- marjoDoyen
Je n'ai pas le livre sous le coude, et je l'ai lu il y a longtemps, mais je crois me souvenir qu'il y a des passages dans lesquels il est question de l'engagement d'Emmanuelle Laborit, une fois adulte, dans la cause des sourds. Je cherche un extrait de ce type-là pour monter mon chapitre sur l'écriture de soi en 3e et pour évoquer le fait qu'un auteur peut parfois vouloir parler de soi pour s'engager et défendre l'ensemble des gens dans la même situation que lui. Si quelqu'un a un extrait de ce type-là dans ses tablettes, je prends, même s'il s'agit juste de la photo d'une page (je recopierai à la main).
- trompettemarineMonarque
Peux-tu faire un petit up après demain. Je t'enverrai ce que j'ai.
+des extraits d'un ouvrage de Jean Grémion avec des témoignages.
+des extraits d'un ouvrage de Jean Grémion avec des témoignages.
- marjoDoyen
trompettemarine a écrit:Peux-tu faire un petit up après demain. Je t'enverrai ce que j'ai.
+des extraits d'un ouvrage de Jean Grémion avec des témoignages.
up ! Merci pour ta proposition, je n'ai toujours pas eu le temps, depuis la semaine dernière, de remettre le nez dans tout ça.
- VerduretteModérateur
Il n'y a pas vraiment de passage relatant l'engagement d'Emmanuelle Laborit dans la cause des sourds une fois adulte car le livre a été écrit alors qu'elle n'avait que 22 ans et venait d'obtenir un Molière pour Les enfants du silence. Elle compte sur cette mise en lumière pour expliquer beaucoup de choses (En revanche il y a dans son livre plusieurs pages consacrées à l'importance d'enseigner la langue des signes, et de convaincre l'enseignement français (qui l'a interdite jusqu'en 1991) de cesser d'exiger des sourds qu'ils ne fassent qu'oraliser. Elle explique l'importance de sa découverte de la LSF à sept ans, sa frustration qu'on lui interdise de l'utiliser à l'école, l'importance d'acquérir ce langage beaucoup plus riche et étendu, (ce qui n'empêche pas d'apprendre à oraliser pour se faire comprendre de ceux qui ne connaissent pas la langue des signes), sa lutte contre une société qui préfère donner une "apparence de normalité" plutôt que de vrais outils pour pallier la surdité, et notamment sa lutte contre les implants cochléaires.
Il y a un passage relatant sa difficulté à obtenir un interprète pour passer le bac de français, et un autre en toute fin de livre pour évoquer un orthophoniste qui lui reproche de signer au lieu d'oraliser après ce Molière. (Les journaux titrent "La sourde-muette reçoit le Molière" (et non Emmanuelle Laborit reçoit le Molière) La conclusion évoque la difficulté d'écrire un livre pour un sourd.
Tu peux me dire si un de ces passages t'intéresse, et j'en ferai des scans ou des photos.
Il y a un passage relatant sa difficulté à obtenir un interprète pour passer le bac de français, et un autre en toute fin de livre pour évoquer un orthophoniste qui lui reproche de signer au lieu d'oraliser après ce Molière. (Les journaux titrent "La sourde-muette reçoit le Molière" (et non Emmanuelle Laborit reçoit le Molière) La conclusion évoque la difficulté d'écrire un livre pour un sourd.
Tu peux me dire si un de ces passages t'intéresse, et j'en ferai des scans ou des photos.
- marjoDoyen
Je suis intéressée par le passage du bac de français et par un de ceux consacrés à l'interdiction du langage des signes à l'école, ça convient à mon objectif.
- VerduretteModérateur
Même en zippant impossible d'envoyer mes dossiers de photos trop lourds.
J'ai donc trouvé une autre solution à partir d'un pdf du livre :
http://ekladata.com/5zg-XdLoSg94u38JZlvdujEW-64/Le-cri-de-la-mouette
Voir :
Chapitre 7 p. 31
mon rapport avec le monde extérieur ... p 40
Chap 9 la ville des sourds p. 44 45
Chap 11 Interdit d'interdire p 54 et sq
Chap 24 p 128 (sur les implants cochléaires)
Chap 25 p. 135 sur le bac
Chap 27 Conclusion p. 146
Voilà. C'est un sujet qui me tient à cœur vu ce que j'ai traversé pour la scolarité de ma fille aînée sourde (profonde d'un côté, partielle de l'autre, donc pas de CLIS (nom de l'époque, elle a 33 ans aujourd'hui) mais pas d'aide non plus...Je ne bénirai jamais assez le CEBES (Centre d'éducation bilingue des enfants sourds) et ses orthophonistes.
Pour avoir visité des CLIS sourds et malentendants dans les années 2000, malgré la levée de l'interdiction de la LSF, on n'utilisait que l'oralisation et le LPC (Langage parlé complété), qui donne un accès phonologique à la langue, mais beaucoup moins de richesse sémantique que la LSF. Cette dernière a une grammaire particulière, il faut beaucoup travailler pour "traduire" en français courant avec des phrases syntaxiquement correctes, d'où l'immense difficulté d'écrire un livre pour un sourd. C'est bien expliqué dans le livre.
J'ai donc trouvé une autre solution à partir d'un pdf du livre :
http://ekladata.com/5zg-XdLoSg94u38JZlvdujEW-64/Le-cri-de-la-mouette
Voir :
Chapitre 7 p. 31
mon rapport avec le monde extérieur ... p 40
Chap 9 la ville des sourds p. 44 45
Chap 11 Interdit d'interdire p 54 et sq
Chap 24 p 128 (sur les implants cochléaires)
Chap 25 p. 135 sur le bac
Chap 27 Conclusion p. 146
Voilà. C'est un sujet qui me tient à cœur vu ce que j'ai traversé pour la scolarité de ma fille aînée sourde (profonde d'un côté, partielle de l'autre, donc pas de CLIS (nom de l'époque, elle a 33 ans aujourd'hui) mais pas d'aide non plus...Je ne bénirai jamais assez le CEBES (Centre d'éducation bilingue des enfants sourds) et ses orthophonistes.
Pour avoir visité des CLIS sourds et malentendants dans les années 2000, malgré la levée de l'interdiction de la LSF, on n'utilisait que l'oralisation et le LPC (Langage parlé complété), qui donne un accès phonologique à la langue, mais beaucoup moins de richesse sémantique que la LSF. Cette dernière a une grammaire particulière, il faut beaucoup travailler pour "traduire" en français courant avec des phrases syntaxiquement correctes, d'où l'immense difficulté d'écrire un livre pour un sourd. C'est bien expliqué dans le livre.
- trompettemarineMonarque
Merci Verdurette d'avoir fait ce que j'aurais dû faire et merci pour ce lien bien pratique.
J'ai le livre en double (je peux éventuellement te l'envoyer Marjo).
Voici un extrait de La Planète des sourds de Jean Grémion, ouvrage de 1990 :
J'ai le livre en double (je peux éventuellement te l'envoyer Marjo).
Voici un extrait de La Planète des sourds de Jean Grémion, ouvrage de 1990 :
Jean Grémion a écrit:
— Un jour, raconte un professeur, une mère vient border son fils avant qu’il ne s’endorme. Son enfant, qui a appris quelques-uns des signes des sourds en cachette, commence à lui dire quelque chose en gestes… Sa mère, à qui le directeur de l’école de son enfant a expliqué qu’il fallait interdire ce procédé, le frappe sur les mains, pour le réprimander. L’enfant éclate alors en sanglots, et ne veut plus regarder sa mère. Le lendemain, elle conduit son fils à l’école, et demande à un éducateur la signification de ces gestes. « Maman, je t’aime ! », répondit l’éducateur. (…)
— L’oralisme « pur » n’est pas simplement absurde. Il est criminel ! s’exclame une psychologue. Interdire à un enfant l’usage des gestes, le seul langage qu’il peut percevoir visuellement, c’est l’exposer à de sérieuses altérations de sa personnalité, et à un retard intellectuel qui peut devenir irréversible. Que les parents croient bien faire en interdisant les gestes, je peux le comprendre, parce qu’ils ne sont pas informés. Pour eux, le langage est comme une petite graine qu’il suffit d’arroser pour la laisser pousser. Ils sont de bonne foi lorsqu’ils pensent que le langage se développe de façon naturelle. Après tout, personne ne leur a jamais enseigné aucun rudiment de linguistique. Mais quand des gens diplômés, spécialistes du langage, laissent volontairement un enfant sourd sans langage pendant les années primordiales de sa petite enfance, en lui interdisant les gestes, je considère qu’ils se rendent complices d’un assassinat. Souvenez-vous de cette petite fille, à Los Angeles, qui avait été maintenue enfermée dans une chambre noire, par son père déséquilibré, de l’âge de vingt mois à celui de treize ans. Elle n’a jamais pu par la suite, retrouver une vie normale. Sans stimulus adéquat, une zone préformée du cerveau ne peut acquérir sa capacité fonctionnelle. quand on sait qu’entre zéro et trois ans , le cerveau fait plus que tripler de taille, on peut imaginer les dégâts irréversibles de toute forme de privation. Combien de fois n’ai-je pas entendu les personnes qui s’occupent d’enfants sourds m’affirmer que ceux-ci étaient « colériques », « caractériels », « psychotiques », qu’ils se « tapaient la tête contre les murs » ? Mais comment s’en étonner quand on interdit à ces enfants la seule langue dans laquelle ils peuvent s’exprimer naturellement, la langue gestuelle ? Le Dr Françoise Dolto a relaté, dans un de ses livres, l’une de ses consultations à l’hôpital Trousseau. Une maman lui présente son jeune enfant que la crèche, dit-elle, croit arriéré ou psychotique. « La crèche se trompe, Madame, lui annonce le docteur Dolto. Votre enfant est très, très intelligent. Simplement, il est sourd. » La mère se met à hurler : « J’aurais préféré que vous me disiez qu’il avait une maladie mortelle ! » La douleur insupportable de cette mère n’est pas difficile à comprendre. tant que les « spécialistes de la surdité » continueront de faire fausse route dans leurs méthodes d’éducation, l’image de l’enfant sourd restera toujours celle d’un être mutilé, morcelé, médicalisé, l’image d’un enfant anormal. Trop de générations d’enfants sourds ont déjà été sacrifiées pour que nous ne nous interrogions pas sur la gravité de notre responsabilité dans ce que les sourds appellent leur génocide culturel…
- VerduretteModérateur
Grémion dit également :
"Les entendants ont tout à apprendre de ceux qui parlent avec leur corps. La richesse de leur langue gestuelle est un trésor de l'humanité".
De manière générale, gérer le handicap pour "faire comme si" il n'existait pas (aux yeux des autres) est toujours une erreur. Les personnes concernées ne sont d'ailleurs pas dupes. Même si elles veulent essentiellement ne pas être confondues avec leur handicap (La sourde-muette décroche le Molière), elles savent bien qu'on ne peut le dépasser qu'en s'exposant.
Mais ce combat est loin, très loin d'être gagné malgré tous les beaux discours.
"Les entendants ont tout à apprendre de ceux qui parlent avec leur corps. La richesse de leur langue gestuelle est un trésor de l'humanité".
De manière générale, gérer le handicap pour "faire comme si" il n'existait pas (aux yeux des autres) est toujours une erreur. Les personnes concernées ne sont d'ailleurs pas dupes. Même si elles veulent essentiellement ne pas être confondues avec leur handicap (La sourde-muette décroche le Molière), elles savent bien qu'on ne peut le dépasser qu'en s'exposant.
Mais ce combat est loin, très loin d'être gagné malgré tous les beaux discours.
- marjoDoyen
Merci pour toutes ces références ! J'ai vraiment de quoi faire.
- IrulanHabitué du forum
Il existe également un manga, A silent voice, qui est vraiment bien, sur une jeune sourde qui noue un lien particulier avec son ex-persécuteur, qui souhaite se rapprocher d'elle pour se faire pardonner des années après. Un film d'animation concentre l'histoire du manga.
_________________
Ad augusta per angusta.
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