Inspection L'Avare 5ème

Bonjour à tous,

Inspectée dans 10 jours, je commence à préparer ma séance d'inspection mais quelques doutes m'assaillent et j'aimerais recevoir quelques lumières.
Je suis inspectée avec des 5e (collège REP) et je commence cette semaine une séquence sur L'Avare dont les premières séances vont se dérouler comme suit :
Séance 1 : Découvrir Molière et la comédie (activité de recherche sur Molière, découverte du théâtre au XVIIème, étude de la distribution de la pièce avec schéma des personnages à réaliser)
Séance 2 : Étude de l'acte I, scène 2 : Confidences fraternelles : Cléante révèle à Élise qu'il aime Mariane et s'inquiète de la réaction de son père (portrait d'Harpagon en creux)
Séance 3 : Étude de l'acte I, scène 4 : Confrontation familiale
Cette séance sera celle de l'inspection.

Voici ce que j'ai prévu pour l'instant (à partir du texte ci-joint) :
-  Lecture du début du dialogue entre Harpagon et ses enfants. Cléante lui annonce qu'ils souhaitent lui parler de mariage, le père réplique que cela tombe bien car lui aussi veut "s'entretenir" avec eux de mariage. Je coupe la scène là.
1. Travail d'écriture : imaginer la suite de la réplique : Quelle(s) nouvelle(s) Harpagon va-t-il leur annoncer ?
2. Mise en commun des propositions et retour sur le portrait élaboré lors de la séance précédente pour valider les hypothèses (père autoritaire, égoïste...).
3. Lecture professorale de la scène complète (quiproquo Cléante / Harpagon puis bras de fer Harpagon / Élise)
4. Réactions à l'oral, rappel des projets du père, explicitation du quiproquo.
5. Projet de lecture : Comment les enfants réagissent-ils ?
6. Observation plus en détail du texte, je coupe le tableau en deux parties (une pour chaque enfant) et je note les remarques au fur et à mesure, avec deux/trois remarques stylistiques.
7. Bilan : ???

Ce déroulement vous paraît-il cohérent ? Ma séance est volontairement très classique selon les recommandations de mon IPR lors ma précédente inspection (c'est la même qui revient). Mon objectif à travers l'étude de cette pièce est surtout que les élèves comprennent la pièce et les relations parent-enfants. Ce sera déjà pas mal.

Voici mes autres interrogations :
- Ce que j'ai prévu me semble long en 55 min (le texte est assez long...), je pense que le bilan sera pour plus tard.
- D'ailleurs, un bilan est-il nécessaire ou le tableau suffit-il ? Je pensais donner en fin de séance un schéma récapitulatif des relations amoureuses à compléter (pour m'assurer de la bonne compréhension), ou bien une question de réflexion comme : Cette scène vous paraît-elle comique ? Pourquoi ? qui pourrait récapituler les éléments vus en classe mais j'ai peur que ça fasse trop.

Un grand merci par avance pour vos avis et conseils !

Désolée de répondre un peu rapidement.
Le texte me paraît effectivement bien long. Les réactions des élèves sont un point de départ intéressant et il serait dommage que tu ne puisses suffisamment "creuser" les choses par manque de temps ..

Merci pour ta réponse.

L'extrait est effectivement long mais le couper me semble peu pertinent au regard de l'objectif de ma séance (->comprendre l'intrigue et les relations père-enfants). Il me semble que dans ce cas, cela peut se justifier.

Les recommandations de mon IPR vont dans ce sens : éviter les dérives technicistes des lectures analytiques au profit de l'idée du « sujet lecteur » et d'une compréhension fine de l'intrigue.

Évidemment on étudiera plus en détail le quiproquo Harpagon / Cléante pour bien comprendre la stratégie d'Harpagon et on fera des remarques stylistiques sur le dialogue Élise / Harpagon (jeu d'écho des répliques, rythme rapide, formules affectueuses en opposition avec le sujet de la discussion...) pour montrer qu'elle lui tient tête... Ça me semble tenir en une heure, si j'exclus le bilan.

Ne garder que la partie Harpagon / Cléante, par exemple, me semblerait dommage pour la compréhension globale de la pièce...

Ou alors je coupe la classe en deux, une moitié travaille sur le dialogue Cléante / Harpagon, l'autre sur le dialogue Élise / Harpagon puis mise en commun... Mais ça ne tiendra jamais en une heure avec le travail d'écriture du début Help !!

Est-il indispensable de faire jouer aux devinettes par écrit avant d'entamer le travail sur le texte ? Supprimer cette partie dont l'intérêt me paraît discutable te ferait gagner du temps. Tu peux toujours, à l'oral, faire un rappel de la scène précédemment étudiée et des attentes qui en découlent. Si tu veux faire écrire les élèves, ne vaudrait-il pas mieux les faire écrire dans le sillage de la scène ?

Je suis bien d'accord avec toi, Ombre. À vrai dire, s'il n'y avait que moi, je me passerais de cette activité. Mais l'inspectrice qui vient m'a déjà inspectée il y a deux ans, et m'avait fait le reproche de ne pas commencer par un petit travail d'écriture au début, comme imaginer la réponse du personnage (j'avais aussi procédé à l'étude d'une scène de théâtre) pour impliquer davantage les élèves.
Je trouve ça assez inutile mais je me dis qu'elle va à nouveau me le reprocher...

En temps normal j'aurais fait :
1. Rappel de la scène précédente
2. Lecture magistrale
3. Oral : Vérification de la compréhension littérale
4. Activité à l'écrit (en coupant éventuellement la classe en deux) : Quelles réactions des deux enfants ?
5. Mise en commun au tableau
6. Bilan : Trouvez-vous cet extrait comique ? Justifiez votre opinion. (je trouve cette question pas mal pour synthétiser les éléments de la séance)

Séance très classique mais bon... Au moins ça rentre en une heure. Ça vous semble mieux ?

Je comprends. Puisque tu connais les attentes de ton IPR, tu as raison d'en tenir compte.
Dans ce cas, voici ce que je propose.
Raccourcis la scène pour la concentrer sur le quiproquo (ce que tu as mis en bleu).
Fais le travail que tu as prévu sur cette partie, en prenant le temps, sans stress (si c'est possible un jour d'inspection ).
S'il te reste du temps à la fin, tu peux demander aux élèves d'oraliser la scène en essayant de mettre en évidence les émotions successives des personnages. Si tu n'as plus de temps, tu donnes ce travail à faire pour la séance suivante, en conseillant de noter en marge du texte quelle émotion anime le personnage en face de chaque réplique.
Pour le bilan, tu peux le centrer sur le personnage d'Harpagon (quelle sorte de père est-il pour ses enfants ?), ce qui amènera les élèves à évoquer la situation inédite (un père rival amoureux de son fils, situation ridicule, propre à la comédie) et conflictuelle (donc appelant une résolution).

Merci pour tes idées, Ombre, ça me semble pas mal en effet.
Plus j'y réfléchis, plus cette activité initiale d'écriture m'embête... D'un point de vue pratique, ça fait des feuilles à distribuer, à coller (je connais ma classe, ça leur prend 20 min). Et je crains que l'étude du quiproquo se fasse trop rapidement, en gros un éclaircissement des raisons de cette manœuvre de la part d'Harpagon et une observation de l'évolution des réactions de Cléante : prudence, enthousiasme, soulagement, sidération avec l'effet de chute... Ça me paraît un peu léger mais c'est peut-être suffisant pour des 5èmes, finalement.
S'entraîner à dire la scène est une excellente idée mais je vais garder ça pour la séance suivante, c'est moins risqué
D'ailleurs j'ai prévu une séance de vocabulaire sur les émotions, ce serait peut-être pas mal de la caler avant, non ?

Et si cette activité "initiale" était placée en fin de la séance précédente ? Tu peux gagner du temps sur la séance 1 à mon avis et déplacer un peu de ta séance 2 en heure 1. 2ème heure : fin de la séance 2 et activité d'écriture. Tu commences la séance 3, ta séance d'inspection, en leur demandant de lire ces propositions...

Ça peut être la solution, je n’y avais pas pensé, merci Sisyphe. Je crains que des petits malins n’aillent vérifier la suite du texte sur internet mais bon, c’est le jeu… Et dans ce cas, je garderais le texte entier ou seulement le quiproquo Cléante / Harpagon ? C’est ma principale hésitation…

Moi je garderai le texte entier au vu de ce que tu nous dis sur l'inspecteur. Par ailleurs je suis plutôt du même avis que lui. Les élèves feront plus tard des analyses poussées sur de courts extraits. Les textes de l'EAF comptent une vingtaine de lignes. Et c'est souvent frustrant. Les élèves peinent à comprendre l'insertion de l'extrait dans la scène globale . Je l'ai encore vu hier avec un extrait de L'Ile des esclaves. Mes élèves oubliaient la mise en abîme parce qu'ils oubliaient la présence d'Euphrosine et Iphicrate comme spectateurs . Alors si au collège vous pouvez leur apprendre à lire de manière plus continue, cela me semble intéressant .

Oui je suis du même avis que toi. Je vais garder le texte en entier. Mon objectif sera de comprendre la scène et les relations entre le père et ses enfants. Comprendre un texte long n'est pas si simple pour beaucoup d'élèves de 5ème, surtout un texte du XVIIème. Je trouve que ça se justifie facilement auprès d'un inspecteur. Et, pour avoir lu des articles sur les directives pédagogiques en vogue, ça me semble complètement aller en ce sens.

Pour éviter de perdre du temps sur le travail d'écriture initial, je vais lire le début de la scène (éventuellement le projeter), on va constater qu'Harpagon a l'air rassurant, à l'écoute... Je demande aux élèves de proposer une hypothèse quant à l'annonce d'Harpagon à son fils ("Selon moi, Harpagon va annoncer que..."). Ça ira plus vite que d'imaginer la suite de la réplique. On lit deux-trois propositions, on se dit qu'étant donné le portrait d'Harpagon dressé précédemment, il serait étonnant qu'il soit devenu soudainement attentif et protecteur et qu'il a sûrement une idée derrière la tête.  

Et hop, lecture de la scène complète. On explicite à l'oral les projets du père, on relit le quiproquo pour bien comprendre sa stratégie, on liste les différentes émotions de Cléante, on constate qu'Élise est plus rebelle (relevé de quelques procédés). On note les éléments clefs au tableau.

Travail à la maison (si pas assez de temps) : répondre à la question proposée par Ombre : Quelle sorte de père Harpagon est-il ?

Séance suivante : oral : par deux, mettre en voix le passage du quiproquo.

Tout cela a l'air très cohérent. Tu peux préciser la consigne pour répondre à la question d'Ombre. Rédiger une phrase complète. Utiliser deux adjectifs... Et prévoir une reprise avec enrichissement du lexique.

Oui bonne idée. Merci pour tes conseils, Sisyphe.

De rien ! Bon courage à toi. Et reviens nous dire comment ça s'est passé.

De plus, le titre de cette œuvre est parfait compte tenu de la politique actuelle de (non) revalorisation des enseignants.

Oui je vous dirai ce que ça a donné !

Pox, une chose me chiffonne. Cela fait deux fois que tu parles de stratégie d'Harpagon. Je ne comprends pas où tu vois cette stratégie. Tu penses qu'Harpagon a délibérément laissé croire à son fils qu'il lui destinait Marianne ? Cela me semble difficile à fonder sur le texte. Je crois plutôt que le vieux bonhomme est si tordu et si égoïste qu'il ne voit même pas ce qu'il y a d'impensable dans la situation et ne s'intéresse pas une seule seconde à ce que ressent son fils, préoccupé seulement de lui-même. Ce n'est pas un grand stratège que met en scène Molière, je crois que ce serait le faire plus fin qu'il n'est.

Évidemment, Harpagon n'a pas délibérément laissé croire à son fils qu'il lui destinait Marianne. Si je parle de stratégie, c'est plutôt parce qu'Harpagon, en demandant à son fils son opinion sur Mariane avant de lui révéler son projet de mariage, cherche quand même à l'y faire adhérer avant de l'en informer. Il me semble que l'attitude d'Harpagon ici révèle à la fois son égoïsme profond, comme tu l'évoques, mais aussi son besoin d'être rassuré par rapport à la pauvreté de la jeune fille qu'il veut épouser.
Mais tu as raison, le mot "stratégie" est trop fort.

Oui, au moment d'annoncer son mariage à ses enfants, Harpagon recherche leur assentiment (il s'en souciera beaucoup moins à propos de leur propre union). Mais effectivement, le mot de stratégie évoque autre chose. Je ne sais pas si beaucoup d'élèves de 5e connaissent ce terme, mais attention à ne pas les engager sur une fausse piste.

Tu as raison, merci pour le conseil, Ombre.

Bonjour,

Comme promis, un petit bilan de mon inspection qui s’est très bien passée. Après  mûre réflexion, j’avais finalement raccourci le texte, pour le couper au moment où Harpagon annonce à ses enfants les mariages qu’il a prévus pour eux.

Voici comment ma séance s’est déroulée :
- Lecture du début puis travail d’écriture (poursuivre la réplique d’Harpagon)
- Mise en commun avec rappel du texte précédent
- Lecture professorale du texte complet
- Explication orale centrée sur la question : « S’agit-il d’un réel moment d’échange père-enfants ? »
Les élèves ont beaucoup participé, on a éclairci les zones d’ombre (le fait qu’Harpagon ne veuille pas épouser Mariane pour embêter son fils, le quiproquo dont Cléante est victime, les raisons qui poussent Harpagon à dévoiler progressivement son projet…). Conclusion : C’est tout sauf un moment d’échange, père et fils deviennent même plus rivaux que jamais.
- 10 min avant la fin, on a noté les principaux éléments et la question de bilan : « Quelle sorte de père Harpagon est-il ? » (à faire à la maison).
Finalement la séance a surtout été menée à l’oral…

L’inspectrice a beaucoup apprécié la séance qui, selon elle, a évité l’écueil des listes de relevés inutiles au profit d’une vraie explication touchant le cœur du texte. Les questions que j’ai posées aux élèves lui ont semblé très pertinentes. J’avais visé juste, elle a longuement évoqué l’idée du « sujet lecteur » et de la « lecture littéraire » au détriment de la lecture analytique trop technique… Dans le même sens, elle a validé mes « problématiques » de séquences, jugeant que celles-ci étaient trop souvent inintelligibles pour les élèves et qu’on n’avait pas envie d’y répondre (ma problématique pour L’Avare : « Harpagon : un bon père de famille ? »).
Voilà en gros. L’entretien était très intéressant et donne une bonne idée des tendances pédagogiques, qui pour une fois me semblent intelligentes.

Merci encore pour vos conseils en tout cas !

Contente pour toi, Pox. tu vas pouvoir passer de bonnes vacances bien méritées.

Félicitations ! Et merci pour ce retour très intéressant.

Bravo ! Et bonnes vacances !