- clo74Niveau 9
Bonjour,
Vive discussion avec mes élèves au sujet de ce poème : Ronsard se décrit-il déjà mort?
"me consolant au lit et me baisant la face, / En essuyant mes yeux" semblent des actions que l'on accomplit face à un vivant : pourquoi consoler un mort? Pourquoi lui essuyer les yeux?
Et les élèves ont compris "mes yeux par la mort endormis" comme une métaphore rappelant "mon oeil est étoupé" : la mort à venir l'a rendu presque aveugle, ses yeux sont donc "endormis".
Si vous avez des arguments, je suis preneuse!
Vive discussion avec mes élèves au sujet de ce poème : Ronsard se décrit-il déjà mort?
"me consolant au lit et me baisant la face, / En essuyant mes yeux" semblent des actions que l'on accomplit face à un vivant : pourquoi consoler un mort? Pourquoi lui essuyer les yeux?
Et les élèves ont compris "mes yeux par la mort endormis" comme une métaphore rappelant "mon oeil est étoupé" : la mort à venir l'a rendu presque aveugle, ses yeux sont donc "endormis".
Si vous avez des arguments, je suis preneuse!
- ChoupidupilatNiveau 1
C'est à soi seul notable qu'un poème de Ronsard puisse encore être l'objet d'un vif débat !
Pour moi, il n'est pas encore mort et c'est ce qui donne sa force au poème : il saisit le moment où la vie le quitte pour décrire un corps mourant et frappant par sa laideur, et faire ses adieux à ses amis. Le fait que la mort est envisagée comme arrivant (et non déjà là) est visible quand il écrit "Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble.", c'est un futur proche qu'il essaye de penser. Seule difficulté : ses "yeux endormis par la mort" mais je le traduirais volontiers par "engourdis par la perspective de la mort".
En bref, il se donne pour défi de décrire un impensé (un "in-vécu").
Pour moi, il n'est pas encore mort et c'est ce qui donne sa force au poème : il saisit le moment où la vie le quitte pour décrire un corps mourant et frappant par sa laideur, et faire ses adieux à ses amis. Le fait que la mort est envisagée comme arrivant (et non déjà là) est visible quand il écrit "Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble.", c'est un futur proche qu'il essaye de penser. Seule difficulté : ses "yeux endormis par la mort" mais je le traduirais volontiers par "engourdis par la perspective de la mort".
En bref, il se donne pour défi de décrire un impensé (un "in-vécu").
- ListesratturesNiveau 2
Il décrit sa déchéance physique alors qu'il meurt : il perd la vue, ses yeux sont "endormis" et son oeil est "étoupé". L'adieu aux amis et des amis fait l'objet d'un partage d'émotions très fortes. On a d'un côté les larmes des amis dont "l'oeil [est] triste et mouillé") et de l'autre les larmes du poète consolé par ses amis qui "[essuient s]es yeux". Une double lecture est possible : on essuie les yeux pour consoler mais c'est aussi une façon de rappeler le geste fait pour fermer les yeux d'une personne venant de mourir. La mort est sur le point de survenir. Les "yeux endormis" sont un euphémisme qui montre que Ronsard accepte sereinement cette réalité de cette mort prochaine et immédiate. Ainsi Ronsard ne meurt pas, il va "préparer la place" à ses amis et espère donc, en bon catholique, les retrouver dans l'au-delà.
- clo74Niveau 9
Merci pour vos réponses! Elles confirment ma lecture du texte, ainsi que celle d'une partie des élèves. Je vais pouvoir leur démontrer la subtilité et donc l'intérêt de la littérature (c'est une très bonne classe, j'ai de la chance!)
- menerveOracle
"Mes yeux par la mort endormis"... Cela désigne peut être une réalité physique... Avant la mort, les yeux se couvrent d'un voile opaque.
- IphigénieProphète
un lien éclairant sur l'épaisseur des références culturelles dans le lien entre le sommeil et la mort:
https://www.cairn.info/revue-l-information-litteraire-2008-4-page-21.htm
Ro be or not to be, tout ça qui remonte au Phédon de Platon ( entre autres)
Le sonnet est ici en deux temps: la déchéance charnelle vers le « désassemblage » et la permanence morale ( mes chers compagnons…, vous préparer la place- où l’endormissement dans la mort est symbole de la survivance de l’âme dans l'au- delà, du passage vers….)
https://www.cairn.info/revue-l-information-litteraire-2008-4-page-21.htm
Ro be or not to be, tout ça qui remonte au Phédon de Platon ( entre autres)
Le sonnet est ici en deux temps: la déchéance charnelle vers le « désassemblage » et la permanence morale ( mes chers compagnons…, vous préparer la place- où l’endormissement dans la mort est symbole de la survivance de l’âme dans l'au- delà, du passage vers….)
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