- Manu7Expert spécialisé
Elyas a écrit:Je n'ai pas lu tout le sujet mais le message initial.
C'est tout simplement déplorable et tristement amusant de voir des collègues considérer ce qui a été écrit sur mettre moins de 8 sur 20.
Leur logique est celle de l'évaluation par positionnement et ils ne sont pas assez courageux pour renoncer aux notes et aller vers l'évaluation par positionnement. Pire, ils vont attaquer les collègues qui utilisent correctement l'évaluation par notation (qui est avant tout une logique de classement des performances à un temps T, avec la possibilité de rendre le classement des élèves plus compétitif en augmentant le nombre d'échelons de notations, notamment via les 1/2 ou 1/4 de point).
Il faudrait renvoyer ces collègues en formation pour qu'ils comprennent ce que sont les logiques des différents paradigmes d'évaluation. De même, il faudrait que les perdirs les remettent à leur place.
Il faut aussi prendre en compte que dans de nombreux établissements, quand on impose les notes alors on doit mettre des notes et quand on impose des évaluations sans note alors c'est impossible de les rentrer du moment que le CDE refuse de le paramétrer.
Il existe des établissements plus ouple où on peut mélanger les notes et les couleurs mais en noir et blanc sur les bulletins.
D'un autre côté, quand on passe à l'évaluation par positionnement et qu'on laisse la machine faire des moyennes de compétences, en transformant les compétences en notes, c'est vraiment pire que tout. Mais c'est une pratique très courante dans tous les établissements sans note.
Il y a un point qui me semble intéressant. Je suis d'accord pour mettre un zéro pour un cas de triche, mais je ne comprends pas la logique de mettre rouge aux compétences correspondantes à ce devoir. Je préfère mettre "non évalué" et refaire une évaluation pour voir le véritable niveau.
- Panta RheiExpert
Jenny a écrit:J’ai eu le coup une fois. J’ai soupiré, sorti le paquet de la dernière interrogation de cours que j’avais eu la présence d’esprit de photocopier, je les ai déposé sur le bureau de la principale. Je lui ai dit de regarder et de m’indiquer si c’était trop difficile pour une « bonne » 3e, puisque qu’elle venait de me dire que la classe était de bon niveau.
- Spoiler:
Interro qui consistait à placer les océans et les continents avec un figuré. Quelque chose comme 3 ou 4/10 de moyenne. J’avais initialement photocopié le paquet pour les RDV parents.
Elle ne m’a plus embêtée à part le jour de l’inspection. Mais je ne sais pas pourquoi le chargé de mission n’a pas trouvé la classe de bon niveau ni agréable.
Tout à fait!! S’il y a bien un signe que les choses ont changé en 25 ans, c’est l’apprentissage des fameux verbes irréguliers. En 2000, je donnais 20 verbes à apprendre en une semaine, avec le participe passé et la moyenne de classe était bien supérieure à 15/20. En 2024, c’est vraiment autour de 10/20 avec une dizaine de 17-18-19-20 et une dizaine de 0-1-2-3-4 !!
_________________
- Signature:
- 'Don't you find yourself getting bored?' she asked of her sister. 'Don't you find, that things fail to materialise? NOTHING MATERIALISES! Everything withers in the bud.'
'What withers in the bud?' asked Ursula.
'Oh, everything—oneself—things in general.'First Page of Women in Love, D. H. Lawrence
- MoyenCrocoNiveau 10
A titre personnel, je pars du principe que si l'élève a triché, il n'a pas acquis la compétence. Sans quoi, il n'aurait pas eu besoin de tricher.Manu7 a écrit:
Il y a un point qui me semble intéressant. Je suis d'accord pour mettre un zéro pour un cas de triche, mais je ne comprends pas la logique de mettre rouge aux compétences correspondantes à ce devoir. Je préfère mettre "non évalué" et refaire une évaluation pour voir le véritable niveau.
Et c'est surtout parce que je ne vais pas me prendre la tête a créer une évaluation équivalente pour palier à l'incompétence de certains élèves. Evaluation que je peux créer pour des élèves ayant été absents pour raisons valables, évidemment.
- dandelionVénérable
Mettre des notes très basses, c’est tout de même embêtant sur le plan psychologique, les élèves renonçant souvent à tout effort. J’ai eu le cas récemment d’un élève qui devait faire une présentation orale, que j’avais d’ailleurs accepté de décaler pour qu’il ait plus de temps pour préparer, et qui, constatant que sa note de contrôle était très faible m’a simplement dit de lui mettre directement zéro à l’oral. Je donne toujours quelques exercices atteignables pour éviter de descendre au dessous de huit justement, mais l’élève n’avait vraiment rien appris et c’était catastrophique, même sur les questions ‘offertes’. Après, c’est aussi embêtant pour moi de ne pas mettre de mauvaise notes car il y a Affelnet et Parcoursup et je ne trouve pas cela juste non plus en termes d’égalité.
Et l’approche en compétences n’est pas forcément une solution car les instructions sont très vagues (par exemple pas d’attendus grammaticaux en langues, alors qu’ils existent dans les tests de Cambridge et qu’on ne peut pas prétendre aux niveaux B et C sans la capacité de faire des phrases complexes et d’utiliser des temps et un vocabulaire variés).
Et l’approche en compétences n’est pas forcément une solution car les instructions sont très vagues (par exemple pas d’attendus grammaticaux en langues, alors qu’ils existent dans les tests de Cambridge et qu’on ne peut pas prétendre aux niveaux B et C sans la capacité de faire des phrases complexes et d’utiliser des temps et un vocabulaire variés).
- ProtonExpert
Le problème de refuser de noter honnêtement est que dans le supérieur, ils noteront sans vergogne et le choc sera difficile à encaisser. C'est peut-être aussi ce qui amène certains à renoncer en licence. A mettre des bonnes notes facilement, au final, ils ne vont pas non plus chercher à se dépasser ... On n'y arrive pas, alors on laisse tomber !
De plus le tassement des notes met en difficulté les élèves bons / moyens qui ne peuvent plus vraiment se distinguer dans les dossiers.
Pour moi des moyennes de classe à 14 / 15 c'est anormal. Même si je sais bien que cela devient une certaine norme car on refuse aux élèves de dire la vérité sur leur niveau. Au contraire il faudrait travailler sur leur mental pendant l'adolescence, pas lorsqu'ils sont jeunes adultes ... c'est quand ils sont enfants / adolescents que l'on doit leur apprendre la frustration.
De plus le tassement des notes met en difficulté les élèves bons / moyens qui ne peuvent plus vraiment se distinguer dans les dossiers.
Pour moi des moyennes de classe à 14 / 15 c'est anormal. Même si je sais bien que cela devient une certaine norme car on refuse aux élèves de dire la vérité sur leur niveau. Au contraire il faudrait travailler sur leur mental pendant l'adolescence, pas lorsqu'ils sont jeunes adultes ... c'est quand ils sont enfants / adolescents que l'on doit leur apprendre la frustration.
- JennyMédiateur
Ça dépend de la classe pour les moyennes à 14/15. Ça m’est arrivé dans de très bons établissements. Mais ça ne doit pas être une norme.
- ProtonExpert
Je suis d'accord, 14/15 cela arrive mais cela devrait être exceptionnel. Dans un groupe de spé ou une classe de très bon niveau. Je vois même cette année sur les dossiers des terminales des moyennes de classe à 17 en LV2 ... je ne reproche rien aux collègues, tout nous incite à aller vers un surnotage.
- ElaïnaDevin
Jenny a écrit:Ça dépend de la classe pour les moyennes à 14/15. Ça m’est arrivé dans de très bons établissements. Mais ça ne doit pas être une norme.
Ce que je constate dans mon établissement, c'est que j'ai de plus en plus souvent d'un côté des classes excellentes, et de l'autre côté des classes poubelles. En première et en terminale, on sait quasiment toujours d'avance en regardant les spécialités majoritairement choisies, quel niveau on aura. Cette année par exemple j'ai une première dont les spés dominantes sont HGGSP, SES, anglais AMC et HLP, c'est clairement une classe poubelle - une L de l'ancien temps façon classe de mauvais en tout. Mes terminales ont des spés scientifiques en grande majorité, c'est une classe de haut niveau.
Pour les secondes c'est un peu pareil, on a les classes avec des euros/latin/LV3, et les autres. Cette année, j'ai du bol, j'ai une classe de secondes avec plein de latin et de LV3. La moyenne de ma classe de seconde tourne autour de 14/15. Au dernier contrôle, j'ai mis la moitié des notes au-dessus de 18. Inversement, dernier contrôle de première, la majorité des notes sont au-dessous de 8, parce qu'ils n'apprennent pas, n'écoutent pas (ni le cours ni les corrigés ni les conseils), ne savent pas écrire et n'essaient même pas. Ah, c'est décourageant d'avoir 5 en première ? Eh bien, fallait pas aller en général. Sur leurs anciens bulletins, qu'on voit bien sur Pronote, c'est écrit noir sur blanc, qu'ils avaient un niveau faible en seconde (et avant, si on va regarder le dossier de collège). Ils sont passés en 1GT, personne ne les y a obligés. Tant pis. Ce n'est pas de mon ressort.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- roxanneOracle
Ceci dit, normalement, il ne devrait plus y avoir de classes à profil en lycée. Nous, c'est tout mélangé.Elaïna a écrit:Jenny a écrit:Ça dépend de la classe pour les moyennes à 14/15. Ça m’est arrivé dans de très bons établissements. Mais ça ne doit pas être une norme.
Ce que je constate dans mon établissement, c'est que j'ai de plus en plus souvent d'un côté des classes excellentes, et de l'autre côté des classes poubelles. En première et en terminale, on sait quasiment toujours d'avance en regardant les spécialités majoritairement choisies, quel niveau on aura. Cette année par exemple j'ai une première dont les spés dominantes sont HGGSP, SES, anglais AMC et HLP, c'est clairement une classe poubelle - une L de l'ancien temps façon classe de mauvais en tout. Mes terminales ont des spés scientifiques en grande majorité, c'est une classe de haut niveau.
Pour les secondes c'est un peu pareil, on a les classes avec des euros/latin/LV3, et les autres. Cette année, j'ai du bol, j'ai une classe de secondes avec plein de latin et de LV3. La moyenne de ma classe de seconde tourne autour de 14/15. Au dernier contrôle, j'ai mis la moitié des notes au-dessus de 18. Inversement, dernier contrôle de première, la majorité des notes sont au-dessous de 8, parce qu'ils n'apprennent pas, n'écoutent pas (ni le cours ni les corrigés ni les conseils), ne savent pas écrire et n'essaient même pas. Ah, c'est décourageant d'avoir 5 en première ? Eh bien, fallait pas aller en général. Sur leurs anciens bulletins, qu'on voit bien sur Pronote, c'est écrit noir sur blanc, qu'ils avaient un niveau faible en seconde (et avant, si on va regarder le dossier de collège). Ils sont passés en 1GT, personne ne les y a obligés. Tant pis. Ce n'est pas de mon ressort.
- ElaïnaDevin
Oui normalement. Mais dans la pratique, pour que les EDT restent à peu près potables (et c'est tout à leur crédit), nos chefs regroupent autant que faire se peut les élèves par spécialités. Et ça donne des classes à profil, en effet.
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- JennyMédiateur
Elaïna a écrit:Inversement, dernier contrôle de première, la majorité des notes sont au-dessous de 8, parce qu'ils n'apprennent pas, n'écoutent pas (ni le cours ni les corrigés ni les conseils), ne savent pas écrire et n'essaient même pas. Ah, c'est décourageant d'avoir 5 en première ? Eh bien, fallait pas aller en général. Sur leurs anciens bulletins, qu'on voit bien sur Pronote, c'est écrit noir sur blanc, qu'ils avaient un niveau faible en seconde (et avant, si on va regarder le dossier de collège). Ils sont passés en 1GT, personne ne les y a obligés. Tant pis. Ce n'est pas de mon ressort.
Voilà, à un moment, on ne peut pas pénaliser ceux qui ont le niveau pour être en général.
Pas avec 35 élèves par classe pour des élèves qui se traînent des lacunes depuis la primaire…
Là j’ai de petits effectifs, je reprends beaucoup de choses, mais quand ils sont 35 voire 38, je ne peux pas faire grand chose.
- roxanneOracle
De toute façon, le rapport à la note est complétement perverti en lycée. Dernier conseil de classe de Première G, le délégué se permet de dire qu'un professeur qui n'a pas 10 de moyenne doit se remettre en question. Je me sens un peu concernée (même s'il est venu le lendemain m'assurer du contraire) mais peu importe au final. Personne ne réagit vraiment ou alors pour se justifier. J'ai donc dû expliquer que la bonne note, ce n'était pas un dû, qu'il fallait aller la chercher. Et puis aussi, que de temps en temps avoir une mauvaise note, louper un contrôle, ça faisait partie de l'apprentissage. Mais ça , c'est inaudible pour les générations actuelles. Ca semble même l'être pour des collègues qui font fuiter exprès des sujets de bac blanc à leurs élèves sous sceau du secret (comme si ça ne circulait pas), tout ça pour avoir la meilleure moyenne au bac blanc (en remontant les notes en plus !!). Bref.
- ElaïnaDevin
Ben oui il faut assumer d'être le méchant, comme avec ses enfants en fait. Ce n'est pas marrant, comme parent, d'être le relou qui dit non pour le jouet, le bonbon, le dessin animé, le jeu vidéo, les heures de portable etc. Ce n'est pas marrant d'être le prof qui a une mauvaise moyenne. Mes élèves se vexent quand j'écris sur la copie "orthographe indigne d'un niveau lycée", ou alors "l'accord sujet verbe c'est le programme du CE1". C'est méchant ? très certes, mais à un moment donné il faut dire les choses. Mes enfants pestent quand je dis que non ça suffit les écrans. Tant pis.
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- roxanneOracle
Après, ce n''st pas tant d'être méchant la question. C'est juste de redonner à la note sa place sans en faire une affaire d'état à chaque fois. On s'est tous pris des cartons qui une fois la claque passée nous ont fait avancer.
- joebar69Fidèle du forum
roxanne a écrit:Après, ce n''st pas tant d'être méchant la question. C'est juste de redonner à la note sa place sans en faire une affaire d'état à chaque fois. On s'est tous pris des cartons qui une fois la claque passée nous ont fait avancer.
Je crois, hélas, que nous ne sommes pas tous égaux sur ce genre de réactions.
- roxanneOracle
Ca fait aussi partie de l'apprentissage de la vie. Cette habitude de "rattraper" systématiquement les mauvaises notes n'est pas toujours un service à rendre aux élèves. J'ai une classe de seconde sympathique mais moyenne et pas trop bosseuse. J'en parle avec la collègue d'anglais en début d'année qui me dit la même chose. Je rentre les premières notes et je vois qu'en anglais sur les deux premières notes de l'année, ils sont à peine à 9 de moyenne ce qui confirme mes impressions et la discussion. Moins d'un mois après, je rentre de nouvelles notes toujours médiocres et je regarde où ils en sont ailleurs. En anglais, ils sont passés de 9 de moyenne de classe à plus de ..15 !!! Donc, soit elle a supprimé les premières notes, soit elle a sur noté avec gros coefficients les suivantes (en un mois !!). Donc, ils ont appris quoi? Qu'ils bossent ou pas, ils s'en sortiront! Et puis, quel est vraiment leur niveau d'anglais? De mon côté, je note de la récitation, il y a des devoirs plus faciles (en apparence), mais rien de miraculeux. Ils ont fini le trimestre à 10.5. Et là, ils bossent plus d'ailleurs.
- Manu7Expert spécialisé
joebar69 a écrit:roxanne a écrit:Après, ce n''st pas tant d'être méchant la question. C'est juste de redonner à la note sa place sans en faire une affaire d'état à chaque fois. On s'est tous pris des cartons qui une fois la claque passée nous ont fait avancer.
Je crois, hélas, que nous ne sommes pas tous égaux sur ce genre de réactions.
Oui c'est comme la frustration, quand on n'a pas l'habitude alors c'est très douloureux, mais sans habitude, les effets pervers sont aussi considérables.
Il est clair qu'au lycée, il y a une triple persersion à dire sans cesse que toutes les notes comptent, mais qu'il faut savoir rebondir après un échec tout en mettant tout en oeuvre pour qu'au final quelque soit le niveau tout le monde passe !!!
Les élèves sérieux qui écoutent les conseils des profs peuvent très rapidement tomber dans l'angoisse au moindre échec. Et même les autres qui peuvent avoir davantage de recul sur un échec doivent tout de même se poser des questions.
Comme quoi la notation style école des fans n'est pas simple à vivre. On se doute bien qu'un jour cela cessera...
- joebar69Fidèle du forum
@Manu7 et @roxanne : Je disais simplement, qu'attendre d'un.e élève une réaction positive suite à une mauvaise note prise à une évaluation, n'est pas si simple.
Quel âge a l'élève, quelle est sa perception cognitive face à l'échec, quel est son vécu scolaire, ... ?
Par ailleurs, sait-il pourquoi il-elle s'est planté.e, sur quoi doit-il-elle agir, peut-il-elle y arriver, ... ?
Des ouvrages traitant du problème, il y en a des tonnes, et si les solutions étaient simples à mettre en œuvre, on ne débattrait pas ici de sa complexité.
Mais j'avoue avoir du mal avec les expressions :"On s'est tous pris des cartons qui une fois la claque passée nous ont fait avancer" , "Çà fait aussi partie de l'apprentissage de la vie", parce que non, tout le monde n'est pas armé pour cela.
Quel âge a l'élève, quelle est sa perception cognitive face à l'échec, quel est son vécu scolaire, ... ?
Par ailleurs, sait-il pourquoi il-elle s'est planté.e, sur quoi doit-il-elle agir, peut-il-elle y arriver, ... ?
Des ouvrages traitant du problème, il y en a des tonnes, et si les solutions étaient simples à mettre en œuvre, on ne débattrait pas ici de sa complexité.
Mais j'avoue avoir du mal avec les expressions :"On s'est tous pris des cartons qui une fois la claque passée nous ont fait avancer" , "Çà fait aussi partie de l'apprentissage de la vie", parce que non, tout le monde n'est pas armé pour cela.
- roxanneOracle
Parce qu'il faut aussi nous leur apprendre à relativiser. Un exemple très précis dans cette fameuse seconde. Je demande aux élèves de faire la contraction d'un texte, consigne expliquée (on en a fait un en classe), mise sur Pronotes, une semaine pour faire le travail. Et une bonne élève (mais qui fait la gueule en permanence) me rend le commentaire du texte et donc se prend un 5. (et encore je suis gentille, j'aurais pu mettre un ). Evidemment, elle n'est pas habituée à ces notes-là et pas très contente. Elle commence à me dire qu'elle n'avait pas compris ce qu'il fallait faire, qu'elle avait demandé au groupe classe et qu'on lui avait dit qu'il fallait faire un commentaire. Il se trouve qu'elle n'avait pas écouté, ni regardé sur Pronotes, et qu'elle n'était pas venue me demander puisqu'elle s'y était prise la veille. Bon, je lui ai dit que ce n'était pas grave en soi( ça lui fait un peu baisser sa moyenne mais rien de dramatique, on a 7 notes). Mais, qu'elle devait en tirer plusieurs leçons : écouter, aller sur Pronotes et pas écouter le premier venu (personne d'autre n'a fait un commentaire), pas faire au dernier moment pour éventuellement demander à son professeur. Donc, cette note en soi n'était pas inutile, ça l'a formée malgré elle.
- Manu7Expert spécialisé
joebar69 a écrit:@Manu7 et @roxanne : Je disais simplement, qu'attendre d'un.e élève une réaction positive suite à une mauvaise note prise à une évaluation, n'est pas si simple.
Quel âge a l'élève, quelle est sa perception cognitive face à l'échec, quel est son vécu scolaire, ... ?
Par ailleurs, sait-il pourquoi il-elle s'est planté.e, sur quoi doit-il-elle agir, peut-il-elle y arriver, ... ?
Des ouvrages traitant du problème, il y en a des tonnes, et si les solutions étaient simples à mettre en œuvre, on ne débattrait pas ici de sa complexité.
Mais j'avoue avoir du mal avec les expressions :"On s'est tous pris des cartons qui une fois la claque passée nous ont fait avancer" , "Çà fait aussi partie de l'apprentissage de la vie", parce que non, tout le monde n'est pas armé pour cela.
Oui ma réponse était très nuancée, au final je partage ton point de vue et je pense même que le système actuel désarme les élèves.
Au niveau de la méta-cognition, je suis de plus en plus étonné par les réactions des élèves. Certains me demandent pourquoi ils n'ont pas eu de points aux exercices non faits ? Pour eux le lien entre le travail réalisé et la note n'est plus évident, ils prennent la note personnelement comme si on ne les aimait pas.
Ce phénomène est nouveau, je pense qu'il a commencé depuis la réforme du collège.
Je ne sais pas si c'est le même phénomène, mais en accompagnant mon fils au foot. J'ai vraiment été surpris par les réactions mentales des joueurs (8-10 ans). On pouvait constater qu'ils avaient un meilleur niveau que l'adversaire, mais si jamais ils prenaient un but malheureux alors ils devenaient subitement amorphes, certains joueurs étaient incapables de courrir. Certains boudaient. J'ai joué au foot de 6 à 35 ans, mais ce milieu ne m'intéresse pas tellement donc j'y suis retourné pour suivre mon fils et j'ai vraiment été surpris du manque de combativité des joueurs.
J'y vois tout de même un lien, car je n'ai pas oublié ceux qui pouvaient s'arrêter de courrir ou qui boudaient sur le terrain, et ils sont maintenant dans mes classes de 4ème. Et il n'est pas rare que je sois obligé de les motiver pour continuer un contrôle de math, ils ont souvent les larmes aux yeux. Je passe gentiment, pour leur dire qu'ils savent faire, qu'ils sont capables et qu'ils sont sur la bonne voie pour qu'ils enchainent les questions. Et quand ils sont perdus, je les oriente vers l'exercice qu'ils ont su faire les jours précédents:
- Regarde bien l'exercice 5, tu savais le faire il y a 2 jours, je sais que tu peux réussir, il vaut 4 points c'est donné, aller, tu n'as pas le choix, si tu ne le fais pas tu ne pourras pas sortir en récrée car je sais tu vas y arriver.
Et je ne parle pas d'élèves faibles physiquement, au contraire, ils pouvaient aussi être infranchissables et même dangereux pour les adversaires quand ils étaient en train de gagner et cela dans le même match !
(L'un d'eux avait une véritable intelligence de jeu et une vivacité d'esprit, et j'étais content de le retrouver parmi mes élèves, mais l'an dernier il est était très très faible, je n'ai jamais compris pourquoi ? Et cette année, je l'ai encore, et il tourne à 14, c'est un mystère. Je l'ai interrogé, il m'a expliqué que son frère lui avait conseillé de travailler car il était dégouté d'avoir été orienté en CAP avec les teubés !!!)
En général, ça marche, mais la surveillance des contrôles est devenu le cours le plus compliqué. Avant on surveillait, maintenant, c'est fou...
On doit gérer une dizaine d'élèves sans déconcentrer les autres.
Je m'adapte, mais cela ne veut pas dire que je fais bien les choses, j'ai mangé tous mes chapeaux, au début de carrière, j'avais ma réponse classique : "Tout est écrit dans l'énoncé, je ne réponds pas aux questions". On le disait une ou deux fois en 6ème et cela suffisait.
On peut dire que c'était traumatisant, mais cela avait aussi un côté rassurant. Maintenant, les élèves doivent aussi gérer l'envie de poser une question utile ou pas. Je limite au maximum en réservant les questions aux élèves qui ont des PAP, mais je prends aussi en compte ceux qui sont faibles. Sauf qu'au final, pour moi les élèves sont de moins en moins autonomes et de plus en plus médiocres. Ceux qui ont les codes, foncent et termiment les contrôles en 30 minutes au lieu de 45 minutes. C'est notre système qui aggrave les écarts.
- profdoctoujoursNiveau 6
joebar69 a écrit:@Manu7 et @roxanne : Je disais simplement, qu'attendre d'un.e élève une réaction positive suite à une mauvaise note prise à une évaluation, n'est pas si simple.
Quel âge a l'élève, quelle est sa perception cognitive face à l'échec, quel est son vécu scolaire, ... ?
Par ailleurs, sait-il pourquoi il-elle s'est planté.e, sur quoi doit-il-elle agir, peut-il-elle y arriver, ... ?
Des ouvrages traitant du problème, il y en a des tonnes, et si les solutions étaient simples à mettre en œuvre, on ne débattrait pas ici de sa complexité.
Mais j'avoue avoir du mal avec les expressions :"On s'est tous pris des cartons qui une fois la claque passée nous ont fait avancer" , "Çà fait aussi partie de l'apprentissage de la vie", parce que non, tout le monde n'est pas armé pour cela.
Oui et non. C'est vrai que nous ne sommes pas tous égaux face à ça, néanmoins, je pense qu'en leur mettant des notes moins faibles, on ne fait que repousser le problème à plus tard et ils tomberont de plus haut. S'ils ne sont pas armés pour ça... Bon en vrai j'allais dire "à nous de leur apprendre", mais on n'a pas le temps.
Les élèves seront confrontés à l'échec tôt ou tard dans leur vie. L'école est censée être un environnement safe pour ça. Le souci bien sûr, c'est le temps. Apprendre à gérer la frustration, l'échec, même la honte (car il y en a quand on échoue)... C'est un travail de longue haleine qu'on n'a pas forcément le temps de faire. Néanmoins, je pense que tous les profs peuvent expliquer leur système de notation et ce qu'il faut faire pour progresser.
Je connais des profs comme ça, qui l'expliquent dès le début de l'année : ils sont exigeants et donc les notes ne seront pas toujours hautes, mais qu'ils sont là pour expliquer quoi faire pour progresser et que s'ils bossent, cela portera leurs fruits. Ils leur disent que c'est aussi une façon de les respecter, en leur donnant des exercices qu'ils considèrent pouvoir faire, pour les pousser vers le haut. Les élèves comprennent plutôt bien le message et ce sont d'ailleurs des profs qu'ils apprécient, même s'ils notent "sec". Tout est dans la façon de présenter les choses.
- Manu7Expert spécialisé
Oui mais même les profs qui notent sec ce sont adaptés au fil des années... Ils notent toujours sec mais moins qu'avant... Tout est relatif.
- ElyasEsprit sacré
Manu7 a écrit:Oui mais même les profs qui notent sec ce sont adaptés au fil des années... Ils notent toujours sec mais moins qu'avant... Tout est relatif.
Ces expressions "noter sec" ou "noter trop large" m'ont toujours fait rire. Les deux sont de mauvaises pratiques. Il suffit de noter "juste". Les deux sont des partis pris idéologiques pour servir sa petite personne soit dans la salle des professeurs, soit dans sa classe.
- PrezboGrand Maître
Manu7 a écrit:joebar69 a écrit:@Manu7 et @roxanne : Je disais simplement, qu'attendre d'un.e élève une réaction positive suite à une mauvaise note prise à une évaluation, n'est pas si simple.
Quel âge a l'élève, quelle est sa perception cognitive face à l'échec, quel est son vécu scolaire, ... ?
Par ailleurs, sait-il pourquoi il-elle s'est planté.e, sur quoi doit-il-elle agir, peut-il-elle y arriver, ... ?
Des ouvrages traitant du problème, il y en a des tonnes, et si les solutions étaient simples à mettre en œuvre, on ne débattrait pas ici de sa complexité.
Mais j'avoue avoir du mal avec les expressions :"On s'est tous pris des cartons qui une fois la claque passée nous ont fait avancer" , "Çà fait aussi partie de l'apprentissage de la vie", parce que non, tout le monde n'est pas armé pour cela.
Oui ma réponse était très nuancée, au final je partage ton point de vue et je pense même que le système actuel désarme les élèves.
Au niveau de la méta-cognition, je suis de plus en plus étonné par les réactions des élèves. Certains me demandent pourquoi ils n'ont pas eu de points aux exercices non faits ? Pour eux le lien entre le travail réalisé et la note n'est plus évident, ils prennent la note personnelement comme si on ne les aimait pas.
Ce phénomène est nouveau, je pense qu'il a commencé depuis la réforme du collège.
Je ne sais pas si c'est le même phénomène, mais en accompagnant mon fils au foot. J'ai vraiment été surpris par les réactions mentales des joueurs (8-10 ans). On pouvait constater qu'ils avaient un meilleur niveau que l'adversaire, mais si jamais ils prenaient un but malheureux alors ils devenaient subitement amorphes, certains joueurs étaient incapables de courrir. Certains boudaient. J'ai joué au foot de 6 à 35 ans, mais ce milieu ne m'intéresse pas tellement donc j'y suis retourné pour suivre mon fils et j'ai vraiment été surpris du manque de combativité des joueurs.
J'y vois tout de même un lien, car je n'ai pas oublié ceux qui pouvaient s'arrêter de courrir ou qui boudaient sur le terrain, et ils sont maintenant dans mes classes de 4ème. Et il n'est pas rare que je sois obligé de les motiver pour continuer un contrôle de math, ils ont souvent les larmes aux yeux. Je passe gentiment, pour leur dire qu'ils savent faire, qu'ils sont capables et qu'ils sont sur la bonne voie pour qu'ils enchainent les questions. Et quand ils sont perdus, je les oriente vers l'exercice qu'ils ont su faire les jours précédents:
- Regarde bien l'exercice 5, tu savais le faire il y a 2 jours, je sais que tu peux réussir, il vaut 4 points c'est donné, aller, tu n'as pas le choix, si tu ne le fais pas tu ne pourras pas sortir en récrée car je sais tu vas y arriver.
Et je ne parle pas d'élèves faibles physiquement, au contraire, ils pouvaient aussi être infranchissables et même dangereux pour les adversaires quand ils étaient en train de gagner et cela dans le même match !
(L'un d'eux avait une véritable intelligence de jeu et une vivacité d'esprit, et j'étais content de le retrouver parmi mes élèves, mais l'an dernier il est était très très faible, je n'ai jamais compris pourquoi ? Et cette année, je l'ai encore, et il tourne à 14, c'est un mystère. Je l'ai interrogé, il m'a expliqué que son frère lui avait conseillé de travailler car il était dégouté d'avoir été orienté en CAP avec les teubés !!!)
En général, ça marche, mais la surveillance des contrôles est devenu le cours le plus compliqué. Avant on surveillait, maintenant, c'est fou...
On doit gérer une dizaine d'élèves sans déconcentrer les autres.
Je m'adapte, mais cela ne veut pas dire que je fais bien les choses, j'ai mangé tous mes chapeaux, au début de carrière, j'avais ma réponse classique : "Tout est écrit dans l'énoncé, je ne réponds pas aux questions". On le disait une ou deux fois en 6ème et cela suffisait.
On peut dire que c'était traumatisant, mais cela avait aussi un côté rassurant. Maintenant, les élèves doivent aussi gérer l'envie de poser une question utile ou pas. Je limite au maximum en réservant les questions aux élèves qui ont des PAP, mais je prends aussi en compte ceux qui sont faibles. Sauf qu'au final, pour moi les élèves sont de moins en moins autonomes et de plus en plus médiocres. Ceux qui ont les codes, foncent et termiment les contrôles en 30 minutes au lieu de 45 minutes. C'est notre système qui aggrave les écarts.
Manu, je vis la même chose que toi en contrôle. Il y a quelques années, j'avais la réponse magique, "lisez l'énoncé". Aujourd'hui, si on ne rassure et guide pas un peu les élèves faibles dans les secondes les moins bonnes, l'ambiance devient invivable et au bord de la mutinerie. Le problème est qu'on retarde toujours plus le moment où ils sont seuls et autonomes face à un problème. Autre nouveauté, le nombre de plus en plus élevé d'élèves qui arrêtent au bout de 20 minutes parce qu'ils considèrent qu'ils ont fait ce qu'ils pouvaient.
- BaldredSage
Elyas a écrit:Manu7 a écrit:Oui mais même les profs qui notent sec ce sont adaptés au fil des années... Ils notent toujours sec mais moins qu'avant... Tout est relatif.
Ces expressions "noter sec" ou "noter trop large" m'ont toujours fait rire. Les deux sont de mauvaises pratiques. Il suffit de noter "juste". Les deux sont des partis pris idéologiques pour servir sa petite personne soit dans la salle des professeurs, soit dans sa classe.
Le concept "sec" ou "mou" m'échappe également. Je note juste si je peux, en général je note stratégique pour que chacun ait envie de continuer. Au collège, j'ai tant d'élèves qui ont perdu toute confiance. La note est un mur, mais un mur d'escalade.
- PrezboGrand Maître
Baldred a écrit:Elyas a écrit:Manu7 a écrit:Oui mais même les profs qui notent sec ce sont adaptés au fil des années... Ils notent toujours sec mais moins qu'avant... Tout est relatif.
Ces expressions "noter sec" ou "noter trop large" m'ont toujours fait rire. Les deux sont de mauvaises pratiques. Il suffit de noter "juste". Les deux sont des partis pris idéologiques pour servir sa petite personne soit dans la salle des professeurs, soit dans sa classe.
Le concept "sec" ou "mou" m'échappe également. Je note juste si je peux, en général je note stratégique pour que chacun ait envie de continuer. Au collège, j'ai tant d'élèves qui ont perdu toute confiance. La note est un mur, mais un mur d'escalade.
On en revient à la contradiction irréductible entre note reconnaissanct les efforts accomplis, et note reconnaissant la satisfaction des attendus pour un niveau donné. La première encourage les progrès, jusqu'au moment où l'élève se heurte à la seconde.
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