- marjoDoyen
Je viens de donner une rédaction (à faire en classe) à mes deux troisièmes. Je suis en train de corriger et j'oscille entre deux attitudes : le ras-le-bol et le désespoir.
C'est bourré de fautes, mais surtout je me rends compte que même en 3e utiliser les temps du récit correctement relève de l'exploit. Ils racontent tout au plus-que-parfait ou au passé composé, et c'est tellement n'importe quoi dans leurs devoirs que je ne vois même pas comment proposer une remédiation à cela. Je remarque aussi une nouvelle tendance qui consiste à résumer plutôt que de raconter. Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire, il faudrait que je poste des exemples mais là j'ai la flemme de recopier. Les élèves passent les trois quarts de la copie à présenter en détail toutes les circonstances de leur récit, même ce qui n'est pas pertinent, et ce qui était censé faire l'objet principal de la rédaction tient en trois lignes. Bien sûr je vais leur expliquer tout ça mais je me sens un peu démunie pour les aider.
C'est bourré de fautes, mais surtout je me rends compte que même en 3e utiliser les temps du récit correctement relève de l'exploit. Ils racontent tout au plus-que-parfait ou au passé composé, et c'est tellement n'importe quoi dans leurs devoirs que je ne vois même pas comment proposer une remédiation à cela. Je remarque aussi une nouvelle tendance qui consiste à résumer plutôt que de raconter. Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire, il faudrait que je poste des exemples mais là j'ai la flemme de recopier. Les élèves passent les trois quarts de la copie à présenter en détail toutes les circonstances de leur récit, même ce qui n'est pas pertinent, et ce qui était censé faire l'objet principal de la rédaction tient en trois lignes. Bien sûr je vais leur expliquer tout ça mais je me sens un peu démunie pour les aider.
- SolovieïNiveau 10
J'ai longtemps corrigé des textes personnels d'auteurs "en herbe" (ou en paille, ou en carton, plutôt), une production envahie par les autobiographies et les récits généalogiques ("ma vie d'enfant alsacien", "ma grand-mère résistante", voyez le genre). J'en reste traumatisé, notamment par cette invasion du plus-que-parfait comme temps par défaut de la narration. J'y ajoute l'emploi du verbe "aller" comme auxiliaire !
Si je partage tes constats au sujet des élèves, ce qui m'inquiète encore plus, c'est la syntaxe, car je l'associe à la pensée logique et à la cognition. Des failles à ce niveau, c'est terrifiant, car cela révèle des dysfonctionnements profonds dans la manipulation des objets, phénomènes et relations constitutifs du réel (ou de l'expérience du réel, pour satisfaire les plus sceptiques).
Je ne défends pas une maîtrise approfondie de la grammaire, mais j'estime que des confusions cause/conséquence, des subordonnées employées seules, des connecteurs logiques au hasard, des anté- ou postpositions aléatoires, sont des symptômes alarmants de quelque chose de plus profond que l'orthographe ou même la conjugaison, même si tout est évidemment lié. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a bien une racine (j'en parle avec mes mots à moi) : pour comprendre le principe même de conjugaison, il faut saisir les relations logiques entre les éléments constitutifs de la phrase et, partant, du réel qu'on souhaite exprimer.
Au-delà de ces faits de langue, au sens strict du terme, l'impossibilité de construire une narration cohérente et équilibrée est un autre problème. Même à l'oral, il faut entendre les élèves, de collège comme de lycée, raconter quelque chose : on commence par un "ils" (mais qui ?), perturbés par l'arrivée incidente d'un "elle" (mais qui, bon sang ?), qui lui (qui?) a dit que... (mais quoi ?), "cependant parce que c'est pour ça" sans oublier le désormais incontournable "comme quoi" ; la pauvreté lexicale ne permettant pas cette variété à laquelle le cerveau peut éventuellement se raccrocher pour reconstruire le sens.
À l'écrit comme à l'oral, nous sommes parfois de petits Champollion...
Si je partage tes constats au sujet des élèves, ce qui m'inquiète encore plus, c'est la syntaxe, car je l'associe à la pensée logique et à la cognition. Des failles à ce niveau, c'est terrifiant, car cela révèle des dysfonctionnements profonds dans la manipulation des objets, phénomènes et relations constitutifs du réel (ou de l'expérience du réel, pour satisfaire les plus sceptiques).
Je ne défends pas une maîtrise approfondie de la grammaire, mais j'estime que des confusions cause/conséquence, des subordonnées employées seules, des connecteurs logiques au hasard, des anté- ou postpositions aléatoires, sont des symptômes alarmants de quelque chose de plus profond que l'orthographe ou même la conjugaison, même si tout est évidemment lié. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a bien une racine (j'en parle avec mes mots à moi) : pour comprendre le principe même de conjugaison, il faut saisir les relations logiques entre les éléments constitutifs de la phrase et, partant, du réel qu'on souhaite exprimer.
Au-delà de ces faits de langue, au sens strict du terme, l'impossibilité de construire une narration cohérente et équilibrée est un autre problème. Même à l'oral, il faut entendre les élèves, de collège comme de lycée, raconter quelque chose : on commence par un "ils" (mais qui ?), perturbés par l'arrivée incidente d'un "elle" (mais qui, bon sang ?), qui lui (qui?) a dit que... (mais quoi ?), "cependant parce que c'est pour ça" sans oublier le désormais incontournable "comme quoi" ; la pauvreté lexicale ne permettant pas cette variété à laquelle le cerveau peut éventuellement se raccrocher pour reconstruire le sens.
À l'écrit comme à l'oral, nous sommes parfois de petits Champollion...
- menerveOracle
C'est de pire en pire au niveau de l'expression mais aussi de la lecture. Mes collègues de français donnent des livres à lire et les élèves, même les bons sont largués. Ils ne comprennent rien et ont d'énormes lacunes de vocabulaire.
- cléliaFidèle du forum
Je partage vos constats. J'ai eu la chance d'avoir l'an dernier des 3e qui savaient à peu près écrire, disons un tiers d'élèves qui écrivaient plutôt bien et un tiers d'élèves moyens. J'ai alors découvert que la correction des rédactions pouvait être autre chose qu'une horrible corvée. J'ai aussi le sentiment d'avoir réussi à les faire progresser. Au contraire, cette année (comme les années passées si on exclut la dernière) s'annonce terrible : du charabia, tant sur le fond (récit incompréhensible ou sans intérêt) que sur la forme (syntaxe, temps, vocabulaire, orthographe...)
Bref, j'en suis épuisée et déprimée d'avance.
Bref, j'en suis épuisée et déprimée d'avance.
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Il voyagea.
Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues.
Il revint.
Il fréquenta le monde, et il eut d’autres amours, encore.
- SolovieïNiveau 10
Je confirme ce que tu viens d'écrire.
J'ai découvert justement hier, par des collègues, que la série de romans "Le Club des Cinq" d'E. Blyton était désormais rééditée dans un langage simplifié (abêti?). Ce qui me choque, c'est l'indifférence générale des adultes.
J'ai découvert justement hier, par des collègues, que la série de romans "Le Club des Cinq" d'E. Blyton était désormais rééditée dans un langage simplifié (abêti?). Ce qui me choque, c'est l'indifférence générale des adultes.
- LemmyKHabitué du forum
Il y a eu des critiques virulentes de certains polémistes.Solovieï a écrit:Je confirme ce que tu viens d'écrire.
J'ai découvert justement hier, par des collègues, que la série de romans "Le Club des Cinq" d'E. Blyton était désormais rééditée dans un langage simplifié (abêti?). Ce qui me choque, c'est l'indifférence générale des adultes.
- ElaïnaDevin
Solovieï a écrit:Je confirme ce que tu viens d'écrire.
J'ai découvert justement hier, par des collègues, que la série de romans "Le Club des Cinq" d'E. Blyton était désormais rééditée dans un langage simplifié (abêti?). Ce qui me choque, c'est l'indifférence générale des adultes.
Bon, ça ne change rien au fond de l'histoire, ça reste chiant comme la mort !
Blague à part, si, il y a eu des polémiques, notamment dans les journaux type Figaro etc, qui s'en sont donné à coeur joie sur le wokisme et autres.
Moi ce qui me désole c'est surtout le contraste entre les classes. En général en seconde, j'ai une classe qui fait anglais-espagnol-pas d'options, le niveau est au mieux "bof", au pire apocalyptique, avec élèves en quasi situation d'illettrisme, dont le pro ne veut pas (trop nuls, trop bêtes, trop feignants). Cette année, comme j'ai dû passer dans la team des profs bien (allez savoir ?), on m'a filé une classe qui fait anglais-allemand-euro. Eh ben c'est pas la même chanson. Le jour où je serais une prof exceptionnelle, on me filera les classes à chinois et latin, ça va être la folie.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- lille1988Niveau 1
menerve a écrit:C'est de pire en pire au niveau de l'expression mais aussi de la lecture. Mes collègues de français donnent des livres à lire et les élèves, même les bons sont largués. Ils ne comprennent rien et ont d'énormes lacunes de vocabulaire.
Plusieurs "mini" remèdes pour enrayer un peu ce phénomène.
Avant de leur donner le livre repèrer une dizaine/quinzaine de mots qui risquent de poser problème. Travailler ces mots avec eux pour qu'ils les connaissent.
Puis lire oralement (ou leur faire lire oralement) le premier chapitre. Vérifier ensemble qu'ils l'ont bien compris pour bien entrer dans l'histoire.
Leur faire lire (un soir) les chapitres 2 et 3. Le lendemain bâtir avec eux un résumé (même oral) pour vérifier qu'ils ont bien compris.
Une fois tous les élèves (via les premiers chapitres) bien entrés dans l'histoire les laisser poursuivre la lecture en autonomie.
- SolovieïNiveau 10
J'ai cette année une classe de Première technologique pour laquelle il faut traduire les textes. Traduire. Je dois réécrire chaque texte dans une langue simplifiée.
Ils ne reconnaissent pas un verbe s'il n'est pas conjugué au présent : "ça veut dire quoi "fit", monsieur ?" ; ou encore "furent" (prononcez "furant")...
À côté de ça, j'ai des Premières BFI, spé HLP, engagés en théâtre, musique, etc. un autre monde ! Je constate, de nouveau, que tout est cruellement déterminé très tôt dans la vie de l'individu.
Au sujet du Club des Cinq, l'information m'a simplement choqué, indépendamment de la qualité de l'œuvre originale. Les polémistes qui font feu de tout bois ne m'intéressent guère, on sait bien les clowneries de la scène médiatico-politique et l'avidité d'une certaine droite pour les symboles simplistes.
@Elaïna : Voilà autre chose qu'il faut mettre en mots et dire ! Certains choix de langues et d'options ont plus de probabilité de concentrer des élèves sérieux. Le tout-venant (comprenez : les élèves médiocres) s'oriente vers le choix minimal "par défaut". Cela ne date pas d'hier. Je me souviens encore de mon père imposant sans discussion possible que je fasse allemand LV1 au collège. Cela s'expliquait par l'histoire familiale (l'allemand étant considéré comme prestigieux dans son pays d'origine), mais aussi pour me garantir d'être avec les meilleurs élèves, jusqu'à la Terminale.
Bon, aujourd'hui, je ne parle toujours pas allemand. ("der, die, das, die, si tu m'entends je te maudis !") J'adore pourtant cette langue fascinante.
La conformation des classes déterminée par certains choix d'options/de langues alimente également une discrimination d'ordre social : les parents qui connaissent les ficelles et savent ces réalités sauront par conséquent en jouer à leur avantage. Les parents qui ignorent ces subtilités, tant pis pour eux...
Ils ne reconnaissent pas un verbe s'il n'est pas conjugué au présent : "ça veut dire quoi "fit", monsieur ?" ; ou encore "furent" (prononcez "furant")...
À côté de ça, j'ai des Premières BFI, spé HLP, engagés en théâtre, musique, etc. un autre monde ! Je constate, de nouveau, que tout est cruellement déterminé très tôt dans la vie de l'individu.
Au sujet du Club des Cinq, l'information m'a simplement choqué, indépendamment de la qualité de l'œuvre originale. Les polémistes qui font feu de tout bois ne m'intéressent guère, on sait bien les clowneries de la scène médiatico-politique et l'avidité d'une certaine droite pour les symboles simplistes.
@Elaïna : Voilà autre chose qu'il faut mettre en mots et dire ! Certains choix de langues et d'options ont plus de probabilité de concentrer des élèves sérieux. Le tout-venant (comprenez : les élèves médiocres) s'oriente vers le choix minimal "par défaut". Cela ne date pas d'hier. Je me souviens encore de mon père imposant sans discussion possible que je fasse allemand LV1 au collège. Cela s'expliquait par l'histoire familiale (l'allemand étant considéré comme prestigieux dans son pays d'origine), mais aussi pour me garantir d'être avec les meilleurs élèves, jusqu'à la Terminale.
Bon, aujourd'hui, je ne parle toujours pas allemand. ("der, die, das, die, si tu m'entends je te maudis !") J'adore pourtant cette langue fascinante.
La conformation des classes déterminée par certains choix d'options/de langues alimente également une discrimination d'ordre social : les parents qui connaissent les ficelles et savent ces réalités sauront par conséquent en jouer à leur avantage. Les parents qui ignorent ces subtilités, tant pis pour eux...
- galibierNiveau 3
Même chose ici, au collège. Ce n'est pas une 15aine de mots par livre qui vont y changer grand chose. La grande majorité de mes élèves (fin de collège) ne connaissent pas des mots comme "un orage", "brusquement", "une ortie", "apercevoir", "une biche", "désormais" ... (Je ne compte pas là dedans les élèves issus de familles non francophones bien sûr.)
Mais heureusement, mon collège fait partie d'un des établissements tout à fait "correct" du département...
Mais heureusement, mon collège fait partie d'un des établissements tout à fait "correct" du département...
- AsarteLilithBon génie
+1 avec tout ce qui est dit ici.
J'ai de meilleurs 3e cette année mais les brouillons d'écriture longue sur l'autobiographie ne sont pas toujours prometteurs: au mieux, ça manque de développement, au pire ça manque de relecture sérieuse. Pour les 5e, la syntaxe, la syntaxe, la syntaxe: ils trouvent normal en AP de couper une phrase de manière étrange (type: "Il prit ses affaires. Pour partir à l'aventure.") ou de commencer une phrase par "et", "car", "donc".
En dictée, même avec une grille qui permet de récupérer 5 pts en relisant sérieusement (merci Néo d'ailleurs !) c'est un massacre. Et je parle d'une dictée temps du récit avec des accords simples de sujet / dans le GN.
Côté latinistes, le manque de maîtrise des fonctions de base se fait sentir depuis 3 à 5 ans, sans parler du vocabulaire basique en français (abat-jour !).
J'ai de meilleurs 3e cette année mais les brouillons d'écriture longue sur l'autobiographie ne sont pas toujours prometteurs: au mieux, ça manque de développement, au pire ça manque de relecture sérieuse. Pour les 5e, la syntaxe, la syntaxe, la syntaxe: ils trouvent normal en AP de couper une phrase de manière étrange (type: "Il prit ses affaires. Pour partir à l'aventure.") ou de commencer une phrase par "et", "car", "donc".
En dictée, même avec une grille qui permet de récupérer 5 pts en relisant sérieusement (merci Néo d'ailleurs !) c'est un massacre. Et je parle d'une dictée temps du récit avec des accords simples de sujet / dans le GN.
Côté latinistes, le manque de maîtrise des fonctions de base se fait sentir depuis 3 à 5 ans, sans parler du vocabulaire basique en français (abat-jour !).
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Chuis comme les plantes sans eau : sans grec ni latin, j'me dessèche.
ON DIT CHOCOLATINE, PHILISTINS !
- marjoDoyen
Moi je n'ai pas le courage de corriger leurs brouillons et de me taper ensuite la correction des copies rédigées au propre. J'ai deux 3e cette année, là j'avais 55 rédactions à corriger, il me reste quatre copies et j'en ai vraiment assez. Je dois en être à 8/10H de correction (mais je suis particulièrement lente dès qu'il faut annoter). Tout serait plus simple si les bases étaient maîtrisées (les accords et la conjugaison).
Je suis d'accord avec ta remarque sur le latin. Je suis en train de revoir le système cas/fonctions avec les 4e (qui n'ont eu qu'une heure par semaine en 5e l'année dernière) en proposant une vision d'ensemble : c'est mal maîtrisé, donc long, donc ça les saoule, tout ça pour qu'à la fin ceux qui avaient déjà compris n'en retirent rien pendant que les 3/4 continuent de confondre COD et attribut.
Je suis d'accord avec ta remarque sur le latin. Je suis en train de revoir le système cas/fonctions avec les 4e (qui n'ont eu qu'une heure par semaine en 5e l'année dernière) en proposant une vision d'ensemble : c'est mal maîtrisé, donc long, donc ça les saoule, tout ça pour qu'à la fin ceux qui avaient déjà compris n'en retirent rien pendant que les 3/4 continuent de confondre COD et attribut.
- BOU74Niveau 9
Chinois- latin, si seulement !... Ma fille voulait combiner les 2 options en lycée : impossible, les horaires étant incompatibles...Elaïna a écrit:Solovieï a écrit:Je confirme ce que tu viens d'écrire.
J'ai découvert justement hier, par des collègues, que la série de romans "Le Club des Cinq" d'E. Blyton était désormais rééditée dans un langage simplifié (abêti?). Ce qui me choque, c'est l'indifférence générale des adultes.
Bon, ça ne change rien au fond de l'histoire, ça reste chiant comme la mort !
Blague à part, si, il y a eu des polémiques, notamment dans les journaux type Figaro etc, qui s'en sont donné à coeur joie sur le wokisme et autres.
Moi ce qui me désole c'est surtout le contraste entre les classes. En général en seconde, j'ai une classe qui fait anglais-espagnol-pas d'options, le niveau est au mieux "bof", au pire apocalyptique, avec élèves en quasi situation d'illettrisme, dont le pro ne veut pas (trop nuls, trop bêtes, trop feignants). Cette année, comme j'ai dû passer dans la team des profs bien (allez savoir ?), on m'a filé une classe qui fait anglais-allemand-euro. Eh ben c'est pas la même chanson. Le jour où je serais une prof exceptionnelle, on me filera les classes à chinois et latin, ça va être la folie.
- frimoussette77Guide spirituel
Ce n'est pas une question de manque de courage. J'ai souvent constaté que corriger le brouillon ne servait strictement à rien pour une grande majorité d'élèves. On retrouve bien souvent les fautes initiales et d'autres en plus. Mes sixièmes arrivent en ne sachant pas conjuguer les auxiliaires aux temps simples de l'indicatif. ( J'aité vous êtez nous somme il ont tu et il es ) c'est absolument hallucinant.marjo a écrit:Moi je n'ai pas le courage de corriger leurs brouillons et de me taper ensuite la correction des copies rédigées au propre. J'ai deux 3e cette année, là j'avais 55 rédactions à corriger, il me reste quatre copies et j'en ai vraiment assez. Je dois en être à 8/10H de correction (mais je suis particulièrement lente dès qu'il faut annoter). Tout serait plus simple si les bases étaient maîtrisées (les accords et la conjugaison).
Je suis d'accord avec ta remarque sur le latin. Je suis en train de revoir le système cas/fonctions avec les 4e (qui n'ont eu qu'une heure par semaine en 5e l'année dernière) en proposant une vision d'ensemble : c'est mal maîtrisé, donc long, donc ça les saoule, tout ça pour qu'à la fin ceux qui avaient déjà compris n'en retirent rien pendant que les 3/4 continuent de confondre COD et attribut.
- NLM76Grand Maître
Cela dit, ça ne gênait pas Hugo non plus :AsarteLilith a écrit:J'ai de meilleurs 3e cette année mais les brouillons d'écriture longue sur l'autobiographie ne sont pas toujours prometteurs: au mieux, ça manque de développement, au pire ça manque de relecture sérieuse. Pour les 5e, la syntaxe, la syntaxe, la syntaxe: ils trouvent normal en AP de couper une phrase de manière étrange (type: "Il prit ses affaires. Pour partir à l'aventure.") ou de commencer une phrase par "et", "car", "donc".
Hugo a écrit:
- Et quand un curé de village venait à Digne, M. l’évêque trouvait encore moyen de le traiter, grâce à la sévère économie de madame Magloire et à l’intelligente administration de mademoiselle Baptistine.
- Et au fond de sa pensée il ajoutait : « Je lui dois ma visite. »
- Car, au fond, il partageait l’impression générale, et le conventionnel lui inspirait, sans qu’il s’en rendît clairement compte, ce sentiment qui est comme la frontière de la haine et qu’exprime si bien le mot éloignement.
- Donc, comme deux heures du matin sonnaient à l’horloge de la cathédrale, Jean Valjean se réveilla.
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- menerveOracle
lille1988 a écrit:menerve a écrit:C'est de pire en pire au niveau de l'expression mais aussi de la lecture. Mes collègues de français donnent des livres à lire et les élèves, même les bons sont largués. Ils ne comprennent rien et ont d'énormes lacunes de vocabulaire.
Plusieurs "mini" remèdes pour enrayer un peu ce phénomène.
Avant de leur donner le livre repèrer une dizaine/quinzaine de mots qui risquent de poser problème. Travailler ces mots avec eux pour qu'ils les connaissent.
Puis lire oralement (ou leur faire lire oralement) le premier chapitre. Vérifier ensemble qu'ils l'ont bien compris pour bien entrer dans l'histoire.
Leur faire lire (un soir) les chapitres 2 et 3. Le lendemain bâtir avec eux un résumé (même oral) pour vérifier qu'ils ont bien compris.
Une fois tous les élèves (via les premiers chapitres) bien entrés dans l'histoire les laisser poursuivre la lecture en autonomie.
Les professeurs de français n'ont pas toujours le temps de faire cela, hélas.
- Lisak40Expert spécialisé
Et imaginez ce que cela donne dans le pro, en LV... L'autre jour je refaisais le présent progressif / continu (I am reading) : j'ai réexpliqué le truc en mode sujet + aux "be" au présent + verbeing. J'aurais pu leur parler / écrire en chinois cela aurait été pareil ; ils n'avaient aucune idée de ce dont je parlais... Dans l'épreuve de bac en LV il y a une partie où il faut écrire en français, et là tu te rends compte de l'indigence de leur niveau : des phrases qui n'ont aucun sens et n'ont ni queue ni tête... C'est désespérant !
- NLM76Grand Maître
Sinon, pour être positif. J'essaie de m'en sortir en passant beaucoup par l'oral, ou plutôt par la voix. J'ai idée qu'il faut rétablir la capacité à raconter des histoires (voir Monteil, La haute langue orale). Ainsi, en 2de, nous avons lu un récit de Georges Sand de quelques pages, et je le leur ai fait raconter à nouveau à l'oral,(sous une forme abrégée), en leur donnant l'exemple, en construisant avec eux un plan schématique du récit, en discutant avec eux du sens et de l'intérêt du récit (quatre ou cinq heures de cours). Le résumé à rédiger que j'ai ensuite amassé ("en une page maximum, et dix phrases minimum) était certes horriblement truffé de fautes, mais globalement intelligible : fort peu de charabia.
L'autre chose qui me permet d'échapper au désespoir : j'ai limité considérablement l'objectif formel sur le devoir : écriture soignée, justification typographique du texte, alinéas, coupure des mots (on avait fait une leçon sur les syllabes). Je corrige donc parfois une faute ici ou là hors de ces objectifs, mais, globalement je me l'interdis, tant c'est inutile, voire contre-productif... et épuisant !
L'autre chose qui me permet d'échapper au désespoir : j'ai limité considérablement l'objectif formel sur le devoir : écriture soignée, justification typographique du texte, alinéas, coupure des mots (on avait fait une leçon sur les syllabes). Je corrige donc parfois une faute ici ou là hors de ces objectifs, mais, globalement je me l'interdis, tant c'est inutile, voire contre-productif... et épuisant !
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- SolovieïNiveau 10
Lisak40 a écrit:Et imaginez ce que cela donne dans le pro, en LV... L'autre jour je refaisais le présent progressif / continu (I am reading) : j'ai réexpliqué le truc en mode sujet + aux "be" au présent + verbeing. J'aurais pu leur parler / écrire en chinois cela aurait été pareil ; ils n'avaient aucune idée de ce dont je parlais... Dans l'épreuve de bac en LV il y a une partie où il faut écrire en français, et là tu te rends compte de l'indigence de leur niveau : des phrases qui n'ont aucun sens et n'ont ni queue ni tête... C'est désespérant !
"aucun sens et n'ont ni queue ni tête" : j'en reviens à mon cheval de bataille : la syntaxe. Il est effrayant de constater qu'un pourcentage important d'une génération n'est pas capable d'exprimer une pensée ou une idée. Quelle est la prochaine étape ? On revient au stade animal ? On s'exprime par cris et beuglements ? On fait caca par terre en marchant ?
- NLM76Grand Maître
Non, mais tu vas arrêter de te lamenter, espèce de vieux grincheux ! Puisqu'on te dit que tous les problèmes vont être résolus grâce à la nouvelle terminologie grammaticales, aux "gestes du grammairien" et aux chantiers de grammaire.Solovieï a écrit:
"aucun sens et n'ont ni queue ni tête" : j'en reviens à mon cheval de bataille : la syntaxe. Il est effrayant de constater qu'un pourcentage important d'une génération n'est pas capable d'exprimer une pensée ou une idée. Quelle est la prochaine étape ? On revient au stade animal ? On s'exprime par cris et beuglements ? On fait caca par terre en marchant ?
Pfff. Vraiment ces vieillards plaintifs et ronchons sont d'un monotone !
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Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- MitcindyNiveau 10
NLM76 a écrit:Sinon, pour être positif. J'essaie de m'en sortir en passant beaucoup par l'oral, ou plutôt par la voix. J'ai idée qu'il faut rétablir la capacité à raconter des histoires (voir Monteil, La haute langue orale). Ainsi, en 2de, nous avons lu un récit de Georges Sand de quelques pages, et je le leur ai fait raconter à nouveau à l'oral,(sous une forme abrégée), en leur donnant l'exemple, en construisant avec eux un plan schématique du récit, en discutant avec eux du sens et de l'intérêt du récit (quatre ou cinq heures de cours). Le résumé à rédiger que j'ai ensuite amassé ("en une page maximum, et dix phrases minimum) était certes horriblement truffé de fautes, mais globalement intelligible : fort peu de charabia.
L'autre chose qui me permet d'échapper au désespoir : j'ai limité considérablement l'objectif formel sur le devoir : écriture soignée, justification typographique du texte, alinéas, coupure des mots (on avait fait une leçon sur les syllabes). Je corrige donc parfois une faute ici ou là hors de ces objectifs, mais, globalement je me l'interdis, tant c'est inutile, voire contre-productif... et épuisant !
Je confirme, c'est parfois hallucinant.
Même la construction d'une simple phrase pose parfois problème !
En 3ème, je dois reprendre les bases de la grammaire. Certains en sont à confondre pronom personnel et adjectif possessif !!!!!!
Vous imaginez la misère en allemand pour ces élèves...
C'est parce que beaucoup de jeunes ne lisent plus ou n'écrivent plus.
- SolovieïNiveau 10
NLM76 a écrit:Non, mais tu vas arrêter de te lamenter, espèce de vieux grincheux ! Puisqu'on te dit que tous les problèmes vont être résolus grâce à la nouvelle terminologie grammaticales, aux "gestes du grammairien" et aux chantiers de grammaire.Solovieï a écrit:
"aucun sens et n'ont ni queue ni tête" : j'en reviens à mon cheval de bataille : la syntaxe. Il est effrayant de constater qu'un pourcentage important d'une génération n'est pas capable d'exprimer une pensée ou une idée. Quelle est la prochaine étape ? On revient au stade animal ? On s'exprime par cris et beuglements ? On fait caca par terre en marchant ?
Pfff. Vraiment ces vieillards plaintifs et ronchons sont d'un monotone !
D'accord sur tout ! Sauf vieillard.
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