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- Scarlett19Niveau 1
Bonjour,
Bon, tout est dans le titre ! Comment gérez-vous l'emploi de mots racistes dans les oeuvres étudiées en classe ? Vous contextualisez à l'oral avec les élèves ? Pour les lectures cursives, cela me semble plus compliqué, car ils y sont confrontés seuls à la maison. Merci pour vos retours.
Bon, tout est dans le titre ! Comment gérez-vous l'emploi de mots racistes dans les oeuvres étudiées en classe ? Vous contextualisez à l'oral avec les élèves ? Pour les lectures cursives, cela me semble plus compliqué, car ils y sont confrontés seuls à la maison. Merci pour vos retours.
- CasparProphète
Gros débat aux États-Unis où certains veulent récrire Mark Twain par exemple pour y enlever le fameux mot commençant par un n.
Il me semble que ça peut fournir l'occasion de discussions intéressantes avec les élèves mais de nos jours ça peut vite provoquer des remontées des parents etc donc à voir selon ton public.
Il me semble que ça peut fournir l'occasion de discussions intéressantes avec les élèves mais de nos jours ça peut vite provoquer des remontées des parents etc donc à voir selon ton public.
- lilith888Grand sage
Je suis désespérée rien qu'à la lecture de ce topic...
- LeilapieNiveau 5
Scarlett19 a écrit:Bonjour,
Bon, tout est dans le titre ! Comment gérez-vous l'emploi de mots racistes dans les oeuvres étudiées en classe ? Vous contextualisez à l'oral avec les élèves ? Pour les lectures cursives, cela me semble plus compliqué, car ils y sont confrontés seuls à la maison. Merci pour vos retours.
Exemple?
Généralement je contextualise pour éviter les contresens des élèves en commentaire ou explication, et je fais aussi un point étymologique/historique (je pense évidemment aux célèbres textes de Montesquieu et Voltaire).
- Scarlett19Niveau 1
lilith888 a écrit:Je suis désespérée rien qu'à la lecture de ce topic...
Je ne sais pas si cette remarque s'adresse à moi, mais je pense légitime de réfléchir aux réactions des enfants et des parents dans une société où tout est sujet à polémique. Je ne souhaite pas me censurer mais simplement échanger avec des collègues bienveillants qui pourront me conseiller. On peut toujours regretter d'avoir à se poser cette question, mais malheureusement elle me semble justifiée.
- Scarlett19Niveau 1
`Caspar a écrit:Gros débat aux États-Unis où certains veulent récrire Mark Twain par exemple pour y enlever le fameux mot commençant par un n.
Il me semble que ça peut fournir l'occasion de discussions intéressantes avec les élèves mais de nos jours ça peut vite provoquer des remontées des parents etc donc à voir selon ton public.
Merci pour cette réponse. Effectivement, des collègues ont déjà eu des retours négatifs de parents, d'où ma question. J"avoue ne pas avoir envie de devoir me justifier mais cela me semble de plus en plus difficile.
- elsassfreiNiveau 7
Je vais être solidaire avec lilith888, et autres : je ne suis pas désespéré, mais très inquiet, moi aussi, de voir fleurir ce type de sujets.
Étant de formation plutôt scientifique, j'utilise comme repère le second principe de la thermodynamique : celui-ci nous apprend que c'est toujours plus facile de casser que de construire. Et je suis d'accord pour dire qu'on ne peut sainement aborder ce type de sujet qu'avec des gens éduqués (politesse, ouverture d'esprit), équilibrés (humilité, modestie) et objectifs (factuels, capables d'argumenter sainement).
Bonnes fêtes à tous
Étant de formation plutôt scientifique, j'utilise comme repère le second principe de la thermodynamique : celui-ci nous apprend que c'est toujours plus facile de casser que de construire. Et je suis d'accord pour dire qu'on ne peut sainement aborder ce type de sujet qu'avec des gens éduqués (politesse, ouverture d'esprit), équilibrés (humilité, modestie) et objectifs (factuels, capables d'argumenter sainement).
Bonnes fêtes à tous
- NLM76Grand Maître
Ce que je voudrais savoir, c'est ce qu'est un mot raciste. Je sais qu'il existe des mots français qui sont d'abord utilisés comme insultes racistes, comme "bicot, youpin, négro, niakwé". Ils peuvent être présents dans des livres que nous faisons étudier dans certains contextes. D'autres mots, qui ne sont pas racistes en soi, peuvent être utilisé avec une tonalité raciste, avec une intention raciste, en particulier par des personnages.
Mais globalement, je crains fort que considérer qu'il existe dans la langue d'un côté des mots racistes, et de l'autre des mots respectueux des différences, cela me paraît constituer une erreur grave de raisonnement, d'une naïveté confondante.
Mais globalement, je crains fort que considérer qu'il existe dans la langue d'un côté des mots racistes, et de l'autre des mots respectueux des différences, cela me paraît constituer une erreur grave de raisonnement, d'une naïveté confondante.
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- GanbatteHabitué du forum
C'est justement très intéressant d'étudier par là l'évolution du sens des mots, des perceptions que l'on en a, et de constater que ce qui est acceptable dans un contexte culturel ou une époque ne l'est pas nécessairement dans tous les autres.
- CasparProphète
Aux États-Unis on parle couramment de race, en France c'est raciste d'utiliser le mot race. Ils utilisent aussi le mot brown, ça peut faire sourire. Quand j'ai dû remplir la case ethnicity dans un formulaire administratif britannique (je vous passe les détails, c'était à l'époque du post-covid), ça fait bizarre.
Je trouve la question de départ légitime dans certains contextes scolaires. Dans mon établissement elle ne se pose pas trop mais ça peut être un point de départ intéressant de discussion avec les élèves.
Je trouve la question de départ légitime dans certains contextes scolaires. Dans mon établissement elle ne se pose pas trop mais ça peut être un point de départ intéressant de discussion avec les élèves.
- TardisNiveau 9
En anglais en 3ème on étudie le tableau 'The Problem we all Live With' de Norman Rockwell dans le contexte du Civil Rights Movement. J'explique aux élèves que c'est un sujet peu agréable et parfois choquant mais aussi important dans l'histoire des Etats Unis. En plus, c'est dans le programme et l'image est dans leur manuel.
- DalvarNiveau 6
À l'époque des sensitive readers c'est une question qu'on peut se poser en effet, et contextualiser ça marche en effet entre gens intelligents et raisonnables, mais un élève qui a décidé de perturber le cours pourra toujours prendre pour prétexte qu'il y a un mot raciste ou qui peut être considéré comme tel dans un texte pour le faire.
J'ai un ami qui a eu son cours interrompu parce que deux élèves voulaient savoir pourquoi on dit "marché noir", sous-entendant que c'est une formule raciste, bah au bout d'un moment il a décidé de parler dorénavant de "marché illégal" pour pouvoir continuer son cours parce que les élèves, évidemment de mauvaise foi, ne voulaient pas lâcher l'affaire.
J'ai un ami qui a eu son cours interrompu parce que deux élèves voulaient savoir pourquoi on dit "marché noir", sous-entendant que c'est une formule raciste, bah au bout d'un moment il a décidé de parler dorénavant de "marché illégal" pour pouvoir continuer son cours parce que les élèves, évidemment de mauvaise foi, ne voulaient pas lâcher l'affaire.
- NLM76Grand Maître
Mais ce que je voudrais savoir, c'est de quel mot on parle.Ganbatte a écrit:C'est justement très intéressant d'étudier par là l'évolution du sens des mots, des perceptions que l'on en a, et de constater que ce qui est acceptable dans un contexte culturel ou une époque ne l'est pas nécessairement dans tous les autres.
Autrement dit, le concept de "mot raciste" m'échappe complètement. Ce n'est pas le mot qui est raciste. Imaginer qu'un mot en soi pourrait être raciste n'a rien de moderne ; c'est juste le signe d'une sottise pluriséculaire. Même les insultes racistes, les mots qui en eux-mêmes désignent de façon raciste une catégorie désignée comme "raciale", ne le sont que parce qu'elle sont utilisées de façon raciste. Or seuls ces mots-là peuvent être raisonnablement considérés comme racistes ; pour les autres mots, ils ne sont racistes que dans l'esprit des racistes.
Autrement dit, le problème n'est pas celui de l'acceptabilité, du "c'est bien, c'est mal", mais celui de la signification, presque toujours complexe.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- laMissSage
Dans la classe de ma nièce, les élèves ont été choqués par le mot "nègre" dans Vendredi ou la vie sauvage de Tournier. J'ignore comment l'enseignante a abordé ce point.
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Si rien n'est décidé, ce sera à chacun d'entre nous de décider en conscience.
- Hervé HervéFidèle du forum
Il faut bien évidemment expliquer le contexte d'utilisation d'un mot.
J'ai la semaine dernière utilisé en classe un texte d'Albert Londres utilisant plusieurs fois le mot "nègre". C'est évidemment le mot utilisé à l'époque et de plus l'auteur avait comme but de dénoncer le sort fait aux travailleurs des colonies et la vision qu'on en avait. Mais faire comme si c'était un mot anodin c'est faire croire à l'élève qu'il peut l'utiliser de nos jours comme synonyme de "personne de type africain". Cela peut lui jouer des tours.
En général j'introduis le texte en disant qu'il s'agit d'un texte d'un autre époque. Je continue avec Aimé Césaire. On peut aussi parler de la reprise par ceux qui étaient visés, en en détournant le sens, d'un mot ayant une connotation négative.
J'ai la semaine dernière utilisé en classe un texte d'Albert Londres utilisant plusieurs fois le mot "nègre". C'est évidemment le mot utilisé à l'époque et de plus l'auteur avait comme but de dénoncer le sort fait aux travailleurs des colonies et la vision qu'on en avait. Mais faire comme si c'était un mot anodin c'est faire croire à l'élève qu'il peut l'utiliser de nos jours comme synonyme de "personne de type africain". Cela peut lui jouer des tours.
En général j'introduis le texte en disant qu'il s'agit d'un texte d'un autre époque. Je continue avec Aimé Césaire. On peut aussi parler de la reprise par ceux qui étaient visés, en en détournant le sens, d'un mot ayant une connotation négative.
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« Et je demande aux économistes politiques, aux moralistes, s’ils ont déjà calculé le nombre d’individus qu’il est nécessaire de condamner à la misère, à un travail disproportionné, au découragement, à l’infantilisation, à une ignorance crapuleuse, à une détresse invincible, à la pénurie absolue, pour produire un riche ? » (Almeida Garrett cité parJosé Saramago).
- CasparProphète
laMiss a écrit:Dans la classe de ma nièce, les élèves ont été choqués par le mot "nègre" dans Vendredi ou la vie sauvage de Tournier. J'ignore comment l'enseignante a abordé ce point.
Et ne parlons pas du mot "negro" en espagnol, qui désigne tout simplement la couleur noire.
- Reine MargotDemi-dieu
ca peut être intéressant de faire un exercice ou le mot "noir" est employé de manière péjorative, neutre ou méliorative. Ca remet les pendules à l'heure.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- Nina68Niveau 9
Reine Margot a écrit:ca peut être intéressant de faire un exercice ou le mot "noir" est employé de manière péjorative, neutre ou méliorative. Ca remet les pendules à l'heure.
Oui, en effet. Pour ma part, quand je lis "Vendredi ou la vie sauvage", j'anticipe et j'explique le contexte.
- Scarlett19Niveau 1
NLM76 a écrit:Ce que je voudrais savoir, c'est ce qu'est un mot raciste. Je sais qu'il existe des mots français qui sont d'abord utilisés comme insultes racistes, comme "bicot, youpin, négro, niakwé". Ils peuvent être présents dans des livres que nous faisons étudier dans certains contextes. D'autres mots, qui ne sont pas racistes en soi, peuvent être utilisé avec une tonalité raciste, avec une intention raciste, en particulier par des personnages.
Mais globalement, je crains fort que considérer qu'il existe dans la langue d'un côté des mots racistes, et de l'autre des mots respectueux des différences, cela me paraît constituer une erreur grave de raisonnement, d'une naïveté confondante.
Cela ne répond absolument pas à ma question. J'évoque le fait que des parents ou élèves peuvent s'offusquer (à tort, c'est évident, et parfois en toute mauvaise foi) de l'emploi de mots jugés racistes. Je ne remets pas en cause l'emploi de ces mots et ne souhaite pas les remplacer, je demande simplement un retour d'expérience de profs ayant déjà été confrontés au problème afin de m'y préparer et d'anticiper. C'est le propos de mon post, le reste ne m'intéresse pas.
- Scarlett19Niveau 1
Reine Margot a écrit:ca peut être intéressant de faire un exercice ou le mot "noir" est employé de manière péjorative, neutre ou méliorative. Ca remet les pendules à l'heure.
Très bonne idée, merci.
- Scarlett19Niveau 1
elsassfrei a écrit:Je vais être solidaire avec lilith888, et autres : je ne suis pas désespéré, mais très inquiet, moi aussi, de voir fleurir ce type de sujets.
Étant de formation plutôt scientifique, j'utilise comme repère le second principe de la thermodynamique : celui-ci nous apprend que c'est toujours plus facile de casser que de construire. Et je suis d'accord pour dire qu'on ne peut sainement aborder ce type de sujet qu'avec des gens éduqués (politesse, ouverture d'esprit), équilibrés (humilité, modestie) et objectifs (factuels, capables d'argumenter sainement).
Bonnes fêtes à tous
Effectivement, mais nous n'avons pas toujours en face de nous des personnes équilibrées et objectives. D'où ma question.
- elsassfreiNiveau 7
@Scarlett19 Dans ce cas là, je ne réponds pas.
Pour le reste, je pense que marché noir peut s'expliquer par marché qui se déroule "dans le noir" (pas en pleine lumière).
Pour continuer dans les contre-exemples, quid du "corps noir" et de son rayonnement ? :-)
@caspar : Quelle que soit la synthèse mise en oeuvre (soustractive ou additive), le noir n'est pas une couleur, mais l'absence de couleur, c'est à dire l'absence d'émission de toute onde électromagnétique de fréquence donnée ( couleur = fréquence, et non longueur d'onde comme on peut lire certaines fois).
Pour le reste, je pense que marché noir peut s'expliquer par marché qui se déroule "dans le noir" (pas en pleine lumière).
Pour continuer dans les contre-exemples, quid du "corps noir" et de son rayonnement ? :-)
@caspar : Quelle que soit la synthèse mise en oeuvre (soustractive ou additive), le noir n'est pas une couleur, mais l'absence de couleur, c'est à dire l'absence d'émission de toute onde électromagnétique de fréquence donnée ( couleur = fréquence, et non longueur d'onde comme on peut lire certaines fois).
- DalvarNiveau 6
Puisqu'on est là, j'ai une question que je me suis toujours posée, en Français les traducteurs traduisent comment le "Negro" anglais, qui n'étais pas péjoratif comme le N-word.
Et pour un texte français où il y a "Black", comment ils le traduisent en anglais pour marquer la différence d'avec "Noir" ?
Et pour un texte français où il y a "Black", comment ils le traduisent en anglais pour marquer la différence d'avec "Noir" ?
- CasparProphète
elsassfrei a écrit:@Scarlett19 Dans ce cas là, je ne réponds pas.
Pour le reste, je pense que marché noir peut s'expliquer par marché qui se déroule "dans le noir" (pas en pleine lumière).
Pour continuer dans les contre-exemples, quid du "corps noir" et de son rayonnement ? :-)
@caspar : Quelle que soit la synthèse mise en oeuvre (soustractive ou additive), le noir n'est pas une couleur, mais l'absence de couleur, c'est à dire l'absence d'émission de toute onde électromagnétique de fréquence donnée ( couleur = fréquence, et non longueur d'onde comme on peut lire certaines fois).
Oui, j'ai quand même quelques connaissances en physique. Je parlais de "couleur noire" dans son acception courante et quotidienne.
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