Élèves de M2 : petites questions aux expérimentés

Bonjour à tous,

Je suis actuellement intervenante au sein d’un master. Je les ai sur des journées entières pendant environ une quarantaine d’heures.

Je viens de la « société civile » comme on dit et j’avais déjà fait des interventions mais seulement sur 2 heures ou max une demi-journée. C’est la première fois que j’ai la possibilité de « construire » une relation avec eux.

Je découvre ce que c’est que de mener une classe. C’est assez spécial parce qu’ils sont en fin d’études et globalement, dans 2 mois, l’école sera finie pour eux.

J’ai été élève moi-même, dans la même discipline qu’eux en plus, et je me souviens très bien dans quel état d’esprit, j’étais, deux mois avant de devoir entrer dans la vie active.

Une fois que cela est dit, j’aurai bien aimé avoir des témoignages de profs expérimentés. En effet, je suis assez stupéfaite de réaliser ce qu’est une classe côté prof.

Déjà, je découvre ce que ça fait de parler sans être écoutée C’est idiot mais en tant que manager dans une entreprise, même si on saoule tout le monde, les personnes font au moins semblant d’écouter par politesse. Là des fois, pendant 30 minutes, je sens que je perds tout le monde (sauf les 4 motivés qu’on repère assez facilement et qui deviennent des phares dans ce couloir de désespoir ) Ils dessinent, ils réservent des billets de train, ils scrollent sur Insta… Je trouve ça à la fois drôle (parce que je me souviens que j’étais comme eux sauf qu’on avait pas Internet en classe) et stupéfiant. Et à un moment, je vais préciser un point et je vois toutes les petites têtes qui se relèvent. Je me dis : « ah, y a un truc qui les interpèle, là. »

Ils sont plutôt motivés, ils réagissent bien aux exercices pratiques. Quand ce n’est pas le cas, je trouve des astuces pour qu’ils soient plus attentifs (genre demander à un groupe de corriger la proposition d’un autre groupe… ça fait au moins la moitié de la classe qui est contrainte d’être très attentive et alerte.) Ils ont un niveau d’engagement très acceptable selon moi, ils prennent des initiatives, ils utilisent d’eux-mêmes des outils que je mentionne et me montrent ensuite.

Mais quand ils considèrent qu’ils ont terminé… ils partent en pause d’eux mêmes. Ça, j’avoue que ça me fait halluciner (sans m’énerver pour autant…) J’ai pris le parti de laisser faire et de continuer le cours et ceux qui clopent en bas, rattrapent en route.

Je suis aussi stupéfaite de… leur niveau de grammaire, d’orthographe, de vocabulaire et aussi de culture G, il faut bien le dire. J’ai été une élève très mauvaise en orth mais en M2, le problème était quasiment « fixé ». Là j’hallucine de leur orthographe et du fait qu’ils connaissent réellement peu de choses… Y compris sur ce qu’ils pensent connaître. Typiquement les réseaux sociaux. Ils sont constamment sur Insta et Tik Tok mais tombent des nues en permanence quand je leur explique le fonctionnement.

J’avais un a priori sur les étudiants de leur âge, je pensais qu’ils seraient de fait, très engagés (écologie, société, inclusion, féminisme…) mais pas du tout. C’est même exactement l’inverse. Ils affirment clairement qu’ils s’en foutent.

Après loin de moi l’idée de les charger, j’ai totalement conscience de la période si spéciale de leur vie, ils ne sont pas encore tout à fait adulte, mais commencent à parler d’impôts et de prime d’activité sans même parler du monde si particulier autour d’eux.

Je voulais vous soumettre un peu mon expérience et voir si elle faisait écho à celles d’autres personnes.

Bienvenue dans la réalité !

Je n'ai pas de d'étudiants en Master (les miens sont en Licence), mais ce que tu dis ne m'étonne pas.
Ils sont le reflet de la société et de la façon dont la société considère le savoir, l'école, les enseignants.

Cela dit, j'impose des règles, en tout cas j'essaie (ça ne marche pas toujours...).
Les portables, c'est l'horreur. C'est devenu très difficile de les faire lâcher, mais je n'accepte pas qu'ils les utilisent devant mon nez. C'est une lutte quotidienne dans certaines classes.

Quant au niveau d'orthographe, d'expression, de compréhension... on a beau le dire, le crier....ça ne change rien.

Je ne sais pas quelle part tu dois donner au cours et aux activités / exercices. C'est vrai que souvent ils aiment bien être en activité, mais on ne peut se limiter à cela en général (ça dépend aussi des matières).
Pour la partie cours, peut-être aussi manques-tu d'expérience et cela explique - en partie - pourquoi tu les "perds". Ca arrive à tous les professeurs, mais, avec l'expérience, on arrive à ne pas trop les "perdre".