Attaque au couteau dans un lycée à Arras

Merci pour le portrait de nos collègues ; je suis soulagé de savoir que les jours de ceux qui étaient grièvement blessés ne sont plus en danger.

(je ne sais pas si c'est le lieu, puisqu'on n'en parle pas ici, mais je suis aussi très choqué par ce qui arrive à notre collège Sophie Djigo, et je pense à elle également ; la possibilité d'un tel torrent d'insultes sur les réseaux par des individus "lambda", par les politiques de façon officielle, et dont la presse se fait le relai (à quoi s'ajoutent les horribles commentaires sous les articles), est un des marqueurs de la barbarie de cette société.)

On n’en a parlé un peu avant étant donné qu’elle a reçu de nouvelles menaces de l’ED.

valle a écrit:

Balthamos a écrit:

Zoé a écrit:Cela a été proposé hier soir: droit de retrait.
Effectivement, le message constructif et décent devrait venir de la hiérarchie, la décision de fermer au niveau national, mais si cette décision n'est pas prise, un droit de retrait unitaire serait un minimum.

Un droit de retrait est une démarche individuelle, et non unitaire, solidaire. Chaque agent doit en faire la démarche pour une situation qui lui est propre (bien qu'elle puisse être partagée, le cas de professeurs partageant une salle tellement vétuste qu'elle met en danger la vie de ces collègues).
De plus, le droit de retrait répond à un danger grave et imminent, ce qui n'est de toute évidence pas le cas ici.
Ce n'est pas en dévoyant nos droits qu'on arrivera à faire notre deuil ou à nous faire entendre.

C'est exact. Toutefois, il faut avouer que cet instrument est parfois utilisé de manière collective et en absence de tout risque imminent : https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/paris/ratp-la-ligne-6-du-metro-parisien-a-l-arret-suite-a-un-droit-de-retrait-des-conducteurs-2762614.html

La situation de lundi prochain, avec un risque imminent d'attentat qui semble viser particulièrement les établissements scolaires, ne semble pas complètement étranger au retrait, individuel mais de l'ensemble des agents.

Le débrayage (proposé par exemple par le SNALC) n'a directement aucun cadre dans le droit du travail. Je veux dire par cela qu'il est "habituel" de forcer un peu les instruments juridiques dans ce type de circonstances.

La plupart des droits de retrait collectifs sont interprétés comme service non fait par l'administration. Pour protéger les travailleurs, les syndicats négocient parfois le paiement du jour, parfois la qualification en grève, mais ce n'est pas un droit de retrait, et l'administration le sait très bien.

Pour la situation de lundi, le danger n'est pas imminent, non. Sauf si toi, Valle, tu es nommément ciblé et cité, avec des menaces concrètes et tangibles. Si c'est lié au risque sécuritaire du pays, non ça ne fonctionne pas.

Sinon certains syndicats appellent aux débrayages sans cadre, d'autres essayent de pousser le ministère à accorder un temps de réflexion et de recueillement pour lundi. Chacun fait son choix.

Jenny a écrit:On n’en a parlé un peu avant étant donné qu’elle a reçu de nouvelles menaces de l’ED.

Ah, cela m'a échappé, pardon. En tout cas, je pense à elle aussi.

Je te remets le lien vers l’article : https://www.liberation.fr/politique/attaque-a-arras-rendue-responsable-du-drame-sur-les-reseaux-sociaux-une-enseignante-menacee-par-lextreme-droite-20231013_JYBWKG75NNAAZIAPD5HCTC7O3I/
Certains n’ont honte de rien…

epekeina.tes.ousias a écrit:

Jenny a écrit:

Baldred a écrit:Autre victime, David Verhaeghe, professeur de sport, a été blessé au visage et à la gorge en tentant de maîtriser Mohammed M. Passionné de handball, ce quadragénaire est également très apprécié dans ce lycée arrageois. D’autant plus après le drame, où il s’est interposé. Une mère d’élève évoque « un professeur très investi qui se dépense pour faire progresser les gamins et en tirer le meilleur ». Et d’ajouter : « On voyait qu’il connaissait bien nos enfants. Il était blessé mais il a quand même pensé à les prévenir pour qu’ils se cachent. Cet homme est un héros. » Dans la soirée, on apprenait que David Verhaeghe n’était plus en urgence vitale.

J'espère qu'il se remettra vite. Merci pour ce post.

Jacques Davoli, lui aussi, grièvement blessé, est le chef d’équipe de la cinquantaine d’agents techniques de l’établissement. Ils sont employés par le Conseil régional des Hauts-de-France. Son président (Les Républicains), Xavier Bertrand, a précisé sur place, vendredi après-midi, que « son pronostic vital n’[était] plus engagé, même s’il [était] toujours en réanimation ». « Plusieurs agents de l’établissement ont essayé de repousser l’assaillant avec des chaises et des manches de balai, quand il était dans la cour. C’est là que l’un d’entre eux est tombé et l’agresseur s’est jeté sur lui. M. Davoli s’est interposé, avec le chef cuisinier, et il a été touché. »

Des pensées pour l'agent blessé également.

Un peu de soulagement en apprenant que ces collègues ne sont plus dans une situation aussi critique qu'hier. J'espère de tout mon cœur qu'ils se remettront — cela ne “console” en rien, je le sais, mais tout espoir est bon à prendre.

Au delà du symbole (un prof d’histoire recherché pour être tué), l’assaillant a été bloqué par trois pères de famille qui se sont alignés pour protéger les gones qui se trouvaient autour. Un immense merci à eux.

Jenny a écrit:Je te remets le lien vers l’article : https://www.liberation.fr/politique/attaque-a-arras-rendue-responsable-du-drame-sur-les-reseaux-sociaux-une-enseignante-menacee-par-lextreme-droite-20231013_JYBWKG75NNAAZIAPD5HCTC7O3I/
Certains n’ont honte de rien…

Merci beaucoup.
On savait déjà qu'ils étaient nauséabonds, je ne suis pas surpris...

Ramoneur a écrit:Au delà du symbole (un prof d’histoire recherché pour être tué), l’assaillant a été bloqué par trois pères de famille qui se sont alignés pour protéger les gones qui se trouvaient autour. Un immense merci à eux.

Effectivement, quel courage.

Balthamos a écrit:
Ce n'est pas en dévoyant nos droits qu'on arrivera à faire notre deuil ou à nous faire entendre.

Je trouve ce commentaire extrêmement violent, je ne vois pas en quoi c'est dévoyer nos droits que de signaler ainsi que l'on ne se sent plus en sécurité dans nos établissements. Une grève, c'est pour revendiquer quelque chose, dans ces moment de sidération, je ne revendique rien, sinon le droit de dire ma peine et de rendre hommage à mon collègue. Et un jour, c'est déjà bien peu. Je ne suis pas malade, je ne suis pas faible, je ne suis pas fragile, je n'ai pas besoin d'arrêt maladie. Je veux juste dire STOP !

Nous venons de recevoir un mail du ministère sur nos boîtes académiques : on nous accorde DEUX heures lundi matin pour des temps d’échanges « humains et pédagogiques ». Ah mais comme cela peut être difficile pour certaines familles eh bien les élèves seront en même temps (c’est moi qui ajoute, tout le monde à la réf comme ils disent) accueillis. Par qui ???? Mystère, ceux qui n’ont pas besoin d’échanger j’imagine.
Et à 10h au boulot, faut pas exagérer !
Ah et à 14h on fera une petite minute de silence quand même.

Fires of Pompeii a écrit:Alors pardon de mettre un peu les pieds dans le plat mais j’en ai marre que, dès qu’un professeur est agresse ou assassiné, on ne parle que des élèves. Les élèves on y pense sans arrêt. Là c’est un des nôtres qui est mort. L’accueil des élèves ne me préoccupe guère. Je n’ai pas envie de leur parler de ça, encore une fois seule devant eux. J’ai envie qu’on nous laisse nous recueillir. Entre nous.

Je suis tellement d'accord avec toi...

doubledecker a écrit:Nous venons de recevoir un mail du ministère sur nos boîtes académiques : on nous accorde DEUX heures lundi matin pour des temps d’échanges « humains et pédagogiques ». Ah mais comme cela peut être difficile pour certaines familles eh bien les élèves seront en même temps (c’est moi qui ajoute, tout le monde à la réf comme ils disent) accueillis. Par qui ???? Mystère, ceux qui n’ont pas besoin d’échanger j’imagine.
Et à 10h au boulot, faut pas exagérer !
Ah et à 14h on fera une petite minute de silence quand même.

Minute de silence DANS la classe.

La division...

fanette a écrit:

Balthamos a écrit:
Ce n'est pas en dévoyant nos droits qu'on arrivera à faire notre deuil ou à nous faire entendre.

Je trouve ce commentaire extrêmement violent, je ne vois pas en quoi c'est dévoyer nos droits que de signaler ainsi que l'on ne se sent plus en sécurité dans nos établissements. Une grève, c'est pour revendiquer quelque chose, dans ces moment de sidération, je ne revendique rien, sinon le droit de dire ma peine et de rendre hommage à mon collègue. Et un jour, c'est déjà bien peu. Je ne suis pas malade, je ne suis pas faible, je ne suis pas fragile, je n'ai pas besoin d'arrêt maladie. Je veux juste dire STOP !

Je suis désolé si tu trouves ce commentaire violent, mais j'essaye de donner des arguments rationnels et des outils légaux pour montrer notre deuil et attachement à un beau métier. Et je partage grandement ton sentiment, j'en ai marre et je veux crier STOP face à tout ce qui nous tombe dessus.
Une grève pour dire stop, ca ne me choque pas justement. Pour revendiquer la sécurité, élémentaire normalement ?
Dévoyer un droit, quand on le détourne, on l'utilise à mauvais escient, au risque de lui faire perdre sa valeur, de protéger en cas de danger grave et imminent justement.

Si tu n'es pas malade, faible ou fragile, je suis content pour toi, mais ce n'est pas le cas de certains collègues qui sont particulièrement ébranlés. Je me souvient une collègue incapable de faire cours à la reprise avec l'assassinat de S. Paty, à en vomir. Pour ces collègues, oui un arrêt de travail se justifie. Et non, ça ne passera pas par un droit de retrait.

Hirondelle a écrit:Ici, on a encore rien reçu du tout. Sauf cette insupportable débilite de numéro vert

Le numéro vert en question existait déjà avant l'attaque

Balthamos a écrit:
Une grève pour dire stop, ca ne me choque pas justement. Pour revendiquer la sécurité, élémentaire normalement ?

Oui, sauf qu'une grève exige un préavis et que c'est trop tard pour lundi.
Quelle que soit la (ou les) solution adoptée, une négociation avec l'administration s'impose : en amont --c'est déjà le cas--, ou après, ou les deux.

valle a écrit:

Balthamos a écrit:
Une grève pour dire stop, ca ne me choque pas justement. Pour revendiquer la sécurité, élémentaire normalement ?

Oui, sauf qu'une grève exige un préavis et que c'est trop tard pour lundi.
Quelle que soit la (ou les) solution adoptée, une négociation avec l'administration s'impose : en amont --c'est déjà le cas--, ou après, ou les deux.

Ça tombe bien, il y a déjà des préavis en cours (dont celui de Sud éduc: https://www.sudeducation.org/wp-content/uploads/2023/09/2023-09-12-Preavis-de-greve-du-21-septembre-au-20-novembre-2023.pdf ).
Le vrai blocage est pour le premier degré, dont le dispositif de cassage de grève service minimum d'accueil instauré sous Sarko exige une déclaration individuelle préalable 48h avant.

Mathador a écrit:
Le vrai blocage est pour le premier degré, dont le dispositif de cassage de grève service minimum d'accueil instauré sous Sarko exige une déclaration individuelle préalable 48h avant.

Et c'est là que le droit de retrait permettrait peut-être de passer outre ?

Sinon, je lis ailleurs que des PE iront accompagner leurs enfants au collège ou au lycée à 10h, et qu'ils comptent sur la compréhension de leur employeur  :

G. Attal a écrit:Je suis convaincu que les employeurs seront tolérants avec leurs salariés parents d’élèves contraints d’arriver un peu plus tard au travail. Car toute la Nation fait bloc derrière vous et est consciente du besoin qui est le vôtre de vous retrouver ensemble.

Evacuation du château de Versailles en cours suite à une alerte à la bombe.

Spoiler:

fanette a écrit:

Mathador a écrit:
Le vrai blocage est pour le premier degré, dont le dispositif de cassage de grève service minimum d'accueil instauré sous Sarko exige une déclaration individuelle préalable 48h avant.

Et c'est là que le droit de retrait permettrait peut-être de passer outre ?

Oui… s'il est reconnu.

doubledecker a écrit:Nous venons de recevoir un mail du ministère sur nos boîtes académiques : on nous accorde DEUX heures lundi matin pour des temps d’échanges « humains et pédagogiques ». Ah mais comme cela peut être difficile pour certaines familles eh bien les élèves seront en même temps (c’est moi qui ajoute, tout le monde à la réf comme ils disent) accueillis. Par qui ???? Mystère, ceux qui n’ont pas besoin d’échanger j’imagine.
Et à 10h au boulot, faut pas exagérer !
Ah et à 14h on fera une petite minute de silence quand même.

Je suis écœurée (mais vraiment pas étonnée) par les mesures prises par le ministère. Le pire, c'est pour les PE qui devront se concerter sur la pause du midi.

Quel manque d'humanité !

Je partage l'idée d'un jour de deuil national. Pour un hommage très fort à notre collègue aussi.

Le deuil national et la fermeture lundi était la moindre des choses...

guz a écrit:Je partage l'idée d'un jour de deuil national. Pour un hommage très fort à notre collègue aussi.

Esméralda a écrit:Le deuil national et la fermeture lundi était la moindre des choses...

+1000

Mathador a écrit:

fanette a écrit:

Mathador a écrit:
Le vrai blocage est pour le premier degré, dont le dispositif de cassage de grève service minimum d'accueil instauré sous Sarko exige une déclaration individuelle préalable 48h avant.

Et c'est là que le droit de retrait permettrait peut-être de passer outre ?

Oui… s'il est reconnu.

Une commission se réunit pour statuer, je crois ? Au pire, elle va transformer le droit de retrait en jour de grève, mais peut-elle l'assimiler à un abandon de poste  ? Il n'y a pas de délai pour un droit de retrait, le personnel est alors de bonne foi, même s'il a mal évalué le risque "grave et imminent" ?



+1 pour la journée de deuil lundi

Un ou une collègue avait évoqué le maintien d'une journée portes ouvertes ce samedi, j'aimerai savoir ce qu'il en est.

LadyOlenna a écrit:

Ramoneur a écrit:Je suis effondré par cet assassinat. Je pense fort à nos collègues d’Arras et leur envoie toute ma tendresse.
Je suis étonné par la non réaction de mes patrons : aucun mail a l’heure actuelle. J’hésite à envoyer un message à toute l’équipe pour en parler entre nous. Je pense que je ne recevrai aucune réponse… J’hésite également à aller travailler lundi. J’ai l’impression qu’on accepte la mort d’un collègue sans se bagarrer. Et pire encore, je ne sais pas contre qui on peut se bagarrer. C’est affligeant.

Mais je ne comprends pas ce qui vous étonne tous dans le fait que les CDE n'aient pas encore communiqué : on n'est pas des devins, on attend des consignes.
A part être auprès des collègues vendredi en début d'après midi nous n'avons pas communiqué non plus, et je n'ai pas l'impression que mon collègue et moi sommes des êtres froids et inhumains.

Bien sûr. En l'occurrence, nous avons la chance d'avoir une équipe très humaine, à qui nous faisons confiance. Mais il y a aussi le niveau local. Par exemple, il serait peut-être de repousser la réunion parents-professeurs prévue dans moins d'une semaine...

Tulipia a écrit:Est-on obligé d'assurer cette minute de silence seul avec notre classe ? Je suis en remplacement dans un établissement REP+ extrêmement difficile et je ne me sens pas les épaules pour affronter ce moment avec le public très dur que j'aurai à ce moment-là. Je ne suis pas capable de réagir correctement à leurs remarques déplacées au quotidien et je ne souhaite pas parler de cette tragédie avec eux.

Pour la minute de silence et l'hommage à Samuel Paty, notre équipe de direction + la CPE nous avaient invités à les solliciter si nous ne nous sentions pas à l'aise pour assurer ce moment seul.