Tous les enseignants d'une école d'Ales menacés de mutation d'office

Ça avait déjà été tenté en Seine Saint Denis l'an dernier, apparemment, ça recommence à Ales cette année.

https://www.midilibre.fr/2024/04/04/menaces-de-mutations-les-enseignants-de-lecole-de-la-royale-dales-manifestent-avec-les-parents-deleves-11870651.php

Donc si je comprends bien, il y a un dysfonctionnement entre une directrice qui vient d'arriver et tous les professeurs de l'établissement (qui sont là depuis plus longtemps). Et leur solution c'est de muter tous les enseignants plutôt que la directrice ? Je sais pas mais ça ne me parait pas logique. Après je manque peut-être de contexte, mais bon...

L'article reste très laconique, sur les réseaux, il y a plus d'informations mais n'étant pas certaine de leur fiabilité, je ne vais pas les publier ici. Par contre, je trouve vraiment que cette façon de faire tend à se généraliser, avec l'affaire de la Seine Saint Denis l'an dernier et celle des quatre de Melle. La mise au pas est décidément très violente, ça va même au delà du "pas de vague" classique où quand tu signales des problèmes, on enterre, on met sous le tapis, là, on essaie vraiment d'abattre le ou les messagers.

Quelle était l'affaire de la Seine Saint Denis ?

En avril 2022, à la rentrée des vacances de printemps, dans un contexte similaire d'opposition équipe /nouvelle directrice, 6 PE sur 19 avaient été mutés d'office et la directrice "mise en retrait" à l'école Louis Pasteur de Saint-Denis
https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/seine-saint-denis/des-enseignants-et-une-directrice-mutes-d-office-la-colere-gronde-a-l-ecole-louis-pasteur-de-saint-denis-2520200.html

Iwiwon46 a écrit:Ça avait déjà été tenté en Seine Saint Denis l'an dernier, apparemment, ça recommence à Ales cette année.

https://www.midilibre.fr/2024/04/04/menaces-de-mutations-les-enseignants-de-lecole-de-la-royale-dales-manifestent-avec-les-parents-deleves-11870651.php

Il semblerait qu'il y ait un lien avec le soutien que ces enseignants ont manifesté à l'égard de Maxime Tatry en 2022, comme l'indique cet article du café pédagogique :

L’Education nationale aggrave sa crise. Le Café pédagogique l’avait signalé en juin 2021. A Alès, comme dans d’autres départements comme la Gironde, les dédoublements des classes de GS de maternelle ont été utilisés pour créer des postes à profil. Résultat : des enseignants expérimentés et appréciés sont obligés de passer devant une commission et peuvent perdre leur poste s’ils répondent mal à un entretien dont le contenu n’est pas communiqué. C’est ce qui est arrivé à Maxime Tatry, directeur et enseignant depuis 16 ans à l’école Rep+ Louis Leprince – Ringuet d’Alès. En février 2021 il perd son poste en 15 minutes sous prétexte qu’il ne connait pas assez Eduscol. “L’institution réduit à néant 16 ans d’expérience ce qui dévalorise nos compétences professionnelles”, écrivent ses collègues qu organisent deux rassemblements de soutien.Un nouvel entretien a lieu à l’été 2021. A la rentrée, devenu directeur d’une autre école, M Tatry reçoit la visite de la police. L’inspectrice a porté plainte contre lui pour harcèlements et outrages. C’est le coup de grâce pour M Tatry. Amère, il décide de quitter définitivement l’enseignement et signe une rupture conventionnelle. La hiérarchie règne enfin. Sur un désert.. Maxima Tatry a porté plainte à son tour contre l’inspectrice pour dénonciation calomnieuse a écrit:

https://www.cafepedagogique.net/2022/07/05/a-ales-maxime-tatry-quitte-l-enseignement/

Plus de détails ici :
https://www.midilibre.fr/2022/07/02/lenseignant-linspectrice-la-plainte-et-le-malaise-a-leducation-nationale-10410322.php

Je découvre le sujet.
Cela ressemble beaucoup à ce que l'EN sait faire de pire.

Fatras a écrit:Je découvre le sujet.
Cela ressemble beaucoup à ce que l'EN sait faire de pire.

J'aurais dit : Cela ressemble beaucoup à ce que l'EN sait faire (tout court).

Merci pour les liens, c'est effectivement à cette affaire que je faisais référence en Seine Saint Denis. Ce que je remarque, c'est que ça touche souvent des REP et REP + , avec des équipes plutôt soudées, assez anciennes, en tout cas suffisamment pour qu'ils aient rejoint et soient restés sur des zones d'éducation prioritaire avant même que ça ait un réel intérêt financier, ce qui suppose une forme d'engagement réel et qu'on cherche à détruire, parce qu'un peu "fortes en gueule" et pour y placer sans doute des gens plus "malléables". 
C'est peut-être pour ça que ces affaires me touchent, je vois dans ces profils la première équipe avec laquelle j'ai travaillé, des gens un peu "gaulois réfractaires",  certes, mais qui faisaient vraiment du super boulot, avec beaucoup d'intelligence, et j'ai l'impression qu'ils tendent à disparaître ou qu'on essaie de les casser pour les remplacer par du très, très lisse et par du "projet" uniforme venu d'en haut à appliquer sans se poser de questions.

Maxime Tatry était le directeur, depuis de très longues années, d'un groupe scolaire de 8 classes. Il était apprécié des parents, de ses collègues et des élèves.
Il enseignait en GS dans ce quartier, probablement le plus défavorisé de la ville.

Au moment où sont apparues les classes de GS dédoublées, il a postulé, en toute logique pour que la sienne le soit. Après un entretien avec son inspectrice, il a reçu une notification de refus. Inapte à enseigner dans une classe à 12 GS lui qui avait enseigné à des grandes sections à 25 élèves pendant plus de 10 ans !
Il n'a pas compris pourquoi mais n'a eu d'autre choix que d'accepter et de prendre, à la rentrée, une classe de CE2 tout en conservant la direction du groupe scolaire.
Les deux classes de GS dédoublées étant données à d'autres enseignants.

Les parents et ses collègues se sont mobilisés : pétitions, manifestations devant l'inspection mais rien n'y a fait.

A la rentrée suivante, Maxime a été cueilli, à la sortie de sa classe, par la police : l'inspectrice avait porté plainte contre lui.
La plainte a été classée sans suite
Maxime a démissionné et a passé un CAP de boulanger.
L'école de la Royale dont il était le directeur a eu du mal à s'en remettre mais l'équipe en place a essayé de faire tourner la boutique.

En septembre de cette année une nouvelle directrice est arrivée et là, ça c'est très mal passé comme vous pouvez le lire dans l'article.
Les 8 enseignants qui se sont mis en maladie pendant plusieurs mois vont être mutés d'office et ce groupe scolaire, qui je le répète, est dans un quartier très défavorisé, va probablement s'effondrer.

Voilà comment à partir d'une décision arbitraire et injuste on en arrive là : on a ruiné la carrière et la vie directeur motivé et compétent et on a saboté tout le travail qu'il avait pu mener avec son équipe pour faire tourner, au mieux, son école.