G.Attal : dernières annonces

Interview  de notre ministre dans le Monde, suite à son discours à l'occasion de la journée mondiale des enseignants.

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/05/gabriel-attal-nous-devons-engager-une-bataille-pour-le-niveau-de-notre-ecole_6192600_3224.html.

G.Attal a produit beaucoup de mousse à cette occasion. Quand un ministre de l'EN commence à lister ce qui ne va pas, c'est en général pour annoncer une réforme "de bons sens ", en général appuyée sur une vaste "concertation" qui vient valider les choix déjà faits.

Donc, le constat :

Il y a une forme d’urgence à élever le niveau sur les savoirs fondamentaux, les mathématiques et le français, qui conditionnent la réussite dans toutes les autres disciplines. Certaines données sont éloquentes. En 2018, un élève de 4e avait le niveau d’un élève de 5e de 1995. A l’entrée en 6e, un élève sur trois ne sait pas lire correctement, un sur deux ne sait pas dire combien il y a de quarts d’heure dans la fraction « trois quarts d’heure ». Enfin, en 3e, 25 % des candidats au brevet ont moins de 4/20 en mathématiques.

La Grande Concertation  :

Je lance donc une mission « exigence des savoirs » pour concrétiser ce travail et avancer. Elle traitera de l’école, du collège et du lycée, et associera des professeurs, qui connaissent mieux que quiconque la réalité du terrain, des recteurs, inspecteurs d’académie et inspecteurs généraux de l’éducation nationale. Ils me rendront leurs propositions sous huit semaines pour une première mise en œuvre dès septembre 2024. Je souhaite que les premiers auditionnés soient les organisations syndicales représentatives des enseignants. Tous les professeurs seront également associés : la semaine prochaine, nous lancerons une consultation de l’ensemble de nos 860 000 professeurs sur les priorités et les actions à mettre en œuvre pour élever le niveau.

La réforme finale :
— Révision des programmes
— changements des manuels
— mise en question des cycles
— réforme du collège :

Concernant le collège, peut-on continuer à laisser passer en 6e des élèves qui ne savent pas lire, écrire et compter correctement ? Ou devons-nous, au contraire, conditionner ce passage en 6e à une participation à des stages de réussite pendant les vacances scolaires ? Faut-il réfléchir à un collège plus « modulaire », où le français et les maths seraient plutôt organisés par groupes de compétences ? Cela fait partie des questions que la mission doit regarder.

L'organisation par groupes de besoin plutôt que de classes permettra de diminuer le nombre d'élèves... dans les groupes les plus faibles.
— Autonomie des établissements et des Cde : le raisonnement est superbe : oui, le système Français est inégalitaire et c'est très laid.... mais...

Mais les inégalités sociales n’expliquent pas tous les écarts. On observe par exemple des collèges d’une même commune, socialement identiques, qui ont pourtant plusieurs points d’écarts dans leur moyenne au brevet. Il faut donc donner plus de marges de manœuvre à tous les niveaux pour adapter : dans les rectorats, pour piloter les moyens académiques selon ces réalités, dans les établissements et pour les personnels de direction, notamment pour identifier les élèves qui nécessitent un accompagnement renforcé.

Sinon le ministre ne croit pas à la crise des vocations :

L’enjeu c’est l’attractivité. Il faut lever tous les freins pour réussir à recruter au moins 100 000 professeurs sur le quinquennat. C’est pour cela que, dès septembre, j’ai ouvert un grand chantier avec les organisations syndicales pour l’attractivité autour de trois sujets : la formation initiale, les évolutions de carrière et les conditions de travail.

La suite sent le sapin pour nous :

Depuis cette rentrée, le salaire de nos professeurs est supérieur à la moyenne de l’OCDE en début et en fin de carrière. Restent les milieux de carrière pour lesquels il y a encore du retard. Il faut regarder dans quelle mesure on peut accélérer la progression des carrières. Pour moi, la priorité aujourd’hui, c’est aussi d’avancer sur les autres leviers d’attractivité que sont la formation, le déroulement de carrière, les conditions de travail. Nous devons également réfléchir aux mutations.

Formation initiale : fin de la récré Inspé, retour des Ecoles Normales, concours plus tôt.
Formation continue :

J’assume totalement le choix de reconquérir toutes les heures d’enseignement possibles pour nos élèves en évitant les absences évitables. J’ajoute que, tout en ayant des formateurs de grande qualité, l’organisation actuelle de la formation ne répond pas aux attentes d’une majorité d’enseignants : la moitié des professeurs de collège n’y a pas recours, c’est même les deux tiers au lycée. Or, on a besoin de formation continue. Ce choix de la faire évoluer doit être une opportunité pour la repenser, afin qu’elle corresponde davantage aux attentes des enseignants.

Après ça tourne un peu en boucle : le pacte ne fait rien pour les absences de longue durée mais

Nous avons augmenté le nombre de postes de remplaçants depuis 2017, mais nous sommes dans une situation où des remplaçants sont positionnés sur des postes vacants dès la rentrée, et nous avons donc ensuite plus de mal à couvrir les remplacements. La réponse à cet enjeu, c’est l’attractivité, il faut que l’on arrive à recruter davantage. Je suis convaincu que nous pouvons y arriver.

Comme dit l'autre, il est convaincu mais il aura sa revanche.
Je ne suis pas sûr qu'il reste grand chose de l'école que nous pratiquons après cela.
Si les questions sont parfois pertinentes, on ne peut nier que les problèmes existent, même s'ils sont en grande partie nés des précédentes géniales réformes, on sait déjà que les réponses seront à l'inverse de ce que nous souhaitons.
C'était la journée mondiale des enseignants...

La grande concertation en huit semaines. Ils n'ont honte de rien en matière de bobards.

Médée a écrit:https://www.neoprofs.org/t141934-journee-mondiale-des-enseignants#5673633

Pardon, vu après, peut-être faut-il fusionner les deux fils ?

Je trouve qu'il n'y a pas que des trucs idiots dans ce qu'il suggère, mais malheureusement je lui fais confiance, ainsi qu'à l'ensemble de la macronie et de la technostructure de l'EN, pour transformer l'or en plomb.

Baldred a écrit:La suite sent le sapin pour nous :

Depuis cette rentrée, le salaire de nos professeurs est supérieur à la moyenne de l’OCDE en début et en fin de carrière. Restent les milieux de carrière pour lesquels il y a encore du retard. Il faut regarder dans quelle mesure on peut accélérer la progression des carrières. Pour moi, la priorité aujourd’hui, c’est aussi d’avancer sur les autres leviers d’attractivité que sont la formation, le déroulement de carrière, les conditions de travail. Nous devons également réfléchir aux mutations.

La formation ? Je pars 3 jours en formation la semaine prochaine, je ne serai pas remplacé et personne ne me les brise à cause de ça.
Le déroulement de carrière ? Dans le corps supérieur au mien, le premier grade se parcourt en entier en 2 ans de scolarité + 14 ans en poste. Pour un agrégé c'est au mieux 24 ans IUFM incluse, pour un indice terminal à peine plus élevé (9 points de plus). Et je ne parle même pas de l'accès aux échelles-lettres.
Les conditions de travail ? Si l'on se restreint à des mesures politiquement acceptables, il faudra bien du temps pour arranger quoi que ce soit.
Les mutations ? Commençons par revenir en arrière sur le sabotage d'Allègre. Chiche ?

Bref il reste les sous, le pèze, le fric, le flouze et l'argent. Si l'on aligne les agrégés sur le corps supérieur au mien (presque 4000 nets en sortie d'école, 6000 à 7000 après 10 ans) j'envisagerai sérieusement de repasser l'agrégation. Pour l'instant ils peuvent toujours courir pour me récupérer.

De toute manière capes et agreg vont disparaitre. Un master et recrutement sur titre par les chefs d'établissements. Annonce en 2024 ?

Quand on voit ceux qui vont diriger les commissions qui vont "réfléchir", on n'a rien à craindre, on est tranquille pour au moins 10 ans question résultats.

Balthazaard a écrit:Quand on voit ceux qui vont diriger les commissions qui vont "réfléchir", on n'a rien à craindre, on est tranquille pour au moins 10 ans question résultats.

Il a peut-être retrouvé au ministère la fameuse table de Blanquer ?

Et nous foutre la paix un jour c'est prévu ???

Quelques idées intéressantes. Sur le papier...

Si le Français et les Mathématiques sont enseignés par niveau de compétences mais pas les autres disciplines, cela signifie la fin de l'idée de classe au collège.

En fait, ce qui me soûle,  c'est leur capacité à proposer des choses soi-disant innovantes qu'ils ont précédemment détruites malgré les avertissements de la profession, et de nous demander maintenant de les rétablir pour réparer leurs dégâts en faisant croire qu'ils n'y sont pour rien.

Chutney a écrit:Si le Français et les Mathématiques sont enseignés par niveau de compétences mais pas les autres disciplines, cela signifie la fin de l'idée de classe au collège.

Ca a déjà commencé avec l'heure de soutien 6e et son bazar monstrueux pour faire les groupes et l'obligation d'être en barrettes donc de bloquer les edt!

Maellerp a écrit:En fait, ce qui me soûle,  c'est leur capacité à proposer des choses soi-disant innovantes qu'ils ont précédemment détruites malgré les avertissements de la profession, et de nous demander maintenant de les rétablir pour réparer leurs dégâts en faisant croire qu'ils n'y sont pour rien.

Disons que dans le tour de passe- passe, ils nous escamotent à chaque fois des heures de cours et de formation, de l'autonomie, du pouvoir d'achat, le statut, la légitimité des concours, notre métier, notre amour propre...
La com' prétendant l'inverse.

Melyne5 a écrit:

Chutney a écrit:Si le Français et les Mathématiques sont enseignés par niveau de compétences mais pas les autres disciplines, cela signifie la fin de l'idée de classe au collège.

Ca a déjà commencé avec l'heure de soutien 6e et son bazar monstrueux pour faire les groupes et l'obligation d'être en barrettes donc de bloquer les edt!

Je n'imagine pas comment organiser cela pour toutes les classes toutes les heures.
De plus, cela signifie la fin de la fonction de PP pour les professeurs de Français et de Mathématiques. (je sais que je m'avance, mais si on suit la logique de son propos, on en arrive là.)

Nos salaires seraient superieur à la moyenne des salaires dans l'ocde en fin de carrière ???? Ah ok, il parle des agrégés en fin classe exceptionnelle.
Mais comme l'objectif étant de ne laisser passer les profs en classe exceptionnelle qu'a partir de 62/63 ans, encore plus rare seront ceux qui atteindrons la fin de cette classe, ou alors ils devront prolonger jusqu'à 66/67 ans.

Le manuel unique... Rien que l'état d'esprit qui est derrière me terrifie.
Le pire, c'est que les parents ne bougeront pas le petit doigt

Mathador a écrit:Bref il reste les sous, le pèze, le fric, le flouze et l'argent.

Sujet étrangement absent de ces propos. Ah, si, c'est vrai, c'est réglé par notre augmentation historique de septembre.

Hirondelle a écrit:Le manuel unique.

? Un manuel unique ? Par discipline ? Il a dit cela ?

C'est un gros problème ?

Dans l'équipe nous ne nous entendons pas. Le manuel choisi convient à une partie des collègues qui l'utilisent de temps en temps et les autres font sans.
Pour le cours, ils se valent à peu près tous : ils suivent le programme.

A part un catalogue d'idées et d'exercices, ces manuels sont des ressources parmi d'autres

C'est un problème, oui. Derrière ce manuel unique se profile la progression unique puis l'idée du remplacement facilité d'un professeur par un autre. Je n'utilise pas de manuel. Mais je crains ce manuel unique.

C'est un énorme problème s'il s'agit de ne plus utiliser des ressources provenant d'autres manuels oui. Lesquels seront moins publiés en parallèle.

J'utilise pleins de manuels, variés. Pas ceux du collège (nuls).

Sisyphe a écrit:C'est un problème, oui. Derrière ce manuel unique se profile la progression unique puis l'idée du remplacement facilité d'un professeur par un autre. Je n'utilise pas de manuel. Mais je crains ce manuel unique.

Il y a des différences de progression entre les manuels ?

En physique, la progression est majoritairement celle du BO et ça ne nous empêche pas de faire différemment.

Tu n'utilises pas le manuel. Qu'est ce qui changera à ton quotidien ?

Jenny a écrit:

Mathador a écrit:Bref il reste les sous, le pèze, le fric, le flouze et l'argent.

Sujet étrangement absent de ces propos. Ah, si, c'est vrai, c'est réglé par notre augmentation historique de septembre.

2550 euros bruts annuels d'indemnitaire fixe (2726 pour les non-docs) et une prime dégressive, la bonne blague. Pendant ce temps les plafonds d'IFSE de mon corps dépassent les 20000 bruts annuels et peuvent être atteints dans certains cas.

Chutney a écrit:
De plus, cela signifie la fin de la fonction de PP pour les professeurs de Français et de Mathématiques. (je sais que je m'avance, mais si on suit la logique de son propos, on en arrive là.)

La réforme Blanquer du lycée a prouvé qu'on pouvait tout à fait se retrouver PP d'une classe dont on n'a pas tous les élèves en cours. Si, si …
Ça va surtout impliquer que tu devras te fader deux ou trois conseils de classe au lieu d'un, si tu es prof de français ou de maths.

Pour le reste du verbiage [modéré], je n'en attends strictement rien, sauf à être déçu, étant donné que les mêmes nuisibles qui ont « accompagné » la mise en place des réformes précédentes seront toujours à la manœuvre pour celle-ci.

Concernant les manuels ce n'est pas leur multiplicité qui me gêne (au contraire) mais bien plutôt leur large médiocrité. Si c'est pour en avoir un unique aussi mal foutu, je ne saisis pas l'intérêt. Je soupçonne derrière les propos du ministre une nostalgie plus ou moins bien comprise des Lagarde et Michard. Une bonne part de ses discours est d'ailleurs orientée dans le sens du « c'était mieux avant », le plus souvent fantasmé, ce qui ne mange pas de pain et flatte un certain électorat : l'uniforme, le retour des Écoles Normales, etc …

Le mensonge éhonté sur les salaires en début et fin de carrière est tout de même un chef d'œuvre. Et ça passe tranquillou.