- e-mietteNiveau 7
Je suis en train de lire le dernier numéro de la Recherche, consacré aux nombres. L'excellent article d'Oliver Martin, intitulé "De puissants régulateurs des sociétés" m'interpelle. Pour donner un aperçu :
"au fil du temps, les nombres ont été utilisés dans des domaines de plus en plus variés : nombres comptables, marchands et plus tard financiers; statistiques administratives, démographiques ou économiques (depuis le XVIIIe siècle); mesures physiques, biologiques et chimiques (qui connaissent un très fort développement à partir de la fin du XVIIIe siècle); quantification de l'homme, de son psychisme et de sa biologie (surtout à partir des XIXe et XXe siècles); mesure des opinions, des attitudes et des comportements (essentiellement depuis le XXe siècle); évaluations chiffrées de la performance, de la qualité, de l'efficacité (surtout depuis la fin du XXe siècle); mesure de soi, de ses activités physiques, de sa santé et de son sommeil ( essentiellement depuis le début du XXIe siècle)"
Je constate d'abord qu'avec le mantra de l'évaluation par compétences, l'Education Nationale se pose à rebours de cette évolution ! Et dans un second temps je me demande à quelle époque s'est instituée l'évaluation par nombres. Quelqu'un a-t-il la réponse ?
"au fil du temps, les nombres ont été utilisés dans des domaines de plus en plus variés : nombres comptables, marchands et plus tard financiers; statistiques administratives, démographiques ou économiques (depuis le XVIIIe siècle); mesures physiques, biologiques et chimiques (qui connaissent un très fort développement à partir de la fin du XVIIIe siècle); quantification de l'homme, de son psychisme et de sa biologie (surtout à partir des XIXe et XXe siècles); mesure des opinions, des attitudes et des comportements (essentiellement depuis le XXe siècle); évaluations chiffrées de la performance, de la qualité, de l'efficacité (surtout depuis la fin du XXe siècle); mesure de soi, de ses activités physiques, de sa santé et de son sommeil ( essentiellement depuis le début du XXIe siècle)"
Je constate d'abord qu'avec le mantra de l'évaluation par compétences, l'Education Nationale se pose à rebours de cette évolution ! Et dans un second temps je me demande à quelle époque s'est instituée l'évaluation par nombres. Quelqu'un a-t-il la réponse ?
- beaverforeverNeoprof expérimenté
La note sur 20 a été inventée en 1852 pour le concours de polytechnique.
Entre 1793 et 1851, chaque candidat à Polytechnique présente un oral, puis le jury le déclare admis ou refusé. Candidats et préparateurs contestent ce processus de sélection car ils estiment le seuil d’admission arbitraire. À partir de 1852, pour limiter les conflits, les candidats passent plusieurs épreuves écrites et orales, notées entre 0 et 20, puis sont classés par leur moyenne coefficientée : c'est l'invention de la note sur vingt. Les premiers sont admis selon le nombre de places du concours. La barre d'admission est présentée comme un seuil objectif. Le jugement, soupçonné de subjectivité, est remplacé par un outil qui ressemble à une mesure. Pour faciliter le tri, la grande majorité des candidats a une note inférieure dix et la petite minorité des plus forts ont des notes étirées entre dix et vingt.
Entre 1793 et 1851, chaque candidat à Polytechnique présente un oral, puis le jury le déclare admis ou refusé. Candidats et préparateurs contestent ce processus de sélection car ils estiment le seuil d’admission arbitraire. À partir de 1852, pour limiter les conflits, les candidats passent plusieurs épreuves écrites et orales, notées entre 0 et 20, puis sont classés par leur moyenne coefficientée : c'est l'invention de la note sur vingt. Les premiers sont admis selon le nombre de places du concours. La barre d'admission est présentée comme un seuil objectif. Le jugement, soupçonné de subjectivité, est remplacé par un outil qui ressemble à une mesure. Pour faciliter le tri, la grande majorité des candidats a une note inférieure dix et la petite minorité des plus forts ont des notes étirées entre dix et vingt.
- TailleventFidèle du forum
J'ai trouvé cet article assez intéressant, en particulier quant aux implicites fondant ce système : https://journals.openedition.org/rfp/4899
Merci de la question, ça m'aura aidé à formaliser mes critiques face à ce procédé.
Merci de la question, ça m'aura aidé à formaliser mes critiques face à ce procédé.
- e-mietteNiveau 7
Merci à tous les deux pour vos réponses on ne peut plus précises, et porteuses, qui plus est , de réflexions poussées. Je laisse fermenter tout cela dans ma petite tête !
- CasparProphète
Le mantra des compétences a quand même ses limites puisque les notes ont encore une sacrée importance, au lycée en tout cas.
En Espagne on note sur 10 (il le semble que c'est le cas aussi en Italie), en Allemagbe de 1 à 6, 1 étant la meilleure note, et les lettres A, B, C etc des pays anglophones correspondent le plus souvent à un pourcentage.
En Espagne on note sur 10 (il le semble que c'est le cas aussi en Italie), en Allemagbe de 1 à 6, 1 étant la meilleure note, et les lettres A, B, C etc des pays anglophones correspondent le plus souvent à un pourcentage.
- Marie LaetitiaBon génie
beaverforever a écrit:La note sur 20 a été inventée en 1852 pour le concours de polytechnique.
Entre 1793 et 1851, chaque candidat à Polytechnique présente un oral, puis le jury le déclare admis ou refusé. Candidats et préparateurs contestent ce processus de sélection car ils estiment le seuil d’admission arbitraire. À partir de 1852, pour limiter les conflits, les candidats passent plusieurs épreuves écrites et orales, notées entre 0 et 20, puis sont classés par leur moyenne coefficientée : c'est l'invention de la note sur vingt. Les premiers sont admis selon le nombre de places du concours. La barre d'admission est présentée comme un seuil objectif. Le jugement, soupçonné de subjectivité, est remplacé par un outil qui ressemble à une mesure. Pour faciliter le tri, la grande majorité des candidats a une note inférieure dix et la petite minorité des plus forts ont des notes étirées entre dix et vingt.
Intéressant, merci!
- Spoiler:
- Il faut vraiment que je me trouve deux-trois bouquins sur l'histoire du système éducatif.
_________________
Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- StratosNiveau 5
Par ailleurs, l'évaluation par compétences multiplie les notes au lieu de les supprimer. Chaque compétence est évaluée sur une échelle graduée qu'on pourrait très bien exprimer par des chiffres ou des lettres.
- PrezboGrand Maître
Stratos a écrit:Par ailleurs, l'évaluation par compétences multiplie les notes au lieu de les supprimer. Chaque compétence est évaluée sur une échelle graduée qu'on pourrait très bien exprimer par des chiffres ou des lettres.
Le problème de l'évaluation par compétence est qu'elle ne modifie pas seulement l'échelle de notation, mais la nature même de ce qui est évalué. Évaluer la résolution d'un problème de mathématiques, je sais faire, éventuellement en validant des degrés de réussites partielles. Évaluer une compétence je ne sais pas faire, et je n'ai jamais trouvé quelqu'un qui soit capable de me définir précisément et objectivement ce qu'est une compétence, sans utiliser d'écran de fumée.
- OudemiaBon génie
Taillevent a écrit:J'ai trouvé cet article assez intéressant, en particulier quant aux implicites fondant ce système : https://journals.openedition.org/rfp/4899
Merci de la question, ça m'aura aidé à formaliser mes critiques face à ce procédé.
Merci pour le lien très intéressant, avec une bibliographie en partie consultable en ligne.
- TailleventFidèle du forum
Il me semble effectivement que la plupart du temps, ce qu'on appelle "évaluer une compétence" revient en fait à évaluer la réussite d'une tâche qui devrait mettre en œuvre cette compétence et uniquement celle-ci. Cela néglige le fait qu'il y a toujours plusieurs compétences impliquées dans une tâche et qu'elles interagissent entre-elles. (Je vois bien ça en ce moment : je suis en débat avec mon chef sur la définition d'une compétence d'examen suite à une modification de programme. Il me soutient qu'il n'y a rien a changer alors que je lui soutiens qu'il mélange les compétences. Mais comme tu le dis bien, les définitions sont si vagues qu'aucun de nous ne peut avoir le dernier mot. (Enfin, si, lui évidemment, parce que c'est le chef et qu'il a une certaine estime de lui-même. ))Prezbo a écrit:Évaluer une compétence je ne sais pas faire, et je n'ai jamais trouvé quelqu'un qui soit capable de me définir précisément et objectivement ce qu'est une compétence, sans utiliser d'écran de fumée.
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