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- Manu7Expert spécialisé
N'oublions pas non plus que l'on parle des familles volontaires qui ont admis le handicap de leur enfant et ce n'est pas rien. C'est un cheminement pénible et quand on rencontre de multiples obstacles alors la tentation est grande de renoncer et de nier le handicap.
Et pourtant, malgré le handicap on devrait pouvoir accueillir la plupart des élèves dans de bonnes conditions le plus naturellement du monde. Mais bon, si on commence à dire qu'un TDAH n'a pas été bien éduqué alors on va droit dans le mur. C'est comme dire à un aveugle qu'il n'ouvre pas bien les yeux ou à un sourd qu'il n'écoute pas bien. Et mon dernier exemple est très parlant, à une période on prenait souvent des malentendants pour des malades mentaux. D'ailleurs je jouais au foot avec un sourd dans mon équipe au niveau sénior dans les années 80, et nous avertissions toujours l'arbitre et les adversaires. En général cela se passait très bien mais parfois avec certains arbitres cela pouvait partir en vrille. C'était ubuesque, ils lui reprochaient de ne pas respecter les coups de sifflets... et il avait souvent des cartons jaunes pour avoir poursuivi une action.
Et pourtant, malgré le handicap on devrait pouvoir accueillir la plupart des élèves dans de bonnes conditions le plus naturellement du monde. Mais bon, si on commence à dire qu'un TDAH n'a pas été bien éduqué alors on va droit dans le mur. C'est comme dire à un aveugle qu'il n'ouvre pas bien les yeux ou à un sourd qu'il n'écoute pas bien. Et mon dernier exemple est très parlant, à une période on prenait souvent des malentendants pour des malades mentaux. D'ailleurs je jouais au foot avec un sourd dans mon équipe au niveau sénior dans les années 80, et nous avertissions toujours l'arbitre et les adversaires. En général cela se passait très bien mais parfois avec certains arbitres cela pouvait partir en vrille. C'était ubuesque, ils lui reprochaient de ne pas respecter les coups de sifflets... et il avait souvent des cartons jaunes pour avoir poursuivi une action.
- VerduretteModérateur
Manu7 a écrit:N'oublions pas non plus que l'on parle des familles volontaires qui ont admis le handicap de leur enfant et ce n'est pas rien. C'est un cheminement pénible et quand on rencontre de multiples obstacles alors la tentation est grande de renoncer et de nier le handicap.
Et pourtant, malgré le handicap on devrait pouvoir accueillir la plupart des élèves dans de bonnes conditions le plus naturellement du monde.
C'est un cheminement difficile, je suis d'accord (je l'ai vécu aussi) mais le déni est toujours la plus mauvaise solution.
Ce que j'ai graissé me parait relever, en revanche, d'un optimisme totalement hors sol. Il manque beaucoup de choses actuellement pour que ce soit fait dans de bonnes conditions, à commencer par des AESH bien formés, correctement rémunérés, qui ne font pas cela par défaut, des interventions de praticiens dans les lieux scolaires. Clairement il y a des élèves (de tous âges et avec des difficultés diverses) qui n'ont rien à faire dans une école lambda, la première raison étant qu'elle ne leur apporte rien et qu'ils y sont malheureux. Or , la loi de 2005 précise que l'inclusion doit se faire SI elle est au bénéfice de l'enfant. A son bénéfice à lui, pas à celui de ses parents.
J'irai même jusqu'à dire que commencer par déculpabiliser les enseignants en cessant de leur dire que c'est leur faute s'ils ne parviennent pas à faire réussir tout le monde, ce qui est mathématiquement impossible, n'est-ce pas Monsieur Gauss, ce serait déjà pas mal. Et si on pouvait aussi créer de vraies voies de "réussite différente" (qui ne soit pas des voies de relégation, je le précise), la vie serait vraiment plus belle pour tout le monde.
Et j'édite pour affirmer que la disparition des IME et autres lieux d'accueil autres que l'école n'est pas une bonne solution. Certains enfants ne pourront jamais aller à l'école, et ne pas le reconnaître conduit à plonger les familles dans une illusion cruelle.
- maikreeeesseGrand sage
Évidemment que nous faisons le dossier en présence des parents. Je parle de parents démunis. Je remplis sous la dictée, j'appelle le médecin pour trouver un rdv et en expliquer la raison, je demande les CR aux différents partenaires qu'ils doivent remettre aux parentd, je réunis les documents et j'envoie. La plupart du temps c'est pour la première demande. Ma collègue en ULIS s'occupe des renouvellements, nouvelles demandes. C'est sûrement particulier au publique que j'accueille mais cela représente plus d'un dossier par an.lene75 a écrit:Maikresse, je ne comprends pas comment l'école peut remplir le dossier MDPH sans impliquer les parents. Qui remplit le certificat médical ? qui est obligatoire pour toute demande (et ne peut être rempli que par un médecin), de même que la signature des responsables légaux.
Que les parents aient besoin d'aide est très différent du fait de ne pas s'impliquer. Quasiment tout le monde se fait aider pour remplir son dossier MDPH, même à bac+5. C'est tellement compliqué qu'il existe des groupes d'aide sur Facebook spécialement dédiés à ça. Donc encore plus pour des familles qui auront du mal à saisir les subtilités, mais avoir besoin d'aide ne signifie pas être démissionnaire. Quelqu'un qui se libère en pleine journée en semaine pour aller au pôle autonomie, ce n'est pas quelqu'un qui ne s'occupe pas de son gamin.
Prendre un simple RV, c'est pareil, c'est le parcours du combattant. J'ai appelé 40 orthophonistes pour avoir une place. 40 ! Et l'orthophoniste déménage en fin d'année scolaire, donc c'est reparti pour un tour. Nous avons essayé pendant 3 mois d'obtenir un RV chez notre ophtalmo spécialisée dans les enfants. En vain. Bien que notre fille soit suivie par elle, impossible d'avoir un RV. Il nous a fallu rappeler l'ophtalmo que mon mari voyait quand il était lui-même enfant qu'il n'avait pas vu depuis 20 ans pour réussir à décrocher un RV. Et tout est comme ça, tout. Mon mari passe des demi-journées entières au téléphone pour avoir des RV. Moi les horaires de mes cours ne me le permettent pas, parce qu'il faut souvent appeler le lundi à 9h. Comment font les gens qui n'ont pas des horaires flexibles ? [Édit : et bien sûr, quand on décroche un RV, on n'a le choix ni de la date ni de l'horaire. Multiplié par tous les RV et rééducations, professionnellement parlant, c'est très compliqué. Je n'ai craqué qu'une fois en 15 ans au boulot, et c'était pour ça : un edt qui ne me permettait pas d'aller à la rééducation pour laquelle je m'étais battue pendant des mois, parce que même avec un temps partiel pour soins, l'employeur n'a aucune obligation légale d'adapter les horaires pour permettre au parent d’assurer les soins.]
Édit : c'est Églantine Éméyé. Je conseille vivement son reportage sur son fils et son livre Le voleur de brosses à dents.
- CathEnchanteur
Verdurette a écrit:Manu7 a écrit:N'oublions pas non plus que l'on parle des familles volontaires qui ont admis le handicap de leur enfant et ce n'est pas rien. C'est un cheminement pénible et quand on rencontre de multiples obstacles alors la tentation est grande de renoncer et de nier le handicap.
Et pourtant, malgré le handicap on devrait pouvoir accueillir la plupart des élèves dans de bonnes conditions le plus naturellement du monde.
C'est un cheminement difficile, je suis d'accord (je l'ai vécu aussi) mais le déni est toujours la plus mauvaise solution.
Ce que j'ai graissé me parait relever, en revanche, d'un optimisme totalement hors sol. Il manque beaucoup de choses actuellement pour que ce soit fait dans de bonnes conditions, à commencer par des AESH bien formés, correctement rémunérés, qui ne font pas cela par défaut, des interventions de praticiens dans les lieux scolaires. Clairement il y a des élèves (de tous âges et avec des difficultés diverses) qui n'ont rien à faire dans une école lambda, la première raison étant qu'elle ne leur apporte rien et qu'ils y sont malheureux. Or , la loi de 2005 précise que l'inclusion doit se faire SI elle est au bénéfice de l'enfant. A son bénéfice à lui, pas à celui de ses parents.
J'irai même jusqu'à dire que commencer par déculpabiliser les enseignants en cessant de leur dire que c'est leur faute s'ils ne parviennent pas à faire réussir tout le monde, ce qui est mathématiquement impossible, n'est-ce pas Monsieur Gauss, ce serait déjà pas mal. Et si on pouvait aussi créer de vraies voies de "réussite différente" (qui ne soit pas des voies de relégation, je le précise), la vie serait vraiment plus belle pour tout le monde.
Et j'édite pour affirmer que la disparition des IME et autres lieux d'accueil autres que l'école n'est pas une bonne solution. Certains enfants ne pourront jamais aller à l'école, et ne pas le reconnaître conduit à plonger les familles dans une illusion cruelle.
Entièrement d'accord.
Pour avoir des proches qui travaillent dans le handicap (de différentes gravités), je peux dire que non, tous les enfants handicapés ne peuvent pas être scolarisés en milieu ordinaire. Et j'ajoute même que ce ne serait pas souhaitable, y compris pour eux.
Et je pense à certaines de nos collègues ici.
- lene75Prophète
maikreeeesse a écrit:Évidemment que nous faisons le dossier en présence des parents. Je parle de parents démunis. Je remplis sous la dictée, j'appelle le médecin pour trouver un rdv et en expliquer la raison, je demande les CR aux différents partenaires qu'ils doivent remettre aux parentd, je réunis les documents et j'envoie. La plupart du temps c'est pour la première demande. Ma collègue en ULIS s'occupe des renouvellements, nouvelles demandes. C'est sûrement particulier au publique que j'accueille mais cela représente plus d'un dossier par an.lene75 a écrit:Maikresse, je ne comprends pas comment l'école peut remplir le dossier MDPH sans impliquer les parents. Qui remplit le certificat médical ? qui est obligatoire pour toute demande (et ne peut être rempli que par un médecin), de même que la signature des responsables légaux.
Que les parents aient besoin d'aide est très différent du fait de ne pas s'impliquer. Quasiment tout le monde se fait aider pour remplir son dossier MDPH, même à bac+5. C'est tellement compliqué qu'il existe des groupes d'aide sur Facebook spécialement dédiés à ça. Donc encore plus pour des familles qui auront du mal à saisir les subtilités, mais avoir besoin d'aide ne signifie pas être démissionnaire. Quelqu'un qui se libère en pleine journée en semaine pour aller au pôle autonomie, ce n'est pas quelqu'un qui ne s'occupe pas de son gamin.
Prendre un simple RV, c'est pareil, c'est le parcours du combattant. J'ai appelé 40 orthophonistes pour avoir une place. 40 ! Et l'orthophoniste déménage en fin d'année scolaire, donc c'est reparti pour un tour. Nous avons essayé pendant 3 mois d'obtenir un RV chez notre ophtalmo spécialisée dans les enfants. En vain. Bien que notre fille soit suivie par elle, impossible d'avoir un RV. Il nous a fallu rappeler l'ophtalmo que mon mari voyait quand il était lui-même enfant qu'il n'avait pas vu depuis 20 ans pour réussir à décrocher un RV. Et tout est comme ça, tout. Mon mari passe des demi-journées entières au téléphone pour avoir des RV. Moi les horaires de mes cours ne me le permettent pas, parce qu'il faut souvent appeler le lundi à 9h. Comment font les gens qui n'ont pas des horaires flexibles ? [Édit : et bien sûr, quand on décroche un RV, on n'a le choix ni de la date ni de l'horaire. Multiplié par tous les RV et rééducations, professionnellement parlant, c'est très compliqué. Je n'ai craqué qu'une fois en 15 ans au boulot, et c'était pour ça : un edt qui ne me permettait pas d'aller à la rééducation pour laquelle je m'étais battue pendant des mois, parce que même avec un temps partiel pour soins, l'employeur n'a aucune obligation légale d'adapter les horaires pour permettre au parent d’assurer les soins.]
Édit : c'est Églantine Éméyé. Je conseille vivement son reportage sur son fils et son livre Le voleur de brosses à dents.
Donc tu fais comme tu peux le rôle de coordonnateur, qui n'est pas ton boulot, parce que les différents services n'arrivent plus à en recruter. Comme tu peux parce que tu peux gérer la partie administrative mais vraisemblablement pas la partie de coordination des soins, qui est pourtant indispensable à un bon parcours de soin.
Ce boulot, qui incombe souvent par défaut aux parents faute de professionnels en nombre suffisant, c'est celui qui est fait par le médecin du Camsp, du CMP ou du SESSAD quand il y en a, ou par un médecin référent à l'hôpital, où plus aucun n'assume cette charge parce qu'ils croulent sous les patients, et qui devrait être fait par le médecin scolaire s'ils n'étaient pas en sous-effectif, pour ceux qui ne dépendent pas de ces organismes. Parfois, quand il y en a, c'est l'assistante sociale qui prend en charge la partie administrative (le travail que tu fais à sa place), mais évidemment pas la partie médicale. Les compte-rendus devraient aussi être systématiquement envoyés aux parents et aux différents partenaires si les médecins n'étaient pas eux aussi débordés. Devoir les réclamer est une charge supplémentaire liée à la défaillance du système. C'est du pur administratif soustrait au temps consacré à l'enfant, et pour un parent seul, c'est beaucoup plus difficile à obtenir que pour quelqu'un qui appelle au nom d'une institution.
Je ne vois pas comment on peut dire que des parents qui se libèrent pour remplir un dossier avec la directrice de l'école, pour aller à des RV médicaux, pour faire suivre leur enfant par différents partenaires, etc., sont des parents démissionnaires. Les autres parents n'ont pas tout ça à faire.
Et là on parle d'un seul dossier, et uniquement de la partie scolaire. Par exemple pour nous le renouvellement de la partie scolaire est l'année prochaine, mais cette année on doit faire le renouvellement de la partie médicale, pour laquelle nos droits s'achèvent on octobre, et dans laquelle l'école n'est pas du tout impliquée (et donc ignore totalement que nous faisons cette démarche), et l'an dernier on a fait la demande d'admission en SESSAD, ce sont trois démarches différentes pour lesquelles les dates de renouvellement ne coïncident pas, mais chacune de ces démarches demande de refaire à chaque fois l'intégralité du dossier, et en particulier du certificat médical.
Il faut aussi faire le PAI avec l'école et avec le périscolaire (même PAI mais double démarche parce que pas de communication entre les deux). 3 mois de démarches, 26 mails, plus de 10h au téléphone pour le seul renouvellement du PAI pour moi cette année... pour recevoir au bout de 3 mois un PAI dans lequel tous les éléments médicaux ont été supprimés au moment de la signature par le médecin scolaire. Après 3 relances du médecin scolaire sans réponse (quand la directrice de l'école appelle, on lui passe le médecin scolaire, qui lui donne une réponse fiable, un parent n'a accès qu'à la secrétaire et à des informations souvent erronées), j'avoue, j'ai laissé tomber. Mère démissionnaire qui se décharge de ses responsabilités sur l'école. J'ai envoyé un mail à l'école et au périscolaire pour expliquer les éléments importants à savoir qui ont été supprimés et qui figuraient dans l'ancien PAI, dont la validité courait initialement jusqu'à la fin du CM2 mais qui a été invalidé par un changement de formulaire administratif qui a nécessité de refaire tous les PAI (donc médecin scolaire débordé par la masse de PAI qui lui ont été soumis en même temps, d'autant que ledit médecin a changé 2 fois en deux ans). Je reprendrai les démarches en mai-juin pour la rentrée.
Il faut également renouveler régulièrement la prise en charge à 100% par la sécu, la déclaration de handicap à la mutuelle, au rectorat dans mon cas (qui à une époque demandait de remplir pour chaque mois un formulaire plein de chiffres en deux exemplaires EN ROUGE (donc photocopies impossibles), soit 24 imprimés à remplir au moment de la demande, et l'enveloppe à aller peser à la Poste), la déclaration de prise en charge à 100% à l'hôpital pour ceux qui sont concernés, le cas échéant la demande de temps partiel, à refaire tous les ans, ou de congé de présence parentale, avec les formulaires d'absences et de demande d’AJPP à remplir tous les mois, les formulaires de remboursement de transport ( les erreurs sont quasi systématiques, donc appeler tous les mois pour faire rectifier), pour lesquels il faut une ordonnance, toutes les ordonnances, justement : on ne se pointe pas chez une orthophoniste la bouche en coeur, il faut faire régulièrement renouveler l'ordonnance chez un médecin, si traitement il faut aussi le faire renouveler tous les 6 mois, aller faire la queue à la pharmacie pour le commander puis le récupérer, le taxi pour ceux qui sont concernés, pour une admission en SESSAD ou autre, c'est plusieurs mois de démarches administratives + tout le parcours d’admission avec tous les bilans pour lesquels on demande souvent la présence des deux parents mais pas celle de la fratrie (donc mode de garde à trouver), compter une demi-journée pour chaque bilan. Contrairement à ce qu'on croit, le SESSAD ne se déplace pas pour tout, certains RV ont lieu sur place, il y a des demi-journées de réunions, collectives ou individuelles, etc. Et chaque année il faut re-remplir le dossier administratif et le dossier sanitaire.
Bref, le dossier MDPH, c'est un truc parmi bien d'autres, et la partie purement administrative du dossier, même si c'est la plus difficile à comprendre et à bien remplir, c'est la partie émergée de l'iceberg. Pour remplir le certificat médical, bien souvent, le généraliste ou le pédiatre va demander des examens complémentaires. Alors oui, s'il a affaire à une famille défavorisée ou s'il veut que ce soit fait par quelqu'un de bien précis, il va prendre son téléphone pour prendre le RV, mais ensuite ce sont bien les parents qui vont devoir y aller, à ces RV en plein milieu de journée.
Et à chaque changement de situation, même mineur, il faut refaire l'intégralité des dossiers.
Ça me fait penser à la cardiologue qui nous avait dit : "Mais quand est-ce qu'ils vont vous laisser souffler avec tous leurs RV et vous laisser partir un peu en vacances ? Moi au moins je ne vais pas trop vous embêter, tant qu'il n'y a rien d’alarmant, on ne se verra que tous les 6 mois." ... bah comme tout le monde, donc. Un RV tous les 6 mois pour chaque spécialiste "quand tout va bien", c'est un RV toutes les deux semaines toute l'année quand tout va bien, c'est-à-dire jamais, parce qu’il y a sans cesse des trucs exceptionnels.
Mais chacun ne voit que ce qui le concerne et trouve donc que ce n'est pas grand chose. C'est vrai, quoi, un RV tous les 6 mois et une opération tous les 10 ans, c'est pas la fin du monde. De quoi se plaignent les parents ?
Édit : eh bien sûr le tout avec un gosse violent à la maison, qui ne peut être gardé par personne, qui hurle à longueur de temps, qui parfois ne dort pas la nuit, et la fratrie perturbée à gérer.
- NasopiBon génie
Tout ça me rappelle la réflexion de l'assistante sociale de mon fils (qui remplit une bonne partie des dossiers MDPH pour moi) : "Moi, c'est mon travail, mais vous, on vous demande de faire ça en plus de tout le reste". J'ai passé des heures au téléphone avec elle, et avec celle de ma fille, et avec celle de la MDPH, ces derniers mois ; des heures en réunions diverses et variées ; des heures à remplir des dossiers (pour le conseil général, pour la CAF, pour la MDPH, pour les institutions pour adultes, pour l'IME...). J'ai été obligée de me déplacer plusieurs demi-journées à la CAF... Oui, le travail administratif qu'on demande aux parents d'enfants handicapés est énorme ; et j'ai l'aide d'assistantes sociales, et je suis à l'aise avec l'écrit et avec la langue française, et j'habite une grande ville...
Tout ça sans compter le reste, à savoir les enfants à gérer au quotidien, les rendez-vous médicaux. Mes enfants ont plus de 20 ans, ça fait plus de 20 ans que je vis à ce rythme. J'ai fini en burn out. Ma généraliste m'a félicitée de ne pas avoir craqué plus tôt.
Inutile de dire que je supporterais mal de m'entendre dire que je suis démissionnaire parce que l'assistante sociale de l'IME remplit les dossiers MDPH à ma place...
Tout ça sans compter le reste, à savoir les enfants à gérer au quotidien, les rendez-vous médicaux. Mes enfants ont plus de 20 ans, ça fait plus de 20 ans que je vis à ce rythme. J'ai fini en burn out. Ma généraliste m'a félicitée de ne pas avoir craqué plus tôt.
Inutile de dire que je supporterais mal de m'entendre dire que je suis démissionnaire parce que l'assistante sociale de l'IME remplit les dossiers MDPH à ma place...
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"Donne-moi la sérénité nécessaire pour accepter telles qu’elles sont les choses qu’on ne peut pas changer, donne-moi le courage de changer celles qui doivent l’être ; donne-moi la sagesse qui permet de discerner les unes et les autres." (Marc-Aurèle)
- maikreeeesseGrand sage
Encore une fois je ne parle pas de parents démissionnaires mais de parents démunis qui parfois deviennent démissionnaires devant la difficulté . S'ils ne comprennent pas les demandes lors de l'ess, confondent orthophoniste, orthoptiste, neurologue, ergotherapeute, s'ils ne maîtrisent pas l'écrit ou la langue, si prendre un rdv est difficile, si... souvent c'est l'enseignant ou le directeur qui connaît bien la famille qui aide. Je ne juge jamais, je n'en ai pas le droit ni ne suis en capacité de le faire (sauf je reconnais quand il y a mensonges). J'accueille de la même manière les parents don't l'enfant a été placé en urgence en foyer, la mère qui a tenté de noyer sa fille à 9 mois mais qui n'est pas déchue de ses droits. Parfois les familles de mon école ne savent même pas que leursenfants sont en Ulis, enfin ne comprennent pas vraiment ce que cela implique. Je ne suis pas seule, il y a le sessad, l'ase mais ils sont débordés avec un secteur de malade.
Tu as raison de souligner Lene que ce que je fais n'est qu'administratif et ponctuel. Je ne vis pas le quotidien des familles. Mais c'est aussi ma façon (comme de nombreux directeurs ou PE) enfin une façon très réduite de soulager, plutôt d'accompagner un peu ces familles.
Enfin ici nous lisons des temoignages de personnes qui consacrent énormément de temps au bien être de leur enfant, qui relatent leur combat ubuesque. Ce n'est pas forcément ce que je rencontre dans mon école pour les raisons évoquées plus haut.
Tu as raison de souligner Lene que ce que je fais n'est qu'administratif et ponctuel. Je ne vis pas le quotidien des familles. Mais c'est aussi ma façon (comme de nombreux directeurs ou PE) enfin une façon très réduite de soulager, plutôt d'accompagner un peu ces familles.
Enfin ici nous lisons des temoignages de personnes qui consacrent énormément de temps au bien être de leur enfant, qui relatent leur combat ubuesque. Ce n'est pas forcément ce que je rencontre dans mon école pour les raisons évoquées plus haut.
- HonchampDoyen
Merci pour vos longues contributions. Elles permettent de comprendre là où on serait tenté de vite juger.
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"Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi, assise par terre comme ça.."
- VerduretteModérateur
Ce serait un peu simpliste (et faux) de dire que les enfants qui ont des problèmes de comportement sont juste mal élevés par des parents démissionnaires. Nous avons régulièrement en maternelle des enfants qui n'ont pas eu de limites posées, mais lorsqu'il n'y a pas de pathologie ils comprennent le plus souvent assez vite que l'école n'admet pas ce qu'ils font à la maison.
Mais dans la majeure partie des cas il y a des problématiques que l'école ni les parents ne peuvent résoudre seuls : un deuil, la maltraitance, une pathologie psy.... la liste est longue. Il faut des professionnels : pédopsychiatre, neuropédiatre, neuropsychologue.... il y a des listes d'attente longues comme le bras. Même pour le CMP et le CAMSP l'accès est difficile.
Pour vous dire à quel point les familles ont peu d'aide pour affronter les problèmes (graves) de comportement (que nous affrontons, nous, à l'école 36 fois 24 heures déjà difficilement, et les familles 365 jours par an), même si un dossier MDPH est ouvert, les aides apportées étant le plus souvent insuffisantes ou restant sur le papier, des familles justement pas du tout démissionnaires mais à bout n'ont pas d'autre solution que de faire placer volontairement leur enfant. Elles vont de leur propre gré à l'ASE, ou même doivent porter plainte contre leur propre enfant pour avoir une chance que le dossier arrive à la justice des enfants; On peut s'adresser directement à un avocat pour qu'il transmette le dossier en urgence à la justice des mineurs(mais vous savez que la justice est à peu près dans le même état que l'école et l'hôpital, et tout le monde ne pense pas à s'adresser à un avocat, sans compter le coût.
Ainsi des enfants qui auraient eu besoin de soins pédopsychiatriques tôt finissent pas se retrouver dans des foyers avec des enfants qui n'ont pas du tout le même profil qu'eux, un peu comme un malade qui est admis à l'hôpital, ouf, mais pas dans le bon service.
Je ne sais même pas comment on pourrait exiger ou demander quoi que ce soit puisqu'on a laissé la situation pourrir jusqu'à n'avoir plus assez de psychiatres, pédopsychiatres et autres professionnels médicaux ou paramédicaux. On y mettrait des millions que ça ne changerait rien. Il faudrait déjà avoir ces millions... et surtout que l'Etat s'intéresse à la question. Bref, c'est pas gagné.
Mais dans la majeure partie des cas il y a des problématiques que l'école ni les parents ne peuvent résoudre seuls : un deuil, la maltraitance, une pathologie psy.... la liste est longue. Il faut des professionnels : pédopsychiatre, neuropédiatre, neuropsychologue.... il y a des listes d'attente longues comme le bras. Même pour le CMP et le CAMSP l'accès est difficile.
Pour vous dire à quel point les familles ont peu d'aide pour affronter les problèmes (graves) de comportement (que nous affrontons, nous, à l'école 36 fois 24 heures déjà difficilement, et les familles 365 jours par an), même si un dossier MDPH est ouvert, les aides apportées étant le plus souvent insuffisantes ou restant sur le papier, des familles justement pas du tout démissionnaires mais à bout n'ont pas d'autre solution que de faire placer volontairement leur enfant. Elles vont de leur propre gré à l'ASE, ou même doivent porter plainte contre leur propre enfant pour avoir une chance que le dossier arrive à la justice des enfants; On peut s'adresser directement à un avocat pour qu'il transmette le dossier en urgence à la justice des mineurs(mais vous savez que la justice est à peu près dans le même état que l'école et l'hôpital, et tout le monde ne pense pas à s'adresser à un avocat, sans compter le coût.
Ainsi des enfants qui auraient eu besoin de soins pédopsychiatriques tôt finissent pas se retrouver dans des foyers avec des enfants qui n'ont pas du tout le même profil qu'eux, un peu comme un malade qui est admis à l'hôpital, ouf, mais pas dans le bon service.
Je ne sais même pas comment on pourrait exiger ou demander quoi que ce soit puisqu'on a laissé la situation pourrir jusqu'à n'avoir plus assez de psychiatres, pédopsychiatres et autres professionnels médicaux ou paramédicaux. On y mettrait des millions que ça ne changerait rien. Il faudrait déjà avoir ces millions... et surtout que l'Etat s'intéresse à la question. Bref, c'est pas gagné.
- TailleventFidèle du forum
Je pense que l'orthophoniste était appelé logopédiste et l'ergothérapeute psychomotricien.dandelion a écrit:En Suisse, l’orthophoniste venait chercher les enfants dans la classe, ainsi que l’ergothérapeute (je ne suis plus sûre du nom exact de la profession?). Je me souviens aussi être allée faire une réunion avec l’équipe pédagogique et un pédiatre.
Et effectivement, ici on a la chance de pouvoir assez facilement obtenir une aide extérieure et ces spécialistes peuvent aussi informer les enseignants afin de les aider à gérer la situation.
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