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- A TuinVénérable
Caspar a écrit:Aperçu par hasard a écrit:Caspar a écrit:Aperçu par hasard a écrit:Il n'y aurait pas une part de provocation dans les questions de tes élèves?
Personnellement, face à des questions comme celles-là, je ne me justifierais pas, et je n'expliquerais rien. J'essaierais de trouver une réponse un peu provocatrice qui montre que ce genre de question ne m'atteint pas et qui mette en valeur l'absurdité des présupposés cachés derrière:
- question 1: "J'ai été recalé au concours d'éboueur. Alors à défaut de réaliser mon rêve en étant utile à la société par le ramassage des déchets, je me suis dit que j'allais me contenter d'instruire des élèves."
- question 2: "Pourquoi je m'embête à vous faire cours? Vous sous-estimez le plaisir du prof à embêter ses élèves."
Bon, après ça dépend du public bien sûr. Je peux faire ça avec des lycéens qui comprennent l'ironie et aiment bien un poil de provocation. Et il faut sans doute un peu d'expérience (et pas trop de fatigue) pour répondre du tac au tac.
J'éviterais de dire ça, même sur le ton de l'ironie, ça pourrait être mal interprété.
Il s'agit effectivement de provocations des élèves mais elles reflètent bien la piètre opinion qu'a de nous de la société.
Tout dépend de qui le dit et dans quel contexte. J'utilise beaucoup l'humour, et dire des énormités pour mettre en mettre d'autres en évidence est une technique qui fonctionne bien d'après mon expérience. Mais il faut que les élèves aient une certaine maturité. Je ne l'aurais pas fait en collège, c'est sûr.
Après, la provocation de quelques élèves ne reflète peut-être pas le point de vue majoritaire.
Moi aussi, mais là c'est un terrain glissant à mon avis.
Pour moi, la majorité des gens méprisent et/ou jalousent les professeurs, mais je n'ai pas fait d'étude sociologique là-dessus évidemment, c'est juste mon impression.
Quand quelque chose ne va pas dans la société, ça vient de l'école. Exemple récent: le député Karl Olive (oui, c'est bien son nom) disait dans l'émission C ce soir "C'est affreux, les élèves arrivent à 18 ans dans un bureau de vote et ils ne savent même pas comment ça marche, ils sont perdus, que fait l'école ?" Ce n'est pas comme s'il y avait des cours d'EMC, des élections de délégués de classe etc
Encore une fois, ce n'est pas non plus comme s'ils avaient des parents susceptibles de les amener avec eux un jour de vote, ou pour dépouiller.des.bulletins le soir.
Je n'ai pas.appris cela à l'école,.mais avec la famille dès l'enfance... Comme nombre d'entre nous à une époque où la société fonctionnait, et où les parents assuraient leur rôle de parent.
- OcelotNiveau 7
*Hildegarde* a écrit:Euh...franchement, j'ai du mal à voir l'humour dans le fait d'envisager de répondre à un élève qu'il est une ordure ou un déchet juste parce qu'il dit qu'à ses yeux éboueur et prof ont la même valeur.
A aucun moment je n'aurais traité l'élève lui-même de déchet.
En disant "parfois" et "certains déchets", on ne désigne personne en particulier. Si l'élève se sent visé, c'est son problème, mais ce n'est pas le sens de la phrase.
- StratosNiveau 5
J'ai déjà eu des remarques du type : pourquoi êtes-vous devenu prof ? vous auriez pu faire beaucoup mieux. La question était moins provocatrice que flatteuse. Dans la hiérarchie sociale, les élèves plaçaient les profs assez bas et s'étonnaient qu'une personne ayant eu le choix entre plein d'orientations possibles, qui aurait donc pu faire un métier d'argent ou viser une profession socialement valorisée, ait choisi l'enseignement. A mon avis, c'est le signe du matérialisme exacerbé de la société moderne, du déclassement des classes moyennes et de la dégradation des conditions de travail des profs. Du reste, tout en étant globalement content de ma carrière et de mes conditions de travail actuel, je ne suis pas sûr que j'aurais choisi cette profession si j'avais pu connaître à l'avance l'effritement de la rémunération et l'évolution du métier.
- CasparProphète
Quand je dis que mon père et mon grand-père étaient (profession "prestigieuse" que je ne cite pas par discrétion), j'ai droit en général à des regards interloqués parce que je ne suis "que prof".
- AscagneGrand sage
En outre, si on se place du point de vue d'un adolescent d'aujourd'hui, c'est encore plus bizarre de vouloir être "prof" ou de tout simplement l'être. Quels sont leurs points de référence ? Telle ou telle star du streaming/de Tiktok/de Youtube qui a des millions d'abonnés, qui finit par être courtisée par telle plateforme (je viens de voir passer une brève qui indiquait qu'un streamer vient d'obtenir un contrat de cent millions de dollars pour deux ans avec telle société), qui fait une activité apparemment cool face à des gens cool (je prends un point de vue ingénu) ?Stratos a écrit:A mon avis, c'est le signe du matérialisme exacerbé de la société moderne, du déclassement des classes moyennes et de la dégradation des conditions de travail des profs.
Cela me fait repenser à ma première seconde : 75% des élèves voulaient devenir "agent immobilier" parce qu'ils croyaient que le métier est dans la réalité ce qui est montré dans telle ou telle émission télévisée. L'équipe était comme ça lors des conseils : .
- RuthvenGuide spirituel
Le succès aujourd'hui, c'est cela :
https://start.lesechos.fr/innovations-startups/top-startups/a-20-ans-il-leve-15-million-deuros-pour-aider-eleves-et-etudiants-a-mieux-sorienter-1950192
"Depuis l’année dernière, Jules Simiand-Brocherie a arrêté ses études et consacre désormais tout son temps à faire grandir ExtraStudent. Et ça paie. «On vient de dépasser les 100.000 utilisateurs. On était encore à 93.000 il y a deux semaines. Les jeunes s’inscrivent en ce moment car le bac approche», indique-t-il. Avant d’ajouter: «Les études ne me manquent pas. À part la vie étudiante et l’insouciance que l’on peut avoir pendant ces années-là. Mais je me suis pris de passion pour le monde de l’éducation.» "
L'école est la niche qu'il faut exploiter mais qu'il faut mépriser :
Quand je vois cela, j'ai un pensée émue pour mes étudiant·e·s de prépa concours qui s'acharnent à lire des livres, à vouloir transmettre, qui n'auront peut-être pas le concours malgré leur niveau honorable, tout cela pour un salaire dont ils ont conscience qu'il ne sera pas extraordinaire.
https://start.lesechos.fr/innovations-startups/top-startups/a-20-ans-il-leve-15-million-deuros-pour-aider-eleves-et-etudiants-a-mieux-sorienter-1950192
"Depuis l’année dernière, Jules Simiand-Brocherie a arrêté ses études et consacre désormais tout son temps à faire grandir ExtraStudent. Et ça paie. «On vient de dépasser les 100.000 utilisateurs. On était encore à 93.000 il y a deux semaines. Les jeunes s’inscrivent en ce moment car le bac approche», indique-t-il. Avant d’ajouter: «Les études ne me manquent pas. À part la vie étudiante et l’insouciance que l’on peut avoir pendant ces années-là. Mais je me suis pris de passion pour le monde de l’éducation.» "
L'école est la niche qu'il faut exploiter mais qu'il faut mépriser :
Quand je vois cela, j'ai un pensée émue pour mes étudiant·e·s de prépa concours qui s'acharnent à lire des livres, à vouloir transmettre, qui n'auront peut-être pas le concours malgré leur niveau honorable, tout cela pour un salaire dont ils ont conscience qu'il ne sera pas extraordinaire.
- AscagneGrand sage
Je vais être primal et faire un grand grrrrrrrr.
Je précise que si son activité de startup concernait un autre domaine, je n'aurais pas le même type de réaction, mais là, c'est le pompon.
Je précise que si son activité de startup concernait un autre domaine, je n'aurais pas le même type de réaction, mais là, c'est le pompon.
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Ascagne a écrit:En outre, si on se place du point de vue d'un adolescent d'aujourd'hui, c'est encore plus bizarre de vouloir être "prof" ou de tout simplement l'être. Quels sont leurs points de référence ? Telle ou telle star du streaming/de Tiktok/de Youtube qui a des millions d'abonnés, qui finit par être courtisée par telle plateforme (je viens de voir passer une brève qui indiquait qu'un streamer vient d'obtenir un contrat de cent millions de dollars pour deux ans avec telle société), qui fait une activité apparemment cool face à des gens cool (je prends un point de vue ingénu) ?Stratos a écrit:A mon avis, c'est le signe du matérialisme exacerbé de la société moderne, du déclassement des classes moyennes et de la dégradation des conditions de travail des profs.
Cela me fait repenser à ma première seconde : 75% des élèves voulaient devenir "agent immobilier" parce qu'ils croyaient que le métier est dans la réalité ce qui est montré dans telle ou telle émission télévisée. L'équipe était comme ça lors des conseils : .
Ça me semble assez réducteur. J'éviterais ce genre de généralité. C'est le point de vue de certains adolescents d'aujourd'hui. En tout cas ce n'est pas ce que je constate avec ceux que j'ai en face de moi.
- voyageurNiveau 5
Ce parasite est le futur ministre de l'EN
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Et ben... Il aurait dû plus travailler son grand oral, celui-là !
- AscagneGrand sage
@Aperçu par hasard : Bien entendu. J'aurais dû en rester à la première monture de mon message qui était plus précise : de certains adolescents plutôt naïfs par ailleurs d'aujourd'hui. Mais de ce côté-là, j'ai pu voir ça dans certaines proportions qui m'inquiètent. Quand tels ou tels élèves sont encore capables de sortir ce genre de représentations dans le bureau du proviseur après un refus du conseil de classe sur leur orientation, l'affaire est compliquée... Je pense à des idées comme : "finalement, il n'y a pas besoin de travailler, la chance me sourira", "mais je vais forcément devenir sportif de haut niveau, Monsieur", "regardez un tel, il a du succès sur Internet".
J'ai bien sûr à côté de ça des élèves qui ne vivent pas dans les étoiles. Mais dans les classes "compliquées", j'ai vu les cas précisés plus haut.
J'ai bien sûr à côté de ça des élèves qui ne vivent pas dans les étoiles. Mais dans les classes "compliquées", j'ai vu les cas précisés plus haut.
- *Hildegarde*Niveau 9
Ocelot a écrit:*Hildegarde* a écrit:Euh...franchement, j'ai du mal à voir l'humour dans le fait d'envisager de répondre à un élève qu'il est une ordure ou un déchet juste parce qu'il dit qu'à ses yeux éboueur et prof ont la même valeur.
A aucun moment je n'aurais traité l'élève lui-même de déchet.
En disant "parfois" et "certains déchets", on ne désigne personne en particulier. Si l'élève se sent visé, c'est son problème, mais ce n'est pas le sens de la phrase.
Tu penses sincèrement que l'élève qui entendrait ça pourrait ne pas le prendre pour lui? Tu viendrais de répondre à son propos, en reprenant ses mots, à lui, précisément et personnellement, et ta phrase, quoi que tu en penses, exprime bien le fait que tu t'occupes parfois d'éliminer des déchets, qui sont forcément des élèves, puisqu'à ma connaissance, ton métier ne concerne pas le traitement de réels déchets. Ne prends pas tes élèves pour des imbéciles, ils sauront connecter fort justement A et B.
Vraiment, avec ce genre de réponse, il ne faut pas s'étonner de voir l'escalade se produire dans un échange avec un élève.
Après, à toi de voir, c'est toi qui gères les suites, hein !
- SisypheHabitué du forum
Je n'ai pas de remarques aussi directes. Je crois cependant que je répondrais que j'aime enseigner. J'aime ce métier et je n'en ai pas fait le tour. C'est mon employeur qui pose problème.
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
@Ascagne En fait nous sommes d'accord. Je connais aussi quelques profils comme ceux que tu évoques. Ma perception est sans doute biaisée par le fait que j'ai des spé arts. Des élèves qui ont choisi la matière, sont assez passionnés/idéalistes ("rêveurs" diraient certains), placent rarement la "réussite matérielle" au-dessus de tout, et dont la capacité à s'enthousiasmer quand on parle d'une œuvre ou quand on va au musée m'étonne toujours. Bien sûr ils connaissent aussi les influenceurs qui font le buzz (et de moins en moins d'acteurs/d'actrices d'ailleurs, c'est frappant). Je ne dis pas que ces influenceurs ne les "influencent" pas dans une certaine mesure, mais ils sont aussi capables d'avoir un regard critique sur ces figures. Et si les vocations de profs sont de plus en plus rares, je note malgré tout qu'une de mes meilleures élèves de terminale cette année (20 à l'épreuve d'HLP alors que la moyenne est à 12,5 dans mon bahut, 18 de moyenne générale) va en prépa l'an prochain avec le rêve de devenir prof de philo.
- Anne_68Niveau 10
beaverforever a écrit:Et ben... Il aurait dû plus travailler son grand oral, celui-là !
+1
Et se payer les services d'un ingénieur du son. Mais on entend bien les buzz-words ...
- User20159Esprit éclairé
Ruben715 a écrit:C’est vrai que je ne gagne pas très bien ma vie en tant qu’enseignant, c’est vrai que c’est un métier difficile. Mais je gardais quand même une certaine assurance en me disant que professeur est un beau métier tout à fait honorable.
Il est nécessaire d'apprendre très vite à montrer au public : les élèves et ou les parents, que professeur, c'est une position.
Vous êtes en bas, je suis en haut.
Et je ne parle pas de hiérarchie, je parle de scène. Car c'est un métier de scène. Le savoir en plus.
Le fait que nos producteurs de théâtre nous paient une misère est un autre sujet très largement débattu sur de nombreux fils du forum.
Bonne continuation cher collègue.
- OcelotNiveau 7
*Hildegarde* a écrit:Ocelot a écrit:*Hildegarde* a écrit:Euh...franchement, j'ai du mal à voir l'humour dans le fait d'envisager de répondre à un élève qu'il est une ordure ou un déchet juste parce qu'il dit qu'à ses yeux éboueur et prof ont la même valeur.
A aucun moment je n'aurais traité l'élève lui-même de déchet.
En disant "parfois" et "certains déchets", on ne désigne personne en particulier. Si l'élève se sent visé, c'est son problème, mais ce n'est pas le sens de la phrase.
Tu penses sincèrement que l'élève qui entendrait ça pourrait ne pas le prendre pour lui? Tu viendrais de répondre à son propos, en reprenant ses mots, à lui, précisément et personnellement, et ta phrase, quoi que tu en penses, exprime bien le fait que tu t'occupes parfois d'éliminer des déchets, qui sont forcément des élèves, puisqu'à ma connaissance, ton métier ne concerne pas le traitement de réels déchets. Ne prends pas tes élèves pour des imbéciles, ils sauront connecter fort justement A et B.
Vraiment, avec ce genre de réponse, il ne faut pas s'étonner de voir l'escalade se produire dans un échange avec un élève.
Après, à toi de voir, c'est toi qui gères les suites, hein !
Mes élèves me connaissent suffisamment et sont suffisamment intelligents pour comprendre qu'il s'agit de second degré.
Si vous ou vos élèves (lorsque vous vous adressez à eux) interprétez cette phrase différemment, c'est un autre débat.
- tAoKHabitué du forum
Ocelot a écrit:
Mes élèves me connaissent suffisamment et sont suffisamment intelligents pour comprendre qu'il s'agit de second degré.
Si vous ou vos élèves (lorsque vous vous adressez à eux) interprétez cette phrase différemment, c'est un autre débat.
+1
N'importe quel professeur ne peut pas se permettre un humour "acide".
Si à aucun moment on n'a utilisé le 2nd degré avec ses élèves, lancer une phrase piquante peut paraître déplacé.
Mais si les élèves savent que l'enseignant utilise régulièrement l'humour, ça passe, parce qu'ils se rendront compte qu'il n'y a pas volonté de blesser, et qu'au fond on les respecte.
Je suis comme Ocelot, mes élèves me connaissent, je les connais, je sais estimer quel limite je ne dois pas dépasser.
- RuthvenGuide spirituel
voyageur a écrit:Ce parasite est le futur ministre de l'EN
Il a effectivement un pied en politique puisqu'il est suppléant d'une députée.
- Philomène87Grand sage
Je serais restée scotchée par de telles remarques et j'aurais eu deux réactions possibles :
- virer l'élève de ma classe, pour insulte (mais je ne l'aurais pas fait, donc j'aurais adopté la réaction suivante)
- répondre "pourquoi j'ai choisi ce métier ? Pour les 18h/semaine et les 4 mois de vacances, car être payé à rien f... ça me convient assez bien" avant de re-enchaîner immédiatement sur mon cours
Le risque étant que les élèves le prennent au 1er degré et que ça les conforte dans l'idée qu'ils se font du métier, mais perdu pour perdu...
- virer l'élève de ma classe, pour insulte (mais je ne l'aurais pas fait, donc j'aurais adopté la réaction suivante)
- répondre "pourquoi j'ai choisi ce métier ? Pour les 18h/semaine et les 4 mois de vacances, car être payé à rien f... ça me convient assez bien" avant de re-enchaîner immédiatement sur mon cours
Le risque étant que les élèves le prennent au 1er degré et que ça les conforte dans l'idée qu'ils se font du métier, mais perdu pour perdu...
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Ruthven a écrit:Le succès aujourd'hui, c'est cela :
https://start.lesechos.fr/innovations-startups/top-startups/a-20-ans-il-leve-15-million-deuros-pour-aider-eleves-et-etudiants-a-mieux-sorienter-1950192
"Depuis l’année dernière, Jules Simiand-Brocherie a arrêté ses études et consacre désormais tout son temps à faire grandir ExtraStudent. Et ça paie. «On vient de dépasser les 100.000 utilisateurs. On était encore à 93.000 il y a deux semaines. Les jeunes s’inscrivent en ce moment car le bac approche», indique-t-il. Avant d’ajouter: «Les études ne me manquent pas. À part la vie étudiante et l’insouciance que l’on peut avoir pendant ces années-là. Mais je me suis pris de passion pour le monde de l’éducation.» "
L'école est la niche qu'il faut exploiter mais qu'il faut mépriser :
Quand je vois cela, j'ai un pensée émue pour mes étudiant·e·s de prépa concours qui s'acharnent à lire des livres, à vouloir transmettre, qui n'auront peut-être pas le concours malgré leur niveau honorable, tout cela pour un salaire dont ils ont conscience qu'il ne sera pas extraordinaire.
@Ruthven Pourtant il ne dit pas que des bêtises. Quand il dit que le système scolaire français ne valorise pas assez la créativité, et que les gens les plus intelligents ne sont pas toujours ceux qui ont fait les "meilleures études", je suis assez d'accord.
Après quand il développe en évoquant "Picasso [qui] disait que tous les enfants naissaient artistes et que le plus dur était de rester artiste en grandissant"... mmouais... sauf que sans une profonde connaissance de l'histoire de l'art (qu'il n'a cessé d'interroger) et une formation académique (qui lui a donné de solides bases techniques et lui a permis de subvertir les codes académiques parce qu'il les maîtrisait), Picasso ne serait pas allé bien loin. Le créateur inné est largement un mythe, et on pourrait souligner l'importance de la formation chez pratiquement tous les artistes "qui comptent". Bien sûr, on peut acquérir une culture et des compétences techniques hors du système scolaire et des écoles. Mais c'est plus difficile et ça n'offre pas la garantie d'être plus "créatif"... au contraire, si l'approfondissement des bases est insuffisant ça prédispose plutôt à croire qu'on invente l'eau chaude toutes les 5 minutes.
En fait il réduit la "créativité" à la spontanéité et à l'appétence pour la prise de risque en l'opposant naïvement à l'apprentissage d'une rigueur "académique" ou "scolaire", qu'il associe à la contrainte stérile. C'est une vision instrumentale d'une créativité réduite à ce qui peut apporter une "efficience" dans un contexte de concurrence entre entreprises, dont on ne me fera d'ailleurs pas croire qu'il n'obéit pas lui-même à des règles. Il me semble que ça devient carrément illogique quand il prend comme argument la captation des richesses par une petite minorité pour expliquer pourquoi l'école ne valorise pas la créativité telle qu'il l'a définie précédemment. Parce que c'est bien l'idéal des entreprises qui valorisent ce type de "créativité", de se placer au sommet de la pyramide pour capter un maximum de richesse, quitte parfois à zombifier une grande partie de la population en l'attirant dans les réseaux sociaux ou les "métavers".
Il n'a sans doute pas tout à fait tort non plus quand il dit que l'école veut former surtout des exécutants. Mais cette école qu'il critique n'est sans doute pas celle que la majorité des profs veulent. C'est cependant celle vers laquelle les politiques nous emmènent de plus en plus, au nom d'une logique importée de l'entreprise à laquelle ce jeune homme semble pourtant adhérer sans réserve.
Bref, tout ça est assez bullshiteux et tissé de paradoxes.
- BaldredSage
Ha@_x a écrit:Ruben715 a écrit:C’est vrai que je ne gagne pas très bien ma vie en tant qu’enseignant, c’est vrai que c’est un métier difficile. Mais je gardais quand même une certaine assurance en me disant que professeur est un beau métier tout à fait honorable.
Il est nécessaire d'apprendre très vite à montrer au public : les élèves et ou les parents, que professeur, c'est une position.
Vous êtes en bas, je suis en haut.
Et je ne parle pas de hiérarchie, je parle de scène. Car c'est un métier de scène. Le savoir en plus.
Le fait que nos producteurs de théâtre nous paient une misère est un autre sujet très largement débattu sur de nombreux fils du forum.
Bonne continuation cher collègue.
- MarizibillNiveau 1
Outre la dévalorisation sociale évidente de notre boulot, je ne comprends même pas comment on peut prendre au sérieux la remarque d'un enfant même pas encore entré dans la vie active, dont les parents lavent encore les draps et les slips.
Sans rigoler, j'ai pas beaucoup d'expérience, mais je suis à peu prêt sûr que pour ça je mets une sanction pour insolence et je convoque les parents pour une mise au point niveau respect de la personne. On parle même pas de la fonction là, mais à quel moment on se permet des propos pareils ?
Sans rigoler, j'ai pas beaucoup d'expérience, mais je suis à peu prêt sûr que pour ça je mets une sanction pour insolence et je convoque les parents pour une mise au point niveau respect de la personne. On parle même pas de la fonction là, mais à quel moment on se permet des propos pareils ?
- EnaecoVénérable
Beaucoup de nos élèves classent la valeur des métiers à leur salaire.
Il ne faut pas s'attendre à avoir le rayonnement d'un médecin, d'un ingénieur, d'un financier, ... à leurs yeux.
Et sans s'attarder sur le salaire, ça ne fait pas rêver grand monde en tant qu'élève de se voir passer ses journées avec les classes agitées qu'ils sont.
La remarque est violente et déplacée mais traduit bien ce qu'est devenu le métier.
Ce qui me gêne le plus dans cette histoire, c'est le discours des parents qui sortent du cadre du métier mais qui jugent la carrière d'un professeur (en se trompant très probablement d'ailleurs)
Il ne faut pas s'attendre à avoir le rayonnement d'un médecin, d'un ingénieur, d'un financier, ... à leurs yeux.
Et sans s'attarder sur le salaire, ça ne fait pas rêver grand monde en tant qu'élève de se voir passer ses journées avec les classes agitées qu'ils sont.
La remarque est violente et déplacée mais traduit bien ce qu'est devenu le métier.
Ce qui me gêne le plus dans cette histoire, c'est le discours des parents qui sortent du cadre du métier mais qui jugent la carrière d'un professeur (en se trompant très probablement d'ailleurs)
- AscagneGrand sage
Je garde en tête quelques rendez-vous de ce genre, lors de ma première année comme enseignant au lycée, qui montraient clairement que le problème venait des parents : ils regardaient de très haut en effet le métier et le statut de l'enseignant en général, et le cas de l'enseignant en tant qu'individu. Ils ne se gênaient pas non plus, en ce qui concerne le cours de latin, de se sentir en mesure d'être prescriptifs concernant l'orientation de mes cours.Marizibill a écrit:Sans rigoler, j'ai pas beaucoup d'expérience, mais je suis à peu prêt sûr que pour ça je mets une sanction pour insolence et je convoque les parents pour une mise au point niveau respect de la personne.
- LefterisEsprit sacré
Les élèves sont imprégnés de l'air du temps et ils sentent instinctivement, le mépris attaché à la profession, plus ce qu'ils entendent chez eux. Nous sommes des animateurs et des employés de l'établissement, et au moindre mécontentement ( ce qui commence à un simple changement de place ou à un mot dans le carnet) on menace de plaindre aux parents, aux CPE, au professeur principal (qui est un grade comme chacun sait)... Je peux faire un florilège des réflexions déplacées, dont voici quelques exemplaires
- "métier de clochard" (sic), "vous avez le bac M . ?" "je vais vous faire virer". Variante quand ils savent qu'on a le bac et même autre chose : "faire des études pour finir prof', quand même..." J'ajoute les parents qui critiquent le programme et les oeuvres choisies "Quand j'étais jeune, moi, je, je , moi..." ou qui disent comment enseigner, comment faire un cours de latin sans grammaire parce que ça les ennuie (ben oui, on a mis le chéri là parce que ça fait bien, mais faut quand même pas exagérer).
C'est vrai que leur opinion ne vaut rien en elle-même, mais ces attitudes en disent très long sur la manière dont la société organise le mépris, et cela a évidemment des répercussions sur la vie quotidienne, l'indiscipline, le bavardage permanent qui est un des sommets de l'impolitesse, même si on a fini par le banaliser, et in fine les apprentissages, dont la ruine est compensée par la surnotation.
- "métier de clochard" (sic), "vous avez le bac M . ?" "je vais vous faire virer". Variante quand ils savent qu'on a le bac et même autre chose : "faire des études pour finir prof', quand même..." J'ajoute les parents qui critiquent le programme et les oeuvres choisies "Quand j'étais jeune, moi, je, je , moi..." ou qui disent comment enseigner, comment faire un cours de latin sans grammaire parce que ça les ennuie (ben oui, on a mis le chéri là parce que ça fait bien, mais faut quand même pas exagérer).
C'est vrai que leur opinion ne vaut rien en elle-même, mais ces attitudes en disent très long sur la manière dont la société organise le mépris, et cela a évidemment des répercussions sur la vie quotidienne, l'indiscipline, le bavardage permanent qui est un des sommets de l'impolitesse, même si on a fini par le banaliser, et in fine les apprentissages, dont la ruine est compensée par la surnotation.
_________________
"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
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- Reconversion vers le métier de professeur documentaliste ou professeur d'anglais
- Charge de travail, perception du métier : un rapport instructif de la DEPP sur les enseignants de langues en collège
- Détérioration de la perception du français par les élèves (lycée)
- Drôme: Un professeur mis en examen après la mort d'un de ses élèves dans une avalanche - le professeur et guide a été relaxé
- Un sondage très instructif sur la perception du métier d'enseignant... par les enseignants (sondage CGT Cadres / Opinionway)
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