- LaotziSage
Une enquête de Marie Piquemal dans Libération sur un autre établissement privé sous contrat, laïc celui-ci, pour les élites toujours (et encore plus que Stanislas), Jeannine Manuel : https://www.liberation.fr/societe/education/derriere-les-murs-de-lecole-la-plus-riche-de-france-jeannine-manuel-une-machine-a-cash-alimentee-par-largent-public-20241107_SHQISFYPTBFZRM7QBMIBJAA63Q/
A noter qu'en 2012, Médiapart avait déjà fait un article alertant sur la défiscalisation dans cette école pourtant sous contrat et qui a accueilli le fils Sarkozy par exemple : https://www.mediapart.fr/journal/france/161212/leabjm-cultive-lentre-soi-dune-education-pour-les-tres-riches
Le trombinoscope des parents d'élèves croustille : on y trouve des patrons du CAC 40, des politiques, des agents des ambassades. Des stars du petit et grand écran aussi. Parmi les anciens élèves qui brillent : le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken. On trouve aussi des familles aux noms discrets, prêtes à tous les sacrifices pour un réseau en béton ciré. Bien sûr, Jeannine-Manuel est le genre d'école facile à caricaturer : les gardes du corps qui accompagnent certains enfants, les «garden-parties» (kermesse) à l'hippodrome de Longchamp et les tournois de golf le dimanche.
Les parents jouent des coudes pour que leur petit y passe l'orteil et s'agrippent pour rester. Ils déboursent presque 10 000 euros par an, parfois le triple, sans compter les frais annexes et les dons à la fondation fortement encouragés. (...)
Ici, la moitié des cours sont en anglais et les enfants attaquent le chinois dès le CE2. L'innovation pédagogique est une injonction et «le well-being», un mot chouchou des réunions avec les parents. «Un autre monde, résume Gabriel Perez, psychologue du travail et représentant de la FEP-CFDT (première fédération syndicale des profs du privé). C'est l'équivalent du très tradi Stanislas mais en version néolibérale extrême.» Un néolibéralisme à la française alors, car l'établissement, sous contrat avec l'Etat, tourne avec des financements publics. A hauteur de 15 millions d'euros l'année dernière, selon nos calculs. (...)
Derrière le paravent en effet, le brouillard est mastoc. A commencer par la façon dont l'argent public est utilisé. L'EJM se révèle une excellente machine à cash. Une sorte de bingo, avec à la fois de l'argent public qui permet de faire tourner la structure, comme tout établissement sous contrat avec l'Etat, et les contributions des familles, en forte hausse depuis dix ans, sans que le rectorat ne lève un sourcil. En principe, les tarifs devraient rester modérés pour que l'école remplisse sa mission de service public et soit accessible à tous. Dans les faits, l'école trie. Jusqu'à peu, sur la liste des documents à fournir lors de l'inscription, figurait pour certains un test Wisc mesurant le QI. Il est encore demandé en cours de scolarité, souvent comme un préalable avant la sortie. (...)
En primaire, l'année est facturée 9 560 euros. C'est 29 806 euros pour préparer le bac international. Il faut ajouter 1 104 euros de cantine, à moins de venir avec son cassecroûte et de payer les frais de surveillance… (...)
L'année dernière, l'association a engrangé au total 34,5 millions d'euros de «prestations de service», selon les comptes, très peu détaillés, que Libération a consultés. A cette somme rondelette s'ajoutent donc plus de 14 millions d'argent public : 10,8 millions versés directement par l'éducation nationale pour payer les enseignants et 3,25 millions de frais de fonctionnement, pour payer la surveillance, l'entretien des bâtiments… C'est ce que l'on appelle le forfait, calculé par élève et correspondant à l'euro près à ce que l'Etat et les collectivités versent pour les établissements publics. Il est aussi fait état de 57 000 euros de subventions d'équipement. (...)
l'école, sous le statut d'association à but non lucratif, n'est pas propriétaire des murs. Les locaux appartiennent à différentes sociétés… elles-mêmes détenues par les héritiers de Jeannine Manuel, pour certains domiciliés aux Etats-Unis. Aucune d'elles ne publie ses comptes, ou de façon incomplète. A commencer par la Société du théâtre dont l'objet est «la création, l'acquisition, l'exploitation [d']établissements d'enseignement et d'éducation». Pareil pour les SCI et la Compagnie financière Manuel, une holding familiale. Autre structure brumeuse : la Fondation Jeannine-Manuel, adossée à l'école. Créée en 2004, elle est sous l'égide de la Fondation de France. Ce qui lui donne un double avantage : l'image de sérieux de l'institution et, de façon plus prosaïque, le sésame pour des déductions fiscales importantes. Ainsi, les dons permettent une réduction de 66 % de l'impôt sur le revenu, et 75 % de l'impôt sur la fortune immobilière (IFI). En contrepartie, et c'est là le principe même des fondations, les actions menées doivent servir l'intérêt général. Or, en épluchant le bilan comptable de 2022, il apparaît que seules cinq bourses ont été attribuées à des élèves en difficulté financière pour un montant total de 18 000 euros. L'essentiel des dons a été reversé au pot commun de l'école. Soit 2,27 millions, selon nos calculs. En quoi reverser cet argent, dans des caisses déjà remplies, sert-il l'intérêt général ? (...)
La nature des dons, aussi, questionne. En principe, pour donner droit à des déductions d'impôt, un don doit être «désintéressé», c'est-àdire sans contrepartie. Seuls sont tolérés des «menus biens» ne dépassant pas 65 euros. Mais alors, que penser de ces propositions alléchantes faites aux parents d'élèves ? Comme une journée au «prestigieux golf de Morfontaine». La participation, indique le mail, se fera «sous de don à la Fondation Jeannine-Manuel [de] 450 euros, accompagnée d'un certificat Cerfa, soit un coût net par personne de 150 euros après déduction fiscale (crédit d'impôt)». Sympa aussi la démonstration de BMX avec champagne, vue tour Eiffel, qui revient à 25 euros après déduction fiscale. (...)
En février 2023, une enseignante a été hospitalisée après une tentative de suicide.
Ce n'est pas la première. Selon nos informations, une enquête a ainsi été ouverte par le parquet de Paris en 2021 pour harcèlement moral de la direction. L'alerte avait été lancée par l'inspection du travail elle-même, après une précédente tentative de suicide d'un enseignant. L'instruction est toujours en cours, confirme le parquet. (...)
Dans ce rapport, ce qui surprend peut-être le plus, ce sont les problèmes matériels qui «parasitent» les professeurs, comme «l'accès limité à la photocopieuse»… Ou les contraintes liées aux locaux «des salles de classe sans fenêtres» à Dupleix où, «faute de place, certains cours en demi-groupe ont lieu dans les couloirs, par terre ou sur des petits bancs». Dans l'école la plus riche de France, donc.
A noter qu'en 2012, Médiapart avait déjà fait un article alertant sur la défiscalisation dans cette école pourtant sous contrat et qui a accueilli le fils Sarkozy par exemple : https://www.mediapart.fr/journal/france/161212/leabjm-cultive-lentre-soi-dune-education-pour-les-tres-riches
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"Trouvez donc bon qu'au lieu de vous dire aussi, adieu comme autrefois, je vous dise, adieu comme à présent."
- dandelionVénérable
C’est le meilleur lycée de France, non? Nous avons essayé d’y faire entrer ma fille (pour les expatriés, le financement de l’école internationale fait souvent partie du contrat) mais c’était compliqué (entretiens, nécessité d’être recommandé par une personne extérieure, mais nous ne sommes ‘personne’, donc voilà). Sur le papier, cette école est très progressiste et a de très bons résultats.
Je n’y suis jamais allée, donc je ne sais pas ce qu’il en est par ailleurs, mais imputer la responsabilité du suicide d’un enseignant à l’école est pour le moins discutable.
Je ne sais pas trop ce qu’une enquête sur mon établissement donnerait. Nous avons un public en partie très (très très) favorisé et pas du tout les résultats de Jeannine Manuel.
Je n’y suis jamais allée, donc je ne sais pas ce qu’il en est par ailleurs, mais imputer la responsabilité du suicide d’un enseignant à l’école est pour le moins discutable.
Je ne sais pas trop ce qu’une enquête sur mon établissement donnerait. Nous avons un public en partie très (très très) favorisé et pas du tout les résultats de Jeannine Manuel.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
dandelion a écrit: imputer la responsabilité du suicide d’un enseignant à l’école est pour le moins discutable.
Il serait prudent de ne pas parier là-dessus avant les résultats de l'enquête en cours :
Selon nos informations, une enquête a ainsi été ouverte par le parquet de Paris en 2021 pour harcèlement moral de la direction. L’alerte avait été lancée par l’inspection du travail elle-même, après une précédente tentative de suicide d’un enseignant. L’instruction est toujours en cours, confirme le parquet. Rien n’avait jusqu’ici fuité.
Une enquête ouverte et une alerte par l'inspection du travail, ce n'est tout de même pas négligeable…
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Si tu vales valeo.
- MatteoNiveau 10
Les dons défiscalisés qui donnent droit à des prestations absurdes c'est une des plus grande blagues de la fiscalité française. J'ai déjà vu l'opéra avec champagne comme ça.
- LaotziSage
dandelion a écrit:C’est le meilleur lycée de France, non? Nous avons essayé d’y faire entrer ma fille (pour les expatriés, le financement de l’école internationale fait souvent partie du contrat) mais c’était compliqué (entretiens, nécessité d’être recommandé par une personne extérieure, mais nous ne sommes ‘personne’, donc voilà). Sur le papier, cette école est très progressiste et a de très bons résultats.
Je n’y suis jamais allée, donc je ne sais pas ce qu’il en est par ailleurs, mais imputer la responsabilité du suicide d’un enseignant à l’école est pour le moins discutable.
Je ne sais pas trop ce qu’une enquête sur mon établissement donnerait. Nous avons un public en partie très (très très) favorisé et pas du tout les résultats de Jeannine Manuel.
Meilleur lycée de France, ça ne veut pas dire grand chose. C'est surtout l’établissement avec l'IPS le plus élevé de France (163 pour le campus du Nord, 161 pour Paris - il n'y a que deux autres lycées en France qui dépassent 160, le lycée franco-allemand de Buc et l'école internationale bilingue de Paris).
Et la sélection n'est pas que sociale, comme indiquée. Soit il faut être "quelqu'un" (fils de politique connu, de diplomate etc.), soit donner abondamment à la fondation, et présenter les sorties de test de QI très élevés. Elle offre surtout un réseau et un "nom" qui permet de candidater plus facilement dans des universités étrangères.Je ne sais pas si elle est très "progressiste", l'article montre surtout qu'elle est très "néolibérale" (avec de l'argent public) y compris dans la pédagogie entièrement tournée vers "l'innovation".
Le scandale, c'est quand même que ce genre d'établissement très riche, avec visiblement des conditions indignes (salles sans fenêtre etc.), soit entièrement financé comme tous les établissements sous contrat par des fonds publics pour le fonctionnement de la scolarité obligatoire, ait une comptabilité aussi opaque.
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"Trouvez donc bon qu'au lieu de vous dire aussi, adieu comme autrefois, je vous dise, adieu comme à présent."
- dandelionVénérable
Pour avoir lu attentivement leurs publications, c’est une école qui est à l’opposé de Stanislas disons sur le plan des moeurs. Ils mettent en avant le fait de s’habiller comme on le souhaite, en disant que le problème vient de celui qui perçoit le vêtement comme transgressif, pas de celui qui le porte.
Les frais de scolarité sont proches de 10,000 euros par an au lycée, ce n’est donc pas entièrement financé par l’Etat.
Je vois bien que je joue à l’avocat du diable, mais dans mon lycée public parisien les conditions ne sont pas acceptables et les enseignants en ont marre. Et comme c’est nous enseignants qui devons payer de notre poche pour travailler dans des conditions décentes (utiliser notre téléphone pour faire l’appel, amener notre ordinateur et nos câbles, ou renoncer à travailler avec de l’audio et de la vidéo, ce qui est génial quand tu es prof de langues) je ne trouve pas que la gestion de l’EN dans le public n’est pas néolibérale. Il suffit de voir l’état de pauvreté dans lequel vivent les AESH et les contractuels pour se rendre compte qu’il y a un problème global qui n’est pas propre à l’enseignement privé. Et les AESH et les contractuels financent aussi souvent du matériel pour pallier le dénuement dans lequel nous sommes. Les agents de service en sont aussi à mélanger les fonds de bouteille pour pouvoir travailler, et ils tombent malade du fait de leurs conditions de travail dégradées. Alors je veux bien regarder la poutre dans l’oeil des autres, mais il faut voir la nôtre aussi.
Les frais de scolarité sont proches de 10,000 euros par an au lycée, ce n’est donc pas entièrement financé par l’Etat.
Je vois bien que je joue à l’avocat du diable, mais dans mon lycée public parisien les conditions ne sont pas acceptables et les enseignants en ont marre. Et comme c’est nous enseignants qui devons payer de notre poche pour travailler dans des conditions décentes (utiliser notre téléphone pour faire l’appel, amener notre ordinateur et nos câbles, ou renoncer à travailler avec de l’audio et de la vidéo, ce qui est génial quand tu es prof de langues) je ne trouve pas que la gestion de l’EN dans le public n’est pas néolibérale. Il suffit de voir l’état de pauvreté dans lequel vivent les AESH et les contractuels pour se rendre compte qu’il y a un problème global qui n’est pas propre à l’enseignement privé. Et les AESH et les contractuels financent aussi souvent du matériel pour pallier le dénuement dans lequel nous sommes. Les agents de service en sont aussi à mélanger les fonds de bouteille pour pouvoir travailler, et ils tombent malade du fait de leurs conditions de travail dégradées. Alors je veux bien regarder la poutre dans l’oeil des autres, mais il faut voir la nôtre aussi.
- LaotziSage
dandelion a écrit:Pour avoir lu attentivement leurs publications, c’est une école qui est à l’opposé de Stanislas disons sur le plan des moeurs. Ils mettent en avant le fait de s’habiller comme on le souhaite, en disant que le problème vient de celui qui perçoit le vêtement comme transgressif, pas de celui qui le porte.
Les frais de scolarité sont proches de 10,000 euros par an au lycée, ce n’est donc pas entièrement financé par l’Etat.
Je vois bien que je joue à l’avocat du diable, mais dans mon lycée public parisien les conditions ne sont pas acceptables et les enseignants en ont marre. Et comme c’est nous enseignants qui devons payer de notre poche pour travailler dans des conditions décentes (utiliser notre téléphone pour faire l’appel, amener notre ordinateur et nos câbles, ou renoncer à travailler avec de l’audio et de la vidéo, ce qui est génial quand tu es prof de langues) je ne trouve pas que la gestion de l’EN dans le public n’est pas néolibérale. Il suffit de voir l’état de pauvreté dans lequel vivent les AESH et les contractuels pour se rendre compte qu’il y a un problème global qui n’est pas propre à l’enseignement privé. Et les AESH et les contractuels financent aussi souvent du matériel pour pallier le dénuement dans lequel nous sommes. Les agents de service en sont aussi à mélanger les fonds de bouteille pour pouvoir travailler, et ils tombent malade du fait de leurs conditions de travail dégradées. Alors je veux bien regarder la poutre dans l’oeil des autres, mais il faut voir la nôtre aussi.
Mais si tout le fonctionnement de la scolarité obligatoire est financé par l'Etat et la région IDF, comme pour tout lycée public ou privé sous contrat ! Cela n'a rien à voir avec le montant des frais de scolarité.
Et c'est ce que j'ai écrit : c'est le pendant néolibéral du conservateur et traditionaliste Stanislas.
Et je ne comprends pas l'argumentation sur la pauvreté du public : elle ne fait que renforcer l'idée que les 15 millions d'euros qui sont donnés à ce type d'établissement (dans lequel les parents pourraient financer 100 % de la scolarité) feraient mieux de financer des conditions décentes dans le public.
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"Trouvez donc bon qu'au lieu de vous dire aussi, adieu comme autrefois, je vous dise, adieu comme à présent."
- ZybulkaHabitué du forum
Merci Laotzi pour ce post et ces articles qui sont (tristement) édifiants. Je ne connaissais pas du tout, et même si je ne suis malheureusement pas surprise, ça me révolte...
- guzNiveau 5
Comme dandelion je ne trouve rien de choquant (ni de nouveau) dans la description rapportée par Laotzi : il ne s'agit que du principe "donner plus à ceux qui ont déjà tout".
Je crois que c'est Jean-Pierre Terrail - entre autres - qui a énoncé le fait que les moyens d'un établissement (c'est aussi vrai pour le public*) dépendent de la "qualité sociale" des usagers.
(*) cf. LLG, 2h supplémentaires de maths et de français, je crois que c'est pareil à Buc.
https://etudiant.lefigaro.fr/article/lycee/decouvrez-le-temoignage-de-nalla-eleve-de-terminale-dans-le-meilleur-lycee-de-france-20240320/
Je crois que c'est Jean-Pierre Terrail - entre autres - qui a énoncé le fait que les moyens d'un établissement (c'est aussi vrai pour le public*) dépendent de la "qualité sociale" des usagers.
(*) cf. LLG, 2h supplémentaires de maths et de français, je crois que c'est pareil à Buc.
https://etudiant.lefigaro.fr/article/lycee/decouvrez-le-temoignage-de-nalla-eleve-de-terminale-dans-le-meilleur-lycee-de-france-20240320/
- epekeina.tes.ousiasModérateur
C'est vrai que ça fait de la peine tous ces gens très riches, qui sont obligés de lâcher 10 000€/an (plus la cantine) en plus des “dons” pour assurer des études approfondies un carnet d'adresse fructueux à leurs enfants. Mais heureusement que l'État leur offre quelques millions d'euros (qu'ils ont la bonté d'accepter), sans quoi où irions-nous ? Sans compter que, dans la mesure où il manque des centaines de millions dans le public, à quoi bon ergoter sur même pas 15 millions ? Ne soyons pas mesquins et pensons que, si l'on donnait moins aux riches, ils cesseraient peut-être de l'être, et il y aurait plus de pauvres.
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Si tu vales valeo.
- lisa81Habitué du forum
L'histoire de la création de cette école est intéressante:
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_Jeannine-Manuel
Historique
Voir aussi la liste des anciens élèves "célèbres" filles et fils de...
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_Jeannine-Manuel
Historique
Engagée dans la Résistance à Londres pendant la Seconde Guerre mondiale, Jeannine Manuel (1920-2003) participe à la libération de Paris en août 1944.
Elle rentre de Londres convaincue que la source des conflits entre les nations et les cultures est la peur, issue de l'ignorance, et fait sienne la déclaration constitutive de l'Unesco : « Les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix »2.
Elle fonde l'École active bilingue (EAB) en septembre 19543, dans un hôtel particulier de l'avenue de La Bourdonnais. Ouverte avec neuf élèves, l'école accueille plus de cent élèves dès janvier 1955.
Jeannine Manuel crée alors les classes bilingues du lycée de Sèvres avec son amie Edmée Hatinguais, inspectrice générale, ancienne directrice de l'École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres et première directrice du Centre international d'études pédagogiques, en transférant ses enseignants et des élèves du secondaire. La pédagogie bilingue y est largement inspirée par Jeannine Manuel.
Voir aussi la liste des anciens élèves "célèbres" filles et fils de...
- nonoHabitué du forum
+1000epekeina.tes.ousias a écrit:C'est vrai que ça fait de la peine tous ces gens très riches, qui sont obligés de lâcher 10 000€/an (plus la cantine) en plus des “dons” pour assurerdes études approfondiesun carnet d'adresse fructueux à leurs enfants. Mais heureusement que l'État leur offre quelques millions d'euros (qu'ils ont la bonté d'accepter), sans quoi où irions-nous ? Sans compter que, dans la mesure où il manque des centaines de millions dans le public, à quoi bon ergoter sur même pas 15 millions ? Ne soyons pas mesquins et pensons que, si l'on donnait moins aux riches, ils cesseraient peut-être de l'être, et il y aurait plus de pauvres.
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Prof en LP
- AnastazeNiveau 2
Il ne faut pas oublier que les déductions fiscales sont aussi un financement de l'État. Donc cet établissement est, de fait, beaucoup plus financé que les établissements publics, alors qu'il ne remplit pas du tout de mission de service public. Même si on n'est plus surpris par la capacité des ultra-riches à vider les caisses de l'État pour remplir leurs poches, on a quand même le devoir de s'en indigner !
- YouNiveau 5
Lorsqu'on regardé le classement des lycées qui ont les taux le plus élevé de mentions Très bien. Cette école est parmi les meilleurs des meilleurs...
L'école a ses propres méthodes pédagogiques innovantes selon les uns et archaïques selon les autres , ses propres critères de sélection de ses élèves.
L'école bénéficie de plusieurs financements publics pour ses structures sous contrat et non pas pour le hors contrat.
Les questions qui ont besoin de réponses simples et claires
Est ce que les structures sous contrat remplissent les conditions d'un service public. Est ce qu'elles respectent le code de l'éducation ?
Est ce qu'il y'a une réelle séparation entre les structures sous contrat et hors contrat
Si les réponses sont affirmatives. L'école est en règle.
L'école a ses propres méthodes pédagogiques innovantes selon les uns et archaïques selon les autres , ses propres critères de sélection de ses élèves.
L'école bénéficie de plusieurs financements publics pour ses structures sous contrat et non pas pour le hors contrat.
Les questions qui ont besoin de réponses simples et claires
Est ce que les structures sous contrat remplissent les conditions d'un service public. Est ce qu'elles respectent le code de l'éducation ?
Est ce qu'il y'a une réelle séparation entre les structures sous contrat et hors contrat
Si les réponses sont affirmatives. L'école est en règle.
- dandelionVénérable
J’ai une question bête: si je voulais donner de l’argent à un établissement public d’éducation et le déduire de mes impôts comme don aux oeuvres, je le pourrais?
- JennyMédiateur
dandelion a écrit:J’ai une question bête: si je voulais donner de l’argent à un établissement public d’éducation et le déduire de mes impôts comme don aux oeuvres, je le pourrais?
Les dons aux coopératives scolaires sont déductibles.
Certains établissements scolaires publics ont des coopératives. On ne peut cependant pas payer n'importe quelle dépense avec (Non, le ménage, ça ne fonctionne pas. ).
https://ad40.occe.coop/page/don-a-la-cooperative
- dandelionVénérable
L’informatique? J’ai acheté deux télécommandes pour vidéoprojecteur depuis le début de l’année par exemple.
Edit : Mais je lis que le don ne doit pas donner lieu à des contreparties directes ou indirectes, ce qui limite l’accès des parents aux déductions, et je le suppose aussi des enseignants (si tu finances le matériel de ton établissement cela te profite, non?).
Edit : Mais je lis que le don ne doit pas donner lieu à des contreparties directes ou indirectes, ce qui limite l’accès des parents aux déductions, et je le suppose aussi des enseignants (si tu finances le matériel de ton établissement cela te profite, non?).
- JennyMédiateur
C’est une discussion qu’on peut poursuivre ici : https://www.neoprofs.org/t76070-fonctionnement-d-une-cooperative-scolaire
- clapNeoprof expérimenté
Tu m'apprends un truc! Les différentes écoles de mes enfants ne m'en ont jamais parlé. Après, j'imagine le tintouin pour les directeurs s'ils doivent fournir des attestations de dons.Jenny a écrit:dandelion a écrit:J’ai une question bête: si je voulais donner de l’argent à un établissement public d’éducation et le déduire de mes impôts comme don aux oeuvres, je le pourrais?
Les dons aux coopératives scolaires sont déductibles.
Certains établissements scolaires publics ont des coopératives. On ne peut cependant pas payer n'importe quelle dépense avec (Non, le ménage, ça ne fonctionne pas. ).
https://ad40.occe.coop/page/don-a-la-cooperative
- CzarNiveau 9
On peut trouver des messages sur le forum qui criquent l'enseignement catholique sous contrat comme étant privilégié, un peu ghetto du ghota.
Ce n'est rien par rapport au privé sous contrat laïc. Tous ceux que je connais sont soit chic, soit très chic. J'ai peut être mal cherché.
Rappel:
Pour chaque établissement sous contrat, l'Etat paie:
-Le salaire des professeurs (qui reviennent à terme bien moins couteux que pour le public, cf différence de statut)
-Une subvention de fonctionnement (ça revient moins cher qu'un établissement public)
Comme il n'y a pas assez d'argent, les familles sont mises à contribution, selon le coût de l'immobilier dans la ville, la rémunération des personnels de l'établissement... C'est libre.
Au lycée catholique de Landivisiau en Bretagne c'est 600€ l'année et les dons éventuels des parents d'élèves ne seront pas défiscalisés ( https://lyceesaintesprit.fr/tarifs/ )
A Jeannine Manuel, autre ambiance comme écrit plus haut avec un peu plus de 10 000€ ( https://ecolejeanninemanuel.org/wp-content/uploads/2024/03/Tarifs-24-25-Lycee-PARIS-A-29-mars.pdf )
Stanislas, à côté c'est pour lespauvres classes moyennes aisées: 2600€ l'année au lycée ( https://www.stanislas.fr/informations-pratiques/reglement-financier/ )
Et ils ont distribué pour 40 000€ de bourses en interne en 2023 ( https://www.fondationstanislas.org/wp-content/uploads/2024/04/Rapport-2023.pdf )
Ce n'est rien par rapport au privé sous contrat laïc. Tous ceux que je connais sont soit chic, soit très chic. J'ai peut être mal cherché.
Rappel:
Pour chaque établissement sous contrat, l'Etat paie:
-Le salaire des professeurs (qui reviennent à terme bien moins couteux que pour le public, cf différence de statut)
-Une subvention de fonctionnement (ça revient moins cher qu'un établissement public)
Comme il n'y a pas assez d'argent, les familles sont mises à contribution, selon le coût de l'immobilier dans la ville, la rémunération des personnels de l'établissement... C'est libre.
Au lycée catholique de Landivisiau en Bretagne c'est 600€ l'année et les dons éventuels des parents d'élèves ne seront pas défiscalisés ( https://lyceesaintesprit.fr/tarifs/ )
A Jeannine Manuel, autre ambiance comme écrit plus haut avec un peu plus de 10 000€ ( https://ecolejeanninemanuel.org/wp-content/uploads/2024/03/Tarifs-24-25-Lycee-PARIS-A-29-mars.pdf )
Stanislas, à côté c'est pour les
Et ils ont distribué pour 40 000€ de bourses en interne en 2023 ( https://www.fondationstanislas.org/wp-content/uploads/2024/04/Rapport-2023.pdf )
- dandelionVénérable
A Paris, les établissements sélectifs ne s’adressent pas aux classes moyennes aisées mais aux classes supérieures aisées (des gens riches en d’autres termes, même si à Paris il n’y a plus ou presque que des riches et des très pauvres).
Je rappelle aussi que dans de nombreux cas ce sont les entreprises des expatriés qui prennent en charge la scolarité.
Les motivations qui poussent des parents qui ont vécu dans plusieurs pays et n’ont pas eu d’autre choix que de scolariser leurs enfants en local (il n’y a pas des écoles françaises partout) ne sont également pas forcément les mêmes que celles qui font aller dans le privé catholique.
Je rappelle aussi que dans de nombreux cas ce sont les entreprises des expatriés qui prennent en charge la scolarité.
Les motivations qui poussent des parents qui ont vécu dans plusieurs pays et n’ont pas eu d’autre choix que de scolariser leurs enfants en local (il n’y a pas des écoles françaises partout) ne sont également pas forcément les mêmes que celles qui font aller dans le privé catholique.
- CzarNiveau 9
dandelion a écrit:A Paris, les établissements sélectifs ne s’adressent pas aux classes moyennes aisées mais aux classes supérieures aisées (des gens riches en d’autres termes, même si à Paris il n’y a plus ou presque que des riches et des très pauvres).
Source? je maintiens pour les classes moyennes aisées.
Pour l'observatoire des inégalités, un couple avec 2 enfants fait parti de la classe moyenne s'il gagne entre 4 201€ à 7 352€ /mois.
Avec ces revenus, le haut de la classe moyenne peut scolariser ses 2 enfants à Stanislas.
https://www.inegalites.fr/Pauvres-moyens-ou-riches-Les-revenus-par-type-de-menage
Je rappelle aussi que dans de nombreux cas ce sont les entreprises des expatriés qui prennent en charge la scolarité.
Les motivations qui poussent des parents qui ont vécu dans plusieurs pays et n’ont pas eu d’autre choix que de scolariser leurs enfants en local (il n’y a pas des écoles françaises partout) ne sont également pas forcément les mêmes que celles qui font aller dans le privé catholique.
Concernant les expats je ne connais pas je suis donc curieux.
Quelles sont ces motivations spécifiques des parents qui ont vécu dans plusieurs pays ?
- ElaïnaDevin
Czar a écrit:
Les motivations qui poussent des parents qui ont vécu dans plusieurs pays et n’ont pas eu d’autre choix que de scolariser leurs enfants en local (il n’y a pas des écoles françaises partout) ne sont également pas forcément les mêmes que celles qui font aller dans le privé catholique.
Concernant les expats je ne connais pas je suis donc curieux.
Quelles sont ces motivations spécifiques des parents qui ont vécu dans plusieurs pays ?[/quote]
En local, il n'y a pas forcément de reconnaissance des diplômes/niveaux. Donc quand on veut réintégrer son enfant dans le système français, ça peut être compliqué. Ma soeur par exemple est partie aux USA pour le travail, elle a pu scolariser ses deux plus jeunes en école française mais pas le grand qui est allé au lycée américain (au niveau équivalent première), et à leur retour il n'a pas été admis en terminale, il a dû refaire une première.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
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- dandelionVénérable
Pour notre plus jeune, l’entrée au lycée aurait été subordonnée au passage de tests au Casnav, et comme nous arrivions en cours d’été, cela compliquait la situation pour participer à l’affectation au lycée. A Paris et plus largement en Ile-de-France, on peut se retrouver sans affectation, ou loin de son logement. Quand tu arrives avec un ado qui n’est pas rentré en France depuis des années (merci le Covid) et n’a pas de souvenir d’y avoir jamais vécu, tu essaies au maximum de lui simplifier la vie. Et puis il se trouve que quand on est professeur d’anglais et qu’on a un enfant passionné par la langue anglaise, c’est un peu douloureux de renoncer à ce qu’il ait accès à un enseignement de qualité dans cette langue.
Et puis certaines familles savent qu’elles risquent de repartir, et vont donc vers un enseignement qui favorise le plurilinguisme. Nous notre moyenne c’était cinq ans au même endroit, mais il y a des familles qui bougent davantage. Certains établissements sont plus accueillants et plus souples pour les enfants avec des parcours scolaires compliqués, et ils leur offrent aussi davantage de possibilités de s’adapter à un établissement à l’étranger le cas échéant.
Le nouveau bac a encore compliqué la donne, en obligeant certains enfants à refaire une année de première (et à Paris nous avons beaucoup d’enfants qui arrivent de l’étranger, c’est encore un impensé de la réforme).
Et puis certaines familles savent qu’elles risquent de repartir, et vont donc vers un enseignement qui favorise le plurilinguisme. Nous notre moyenne c’était cinq ans au même endroit, mais il y a des familles qui bougent davantage. Certains établissements sont plus accueillants et plus souples pour les enfants avec des parcours scolaires compliqués, et ils leur offrent aussi davantage de possibilités de s’adapter à un établissement à l’étranger le cas échéant.
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