documentaire "L'école est finie"

Je viens de visionner ce doc. Pendant un peu plus d'une heure, il porte le témoignage de cinq collègues professeurs des écoles. C'est poignant. Et on se dit qu'en plus d'être très mal payés, nous exerçons un métier désormais dangereux pour la santé.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/video-l-ecole-est-finie-une-plongee-emouvante-au-c-ur-du-malaise-enseignant-2627932.html

Le début est irritant, avec le discours sacrificiel des collègues PE (existe aussi dans le second degré en collège, mais c'est parfois caricatural dans le 1er degré).

Mais ensuite c'est plus intéressant, même si la bande son est assez pénible.

Je pense que ce documentaire veut montrer comment des vocations s'écrasent sur le mur de l'institution.

Je trouve intéressant qu'un documentaire reprenne le point de vue enseignant sur la maltraitance institutionnelle et sur les dysfonctionnements du système éducatif, car on le trouve rarement dans les médias grand public.

Malheureusement, j'ai l'impression que cela a peu d'écho dans l'opinion publique.

Au moins, c'est dit quelque part.

Une claque.
Que vous soyez ou non enseignant, regardez le documentaire "L'école est finie" pour comprendre dans quel état est l'école française aujourd'hui et dans quel état sont les enseignants, maltraités par l'institution et sous-payés. pic.twitter.com/IYuwmgkanI

— Du pognon pour les profs! (@Ithyphallique) October 11, 2022

Tangleding a écrit:Le début est irritant, avec le discours sacrificiel des collègues PE (existe aussi dans le second degré en collège, mais c'est parfois caricatural dans le 1er degré).

Mais ensuite c'est plus intéressant, même si la bande son est assez pénible.

C'est un angle assez classique: "ils sont super investis et passionnés ET POURTANT..."

Tangleding a écrit:Le début est irritant, avec le discours sacrificiel des collègues PE (existe aussi dans le second degré en collège, mais c'est parfois caricatural dans le 1er degré).

Mais ensuite c'est plus intéressant, même si la bande son est assez pénible.

Il y a tellement plus à dire. Le discours sacrificiel comme tu le perçois  permet de comprendre  l'évolution de leur regard non pas à un instant T, mais sur plusieurs années et comment ils se sont effondrés face à des contradictions. C'est le regard naïf et faussé d'entrant dans le métier.

Je viens de regarder le documentaire en entier: beaux témoignages je trouve, même si on peut effectivement reprocher la musique et les images "symboliques" des chaises renversées dans des salles de classe vers la fin.

Je me retrouve évidemment dans  le témoignage des deux directrices, question peut-être d'âge de caractère ou d’expériences partagées. L'impression de porter sur moi l'institution, les murs et les rouages d'une mini entreprise. C'est à la fois vrai, je reste persuadée en toute modestie que si MON école fonctionne comme les écoles de mes collègues directeurs, c'est vraiment, vraiment, grâce à eux et à moi, et bien sûr faux puisque nul n'est irremplaçable. Le "Je" qui suit est celui des directeurs. Je suis comptable, concierge, secrétaire, logisticienne, manager, représentante, porte parole, défouloir...J'ai la mémoire des mille petits riens qui font que la maison tourne. Cela va du rangement de la pince à épiler à la cartouche, aux dossiers d'un élève, vanne coupure d'eau et les codes des ordinateurs, de la messagerie, des comptes des armoires à clé, de la photocopieuse,  des alarmes... Et si honnêtement on se posait, on réfléchissait au foutoir dans lequel on est, il y aurait beaucoup plus de Christine. Il a fallu une tumeur pour l'une et une fracture pour l'autre pour se poser.

N'oublie pas la collègue québécoise surexcitée.

maikreeeesse a écrit:

Tangleding a écrit:Le début est irritant, avec le discours sacrificiel des collègues PE (existe aussi dans le second degré en collège, mais c'est parfois caricatural dans le 1er degré).

Mais ensuite c'est plus intéressant, même si la bande son est assez pénible.

Il y a tellement plus à dire. Le discours sacrificiel comme tu le perçois  permet de comprendre  l'évolution de leur regard non pas à un instant T, mais sur plusieurs années et comment ils se sont effondrés face à des contradictions. C'est le regard naïf et faussé d'entrant dans le métier.

Oui j'ai perçu ce parti pris. Mais ça me dérange que cette part de discours intériorisé ne soit pas explicitement remise en question. Par exemple le fait que les collègues payent le matériel de travail. Un non initié ne relèvera pas forcément.

Regard de militant syndical, en l'espèce.

Tangleding a écrit:

maikreeeesse a écrit:

Tangleding a écrit:Le début est irritant, avec le discours sacrificiel des collègues PE (existe aussi dans le second degré en collège, mais c'est parfois caricatural dans le 1er degré).

Mais ensuite c'est plus intéressant, même si la bande son est assez pénible.

Il y a tellement plus à dire. Le discours sacrificiel comme tu le perçois  permet de comprendre  l'évolution de leur regard non pas à un instant T, mais sur plusieurs années et comment ils se sont effondrés face à des contradictions. C'est le regard naïf et faussé d'entrant dans le métier.

Oui j'ai perçu ce parti pris. Mais ça me dérange que cette part de discours intériorisé ne soit pas explicitement remise en question. Par exemple le fait que les collègues payent le matériel de travail. Un non initié ne relèvera pas forcément.

Regard de militant syndical, en l'espèce.

Je ne sais pas qui va regarder ce documentaire: probablement beaucoup de collègues ou de personnes convaincues d'avance.

Il est clair que les personnes qui témoignent étaient très voire trop investies, et elles le reconnaissent elles-mêmes. Les conseils de leur hiérarchie leur disant de prendre de la distance n'étaient pas forcément mal avisés mais c'est probablement plus difficile pour un PE (élèves plus jeunes avec qui on passe toute la journée et toute l'année alors que je vois mes élèves de terminale deux heures au maximum).

La jeune femme qui se sent coupable de quitter son école en zone très difficile m'a à la fois touché et agacé: envie de lui dire "c'est bon, tu as fait dix ans ici tu peux demander ta mutation pour une école plus calme sans culpabilité".

Caspar a écrit:

Tangleding a écrit:

maikreeeesse a écrit:

Tangleding a écrit:Le début est irritant, avec le discours sacrificiel des collègues PE (existe aussi dans le second degré en collège, mais c'est parfois caricatural dans le 1er degré).

Mais ensuite c'est plus intéressant, même si la bande son est assez pénible.

Il y a tellement plus à dire. Le discours sacrificiel comme tu le perçois  permet de comprendre  l'évolution de leur regard non pas à un instant T, mais sur plusieurs années et comment ils se sont effondrés face à des contradictions. C'est le regard naïf et faussé d'entrant dans le métier.

Oui j'ai perçu ce parti pris. Mais ça me dérange que cette part de discours intériorisé ne soit pas explicitement remise en question. Par exemple le fait que les collègues payent le matériel de travail. Un non initié ne relèvera pas forcément.

Regard de militant syndical, en l'espèce.

Je ne sais pas qui va regarder ce documentaire: probablement beaucoup de collègues ou de personnes convaincues d'avance.

Il est clair que les personnes qui témoignent étaient très voire trop investies, et elles le reconnaissent elles-mêmes. Les conseils de leur hiérarchie leur disant de prendre de la distance n'étaient pas forcément mal avisés mais c'est probablement plus difficile pour un PE (élèves plus jeunes avec qui on passe toute la journée et toute l'année alors que je vois mes élèves de terminale deux heures au maximum).

La jeune femme qui se sent coupable de quitter son école en zone très difficile m'a à la fois touché et agacé: envie de lui dire "c'est bon, tu as fait dix ans ici tu peux demander ta mutation pour une école plus calme sans culpabilité".

Ce boulot accapare forcément le temps et l’énergie des (jeunes ?) collègues (journées complètes + préparations + diversités des matières..). Il déborde sur le temps personnel jusqu’à l’épuisement. La pression, peut-être, qu’ils se la mettent tout seuls. Mais il reste une réalité indéniable: si on met en rapport ce temps investi avec les responsabilités et la reconnaissance salariale ou symbolique, il est difficile de ne pas y voir une forme d’injustice.

C'est sûr, elle le dit bien d'ailleurs: le salaire n'est pas à la hauteur des responsabilités.

Je ne suis pas directrice comme Maikreeeesse mais tout est hélas très juste. Le récit du jeune professeur qui s'est fait taper sur les doigts pour avoir préféré la sécurité d'un enfant au respect de la procédure administrative  (qui rime avec l'acceptation de sa longueur) m'a rappelé de cuisants souvenirs.
Honnêtement ça m'agace un peu qu'on se gausse du "discours sacrificiel" des PE.

Je ne me suis pas gaussé, je l'ai critiqué. Tout en signalant qu'il existe aussi dans le second degré, spécialement en collège.

L'injonction aux PE et aux directeurs/directrices d'écoles est contradictoire : prendre du recul permet de ne pas s'effondrer, assurer toutes ses missions répond à la demande sociale mais expose à de forts risques psycho-sociaux. Le film montre bien le rouleau-compresseur et l'engrenage qui conduit à l'épuisement voire au geste fatal.

Tangleding a écrit:Je ne me suis pas gaussé, je l'ai critiqué. Tout en signalant qu'il existe aussi dans le second degré, spécialement en collège.

Ce discours existe en effet...et comme je le disais plus haut le profil des personnes interrogées correspond à ce que recherchent en général les journalistes et documentaristes: le professeur ultra-investi, qu parle de "vocation", de "plus beau métier du monde" (sympa pour les autres) mais il et elles sont vraiment touchants et sincères et rendent bien compte du poids de notre hiérarchie et de l'institution en général, dont les décisions absurdes et constamment changeantes commencent vraiment à me faire dire qu'un jour une contrariété fera que je partirai en plein milieu d'une journée lambda pour ne plus jamais revenir.

Quand l'une des PE a dit qu'après son départ elle s'est inscrite dans une agence d'intérim et a pris ce qu'elle trouvait ça m'a presque fait rêver (alors qu'elle faisait les trois-huit dans une usine), je me suis dit mais quelle liberté...(j'ai bien dit presque hein).

Moi qui pensais regarder une rétrospective sur la carrière de mon idole, finalement, ça m'a bien démoralisé!

Chè là qu'est l'os...
Il faudrait que ce documentaire soit vu par des non-enseignants.

scot69 a écrit:Moi qui pensais regarder une rétrospective sur la carrière de mon idole, finalement, ça m'a bien démoralisé!

Si tu repères des documentaires sur les Rois Mages, méfie-toi également.

Tangleding a écrit:Je ne me suis pas gaussé, je l'ai critiqué. Tout en signalant qu'il existe aussi dans le second degré, spécialement en collège.

Oui mais tu as un regard initié, non ? Et si cela existe dans le secondaire, cela va...

Il y a ce qu'il faudrait faire, défendre, rappeler. C'est important de faire connaître aux PE leur droit. Mais on ne peut défendre les personnes que si on connait leur situation. Acheter un paquet de farine, des bougies, du matériel, un livre, un repas avec son argent ce n'est pas ce qu'il devrait être, mais c'est ce que font les PE dans la plupart des cas. Pour autant doit-on être cataloguer de sacrificiel ?
Changer un robinet, réparer une porte, essuyer une flaque, mettre du sable sur la glace, ce n'est pas non plus mon métier. Je peux détourner le regard, dire que cela ne me concerne pas et attendre le sur-incident, le non fonctionnement, ce qui me retombera fatalement sur la binette: paperasse, déclaration justification.... Je pourrais même espérer que les parents se bougent. Mais ce n'est pas ce qui se passent, eux se focalisent sur d'autres sujets.

Il y a une des participantes qui en parle, elle dit être devenue une experte pour repérer tous les petits détails qui clochent: la gouttière qui fuit, la crotte de chien qui traîne...

@maikreeeesse : pour moi cela ne va ni dans le premier ni dans le second degré. Je constate que c'est répandu et je le regrette. Je n'ai pas attendu ce documentaire pour le constater et le déplorer. Je ne vois pas ce qu'il y a de scandaleux à rappeler que nous n'avons pas à payer pour faire notre boulot.

Ça vaut aussi pour moi à l'occasion d'ailleurs.

Je trouve que les PE sont plus exposés que nous: parents très présents, la même classe six heures par jour toute l'année (donc si tu as des cas lourds c'est vraiment dur), hiérarchie plus présente elle aussi, il faut surveiller les récrés...

Tangleding a écrit:@maikreeeesse : pour moi cela ne va ni dans le premier ni dans le second degré. Je constate que c'est répandu et je le regrette. Je n'ai pas attendu ce documentaire pour le constater et le déplorer. Je ne vois pas ce qu'il y a de scandaleux à rappeler que nous n'avons pas à payer pour faire notre boulot.

Ça vaut aussi pour moi à l'occasion d'ailleurs.

Il me semble tout de même que le documentaire ne se résume pas à ça.