Arrêter congé de formation agrégation interne?

Bonsoir,

Ce topic va sûrement en faire hurler plus d’un (et je le comprends tout à fait, je crois que jusqu’à l’an dernier j’en aurais fait de même). Ma situation est très particulière.
Voilà, j’ai eu la chance et je suis bien conscient que par les temps qui courent c’en est vraiment une, d’obtenir un congé de formation après 4 ou 5 demandes restées infructueuses. J’avais d’ailleurs oublié de demander la fois précédente et je ne m’y attendais pas du tout. Les raisons sont toujours aussi opaques.

Je n’avais absolument rien fait sur le plan universitaire depuis quinze ans mais j’étais au départ extrêmement motivé. A la réunion de rentrée je le suis même engagé sur trois leçons, ce qui me semblait normal vis-à-vis des autres stagiaires prepa agreg qui,eux, sont en poste. J’enseigne en Terminale depuis un moment et je pensais que ces connaissances et habitudes de travail me permettraient de réussir et de prendre un certain plaisir, ce qui n’avait pas été le cas lorsque j’étais en classe préparatoire il y a 20 ans, dans les abysses des classements à chaque devoir. A l’époque le CAPES était déjà assez miraculeux d’ailleurs (ce serait moins vrai aujourd’hui, le niveau disciplinaire ayant tellement baissé je ne serais pas particulièrement inquiet pour l’obtenir).

Etant particulièrement investi dans mon lycée, je n’ai jamais pris le temps de retravailler avant et je me disais que le congé était nécessaire pour m’y replonger. Travailler beaucoup ne me faisait a priori pas spécialement peur. J’ai pris le taureau par les cornes et ai bossé tout juillet/août (6-7h par jour et tous les jours à deux trois jours près) parce que je savais que la formation partait sur un niveau de licence bien maîtrisée, niveau que je n’ai d’ailleurs jamais eu par le passé en réalité. Ce n’était donc pas une remise à niveau mais une mise à niveau. Je ne peux donc pas avoir de regret de ce côté là. Je m’aperçois que ce que je comprends péniblement (car peu de choses sont évidentes et quand c’est le cas on zappe vite, c’est prepa agreg quand même) et être constamment dans la difficulté m’est insupportable : je ne comprends pas plus de 10 % des cours (et les enseignants n’y sont pour rien) alors que certains stagiaires comprennent plein de choses (on va dire 75 % a minima) et que ça n’a pas suffit pour pas mal d’entre eux (certains sont là depuis 5-6 ans). Je n’ai absolument pas envie de m’éterniser dans quelque chose pour laquelle j’ai trop peu de plaisir. Comme beaucoup m, j’aime ma matière quand je comprends, dans le secondaire ça a toujours été le cas, mais je n’ai pas de plaisir quand je suis dépassé.

Cela me perturbe au quotidien et je le vis plutôt mal. Le boulot au lycée a toujours été une passion pour moi et ce qui me poussait à tenter l’agreg était simplement matériel (18h c’est quand même beaucoup de travail, souvent des heures sup vu le salaire et le coût de la vie en IDF), à 15h et mieux payé c’est autre chose. Du coup, j’ai bien envie de tout arrêter car les relations sociales me manquent énormément et je ne supporte plus d’être constamment dans le boulot pour quelque chose qui d’une part ne me plait pas et pour laquelle je suis quand même en difficulté.

Mais si j’arrête, je ne peux prétendre à retourner dans mon lycée cette année (j’ai été remplacé) et c’est bien normal. J’ai peur que le rectorat m’affecte en collège pour l’année et si je devais m’arrêter ce serait pour un établissement convenable, sans quoi le jeu n’en vaut pas la chandelle. J’aurais du mal à imaginer que je « profite » du système en ne bossant pas et en étant payé pour une présence en cours en ne faisant plus rien chez moi, même si certains m’ont dit qu’il n’y aurait pas à culpabiliser pour ça.

Quels sont vos avis sur ma situation? Je sais qu’il est urgent de ne rien faire et de ne pas prendre de mauvaise décision. Si j’en avais le pouvoir j’échangerais bien ma place avec ceux qui demandent un congé et n’en obtiennent pas mais hélas ça ne marche pas comme ça. Mais retravailler me ferait sans doute du bien, j’ai vraiment l’impression de sombrer, de ne jamais être prêt (je perds 90 % de ce que je comprends pendant une journée en général, dans le secondaire les rapports étaient inversés) et 90 % d’un travail aussi colossal c’est beaucoup trop.

Respire un bon coup, prends quelques jours sans maths...va marcher, courir ou nager. Tu ne profites pas du système, au pire même si tu rates complètement le concours tu auras profité d'une année de respiration dans ta carrière et dans ta vie.

Nous ne sommes que début octobre, si ça se trouve les choses vont se décanter et tu auras le déclic mathématique qui te permettra d'avancer.

Travaille à ton rythme sans te poser de questions et sans te dévaloriser autant.
Essaye d’y croire et tu progresseras. Il y a aussi une part de chance.
Et si tu échoues, tu auras fait de ton mieux.

Il ne peut s'agir de profiter, sinon que dirait-on des bénéficiaires du congé de formation qui prennent l'année entière, et, ayant échoué à l'admissibilité, se retrouvent à ne pas avoir à préparer les oraux ?
Il ne faut pas le penser ainsi, car si l'administration t'a accordé un congé, c'est qu'ils sont d'accord pour les règles du jeu ! tu vas aux séances obligatoires et tu fais de ton mieux. Il ne faut pas non plus oublier que tu y perds financièrement, contrairement à d'autres congés de formation qui sont bien mieux dédommagés que les nôtres.

Bon courage pour ta préparation et m... pour les épreuves de janvier

Comme les autres, il n’y a aucune mauvaise conscience à avoir, pour ma part je vois ce congé comme un droit à souffler, une fois dans sa carrière, ça n’a rien d’un privilège indu compte tenu de nos salaires et de nos conditions de travail c’est une compensation bien modeste. D’autant plus que d’après ce que je lis tu as travaillé à plein temps cet été. Tu as donc besoin de vacances maintenant c’est logique. Ensuite, peut-être que parler de maths ici pourrait t’aider à retrouver de la motivation ? Tu travailles plutôt l’écrit ou l’oral ? Cela dépend des gens mais pour ma part ce qui me motivait c’était de faire des sujets d’écrit, chercher à  résoudre des problèmes m’a permis de réviser en prenant du plaisir. Ta préparation est pour l’interne ou l’externe ? Pour l’interne un bon niveau bac +2 est suffisant pour assurer l’admissibilité, ensuite pour l’oral il y a une grande part de chance

J'ai passé l'agreg interne en lettres modernes, donc une toute autre discipline, en travaillant à temps plein (mais je n'étais pas débordée comme on peut l'être dans un lycée comme le tien).
La déprime et le découragement d'octobre sont une phase normale et une bonne partie des agrégatifs les traverse. En fait, préparer l'agreg, c'est une succession d'épreuves mentales, et tu es peut-être au milieu de l'une d'elles.
Accepter de fournir un énorme travail et de faire des sacrifices sans être forcément récompensé au bout du chemin, fait partie du cheminement. C'est aussi pour ça que beaucoup de collègues ne tentent jamais ce concours. C'est pas évident évident à accepter. Mais je pense que la clef est là. Arriver à être satisfait.e de la stimulation intellectuelle, du challenge personnel que ça représente, et en même temps se pardonner ses failles, faiblesses. Y croire, mais sans se flageller constamment.
Je n'ai pas vécu les choses exactement de la même façon que toi, et mes souvenirs douloureux concernant les mathématiques ne peuvent que m'amener à une grande empathie concernant ce que tu traverses. Mais avant de tout abandonner, je conseillerais les choses suivantes :
- partir deux ou trois jours, peu importe où, t'aérer à fond. Rando dans la nature, si possible voir des amis, et surtout zéro travail et zéro culpabilité.
-faire le point sur ton cheminement personnel (ça renvoie à ce que je disais plus haut, on peut en reparler en mp si tu veux)
-trouver un groupe de travail sympa si tu n'en as pas déjà un. Pour moi ça a tout changé...
-faire le point sur ton fonctionnement, ton planning de travail si tu continues. Oui il faut faire des sacrifices mais se couper de toute vie sociale, non. C'est difficile de trouver cet équilibre en congé formation mais c'est indispensable.

Plein de courage à toi.

Bonjour Baptiste75. J'ai passé l'agrégation interne 10 ans après avoir obtenu le CAPES ( mal classée). Je me suis retrouvée en prepa de  l'agrégation interne complètement larguée au moins jusqu'à la Toussaint. Je me souviens encore du premier cours d' Algèbre linéaire. Le prof démarrant sur les "chapeaux de roues" avec  les matrices comme si on venait tous de sortir de 2e année  de CPGE, la veille. Effectivement, certains captaient tout et participaient. Mais tu ne dois pas être le seul à surnager.
Comme certains l'ont dit , relativise, ne te dévalorise pas, ne t'étonne pas de sécher sur les premiers sujets d' écrits. Essaye de prendre du plaisir à chercher des exs. Il y a sûrement certaines parties du programme qui te sembleront plus faciles.
Une dernière remarque. A l'agrégation interne, surtout à  l'oral, ce ne sont pas forcément les " Kador" qui réussissent le mieux. C'est ce que nous avaient dit nos profs qui étaient aussi membres du jury.

Comme les autres, j'aurais tendance à dire qu'il ne faut pas parier dès le mois d'octobre sur tes chances de réussite : d'une part, parce que ce concours est parfois assez inattendu dans ses résultats, d'autre part, parce que tu pars peut-être de plus loin mais que cela ne veut pas dire que tu ne rattraperas pas le niveau attendu (d'autant que tu es dans des conditions plus favorables pour ce faire que bon nombre d'autres collègues), et enfin, parce que c'est un peu un concours d'esbrouffe, où on a toujours l'impression que les autres sont mieux, connaissent tout, ont tout travaillé, mais en fait, on est souvent beaucoup (la majorité silencieuse) à être dans le même bateau (manque de connaissances, impasses sur certains pans du programme, difficultés dans telle ou telle épreuve...) : attention à ne pas se laisser impressionner par les quelques personnes qui sont déjà assurées de l'avoir et qui donnent une impression fausse du niveau moyen.

Par ailleurs, quoi qu'il arrive, profite de cette année comme d'une opportunité : je pense qu'à ta place, je continuerais dans la prépa agreg malgré tout (pour toutes les raisons ci-dessus), mais si jamais ça te paraît trop lourd (notamment psychologiquement où ça semble difficile pour toi d'envisager l'échec), tu peux aussi choisir de passer cette année différemment. Soit tu continues d'aller à la prépa agreg les mains dans les poches, pour avoir tes attestations, mais tu arrêtes de t'y investir et tu te lances dans du bricolage, du sport, du bénévolat, ou n'importe quoi d'autre que tu n'as jamais le temps de faire en temps normal. Soit tu vois avec le rectorat si ce n'est pas possible de bifurquer vers une autre formation, là aussi quelque chose dont tu rêves depuis longtemps mais que tu n'as jamais eu l'opportunité de suivre : c'est aussi une possibilité !

En tout cas, le conseil de ne pas prendre de décision de façon précipitée, sans avoir d'abord pris le temps de quelques jours off, me paraît essentiel à suivre !

J'ai passé l'agrégation interne il y a une dizaine d'années pendant un congé de formation. Dans mon académie on nous donne l'année scolaire entière, alors que les résultats d'admission sont proclamés dès le 3 ou 4 mai dans ma discipline. Ça signifie que j'ai eu quatre mois de vacances cette année-là. J'ai eu la chance d'être admis donc rien de spécial à faire (mais pas beaucoup d'argent pour partir puisque le salaire est sérieusement amputé). Est-ce que je me suis senti coupable ? Pas du tout. Si je n'avais pas été admis ni même admissible j'en aurais sans doute profité pour me remettre au travail et repasser le concours l'année suivante.

Ne te laisse pas non plus impressionner par des condisciples qui ont prétendument toit compris ou ont étudié 10 heures la veille, ce n'est pas forcément vrai.

De toute façon tu es remplacé pour l'année si j'ai bien compris. Si tu retournes dans ton lycée, tu vires de fait ton remplaçant (pas sympa). Si tu demandes au rectorat de te caser ailleurs ils vont trouver ça vraiment bizarre, je ne suis même pas certain que ce soit accepté. Dans tous les cas tu auras pris une place en congé qui ne sera pas donnée à quelqu'un d'autre cette année: pas sympa non plus.

Bonjour, émarge pour être dans les clous et profite de cette année pour te faire plaisir. Pense à toi. Fais ce qui te rend heureux, ce que tu aimes.

Bonjour Badiste

Il est évident que tu es fatigué et as besoin de repos d'où ce doute sur tes capacités à progresser. Tu dois t'accorder quelques jours de vacances et te rassurer en faisant des exercices "simples" d'applications du cours, voire des sujets de bac C des années 80. On ne peut pas emmagasiner de nouvelles connaissances à 40 ans comme à 20, il va te falloir plus de temps, c'est normal. Je ne sais pas quel a été ton parcours après ta classe prépa, j'étais moi aussi dans les profondeurs du classement, l'impression d'être larguée. Cela ne m'a pas empêchée ensuite de réussir le CAPES puis l'agrégation interne. Courage!
Sinon, j'ai une collègue dont l'admissibilité à l'agrégation interne a certainement été un plus dans son dossier pour l'agrégation par liste d'aptitude. Avec le recul, elle se dit qu'elle a bien fait de faire cette préparation.