pas croire qu'il n'existe pas de porte de sortie. Il y a toujours une porte de sortie. Encore faut-il la chercher.
Ma petite expérience ici:
https://egomet.sanqualis.com/cest-la-faute-de-la-societe/
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
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